Les trois shinobis pénétrèrent sans bruit dans la grotte où ils avaient retrouvé le corps de leur amie quelques mois plus tôt. Après quelques virages, ils parvinrent à l’entrée de la salle où Kiba désigna un des cadavres qu’ils transportèrent rapidement à l’air libre, hors de la caverne. Le brun observait les parois avec suspicion comme si la pierre pouvait l’engloutir à tout instant.
« Partons, je n’aime pas cet endroit !
- Quel dommage, et moi qui comptais t’inviter pour les vacances… lança Naruto.
- C’est pas le moment vous deux ! » La jeune femme avait collé son oreille contre la paroi la plus proche avec un air intrigué. « Vous n’entendez pas ? Comme un bruit sourd … » Elle glissa le long dur mur avant de s’arrêter brusquement, pulvérisant la paroi en de nombreux blocs dont certains retombèrent à côté des deux garçons.
« Dis donc Sakura, tu pourrais prévenir ! »
Mais la kunoïchi ne l’écoutait déjà plus. Devant elle, se découpait l’entrée d’une autre caverne et Kiba qui s’était approché n’en croyait pas ses yeux.
« In-Incroyable ! »
La jeune femme fit signe aux autres de la suivre et pénétra dans la cavité, Kiba sur ses talons.
L’Uzumaki s’apprêtait à les suivre mais se retourne avant vers le cadavre qu’il attacha en haut d’un arbre pour éviter que les charognards ne le dévorent.
« Ne bouge pas surtout ! Je reviens tout de suite ! »
Puis, réprimant un léger rire, il s’élança à la suite de ses camarades qui avaient déjà disparu dans l’ombre de la grotte, entamant à son tour de nouvelles déambulations dans un labyrinthe de couloirs taillés à même la roche. Après être tombés dans de nombreux culs-de-sac, l’équipe arriva devant une porte vers laquelle Sakura s’approcha. La jeune femme aux cheveux roses avait visiblement l’intention de faire disparaître l’obstacle mais ne pu aller jusqu’au bout, s’écroulant aussitôt qu’elle se fut approchée de la paroi, le corps parcouru de spasmes violents qui affolèrent les deux garçons.
« Sakura-chan ! Qu’est-ce qui se passe ? »
Kiba qui était resté en arrière se mit à scruter les murs tandis que Naruto se précipita pour tirer sa coéquipière en retrait. Celle-ci gémit et il constata avec horreur que son front était brûlant et qu’elle transpirait abondamment. Le blond renversa fébrilement son sac pour venir fouiller le tas formé tandis que la main de la jeune femme dans la sienne s’alourdissait lentement.
« Sakura, écoute-moi ! Tu ne pars pas, tu restes avec moi ! » Elle poussa un cri de douleur, très faible avant s’évanouir, affolant le blond qui se mit à crier. « Sakura ! » Il l’empoigna, tentant de lui faire reprendre ses esprits sans succès. « T’as pas le droit de partir ! Reste ici… » Dans le même temps, il piqua le bras gauche de celle-ci avec la seringue qu’il venait de préparer tout en hurlant le prénom du maître chien toujours occupé à scruter les parois, le visage ravagé par l’angoisse lorsqu’il sentit que le cri du jeune homme venait de sa peur la plus profonde : celle de perdre ses amis.
Finalement, le brun trouva ce qu’il cherchait sur une des roches du fond : un parchemin peint de la couleur des pierres qu’il arracha rageusement, laissant le visage de la jeune femme se détendre alors qu’il courait aux côtés du blond toujours affolé.
« C’est bon. »
Ce dernier poussa un soupir de soulagement et tomba à la renverse sous le cri de son coéquipier.
« Naruto !
- Ca va… j’ai rien. Occupe-toi plutôt de Sakura-chan. »
Le jeune homme brun acquiesça, s’exécutant rapidement pendant que l’autre se tournait pour enlever le bandage qui couvrait sa main gauche, souvenir d’un combat plutôt violent pendant lequel il avait du utiliser sa nouvelle technique. Kuso, pas maintenant… pensa le blond avant de sortir un fil et une aiguille de sa trousse de secours, les plaçant immédiatement dans sa poche d’un geste furtif.
« Kiba, je sors !
- Quoi, maintenant ? » protesta le brun avant que le regard haineux de l’Uzumaki ne le dissuade de poursuivre.
En sortant de la grotte, le jinchuuriki resserra brusquement le bandage au niveau du poignet avant de dénuder sa main que traversait une ne large bande rouge où le sang apparaissait, glissant ensuite le long de son poignet pour se perdre dans l’herbe qui se teintait lentement de rouge sous ses pieds. Sans perdre une minute, le blond exécuta un kage-bushin auquel il désigne l’entaille profonde qui s’ouvrait de son poignet droit à l’extrémité de son index.
Il ne réagit pas le temps que son deuxième corps fouille dans la pochette avant d’en sortir un fil qu’il fit passer dans l’aiguille avec un air décidé. Il devait garder le silence pour Sakura. Elle ne devait pas être dérangée, il fallait tenir pourtant lorsque le clone passa pour la première fois l’aiguille à travers sa peau, la douleur lui donna soudain envie de hurler.
Lorsqu’il revint un quart d’heure après, son visage douloureusement contracté malgré ses efforts et son teint pâle convainquirent Kiba de renoncer aux explications. Il laissa le blond s’asseoir aux côtés de la jeune femme, les yeux dans le vague et les deux garçons restèrent silencieux jusqu’à ce que l’Inuzuka ne se mette à parler.
« On pourrait repartir… »
Lorsque le blond lui répondit, la faiblesse de sa voix conforte son ami dans l’idée qu’il n’allait pas bien.
« Non, il faut… aller jusqu’au bout…
- Ok mais on attend que Sakura se réveille avant.
- D’accord, je vais…
- Je prends le premier tour de garde ! »
Une étincelle de soulagement passa fugacement dans le regard de son compagnon qui hocha la tête avant de s’étendre par terre. Après quelques minutes, sa respiration devint régulière et, s’étant assuré qu’il dormait bel et bien, Kiba s’approcha, défaisant délicatement le bandage à sa main en devenant blanc comme un linge lorsque il vit la plaie à vif.
« Mon dieu, il s’est recousu tout seul sans anesthésie… »
Replaçant les bandelettes qui avaient pris une couleur rouge vif entre temps, il songea avec désespoir que si Sakura n’avait pas été pas inconsciente, elle aurait su quoi faire. Il se tourna ensuite vers la jeune femme qui respirait normalement et resta ainsi jusqu’à ce qu’elle se réveille quelques minutes plus tard en tremblant, contre coup du sort auquel elle avait été exposée un peu plus tôt dans la matinée.
« Kiba ! Que s’est-t-il passé ?
- Calme-toi, c’est terminé ! L’ennemi avait tendu un piège. Il y avait un kekkaï qui protégeait la porte. Quand tu t’es approchée, ça a déclenché un jutsu de protection. Tu as bien failli mourir mais Naruto t’as sorti de la zone dangereuse et t’as injecté de la morphine le temps que je neutralise les parchemins. Maintenant il dort à côté… Il a du s’ouvrir la main récemment et la blessure s’est réactivée pendant qu’il te mettait en sécurité. »
Sans en attendre davantage, la kunoïchi médecin se précipita pour examiner la plaie, se mordant les lèvres lorsque celle-ci apparut à travers les bandages tâchés de sang.
« Effectivement, c’est du sérieux… Il va falloir la traiter rapidement sinon la blessure va s’infecter. » Elle fronça les sourcils tout en rapprochant son visage. « Mais, on dirait que c’est recousu… c’est toi qui a fait ça Kiba ?
- Non, c’est lui. répondit le maître-chien, la faisant blêmir.
- Avec ?
- Sans, il t’a injecté notre seule dose de morphine…
- Kuso ! Naruto Uzumaki, toujours à te préoccuper des autres avant toi ! »
Brusquement l’image d’un jeune garçon blond entouré de bandelettes sur un lit d’hôpital revint à elle. Ce jour là je m’étais promis d’être forte mais rien n’a vraiment changé, j’agis toujours comme une idiote… Luttant contre une vague de culpabilité, la rose se leva, croisant le regard du maître chien.
« Surveille Naruto, je vais chercher quelque chose ! »
Kiba la regarda partir avant de retourner son visage vers le blond toujours endormi, s’autorisant un léger sourire. Il y avait comme une impression de déjà vu…
Mais cette fois ci, la jeune femme revint plus rapidement avec des herbes qu’elle plaça aussitôt sur la plaie du jeune homme, posant ensuite sa main sur le front de son ami.
« Frais, il ne devrait pas tarder à se réveiller. »
Lorsque Naruto ouvrit enfin les yeux, Kiba était penché sur lui, grimaçant de toutes ses dents dans un sourire de loup qui lui fit bizarrement penser à Akamaru.
« Alors la belle au bois dormant, on se réveille déjà ?
- Mmm… Y’a mieux comme réveille-matin !
- Je veux bien sauf qu’on n’est pas le matin mon chou… C’est le soir !
- Quoi ? » Le blond se redressa brusquement sur cette exclamation, le visage ravagé par l’angoisse. « Est-ce que Sakura-chan va bien ?
- Elle va bien ! Mais on ne peut pas en dire autant de ta main… répondit la jeune femme qui venait d’apparaître en saisissant l’objet du délit alors que le blond retirait sa main en bougonnant.
- Ca ira ! Dites-moi plutôt ce que vous avez fait pendant que je dormais.
- On n’a rien fait baka, on n’allait sûrement pas te laisser seul dans cet état ! »
Les yeux azurs de l’Uzumaki passèrent de l’un à l’autre avant de se baisser dans un soupir de leur propriétaire visiblement soulagé.
« Merci…
- Plus tard les remerciements ! Allons plutôt voir ce qu’il y a derrière cette porte… » le coupa Kiba, mettant du même coup fin au dialogue.
Les deux autres approuvèrent, retournant à la grotte où, après une dernière vérification des murs de la salle, Naruto fit signe à Sakura. Aussitôt la jeune femme s’élança, armant son poing qui vint exploser la porte dans un cri de rage. La rose s’était vengée.
Les trois shinobis se retrouvèrent alors dans une salle quasiment identique à celle de l’autre grotte qu’ils entreprirent d’explorer de fond en comble. Après en avoir fouillé les moindres recoins, Sakura fit signe aux garçons de la rejoindre, leur expliquant rapidement que la roche devant elle était fausse. D’après la jeune femme, elle devait dissimuler quelque chose et ils se séparèrent immédiatement pour chercher l’interrupteur. Ce fut finalement Naruto qui le trouva, dissimulé au centre de la pièce dans une fresque gravée sur le sol vers laquelle Sakura s’approcha en réfléchissant. Elle avait déjà vu ce symbole, dans un livre de Tsunade qui recensait les vieux jutsus au chapitre concernant les dôjutsus…
Comprenant soudainement l’horreur de la situation, la kunoïchi se précipita pour appuyer sur l’interrupteur tandis que derrière le mur s’ouvrait lentement sur une pièce blanche remplie d’appareils chirurgicaux. Au milieu se tenait un tube en verre rempli d’un liquide indéfinissable dans lequel flottait une jeune fille apparemment inconsciente et cette vision suffit à glacer la kunoïchi qui resta quelques instants trop horrifiée pour pouvoir bouger.
Lorsqu’elle reprit ses esprits, la première chose qu’elle fit fut de crier pour alerter ses coéquipiers qui étaient toujours immobiles.
« Trouvez le moyen d’ouvrir ce truc, il faut qu’on la sorte de là !
- Qu’est-ce qu’il se passe Sakura ? demande Kiba affolé par son subit changement d’attitude.
- Vous ne comprenez pas ? Ces gens, ces lieux… Ils lui ont fait subir la même chose qu’à Hinata ! »
Les deux garçons blêmirent mais Naruto se reprit le premier, exécutant aussitôt un kage-bushin.
« Qu’est-ce que tu fais ? lui cria Sakura.
- Pas question d’attendre de trouver le truc ! »
Puis il pulvérisa purement et simplement le tube à l’aide d’un rasengan, laissant Kiba rattraper le corps avant qu’il ne touche le sol. Rassurée, Sakura souffla un bon coup avant de se tourner vers ses coéquipiers qui attendaient son avis.
« Sortons… »
A l’extérieur de la grotte
Une fois arrivés dehors, Kiba déposa la jeune fille contre un arbre tandis Naruto qui venait d’arriver derrière lui blêmissait, incapable de détacher son regard de l’inconnue.
« C’est…
- Naruto, qu’est-ce que tu fou ? » fit Sakura en l’attrapant par la manche. « Il faut… »
La kunoïchi stoppa net en apercevant le visage de la jeune fille, ses traits, ses cheveux noirs lui rappelaient tant… De même que la forme du visage, cette moue caractéristique. Jetant un coup d’œil à son compagnon et elle comprit que lui aussi était sous le choc et, prise d’un espoir fou, elle courut vers le corps avant de s’arrêter brusquement.
« Sakura… commença le blond mal à l’aise tandis que des larmes coulaient le long de ses joues, emmêlant ses longs cheveux roses. Ce n’était pas lui…
Elle soupira, murmurant quelque chose pour elle-même.
« J’ai cru… » La kunoïchi secoua la tête, exhortant son cœur à se desserrer et l’affreux sentiment qui l’avait saisi disparut lorsqu’elle comprit. « C’est elle ! » Ses camarades tournèrent aussitôt la tête vers elle, alertés par le crie de Sakura qui rit, se répétant à nouveau. « C’est elle ! C’est sa cousine ! »
Le regard du blond, d’un bleu si sombre l’instant précédent, retrouva aussitôt son éclat habituel. Il n’avait pas su sauver Sasuke des griffes d’Orochimaru mais au moins il avait sortit sa cousine de celles de l’Akatsuki… Pendant ce temps, Kiba venait de se rapprocher de Sakura qui portait la jeune fille dans ses bras.
« C’est vrai qu’elle lui ressemble mais de là à affirmer que c’est sa cousine… Qu’est-ce qui te le prouve ?
- J’en suis sure, je le sens… » Elle glissa un regard vers le jeune homme blond qui marche devant eux, murmurant comme pour elle-même alors que tous purent saisir le sens de ses paroles. « Je le sens dans mon cœur… »
Le regard de l’Uzumaki se voila un instant mais il parvint à rester impassible pendant que son cœur plongeait dans les ténèbres. Le bonheur disparaissait peu à peu ; elle avait fait son choix et ce n’est pas lui… Puis le soir tombant, ils décidèrent de s’arrêter. Après s’être couché, le jeune homme se leva pour partir confier son désespoir à la nuit.
Demain ils seraient à Konoha mais jamais revoir son village ne lui avait fait aussi mal. Il pensait à elle à chaque instant… elle, inaccessible ; il l’aimait. Elle et son meilleur ami… l’homme qui avait tenté de le tuer.
Il revint finalement au petit matin tandis que l’aube pointait déjà derrière les montagnes glacées du Nord, lointaines, inaccessibles et sauvages…
Le mot de l’auteur
Ouf, on se rapproche petit à petit de la fin du premier arc mais alors tout ça me paraît looong…
J’espère que pour vous c’est le contraire !
A bientôt pour la suite : Avec perte et fracas