Ça faisait un an que Sasuke avait quitté le village. Que le dernier membre du clan Uchiha était parti. Mais c’était un autre anniversaire qu’Hanoko venait fêter. Celui du massacre perpétré par Itachi. Par son Itachi.
Depuis tant d’année que ça avait eu lieu, elle ne comprenait pas. Mais elle venait quand même chaque année au quartier désormais désert, vêtue d’une tenue de juunin, comme cette fameuse nuit, où elle n’avait trouvée que des cadavres et un enfant évanoui en arrivant chez son unique vrai amour. Elle pensait comme chaque année qu’elle serait seule, mais à l’entrée du domaine se trouvait quelqu’un qui n’osait pas entrer. Une jeune fille. Aux cheveux ridiculement roses bonbon. D’après la description que Kakashi sempaï lui avait fait de ses élèves, elle pouvait en conclure qu’il s’agissait de Sakura. Elle sanglotait, indécise. Devait-elle faire un pas en avant ? Ou pas ? Hanoko s’approcha d’elle tout doucement.
-Bonjour petite, lui dit-elle à l’oreille, la faisant sursauter, tu es Sakura, n’est-ce-pas ?
-Ou… oui. Co… comment le savez vous ? demanda la jeune fille.
-Je suis une amie de Kakashi, répondit-elle en souriant.
Il y eut un moment de silence un peu tendu, puis Hanoko l’interrogea.
-Dis moi, Sakura, pourquoi es tu là ?
Elle était si gentille… Cela mit Sakura en confiance.
-Parce que… parce que j’avais un très bon ami qui vivait là.
-Seulement un ami ? Lui demanda insidieusement l’ambu, avec un sourire un peu taquin.
-Ou… oui ! Se défendit Sakura.
Puis, voyant qu’Hanoko n’était pas dupe :
-… enfin, non…
-C’est Sasuke, n’est ce pas ?
-Hein ? Comment vous le savez ?
-Kakashi m’a tout dit, il peut être très bavard sur un sujet qui le passionne…
-Ah, bon…
Nouveau moment de silence, mais pas tendu, celui là, plutôt genre réflexion intérieure profonde. Puis Hanoko dit à sa cadette :
-Tu sais, Sakura, ce n’est pas bien de vivre dans le passé, il faut te tourner vers l’avenir, penser à d’autres garçons, prendre goût au futur, et plaisir au présent. Moi, je vis trop dans le passé, et j’en suis venue à espérer tous les jours qu’il reviendrait, et je ne l’ai jamais revu. Je n’ai pas réussi à en aimer d’autres, à chaque fois que je passais une nuit avec quelqu’un, c’était son nom qui me venait aux lèvres au moments forts, et à chaque fois, quand c’était fini, j’avais l’impression de l’avoir trahi, et je me sentais sale…
-Qui donc, madame ?
-Appelle moi donc Hanoko, et tutoies moi, on est entre nous. Celui dont je parle, c’est… Itachi.
-Itachi ? Vous voulez dire, Itachi Uchiha ? Le frère de Sasuke ?
-Oui. Je… j’étais sous ses ordres. Je suis tombé amoureuse de lui, et nous avons eu une histoire qui a duré jusqu’à son départ. Et maintenant, c’est à lui que je pense tous les soirs, lui qui m’empêche de dormir avant d’être complètement claquée, lui qui paralyse ma vie sentimentale, lui qui m’a fixée dans un instant, lui qui m’y retient prisonnière… Alors, dis moi, petite, tu veux devenir comme ça ? Une épave errante ? Non, n’est ce pas ? Alors ne commences jamais à fêter l’anniversaire de son départ comme moi je le fait avec Itachi. Allez, maintenant, sois gentille, vas dormir, et ne penses plus à lui qu’en tant qu’un ami qui s’est perdu à tout jamais.
-D’a… D’accord, Hanoko san. A bientôt…
Et elle partit. L’ambu la regarda un instant s’éloigner, puis se tourna vers le quartier des Uchiha qui lui faisait face, immensité noire. Elle s’y enfonça.
Après quelques détours, elle arriva dans la rue principale, où se trouvait la demeure du chef de clan. Là, un homme se tenait près d’un mur, sa main caressant le symbole du clan peint dessus, et son regard errant vers une des chambres de la demeure du chef. Vers la chambre de Sasuke. Instantanément, Hanoko comprit de qui il s’agissait. Grand, les cheveux noirs, longs et ramenés dans un catogan qui laissait échapper deux mèches plus courtes, habillés en ambu. Itachi. Elle était comme paralysée. Puis, son ex-amant crispa la main sur le sceau des Uchihas, la ramena près de son visage ainsi que son autre main, composa des signes qu’elle ne pouvait voir, puis écarta de nouveaux sa main qui s’orna d’éclairs bleutés. « Chidori » pensa immédiatement la jeune femme. Il raya le mur sur toute sa longueur, détruisant les éventails peints un par un, en hurlant :
-CLAAN DE MEEEEEEERRRDDDEEEEEE !!
Toute sa rage passa dans ce cri. Puis il s’arrêta.
A ce moment là, Hanoko reprit ses sens et l’attaqua le plus discrètement possible avec un kunai. Il se retourna, et intercepta la lame avec la paume de sa main. Elle fut transpercée. Le sang gicla, éclaboussant le chemin de terre battue. La Gekko demanda, étonnée :
-Pourquoi n’avoir pas esquivé ?
-Tu aurais pu, emportée par ton élan, tomber. Je t’ai déjà dit que tu étais trop impulsive. Répondit Itachi en souriant.
Elle leva un instant les yeux vers lui, puis saisit sa main blessée dans sa propre main, raffermit sa prise sur son arme, et tenta d’extraire la lame en évitant le plus de souffrances possible à Itachi. Celui-ci eut une fugitive grimace de douleur. Puis elle entreprit de lécher la plaie, comme l’aurait fait un chat, avec douceur et tendresse. C’était la leur manière de s’aimer, à la manière de félin, dans un mélange paradoxal de méfiance et d’affection profonde. Quand elle eut fini, Itachi releva son visage, et effleura ses lèvres des siennes, doucement, rapidement. Puis elle en redemanda, et cette fois, ce fut elle qui prit les devants. Elle l’embrassa, toujours aussi doucement, et de fil en aiguille, l’échange se fit de plus en plus passionné. Quand ils s’arrêtèrent finalement, haletants, elle leva les yeux sur lui, et lui demanda :
-Itachi, dis moi, pourquoi tu as fait tout cela ?
L’Uchiha soupira, puis lui répondit :
-D’accord, je vais te raconter.
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