Troisième chapitre enfin bouclé, vers deux heures du matin ! x)
J'ai eu une grosse panne d'inspi' pendant un moment, j'ai bien cru que je ne le finirais jamais ... Comme je n'arrivais pas à me motiver à l'écrire, j'ai changé mon idée initiale et je le trouve bien mieux et crédible ainsi ^^ Bon, il s'y passe pas grand chose pour l'instant mais les petites choses qui sont amorcées dans ce chapitre seront importantes pour la suite ;)
Enfin bref, je ne vous spoile pas et vous laisse plutôt avec le chapitre, en espérant qu'il vous plaise !
Enjoooy ~
Il est vingt-trois heures quarante-cinq, et l’hôtel est aussi désert qu’une ville fantôme. La salle commune est réservée pour tout ce qui concerne le séjour pendant les trois prochaines semaines, et étant les animateurs, nous en disposons pour nous seuls une fois que les mômes sont couchés. Pour ma part, je suis assis par terre, adossé contre un fauteuil, et j’allume et éteins nerveusement mon briquet, les avant-bras reposant sur mes genoux. Itachi me domine de toute sa hauteur, installé en tailleurs dans le fauteuil contre lequel je m’appuie. Pain est debout et observe pensivement l’extérieur par la fenêtre qui donne sur le parking de l’hôtel. Kisame, lui, joue à la Xbox devant la télé, tandis que Hidan et Kakuzu se prennent le bec. Du moins, Hidan est complètement stone après un joint de trop et marmonne des incantations à la gloire de son dieu, pendant que Kakuzu l’engueule à propos de ses responsabilités envers les enfants et surtout, de tout l’argent qu’il gâche en l’investissant dans sa dose quotidienne de came. Zetsu observe le débat en plaçant joyeusement une petite remarque de temps à autres pour alimenter le conflit.
- T’es vraiment complètement inconscient mon pauvre gars, fulmine Kakuzu, tu ferais bien de te réveiller un peu !
Hidan, affalé sur sa chaise en une masse flasque et inerte, les poings profondément enfoncés dans les poches de son jean, ouvre péniblement ses yeux rougis et les tourne lentement vers celui qui perturbe sa tranquillité, avec de lâcher d’une voix rauque et ennuyée :
- Mec, sérieusement, ta gueule.
Ce qui a pour seul effet de faire repartir Kakuzu de plus belle, encore un ton au-dessus. Zetsu se marre, et Hidan laisse échapper un soupir long comme la muraille de Chine.
Beaucoup de rumeurs circulent sur ce curieux duo, on les soupçonne d’être des gays refoulés, vivant à leur façon une romance principalement basée sur le fait de ne jamais se témoigner leur affection. Tous deux victimes (volontairement ?) d’un célibat prolongé, de par les tendances asociales de Kakuzu et l’addiction d’Hidan aux coups d’un soir, ils passent la majorité de leur temps en binôme, l’un avec l’autre, même si c’est pour se bouffer le nez du matin au soir. On dirait qu’ils communiquent par un langage codé où chaque insulte correspond à un mot d’amour …
Plongé dans mes réflexions, je n’ai pas remarqué que mon blondinet immature a disparu.
- Quelqu’un sait où est Deidara ? je demande d’un ton un peu hésitant.
- La dernière fois que je l’ai vu, il était avec la bombasse aux cheveux violets, s’anime Kisame, un sourire carnassier sur les lèvres.
- Konan, rectifie Itachi. Elle s’appelle Konan.
- Peu importe son nom, ricane Hidan de sa voix éraillée. C’est le mien qu’elle devra crier quand je l’aurai mise dans mon pieu …
- T’as pas honte de fantasmer sur une gamine de dix-huit ans ? le réprimande Kakuzu, comme à son habitude.
- Pas quand la gamine en question fait un 95D, réplique son comparse en accompagnant sa tirade d’un rire sonore.
Des fois, je me dis que mes amis sont vraiment des beaufs de première catégorie. Enfin, au moins, aucun d’eux ne semble avoir remarqué Aiko. J’imagine qu’ils ne doivent pas trouver d’intérêt à jeter leur dévolu sur des filles qui se planquent sous des habits trop larges, d’autant plus qu’elle a une apparence assez juvénile quand on y pense. Mais loin de me déranger, je trouve ça plutôt mignon et c’est d’autant plus étonnant que sa manière de se comporter est loin d’être enfantine …
- Tout ça ne nous dit pas ce que fait Deidara, je les coupe, agacé.
- C’est bon t’emballe pas Pinocchio, tu vas le retrouver, ton amant, se moque Kisame.
Je lève les yeux au ciel. Il est vrai que certaines rumeurs courent également sur Deidara et moi, car nous passons beaucoup de temps ensemble. Quand j’y pense, on se dispute souvent nous aussi ; mais dans le fond, je l’aime bien, ma blondasse. La plupart du temps, il m’insupporte, mais pas au point de me le rendre détestable. Disons qu’il met de l’animation dans ma vie parfois trop monotone.
- Pourquoi Pinocchio ? demande soudainement Zetsu. Ça fait très longtemps que j’entends ce surnom mais je n’ai jamais su d’où il venait …
Je me rembrunis soudain. C’est vrai que Zetsu n’est arrivé qu’assez tard dans la bande, bien qu’on le connaisse depuis plusieurs années maintenant, et qu’il ne connaît pas encore les histoires de tous les membres. Mais je n’ai pas envie d’évoquer ma vie et mon enfance dans des flash-backs larmoyants. Pas maintenant.
- C’est parce que ses parents tenaient un théâtre de marionnettes quand il était gamin, fait la voix étonnamment grave et un peu nasillarde de notre blondinet de service.
Je me retourne en soupirant. Il se tient dans l’encadrement de la porte, tout sourire, et il n’est pas seul.
- Salut la compagnie, lance Konan avec entrain, ses grands yeux dorés pétillant de malice.
- Qu’est-ce que tu fais là ? lui répond la voix polaire de notre rouquin autoritaire.
Je dois à nouveau me retourner pour croiser les yeux froids et métalliques de Pain, qui s’est décollé de sa fenêtre pour planter son regard dur dans celui de la nouvelle venue, qui le soutient avec effronterie. Elle ne manque pas de culot, la petite ! Le regard-qui-tue de Pain a fait baisser les yeux de plus d’un insolent.
- Le couvre-feu est à vingt-trois heures trente, rappelle-t-il d’un ton sans appel.
- S’il te plaît Pain, laisse-la rester avec nous, implore Deidara, son regard le plus mignon à l’appui. C’est la plus vieille du groupe, et elle est insomniaque …
Le roux se pince l’arête du nez en soupirant. Il n’a jamais su résister aux petits numéros de charme de Deidara ; c’est l’une de ses rares faiblesses. Il rouvre les yeux et affronte ceux de Konan qui le fixent, emplis d’une défiance presque palpable et scintillant d’une lueur indescriptible. Ils se jaugent durant quelques secondes qui figent le temps avant que le verdict ne s’abatte :
- O.K., lâche Pain d’une voix dénuée d’émotion.
Et il se replonge illico dans la contemplation du parking de l’hôtel. Passionnant. Je me demande quelles pensées cette étendue de béton peut bien lui inspirer …
Ni une ni deux, Konan fonce sur un des poufs et se laisse tomber dedans avec un manque d’élégance notoire.
- Alors les filles, de quoi on parle ? lance-t-elle avec décontraction bien qu’elle soit la seule représentante de la gent féminine dans la salle.
Sa question fait pouffer Deidara et lâcher un soupir presque imperceptible à Pain, depuis sa fenêtre. J’observe attentivement la ravissante jeune femme et son air malicieux, presque insolent. Son regard brille, comme toujours ; mais toute cette belle assurance ne peut que cacher quelque chose. Elle continue sur sa lancée, parle et parle, rit, plaisante, s’agite, comme si elle était incapable de tenir en place ; comme si sa façade allait tomber en morceaux si elle se taisait un instant. Car lorsque je l’ai vue la première fois, tout à l’heure, immobile et silencieuse, son expression était fermée et ses yeux, éteints. On peut fausser un rire, mimer la joie ; mais le mal-être, lui, celui que je lisais sur son visage, n’est pas imitable. Je suis quasi-certain qu’il y a un problème avec cette famille, il me faut maintenant découvrir lequel. Peut-être aurai-je plus de chances d’obtenir des informations avec la grande sœur qu’avec la petite ?
Elle s’est maintenant installée près de Zetsu, Hidan et Kakuzu et tente de comprendre la cause du conflit.
- Mais enfin, pourquoi est-ce que vous vous prenez la tête, vous deux ? demande-t-elle, les sourcils froncés.
- Mais je sais pas, c’est lui qui me casse les couilles comme d’habitude, répond Hidan d’un ton traînant.
- Ce con, fulmine Kakuzu, se défonce alors qu’il est censé être animateur, donc en charge d’un groupe d’adolescents !
- C’est bon lâche-moi, ils sont tranquilles dans leur lit les morveux, j’ai bien le droit de me détendre !
- La preuve que non puisque Konan a réussi à échapper au couvre-feu, intervient Zetsu, rajoutant encore de l’huile sur le feu.
- Si l’un d’entre eux avait voulu faire le mur, comment aurais-tu pu l’en empêcher avec tes réflexes aussi amoindris ?!
- Les garçons, vous êtes-bien sûrs que ça vaut la peine de … commence Konan, mais elle est interrompue par Kisame qui lui lance :
- Te fatigue pas poupée, c’est tout le temps comme ça, va falloir t’habituer …
- S’habituer ? s’alarme Kakuzu. Parce qu’elle compte squatter souvent ?
- Ouais ! s’exclame Deidara avec enthousiasme.
- Bien sûr, qu’est-ce que tu crois ? répond la concernée en souriant de toute ses dents.
Je suis étonné qu’elle n’ait pas encore surpris le regard de Pain qui pourtant lui poignarde le dos. Ses yeux gris métallique la fixent, passant par ses cheveux ondulés, d’un violine brillant, décrivant un parcours le long de son front haut, de l’arête délicate de son nez retroussé, de la courbure de ses lèvres pulpeuses et finissant sa course en bas de la courbe élégante de son menton. Elle a un port de tête haut et fier, et Pain semble lutter contre sa propre fascination. Je souris en coin ; lui et moi allons avoir du fil à retordre si nous désirons apprivoiser les deux sœurs. Oh, bien sûr, rien ne me dit qu’il a envie de l’approcher. Mais je lis dans son regard d’ordinaire impénétrable une faille, une attraction qui n’est pas sans me rappeler celle que j’éprouve pour la cadette.
La soirée se déroule dans la monotonie la plus parfaite, entre Hidan qui somnole sur sa chaise, et Kakuzu et Zetsu qui débattent à propos de tous les sujets sur lesquels ils sont capable de s’opposer des arguments, Pain qui fait semblant de méditer, les yeux mi-clos, mais qui épie en réalité chaque mouvement de Konan, celle-ci qui discute joyeusement avec Deidara et Itachi, et moi qui observe à la fois Kisame se démener sur la Xbox, et les agissements de tout ce beau monde.
- Est-ce que quelqu’un sait quel est le programme de demain ? je demande à un moment.
Chacun stoppe ce qu’il était en train de faire et se met à réfléchir. Il est vrai que nous n’avons quasiment pas discuté des activités proposées au groupe depuis que nous sommes ici, le planning est sagement rangé dans la valise de Pain et personne ne s’en était préoccupé jusque-là. Nos regards se tournent tout naturellement vers celui-ci, qui ouvre lentement les paupières et déclare :
- Demain après-midi, on emmène les gosses au cinéma … D’ailleurs, on va profiter de cette soirée pour décider des rôles de chacun, car il ne sera pas nécessaire d’être tous présents à chaque sortie. J’ai besoin de quatre d’entre vous pour encadrer le groupe demain. Pendant ce temps, les quatre autres, dont moi, aideront à l’administration et la préparation des séances médicales.
- Quelles séances ? intervient Konan, les sourcils froncés.
Pain n’est pas un bavard, et nous voyons à sa tête qu’il n’a pas envie de se lancer dans de grandes explications. C’est donc Itachi qui s’y colle, du ton chaleureux qu’il sait si bien employer :
- Eh bien, il ne faut pas oublier que ce séjour est prévu à la base pour des enfants dits « à problèmes », ceux qui avec qui la famille et les proches n’ont pas pu, ou pas voulu passer les fêtes, ceux qui rencontrent des difficultés au quotidien et n’ont probablement personne auprès de qui trouver un peu de compréhension et de réconfort. Et c’est avant tout pour cela que le programme Akatsuki a été conçu ; pour apporter de l’aide à ceux qui y participent. C’est pourquoi, chaque soir, et ce pendant les trois semaines, l’un de vous passera en tête-à-tête avec l’un d’entre nous, pour discuter de ce qui ne va pas dans sa vie, y trouver un peu d’attention et peut-être même des solutions.
- Quatre d’entre nous, précise Pain. Car nous ne sommes pas tous aptes à gérer ce genre de séances. Cela demande beaucoup de tact, de psychologie et de bienveillance, ce dont tout le monde ici n’est pas capable de faire preuve …
Hidan et Kakuzu ignorent royalement la tirade du rouquin, même s’ils savent pertinemment qu’elle leur est tout spécialement adressée. Kisame se contente d’un petit sourire contrit ; il est comme moi tout à fait conscient de n’être pas indiqué pour jouer ce rôle. Ne restent donc plus qu’Itachi, qui lui est naturellement doué pour ce genre de choses, Zetsu qui est passé maître dans l’art d’alimenter tout comme de désamorcer n’importe quel conflit, Deidara qui derrière ses abords immatures est profondément gentil et à l’écoute, et Pain, qui parle peu mais n’en pense pas moins ; il est passionné par tout ce qui touche à l’étude des autres. Les analyser, les disséquer, les comprendre : il sait être l’homme le plus doux et patient du monde si cela peut lui permettre d’obtenir des informations. Les rôles sont donc rapidement distribués, et chacun vaque de nouveau à ses occupations. La situation m’ennuie assez vite, et je finis par me lever, salue mes amis et quitte la pièce en me passant une main dans les cheveux, les ébouriffant encore davantage. Je grimpe dans l’ascenseur dès qu’il arrive, pressé de regagner ma chambre ; je commence à être fatigué et j’ai une considérable envie de fumer. Une fois arrivé à bon port, j’attrape mon paquet de cigarettes dans un tiroir et m’engouffre sur le balcon.
L’air glacial du dehors me mordille la peau comme des centaines de petites dents. Rester à l’extérieur, en Décembre et à plus de minuit, même avec un sweat, n’est sans doute pas une très bonne idée ; mais mes idées sont rarement intelligentes et c’est pourquoi je me laisse doucement réchauffer par la fumée de ma clope en contemplant la ville en contrebas.
J’admire sincèrement ceux qui pensent que Paris est une belle ville, car moi, je n’ai jamais réussi. Je l’ai toujours trouvée laide à pleurer, avec ses façades délabrées, ses vieilles pierres grises, ses habitants pressés et amers, ses pigeons obèses et envahissants, et l’eau verte et boueuse de la Seine qui doit contenir plus de cadavres en décomposition qu’une morgue toute entière. Mais, cette nuit, avec la tour Eiffel illuminée dressée au milieu de cet amas de phares, d’enseignes clignotantes et de taches de lumières multicolores qui se reflètent sur le fleuve, avec les étoiles qui parviendraient presque à percer derrière le nuage de pollution qui couvre le ciel, avec les lampadaires qui éclairent sous un autre jour les rues désertes, je pourrais presque, je dis bien presque, apprécier le paysage. « Paris est pleine de dangers », je songe tandis que ma cigarette se consume entre mes doigts rougis. Je pense aux dealers, aux psychopathes qui se cachent dans les ruelles, je pense aux SDF qui crèvent de faim et de froid sous les ponts, je pense à toutes ces mères de famille qu’un homme a abandonnées en apprenant qu’elles étaient enceintes et qui doivent se battre chaque jour pour payer leur loyer, leurs factures et nourrir leurs gosses, je pense aux prostituées qu’on rabaisse chaque seconde de nos vies sans jamais penser que leur métier en lui-même est dégradant, sans songer que pour la plupart, vendre leur corps n’est pas un choix mais bel et bien une question de survie. Je pense aux cons qui flinguent leur jeunesse en devenant parents à quinze ans. Et je me dis que j’ai hâte, tellement hâte de quitter ce monde, une bonne fois pour toutes.
- C’est pas beau, hein ? fait joyeusement une voix féminine dans mon dos.
Je sursaute en l’entendant et me tourne brusquement. Une silhouette gracieuse se découpe dans l’encadrement de ma porte. L’espace d’une demi-seconde, j’espère qu’il s’agit d’Aiko, mais je déchante bien vite en plongeant dans les deux billes chocolat qui me fixent en pétillant. Tenten, si je ne m’abuse. Elle n’est vêtue que d’un grand pull et d’un short de pyjama, ses longs cheveux dénoués légèrement décoiffés cascadant sur ses épaules et son dos. Elle passe une main dedans, changeant sa mèche de côté –et je remarque en la voyant faire qu’elle a le même tic que moi– et sourit, creusant une fossette dans sa joue gauche.
- Qu’est-ce que tu fous là ? je demande dans une sorte de grognement mécontent.
Elle vient de me déranger dans mes réflexions, et je n’aime pas ça. Ses neurones doivent avoir quelques difficultés à se connecter, car elle semble prendre ma tirade pour un encouragement : elle traverse ma chambre en quelques enjambées sautillantes et me rejoint sur le balcon, avant de s’exclamer avec distinction et féminité :
- Putain, la vache, on se les gèle ici !
Je tire une taffe en haussant un sourcil, et n’ajoute rien. En même temps, on est en Décembre, en plein milieu de la nuit, et il a neigé, fallait pas s’attendre à pouvoir sortir les transats …
Elle ne prête bien vite plus attention à la température ambiante et s’intéresse désormais ce que j’ai dans la main.
- Je peux ? demande-t-elle en tendant les doigts vers ma cigarette.
Je hausse les épaules et la laisse l’attraper. Elle s’accoude alors la barrière du balcon et commence à fumer avec délectation, je vois ses yeux se fermer et ses traits se détendre tandis qu’elle inhale la fumée. Je la trouve encore plus attrayante ainsi.
- Tu trouves ça beau, toi, Sasori, toutes ces lumières devant lesquelles tout le monde s’extasie ? Et la tour Eiffel, tu la trouves si intéressante que ça ? me demande-t-elle sans détacher les yeux de la ville.
- Non, je réponds simplement. Pour être honnête, je trouve Paris moche à crever.
Pour une raison qui m’échappe, ma déclaration a l’air de l’enchanter. Elle m’adresse un sourire éblouissant, que je ne peux lui rendre. L’enthousiasme de cette fille me dépasse, et je la trouve quelque peu étrange ; il y a quelque chose de déséquilibré dans son sourire, comme une image qui se brouillerait l’espace d’un instant, laissant entrevoir une réalité pas si rose qu’elle en a l’air.
- Peu de gens pensent comme toi tu sais, dit-elle en secouant la tête, une moue boudeuse sur les lèvres. Tous ceux à qui j’ai posé cette question jusqu’ici m’ont répondu le contraire, parlé de la capitale comme d’une ville magnifique, au patrimoine historique incroyable, et bla-bla-bla … Je n’étais jamais venue ici avant, alors j’y croyais à ces conneries, tu vois ? Je me disais que ce serait merveilleux, que je serais époustouflée et que rien que la vue de Paris nocturne vaudrait le déplacement. (Elle exhale un filet de fumée et je considère d’un œil inquiet ma cigarette qui rapetisse un peu trop vite à mon goût.) Mais en fait, non, c’est plutôt commun comme vision, et assez moche quand on y réfléchit.
Elle me fait sourire. Cette fille est intéressante, je n’en doute pas une seconde. Et, avec son pull qui tombe négligemment sur son épaule, laissant entrevoir sa peau dorée, ses jambes galbées et lisses découvertes par son short, ses orteils vernis d’un rouge sanglant, ses cheveux emmêlés par le vent et ses grands yeux sombres en amande fixés sur le paysage, je la trouve sacrément sexy. La fumée produite par la chaleur de son souffle mélangée à celle de ma cigarette attire mon attention sur ses lèvres, rouges et un peu asymétriques, celle du bas légèrement plus pulpeuse que celle du haut. Ce petit déséquilibre ajoute encore à son charme et je suis investi du désir soudain de l’embrasser. Obéissant à ma pulsion, je me penche lentement vers elle, qui tourne les yeux vers moi, une expression étonnée sur les traits. Puis, sans me laissant le temps de me rendre compte de ce qui m’arrive, elle me recrache toute sa fumée au visage avant d’éclater d’un rire aussi carillonnant que bruyant. Autant dire que je ne m’attendais pas à ça et je fais un bond de surprise, en toussotant quelque peu. Elle semble trouver le spectacle hilarant, mais tente d’apaiser son fou rire malgré tout. Elle pouffe encore quelques instants, avant de déclarer :
- Allez, bonne nuit, Sasori !
Elle jette le mégot de ma défunte cigarette par-dessus la balustrade et s’enfuit, regagnant le couloir à la vitesse de l’éclair. Éberlué, je la regarde disparaître en me demandant quel démon peut bien habiter le corps de cette fille. C’est sur cette question sans réponse que je finis par retourner dans ma chambre, verrouille ma porte et celle de mon balcon, et me glisse sous les draps après un rapide passage à la salle de bain. Je ne m’endors pas immédiatement, l’esprit rendu alerte par l’air glacial de l’extérieur, et je me retourne un moment, la tête emplie de pensées toutes plus toxiques les unes que les autres.
Voilà voilà, je ne pense rien avoir à rajouter pour cette fois, dites-moi en commentaires ce que vous en avez pensé, de la longueur en particulier. Est-ce que c'est trop court, trop long ? Faites le moi savoir, tous les avis sont bons à prendre !
Sur ce, je vous fais amicalement des enfants <3
Myaki