Visions d'un Dieu Endormi


Fanfiction Naruto écrite par Kris'ter (Recueil de Kris'ter)
Publiée le 13/10/2009 sur The Way Of Naruto



Bien, après la petite fiesta du chapitre précédent, il est temps d'essayer de recoller à l'histoire. Heureusement, les idées fusent !
J'en profite même pour faire avancer l'intrigue… et la romance. Mais assez parlé, place à l'action :D



Chapitre 7: Machination



Temari veillait Shikamaru tandis qu’il récupérait de sa blessure. Sakura avait fait un boulot fantastique : sans la présence de cette fine ligne rougeâtre sur la cuisse du manipulateur d’ombre, personne n’aurait pu dire qu’il avait failli perdre sa jambe sous la hache du pillard. Il avait cependant perdu pas mal de sang et était toujours inconscient. La kunoichi qui l’observait éprouvait des sentiments mitigés.

Une partie d’elle même aurait voulu le frapper, autant pour le réveiller que pour le punir de s’être fait avoir de la sorte, mais à chaque fois, elle revoyait la scène où la manipulateur d’ombre avait failli mourir, et elle se ravisait.

Quelque chose lui échappait. Jamais elle n’avait eu aussi peur de toute sa vie, pas même lorsque son petit frère la menaçait à l’époque, et dieu sait que Gaara avait été un effroyable psychopathe avant qu’il ne rencontre Naruto.

Non, c’était impossible. Shikamaru ne pouvait pas être devenu suffisamment important à ses yeux pour qu’elle soit terrifiée à l’idée de le perdre. La fureur du combat devait avoir altérée ses souvenirs, ou bien modifier sa perception des événements.

Elle devait pourtant bien s’avouer que ce fainéant provoquait en elle des réactions étranges. Lorsqu’elle avait su que des ninjas de Konoha devaient partir en mission dans les canyons de Bran-Ô-Kor et qu’ils allaient avoir besoin d’un guide, n’avait-elle pas insisté auprès de son Kazekage de frère pour accompagner le groupe ? Ce n’était pourtant pas les Juunins expérimentés qui manquaient à Suna. Tout ninja doué d’un minimum de raison aurait qualifié une telle entreprise de suicidaire, et pour cause.

Comme Gaara lui avait très justement rappelé, le dernier assaut qui avait été lancé contre Commoragh s’était soldé par un véritable désastre : sur les sept-mille ninjas qui avaient pénétrés les canyons de Bran-Ô-Kor, à peine soixante-douze en étaient revenus vivants, et tous portaient d’horribles séquelles de ces combats. L’un d’eux s’était d’ailleurs suicidé le lendemain matin, ne pouvant supporter le fardeau de ce qu’il avait vu. Mais Temari s’était montrée intraitable, arguant qu’un groupe réduit de ninja avait plus de chance de passer inaperçu qu’une armée entière. Ce n’était pas tout à fait faux, mais est-ce que ça avait été la seule raison ? Aurait-elle autant insisté si Shikamaru n’avait pas été de la partie ?

Le son de la fête qui commençait lui parvint de l’extérieur, et elle décida de sortir se changer les idées. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, et rester ici à regarder son fainéant favori n’arrangeait rien.

Elle se pencha en avant pour lui déposer un baiser sur le front et lui murmura :

“Ne me refais jamais un coup pareil, compris ?”



La porte de la chambre s’ouvrit et Sakura entra. Temari lui avait dit que Shikamaru n’avait toujours pas repris conscience et elle était venue voir pourquoi. Elle observa le ninja quelques secondes, puis elle le poussa avec le pied :

“Allez, gros fainéant, arrête de faire semblant d’être inconscient, ça fonctionne pas avec moi !”

Le manipulateur d’ombre ouvrit un œil, puis les deux et soupira.

“Galère… Comment t’as su ?”

La rose éclata de rire :

“Je ne savais pas. Je testais.”

Shikamaru grimaça, il s’était fait avoir en beauté. Il se redressa sur sa couche et s’étira. Il avait encore quelques courbatures. Il se tourna vers Sakura :

“Bon, je suppose que tout s’est bien terminé. Tu peux me faire un petit topo de la situation ?”

La rose lui fit le résumé de la fin de la bataille : l’arrivée des cavaliers, les habitants qui avaient pris les armes, la mêlée sauvage, la déroute des troupes de Commoragh.

“À part toi et Lee qui a été blessé au front - mais rien de bien méchant - on s’en est plutôt bien sorti. Par contre, chez les habitants de l’oasis, il y a eu pas mal de blessés quand même. J’ai fait ce que j’ai pu pour soigner un maximum de personnes, mais on a à déplorer une quinzaine de morts chez les villageois.”

“Galère, je voulais précisément éviter ça…”

“Moi aussi, mais bon, ça aurait pu être pire. D’après ce que m’ont dit les gens que j’ai soignés, les pillards de Commoragh, sont capable de capturer la population de tout un village en une seule nuit. Ils ne laissent derrière eux aucune âme qui vive, seuls les corps ensanglantés, torturés et accrochés à des centaines de gibets témoignent de leur passage.”

Il y eut un instant de silence, exprimant mieux que les mots le malaise ressenti par les deux ninjas. Si mourir au combat pour défendre une cause, noble ou ignoble, était envisageable, l’inutilité d’une telle boucherie dépassait leur compréhension…

Sakura fut la première à reprendre la parole :

“Bon allez, lève-toi maintenant, les habitants de l’oasis ont organisé un banquet en notre honneur pour nous remercier de ce qu’on a fait pour eux.”

“Un banquet que ce cher Suli va nous vouloir nous faire payer, je suppose.” Sous-entendit perfidement le manipulateur d’ombre en enfilant ses vêtements, déplorant le trou béant dans son pantalon.

“Je ne pense pas non. Enfin, j’espère pour lui, parce que sinon…”

Sakura montra son poing pour appuyer sa menace.

“Bon, en tout cas, une fois le banquet fini, on mettra les voiles, on a perdu assez de temps ici, et puis je suppose que Lee est pressé de partir.”

“Exact.” Répondit la rose en ouvrant la porte, “mais lui aussi avait besoin de récupérer. Remarque, on aurait pu partir plus tôt si tu avais pas fait semblant d’être inconscient.”

“Possible, mais ça n’aurait pas été bon pour moi.”

Devant l’air intrigué de Sakura, Shikamaru ne répondit qu’un mystérieux “Tu vas vite comprendre…” tandis qu’ils se dirigeaient vers la place centrale du village où avait lieu le banquet.

Couvrant la musique et les bruits de la fête, une voix féminine accueillit les deux ninjas :

“Tiens, la belle au bois dormant est enfin réveillée ?”

“Ça va, fille galère, je te signale que j’étais inconscient.”

“C’est vrai, excuse moi.” Répondit Temari avec un large sourire, “tu n’es pas seulement fainéant mais tu es douillet avec ça, une petite blessure de rien du tout et tu tombes dans les vapes !”

Shikamaru fit la moue en haussant les épaules. Il n’avait pas envie de se disputer ce soir. Une joute verbale avec Temari lui aurait pourtant permis de se changer les idées, mais il voulait rester concentré. Il avait gambergé depuis qu’il était réveillé, et un problème était apparu. Pas seulement le mystérieux bisou sur le front que la fille galère lui avait donné - une question qui mériterait aussi d’être approfondie, plus tard - mais par rapport au combat. Quelque chose lui semblait anormale dans cette attaque par rapport à ce qu’il avait lu sur les techniques de combat des pillards de Commoragh et ce que Sakura lui avait raconté. Il avait déjà identifié plusieurs incohérences, mais il manquait plusieurs éléments, et il n’arrivait pas encore à mettre le doigt dessus.

Alors qu’il regardait le spectacle, Neji s’approcha de lui et lui murmura :

“Je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec les saltimbanques…”



La fête continua tard dans la nuit, mais le groupe décida qu’il était temps de partir. Les habitants de l’oasis les invitèrent à rester encore un peu au fastueux banquet organisé en leur honneur, au cours duquel la modestie des ninjas s’était trouvée mise à mal par les éloges sans fins des villageois qui voyaient en eux des héros. Mais ils devaient malgré tout penser à leur devoir, et ils avaient une mission à accomplir.

Alors qu’ils étaient sur le point de partir, Suli s’approcha d’eux, un papier à la main. Les ninjas virent arriver le coup de la facture, mais les intentions du marchand étaient tout autres. Le papier était en fait une carte détaillée des canyons de Bran-Ô-Kor et Suli leur indiqua plusieurs points à éviter dessus :

La Vallée des Morts, un escalier gigantesque taillé à même la roche par des milliers d’esclaves, le chemin le plus rapide et le plus facile pour arriver à Commoragh, mais également le plus dangereux car étroitement surveillé. Peu recommandé pour une arrivée discrète.

La Passe de Deuillevent, qui portait bien son nom car cet étroit défilé était constamment balayé par de violentes tempêtes de sable qui pouvaient faire disparaître un homme en quelques minutes à peine. Les histoires locales expliquaient que ce vent, qui soufflait telle une longue plainte désespérée, proviendrait du hurlement que poussa Jashin lorsqu’il fut vaincu.

La Gorge de Moytura, également appelée le Gouffre Maudit, était le résultat d’un puissant tremblement de terre qui déchira la région sur une trentaine de kilomètres et dont les insondables profondeurs étaient l’objet d’une terrible malédiction : la légende prétendait en effet qu’une armée de démons fut précipitée dans le gouffre sans fond et qu’ils y attendaient l’heure de leur retour. Mythe ou réalité, en tout cas, aucun de ceux qui s’étaient aventurés aux abords du Gouffre Maudit n’en étaient revenus.

Le dernier point que Suli leur indiqua n’était pas un endroit à éviter, mais là où ils pourraient trouver Kouketsu, un individu banni de Commoragh, mais qui avait gardé des contacts à l’intérieur de la cité. Si quelqu’un devait savoir ce qu’était devenue Tenten, ça serait lui.

Lorsque Temari demanda au marchand pourquoi il n’avait pas parlé de tout cela plus tôt, il devint subitement plus nerveux et expliqua que c’était le genre de renseignement qui valait son pesant d’or, mais comme les ninjas avaient sauvé son village, il pouvait leur en parler.

La blonde du désert voulut insister, mais Shikamaru coupa court à la discussion, expliquant qu’ils ne pouvaient retarder leur départ plus longtemps. Il était appuyé par Lee et Neji, pour qui le sauvetage de Tenten était une priorité. Ils remercièrent le marchand et partirent sans plus attendre en direction du sud-ouest.



Suli les avait regardés partir sans cacher sa satisfaction. Il s’était ensuite prestement dirigé vers sa maison. À peine eut-il refermé la porte qu’il se précipita vers sa chambre. Il savait ce qui l’y attendait, et c’est justement ça qui le rendait aussi fébrile. Il entra dans la pièce. Elle était là.

Langoureusement assise sur son lit, se tenait une très belle jeune femme à la peau lisse et blanche, dont les formes de son corps splendide et irrésistible étaient pudiquement cachées par un voile de soie diaphane qui ne faisait que les mettre en valeur. Sa longue chevelure flamboyante était relevée en arrière, maintenue par des anneaux de jade et elle observait Suli avec ses yeux verts perçants. Mais aussi ensorcelante qu’elle fût, sa beauté était mortelle, car cette femme magnifique, bien qu’elle fût habillée comme une simple servante, était en réalité une prêtresse. Une prêtresse de Jashin.

“As-tu fait ce que je t’avais demandé ?” Lui demanda-t-elle lentement.

Elle se leva du lit et commença à tourner autour du marchand, comme un chat autour de sa proie.

“S’il vous plaît… je n’en peux plus…” Répondit le marchand, le souffle court.

La prêtresse fit glisser la toge de Suli, qui se retrouva nu devant elle. Le contact de ses longs doigts fins qui jouaient sur son corps électrisait le marchand, totalement soumis. Elle le repoussa subitement et il s’écroula sur le lit.

Avec une agilité surprenante, elle sauta à califourchon sur lui, ses longues jambes fines et musclées entourant la poitrine de Suli. Son dos se courba jusqu’à de que son visage ne soit plus qu’à quelques centimètres de celui du marchand. Plongeant un instant son regard intense dans ses yeux hébétés, elle se baissa encore et frotta sa joue contre celle de Suli, laissant ses longs cheveux roux lui recouvrir le visage. Passant ses lèvres d’un rouge profond contre l’oreille du marchand, elle reposa sa question dans un doux murmure :

“La tâche que je t’ai confiée, est-elle complétée ?”

“Oui… vous savez que je ne peux pas vous résister…” Répondit-il dans un souffle, son esprit submergé par une joie immorale.

“Alors tout va bien.” Ronronna la prêtresse en souriant, “ressens l’étreinte de Jashin…”

Elle se redressa et pressa ses cuisses contre le marchand. Saisissant un kriss, elle traça sur le torse de Suli le symbole du Dieu à la Main Sanglante en lignes écarlates. Celui-ci gémit, tant de douleur que de plaisir. La prêtresse porta la lame à sa bouche et, du bout de sa langue délicate, lécha la pointe du couteau, laissant une fine goutte de sang couler de ses lèvres sur sa pâle poitrine.

Un violent hurlement monta du plus profond de son être et elle abattit son kriss, l’enfonçant au centre du symbole qu’elle venait de graver sur l’abdomen de Suli. Celui-ci eut un hoquet de douleur, et regarda le poignard dépassant de sa poitrine avec un étonnement sans borne. Il maudit la prêtresse à mi-voix avant que l’étincelle de la vie disparaisse de ses yeux exorbités.

La prêtresse fut envahie d’une joie éphémère alors qu’elle traçait des runes sur son corps et sur celui de sa victime avec le sang qui s’écoulait à gros bouillon de la blessure de Suli. Un bruit l’interrompit, on toquait à la porte de la maison. Son cri devait avoir attiré l’attention de quelques villageois. Elle se leva avec un petit rire, les Exécuteurs allaient pouvoir se rattraper, eux qui avaient été si tristes de n’avoir pas pu participer à la bataille. Jashin réclamait d’autres sacrifices…



La pleine lune était à son zénith, éclairant le paysage d’une lueur laiteuse, tandis que les ninjas avançaient toujours dans le désert. Pour ceux de Konoha, il semblait inconcevable qu’il puisse faire aussi chaud le jour et aussi froid une fois le soleil couché. Sakura ralentit l’allure pour se placer au niveau de Shikamaru :

“Tu faisais une drôle de tête pendant le banquet, tu semblais super-pressé de partir et tu n’as pas dit un mot depuis, je te sens préoccupé.”

“C’est parce que plus j’y repense, plus je trouve que quelque chose cloche. Temari, que peux-tu nous dire à propos des pillards de Commoragh ?”

La blonde du désert récita d’un trait :

“Commoragh ne comprend pas beaucoup de vrais ninjas, mais leurs troupes régulières sont très bien organisées, entraînées, hautement motivées et équipées d’un armement très performant. Quant à leurs techniques de combat, ils ne font la guerre que pour le pillage. Si suite à cela, ils se trouvent en mesure d’assouvir leur penchant malsain pour le meurtre, la torture et autres actes décadents, ils le feront volontiers, mais ce n’est pas leur but principal. Leurs tactiques sont conçues dans le but de s’emparer de quelque chose qu’ils convoitent et de s’enfuir avec. Ce sont les rois de l’attaque surprise, sous couvert des ténèbres et ils s’en prendront rarement à une cible qu’ils savent défendue ou avertie, préférant la ruse et la perfidie à la confrontation directe.”

Le manipulateur d’ombre résuma :

“En clair, quand ils s’attaquent à quelque chose, on peut supposer qu’ils ne se lancent pas dessus en comptant juste sur le poids du nombre pour l’emporter, Or c’est exactement ce qui s’est passé, et ils se sont fait repousser par un Chuunin et quatre Genins. Ça ne colle pas avec ce qu’on sait sur eux.”

“C’était peut-être des débutants.” Supposa Lee.

“Ça serait une explication plausible, mais peu vraisemblable.” Répondit Shikamaru, “de plus, Neji m’a fait part d’un fait troublant pendant le banquet.”

“En effet, j’ai remarqué quelque chose d’étrange en regardant les saltimbanques. À leur façon de bouger, il était clair qu’ils savaient se battre.”

“C’est vrai que maintenant que tu le dis…” Confirma Temari.

“Et, sachant cela,” poursuivi Neji, “la question suivante c’est : ils étaient où pendant le combat ?”

Personne ne put répondre. C’était comme si la troupe avait disparue, bien que leurs caravanes fussent encore présentes dans le village. Les ninjas commençaient à voir où voulait en venir le manipulateur d’ombre.

“Je commence à croire que cette attaque n’en était pas vraiment une.” Dit-il, “juste une habile mise en scène dont le but m’échappait, mais vu les renseignements que nous a donnés Suli aussi soudainement que généreusement, il est clair qu’on veut nous faire venir dans les canyons de Bran-Ô-Kor, peut-être même jusque dans Commoragh, et ça ne présage rien de bon.”

“Donc tu penses qu’on veut nous tendre un piège.” Résuma Sakura.

“Je ne pense pas, non.” Affirma Shikamaru, “si ils avaient voulu se débarrasser de nous, il aurait été plus simple d’empoisonner le repas où de nous tuer pendant la nuit. Non, à mon avis, celui qui tire les ficelles de tout ce manège veut nous envoyer à Commoragh pour une raison précise. Mais ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est pourquoi faire toutes ces manipulations pour utiliser des éléments extérieurs à la citadelle.”

“On devrait peut-être revenir à l’oasis pour poser la question.” Suggéra Temari, qui avait définitivement une dent contre Suli.

“Perte de temps !” Clama Lee, “Tenten a besoin de nous !”

“À ce propos, quel est son rôle dans tout ce cirque ?” Demanda Sakura.

“On lui demandera quand on la verra.” Répondit Neji.

Temari clôtura le débat :

“Moi je dis, vu le mal qu’ils se sont donnés pour nous faire venir, ça serait vraiment impoli de notre part de ne pas y aller…”

Un sourire se dessina sur les lèvres de Shikamaru : qui que fût celui derrière tout cela, c’était loin d’être le boucher sanguinaire pour lequel il voulait se faire passer. Cette mission risquait d’être intéressante, en fin de compte…




Petit chapitre que voilà.
Et que devient Tenten dans tout ça ?
Elle va plutôt bien. Tout les détail de son séjour à Commoragh dans le prochain chapitre, ou il va y avoir de la mort, du sang, de l'homicide, du fratricide, et tout les autre «cide» que vous pourriez imaginer :D