Comme Gaara me l’avait dit samedi dernier, j’arrivai avec une demi-heure d’avance à l’école le lundi. Et le bahut était encore plus ou moins désert. En me dirigeant vers le bâtiment 4-Sud, je rencontrai Neji.
-Bonjour, Hinata.
-Bonjour Neji… Ecoute, après une longue nuit de réflexion et d’apitoiement sur moi-même, —la dernière partie fut prononcée avec un froncement de sourcil et à travers des lèvres serrées— je me suis rendue compte que je me suis comportée comme une vraie conne…
Il sourit.
-Je te l’accorde.
Cette réponse me piqua au vif.
-Un peu de compassion, s’il te plaît, j’essaie de m’excuser, là !
Il rit doucement.
-Oui je sais… Et je comprends. Reprit-il, soudain sérieux. On n’a jamais été fâché contre toi, Hina. On sait que c’est loin d’être facile en ce moment.
Emue par ces mots, je me jetai à son cou et enfouis ma tête dans sa nuque.
-Merci, grand-frère.
Je l’appelai parfois comme ça, quand je sentais que j’étais prise d’un élan d’affection envers lui.
Il caressa mes cheveux.
-On voudra toujours ton bien, Hina. N’oublie jamais ça.
Je hochai la tête.
Il me conduisit vers mon cours de maths, comme tous les lundis.
En entrant dans la salle, je me rendis compte que celle-ci était à moitié vide, et au fond de la classe, sur la deuxième rangée en comptant à partir de celle près de la fenêtre, j’aperçus Gaara.
Je n’avais jamais remarqué qu’il était dans ce cours…
Il me fit signe de venir, et je m’exécutai. On me regardait toujours avec un regard mauvais, mais ce jour-là, je n’y faisais pas très attention.
-Salut ! Dit Gaara en mon encontre, une fois que je fus arrivée à sa hauteur. Je t’ai gardé une place. M’informa-t-il en m’indiquant le siège à côté de lui, près de la fenêtre.
-…
Il sourit. Je devais avoir l’air d’une personne admirant son héro à cet instant. Il venait de me libérer de cette maudite place à côté de Sasuke. Je lui en serais éternellement reconnaissante.
-Merci, Gaara.
-Je t’avais dit que je t’aiderai, pas vrai ?
Je lui adressai mon plus beau sourire. Et il me le rendit.
-En plus on a une belle vue ! Remarquai-je en m’asseyant.
-Eh ouais ! Je sais choisir ma place moi, pas comme certains…
Je ris doucement. Ils avaient l’air de vouloir tous me taquiner aujourd’hui.
-C’est pas très gentil ce que tu dis là, tu le savais ?
Il me sourit doucement.
-Eh ! C’est ma place ! Bouge bécasse ! Intervint une voix masculine près de moi.
Ma bouche s’ouvrit en grand, mais je ne pus répondre. C’était Juugo, le garçon le plus effrayant de tout le lycée. Il était réputé pour s’être battu à plusieurs reprises au bahut, et pour avoir envoyé à l’hôpital les trois quart de l’équipe de Karaté de l’école.
-Elle n’ira nulle part. Répondit Gaara. Y’a pas de place fixe, ici, et c’est ta faute si t’es pas arrivé plus tôt ! Sa voix était très froide.
J’en eus le frisson.
La seule personne plus dangereuse que lui devait sans doute être Gaara. Et je fus subitement contente de ne pas être dans sa liste noire.
Les deux garçons se défièrent des yeux pendant quelques instants, avant que Juugo ne renonce à « sa » place. Il devait savoir que Gaara était dans le vrai.
Il alla ainsi se mettre à mon ancienne place. Mais avant de nous laisser, il m’envoya un dernier regard furieux, auquel je répondis avec un sourire timide.
C’était sournois de ma part, mais je ne pus m’en empêcher…
Quand Sasuke arriva, je notai qu’il fut surpris de me voir près de la fenêtre. Je sentis qu’il me dévisageait pendant un moment avant de se rendre à sa place ordinaire.
Je n’osai pas le regarder. J’étais à la fois furieuse contre lui, et troublée. Car, que je le veuille ou non, mes sentiments pour lui étaient plus que jamais présents.
Avant de s’asseoir, je le vis jeter un regard meurtrier vers Gaara. Et un nouveau frisson de peur me monta dans la colonne vertébrale.
Quoi qu’il en soit, je me sentais en sécurité, là où j’étais, avec Gaara à côté de moi.
Neji avait raison, ils ne m’en ont pas voulu pour ma saute d’humeur de l’autre jour.
Quand j’entrai en cours de philosophie, Kiba et Shino étaient déjà installés, et m’avaient gardé ma place habituelle.
Je me sentais un peu honteuse de mon comportement, et ne réussit pas à les regarder dans les yeux.
-B-bonjour. Bégayai-je d’une toute petite voix.
Ils soupirèrent.
-C’est bon, on va pas te manger ! Arrête ton cinéma. Me gronda Kiba.
Il n’y avait aucun ressentiment dans sa voix, je pensais même qu’il souriait.
Je pris alors une grande inspiration, et me décidai à les regarder.
Aucune hostilité, ni de la part de Kiba, ni de la part de Shino. Au contraire, ils m’adressaient un tendre sourire.
Je ne pus que le leur rendre. A cet instant-là, j’étais infiniment fière d’être leur amie.
-Tu es sur mon chemin. Annonça une voix derrière moi.
Je me raidis aussitôt, une cacophonie d’émotions se bousculant en moi. Parmi elles, je pus distinguer la fureur, l’amour et l’anxiété. Je me tournai pour tomber instantanément dans le noir profond et fascinant de ses yeux.
-Uchiha, laisse-là tranquille ! Rugit Kiba à côté de moi.
-Hinata, viens, assied-toi. M’ordonna doucement Shino.
Arrachant difficilement mon regard du sien, je gagnai ma place, et fit un gros effort pour ne pas le regarder à nouveau.
A ma grande surprise, il s’assit juste à côté de Shino, au lieu de se placer de l’autre côté de la salle comme à son habitude.
-Mais à quoi tu joues, on peut savoir ? Demanda Kiba, de plus en plus en colère.
-Y’a pas de place fixe ici, tu savais pas ? Répondit-il calmement.
Kiba laissa tomber, frustré.
Alors c’était ça ? Il prenait sa revanche pour ce matin ?
Je serrai les poings, en colère. Qu’est-ce que j’ai bien pu te faire, Sasuke ?
Le cours se déroula dans l’énergie, comme à son habitude. Et mis à part cet incident, rien ne sortit de l’ordinaire. J’en fus soulagée.
Gaara m’attendit à la sortie du cours.
-Je peux me joindre à vous pour déjeuner ?
Il s’adressait à nous tous.
J’écarquillai des yeux. Je n’arrivais pas à le croire, il m’avait piégée. Ce serait totalement impolie de ma part de ne pas m’asseoir à la cafétéria avec eux si Gaara se joignait à nous, vu que j’étais la seule personne qu’il connaissait vraiment.
-Bien sûr ! Sourit Kiba. Plus on est de fous plus on rit !
Gaara hocha la tête, tout en me dévisageant. Cela nous prit une minute. Et, miraculeusement – ou curieusement—, nous nous dîmes tout ce qu’il nous passait par la tête à travers nos regards.
[i]-Je peux savoir pourquoi tu fais ça ?
-Parce que finalement, j’en ai assez de manger tout seul ? [/i]
Je plissai des yeux.
[i]-Pas à moi ! T’es un solitaire, je le sais bien.
-Tu t’enfuis au gymnase comme si la cafétéria lui appartenait. Tu le laisses te dominer.
-C’est pas ça-
-Je croyais que tu allais te battre ! [/i]
-…
Vaincue, je soupirai.
-Très bien. Tu peux venir. Lui dis-je d’un ton faussement enjoué.
-Merci. Me répondit-il avec la même intonation.
Et nous nous rendîmes ainsi à la cafétéria.
En entrant, tout le monde me dévisageait, comme s’ils voyaient en revenant.
En quelque sorte, je l’étais ; j’évitais cet endroit depuis la rentrée en Janvier…
Nous nous installâmes aux côtés de Neji, Tenten et Shikamaru, qui regardaient le nouveau venu avec un sourire reconnaissant.
Etaient-ils tous dans le coup ? Je me sentais trahie, l’espace d’un instant.
En prenant ma place entre Shino et Gaara, je croisais le regard de Shikamaru en face de moi.
D’un coup d’œil, je lui adressai mes plus plates excuses, et tout aussi silencieusement, il me sourit, m’assurant qu’il ne m’en voulait pas.
Après tout ce que l’on avait partagé, être en froid avec Shikamaru à long terme aurait été un coup dur que je n’aurais pas pu supporter.
-Bon retour parmi nous, Hinata ! Me dit Tenten, toute contente.
Je tentais de lui rendre son sourire, mais n’y arrivai pas aussi bien, étant encore un peu stressée de me trouver là.
-Merci, Tenten.
Les conversations allaient bon train. Gaara restait essentiellement silencieux, mais cela ne dérangeait personne. Il était de ceux qui ne parlaient que pour dire quelque chose de pertinent, et ça avait l’air de mettre tout le monde à l’aise.
Soudain, je croisai le regard noir de Sasuke— situé à trois tables de nous—, par inadvertance. Il me fixait, et avait l’air en colère.
En plongeant mon regard dans le sien, tout s’effaça autour de moi. Mon monde se résumait tout à coup à lui et moi. Et cela me donnait un nœud désagréable à l’estomac. J’étais comme hypnotisée, voulant regardée ailleurs mais coincée dans un état second. Mon cœur prit la décision de se mettre en condition de marathon, et soudain, je me mis à trembler.
Brusquement, je sentis la main de Gaara se poser sur la mienne, me ramenant à la réalité.
-Ca va aller, Hinata. Me rassura-t-il.
En ramenant mon regard vers mes amis, je me rendis compte qu’ils me regardaient tous d’un air inquiet.
Je respirai alors profondément pour me calmer et leur adressai un sourire mal assuré.
-Je vais bien, ne vous inquiétez pas.
-Tu es sûr ? Insista Neji.
Je hochai vivement la tête.
-Oui ! Je vais bien, je vous le promets.
Je me tournai vers Gaara, cherchant soutien, et il me le donna, en serrant ma main un peu plus fort.
-Ca va aller. Répéta-t-il en me souriant.
Et seulement avec ces trois mots, il réussit à me détendre.
Ce garçon était étonnant !
Mon appétit revint peu à peu, et je fis très attention à ne pas regarder dans sa direction.
Dans l’ensemble, le déjeuner fut très agréable. Les conversations légères changeaient du silence morbide du gymnase, et je n’avais pas à me dépêcher de finir mon repas dans l’inquiétude que quelqu’un me trouve. Ce fut libérateur, et je fus grandement reconnaissante à Gaara.
J’étais à mon casier pour ranger mes affaires, quand j’entendis un bruit assourdissant venir de ma gauche. On aurait dit que quelqu’un se faisait écraser contre un des casiers.
En tournant ma tête vers le bruit, je vis, à environ cinq mètres de moi, Sasuke qui tenait Gaara par le col de son chemisier, le poussant dans son casier.
Gaara émit un petit bruit, comme à bout de souffle. Je ne comprenais pas pourquoi il se laissait faire. Connaissant sa réputation, il aurait très bien pu rivaliser avec Sasuke.
Finalement, celui-ci, le lâcha, et se rapprocha de Gaara, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre.
Tout le couloir était silencieux.
-Tu restes loin d’elle, t’as compris ? Menaça Sasuke.
Malgré la distance, je pus distinguer ce qu’ils se disaient.
-Sinon quoi ? Tu vas te remettre à chanter ? Répondit Gaara d’un ton moqueur.
Je vis les poings et la mâchoire de Sasuke se serrer.
Et tel un héro, Naruto surgit de nulle part.
-Sasuke, arrête. Ca vaut pas le coup de se faire coller ! Rappela-t-il.
-Ouais, écoute-le, Sasuke. Reprit Gaara, en prononçant son prénom avec un dédain évident. Ca ne vaut pas la peine !
Je remarquai que Sasuke se retint difficilement de le frapper, mais il finit par se détourner, et venir dans ma direction, Naruto le suivait.
En arrivant à ma hauteur, nos yeux se croisèrent pendant une seconde, et je crus voir une grande peine dans ses yeux. Je ne comprenais pas…
Quand ils disparurent de ma vue, je laissai échapper la respiration que je ne m’étais pas rendue compte avoir retenue.
Quel était son problème ?
Doucement, je me dirigeai vers Gaara.
-Tu vas bien ? M’enquis-je.
-Ouais, même pas mal.
Je laissai échapper un petit rire, malgré moi.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-J’en ai aucune idée… Il a juste surgi de nulle part et m’a plaqué contre mon casier.
Il avait l’air amusé.
-Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?
-… Rien. Répondit-il.
-Tu mens. Remarquai-je.
-… Tu verras bien assez tôt.
Je haussai un sourcil, puis les fronçai tous les deux, frustrée par ses cachoteries.
-Allez, dis-moi !
-Non.
Je roulais des yeux. M’était-ce possible d’être ami avec quelqu’un qui n’était pas têtu ?
Je laissai tomber, présageant qu’il serait aussi inflexible qu’une règle en bois…
J’avais mal partout. La séance d’EPS de cet après-midi-là était particulièrement rude. Vingt tours de pistes, cinquante pompes, cinquante flexions, cinquante abdominaux, et une heure de match de hockey sur gazon intensif plus tard, j’arrivais à peine à marcher correctement pour gagner ma voiture.
En chemin, je rencontrai Gaara.
-Eh bas dis-donc, ça a pas l’air d’aller. Se moqua-t-il gentiment.
J’émis un grognement plutôt disgracieux.
-Je voudrais bien t’y voir, toi ! C’était pas du sport, c’était de la torture ! Me plaignis-je.
Il rit, amusé.
-Bon rétablissement, ma’mzelle ! Me réconforta-t-il. Je voudrais t’emmener quelque part maintenant, c’est important.
-Est-ce que je dois marcher jusqu’à cet endroit ?
-… Oui.
-Gaara !
-Je sais, mais je te l’aurais pas demandé si c’était pas important.
Je soupirai.
-Ok ! Je te suis.
Il m’emmena dans une grande salle éclairée, munie de plusieurs ordinateurs, et une dizaine d’élèves faisant des saisies. Il faisait assez chaud dans la pièce et les ventilateurs marchaient à fond.
-…Tu m’as emmenée au quartier général du journal de l’école. Constatai-je.
-Oui.
-… Pourquoi ?
-J’avais entendu dire que tu t’es faite virée de la commission culturelle, et que ça allait affecter ton dossier. Alors en tant que président du journal, je t’invite à devenir l’une des nôtres. On a encore besoin d’un membre supplémentaire et personne n’a postulé. Y’a plus que trois mois à bosser, mais si j’envoyais une recommandation à l’université, ça pourrait le faire. M’expliqua-t-il.
Je ne sus quoi dire.
-… Pourquoi tu fais tout ça pour moi, Gaara ?
Cet élan de générosité me touchait énormément, mais je voulais en connaître la raison.
-Tu es l’une des seules personnes à ne pas avoir fuit en courant en me regardant de près pour la première fois.
Cette aveu me surprit, et je fus subitement contente de ne pas avoir eu ce reflexe.
-… Je serai honorée de faire partie de ton équipe ! Lui dis-je en me jetant dans ses bras. Merci Gaara !
-Je t’en prie. Me répondit-il doucement.Bon, tu commenceras Lundi prochain. Je vais parler à la directrice à propos ton « embauche ».
Je ris doucement.
-D’accord ! Merci encore !
Je ramassai mes affaires et me préparait à quitter la bibliothèque. Je travaillais sur mon premier article, les pères fondateurs de Konoha.
J’avais rencontré l’équipe il y a deux jours, et fus agréablement surprise de les voir tous chaleureux avec moi. Je m’étais attendue à un silence froid et méprisant, mais j’avais l’impression qu’ils m’avaient adoptée ; l’une des membres, Sasame, s’était même portée volontaire pour me guider pendant ma « première fois ».
Gaara s’était avéré être un chef formidable. Bien plus compétent que Sakura, à mon avis. Et, apparemment, il avait un certain succès auprès des filles. Je ressentis une légère compassion pour elles, étant donné que Gaara était follement amoureux de Matsuri, sa petite amie.
-Bécasse. M’appela une vois derrière moi, me tirant de mes pensées.
Je roulai des yeux en reconnaissant Sakura.
-Salut, Sakura.
-Il paraît que tu as rejoins le journal du lycée grâce à Gaara ? Tu ne changeras donc jamais, toujours à chercher à piéger les plus gros partis de la société.
Sa voix était méprisante.
-Que veux-tu ! C’est dur de changer. Répliquai-je avec sarcasme. Et tu devrais comprendre, vu que tu pourris la vie à tout le monde, encore et toujours…
Cela parut la déstabiliser. C’était bien la première fois que j’osais lui répondre. Sa bouche était légèrement entrouverte.
Puis je vis une vague de colère dans ses yeux.
-Tu te crois invincible, maintenant que t’as Gaara dans ton minable camp ? Réveille-toi, ma vieille ! Même avec lui comme allié je suis encore dix fois plus puissante que toi. Je t’ai fait virer une fois, je pourrai recommencer. Me menaça-t-elle.
-… Tu sais quoi, Sakura ? Je suis bien contente de ne pas être aussi puissante. Si c’est pour finir comme toi, à l’état de manipulatrice invétérée, ça n’en vaut pas la peine. Et essaie de me faire virer pour voir. On m’a dit que j’avançais plus vite que les autres dans mon travail au sein du journal. Et crois-le ou non, on m’aime bien, là-bas. Quelque chose me dit que t’auras du mal à m’écarter.
-Non mais pour qui tu te prends-
-Mesdemoiselles ! Intervint Ebisu-sensei, le bibliothécaire. Ceci est une zone de silence ! Si vous voulez brailler, faites-le dehors !
-Excusez-moi. Répondis-je en sortant. Je n’accordai pas un regard à Sakura.
Quand je fus au milieu de la cour, j’entendis la porte derrière moi s’ouvrir violemment.
-T’es une vraie garce, tu sais ça ? Me cria Sakura.
Je m’arrêtai pour lui faire face.
-Qu’est ce que tu me veux encore, Sakura ? Demandai-je, lasse.
-Je veux que tu me rendes Sasuke !
J’écarquillai les yeux.
-Hein ?
-Fais pas l’idiote ! Tu me l’as volé !
Je secouai la tête, en riant un peu.
-D’un je ne t’ai rien volé. Sasuke n’a jamais été à personne. Et de deux, je te signale, que c’est lui qui m’a demandé de sortir avec lui, pas l’inverse. Alors si par le plus grand des hasards il t’appartenait, c’est lui qui s’est éloigné de toi, moi j’ai rien fait. Expliquai-je calmement.
Elle émit un rire ironique.
-Arrête tes conneries. On sait très bien que tu as toujours été jalouse de moi parce que Naruto n’a d’yeux que pour moi depuis toujours et que t’as cherché à te venger en sortant avec Sasuke !
-… Si ça te fait te sentir mieux de penser comme ça, alors, continue. Lui répondis-je.
Je n’arriverais jamais à la faire changer d’avis, de toute façon.
Je m’apprêtais à partir, quand elle me lança :
-Désolée que Naruto m’ait aimée au lieu de toi.
-Et désolée que Sasuke m’aime plus que toi. Rétorquai-je.
Les mots étaient sortis de ma bouche sans que je ne m’en aperçoive.
En regardant dans les yeux de Sakura, je me rendis compte de mon erreur d’avoir prononcé ces mots. Elle était en train de bouillonner de rage.
Sans prévenir, elle se jeta sur moi dans un hurlement strident.
Je me retrouvai à l’infirmerie.
Je devais l’admettre, Sakura était très forte. Elle m’avait griffé le visage, et avait failli endommager mon œil droit. Et elle m’avait frappée un peu partout sur le corps. Des hématomes commençaient à apparaître et mon poignet gauche était foulé.
L’infirmière, Shizune, était en train de me faire un pansement sur ma griffure quand la porte s’ouvrit brusquement.
Mon cœur s’arrêta de battre en voyant Sasuke. Nous nous dévisageâmes pendant un moment, comme à l’accoutumée.
Cette fois-ci, ses yeux n’avaient ni colère ni douleur dans ses yeux. En revanche, l’inquiétude y était plus que jamais présente.
-Puis-je vous aider, monsieur Uchiha ? S’enquit Shizune.
Il hésita, puis s’avança vers moi. Arrivé à ma hauteur, il déposa une boîte sur le lit, attendit un peu et se dirigea vers la porte.
En examinant la boîte, je reconnus la boîte de chocolat qu’il m’avait offerte à la Saint Valentin. En la pesant, je constatai qu’elle était pleine. Mon cœur me fit mal.
-Faudrait qu’t’arrête de me torturer comme ça, Sasuke. Lançai-je. Il était devant la porte, la main sur la poignée, me donnant le dos.
De nouveau, il prit une pause, avant d’ouvrir la porte et de s’en aller.
Shizune se remit au travail.
Arrivée chez moi, je reçus des dizaines d’appel de mes amis. Les nouvelles avaient vite circulé, et, d’après Ino, tout le lycée ne parlait que de ça.
J’avais dû répéter le récit plusieurs fois, recevant soit des félicitations pour m’être enfin dressée contre elle – cela venait de Kiba, Gaara, et Tenten —, soit des recommandations de faire attention – de la part de Shikamaru, Neji, Shino et même d’Ino—.
Une semaine s’est écoulée depuis mon altercation avec Sakura. Mon poignet était pratiquement guéri, mes bleus n’étaient plus visibles et ma griffure avait disparu. Heureusement qu’elle n’avait pas de longs ongles…
Au lycée, on ne m’insultait plus trop. Je me demandai d’ailleurs ce qui avait bien pu provoquer cela. Car même si j’avais bien répliqué, Sakura avait quand même réussi à prouver qu’elle était la plus forte…
J’arrivai chez moi à midi. Comme nous n’avions pas cours l’après-midi, j’avais décidé de faire la sieste jusqu’en fin de journée.
En pénétrant dans la demeure, le majordome m’interpella.
-Mademoiselle Hyuga, ceci vient d’arriver pour vous. La personne n’a pas laissé de nom.
C’était une enveloppe blanche, où il y avait marqué « Hinata ». Elle semblait contenir quelque chose d’épais.
Je remerciai l’employé et me dirigeai vers ma chambre.
Quand j’ouvris le paquet, je découvris un lecteur MP3.
Je le mis en marche, et une chanson fut jouée.
[b]I shouldn't love you but I want to
I just can't turn away
I shouldn't see you but I can't move
I can't look away
I shouldn't love you but I want to
I just can't turn away
I shouldn't see you but I can't move
I can't look away
And I don't know
How to be fine when I'm not
'Cause I don't know
How to make a feeling stop
Just so you know
This feeling's takin' control
Of me and I can't help it
I won't sit around
I can't let him win now
Thought you should know
I've tried my best to let go
Of you but I don't want to
I just gotta say it all before I go
Just so you know
It's gettin' hard to be around you
There's so much I can't say
Do you want me to hide the feelings
And look the other way
And I don't know
How to be fine when I'm not
'Cause I don't know
How to make a feeling stop
Just so you know
This feeling's takin' control
Of me and I can't help it
I won't sit around
I can't let him win now
Thought you should know
I've tried my best to let go
Of you but I don't want to
I just gotta say it all before I go
Just so you know
This emptiness is killin' me
And I'm wonderin' why I've waited so long
Lookin' back I realize it was always there
Just never spoken
I'm waitin' here
Been waitin' here
Just so you know
This feeling's takin' control
Of me and I can't help it
I won't sit around
I can't let him win now
Thought you should know
I've tried my best to let go
Of you but I don't want to
Just gotta say it all before I go
Just so you know, just so you know
Thought you should know
I've tried my best to let go
Of you but I don't want to
Just gotta say it all before I go
Just so you know, just so you know[/b]
Quand la chanson fut finie, je tremblais de partout. Etait-ce possible… ? Et pourquoi ?
Tout se bousculait dans ma tête, et j’avais l’impression d’étouffer.
Sans réfléchir, je me précipitai vers la sortie, pris ma voiture et me dirigeai vers l’appartement de Gaara – il m’avait donné les plans il y a une semaine –.
-Waouh ! S’exclama-t-il après avoir écouté la chanson. Il en a gros sur le cœur, le mec !
Nous étions dans la chambre de Gaara, moi recroquevillée sur son lit, et lui, assis sur une chaise.
Gaara était la seule personne assez objective dans toute cette histoire pour me donner des conclusions légitimes. Ce fut pourquoi je suis allée chez lui.
-T-tu crois que… Je ne pus finir ma phrase.
-Je ne trouve personne d’autre. Répondit-il, lisant dans mes pensées.
-M-mais… pourquoi ?
-Peut-être qu’il n’a pas été tout à fait honnête sur cette plage. Dit-il doucement.
Je lui avais raconté toute l’histoire de notre rupture il y avait quelques jours.
-…
-En tout cas, peu importe qui a envoyé ça, ses sentiment sont très clairs.
Je secouai vivement la tête. C’en était trop pour moi.
D’un coup, la dépression qui m’avait pratiquement détruite il y a presque deux ans, et ces années passées à garder une façade en place pour ne pas montrer à quel point je souffrais, me revenaient de plein fouet au visage.
A nouveau, j’eus l’impression d’étouffer, et pris congé de Gaara.
-Je suis désolée, il faut que j’y aille.
Il me laissa partir.
Dans ma voiture, je me rendis compte que j’avais besoin de penser à autre chose, de me trouver une plus importante priorité, sinon j’allais à nouveau avoir une crise de panique. Alors, je fis vite demi-tour.
-On est mercredi, aujourd’hui. Remarqua Jun.
J’étais à cet instant à l’orphelinat, dans la « pièce secrète » de Jun. J’avais raison en pensant qu’il allait me distraire. J’avais passé suffisamment de temps avec lui Samedi dernier pour m’apercevoir que mon affection pour ce petit était assez grande pour me faire oublier mes problèmes.
-Je sais, mais personne n’a dit que je ne pouvais pas venir ici, les jours de la semaine !
-… Tu t’es disputé avec ton copain, c’est ça ? Me demanda-t-il, un sourire en coin sur les lèvres.
Je haletai.
-Je n’ai pas de copain.
-Mais t’as des problèmes.
-… On est pas là pour parler de moi… T’as fini tes devoirs ?
Il hocha la tête.
-Laisse-moi voir.
…
J’émis un sifflement.
-Eh bas, c’est que t’es très doué ! Aucune faute !
-J’adore les maths. Répondit-il en souriant.
-T’as de la chance ! Moi, à ton âge, j’étais plutôt nulle…
Il me prit la main.
-On a tous nos points forts et nos points faibles. Kurenai-sensei nous dit toujours ça. Me réconforta-t-il en souriant.
Je le regardai, admirative pendant un instant.
-Comment ça se fait que t’ai aucun ami à part Yuka ? T’es cool comme garçon !
Il émit un rire sans joie.
-Ils sont tous trop lourds…Même Yuka l’est quelques fois… Mais elle, je la supporte.
Un large sourire se dessina sur mes lèvres.
-Elle te plaît Yuka ?
Il parut révulsé par ce que je venais de dire.
-Tu rigoles ? C’est comme ma sœur ! Beurk !
Je rougis fortement, honteuse, de mes pensées obscènes.
-Et puis d’ailleurs, je pense pas que j’aurais une copine un jour, les filles sont trop…
Il ne put finir sa phrase, comme dégoûté.
Je ris doucement de sa réaction.
-On n’est pas toutes comme ça, tu sais ! Je parie que dans trois ans, tu vas changer d’avis. Le défiai-je.
-Pari tenu ! Me dit-il.
-… Mais quand même, tu te sens pas un peu seul, sans ami.
-Je t’ai, toi ! C’est suffisant, non ?
Emue par ce qu’il venait de dire, je me mis à sourire bêtement.
-J’imagine que t’aimes pas les câlins. Devinai-je.
-J’imagine que toi oui ? Me questionna-t-il.
-Oui, et tu ne vas pas y échapper cette fois-ci ! Lui annonçai-je.
Il voulut s’extirper, mais c’était trop tard, je le serrais déjà fort contre moi.
Je l’entendis soupirer avant de se rendre.
… Oui, c’était la distraction qu’il me fallait.
Peu importait ce que j’allais devoir affronter, venir le voir m’avait donné assez la force de me dresser contre vents et marrées.