Cette petite histoire fera la lumière Perle et Zéphyr, sans pour autant oublier les autres personnages...
J'espère qu'elle vous plaira :-)
Pour info, elle se passe trois ans après l'épilogue des Lettres d'Itachi... Perle et Zéphyr ont neuf ans.
Avec un air désabusé, la jeune fille fixe son frère de son regard clair en fronçant les sourcils. Dans quelle galère s’était-il encore embarqué, cet idiot !
- Perle, s’il te plait, la supplie-t-il.
La jeune fille ne peut s’empêcher de sentir derrière la supplication les intonations si particulières de son frère qui l’horripile au plus haut point. Il ne sait que trop bien qu’elle ne pouvait rien lui refuser quand il lui parlait ainsi. Et à chaque fois, elle se faisait avoir.
- C’est la dernière fois !
Il se dissimule rapidement derrière un arbre sans prendre la peine de lui répondre. Lui comme elle sait bien que sa réplique n’est que pure rhétorique. Bien sûr que ce ne serait pas la dernière fois. Et lorsqu’elle voit débouler Takeshi Hyuga, le partenaire de son frère irradiant de tout son être une colère dévastatrice, elle se demande un instant ce que son frère a pu faire pour mettre ce garçon d’ordinaire si calme dans un tel état. Pestant intérieurement devant la tâche qu’elle allait lâchement accomplir pour sauver la mise à son frère qui ne le méritait sûrement pas, elle a à peine le temps de s’étonner du changement radical qu’affiche le jeune garçon aux yeux nacrés. Toute sa rage s’essouffle en un instant pour se transformer en une attitude tendue et Takeshi baisse les yeux en fixant nerveusement le sol, devenus soudainement particulièrement passionnant.
- Heu… Perle, tu n’auras pas…
- Par-là…
Perle se tord les mains en voyant le visage de Takeshi se lever brusquement, plein de reconnaissance, fonçant sans demander son reste vers la direction qu’elle vient de lui indiquer. Attendant qu’il disparaisse de sa vue, elle agrippe le bras de son frère qui sort des ombres de sa cachette à contre cœur.
- Mais qu’est-ce que tu lui as fait cette fois, Zéphyr ! Et pourquoi c’est toujours moi qui dois te sortir d’affaire à chaque fois que tu t’en prends à ton équipier ?!
- Parce que ça marche trop bien, dit-il avec un sourire en coin.
Devant le regard d’incompréhension de sa sœur, Zéphyr se met à rire franchement.
- A chaque fois que tu es devant lui, il se met à regarder ses pieds.
- Tu dis vraiment n’importe quoi ! Je …
Mais Zéphyr ne la laisse pas terminer sa phrase qu’il ponctue d’un nouvel éclat de rire devant l’embarras de sa sœur.
- Tu veux la preuve… Je suis sûr qu’elle se trouve là-dedans…
Il dévoile un carnet qu’il avait gardé dans les pans de sa veste. Les yeux de Perle s’agrandissent lorsqu’elle reconnait l’écriture fine et appliquée de l’équipier de son frère. Mais cette fois c’en est trop pour Perle. Frère ou pas, il est allé trop loin.
- Zéphyr, non seulement tu vas lui rendre ça tout de suite mais en plus tu vas t’excuser immédiatement !
Le garçon aux cheveux d’argent frémit un instant. Ce ton, c’est exactement celui qu’emploie leur mère quand elle est vraiment en colère contre lui. Ce mimétisme troublant lui fait comprendre qu’elle est des plus sérieuses…
- Perle... Ne me dis pas que t’es pas un peu curieuse…
Il ouvre le carnet au hasard et se laisse happer par quelques mots quand il sursaute en entendant sa sœur dire :
- NON !
Et il doit bien admettre qu’aussi déroutant que ce soit, le mot curiosité ne fait pas partie du vocabulaire de sa sœur. Elle le prend par le col et le force à avancer. Bien trop vite à son goût, ils retrouvent Takeshi qui les fixe, la bouche grande ouverte, les yeux rivés sur le carnet, le visage empourpré. Perle lui tend ses notes qu’il prend en tremblant et pose un regard inflexible vers son frère en attendant patiemment qu’il s’explique.
- Si ça peut te rassurer, je n’ai même pas eu le temps d’y jeter un coup d’œil.
Un coup de coude bien placé de sa sœur lui coupe le souffle et il continue…
- Et je m’excuse, dit-il à contre cœur.
Serrant son bien contre lui, Takeshi ne peut s’empêcher de trembler devant la colère de Perle pour son frère qui baisse la tête un peu plus à chaque seconde avant de disparaître de leur vue. Puis elle se tourne vers lui :
- Encore une fois, je m’excuse pour les idioties de mon frère.
Il la regarde tourner les talons sans réagir avant de se reprendre :
- Perle, je…
Elle se tourne en plantant ses yeux clairs dans les siens et il est obligé de faire un effort surhumain pour ne pas détourner la tête.
- J’allais m’entraîner, dit-il. Je me disais que peut-être tu…
Le byakugan… Elle le connait bien pour l’avoir vu plus d’une fois utilisée par son Maître. Mais elle ne s’y était encore jamais vraiment confrontée. Ça pourrait-être un entraînement intéressant.
- Pourquoi pas… Rien de mieux qu’un Hyuga pour améliorer son Taïjutsu, lui dit-elle. Ce qui est loin d’être mon point fort.
Takeshi se garde bien de rajouter qu’il le sait bien. Plus d’une fois, il avait tenté de l’approcher pendant ses entraînements sans jamais oser aller jusqu’au bout, maudissant sa lâcheté. Mais dès qu’elle tourne vers lui ses yeux d’un bleu si pur, il ne sait plus trop où il en est !
En tentant d’oublier le fait qu’il allait devoir mettre de côté cette étrange sensation qui fourmille dans son abdomen, il repense à la première fois où il les avait vus, Perle et son frère. Le dernier examen chunin. Un test qu’ils avaient échoué avec un certain panache. L’épreuve finale n’était autre qu’un duel entre les participants. Il s’en souvient comme si c’était hier lorsque le panneau lumineux avait affiché en lettres lumineuses : Perle Hatake vs Zéphyr Hatake.
Les deux plus jeunes participants qui avaient survolés une à une toutes les épreuves sans réelles difficultés, face à face dans l’arène. Assis dans les gradins et bien qu’âgé de deux ans de plus qu’eux, il était encore à l’académie. Et depuis qu’il y avait mis un pied, il n’avait rien entendu d’autre que des exclamations extasiées de leur professeur sur les deux jumeaux. Même le comportement perpétuellement insupportable du garçon arrachait des soupirs nostalgiques à Maître Iruka. Et oui, il devait bien l’avouer, cela l’énervait au plus haut point.
Alors il l’attendait de pied ferme, l’affrontement de ces êtres un peu trop parfaits au milieu des cris de la foule en liesse. Mais le spectacle tant attendu n’eut pas lieu. Et sous les regards éberlués des spectateurs, le frère et la sœur se sont fait face dans un silence de plomb avant d’abandonner dans un même mouvement, levant chacun le bras comme les deux faces d’un miroir. Jamais les deux jumeaux pourtant si différents n’avaient parus si semblables.
A cet instant, il était loin de se douter qu’il se retrouverait quelques jours plus tard à faire équipe avec Zéphyr sous les ordres de Maître Tenten. Ni de ce qu’avoir cet énergumène comme équipier représentait. Il avait beau être de deux ans son cadet, il avait déjà une grande expérience du terrain et ne se privait pas de le faire savoir, que ce soit envers Akiko ou lui-même. Et si Akiko, qui le connaissait depuis plus longtemps, avait trouvé une façon bien à elle de le renvoyer dans les cordes, il faut dire qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche, sa timidité maladive ne lui avait pas rendu les choses faciles. Il était incapable de trouver quoi que ce soit à répondre à ses moqueries incessantes et avait bien du mal à l’arrêter quand il dépassait les bornes. Il se trouvait pathétique de ne pouvoir tenir tête à ce sale gosse qui n’a que neuf ans alors que lui en a presque onze !
Et il se souvient encore du jour où sa sœur était venue le chercher à l’entraînement pour une raison qui avait l’air des plus importantes. Il l’avait déjà vu, une fois, de loin ce jour final de l’examen. Mais il ne s’attendait pas à ça. Comment pouvait-on être aussi hautaine à neuf ans ! Elle les avait regardé, Akiko et lui, comme quantité négligeables. A vrai dire, elles ne les avaient même pas regardés.
Et ce jour-là, ils avaient décidés d’un commun accord avec Akiko que les deux jumeaux étaient irrécupérables à leurs yeux ! Jusqu’à ce qu’ils comprennent…
Ils venaient d’apprendre que leur père était entre les mains de l’Hokage qui tentait tout ce qu’elle pouvait pour le maintenir en vie. Les jours qui avaient suivis, les deux jumeaux s’étaient peu à peu enfermés dans leur monde, se coupant de tous, passant leur temps entre l’hôpital et le terrain d’entraînement où ils brûlaient dans des joutes effroyables toute leur tension et leurs peurs. Akiko et lui-même, encore honteux de leur comportement, avaient tentés une approche timide. Ils avaient mis toute leur rage dans leurs coups et avaient bien failli les tuer tous les deux si leur mère n’était pas intervenue à temps, soulevant de terre d’une main les deux furies aussi facilement que des poupées de chiffons. Sans ménagement, elle les sermonna durement en les forçant à s’excuser et inspecta leurs blessures avec des gestes précis et efficace. Il avait toujours su que le père des jumeaux étaient un des plus grand ninjas de Konoha mais à cet instant, leur mère lui faisait bien plus peur.
Le spectacle de son équipier d’ordinaire débordant d’une joie de vie espiègle à la limite du supportable complètement fermé, le visage hagard, les joues creusées était presque insoutenable. Avec sa sœur, ils avaient l’air si vulnérable tout à coup. Et le discours de leur mère résonne encore à ses oreilles. Pas de mensonges ou de paroles réconfortantes. Non, quoi qu’il se passe, ils devraient faire face, comme ils l’avaient toujours fait, parce qu’ils étaient des ninjas et que leur père aussi. Et à mesure qu’elle leur parlait, leur disant qu’ils devaient se montrer forts et croire en leur père, des larmes silencieuses coulaient de ses mots. Elle faisait tout pour ne pas montrer sa détresse et son angoisse mais plus elle la combattait et plus elle transparaissait dans chacune de ses paroles.
Les deux jumeaux se blottirent dans les bras de leur mère qui gardait son regard au loin, refusant de céder au désespoir et qui répétait comme pour se convaincre elle-même.
Votre père est fort, il s’en sortira…
Et ce n’est qu’au bout de deux semaines qu’il rouvrit un œil. Enfin ! Deux semaines pendant laquelle les jumeaux n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Mais à partir du jour où leur père fut hors de danger, ils reprirent en un rien de temps leur vie comme si de rien était. Ou presque…
Les moqueries de Zéphyr n’avaient pas cessées mais elles étaient moins acerbes. Et ses mauvaises blagues étaient devenues de simples blagues. Et Perle était venue les remercier, Akiko et lui, de leur soutien tacite, de leur présence constante avec une humilité qui l’avait bouleversée. Oh, ils n’avaient pas fait grand-chose mais ce peu, elle leur en était reconnaissante. La fille du grand Hatake Kakashi que tous disaient aussi puissante qu’arrogante… Il comprit à ce jour que l’insolence dont elle faisait preuve et qui était devenue légendaire parmi ses équipiers n’était qu’une barrière bien fragile qu’elle opposait au monde comme une protection.
Et à ce moment, il la vit pour la première fois.
Et son cœur se serra devant ce regard clair, ses cheveux d’or et cette volonté implacable qui se dégageait comme une aura lumineuse de chacun de ses gestes. Il était déjà perdu et il ne parvenait même pas à se rendre compte à quel point. Plus d’une fois, il avait essayé d’engager la conversation, de lui demander son aide dans ses entraînements… Il était même jusqu’à aller voir en douce son cousin Neji sur le terrain d’entraînement de son équipe. Mais sa maudite timidité l’avait toujours rattrapée au galop !
Soudain revenu brutalement au présent, il sursauta lorsqu’il s’aperçu que Perle se tenait à deux pas devant lui et qu’il ne l’avait pas vu…
Mon Dieu, pense Perle, je vais finir pas croire que mon frère a raison. Il est tellement dans la lune qu’il ne voit même pas ce qu’il a devant les yeux…
- Je disais que je devais passer chez moi avant l’entraînement. Si tu veux tu peux me suivre ou m’attendre sur le terrain, je ne serai pas longue…
Si tu veux… Bien sûr qu’il voulait !
- Je te suis.
Trois mots qui lui ont coûtés, mais qu’il vit comme une petite victoire personnelle. Tout en suivant Perle, totalement inconsciente de ses efforts pour simplement lever la tête, il réalise soudain ce à quoi il venait d’acquiescer ! Passer chez elle… S’il y a quelqu’un qui lui faisait encore plus peur que son père sur cette terre, c’est sa mère !
Ce qui devait arriver arriva… Perle le laissa en plan sur le perron de leur petite maison où sa mère qui venait de rentrer de mission l’attendait. Raide comme un i, il n’ose ouvrir la bouche de peur de se ridiculiser encore plus qu’il ne l’est à ce moment même. Ce qui dans son esprit aurait été difficile mais loin d’être impossible !
- Tu es Takeshi, n’est-ce pas ? L’équipier de Zéphyr ?
Déjà prêt à devoir défendre sa présence … S’il était l’équipier de Zéphyr, pourquoi était-il avec sa sœur… Ou ce genre de question… Mais elles ne vinrent pas au contraire.
- C’est une bonne idée d’entraîner Perle. Les techniques Hyuga sont toujours impressionnantes à observer.
- Ma cousine m’a dit pourtant qu’elle n’a encore jamais réussi à vous prendre en défaut avec son byakugan !
- Aigle exagère un peu, dit Yoshiko, elle m’a eu une fois ou deux.
Une fois ou deux… Il connait la maîtrise de sa cousine. Elle a beau appartenir à la branche basse du clan, elle n’a pas à rougir de quoi que soit sur les maîtrises de techniques des Hyuga.
- J’ai appris du meilleur, continue Yoshiko, et crois-moi, lui je n’ai jamais réussi à le surprendre !
- Du meilleur ?
- Quand j’étais ANBU, j’ai eu pour capitaine Aki Hyuga. Il avait la meilleure maîtrise du byakugan que j’ai jamais vu.
Aki Hyuga… Mon Dieu, il le connaissait. Le petit frère de son père, mort en mission il y a des années. C’est tout ce que son père a jamais voulu lui dire car à chaque fois qu’il prononce son nom ou qu’il cherche à en savoir plus, son regard se voile, il se ferme pour au final ne plus dire un mot. La blessure d’avoir perdu son frère ne s’était encore jamais totalement refermée et il n’a jamais pu en apprendre plus.
- Oui, c’était bien le Aki Hyuga que tu connais, dit Yoshiko en comprenant les interrogations muettes du jeune garçon.
- Parlez-moi de lui, demande doucement Takeshi étonné par sa propre audace.
Il en oublie cette sensation de malaise qui lui tordait l’estomac il y a moins d’une minute en écoutant religieusement les paroles de Yoshiko. En quelques mots, elle rend hommage à toute la noblesse de cet homme, du frère de son propre père qu’il n’a pas connu et lui transmet toute l’admiration qu’elle porte, pour lui, son clan, ses techniques.
- Prêt pour l’entraînement ? lui demande Perle.
- Et comment !
Surprise par la farouche détermination qu’il montre à cet instant, Perle se tourne un instant vers sa mère qui lui renvoie un petit sourire amusé. Ce n’est pas la première fois qu’elle assiste à ce phénomène, elle-même, s’y était laissée prendre plus de fois qu’elle n’aurait su le dire, mais ça ne l’empêche pas d’être surprise. Quelques paroles de sa mère pouvaient redonner le courage qui vous manquait et ce quelle que soit les circonstances. Un don dont elle n’a nullement hérité mais dont Zéphyr use et abuse avec une constance qui l’énerve prodigieusement!
Oh, il allait être musclé l’entraînement !
Zéphyr, de son côté s’est trouvé un coin tranquille… S’assurant que personne ne viendrait le déranger, il fait quelques gestes de la main et une copie parfaite du carnet apparait dans un claquement sonore dans ses mains. Avec l’air du prédateur qui fonce sur sa proie, il s’apprête à jeter un œil dans le fameux carnet de son équipier sans une once d’état d’âme.
Il décide de laisser le hasard guider sa curiosité insatiable et ouvre le carnet en dévorant les mots qui se présentent à lui…
Je reconnais qu’il m’insupporte, qu’il m’énerve à me prendre de haut comme s’il savait déjà tout et cette façon qu’il a de se moquer en permanence de moi… Mais quoi qu’il m’ait fait, les voir ainsi, s’enfoncer lui et sa sœur un peu plus chaque jour, veiller leur père dans l’espoir qu’il ouvre de nouveau les yeux…
Je ne sais pas trop comment m’y prendre autrement. Mais je dois être là pour lui, tout encaisser, ses colères, ses humeurs ou ses paroles blessantes si cela peut l’aider ne serait-ce qu’un peu.