Si j'aime autant le personnage de Gaara, c'est que sa psychologie est relativement complexe pour un personnage secondaire : il y a ce qu'il est, ce qu'il aimerait être, ce qu'il devient, ce qu'il serait sans ce démon qui le rend fou.
Plus un bruit. Même les chiens errants se sont tus. Le silence enveloppe le village. Le ciel est d'un bleu si foncé qu'il en parait noir, et il est vierge de toute étoile et de toute lune. L'obscurité engloutit les maisons et les dunes, elle se faufile dans tous les creux, tous les interstices. Elle est au-dessus et au-dessous, elle est avant et elle est après, elle semble englober le monde entier.
Bientôt la température descendra encore pour l'heure froide qui précède l'aube. Pour l'instant, les créatures diurnes sont profondément endormies et les créatures nocturnes se rencognent dans leur nid de ténèbres. Tout le monde dort. Le silence enveloppe le village.
Envie de hurler.
Parce que moi, je ne dors pas. Pas plus qu'hier et qu'avant-hier, pas plus que demain. Parce que moi, j'existe. Je veux exister. Et à cette heure où plus personne n'est éveillé à part moi, je ne me sens même pas seul, non. Je ne me sens même pas. Durant cette heure-là que personne ne connait à part moi, je ne suis plus.
Je n'existe plus.
Je ne suis plus rien.
Je ne suis plus l'arme, je ne suis plus le démon.
Je ne suis plus instable, je ne suis plus dangereux.
On n'a plus peur de moi, on ne me hait plus.
On ne me connaît pas, à cette heure là.
A cette heure-là, je n'existe pas.
L'obscurité me pèse comme une chape de plomb, elle m'étouffe, elle me pénètre par tous les pores de la peau, elle est autour de moi et elle est en moi, elle est partout et moi nulle part. Moi je n'existe plus. Plus en cette heure-là, où la nuit m'engloutit.
_ Rhaa...
Le cri s'étouffe dans ma gorge, comme chaque fois, comme chaque nuit, les ténèbres me musellent, elles m'emprisonnent.
Elles me lacèrent et elles me lient.
Elles m'enserrent et elles se resserrent. Mourir serait... une délivrance...
_ Rhhhaa...
Une colonne de sable s'élève d'une dune, elle fend la nuit comme un javelot brun doré, elle s'étend inexorablement vers le ciel, le transperçant. Puis elle s'affaisse et s'écrase. Des volutes de sable s'élèvent à l'endroit de sa chute. Minuscules petits grains de sable...contre l'immensité des ténèbres. Mais ils luttent...
Prendre aux autres la vie que cette heure m'enlève, que ce démon m'arrache, que votre haine écourte. Je veux vivre... C'est tout... Pourquoi me refuse-t-on cela ?
[....Habitants de Suna, ne sortez pas de chez vous entre minuit et l'aube... Le démon rôde...]
Fin
J'espère que vous avez aimé, et que ça correspond à votre vision de Gaara à cette époque-là, c'est-à-dire la première fois qu'il apparait dans le manga.