Y'a une fille qu'habite chez moi


Fanfiction Naruto écrite par Hakina (Recueil de Hakina)
Publiée le 29/01/2009 sur The Way Of Naruto



Bonjour ^^

Voici donc le cinquième chapitre de cette fic' qui, j'espère, vous plaira. Le tournant précédemment annoncé est arrivé et je vous le laisse découvrir sans plus tarder.

Bonne lecture et merci pour vos commentaires très encourageants,

Hakina



Chapitre 5: Du rire aux larmes



Shikamaru était installé chez Ichiraku, un bol de ramen fumant posé devant lui. Bien qu'il faisait semblant de ne pas y prêter attention, il sentait la présence de Temari, à quelques centimètres à peine de lui, électrisante. Une fois de plus, il soupira. Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre de l'inviter ici ? Cette question, qui passait en boucle dans son esprit, ne trouva guère plus de réponses qu'auparavant. Pourtant, il était devenu un professionnel dans l'art d'éviter les choses chiantes et personne, non personne, ne savait mieux que lui qu'une fille, c'était la chose chiante par excellence. Sans compter que Temari était plutôt bien classée dans sa catégorie... Alors pourquoi n'avait-il donc pas été fichu de fermer sa grande bouche ? Pourquoi avoir renoncé à une bonne douche et à un lit douillet juste pour satisfaire la faim d'une fille ?

L'humeur du jeune homme s'assombrit encore plus lorsqu'il se rappela qu'il n'avait plus ni « bonne douche » ni « lit douillet ». Son entrevue avec Tsunade-sama lui revint en mémoire et il se maudit une nouvelle fois. Inviter une fille au restaurant, c'était déjà une énorme bêtise... Quand, en plus, elle avait d'excellentes raisons de déprimer, c'était pire que tout.

Au fond de lui même, il aurait bien aimé lui être d'une aide quelconque mais son cerveau le conjurait de ne pas aggraver sa situation avec une autre merveilleuse inspiration. Non seulement il n'était pas censé être au courant de quoique ce soit mais, en plus, il allait finir par s'attirer des ennuis plus gros que lui. Quelle galère...

Il soupira une nouvelle fois, essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Il se sentait totalement idiot, assis là, seul avec elle, sans savoir ni quoi dire ni quoi faire. Mais qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Quelle idée de génie vraiment ! Le silence se faisait de plus en plus pesant et le jeune homme cherchait désespérément ce qu'il pourrait bien lui raconter, le tout en écrasant consciencieusement ses pâtes avec ses baguettes.

-Tu n'as pas besoin de faire cette tête.

Le ton moqueur de la jeune femme le fit sursauter. Il leva les yeux vers elle. Le léger sourire qu'elle affichait ne parvenait pas à lui ôter cet air sombre que Shikamaru lui trouvait depuis que Tsunade-sama l'avait mis au courant de la situation. C'était peut-être une simple impression mais, maintenant qu'il savait, une multitude de détails lui sautait aux yeux, lui prouvant que Temari avait le moral au trente-sixième dessous.

-Quelle tête ? s'étonna-t-il en reposant immédiatement ses baguettes d'un air coupable.

-La tête du mec qui se demande ce qu'il va bien pouvoir raconter pour que la fille assise à côté de lui n'ait pas l'air de s'ennuyer ferme.

Shikamaru ne put s'empêcher de rougir. Pour cacher sa gêne, il maugréa :

-Tu lis dans les pensées maintenant, fille galère ?

-Heureusement pour toi, non, répliqua la jeune femme sans le quitter des yeux.

Shikamaru acquiesça, on ne peut plus sérieux. Effectivement, si Temari avait eu un tel don, il n'aurait pas donné cher de sa pauvre peau...

-Tu as tant de choses à te reprocher que ça ? plaisanta-t-elle en observant sa réaction.

Shikamaru ne parvint pas à soutenir son regard et préféra changer de sujet, histoire de s'aventurer sur un terrain un peu moins glissant. Bizarrement, Temari arrivait à le mettre dans des positions assez embarrassantes et il risquait de finir par se trahir s'il la laissait guider la conversation ainsi.

-Tu comptes faire quoi demain ? lui demanda-t-il d'un ton qu'il essaya de rendre parfaitement naturel, en priant pour qu'elle ne se rende pas compte de sa dérobade.

Le visage de Temari se crispa et elle repoussa son bol de ramen à moitié plein. Visiblement, la parade du jeune homme avait réussie. Malheureusement, alors qu'il pensait lancer une conversation anodine, l'idée d'avoir un jour de congé ne réjouissait pas du tout la jeune femme et Shikamaru le comprit, à peine trop tard. Si lui, quand il allait mal, préférait oublier ses soucis en regardant les nuages ou en restant enfoui sous sa couette, les personnes comme Temari détestait l'inactivité qui les forçait à ressasser leur triste situation. Faire des missions et rester avec ses coéquipiers, c'étaient le genre de choses qui occupaient assez la jeune femme pour lui changer les idées. Elle finit par lui répondre d'un ton vague:

-Rien. J'irais peut-être me promener un peu... Et toi ?

-Oh, comme d'habitude. J'irai voir Kurenai et son fils puis je passerai chez mes parents, histoire de convaincre ma mère que je suis parfaitement capable de m'en sortir tout seul.

Cette remarque réussit à dérider la jeune femme qui ne put retenir un sourire.

-Si tu la croises, essaie de ne pas préciser que je fais mal la cuisine..., poursuivit Shikamaru, ravi de voir le visage de Temari s'éclairer. Je ne tiens pas à ce qu'elle recommence à me déposer des vivres tous les jours devant ma porte.

-Je lui dirais que tu es très galant et que tu m'as invité au restaurant, lui souffla Temari sur le ton de la confidence.

Cette fois-ci, ce fut au tour du jeune homme de rire. Finalement, ce n'était pas si dur de discuter avec une fille...

-N'en fais pas trop quand même, précisa-t-il, elle ne te croira pas. Après tout, c'est elle qui m'a élevé.

Il hésita quelques secondes, regarda le visage enfin joyeux de Temari et se décida. La jeune femme l'écouta alors raconter son enfance, sans pouvoir s'empêcher de sourire aux anecdotes qu'il racontait. Elles étaient le plus souvent drôles, parfois touchantes, toujours divertissantes. Jamais Shikamaru ne s'était autant dévoilé à personne, ni avec autant de facilité. Habituellement, il parlait peu de lui et préférait observer ce qui l'entourait, glissant une remarque par-ci par là. Mais là, c'était différent. Parce qu'il savait qu'elle en avait besoin. Et peut-être un peu aussi parce qu'il aimait sa façon de l'écouter sans l'interrompre, attentive et bon public.

Quoiqu'il en soit, les rires de Temari l'encourageaient et, après son enfance et sa rencontre avec Chôji, il passa au crible ses relations avec sa mère, aimante mais exaspérée par son attitude clairement désinvolte et je-m'en-foutiste. Il n'omettait rien : ni les querelles, ni les réconciliations. De plus en plus confiant, il dépeignit un portrait fidèle de son père, homme intelligent et fin stratège qui se faisait mener à la baguette par sa femme. Les anecdotes se multiplièrent, de leur rencontre (Shikaku avait bousculé Yoshino sans s'excuser, ce qui lui avait valu la remontrance du siècle) à leur mariage (« Une si petite tâche sur mon costume... Inutile de t'énerver, on ne la verra même pas ») en passant pas la naissance de Shikamaru (« Il n'y a aucun doute, vu sa fainéantise, c'est bien ton fils... »).

Lorsque Temari parvint enfin à contrôler son fou rire, elle laissa échapper un soupir léger et leva les yeux vers Shikamaru, le regard brillant. Elle avait déjà entrevu, lorsqu'ils préparaient ensemble l'examen Chuunin quelques années auparavant, cette facette du jeune homme qui faisait de lui, quant il le voulait bien, un garçon plein de ressources et de charme, attendrissant même.

C'est à ce moment-là que le jeune homme croisa le regard de Temari, à la fois doux et reconnaissant. Comme happé, il ne parvint à détourner les yeux et déglutit avec difficulté.

-Merci, lui murmura-t-elle en inclinant la tête.

Le jeune homme la regarda, encore plus surpris.

-Pour... Pourquoi ? souffla-t-il.

La jeune femme se leva, sans le quitter des yeux. Elle se sentait enfin apaisée et joyeuse, alors qu'elle aurait pourtant juré ne plus jamais pouvoir ressentir de tels sentiments avant bien longtemps.

-Pour essayer de me remonter le moral. Pour ne pas me poser de questions.

Soudain, sans même qu'elle ne réfléchisse à ce qu'elle faisait, mue par une sorte d'impulsion inexplicable, elle se pencha légèrement et déposa un baiser sur la joue du garçon. Puis, elle se recula de quelques pas et ne put retenir un sourire en regardant le visage interloqué du jeune homme. Il porta ses doigts à sa joue et se tourna vers elle, la bouche grande ouverte, le regard interrogateur. Temari se contenta de hausser les épaules d'un air énigmatique, le sourire aux lèvres.

-Ferme la bouche, lui souffla-t-elle, agrémentant sa remarque d'un clin d'œil espiègle.

-Galère, pensa le jeune homme en s'exécutant. Et je suis censé faire quoi, moi, maintenant ?

Un peu nerveux, il tira son portefeuille de sa poche et paya. Puis, il rejoignit la jeune fille et ils rentrèrent en silence, chacun plongé dans ses propres pensées.

OoOoO

Shikamaru se tournait et se retournait, sans parvenir à trouver une position confortable. Il faut dire que les coussins sur lesquels il était installé ne l'aidaient pas beaucoup... Mais c'était surtout de la faute de Temari. De toute sa vie, il n'avait jamais passé de soirée aussi étrange. Il avait l'impression de ne plus rien contrôler, chose qu'il détestait au plus haut point. Il avait beau essayé d'analyser calmement la situation, il n'y parvenait décidément pas. Il revoyait encore la jeune femme se baisser vers lui, juste avant que ses lèvres ne frôlent sa joue... Un frisson le parcourut et il secoua la tête, comme pour essayer d'éclaircir ses pensées.

« Ça ne veut rien dire pour elle..., songea-t-il, les yeux grands ouverts dans l'obscurité. C'était juste pour me remercier. »

Cette explication le rassurait. Il ne se sentait absolument pas prêt à gérer une fille. D'ailleurs, il s'était toujours promis, dès son plus jeune âge, de ne jamais avoir à en gérer une. Il n'était pas fait pour ça et il n'en avait ni le courage ni l'envie. Oui, tout était très clair. Il n'y avait et il n'y aurait jamais quoique ce soit entre Temari et lui, si ce n'est de l'amitié. Mais alors pourquoi se sentait-il si étrange, presque fébrile ? Pourquoi ne parvenait-il pas à chasser cette scène de sa tête ? Pourquoi revoyait-il encore et toujours son visage, si près du sien, son souffle léger et chaud sur sa peau, ses lèvres sur sa joue ?

« Ce n'était qu'un simple baiser, en toute amitié, sans rien de plus », se rappela-t-il encore une fois, sans parvenir à s'expliquer pourquoi est-ce qu'il ne parvenait donc pas à en détacher ses pensées.

Et si... Et si ce n'était pas un geste anodin ? Et si elle attendait quelque chose de lui maintenant ?

Il poussa un profond soupir. Il avait toujours su que les filles étaient galères. Et compliquées. Très compliquées. Tiens, par exemple, pourquoi ne pas tout simplement dire :

« Hey, Shikamaru, je t'embrasse sur la joue, mais ça veut juste dire merci ».

Ou bien alors... Ou bien alors cela avait une toute autre signification...

Il se retourna brusquement. Non. Il ne préférait même pas y songer. Temari et lui, ensemble, ce serait le retour des grandes guerres ninjas mais à l'intérieur même de son appartement. Autrement dit, une catastrophe. Le fichu « et si ?» rappliqua au galop. Et si finalement, ça valait le coup d'essayer ? Et si... Le jeune homme lutta pour éloigner cette hypothèse de son esprit et poussa un profond soupir. Non seulement les filles étaient galères et compliquées, mais en plus, elles étaient cruelles. Le genre de sadiques qui vous embrassent sur la joue avec un sourire énigmatique et qui vous lance un regard moqueur du genre: « Vas-y, amuse-toi bien à essayer de décrypter ce que j'ai voulu dire par là... ».

Il se retourna encore une fois, près à lâcher un nouveau soupir, quant il entendit la voix de Temari s'élever.

-Je n'arrive pas à dormir non plus, déplora-t-elle avec lassitude.

La jeune femme hésita encore quelques secondes : se lever pour venir auprès du jeune homme était tentant. Elle avait vraiment besoin de réconfort et Shikamaru savait y faire, même si c'était loin d'être évident à première vue. L'espace d'une soirée, elle avait pu mettre de côté tous ses soucis, toutes ses incertitudes et toutes ses peurs. Grâce à lui. Il ne lui avait pas posé de question, il n'avait pas cherché à la pousser à se confier, il ne s'était pas montré indiscret ou inquisiteur. Il avait juste été là et lui avait changé les idées, sans rien demander en retour, comme un véritable ami. D'un autre côté, il avait déjà fait des pieds et des mains pour lui remonter le moral ce soir, épuisant certainement son stock d'énergie pour l'année... Inutile de l'embêter encore plus. Malheureusement, se ranger du côté de la raison et rester maître de soi-même n'était pas toujours chose facile et, entre son départ de Suna et la fatigue accumulée, Temari sentait bien qu'elle était sur le point de craquer. Or, la dernière chose dont elle avait envie, c'était de fondre en larmes sur l'oreiller du jeune homme, même si elle avait d'excellentes raisons de le faire... En quittant Suna, elle avait perdu ses amis et sa famille. Aujourd'hui, elle n'était qu'une étrangère à Konoha et, pour la première fois de sa vie, elle comprenait toute l'ampleur du mot « solitude ».

Shikamaru entendit le froissement des couvertures que la jeune fille repoussait pour se lever. Quelques secondes plus tard, il la sentit s'assoir près de lui, à même le sol. Il se décala de mauvaise grâce en maugréant :

-Mon lit ne te suffit pas ? Il faut que tu viennes me piquer le peu de coussins que j'ai ?

-Que veux-tu, je suis une fille très galère...

Temari eut beau essayé de maîtriser sa voix, elle n'y parvint pas. Même à ses oreilles, cette dernière résonna tristement, à la fois plus aiguë que d'habitude et mal assurée. Elle sentit sa gorge se serrer et les larmes monter. Elle était pourtant venue là pour enrayer le besoin de pleurer, pas pour s'épancher sur l'épaule du ninja le plus sexiste de Konoha, celui que tout ennuyait et qui n'aimait que sa tranquillité... Dans une dernière tentative pour sauver la face, elle enfouit sa tête au creux de ses bras, essayant de rester la plus silencieuse possible.

Shikamaru retint sa respiration. Il n'en était pas sûr, mais il croyait bien avoir entendu un léger sanglot.

« Oh non, pitié, pas ça..., songea-t-il en entendant Temari renifler, plus distinctement. Pas ça... »

Et pourtant, il du se rendre à l'évidence : Temari pleurait. Dans l'obscurité, il distinguait sa tête enfouie au creux de ses bras et il resta encore quelques secondes à se demander comment réagir. Il fut tenté de faire celui qui n'avait rien vu, solution de facilité qui n'engageait à rien et qui évitait de se prendre la tête. Puis, il se rappela de la soirée qu'il venait de passer avec la jeune femme. Il avait apprécié la faire rire et il se sentait concerné par ce qui lui arrivait. Bien sûr, il avait parfaitement conscience que s'il décidait de consoler Temari, il n'y aurait plus de retour possible. Cela mettrait un terme à la relation d'amitié superficielle qu'ils menaient jusque là et il serait obligé de s'impliquer, encore plus, dans ses histoires. Le moment était venu de faire un choix : sa tranquillité ou Temari ?

Il lui fallut à peine quelques secondes de réflexion, un sanglot presque imperceptible et la sensation du dos tremblant de la jeune femme contre sa jambe pour que Shikamaru renonce à ce qu'il s'était toujours promis : laisser les filles hors de sa vie. N'y tenant plus, il se redressa et posa une main sur l'épaule de la jeune femme.

-Temari..., souffla-t-il en la secouant un peu. Ressaisis-toi, je t'en prie...

Il n'avait rien trouvé d'autre à dire. Ce n'était pourtant pas un imbécile fini, bien au contraire. Il était peut-être un peu égoïste sur les bords mais ce n'était pas pour ça qu'il voulait qu'elle relève la tête, lui sourit et lui assure que tout allait bien. S'il le voulait, c'était tout simplement parce qu'il se sentait ridiculement impuissant face à ce genre de situation. Il ne savait que dire ou que faire pour la réconforter et son intelligence, qui le tirait pourtant de pratiquement tous les mauvais pas, lui était ici parfaitement inutile. Voyant qu'elle continuait à sangloter sans pouvoir s'arrêter, presque suffocante, il se rapprocha un peu et raffermit sa prise sur son épaule.

-Calme-toi, ça va s'arranger.

Sa voix était calme et douce, réconfortante même. Il poursuivit :

-Ne t'en fais pas. Je suis là.

Elle se laissa aller et appuya son dos contre le jeune homme, continuant de pleurer, sa nuque contre son épaule. Le jeune homme hésita quelques secondes quant à la marche à suivre et choisit l'option qui lui paraissait la plus appropriée : il resta parfaitement immobile, jusqu'à ce que les larmes de Temari se tarissent enfin.

-Je suis désolée, finit-elle par murmurer, la voix encore tremblante, en se redressant.

-Pourquoi ça ? lui demanda le jeune homme.

Il dut se retenir de masser son épaule endolorie.

-Pour avoir débarqué dans ta vie et pour être aussi déprimante.

Le jeune homme ne put retenir un sourire. Il se rallongea et, le regard fixé au plafond, il plaisanta :

-Tu n'es pas si galère que ça, tu sais.

La jeune fille ne put s'empêcher de rire et le regard étonné de Shikamaru n'arrangea en rien son état.

-Tu es vraiment une fille bizarre, constata-t-il. Tu passes du rire aux larmes en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

-C'est de ta faute, répliqua Temari en s'essuyant les yeux.

De justesse, le jeune homme se retint de la contredire et d'accuser Gaara. Il se mordit la langue in extremis et soupira en entendant la jeune fille poursuivre, signe qu'elle n'avait rien remarqué d'anormal.

-Je crois que c'est le plus beau compliment que tu m'aies jamais adressé... "Pas si galère que ça".

Voyant qu'elle recommençait à rire, Shikamaru soupira :

-Je retire ce que j'ai dit... On pourrait difficilement faire plus galère, en fait.

Une lueur de défi illumina le regard de la jeune femme mais le pauvre inconscient mit cette impression sur le compte de son imagination et de l'obscurité, qui lui jouaient des tours.

-C'est ce qu'on verra, souffla-t-elle en déposant la tête sur un morceau de coussin.

Shikamaru l'entendit bailler et il attendit encore quelques minutes que sa respiration devienne régulière. Lorsqu'il fut sûr que Temari dormait, il se redressa lentement et le plus silencieusement possible, avisant son visage endormi. Puis, son regard remonta jusqu'à son lit, vide, qui lui tendait les bras. En temps normal, il n'aurait pas hésité une seule seconde et se serait dépêché de récupérer son bien en remerciant le ciel de lui avoir octroyé une nuit confortable... Cependant, il sentait bien que ce n'était pas comme d'habitude. Lui, Shikamaru Nara, allergique à la gente féminine, venait de gâcher plusieurs heures de son précieux temps à essayer de remonter le moral à une fille et à la consoler, après l'avoir invité au restaurant. Si si, il avait même payé l'addition...

Une vilaine petite voix lui souffla qu'il était en train de tomber dans le même piège que son père et qu'il n'était pas encore trop tard pour aller s'allonger dans son lit, loin de toutes les galères que cette fille allaient lui ramener. Mais Shikamaru l'entendit à peine et la chassa sans ménagement. Quelque chose avait changé et il le savait. Il regarda une dernière fois le visage, enfin paisible, de la jeune femme et il ne put retenir un sourire. Il repensa à ce léger baiser qui ne voulait sûrement rien dire et laissa son esprit vagabonder jusqu'à ce qu'il parvienne à une conclusion... étrange. Ce soir, ce qu'il ressentait pour Temari était à la fois confus et presque douloureux. La situation était grave. La preuve ? Shikamaru allait passer une nuit à même le sol, juste pour rester près d'une fille. Comme quoi, rien n'est impossible...