Môjin


Fanfiction Naruto écrite par Liosalfar (Recueil de Liosalfar)
Publiée le 03/11/2006 sur The Way Of Naruto



Bon, encore une histoire "bouche-trou"... Celle-ci est plus méchante que les autres, et contient notemment une scène de torture, je la déconseille très fortement à ceux qui n'aiment pas ce genre de passages...
Enjoy !



Chapitre 3: Renaître



Il se réveilla allongé dans un lit moelleux, et devina à l'odeur de désinfectant entêtante qu'il se reposait à l'hôpital. Il remua doucement entre ses draps, et retint un gémissement en sentant les fragment de l'os de son bras crisser entre eux, frôlant le nerf.
“Tonbo ?
-Iwashi...”
Le Chuunin blessé esquissa un faible sourire, tournant instinctivement la tête vers l'origine du son.
“C...comment vas-tu ?”
L'adolescent soupira légèrement, avant de répondre :
“J'ai mal... Je ne sens plus... mes jambes...”
Un silence douloureux s'installa dans la chambre, avant qu'Iwashi ne reprenne.
“Tsukiyo-senseï est passée tout à l'heure voir les médecins... Elle a demandé de tes nouvelles...”
Tonbo esquissa un faible sourire, découvrant le monde à travers le voile sombre de la cécité. Même le blanc aveuglant du rayon de soleil dont il sentait la chaleur sur son visage...
Il ne le percevait pas.
“Et toi, Iwashi ?
-Hein ?”, s'étonna le nommé.
-Toi !”, pouffa Tonbo. “Comment vas-tu ?”
La question déstabilisa l'adolescent : comment Tonbo, dans son état, pouvait-il s'inquiéter pour lui... Qui n'avait rien ?
“Je... Ca va.”, répondit-il sobrement.
-Et... Anko ?
-Aussi.
-Le rouleau ?
-L'équipe Ino-Shika-Chô l'a pris, et emmené à son propre avant-poste.”, l'informa Iwashi. “Trois autres shinobis ont été nommés pour récupérer celui du gué, on n'a pas encore de nouvelles d'eux.”
Le malade soupira de soulagement : pendant un instant... Il avait cru... Que malgré ce qu'il avait fait... La mission se soit soldé par un cuisant échec militaire.
“Alors la mission est réussie...”, sourit-il faiblement.
-On ne peut pas vraiment dire ça.”, murmura son ami.
-Pardon ?
-Tonbo... Tu avais les meilleurs yeux de tous les Chuunins, tu étais le plus rapide d'entre nous... Mais tu as été brûlé si profondément que tu n'auras plus jamais de cheveux... Et tu as perdu la vue... Tu ne peux plus être shinobi... Moi...”, termina-t-il dans un souffle, “Je considère la mission comme le pire échec... de toute ma carrière, passée comme à venir. Parce que je n'ai pas pu protéger mon ami...
-C'est parce que j'ai pu protéger les miens et mon village... Que je trouve qu'on ne s'en est pas trop mal sortis !”, termina le blessé, la voix légèrement tremblante.
Il entendit une chaise racler contre le sol carrelé de l'hôpital, puis quelques pas, s'approchant du lit.
“Guuuh...
-Tonbo... TONBO !
-GWAAAAAH ! HAAAAA !
-INFIRMIERS !”, entendit-il crier. “INFIRMIERS !”
Aux paroles d'Iwashi... Son amitié fidèle et sincère... Mais aussi... A l'annonce de la sentence qui barrait désormais sa vie... Il avait laissé les larmes couler sur ses blessures encore fraîches. Et sa souffrance reprenait.
“TONBO !
-Ecartez-vous, Tatami-san.”, ouï-t-il.
Il sentit une paume se poser sur ses yeux, et la douleur diminua progressivement. Entre ses râles et ses gémissements, il parvint à capter quelques paroles
“Hhh...
-Les visites devront lui être interdites...
-Huhhh... Hhh...
-Docteur...
-Non, non... Votre présence, à vous, votre camarade et votre capitaine va le perturber... Le temps que ses blessures cicatrisent, il faut l'isoler...
-Docteur, s'il vous plaît...
-Mam... Maman ?”, reconnut-il. “Maman ?!”
Il se sentit pris contre elle, serré convulsivement, sentit contre son visage la douce peau de sa mère, et reconnut le parfum de pâtisserie qui ne la quittait jamais.
“Tonbo, mon garçon...”
Et elle explosa en sanglots.

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Cela faisait maintenant trois semaines qu'il était rentré de cette mission. Trois semaines, pendant lesquelles il n'avait quitté le lit que pour passer de l'hôpital à sa propre chambre. Trois semaines, pendant lesquelles il avait reçu de nombreuses visites.
Iwashi, bien sûr, était souvent avec lui lorsqu'il n'était pas en mission. Ibiki aussi passait fréquemment... Tout comme Izumo et Kotetsu, habitant à peine à quelques pâtés de maisons d'ici. Il avait aussi reconnu la voix de son instructrice, passant tous les deux jours pour demander de ses nouvelles...
Mais pas une seule fois, il n'avait entendu Anko.
“Encore en mission.”, répondaient souvent ses camarades sur un ton plus que fâché. “Elle aurait au moins pu passer te voir.”
Le Chuunin se fichait pas mal qu'elle vienne le voir : ce n'était jamais qu'une équipière... Et encore, il la connaissait mal. Il se remettait doucement de ses blessures. Tous les jours, il devait oindre sa peau d'une décoction de plantes, afin d'empêcher la suppuration : son crâne avait été brûlé au troisième degré, et, sous les bandages dissimulant ses cicatrices, l'infection pouvait venir rapidement. Il se familiarisait avec sa nouvelle vision du monde, mais son nouvel handicap ne lui permettait pas de reprendre une quelconque activité. Alors il restait chez lui. Il s'ennuyait. Il apprenait à se déplacer, à deviner qui passait par son pas, sa manière d'ouvrir une porte... Enfin, un soir, alors qu'il prenait le frais sur son balcon...
“Bonsoir, Anko.”, sourit-il en entendant un bruit dans les branchages.
Le silence frais lui répondit.
“Tu peux venir, tu sais... Pas besoin de te cacher.”, continua-t-il en s'écartant un peu, laissant à sa coéquipière une place sur le balcon.
Il entendit le froissement de tissu, le claquement de la semelle sur le ciment, la respiration essoufflée, puis le soupir et le bruit du vent dans ses cheveux. Il sentit la balustrade remuer légèrement alors qu'elle s'accoudait près de lui... Pareillement. A ceci près qu'elle, il le savait, contemplait les lumières naissantes de la ville.
Lui, ne regardait que le vide.
“Tu as une jolie vue.”, commença-t-elle sobrement.
-Merci.”, répondit-il. “J'aimais beaucoup regarder Konoha à cette heure-ci...
-Pa... Excuse-moi.”, l'interrompit-elle. “Je ne voulais pas te blesser...
-Tu ne m'as pas blessé.”, l'assura-t-il sans quitter du regard l'immensité désespérément noire devant lui.
Bien sûr qu'il avait été blessé... Entendre quelqu'un parler d'une chose que l'on a possédé, sans pouvoir jamais en profiter encore... Surtout une chose dont on avait été si fier... Au fond de lui, un léger pincement trahissait sa nostalgie de la vue.
Le silence s'était à nouveau installé... Paisible...
“Je m'en veux.”
L'aveu avait claqué, à la fois sec et coupable. Il sursauta, surpris, et se tourna vers son interlocutrice.
“De quoi ?
-C'est à cause de moi que tu te trouves dans cette situation.”, commença-t-elle. “J'ai entendu Tsukiyo-senseï parler de ton avenir avec Hokage-sama... J'ai l'impression d'avoir tout fichu en l'air.”
La voix d'Anko, comme à son habitude, était distante, comme détachée de tout événement, mais il percevait au fin fond de ses intonations, le lourd sentiment de culpabilité qui l'habitait.
“Si je suis venue ce soir, c'est pour m'excuser.”, continua-t-elle. “Pardonne-moi...”
Tonbo esquissa un étrange sourire : l'attitude d'Anko partait d'un bon sentiment, mais, maladroite comme elle était dans ses relations avec les autres...
“Tu n'as pas à t'en vouloir, tu sais.”, commença-t-il en se retournant vers l'endroit que sa mémoire lui désignait comme étant la ville. “Si je t'ai poussée hors des buissons en prenant ta place, c'est que j'avais bien réfléchi à la situation... Je l'ai fait de moi-même... Tu n'es en rien responsable de ce qui m'est arrivé... S'il y a quelqu'un à blâmer, c'est plutôt moi... j'avais tellement confiance en mon regard, que je n'ai pas remarqué qu'il n'y avait que des cadavres dans l'avant-poste... Si la situation a dégénéré, c'est en grande partie de ma faute.
-Tu ne m'en veux pas ?”
Il pouffa devant l'intonation étonnée, avant d'éclater franchement de rire.
“Je ne t'en veux pas. Pourquoi faire, d'ailleurs ?”
A nouveau, le silence prit possession de la petite balustrade...
“Excuse-moi...”
Un froissement de tissu, alors qu'elle sautait par dessus la rambarde, rejoignant vivement le sol.
“Anko...”
Il ne savait même pas si elle l'écoutait.
“Je t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas.”

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“Tsukiyo-senseï...”
La Juunin détourna le regard de son bureau en désordre, où gisaient, étalés, des centaines de rouleaux.
“Tonbo ?”, s'étonna-t-elle. “Qu'est-ce que tu veux ?
-Vous parler de quelque chose...”, annonça l'adolescent. “Vous permettez ?”

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“Pourquoi nous avez-vous convoqués, Tsukiyo-senseï ?”, demanda Iwashi, en voyant son instructrice et capitaine approcher.
-Pour vous annoncer une excellente nouvelle.”, sourit la Juunin en s'appuyant contre la balustrade du pont de boit où elle leur avait donné rendez-vous. “Nouvelle qui s'approche de nous, d'ailleurs.”
Anko et Iwashi se retournèrent vivement, et virent le Troisième Hokage qui s'approchait, accompagné de...
“Tonbo ?”, s'exclama Iwashi.
Le plus étrange n'était pas la présence de son ami... mais plutôt le bandeau de la Feuille qu'il portait par dessus ses yeux.
“Bonjour, Hokage-sama.”, sourit Tsukiyo. “Tonbo...
-Bonjour, Tsukiyo-senseï.”
Le vieil homme au chapeau rouge retira doucement sa pipe de ses lèvres, avant de sourire vers les adolescents droit devant lui.
“J'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui la réinsertion de Tonbo en tant que shinobi dans votre équipe.”
Les autres équipiers affichèrent une expression surprise... Avant de parvenir à articuler.
“C...Comment ?
-Il semblerait que votre camarade n'ai pas perdu la vue au sens propre du terme.”, sourit l'Hokage. “ Il n'a plus d'yeux, mais sa phénoménale vision aurait trouvé un autre support, en l'occurrence, son châkra.
-Il... voit grâce au châkra ?”, demanda Anko en se tournant vivement vers le nommé.
Un hochement de tête de leur instructrice acheva de les convaincre.
“Tonbo reste un shinobi de Konoha.”, sourit-elle.
Dans un cri de joie, Iwashi offrit à son ami une franche accolade :
“Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux pour toi !”, s'exclama-t-il.
-Merci, vieux...”, sourit-il en lui serrant la main.
-Tonbo...”
Le visage à la fois surpris et soulagé, Anko ne savait comment le féliciter. Enfin, elle se décida, et lui tendit la main.
“Bon retour dans l'équipe...”, sourit-elle franchement.
-Je t'avais dit que je ne t'en voulais pas...”, sourit étrangement l'adolescent.

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Dix ans ont passé…
“Bonsoir Anko...”, sourit étrangement Tonbo en s'écartant, laissant une petite place sur son balcon...
-Bonsoir, Tonbo...”, sourit la Juunin spéciale en s'asseyant sur la balustrade de métal.
Son voisin lui tendit distraitement l'assiette de dango dans laquelle il venait de piocher une confiserie, qu'elle accepta volontiers.
“Il y a du shiruko sur la table, si tu veux.”, continua-t-il, sans détourner le visage du spectacle du soir.
-C'est gentil, merci.”, répondit-elle en glissant l'une des boulettes entre ses lèvres, contemplant elle aussi les derniers rayons solaires.
La friandise disparut rapidement, et elle s'amusa quelques secondes avec le bout de bois. Anko ferma les yeux, dissimulant son sourire : son ami profitait de la vie aussi bien qu'elle... La mission qui lui avait ôté ses yeux n'était plus qu'un mauvais souvenir...
“Tu as une très belle vue...”, sourit-elle étrangement en en prenant une deuxième brochette.
-Merci.”, répondit-il. “J'aime beaucoup regarder Konoha à cette heure-ci...”


Hem, bon, vala, c'est fini u_u.
Je sais que l'ending est un peu tiré par les cheveux, mais fallait bien que je justifie le fait qu'il semble "voir" pendant la première épreuve de l'examen... ^^

J'espère que cette petite fic vous a plu...