La triple tragédie.


Fanfiction Naruto écrite par Sekai (Recueil de Sekai)
Publiée le 20/04/2008 sur The Way Of Naruto



Fiction écrite juste après la mort de Itachi dans le manga. Elle ne va donc pas suivre le fil de l'histoire originale. Ou alors j'ai vraiment une intuition incroyable... Enfin, j'en doute. ^^


Chapitre 1: Le cauchemar



« On devrait être assez loin. » Cette pensée la rassurait. La vérité ? Elle était épuisée. Sakura courait depuis plus d’une demi-heure, transportant le corps inanimé du brun. « Bon sang, qu’est-ce qu’il est lourd… » La peur, l’effort, elle ne parvenait plus à contrôler sa respiration et sa vision s’obscurcissait. Soudain, une douleur aiguë à la cuisse la jeta au sol. Elle se réceptionna sur l’épaule et roula dans la poussière. « Aie… » Un goût de sang dans la bouche : elle avait du se mordre la langue en tombant. La jeune femme tenta de se relever mais s’écroula à nouveau dans un cri de douleur. Il fallait se rendre à l’évidence, ses jambes ne la porteraient pas plus loin.

« Bien. » Il était temps de faire un bilan de la situation. Dans la panique, elle n’avait prêté aucune attention à ses blessures et son corps semblait le lui faire payer. Elle découvrit avec horreur qu’elle était couverte de sang, son propre sang, certainement, mais aussi le sien, son sang à lui. « Ca va aller, courage. » En temps que ninja médical, elle s’était finalement habituée à ces visions d’horreur : brûlures, fractures, membres arrachés… Mais cette fois c’était différent et beaucoup trop réel. « Reprends-toi. » D’une main tremblante, la jeune rose dégagea les cheveux qui lui collaient au visage. Elle eut une seconde d’hésitation : elle avait du perdre son bandeau là-bas. Après un examen plus approfondi, elle pu constater la nature de ses blessures : quelques côtes cassées, un poignet fracturé et une méchante brûlure à la cuisse, en plus de multiples éraflures et contusions. « Je dois absolument économiser mon chakra. »

Après avoir soigné ses blessures les plus graves, elle jeta un regard au corps du brun étendu à quelques mètres. Serrant les dents, elle se traîna jusqu’à lui et le retourna. La jeune femme ravala un cri d’effroi : il était presque méconnaissable. Son visage barbouillé de sang était barré d’une longue coupure. Elle remarqua également une plaie béante au niveau de son abdomen. Il respirait mal. Il allait certainement mourir. Si elle ne faisait rien, du moins.

Quelques minutes plus tard, Sakura se laissa tomber au sol, vidée de toute son énergie. Cette fois, elle n’avait plus de chakra. « Ca va aller. Je vais simplement fermer les yeux quelques instants et ensuite je reprendrais la route. » Elle ne s’inquiétait pas pour Naruto. De tous, c’était lui qui était le plus en sécurité.

***


Les pupilles bleues s’ouvrirent sur un ciel rouge. « Rouge ? » Cette information avait du mal à trouver un point d’attache dans l’esprit du blond. Tout était flou. Il avait mal. Non, en fait, dire qu’il avait mal était un euphémisme : il avait tellement mal qu’il croyait devenir fou. Il décida de s’asseoir et cette simple action lui arracha un cri de douleur. Il resta un long moment immobile, paralysé par le spectacle qui s’offrait à lui. « Mon dieu. Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? » Ca ne pouvait pas être réel, c’était un cauchemar... Mais tout était bien là : les bâtiments détruits, certains pris dans de gigantesques flammes, l’odeur de brûlé, l’odeur de sang. Le village de la Feuille était réduit à un tas de roches fumantes. Son regard hébété parcourait la scène, il sentait la chaleur de l’incendie tout proche. Et il aperçut enfin les corps… les dizaines de corps éparpillés comme des poupées de chiffon. Il voulait se rendormir, oublier, mais il ne pouvait pas en détacher son regard.

Il frissonna malgré la chaleur des flammes. En ramenant ses jambes contre son torse, il réalisa qu’il était pratiquement nu. Peu à peu, son esprit sortait de la brume. Il se rappelait vaguement le visage de Sasuke. Oui, c’était bien lui, Sasuke, qu’il n’avait pas vu depuis six ans. Il était revenu à Konoha, et il avait dit quelque chose. Qu’avait-il dit au juste ? Naruto ne parvenait pas à réfléchir, il ne se souvenait pas. Il revoyait le brun se tenant face à lui, un air narquois sur le visage, une arme à la main, et le sang. Il revoyait ses lèvres bouger mais était incapable de savoir ce qu’il avait dit, il le revoyait rire. Et après, ce fut le trou noir.

Il passa la main dans ses cheveux blonds. Ils étaient sales et collants. Soudain, il écarquilla les yeux, un doute, une sensation d’horreur absolue s’était emparée de tout son être. A contrecœur, il se mit à scruter chaque détail de son corps. Pas une blessure. C’était inconcevable, il était entouré de morts et n’avait pas une égratignure. Cet élément ne fit que renforcer son malaise. C’est là que Naruto entendit les cris. Il ne l’avait pas remarqué jusqu’à cet instant mais il y avait des survivants. Il eut un haut-le-cœur et se pencha sur le côté pour vomir. Il n’y avait plus aucun doute, la raison de ce massacre tenait en un seul mot, un mot qu’il prononça du bout des lèvres : « Kyuubi. »

Ce qui se passa ensuite ne fut qu’un déferlement de colère et de souffrance. D’abord une larme, puis un gémissement. Maintenant Naruto pleurait à voix haute, comme un enfant, le front collé au sol, les poings serrés. Des cris rauques s’échappaient de sa gorge et il ne cherchait pas à les étouffer. Il avait tellement mal... Il avait détruit Konoha, sa seule maison. Et ces morts étaient ses amis, des gens qui avaient confiance en lui. Il était un meurtrier et au-delà du fait trivial que personne ne lui pardonnerait jamais cet acte, lui-même ne pourrait plus vivre. Il avait pleuré pendant plus d’une heure. L’idée d’en finir l’avait effleuré, mais il avait été trop lâche pour s’y résoudre. A partir de maintenant, il vivrait, vide et seul. C’était le prix à payer pour ce qu’il avait fait.

Comme un automate, il avait pris la direction de chez lui. Les pierres écorchaient ses pieds nus mais ça n’avait aucune importance. Il gardait les yeux baissés de peur d’apercevoir l’un de ses amis mort ou blessé. Il avait déjà cru en voir certains et c’était suffisant. Ironiquement, le bâtiment dans lequel se trouvait son appartement était l’un des derniers encore debout. Naruto accomplissait les gestes habituels sans réfléchir. Après une douche brûlante, il se dirigea vers son armoire. Son seul choix conscient fut celui d’un kimono noir, « par respect pour les morts » se dit-il. Même si cette dernière pensée le mit mal à l’aise, il se sentait différent. Il ne pouvait plus pleurer, il ne ressentait plus rien. Puis, sans aucune hésitation, il rassembla le reste de ses affaires et entreprit de les détruire par le feu, y compris son bandeau de shinobi. Il voulait faire disparaître toute trace de sa présence dans ce village. Enfin, il quitta Konoha sans un regard en arrière.

***


Sasuke rêvait. Il rêvait de ce qui c’était passé. Ce n’était pas prémédité, du jour au lendemain, il avait décidé de retourner à Konoha. Puis il avait aperçu ce gosse, Konohamaru, et il s’était dit que ça ferait un bon prétexte. Le gamin s’était bien défendu mais avait fini par mourir. Pendant son agonie, Sasuke lui avait fait remarquer qu’il aurait pu lui faciliter la tâche, mais en réalité, il était satisfait de la manière dont tout s’était déroulé. Un peu d’action ne lui faisait pas de mal. Ensuite, il avait traîné le corps derrière lui jusqu’à l’intérieur du village. L’idée était d’aller provoquer Uzumaki. Le blond avait réagi au quart de tour. A vrai dire, il avait réagi tellement rapidement que Sasuke n’avait pas eu le temps de parer. La douleur avait été un véritable choc et il s’était évanoui. Maintenant il s’éveillait : alors comme ça, il était toujours en vie.

Ce mal de tête était insupportable. Il ouvrit les yeux et… rien. Il ne voyait rien. « Que… » Il porta la main à son visage : sous les croûtes de sang séché il distinguait une plaie qui ne devait pas être jolie à voir. « Je suis aveugle ? » Il ne comprenait pas. Sa blessure au ventre avait disparu. Il enfonça ses doigts dans le sol meuble : la forêt. Quelqu’un devait l’avoir sauvé. Il entendit le crépitement d’un feu de camp et quelque chose atterrit à côté de lui.

« Mange. »

Il avait reconnu cette voix, il la connaissait par cœur, mais elle était moins niaise que dans son souvenir. Alors c’était Sakura qui l’avait amené ici.

« C’est toi qui m’a soigné, Sakura ?
- Oui. Mange.
- Tu n’as pas pu sauver mes yeux ?
- Non. Je n’ai pas voulu sauver tes yeux. »

Le brun sourit, ça avait le mérite d’être clair. Elle était maligne finalement. De toutes les personnes qui s’étaient attaquées à lui, elle était la seule à lui avoir infligé un handicap aussi sévère. Sans son Sharingan, il serait vraiment diminué. Pourtant, elle avait été amoureuse de lui, il s’en rappelait, et le fait qu’elle l’ait secouru malgré ce qu’il avait fait devait avoir un rapport avec ça. Elle s’était levée pour s’approcher.

« Je t’ai toujours trouvée stupide et inutile. Ça n’était pas la peine de me sauver par amour. »

Il perçut un mouvement rapide suivit d’un contact froid contre sa gorge. Un kunai.

« Ecoute-moi bien, Uchiha. Si tu es en vie c’est uniquement parce que Naruto attend une explication de ta part. De plus, tu pourrais fournir des informations à Konoha. »

Le ton était dur. Elle avait changé, il avait pu le constater cette fois. Mais même s’il fut surpris de sa réaction, il n’en croyait pas un mot. Impassible, il se contenta d’ajouter : « C’était une erreur de me sauver. A la première occasion, je tuerai Uzumaki. »

La pression du kunai se fit plus forte et un filet de sang commença à couler.

« Ne t’avise pas de me provoquer. »

Elle était tout près à présent. Sasuke pouvait sentir son souffle chaud contre son visage. Il essayait d’imaginer la scène. Depuis combien de temps n’avait-il pas touché une femme ? Il attrapa violemment la main qui tenait le kunai. Surprise, elle lâcha son arme. Il serrait le bras de la jeune femme et il devait certainement lui faire mal mais elle ne dit rien. Guidé par son souffle, il approcha son visage et colla sans douceur ses lèvres aux siennes. C’était un baiser forcé, elle resta quelques secondes sans réaction puis il sentit une douleur déchirante : elle avait attrapé le kunai de la main gauche et lui avait tranché le pouce. Il poussa un cri et la lâcha. Elle se releva d’un bond et siffla : « Ne m’oblige pas à me répéter. »

Il était vexé. Serrant sa main ensanglantée contre lui, il ne put s’empêcher de répondre.

« Que se passe-t-il, Sakura ? Je pensais que c’était ton rêve.
- Tais-toi. Je ne t’aime pas, je ne t’aime plus. Je l’aime lui. Encore un mot et tu crèves. »

Elle s’éloigna rapidement et il sourit : elle avait quand même craqué, sa voix était légèrement tremblante et était montée d’un cran dans les aigus. Il était persuadé qu’elle n’aurait jamais le cran de l’achever.

« Lui ? Elle parlait d’Uzumaki ? » Il commença à manger ce qu’elle avait préparé. Ça n’était pas mauvais. Il l’avait déjà remarqué quelques instants plus tôt mais en l’absence de ses yeux, ses autres sens étaient comme décuplés. C’est pour ça qu’il pouvait l’entendre pleurer.



Suite dans le prochain (et dernier) chapitre.