Memories.


Fanfiction Naruto écrite par Fubuyuki (Recueil de Fubuyuki)
Publiée le 18/06/2008 sur The Way Of Naruto



Itachi/Konan est un couple que j'affectionne particulièrement. Et après avoir lu tout une série de fictions sur l'aîné des Uchiwa qui faisaient pratiquement toutes ressortir son côté "glaçon", j'ai voulu écrire ce one shot qui le fait apparaitre au contraire comme quelqu'un de sensible et tendre.


Chapitre 1: Memories.



« Chère Konan.

Comment caractériser la haine ? Est-ce un besoin cuisant de meurtre ou un excès de malveillance ? Ma mère, cette femme fragile, disait souvent que cette sensation était uniquement propre à l’Homme. Après tout, ce n’est peut-être pas faux… Les animaux ont-ils seulement déjà pensé à se haïr ? Quoiqu’il en soit, ce sentiment violent, ce besoin de faire du mal, je te l’ai longtemps dédié, Konan… »

Outrée, la belle nukenin aux yeux couleur saphir repoussa sauvagement le morceau de parchemin à l’autre extrémité de sa table, il voleta un instant en apesanteur avant de se poser sur une bouteille de saké vide. Elle fixa un instant le document, réprimant une envie folle de le déchirer en mille morceaux, qu’elle piétinerait de toute sa douleur puis consumerait à l’aide d’un katon. Décidément, ça commençait bien ! Très bien, même.
Elle n’aurait jamais dû prendre cette lettre des mains de Pein, elle le savait ! Elle n’aurait jamais dû s’enfermer avec dans sa chambre pour réveiller tous ses souvenirs qu’elle avait enfin réussi à refouler. Pourquoi diable ne pouvait-elle pas l’oublier, lui ? Pourquoi ? Lui n’aurait jamais agi de cette manière s’il avait été à sa place. Il y aurait peut-être pensé deux ou trois jours seulement, avant de tourner la page. Pourquoi ne pouvait-elle pas s’empêcher de replonger dans son passé, pourtant si sombre ?
C’était devenu une véritable drogue pour elle, une drogue dont elle s’était shootée à fortes doses et aucune cure de désintoxication ne pouvait l’aider. Même pas le saké pur des cerisiers. Et elle en avait tant souffert… tant… Tellement que c’était un véritable miracle que la douleur ne l’ait rendue folle… Mieux, même, une intervention divine. Konan considéra encore le petit papier jaune froissé par les intempéries, hésita encore, puis l’attira vers elle pour en reprendre la douloureuse lecture.

« Oui, il fut un temps où je t’ai sincèrement haïe. Le savais-tu ? Probablement pas, il m’était si facile de dissimuler mes véritables sentiments aux autres… Que veux-tu, ma vie n’est qu’un long tissu de mensonges. Alors pourquoi à ton avis te détestais-je à ce point ? »

Konan se détacha encore de la lettre, d’un côté, elle avait peur de savoir… mais de l’autre… Après tout, que risquait-elle, puisqu’il était mort ?

« Parce que tu étais belle, parce que tu étais forte, parce que tu étais intelligente, parce que chacun de tes gestes m’apparaissait comme une illumination… Parce que j’étais déjà très amoureux de toi et cet amour que j’avais arraché à mon frère, que je n’avais jamais éprouvé, je le détestais profondément. D’autant plus que je n’étais encore rien, un simple Uchiwa de treize ans qui avait sacrifié sa famille pour des raisons qui t’étaient inconnues, et toi, tu étais déjà reine parmi les reines, et plus âgée, de surcroît… »

Nouvelle interruption, mais cette fois, un sourire triste éclairait le beau visage de la nukenin. Il était déjà amoureux d’elle, jamais elle ne l’aurait soupçonné, il était si froid et si distant en sa présence.

- Moi non plus, je ne voulais pas t’aimer, murmura-t-elle avant de reprendre sa lecture.

« Enfin, j’ai dû refouler mes sentiments longtemps, très longtemps. Peut-être même que tu n’en aurais rien su s’il n’y avait pas eu cet accident au lac. Tu t’en souviens ? Moi, je ne l’oublierai jamais. Tu étais sortie du repère pour te promener près d’un lac gelé et moi, je t’avais suivie discrètement… C’était plus fort que moi, tu n’avais pas besoin de la moindre protection, mais je voulais quand même te protéger, Konan. Mais cette nuit là, j’eus raison de garder un œil sur toi, la glace avait cédé et tu allais sombrer, heureusement, je t’ai rattrapée avant qu’il ne soit trop tard. Comme j’avais eu peur. Je t’ai emmenée dans mes bras, avec toute la délicatesse qu’une princesse comme toi méritait et quand tu as ouvert les yeux, tu m’as dit… »

- Tu me plais beaucoup, tu sais… Est-ce que je te plais ? Compléta Konan en riant.

Oui, ces paroles, elles les avaient réellement prononcées… Elle s’en souvenait si bien. Elles s’étaient échappées de sa bouche sans qu’elle ne puisse les retenir. Elle avait alors remarqué un changement d’attitude chez Itachi, il se rapprochait d’elle, elle se rapprochait de lui, et c’était elle qui avait brisé la glace, au sens propre comme au figuré. Elle ne l’avait pas regretté, elle avait tant besoin d’être aimée, d’être aimée de lui. Konan parcourut sa petite chambre du regard. Elle avait été stupide de tenter d’oublier, même cette chambre regorgeait de souvenirs d’Itachi. Cette table où il s’était appuyé une fois, perdu dans ses pensées. Ce coin là, où elle avait balancé son manteau à l’aveuglette, et ce lit, où ils étaient simultanément tombés. Même ce plafond, où il s’était accroché rapidement alors que Deidara entrait pour demander des informations à Konan sur le démon Shukaku. Itachi était partout, et même enfoui dans le cœur de la jeune femme.

« C’est à partir de cette nuit là que j’ai réalisé à quel point la vie pouvait être belle, à quel point tu pouvais être lumineuse. Après avoir quitté mon petit frère, mon monde a perdu ses couleurs et c’est toi, Konan, qui m’a aidé à les retrouver. Oh, bien sûr, il y a eu des bas comme des hauts, je me rappelle d’ailleurs cette dispute que nous avons eue à propos de Sasuke, tu trouvais que je me montrais beaucoup trop protecteur à son égard… Et pourtant, tu étais la seule que je voulais vraiment protéger, Konan. »

Oui, c’était vrai, mais elle s’était sentie tellement jalouse de ce Sasuke, ce frère qui occupait tout de même une bonne partie des pensées d’Itachi. Elle était égoïste, elle voulait le cœur de l’Uchiwa pour elle seule, comme lui possédait entièrement le sien. Elle avait eu tort, il ne s’agissait que d’une simple affection fraternelle.

« Mais le destin nous a séparés depuis le début et maintenant il doit s’accomplir. Tu savais que j’étais un traître, mais tu n’en as jamais rien laissé paraitre. Était-ce pour moi ? Était-ce pour toi ? Je l’ignore et préfère oublier. Tu savais aussi que j’allais mourir et tu en souffrais silencieusement, tu étais si discrète, et c’était une qualité que j’appréciais chez toi et que j’apprécie encore. Aujourd’hui est la date que j’ai choisie pour mourir au profit de mon frère, c’est celle de mon entrée à l’Akatsuki, celle de notre première rencontre… De cette façon, j’aurai l’impression de t’avoir auprès de moi. »

Imbécile, qui l’avait faite tant souffrir, ce jour là. Le monde entier pouvait alors s’effondrer sous ses yeux, elle n’aurait pleuré que pour lui, uniquement à cause de lui. Et maintenant, une année plus tard, jour pour jour, il trouvait encore le moyen de la torturer.

« Il est l’heure, je m’en vais. J’espère que cette lettre te parviendra un jour, ainsi tu sauras vraiment à quel point je t’ai aimée. »

Vraiment ? Eh bien, il ne l’avait pas aimée suffisamment pour vivre, alors ? Il se fichait d’elle, ou peut-être qu’il voulait s’assurer qu’elle porterait à jamais sur elle la douleur de cette séparation. Non. Itachi ne ferait jamais ça… En fait, il n’avait jamais rien fait pour la blesser. C’était elle qui voulait le garder à jamais ancré en elle. Alors elle enleva la fleur qui ornait ses cheveux, la posa délicatement auprès d’elle, prit la lettre et se mit à la plier minutieusement, à gestes lents. Elle la manipulait comme un peintre le ferait avec sa plus belle œuvre, avec la délicatesse d’une mère pour son enfant. Quand elle finit enfin, le dernier souvenir que son amant lui avait laissé avait pris la forme d’un magnifique origami en forme de rose aux longs pétales. Elle la porta à sa tête et la fixa solidement sur ses cheveux. On toqua à sa porte et Pein, son ami d’enfance, l’appela doucement, comme s’il compatissait à sa douleur.

- Konan ? Pardonne-moi de te déranger à un moment pareil, mais il est temps d’y aller.

Mais Konan n’avait plus mal, elle était enfin délivrée de ce poids lourd qui lui écrasait le cœur, elle pouvait respirer librement, désormais, penser à celui qu’elle avait aimé de toute son âme sans en devenir folle, elle n'avait plus peur du passé. Konan renaissait. Et c’est pourquoi, quand Pein entra doucement dans sa chambre pour la chercher, elle l’accueillit avec un sourire bienveillant.

Fin.