Insanités


Fanfiction Naruto ιcrite par Un Gros Lapin (Recueil de Un Gros Lapin)
Publiιe le 17/10/2015 sur The Way Of Naruto






Chapitre 1: Naruto Uzumaki



Hiruzen Sarutobi, Sandaime Hokage de Konoha, savourait tranquillement une tasse de thé en regardant un de ses ninjas peindre le Mont du Souvenir. C'était la grande falaise sur laquelle était gravé le visage des précédents dirigeants du village, les plus grands combattants que le monde n'avait jamais connus. Les deux premiers avaient fondé Konoha, lançant un processus de sédentarisation des clans de Shinobi, le troisième n'avait pas fait grand-chose de remarquable, et le quatrième avait vaincu le Démon Renard à Neuf Queues dans un combat qui resterait gravé dans les mémoires du continent tout entier. Le vieil homme fourra un peu de tabac dans sa pipe avant de l'allumer, tirant une grande bouffée de fumée avant de s'amuser à tracer des cercles en la recrachant, attendant avec impatience les premiers rapports qui feraient état de la dégradation du monument.

L'enfant qui mettait beaucoup de cœur à la tâche se stoppa subitement, amorçant une descente en rappel pour s'éloigner de son chef-d'œuvre. Il était vêtu d'un ensemble noir, une écharpe d'un orange foncé faisait le tour sa gorge. Une veste de combat verte enserrait son torse, le protégeant des attaques à l'arme blanche et lui offrant de multiples espaces de rangement, il en tira un feutre rouge avant de se propulser jusqu'au visage du troisième Hokage. Il macula son nez de cette couleur criarde, annihilant toute trace sérieuse dans l'expression d'outre-tombe du sage dirigeant. Une fois satisfait, il décrocha le pot de peinture noire qu'il portait à la ceinture avant de le vider sans ménagement dans le vide, éclaboussant les badauds innocents qui vaquaient à leurs occupations, une centaine de mètres plus bas. Des cris ne tardèrent pas à se faire entendre, allant de l'insulte à l'indignation, puis laissant place à la colère alors que de plus en plus de ninjas se rassemblaient sur les toits pour observer cet étrange spectacle : les gravures ancestrales avaient été souillées, au nez et à la barbe de tout un village d'espions.

Naruto Uzumaki, car c'était lui le peintre irrespectueux, camoufla sa retraite silencieuse avant de se présenter auprès du Hokage qui ne sembla pas remarquer sa présence, absorbé par les diverses réactions de ses administrés. Hiruzen portait le traditionnel chapeau des Kage, symbole de la supériorité de ce ninja de légende. Le kanji du feu ressortait bien sur le fond rouge et blanc du couvre-chef, alors qu'une veste beige dissimulait avec peine le vieux corps fatigué du combattant.

« Tu n'as même pas épargné mon portrait, se reprit-il, un large sourire accroché aux lèvres.
— Vous m'avez demandé de peindre le visage des Hokage, vous en êtes un, n'est-ce pas ? S'inquiéta l'adolescent, en levant un sourcil, mimant l'incertitude.
— Oui oui, soupira le vieillard. Un peu de thé ?
— Avec du sucre et un nuage de crème je vous prie... Bien sûr que non vieillard sénile ! Je veux ma récompense !
— C'est pas une façon de parler à ton Hokage ! Gamin irrespectueux, je devrais te confier une mission de rang D pour ça !
— J'viens à peine d'en finir une, vous allez pas recommencer ? J'veux aller sauver des princesses moi.
— A quoi bon sauver des princesses si elles ne te considèrent pas comme un époux idéal car tu ne sais pas parler ? T'es bouché ou quoi ? Montre du respect aux gens et ils te respecteront.
— Mais j'veux pas de ton respect moi.
— C'est décidé, tu iras chercher Tora si tu veux ton coupon pour un repas gratuit chez Ichiraku. Et ne te présentes pas devant moi avant de l'avoir retrouvé ! »

Naruto regarda un bref instant le Hokage, hésitant entre partir ou rester pour se battre et prouver son point de vue. Avant qu'il n'arrête sa décision, un homme fit son apparition sur le toit et regarda avec horreur la falaise. Son visage vira au rouge, faisant ressortir la cicatrice qui barrait son nez et il partit en grommelant « Maudit Sasuke, toujours à faire ses coups en douce. ». Les deux instigateurs de cette farce échangèrent un clin d'œil avant d'éclater de rire, l'adolescent se rasseyant, décidé à ignorer sa mission et profitant de l'hilarité générale pour la faire oublier à Hiruzen.

« Maintenant va chercher ce chat, stupide apprenti !
— Pas besoin de hurler vieux débris ! Répliqua Naruto avec force. On est pas tous sourds comme toi !
— C'est toi qui cries maintenant ! Stupide garçon entêté ! Va me chercher ce chat avant que je ne te prive des Ramen de chez Ichira... »

Le Hokage n'eut même pas le temps de finir sa phrase avant que l'enfant ne disparaisse, se jetant du haut du toit. C'est en souriant doucement et en grattant la tête du petit chat noir qui se présenta quelques secondes plus tard que le Hokage reprit sa méditation habituelle. Naruto se réceptionna avec un manque d'élégance manifeste, risquant de se casser le coccyx quand il atterrit sur les fesses. Il se releva pourtant sans gêne, se frottant juste un peu l'arrière du pantalon, et partit à la recherche de la cible. Tora étant l'animal de compagnie de la femme du Daimyo, il ne valait mieux pas trop tarder. Le problème résidait dans le fait que Tora fuguait depuis maintenant plusieurs années et qu'il connaissait parfaitement les méthodes de repérage de Naruto, il était devenu avec le temps, un véritable chat ninja.

L'adolescent récupéra une brochette de bonbons en passant près d'un étal, usant de son entraînement pour que son larcin passe inaperçu, en croqua quelques-uns avant de glisser la tige en bois dans la chevelure d'ébène d'un autre enfant. Habillé d'un short blanc et d'un T-shirt bleu, Sasuke passa innocemment devant le marchand et ne comprit pas ce qui lui arriva quand il se fit tordre l'oreille par un colosse de deux mètres. Naruto fit une petite pause pour admirer le dernier des Uchiwa se faire passer un savon mémorable, ricanant sombrement alors que sa victime virait au rouge à force de s'époumoner, démontrant par A plus B qu'il ne pouvait être le coupable. Le petit spectacle de rue ne dura pourtant pas longtemps, Iruka Umino y mettant fin pour réquisitionner l'orphelin afin de le forcer à nettoyer la falaise.

En repartant, Naruto ne vit pas le chat noir qui passa derrière un pylône électrique, tenant dans sa gueule une guimauve à la forme de nounours. Les deux compères, ennemis jurés partageant une histoire commune des plus sanglantes, se croisèrent sans se remarquer. C'est en arrivant à un carrefour que le ninja put entendre crier « Qui c'est qui a encore volé mes oursons ! Saletés de ninjas voleurs ! ». Une vieille femme soupira près de Naruto, le regardant avec gentillesse alors qu'il mimait l'incompréhension, Tora en profitant pour passer innocemment entre ses jambes, le museau barbouillé de preuves.

Les heures s'écoulèrent doucement, l'Uzumaki faisant des rondes dans le village à la recherche de la petite créature chapardeuse, saluant à divers intervalles des connaissances qu'il s'était fait durant des missions. Aveugle à la présence du chat qui le suivait calmement, le narguant en provoquant toutes sortes de petites catastrophes, prenant un malin plaisir à se cacher dès que Naruto se retournait. En passant près des portes, l'enfant soldat eut l'occasion d'avoir une brève discussion avec ses gardiens, ces derniers lui apprenant que l'examen Genin avait lieu en ce moment même et que le Hokage cherchait activement des Jounin Instructeurs. Depuis quelques années, le village se trouvait en véritable pénurie d'enseignants, les Genin étant de plus en plus nombreux. Le plus remarquable dans cette évolution, selon les deux Chunin de garde, c'est que l'on assistait également à une élévation du niveau général des ninjas, détrompant l'adage qui vantait que plus la quantité augmentait, moins il y avait de qualité.

Mettant fin à son errance, Naruto se dirigea vers le restaurant Ichiraku, antre sacré de tous les vrais adorateurs de Ramen. Il prit place en saluant le chef, un homme d'âge mûr aux cheveux grisonnants et commanda son plat habituel, attendant dans un coin alors qu'une foule conséquente se pressait près du comptoir. Le Jounin savait qu'il ne serait pas tranquille avant un moment, il connaissait les heures d'affluence à la perfection, mais revenait tout juste d'une mission de longue haleine. Aussi n'avait-il pu attendre bien longtemps avant de venir se restaurer. Les gens pouvaient bien faire du bruit et le déranger, ça lui était égal du moment qu'il avait un bol de Ramen. Ayame Ichiraku en posa un devant le combattant, lui adressant un sourire et un bon appétit avant de repartir s'occuper des autres clients. L'enfant remarqua qu'il y avait plus de tranches de porc dans sa portion que dans celle de son voisin. Celui-ci le regarda avec jalousie mais ne pipa mot en avisant le bandeau frontal du garçon.

Les ninjas étaient très respectés à Konoha. Les Jounin et les ANBU l'étant encore plus, la simple vue du bandeau frontal permettait parfois de désamorcer de nombreux conflits. Naruto en faisait l'expérience régulière, souvent mandaté par le Hokage quand il était présent au village pour faire des petites missions et détendre l'atmosphère parfois trop sérieuse. L'enfant excellait dans la réalisation de toutes sortes de blagues, à l'âge de dix ans il avait été gradé Chunin et le vieil Hiruzen s'était attaché à lui, le forçant à faire plein de courses afin de le changer de la monotonie des assassinats et des combats. Les gens en avaient voulu à l'enfant turbulent, mais on ne lui avait jamais cherché des noises en vertu de son grade. C'est en passant Jounin, deux ans plus tard, qu'il avait découvert que faire des blagues en toute impunité était d'autant plus drôle.

C'est ainsi que Naruto était parti à la recherche du parfait bouc émissaire qu'il avait trouvé en la personne de Sasuke Uchiwa. L'orphelin venait tout juste de perdre toute sa famille, massacrée par son frère aîné Itachi Uchiwa. La dépression l'avait guetté pendant longtemps et il s'était enfermé dans une optique de progression et de solitude, ne vivant plus que pour sa vengeance. Ça avait été un jeu d'enfant pour Naruto de faire accuser ce gamin un peu pataud, n'hésitant pas à lui coller les pires crimes sur le dos, détruisant avec succès la réputation de bad-boy qui se construisait autour du garçon solitaire.

« Ça faisait longtemps depuis la dernière fois, petit chenapan. »

Teuchi Ichiraku s'accouda au comptoir, entortillant un torchon autour de ses mains alors qu'il soufflait, profitant d'une petite pause. Il observa le bol vide de Naruto et fit un signe à Ayame pour qu'elle en prépare un autre.

« J'étais à Suna pour profiter du soleil, il est comment mon bronzage ?
— Pas pire que d'habitude si tu veux mon avis. Tu as encore fait des crasses au petit Sasuke ? Il est en train de laver le visage du Yondaime Hokage, il va en avoir pour toute la soirée... Quelle idée d'utiliser un feutre indélébile pour colorier le nez du Sandaime ?
— Il l'a bien cherché.
— Qui ? Le Hokage ou Sasuke ? » S'esclaffa le restaurateur avant de le laisser, retournant s'occuper de ses clients.

Le professeur de l'académie fit son entrée, avec lui venait un Sasuke dépenaillé et épuisé, les mains rouges à force d'avoir frotté la roche en plein soleil. Iruka salua Naruto d'un petit signe de tête alors que son protégé s'asseyait en grognant, aveugle aux gens qui l'entouraient.

« Tu m'as ramené un souvenir Naruto ? » Questionna Ayame en posant un autre bol devant lui.

Elle contourna le comptoir pour venir s'asseoir à ses côtés, remarquant qu'il y avait de moins en moins de monde au fur et à mesure que la nuit tombait. Les ninjas avaient tendance à se coucher tôt, les départs se faisant généralement aux aurores, ceux qui ne suivaient pas cette règle étaient souvent voués à mourir jeunes. Se battre en étant fatigué était fortement déconseillé à tout un chacun, seuls les Genin et quelques Chunin sans expérience faisaient la fête jusqu'à pas d'heure. Naruto était en permission depuis son retour de Suna, on l'avait chargé d'espionner d'étranges mouvements de troupes à la frontière. Il devait rester au village et dans ses environs pour une durée indéterminée, le Sandaime désirant garder son meilleur élément en cas de grabuge. Il fouilla dans sa pochette à Shuriken avant d'en sortir une sorte de canne à sucre de couleur ocre, spécialité du désert.

« J'ai pas eu le temps de faire du shopping, mais on m'a donné ça sur la route du retour quand j'ai aidé un vieux couple qui avait renversé sa charrette.
— Merci ! S'exclama-t-elle en déposant un rapide baiser sur la joue de Naruto avant de déballer sa sucrerie. Ça s'est bien passé ?
— J'suis toujours en vie, donc j'pense que oui.
— Pas le droit d'en parler j'imagine ? »

Naruto acquiesça avec sagacité, tentant de se concentrer pour entendre la conversation entre Sasuke et Iruka. Il voulait savoir où en était rendue sa victime attitrée, afin d'organiser un prochain mauvais coup pour lequel il lui ferait porter le chapeau. C'est à cet instant qu'il remarqua que l'étudiant était passé Genin, il possédait désormais un bandeau frontal qui trônait fièrement sur son front. Une tape à l'arrière du crâne le fit presque s'étouffer avec les nouilles qu'il aspirait goulûment, Ayame le regardant avec sévérité.

« Arrête d'embêter ce garçon, il ne t'a rien fait que je sache.
— Il existe. »

Ayame soupira bruyamment avant d'attaquer sa sucrerie, désireuse de ne pas s'embrouiller avec Naruto qu'elle ne voyait plus très souvent depuis qu'il avait reçu le titre de Jounin. La jeune fille d'une quinzaine d'années glissa un regard en coin à son camarade, l'observant manger en silence alors que la foule présente dans le restaurant se dissipait.

« L'écharpe te va bien, ça te donne un air mystérieux mais aussi plus humain, commença-t-elle en douceur. Avant tu faisais trop ninja, trop sérieux, tu l'as trouvée où ?
— C'est un type paumé dans le désert qui me l'a donnée, il s'était trompé de route avec sa caravane alors je les ai guidés pendant quelques jours, en remerciement il m'a donné cette écharpe.
— Et t'as rien demandé pour moi ? T'as préféré attendre le couple de vieux pauvres alors que t'avais un marchand d'étoffes sous la main ?
— J'ai gardé la sucette pour toi, tu vas pas te plaindre non plus ?
— Si, mon ami est un imbécile et il n'a même pas l'honnêteté de l'avouer. »

Naruto marqua un arrêt dans la conversation, observant l'extérieur de la petite échoppe avec attention, prêt à jurer qu'il avait aperçu un chat noir. La brune se retourna sur son siège, profitant d'un meilleur point de vue sur la rue, c'est ainsi qu'elle remarqua la présence de Tora qui faisait tranquillement sa toilette, caché du Jounin par une petite caisse en bois. Un sourire mesquin fleurit sur les lèvres charnues de l'adolescente quand elle se détourna du chat, décidant de ne pas révéler sa position à son ami. L'enfant avait abandonné son observation et était occupé à commander un troisième bol de Ramen quand elle recentra son attention sur lui, remarquant la présence d'un bandage, camouflé sous l'écharpe et la tristesse étreignit son cœur. Elle comprit alors que Naruto n'avait sans doute pas croisé de caravane dans le désert, qu'il n'avait pas non plus aidé un couple de vieillards pour recevoir une récompense à lui offrir. Il s'était sans doute battu, mettant une fois de plus sa vie en danger, et c'est en espérant la préserver qu'il avait inventé ces petits mensonges passe-partout.

« Tu restes combien de temps cette fois ?
— Plusieurs jours d'après le vieux, on attend des informations de Jiraya-sama et ensuite on avisera. Tu es si pressée de me voir décamper ?
— Je te ferais dire que ça va faire plus de six mois que tu n'as pas réglé ta note...
— Le Hokage ne vous a pas payé ? Il a dit qu'il s'en chargerait la dernière fois que j'ai attrapé Tora, t'aurais pas vu cet idiot de chat par hasard ? Il s'est encore enfui, je le comprends avec une maîtresse pareille, moi aussi j'aurais envie de fuir tout le temps. »

Naruto se releva, abandonnant son bol vide et s'étira avec délice, permettant à Ayame de le détailler sans vergogne. Elle remarqua que le garçon avait un peu grandi depuis son dernier passage, mais également forci. Les épaules de l'Uzumaki s'étaient développées, héritage de nombreuses heures d'escalade dans les montagnes rocailleuses du Pays du Vent. On ne pouvait pas utiliser le Chakra pour franchir les pics qui servaient de frontières au désert, des ninjas spécialisés dans sa détection veillaient à ce que personne ne pénètre le pays par ce procédé, aussi Naruto avait dû revenir aux bases et gravir plusieurs cols aà main nue, s'écorchant à de multiples reprises et risquant un bon nombre de chutes mortelles. L'enfant resserra son écharpe, frissonnant malgré lui. Le Pays du Feu n'était pas particulièrement froid, mais la différence avec Suna était saisissante.

« Tu fais la fermeture ce soir ? Je reviendrai t'aider si tu veux, je dois refaire mon stock de rations de toute façon.
— Ce n'était pas prévu, mais si tu promets de ne pas trop tarder, je veux bien t'attendre. Papa ne voudra pas que je rentre toute seule de toute façon, il dit que les rues ne sont pas sûres la nuit.
— Et il a raison, approuva sombrement Naruto en s'éloignant. A tout de suite, je choppe ce foutu chat et je reviens, il doit être crevé à courir partout pour m'éviter. »

Il ne fallut pas longtemps au Jounin pour se retrouver perdu dans les broussailles qui entouraient le village, tentant de repérer une trace laissée par Tora. Il savait qu'il avait peu de chance de trouver l'animal, ce dernier s'étant spécialisé dans la disparition et le camouflage, mais il ne pouvait rester sur un échec de plus. Dans la course au chat, Kakashi Hatake avait quarante-trois points, Gai Maito trente-sept et Naruto vingt-huit. C'était devenu la punition officielle des Jounin qui décevaient le Sandaime Hokage. Le vieil homme arrivait à motiver ses plus grands combattants, car le retrait sur salaire de ses subordonnés était fonction croissante du nombre de jours qu'il leur fallait pour attraper la créature. C'est pour cette raison, que Naruto, malgré son tableau de chasse bien rempli en tant que chasseur de déserteurs et Jounin de haut rang, était considéré comme l'un des ninjas les plus pauvres du village. A contrario, des hommes comme Asuma et Kurenai ; n'écopaient jamais de cette terrible mission, ces derniers répondant parfaitement aux critères de respect et de ponctualité que demandait le vieil Hokage. Gai Maito demeurant un cas à part dans la mesure où il ne recevait cette punition que quand il subissait une crise d'entraînement aigue et qu'il se mettait à hurler comme un putois aux aurores.

C'est après plus d'une heure d'exploration infructueuse que quelque chose attira l'attention de Naruto du côté de Konoha. La nuit, le village s'éteignait pour sombrer dans l'obscurité. Or, en cette douce soirée d'automne, il semblait briller de mille feux et de nombreux cris se faisaient entendre, même à plusieurs centaines de mètres. Dans l'esprit du Jounin, ça ne pouvait qu'être alarmant, aussi abandonna-t-il rapidement sa mission de rang D pour se précipiter chez lui, arrivant au pas de course près des portes du village. C'est un véritable soupir de soulagement qui quitta sa poitrine, emportant avec lui l'angoisse qui avait tordu ses entrailles, quand il vit que le village n'était pas attaqué. Il s'arrêta devant un rassemblement de ninjas qui venaient de tous horizons, certains portant des bandeaux frontaux, alors que d'autres avaient les vestes caractéristiques des Chunin. Naruto embrassa le groupe d'un regard, remarquant la tension qui l'animait et l'absence de Jounin, ce qui expliquait sans doute l'immobilité de la formation.

Le silence se fit progressivement quand les premiers combattants remarquèrent la présence du Shinobi de renom, se tournant face à lui avant de se mettre au garde-à-vous, attendant les ordres. Seule une poignée de Genin ne suivit pas le mouvement, perturbée par ce changement brusque de comportement. D'après Naruto, ils ne devaient pas avoir plus d'une douzaine d'années et sortaient tout juste de l'académie. C'est en voyant un gros garçon dans le tas que le Jounin fut rassuré dans son raisonnement, l'héritier des Akimichi avait passé son examen le jour même, avec une promotion composée exclusivement des enfants de clans.

« Uzumaki-sama ? » Questionna un Chunin qui appartenait au clan Hyuga.

Les représentants de cette famille avaient tous la fâcheuse tendance de porter soit un bandeau sur le front, soit un bandage, mais ce n'était pas là leur élément caractéristique. Ils avaient de grands yeux blancs, sans pupille et quand ils vous regardaient, on aurait dit qu'ils pouvaient sonder votre âme. Parfois, Naruto pensait que c'était réellement le cas. La particularité du Byakugan, un Dojutsu très puissant, était d'octroyer, en plus d'une vision à trois cent soixante degrés, la détection des Tenketsu qui étaient des points sensibles permettant la maîtrise du Chakra. C'est en se fondant sur cette habilité, que le clan avait développé un type de Taijutsu appelé le Juken et qui permettait de fermer temporairement ces portes, voire de les détruire quand le besoin s'en faisait sentir. Affronter un Hyuga n'était jamais chose aisée, même pour un Jounin du calibre de Naruto, le danger étant omniprésent et l'effet de surprise quasiment nul.

« Quelle est la situation ? Demanda le garçon après avoir compté les ninjas qui l'entouraient, une douzaine de Genin pour six Chunin.
— Sasuke a volé le rouleau des techniques interdites et a disparu. On doit le retrouver le plus vite possible mais nous ne savons pas par où commencer les recherches. »

C'était Izumo qui avait parlé, l'un des gardiens des portes de Konoha. C'était un Chunin qui n'en avait que le titre, ses capacités en combat avec son coéquipier, Kotetsu, s'approchant plus de celles d'un Jounin expérimenté. Cependant, les deux hommes préféraient la routine bien établie de la surveillance du chemin plutôt que de partir à l'aventure et de se prêter à toutes sortes de missions d'espionnage et d'assassinat. Naruto se sentait rassuré de les savoir près de Konoha quand il partait au loin. Même si les deux garçons ne semblaient absolument pas professionnels et passaient plus de temps à se plaindre qu'à travailler, ils n'en demeuraient pas moins d'excellents enquêteurs et de fins observateurs. Il était très rare que des ninjas ennemis arrivent à s'introduire dans le village pendant leurs tours de garde. C'était déjà arrivé, mais le pourcentage restait insignifiant par rapport aux statistiques d'autres gardiens.

« Vous voulez me faire croire qu'un gamin à peine Genin a réussi à briser les sceaux qui protégeaient le rouleau des techniques interdites ? Qu'il a réussi à passer sous la surveillance d'une unité entière d'ANBU ?
— Présenté comme ça, c'est grotesque en effet, remarqua Kotetsu en se grattant la tête avant de remettre en place le bandage qui couvrait son nez. Mais le Hokage a été formel quand il a réuni les ninjas présents au village, c'est Sasuke qui a volé le rouleau. Mais comme vous l'avez fait remarquer, il ne travaille sûrement pas seul, on va donc rencontrer un autre mec en partant à sa recherche, je me trompe ?
— Pas le moins du monde, le félicita Naruto avant de se retourner vers les hommes qui attendaient ses ordres. Faites des équipes de trois ou quatre Genin sous la direction d'un Chunin, rapidement de préférence nous n'avons pas de temps à perdre. Izumo et Kotetsu, vous restez ici pour surveiller les portes, l'un de vous ira prévenir le Hokage pour lui dire que je prends la direction d'une unité et que je soupçonne la présence d'un ninja de Kumo ou d'Iwa, probablement un Jounin. »

L'acceptation de ses ordres fut tacite, la hiérarchie militaire était inculquée aux ninjas dès leur entrée à l'académie. Les aspirants devaient obéissance aux Genin, qui devaient eux même le respect aux Chunin qui étaient généralement des chefs d'équipe. Au-dessus on trouvait les Jounin qui reposaient sur un pied d'égalité avec les ANBU et au sommet on trouvait le Hokage et le conseil. Il y avait des règles spéciales concernant les rapports entre les Jounin et les ANBU. Généralement, l'homme qui prenait les décisions était le plus expérimenté bien que l'on laissait parfois la place à la concertation. Naruto n'était pas le ninja le plus expérimenté de Konoha, il n'avait que quatorze ans après tout, mais il était connu comme l'un des plus puissants, évoluant dans la même ligue que ceux du Trio Légendaire et des Hokage. Le voir arriver près des portes et donner des ordres n'avait donc surpris aucun des ninjas en présence, ils se réunirent rapidement par groupe d'affinités.

Choji Akimichi se rapprocha de son meilleur ami et nouveau diplômé, Shikamaru Nara, qui regardait ce qui se passait autour de lui avec curiosité. Ils furent approchés par une adolescente d'une quinzaine d'années qui était elle aussi Genin, elle était brune et portaient d'étranges tatouages sur les joues, un gros chien s'égayait autour d'elle, mais elle s'éloigna finalement en voyant un autre Genin la prendre de vitesse. Le dernier membre à rejoindre la petite équipe était de sa famille : Kiba Inuzuka, héritier de son clan. Les deux ninjas se ressemblaient, mêmes marques sur les joues et le garçon portait une capuche sous laquelle s'agitait un petit chiot blanc. Une étincelle de malice illuminait son regard alors qu'il ne pouvait le détourner de Naruto, admirant ce Jounin qui n'avait même pas deux ans de plus que lui, rêvant de devenir aussi classe.

« Je pensais pas qu'on aurait aussi rapidement une mission ! S'exclama-t-il avec contentement en saluant ses anciens camarades de classe. T'es prêt Akamaru ? On va trouver Sasuke et lui passer le savon du siècle.
— T'as pas entendu ce qu'a dit Naruto-sama ? Demanda Choji en enfournant une poignée de chips, inquiet à l'idée de se retrouver confronté à d'autres ninjas si rapidement.
— Y'a sans doute des méchants d'Iwa et de Kumo, on va les éclater! Ça leur apprendra à tenter de nous voler nos techniques interdites. »

Pendant ce temps, Naruto rassembla les futurs chefs d'équipe autour de lui, les saluant brièvement d'un signe de tête alors qu'ils faisaient les présentations. Il y avait le Hyuga qui lui avait adressé la parole à son arrivée. L'enfant le connaissait comme étant le tuteur des héritières de la famille, il fut légèrement surpris en remarquant qu'aucune d'elles n'étaient présentes. Un Nara à qui l'on avait refusé à plusieurs reprises le titre de Jounin en raison de ses faibles réserves de Chakra, il restait cependant un excellent tacticien et un bon combattant, comme tous les membres de son clan. Shotaro Tatewaki, un inconnu, fils de civils dont Naruto n'avait jamais entendu parler et une Yamanaka, spécialisée dans la manipulation mentale. Sa présence dérangeait légèrement le Jounin dans la mesure où il n'allait pas mener une mission d'infiltration mais de recherche et sans doute de combat. Les Yamanaka n'avaient pas une constitution forte et ne devaient jamais se retrouver en première ligne. Engager un affrontement avec ce genre de poids mort à protéger n'était jamais une excellente idée, surtout quand on ignorait tout des forces adverses.

« Nous ne savons pas ce que nous cherchons, mais nous ne savons pas ce que nous allons trouver... Commença le Jounin avec emphase, réfléchissant à toute allure pour mettre au point une formation qui serait adaptée à son escadron. Hyuga-san, tu prendras l'équipe avec l'Inuzuka, vous serez nos éclaireurs, sur mes flancs je veux Nara-san et Satoshi-san et derrière, Yamanaka-san, pour le soutien.
— Et que ferons-nous quand nous retrouverons le rouleau ? Interrogea le cousin de Shikamaru.
— Si Sasuke est seul, la première équipe à le trouver l'arrête. S'il est accompagné, entamez le combat tout en restant prudents, je ne serais pas loin et il serait de mauvais ton de mourir alors qu'on a des Jounin et le vieux Hokage sous la main, non ? Ne mettez pas votre vie en jeu pendant cette récupération.
— A vos ordres ! » Scandèrent les Chunin avant de s'affecter les équipes restantes en fonction de leurs préférences personnelles.

Cela ne prit que quelques secondes et bientôt tout le groupe se trouva devant la porte du village, se regardant en silence dans l'attente d'un ordre de départ. Naruto s'arrêta un bref instant près d'Izumo et Kotetsu, leur demandant si Gai et Kakashi étaient au village. C'est rasséréné par ce qu'il entendit qu'il se détourna finalement de Konoha, faisant face à la route qui s'enfonçait dans les bois.

« Si jamais vous êtes dépassés, envoyez des fusées de détresse ! Bonne chance ! » Les encouragea-t-il.

Trois des quatre équipes se précipitèrent dans les bois, laissant Naruto en compagnie de celle composée des enfants tout juste diplômés. Le Chunin avait fait le bon choix pour l'adolescent, ce n'était pas une bonne idée d'envoyer en première ligne une unité qui n'avait aucune expérience hors des murs du village. Konoha n'était pas en période de guerre et elle n'avait pas besoin de chair à canon. Laisser des Genin sans formation dans la forêt ne pourrait que les envoyer au-devant d'une mort certaine, que cela soit contre les détracteurs du village qui tentaient en ce moment même de lui voler son plus dangereux rouleau ou contre les pièges installés afin de garder éloignés les bêtes sauvages et les ninjas des autres villages. Le Jounin adressa un bref signe de tête à Sakurako Yamanaka avant de quitter le village, suivit de près par des enfants qui se croyaient plus en sortie de classe qu'en réelle mission.

Ils ne quittèrent pas le sentier de terre battue. Naruto n'ayant pas le désir d'emmener une bande de débutants sur des chemins mortels, il leur fit faire le tour de Konoha en longeant doucement les hauts remparts du village. La radio du Jounin était allumée et il attendait patiemment qu'un de ses camarades fasse appel à lui. D'après la procédure usuelle, le combattant le plus expérimenté ne devait jamais débuter le combat à moins d'être le seul ninja de Konoha en présence. L'homme le plus fort du groupe ne devait pas mourir sous le coup de la surprise ou par le fait de la méconnaissance des techniques adverses. C'était le rôle des Chunin d'entamer le combat avec l'ennemi afin de permettre à leurs supérieurs d'analyser ses capacités. Si les Chunin se révélaient incapables de neutraliser la cible sans mettre inutilement leurs vies en danger, c'était au tour du Jounin d'intervenir. Ce dernier bénéficiait généralement d'une plus grande force, d'une vitesse supérieure et d'un meilleur sens tactique, ainsi que de la maîtrise de deux éléments qui lui permettraient de prendre rapidement l'ascendant pendant le combat, faute de quoi, l'unité serait condamnée à subir de très lourdes pertes.

Les équipes qui allaient être formées à la suite des examens Genin de la journée seraient légèrement différentes pour la promotion de Sasuke, cette dernière réunissant des héritiers de clan et des enfants de Jounin à hauts potentiels. On diviserait les enfants par équipe de trois, comme le voulait la coutume, mais ils ne seraient pas mis à la charge d'un Chunin lambda, mais d'un Jounin d'expérience. Ce traitement de faveur était était source de discorde à Konoha, opposant les ninjas venant de familles reconnues aux anonymes qui ne disposaient pas des meilleures formations, condamnés à stagner au rang de Chunin et de servir dans les renseignements. Ensuite venaient les cas spéciaux, les étudiants tellement talentueux que l'on avait mis en place des cursus de formation personnels adaptés à leurs besoins. Dans le passé récent du village se détachaient deux uniques cas qui avaient chamboulé l'ordre établi. Le grand et renommé Itachi Uchiwa qui avait perdu les pédales et massacré sa propre famille tant la pression qui pesait sur ses épaules était devenue insoutenable et le petit irrévérencieux Naruto Uzumaki qui n'avait de respect pour personne.

Ces deux enfants avaient de nombreux points communs : tous deux étaient passés Chunin à l'âge de dix ans, avaient dominé leurs classes à l'académie, disposaient d'un sens tactique peu commun et de réserves de Chakra à faire pâlir un Jounin. La seule différence notable avait résidé dans les choix d'orientation, on avait envoyé Itachi dans l'ANBU à l'âge de onze ans alors que Naruto avait été gardé dans le service officiel. Le génie des Uchiwa avait alors sombré dans la solitude, se coupant de tout contact extérieur pour ne plus vivre que de ses missions alors que Naruto avait pu maintenir un semblant de vie sociale, soutenu par le Sandaime Hokage. Le dirigeant de la feuille n'avait rien pu faire contre les demandes incessantes des hautes autorités du village pour que Naruto monte en grade rapidement afin de lui confier des objectifs toujours plus sensibles, mais il avait pu éviter de reproduire la « tragédie Uchiwa » en offrant à son petit-fils de cœur une présence constante et rassurante.

Il était nécessaire de faire la différence entre le terme génie que donnaient les membres du conseil de Konoha, et celui que donnaient les ninjas du village et les civils. Quand on portait cette étiquette auprès des premiers, on ne représentait guère plus qu'une arme à forger et aiguiser avec ardeur avant d'être utilisée afin de trancher dans le vif des crises politiques du continent. Pour les seconds, on devenait une sorte de coqueluche avec qui il était bien vu d'entretenir des relations cordiales, une légende urbaine racontant que ces prétendus génies disposaient de traitements de faveur. Ce n'était qu'une rumeur cependant, Naruto en avait parfaitement conscience à chaque fois qu'il faisait des crasses à Sasuke, ce dernier ayant été à de multiples reprises sanctionné par le village, on ne lui laissait rien passer. Alors que l'Uzumaki, quand il était plus jeune, pouvait se permettre de sécher des cours à l'académie s'il ne les estimait pas intéressants. Généralement, on lui trouvait un instructeur spécialisé dans un domaine qui l'intriguait afin de le pousser à aller toujours plus loin pour de contrebalancer cette absence de motivation.

Les punitions de l'académie s'étaient adoucies sous le règne du Sandaime et du Yondaime, préférant la diplomatie et les heures de retenues à la violence et la douleur. C'est pour cette raison que Naruto n'avait jamais rechigné à embêter son jeune camarade, il savait qu'il ne lui arriverait aucun démêlé grave avec le village, une petite tape sur la tête de la part d'Iruka et des lignes à copier. Cependant, le vol du rouleau des techniques interdites était d'une toute autre nature, il mettait la sécurité du village en danger par de multiples aspects. Tout d'abord, les techniques contenues dans le rouleau étaient maîtrisées par la plupart des Jounin, ils en avaient fait leurs armes de prédilection, leurs forces. Si de tels secrets tombaient aux mains des ninjas de villages adverses, les combats seraient déséquilibrés et les forces de Konoha balayées. Puis certaines de ces techniques étaient tout simplement trop dangereuses pour être utilisées sans risques. Un Genin de l'acabit de Sasuke ne pourrait jamais maîtriser une seule d'entre elles sans se vider de son Chakra et par extension, mourir.

La sanction pour un tel larcin serait la pendaison, en théorie tout du moins. Sasuke Uchiwa étant le dernier représentant de son clan à Konoha, il était peu probable qu'il soit exécuté purement et simplement, mais les hommes qui l'avaient accompagné dans son opération connaîtraient ce funeste destin, il n'y avait aucun doute pour Naruto. Si le Jounin n'avait pas été accompagné de Genin tout juste sortis de l'académie, il serait déjà en chasse et n'aurait pas adressé de message de prévention avant de frapper durement, ne visant pas la capture mais l'élimination. Mais en l'état des choses, il préférait assurer la protection de ces enfants plutôt que de partir au combat. Après tout il y avait des ninjas comme Kurenai Yuhi, Kakashi Hatake et Asuma Sarutobi présents au village afin de prendre en charge des équipes. L'homme qui avait décidé de voler le rouleau à cette période de l'année n'était pas des plus malins, ou alors il n'avait pas pris la peine de bien enquêter sur les mœurs de Konoha avant de s'élancer au-devant des problèmes.

« Sakurako-san ? Demanda Naruto en se tournant vers la jolie Chunin.
— Oui ? Répondit-elle rapidement en arrêtant d'observer les bois pour se concentrer sur son supérieur hiérarchique.
— Les Yamanaka, ils ont pas une technique pour prendre le contrôle des animaux afin de voir par leurs yeux ?
— Si, mais si je l'utilise je ne pourrais plus bouger.
— Je te porterai, trouve toi un oiseau dans les environs et tente de nous trouver une petite clairière. Qui que soit l'homme derrière le vol du rouleau, il a dû indiquer à Sasuke un lieu repérable de loin pour la transaction.
— A vos ordres ! »

A peine la jeune femme eut-elle composé une série de signes qu'elle s'effondra, inconsciente. Naruto la rattrapa en douceur, la hissant sur son dos sans se départir de son calme, remarquant que la Chunin avait un parfum pour le moins entêtant maintenant qu'il se trouvait collé à elle. Il fit abstraction du souffle chaud qui lui caressait le cou, tentant d'oublier qu'il portait actuellement l'une des plus belles filles du village en plein milieu de la nuit. Les Yamanaka avaient ce don avec leurs enfants, ils n'étaient jamais normaux. Partout où un Yamanaka se rendait, et plus précisément les femmes du clan, on ne pouvait que se détourner de son activité pour les regarder passer et les admirer. Naruto reprit donc sa route, sifflotant un air pour le moins lugubre afin de ne pas penser à la poitrine voluptueuse qui s'écrasait contre son gilet de protection, ses mains en contact avec le postérieur rebondi de son éclaireuse afin de la soutenir. Les affres des hormones en fusion de l'adolescent qu'il était se déchaînaient dans son esprit afin de lui faire remarquer qu'il devrait remercier Sasuke une fois celui-ci retrouvé.

« Qu'est-ce qui va arriver à Sasuke, Uzumaki-sama ? Questionna Shikamaru après quelques minutes de silence.
— On va le ramener au village, en vie de préférence, puis le vieux décidera de son sort. Je pense qu'il va se coltiner une mission d'intérêt général et une bonne fessée.
— On ne va donc pas le tuer ? Soupira Kiba avec soulagement avant de ranger le kunai qu'il cramponnait depuis le début de l'exploration nocturne.
— Pas s'il ne nous y oblige pas, s'il se rend tout devrait bien se passer. Ça vous fait quoi de faire votre première mission ? Vous êtes excités ? »

Les Genin ne répondirent pas, se plongeant chacun dans de brèves réflexions afin de définir au mieux ce qu'ils ressentaient. Naruto comprenait leurs troubles, en général on ne quittait le village qu'après plusieurs semaines d'apprentissage sous la tutelle de son Chunin référant, afin de mettre en place une solide relation de confiance qui permettrait de surmonter la disparition des repères habituels, les membres d'une même équipe s'appuyant les uns sur les autres pour ne pas se sentir isolés. Mais en l'espèce, ils n'avaient comme lien que quelques petites blagues jouées à l'académie, rien qui transcenderait une relation et les unirait pour un possible combat. De plus, la seule présence féminine du groupe venait de s'absenter mentalement, déstabilisant encore plus ces garçons qui n'avaient pas encore réellement quitté le giron de leurs mères. Et finalement, en plus de se retrouver seuls dans la forêt, ils n'étaient plus avec une Chunin aux aptitudes semblables aux leurs, bien qu'étant légèrement supérieures, mais avec un des Jounin les plus révérés de Konoha. A la peur de l'inconnu se liait la peur de décevoir cet homme d'exception qu'ils voyaient en Naruto.

« Moi je me rappelle de ma première mission, j'ai promis au vieux Hokage de la raconter à mes enfants pour qu'ils puissent se moquer de lui plus tard, commença l'adolescent avec calme. Je devais attraper Tora, pour changer me direz-vous, et j'ai lamentablement échoué. Du coup, le vieux singe s'est permis de se moquer de moi et de dire que je ne serais jamais un grand Shinobi, alors je l'ai mis au défi d'attraper Tora à son tour en moins d'une journée, et il a raté lui aussi. C'est à cette époque qu'il en a fait la punition générale de ses Jounin peu respectueux des menus règlements.
— Un chat, cracha presque Kiba. Je suis sûr que je peux l'attraper en quelques minutes avec Akamaru, pas vrai copain ? »

Le petit chiot blanc répondit d'un jappement enthousiaste, comprenant sans doute ce qu'avait voulu lui dire son maître et poussant Naruto à s'interroger sur les capacités cognitives des animaux doués de Chakra. Il se contenta pour toute réponse d'ébouriffer la tête du chien qui était destiné à devenir un colosse fait de muscles avec le temps, avant de reprendre la marche en direction de la Forêt de la Mort, son instinct de Shinobi lui soufflant que c'était la bonne direction. Il ne s'arrêta que quand la Yamanaka s'agita dans son dos, reprenant doucement conscience. Elle murmura, la voix chargée de fatigue, à son oreille :

« C'est Mizuchi-sensei qui a organisé le vol du rouleau, il est en train de se battre contre Iruka-sensei. Sasuke est inconscient et on va dans la bonne direction.
— Excellent travail, lui sourit Naruto sans qu'elle puisse le voir. Tu veux débarquer ou est-ce que tu es trop fatiguée ?
— Je vais rester encore un peu, si ça ne vous dérange pas Uzumaki-sama.
— Pas de soucis pour moi, tu as fait plus que ta part. »

Il ne lui prêta aucune attention quand elle reposa sa tête contre son épaule, y appuyant son menton avec douceur et diffusant une douce chaleur contre la clavicule du Jounin. L'adolescent venait de se concentrer sur le possible combat à venir, il connaissait les compétences de son adversaire, il n'y avait rien de glorieux et ne s'attendait à aucune surprise de la part du Chunin. C'est confiant qu'il pressa le pas, forçant presque l'équipe de Genin à courir pour ne pas le perdre de vue, l'excitation chassant la crainte alors que l'adrénaline courait dans leurs veines.

« On va se faire Mizuchi facilement, vous avez envie de vous battre contre lui ou je m'en occupe ?
— On l'éclate ! Brailla Kiba avec force en levant son poing vers le ciel, sautant partout autour de son supérieur, la flamme du combat illuminant déjà son regard.
— Galère...
— On risque pas de perdre ? S'inquiéta pour sa part Choji.
— Je surveillerai de loin avec Sakurako-san, vous avez moins de trois minutes pour trouver une stratégie. Si vous attrapez Mizuchi sans que je n'aie à intervenir, j'vous payerais un Ramen quand on sera de retour au village. »

Le doute déserta l'esprit de Choji, remplacé par l'image d'un copieux bol de nouilles et il se tourna mécaniquement vers Shikamaru, en attente d'instructions. Le génie des Nara ne put que soupirer quand il remarqua que Kiba avait arrêté de sauter partout pour le rejoindre, aussi impatient que son imposant compagnon.

« Uzumaki-sama, on doit le prendre par surprise ou vous voulez qu'on lui parle avant ?
— Vous faites comme vous voulez, se dédouana Naruto en dissimulant son Chakra, disparaissant des perceptions de tous les ninjas présents dans la forêt. On sait qu'il est méchant, donc si tu veux le prendre par surprise, libre à toi, tu peux même le tuer si tu en as envie... Mais il serait plus productif de l'arrêter pour le filer à Ibiki.
— D'accord, sembla se morfondre le Genin. Kiba, t'as qu'à lui sauter dessus avec Akamaru pendant que Choji lance des kunai pour le rapprocher des arbres, j'attendrai là-bas pour le capturer avec mon ombre. Ensuite vous le frapperez jusqu'à ce qu'il soit inconscient, ça vous va ?
— C'est simple, c'est rapide, j'suis partant, se réjouit Kiba.
— Uzumaki-sama, vous nous offrez un bol ou un repas ? S'intéressa Choji en donnant tacitement son accord pour le plan.
— Un bol, je suis pauvre vous savez... On a pas tous des parents pleins aux as. »

Sakurako étouffa un petit rire sarcastique alors que le groupe se divisait en fonction de la stratégie adopté par Shikamaru Nara, leader proclamé du combat à venir. Naruto devait s'avouer surpris devant l'aura de commandement du garçon, il n'avait pas demandé à diriger mais tout le monde s'était tourné vers lui et avait écouté ses directives sans poser de questions. Il avait fait, en quelques instants, usage d'un talent dont peu de Chunin disposaient malgré des années de combats. L'Uzumaki monta nonchalamment le long d'un arbre, concentrant du Chakra dans la semelle de ses chaussures pour adhérer à l'écorce, sachant pertinemment que Mizuchi n'était pas de type sensoriel et qu'il ne risquait pas de sentir sa présence. Il se plaça ensuite dans l'ombre d'une branche plus imposante que les autres, disposant d'un point de vue dégagé sur la clairière.

Sasuke gisait inanimé contre un arbre, un mince filet de sang coulait de sa bouche et il avait la joue droite tuméfiée. Il ne présentait aucune autre blessure mais Naruto pouvait deviner un cas d'épuisement de Chakra, il ne ressentait que très faiblement l'énergie du garçon, il avait dû tout donner pendant un combat violent. Les traces de petits incendies confirmant l'hypothèse du Jounin alors que des Shuriken jonchaient le sol, éparpillés de partout et s'enfonçant parfois profondément dans les chênes majestueux qui bordaient Konoha. Iruka se tenait devant Sasuke, il présentait de profondes blessures infligées à l'aide des Shuriken géants qu'utilisait Mizuchi mais il tenait encore debout, protégeant son élève envers et contre tous. Le Chunin dissident lui faisait face, un pied posé sur le rouleau des techniques interdites, la lune se reflétant dans la froideur de son regard. Il souriait sadiquement alors qu'il tenait deux petites lames dans ses mains, attendant un moment d'inattention d'Iruka pour lui porter le coup fatal.

Il n'en eut jamais l'occasion, deux tornades de griffes et de crocs jaillirent soudainement du couvert des bois pour se porter à sa rencontre. La surprise put se lire sur son visage avant qu'il ne réagisse, s'esquivant en bondissant en arrière, frappant le premier adversaire qu'il envoya valdinguer contre un arbre. Kiba n'abandonna pourtant pas l'affrontement et se jeta à sa poursuite, cherchant à lui couper toute retraite alors que Choji empêchait Mizuchi de riposter en le lardant de projectiles. Le Chunin, reconnaissant ses anciens élèves, reprit confiance et arrêta de reculer pour attaquer à son tour, ses armes franchissant la maigre défense de l'Inuzuka comme si elle n'existait pas. Il arracha un lambeau de tissu à son manteau avant de s'immobiliser, capturé par l'étreinte de Shikamaru.

« Enfoirés... Grogna-t-il avant que Kiba ne le frappe au visage une première fois. Je vais vous buter ! »

Il sombra dans l'inconscience après le quatrième coup de poing, du sang s'échappant de son nez cassé. Choji ne perdit pas de temps avant de menotter et désarmer le renégat puis il poussa un soupir de contentement, en se laissant tomber sur le ventre du Chunin, le privant définitivement d'une quelconque chance de s'échapper pendant que Shikamaru s'approchait d'Iruka pour prendre de ses nouvelles. Naruto effectua une descente contrôlée avant de déposer Sakurako pour ramasser le rouleau, commençant lentement à le dérouler.

« Ça je connais, ça je connais aussi... Kage Bunshin, je connais, Kage Bunshin explosif c'est pas mal non plus, marmonna-t-il pour lui-même. Tiens, le Katon du vieillard... Toi je te connaissais pas, substitution du Kage Bunshin, rang C, intéressant.
— Tout va bien ? Interrogea le Nara en tendant un bandage à son ancien professeur.
— Grâce à vous, oui. Je suis fier d'avoir formé d'aussi bons ninjas. »

Personne ne prêta attention au petit chat noir qui se tenait sur une branche, derrière Naruto et qui regardait le rouleau avec des yeux concentrés. Quand le Jounin le referma finalement, il bondit dans la clairière, miaulant pour se faire remarquer et l'adolescent se retourna avec calme, faisant signe à son équipe de se taire.

« Shikamaru, chuchota-t-il, capture le avec ton ombre, vite ! »

Akamaru se mit à grogner, hésitant à se jeter sur le chat sans défense mais au demeurant trop confiant, son sixième sens lui soufflant qu'il ne valait mieux pas tenter le diable. Il se plaça devant Kiba en courbant le dos, dévoilant ses petites canines aiguisées alors que Tora traversait la clairière tel un empereur. A l'image de Mizuchi quelques instants plus tôt, il finit par s'immobiliser, son regard ténébreux braqué dans celui de Naruto, le défiant du regard alors que ses lèvres se tordaient d'un rictus mesquin. Les deux adversaires menèrent un combat de volonté qui dura jusqu'à ce que Choji ramasse la petite créature, lui grattouillant chaleureusement la tête.

« Mais c'est qu'il est mignon le petit chat-chat, roucoula l'obèse, inconscient du danger.
— Attention ! » Le prévint Naruto, tendant son bras de façon dramatique dans une vaine tentative de sauver son disciple d'un soir.

La fureur déforma soudainement les traits du matou ronronnant, la haine animant ses pupilles alors que des longues griffes pénétraient la chair tendre du visage de Choji. L'héritier des Akimichi tenta de pousser un cri peu féminin mais il fut réduit au silence par la tempête de coups que déchaîna Tora, subissant sans pouvoir réagir à l'attaque sournoise et implacable. Les chairs se déchirèrent et les larmes coulèrent avant que le Genin ne puisse prendre le contrôle de l'animal, l'immobilisant de sa poigne de fer, suant et rageant.

« C'est pas un gentil chat, ahana-t-il avec difficulté.
— Je vous avais prévenu, se lamenta Naruto avant de se pencher au-dessus de Tora qui était bloqué au sol, les oreilles rabattues sur le crâne. Pourquoi est-ce que tu t'es laissé arrêter ? Qu'est-ce que tu prépares ?
— Miaou », sembla rire le chat noir avant de détourner le regard, sa queue venant fouetter le nez de Naruto.

Une équipe d'ANBU mit fin à l'interrogatoire, apparaissant dans des nuages de feuilles. Un silence respectueux s'installa, les Genin n'osant pas regarder les masques de ces combattants réputés sans pitié alors que Sasuke ne se réveillait toujours pas. L'un des membres de l'escouade se détacha, Naruto le reconnut comme étant le chef de la sécurité du Sandaime.

« Naruto-san, félicitations pour ton intervention rapide, le Hokage sait déjà pour tout ce qui s'est passé ici. Nous avons pour ordre de ramener le rouleau, Mizuchi et Sasuke au village... je pense que nous allons aussi prendre Tora, ça va faire combien de temps qu'il traînait près du village ? S'ingénia-t-il, brisant l'aura de peur que subissaient les enfants.
— Ça va faire trois semaines que Kakashi Hatake lui court après, je crois qu'il a abandonné en fait.
— Il paraît qu'il vit chez Anko, le Hokage lui a pris son appartement et tous ses livres pornographiques devant le retard qu'a présenté l'accomplissement de la mission, rajouta un autre combattant des forces spéciales avant de se mettre à tousser.
— Tu vas bien ? S'inquiéta la seule femme du groupe.
— Juste un petit rhume, c'est le retour de l'hiver.
— On est encore en été, précisa-t-elle avant d'invoquer une cage à destination de Tora.
— Les premiers rafraîchissements de la saison alors... »

C'est dans une atmosphère bon enfant que le retour à Konoha se produisit, les ANBU n'abandonnant pas la petite unité alors que des fusées éclairantes étaient tirées depuis le village, signalant à tous les combattants partis à la recherche de Sasuke qu'il avait été retrouvé. Les Genin eurent pour la première fois le sentiment d'être de vrais ninjas rentrant de mission, victorieux et entourés par d'autres Shinobi qui n'hésitèrent pas à discuter avec eux, faisant fi des masques et de la différence de niveau. Naruto ferma la marche, en compagnie de l'ANBU malade et de celle qui devait être sa compagne au vu de la façon dont elle s'occupait de lui, maintenant que la recherche avait pris fin.

« C'est pratique d'avoir des Genin, ils font tout le sale boulot et j'ai juste à empocher mes primes, remarqua l'adolescent en se frottant déjà le ventre en prévision des Ramen qu'il allait manger en rejoignant Ayame.
— Tu pourrais prendre une équipe en charge tu sais ? Proposa la femme aux longs cheveux violets.
— Ça pourrait être une idée, s'intéressa le Jounin en se plongeant ses pensées.
— Je ne pense pas. » Contra Hayate en enlevant son masque sans gêne quand il remarqua que les enfants s'étaient suffisamment éloignés.

Il adressa un regard grave à Naruto, des cernes marquant ses yeux alors que ses cheveux bruns tombaient négligemment sur son front. Yugao pencha la tête sur le côté, attendant la suite de ce que pensait son petit ami, intéressée par cette divergence d'opinions.

« Nous savons tous, Naruto-san, que tu n'es pas un ninja formé pour faire du baby-sitting... Tu es un tueur et tu le resteras, alors ne regarde pas trop ces enfants et n'espère rien à ce sujet. »

En espérant que ça vous ayez aimé,
En remerciant Amazone Lily pour la relecture qui a sans doute dû être longue et fastidieuse,
GrosLapinRouge


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