Deuxième chapitre, un peu plus court que le précédent. On y découvre cette fois le point de vue d'Aiko, mon OC. Ce schéma se répétera tout au long de la fiction : un chapitre du point de vue de Sasori, le suivant de celui d'Aiko, etc. Je m'oblige ainsi à rester dans le cadre de la narration interne, ce dont je n'ai pas l'habitude. En réalité, cette fiction à elle seule est un défi pour moi x)
Je pense ne rien avoir à ajouter ... Bonne lecture !
Pelotonnée dans un fauteuil situé le plus à l’écart possible des autres, je les regarde faire connaissance sans pour autant prendre part aux discussions qui commencent à fuser en tous sens. J’essaie de me faire la plus petite possible, de disparaître presque à l’intérieur de mon sweat, avec mon portable dans ma manche et mes écouteurs vissés aux oreilles. Je me laisse bercer par d’énergiques riffs de guitare électrique tandis que mon regard suit les mouvements de mes congénères. Konan aborde déjà le grand blond aux longs cheveux qui nous a accueillis tout à l’heure –Deidara, il me semble–, le petit brun excité, Kiba, fait du rentre-dedans avec une lourdeur exaspérante à Hinata, une belle brune aux courbes voluptueuses et aux timides yeux gris, qui est d’ailleurs acculée au mur et paraît bien gênée. Je la plains en silence. Le brun à queue de cheval, regard las et boucles d’oreilles, Shikamaru, discute avec Neji, l’aîné du trio Hyûga, et il y a ce type, derrière, qui me déshabille du regard.
Nos regards s’accrochent, mais pour une fois, je soutiens le sien. Si je me souviens bien, il s’appelle Sasori. Ses yeux sont brun-doré, vicieux et éteints, bordés de cils d’une longueur surprenante pour un homme. Il a un beau visage, une allure décontractée, les cheveux en bataille ; je pourrais le trouver séduisant s’il ne me fixait pas avec une insistance aussi malsaine.
Tiens, le voilà qui s’approche. Je hausse un sourcil tandis qu’il se penche vers moi et me demande d’un air curieux, d’une voix suave et cassée par la cigarette :
- Qu’est-ce que tu écoutes ?
- Pourquoi est-ce que vous n’arrêtez pas de me regarder ? je réponds du tac-au-tac, sur la défensive.
Il rit doucement, d’un rire léger qui sonne comme une caresse, si doucereux qu’il me donne presque la nausée.
- Tout doux, jolie demoiselle, m’intime-t-il, un sourire amusé au coin des lèvres. Tu peux me tutoyer. Et pour répondre à ta question, tu m’intrigues. Tu as des yeux magnifiques, ajoute-t-il galamment après un silence.
- Je sais, je réplique, le regard planté dans le sien.
Je dis cela sans prétention ; ce n’est qu’un moyen détourné de lui asséner « Originalité : zéro » et de le pousser à s’éloigner de moi. Il ne semble pourtant pas désarçonné et se contente de sourire avec impertinence, comme s’il détenait un savoir que je ne possédais pas, et qu’il s’en amusait. Je ne le connais pas, mais il m’horripile déjà.
Mon salut se présente sous la forme de ma sœur aînée, qui débarque bras-dessus-bras-dessous avec Deidara et lance d’une voix forte :
- Pourquoi tu viens emmerder ma sœur, toi ?
Son acolyte se marre et passe un bras autour des épaules de Sasori, qui réprime un mouvement d’agacement.
- Ben alors mon pote, c’est pas très gentleman d’importuner les demoiselles sans défenses, rit-il d’un ton faussement distingué.
- Je ne pense pas l’avoir beaucoup dérangée, mais si c’est le cas, je m’en excuse, marmonne-t-il, visiblement irrité.
Je fais signe que tout va bien et en profite pour augmenter le son de ma musique. Le message est clair : foutez-moi la paix. Il me jette un dernier regard puis s’en va, en compagnie de Konan et de son nouveau meilleur ami. Au moment où je crois enfin être tranquille, une nouvelle présence se manifeste ; un corps chute sur l’accoudoir du fauteuil que j’occupe, et en relevant les yeux, je constate qu’il s’agit de la cadette de la fratrie Hyûga, qui n’attend pas ma permission pour me voler un écouteur. Son petit pied bat la mesure quelques instants, en rythme avec sa tête, avant qu’elle me demande :
- Nickelback ?
J’acquiesce, et me surprend à l’interroger à mon tour :
- Tu aimes ?
- J’adore, tu veux dire ! confirme-t-elle. Hinder, tu connais ?
Je réponds que oui, et nous commençons à bavarder joyeusement au sujet de musique. Je ne pensais pas pouvoir m’entendre avec les autres membres du séjour, mais Hanabi a visé dans le mille en abordant ce thème avec moi. La musique c’est ma vie, ma drogue, je me noie dedans comme d’autres se noient dans l’alcool. Elle représente le seul langage qui me paraisse approprié pour exprimer ce que je ressens, et le seul moyen pour moi d’évacuer tout ce que j’ai tendance à intérioriser.
Tandis que nous discutons, mes yeux parcourent Hanabi de bas en haut. Elle mesure sensiblement la même taille que moi (soit un mètre cinquante –je suis une naine–), a de longs cheveux brun foncés, parfaitement lisses, des traits fins et délicats ; un visage ovale, une bouche mince, un petit nez droit, et ces grands yeux d’un gris nacré si caractéristique de sa famille. Elle est fine, avec des hanches étroites, des courbes graciles, mais cela convient parfaitement à son apparence de petite princesse. Du moins, c’est l’apparence qu’elle aurait si elle n’était pas habillée d’un slim en cuir déchiré, avec un collant en résille en-dessous, si ses pieds n’étaient pas chaussés de Converses tout aussi noires et déchirées, agrémentées de deux chaînes sur chaque chaussure, et si elle ne portait pas un sweat à l’effigie d’AC/DC. Ah, et si elle n’avait pas un piercing au labret décalé ainsi que sur tout le cartilage de son oreille gauche, et si le tour de ses yeux n’était pas blindé d’eye-liner noir et de fard à paupières violet, et si elle ne mâchait pas un chewing-gum avec la classe et l’élégance d’une vache en train de ruminer. Hanabi Hyûga est décidément le genre de personne que j’ai envie de fréquenter. Je souris légèrement, un petit sourire en coin que ma sœur aime à qualifier d’« énigmatique ».
Absorbée par la conversation, je n’ai pas remarqué que les autres se sont tous installés par terre en un petit groupe compact, et qu’ils discutent avec animation.
- Tu veux y aller ? me demande Hanabi d’un ton traînant, en surprenant mon regard sur eux.
- Non, dis-je précipitamment. Non, surtout pas.
Je déteste me mêler aux autres. J’ai une légère –mais alors, très légère– tendance à la misanthropie. Hanabi me jette un drôle de regard, puis reprend là où elle en était ; mais mon esprit divague.
- Ça vous dit de faire un jeu pour apprendre à se connaître ? fait la voix sucrée de Tenten, la petite brune aux grands yeux noirs.
J’admire sa capacité à s’intégrer et créer une cohésion dans le groupe. C’est totalement le genre de choses que je ne saurai jamais faire. Je suis trop marginale, avec mes cheveux mauves et mon style décalé, pour me couler dans le moule et disparaître parmi les autres. Mon but n’est pourtant pas de me faire remarquer, au contraire, je cherche le plus possible à passer inaperçue ; mais malgré tout, c’est avec cette apparence inhabituelle que je me sens bien dans ma peau, et je n’en changerais pour rien au monde. À la base, mes cheveux sont châtain clair, d’un classicisme déprimant. Alors j’ai opté pour la teinture, au risque d’attirer les regards que je fuis. C’est un paradoxe qui se pose chaque jour de ma vie.
Le groupe d’adolescents babille joyeusement sur le tapis ; ils jouent à se présenter rapidement à tour de rôle, en donnant prénom, nom, âge et loisirs, ce que je trouve particulièrement puéril (un avis qui semble partagé par certains, au vu des têtes de Neji, Shikamaru et Temari). Mon regard dérive sur le mec de tout à l’heure. Sasori. Il est adossé à la porte de la sortie de secours, et fume une clope à l’extérieur. En dépit du froid polaire, il est en manches courtes. Il porte un t-shirt noir frappé d’un scorpion stylisé, un jean noir lui aussi, affublé d’une chaîne accrochée à deux passants de ceinture, et il a des rangers aux pieds. Je dois bien avouer qu’il a de l’allure, avec son regard doré, blasé, ses cheveux en bataille et ses longs doigts tenant négligemment sa cigarette. Mais je n’aime pas son style arrogant et trop sûr de lui. Ce genre de type m’exaspère.
Hanabi surprend mon regard une fois de plus :
- C’est pour les beaux yeux de l’animateur canon que tu n’écoutes pas un mot de ce que je te raconte ? lâche-t-elle avec un sourire ironique.
Je m’empourpre, gênée.
- Désolée, je bafouille. Je ne voulais pas t’ignorer …
Depuis quand est-ce que je me laisse impressionner par une fille de deux ans ma cadette ? On peut dire qu’elle en impose, cette gamine. Elle rit amèrement.
- T’excuse pas, j’ai l’habitude, personne ne m’écoute jamais à la maison.
Elle jette un coup d’œil rapide à sa sœur et son cousin assis sur le tapis.
Je m’apprête à répliquer :
- Au moins tu as une mais-
Mais je suis interrompue par la voix vibrante de Deidara, qui s’exclame avec un peu trop d’enthousiasme pour mes tympans :
- LES ENFANTS ! À LA SOUPE !
Sasori jette sa cigarette et referme la porte de la sortie de secours derrière lui. Sur les talons de son ami aux longs cheveux blonds, il nous mène jusqu’au réfectoire. C’est une grande –très grande– pièce éclairée par de nombreux lustres, où de longues tables pleines de monde se succèdent les unes aux autres. Contrairement au hall ou à la pièce commune, la décoration est sobre, tout en blanc et crème, avec quelques plantes par-ci par-là. Il y a une file qui mène à un self, où nous nous plaçons tous les uns derrière les autres, comme de sages petits moutons. Je déteste cette proximité avec les autres, mais bon, pas le choix.
- Ce sont des tables de dix, nous indique Sasori. Ce qui tombe bien, puisque c’est pile votre effectif. Choisissez-en une, ce sera la même pour tous les repas des trois prochaines semaines. Nous, les animateurs, mangerons à la table juste à côté.
Nous prenons chacun un plateau, des couverts et un verre, choisissons entrée, plat et dessert et pouvons enfin nous extirper de la file. Je pousse un long soupir de soulagement et suis le groupe qui se dirige vers une table au fond, Tenten en tête. Cette fille a décidément une âme de leader.
À table, je suis prise en sandwich entre Gaara, le petit roux qui a un vague air de psychopathe, et Kiba, le dragueur nerveux aux joues tatouées. Autant dire que je suis plutôt mal-à-l’aise, et que j’espère pouvoir changer de place au prochain repas. Je jette des regards de détresse à Hanabi, ma seule alliée, qui sourit en coin et articule silencieusement « Allez quoi, ils sont plutôt mignons ! ». Elle est installée entre sa sœur et la mienne, et semble parfaitement à son aise. Elle ne m’est donc pas d’une grande aide et je me plonge dans la contemplation de mon assiette, espérant vaguement que ma bonne fée se manifeste et me tire de là d’un coup de baguette magique.
La nourriture n’est pas mauvaise, mais je pique dans mon assiette sans conviction. J’ai rarement un grand appétit, et ce séjour, loin de m’y aider, me noue plutôt le ventre. Je suis loin de tout ce que je connais, au milieu d’inconnus … C’est une situation que je trouve plutôt déplaisante. Je regrette un peu que Konan ait tant insisté pour nous inscrire à ce séjour, et encore plus qu’on nous ait retenues. Je crois que j’aurais encore préféré passer les fêtes dans l’ambiance pourrie de la pension dans laquelle nous sommes habituellement placées.
L’un des animateurs –le beau gosse aux longs cheveux noirs noués en queue de cheval– a remarqué que je ne mange presque pas. Il me lance un sourire chaleureux et fait un signe vers l’assiette, le pouce en l’air. Je lâche un rire bref. Il a l’air gentil. Je crois qu’il s’appelle Itachi.
Le repas terminé, nous retournons dans le hall, où nous patientons pour les instructions. Je suis étonnée par la docilité de mes congénères. Là d’où je viens, les profs ont toujours un mal fou à tenir leurs élèves et à obtenir ne serait-ce qu’une minute d’attention. Là, personne ne bronche, nous attendons sagement qu’on nous dise où aller et comment.
C’est Hidan, le grand baraqué aux cheveux plaqués en arrière, qui nous donne les consignes.
- Vous êtes à deux par chambre, et les binômes sont déjà formés par nos soins, pour éviter tout tapage nocturne. Du moment que vous ne dérangez pas les autres occupants de l’hôtel, vous pouvez déambuler dans les couloirs, les chambres ou la salle commune, jusqu’à vingt-trois heures trente. On a fait en sorte de vous placer dans une aile quasiment vide, mais bon. Passé ce délai, c’est chacun dans son lit et extinction des feux. On va vous donner les groupes et vos clefs, faites gaffes à ne pas les perdre, ou les oublier dans la chambre quand vous en sortez, sinon ça va poser problème. Morino Tenten et Sabaku Temari !
Les deux filles s’avancent, prennent leurs clefs, écoutent les instructions pour parvenir jusqu’à leur chambre et disparaissent dans les escaliers. Les groupes s’enchaînent : Hinata avec Hanabi, Neji avec Shikamaru, Gaara avec Kiba, et enfin, Konan et moi. Nous rejoignons tous les autres dans l’aile ouest, qui contient nos chambres. Les couloirs de l’hôtel reprennent une décoration similaire au hall, avec une moquette moelleuse et noire pailletée d’argent, des murs rouges et blancs, et des luminaires noirs au style gothique, qui donnent une ambiance tamisée et feutrée au lieu. Konan ouvre la porte de la chambre cent douze, et nous entrons.
Elle me plaît instantanément. Lorsqu’on passe la porte, on ne peut pas rater la baie vitrée qui couvre l’intégralité du mur en face. Elle donne une vue imprenable sur toute la ville, qui est actuellement plongée dans l’obscurité, illuminée par les lampadaires, les fenêtres des maisons et immeubles, les enseignes clignotantes des magasins … C’est magnifique. La chambre dispose de deux lits doubles à baldaquins, l’un à l’est de la pièce près de la baie vitrée, et l’autre à l’ouest, dans un renfoncement plus sombre. Je jette mon dévolu sur ce dernier. Il y a un grand tapis tout doux au sol, avec un beau parquet en chêne en-dessous, et des couvertures en fausse fourrure sont pliées sur le matelas. J’adore. Tout est dans les tons parme, violine et pourpre. C’est parfait.
La salle de bains aussi est géniale, il y a une douche avec un tas d’options et une énorme baignoire à pattes. Carrément rétro, je suis conquise. C’est un tel luxe ! Nous sommes traités comme des rois, dans cet hôtel. Cela me ferait presque oublier mon malaise d’être au milieu d’inconnus. Je me jette sur mon lit et m’enroule dans la couette. C’est génialement confortable. Je me sens si bien … Presque heureuse, sereine. Finalement, ce séjour n’était peut-être pas une si mauvaise idée.
Konan prend possession des lieux, un air satisfait sur le visage. Je crois que le cadre lui plaît bien, à elle aussi. Elle a déjà beaucoup moins de mal à s’intégrer que moi, alors pour elle, tout doit sembler parfait … Il m’arrive d’envier ma sœur, parfois. Et puis je me rappelle que tout ce que je lui jalouse n’est qu’une façade qui peut s’écrouler au moindre coup de vent.
Ce soir, aucun bruit dans les couloirs. Je crois que nous sommes tous fatigués par le voyage, et que nous ne désirons qu’une chose : nous blottir dans les draps soyeux de nos merveilleux lits, et dormir tout notre soûl jusqu’au lendemain matin …
C’est donc ce que je fais, après une douche rapide, j’enfile un pyjama et me pelotonne sous les couvertures ; je m’endors presque instantanément en songeant à la journée qui m’attend …
Voilà, j'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Le chapitre trois est actuellement en cours d'écriture ;)
Bisous sur la fesse gauche !
Myaki