On frappa à la porte de ma chambre.
-Entrez.
-Salut, cousine !
-Neji ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Il s’avança et s’allongea près de moi, puis laissa échapper un soupir irrité.
-Je me suis disputé avec Tenten.
Je haussai un sourcil.
-J’ai beaucoup de mal à te croire.
Il me regarda, et j’avais l’impression qu’il voulait me dire : « Tu crois que j’irai inventer un truc pareil ? ».
J’avais quand même du mal à le croire…
Tenten et Neji étaient un de ces couples fusionnels qui ne se disputaient presque jamais. Ils étaient tellement en harmonie. Les voir être en désaccord était aussi rare qu’une éclipse. Ils me faisaient un peu penser à Peter Burke et Elizabeth, dans FBI : White Collar. Des fois, on se croyait de trop à ne serait-ce qu’être dans la même pièce qu’eux, l’amour et le sentiment d’intimité qu’ils dégageaient étant si intenses. En songeant à cela, une question pas très innocente me vint soudain en tête, et me démangea. Mais je ne pouvais demander cela à Neji, notre relation en serait étrange à tout jamais.
Neji parla enfin :
-C’est pas parce qu’on a l’air de cendrillon et de son prince qu’on ne s’accroche jamais, Hina. On n’est pas parfait.
Je devais lui accorder cela.
-Alors, tu vas faire quoi ?
-Attendre. Répondit-il nonchalamment.
Je posai sur lui un regard interrogateur.
Il m’expliqua alors.
-Quand on se dispute, Tenten et moi passons par trois phases. La première, c’est la phase du silence. Elle me fait la tête pendant quelques heures, que ce soit elle la fautive ou moi, peu importe ; elle boude toujours. Ensuite, vient la phase du texto. Elle m’envoie un texto de dix pages où soit elle se plaint de mon attitude quand elle croit que c’est ma faute, soit elle s’excuse quand elle se sent coupable. Et c’est après qu’on peut commencer la phase de réconciliation, où on se retrouve et on s’explique calmement… Et on est encore dans la phase du silence. Conclut-il, exaspéré.
Je souris. Ils étaient adorables !
-Et j’imagine qu’aucun de vous deux n’aimez celle-là… Pourquoi tu lui envoies pas le texto en premier, histoire de mettre un terme à tout ça ?
-Parce que tu connais Tenten. Elle a besoin d’avoir le contrôle. Je lui ai déjà fait le coup une fois, elle a prolongé le silence de deux jours. J’ai cru devenir dingue, cette fois-là.
J’ouvris grand la bouche… Eh ben, ça ne rigolait pas tous les jours, chez eux…
-Donc là, tu attends ?
-Oui… mais bon, je dois faire avec… c’est la fille que mon cœur a choisi d’aimer… Je ne la changerai pour rien au monde.
Je ne pus qu’être envieuse en entendant cela. Et mes pensées se tournèrent vers un certain brun énervant.
Pour éviter qu’elles n’aillent plus loin, je repris la parole.
-Et c’est comme ça que tu finis dans ma chambre. Pour ne pas devenir dingue tout seul chez toi.
-En partie…
-En partie ?
-Je suis venu pour voir comment tu allais. On a pas eu beaucoup de temps à nous depuis ton anniversaire… Alors, quoi de beau ?
Je baissai les yeux.
-Oh, tu sais, la routine.
-Foutaises. Me dit-il tout bas.
Je soupirai.
-Tu n’as rien raté qui vaille la peine d’être raconté, Neji.
-C’est important à tes yeux ?
-…C’est pas très joyeux.
-Ca ne répond pas à ma question.
J’hésitai un peu, puis hochai la tête.
-Alors, ça en vaut la peine.
Je le regardai un moment. J’étais à deux doigts de tout lui dire : le bouleversement que Sasuke a provoqué dans ma vie en revenant de là où il était, les combats quotidiens que je menais pour éviter de m’effondrer à l’école, les craquements de mon cœur à chaque fois que je pensais à mon ex et à sa copine actuelle. Mais je savais que si Neji apprenait, il allait commettre une erreur irréparable. Quand il s’agissait de moi, Neji était encore pire que Kiba. De plus, même si je savais que Sasuke était largement capable de se défendre, je ne voulais pas voir deux êtres chers à mon cœur se battre, surtout pas à cause de moi ; aussi fautif soit l’un d’eux.
Je m’abstins alors.
-Oh, tu sais, je suis juste déstabilisée par le retour de Sasuke…
Il me contempla un instant.
-Tu l’aimes encore. Déduit-il. Et j’entendis un reproche dans sa voix. Me reprochait-il d’avoir encore ces sentiments-là ?
-C’est plus fort que moi… Comment tu réagirais si tu étais dans ma position ? Si c’était Tenten qui était partie ?
Je vis un instant une grande douleur dans ses yeux, et tout d’un coup, il me prit dans ses bras.
-Excuse-moi, Hinata. Je ne l’avais pas vu sous cet angle… Mais comprends-moi, te voir aussi malheureuse me tue ! J’entendis le désespoir dans sa voix.
-Tu devrais déjà t’y faire, depuis le temps… Tenten m’a dit que je suis comme ça depuis qu’il m’a quittée. Répondis-je amèrement.
Il me serra plus fort.
-Non, je ne m’y suis jamais fait… Et je ne m’y ferai jamais. Je n’ai jamais connu plus grande douleur que voir une personne que j’aime souffrir…
Je soupirai.
-Moi j’en connais une, c’est d’être cette personne-là, de savoir ce qu’on inflige à notre entourage, et de ne pas trouver la force nécessaire pour changer les choses.
-Oh, Hinata !
Je me haïssais à cet instant là, en sachant que j’étais responsable de toute cette peine dans sa voix.
Pour alléger l’atmosphère, je me séparai de lui et le gratifiai du plus beau sourire dont j’étais capable à ce moment-là.
-Je vais m’en remettre, Neji…. Eventuellement.
Je voyais bien qu’il en doutait. Alors je continuai.
-Je te promets, que je fais tout mon possible pour y arriver. Il me faut juste du temps.
-Pour retrouver le bonheur ou juste pour aller mieux ?
Je ne pus que sourire tristement.
-Je ne sais pas si je serai à nouveau heureuse…
Il parut se mettre en colère en entendant cela.
-Mais je vais essayer ! Promis juré !
Cela sembla le calmer. Il se rallongea.
-Tu viens au bal, ce soir ? Lui demandai-je pour changer de sujet.
-Oui, je suis obligé. Il s’agit des Uchiha. Ne pas y être serait un affront à tout ce beau monde snob et bien sapé… Se moqua-t-il.
Je ris faiblement.
-Je te rappelle que tu fais partie de ce beau monde snob et bien sapé.
Il soupira.
-Mais moi au moins, j’ai de bonnes raisons de l’être, vu mon compte en banque…
Il eut un sourire en coin.
-Waouh, si c’est pas de la frime, j’sais pas ce que c’est ! M’exclamai-je. Je me demande si c’est pas pour ça que tu t’es disputé avec Tenten…
Il eut une mine renfrognée.
-Non… Elle m’en veut parce que je me suis un peu énervé, hier, au bout de la cinquantième fois où elle a dit que Bradley Cooper était « trop beau »… Il mit une emphase sur le « un peu ». On a regardé Happiness therapy…
J’écarquillai des yeux et m’esclaffai…
-Arrête, c’est pas drôle ! S’énerva-t-il.
Je ne pus m’arrêter que trois minutes plus tard. Quand je me tournai vers lui, il se croisait les bras devant sa poitrine et boudait comme un enfant de cinq ans.
-Ah ! Il n’y a que Tenten qui se fâche parce que son copain est jaloux…
-Je n’étais pas jaloux !
Je le regardai d’un air sceptique.
-Bon, peut-être que je l’étais. Admit-il. Mais franchement, qui ne le serait pas ? En plus, si je me mets à parler en bien d’une autre fille, elle se met dans tous ses états !
Je ne pouvais qu’être d’accord.
-… Tu sais, Neji, nous, les filles, on est plein de contradictions et d’incohérence… Mais Tenten est assez rationnelle dans l’ensemble… Elle se rendra compte de son erreur, t’inquiète… Et puis, si c’est pas le cas, explique lui pendant la phase de réconciliation !
-Oh, mais j’y compte bien !
-…
Je souris, envieuse. Leurs problèmes étaient tellement simples, comparés aux miens…
Nous restâmes là, à discuter, à vivre ensemble la phase du silence de mon cousin, parlant de choses plus légères. Je me rendis compte que nos longues discussions m’avaient beaucoup manqué…
Neji dut me laisser quand le texto de dix pages de Tenten arriva – présentant à Neji ses excuses pour avoir été aussi injuste avec lui—.
Et cela tombait bien, je devais me préparer pour la soirée de bienvenue des Uchiha. Je croisai très fort mes doigts pour qu’aucun drame ne se produise, cela avait tendance à arriver ces derniers temps…
Je m’étais habillée de la belle robe que j’ai achetée Lundi dernier avec Ino et Tenten. Elle était le seul point positif que je trouvais à cette soirée. Ce genre d’événements ne m’avait jamais plu. Des industriels et entrepreneurs millionnaires coincés, qui se détestaient mais qui faisaient semblant de s’apprécier le temps d’une soirée autour de caviars et de bons vins, constituaient le mélange que je voulais toujours fuir. Mais, comme le disait Neji, c’était les Uchiha. On ne pouvait pas ne pas y aller, sauf si l’on souhaitait entacher notre réputation. Et déjà que mon père me haïssait, je ne voulais pas qu’il me tue. Bien que cela aurait été plus facile pour moi…
Je m'étais ondulé les cheveux, et les avais arrangés façon side-hair, avec la partie supérieure retenue par une barrette ornée de fleurs de même couleur que ma robe. Et je me mis un maquillage légers ; fard à paupières rose pâle, mascara et brillant à lèvres rose pâle également.
Je mis le parfum que Sasuke m’avait offert pour mon anniversaire – le seul anniversaire où nous étions ensemble, c’était mon préféré ; et le mettre ne me rappelait que de bons souvenirs–, et chaussais une paire d’escarpins pieds nus blanc cassé.
Une fois que je me trouvai décente, je pris mon manteau à fourrure d’ours que mon père m’avait forcé à acheter – c’était le plus classe que j’avais— et descendis vers ma voiture.
Mon père n’allait pas assister à la soirée, ayant eu une urgence dont il devait s’occuper. Son absence était l’une des raisons pour lesquelles Neji et moi devions être à cette soirée.
En arrivant dans la grande cour du manoir où plusieurs voitures de luxe étaient déjà garées, j’aperçus Naruto, qui avait l’air d’attendre quelqu’un.
Je me garais rapidement et partis le rejoindre, contente de voir un visage ami.
En me voyant, il me salua de ce large sourire qui n’appartenait qu’à lui, et qui provoquait des bourdonnements incontrôlables dans mon estomac autrefois.
Lui était vêtu d’un costume de soirée classique noir, avec un nœud et une pochette blanche. Il était très élégant… et très séduisant…
-Hinata, tu es… waouh ! Me complimenta-t-il, comme à bout de souffle.
Je sentais mon visage s’enflammer, et le remercia tant bien que mal à voix basse.
-Tu attends quelqu’un ? Lui demandai-je pour changer de sujet.
-Oui, toi. Dit-il, en détournant le regard, comme mal à l’aise.
Je fronçais les sourcils. Ce n’était pas son genre de fuir les regards. Il me cachait encore quelque chose. Mais quoi ?
-Qu’est-ce que tu me dis pas, Naruto ?
Il parut surpris de ma question.
-… Je ne peux pas te le dire…
Au moins, il était honnête.
-Viens, on entre. Me dit-il en me tendant le bras.
Je le pris et le suivis à l’intérieur.
A l’entrée se trouvait les deux propriétaires des lieux, recevant les nouveaux venus.
Une vue pareille rendrait n’importe quelle femme de ce monde un peu amoureuse, aussi énamourée de son compagnon fusse-t-elle. Les Uchiha étaient beaux. Et pas le type de beau commun des mortels ; ils s’apparentaient à des dieux grecs descendus de l’Olympe, gratifiant les simples humains de leur splendeur inégalée, le temps d’un soir.
Ils étaient tous les deux habillés de costumes de soirée classiques, avec des nœuds et des pochettes rouges, mais sur eux, ils avaient l’air d’habits de rois. Et je remarquai que la jeune femme rougissante qui venait d’entrer à l’instant était du même avis que moi.
Cette allure là ne m’aidait pas du tout dans ma mission que j’ai secrètement intitulée « oublier Sasuke ». Au contraire, elle me rendait encore plus amoureuse de lui, à mon grand malheur.
Naruto et moi nous avançâmes pour les saluer.
-Monsieur Uzumaki et mademoiselle Hyuga. Quelle joie de vous compter parmi nous ! Salua Itachi.
Il ressemblait beaucoup à Sasuke. Les mêmes yeux noirs, les mêmes cheveux noirs. Ceux-ci descendaient dans le bas de son dos en une queue de cheval basse. Ses traits étaient plus prononcés que ceux de son frère, sa peau était plus bronzée, et il le dépassait de quelques centimètres. Au-delà de cela, il était aussi beau et charmant que son cadet.
Ce dernier ne parut pas content de me voir au bras de Naruto. Je vis ses poings se serrer et ses yeux envoyer des éclairs dans la direction de Naruto. Celui-ci l’ignora totalement.
-Je suis heureux de te voir, Itachi ! Dit-il en souriant. Je le sentais néanmoins tendu près de moi.
Alors leur dispute n’avait pas encore pris fin…
-Hinata, tu es splendide !
Je n’arrivais toujours pas à me faire à toutes ces attentions.
-M-merci, Itachi ! Toi aussi. Répondis-je maladroitement.
Itachi et Naruto se mirent à rire. Même Sasuke eut un sourire en coin en entendant cela. Je rougis de plus belle, quelque peu énervée par leur moquerie.
Laissant la place aux autres invités, nous prîmes congés d’eux et Naruto m’offrit d’enlever mon manteau. Quand ce dernier fut retiré, je croisai involontairement le regard de Sasuke, qui me coupa le souffle. Il était si intense que je crus m’enflammer litttéralement sur place, me perdant dans la profondeur de ses yeux noirs ensorcelants.
La main de Naruto sur mon bras me ramena à la réalité, et je le suivis dans la salle de réception, rougissante.
-Tu es vraiment ravissante ce soir, tu sais ! Murmura Naruto à mon oreille. Tous les hommes de la salle de dévorent des yeux. Rit-il doucement.
En balayant la salle du regard, je me rendis compte que c’était vrai. Je crus mourir d’embarras.
Voyant mon malaise, Naruto m’entraîna dans le patio donnant sur le jardin à l’ouest de la maison, celui que j’affectionnais particulièrement. A mon soulagement, il était désert. Nous nous installâmes en silence sur un des canapés qui ornait la salle.
Au bout de quelques minutes, je ne tenais plus, et me mis à le questionner.
-Vous ne vous êtes pas encore réconcilié avec Sasuke ?
Son visage se durcit en entendant son prénom.
-… Non.
-Pourquoi vous vous êtes disputés ? Insistai-je.
-Je ne peux pas te le dire !
Je ne l’avais jamais vu aussi ferme. Cela m’intimida un peu.
-… Je sais que ça va paraître égocentrique, mais c’est à cause de moi ?
-Non… pas directement.
-Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?
-S’il te plaît, Hinata ; je sais à quel point tu peux être têtue, mais cette fois-ci, laisse tomber. Je t’en prie.
-… C’est si grave que ça ?
Il ne répondit pas.
-Vous devriez faire la paix.
Il laissa échapper un rire sans joie.
-Si tu savais pourquoi on s’est disputé, tu ne dirais pas ça…
-Mais justement, je ne sais pas. Et je ne saurai jamais puisqu’aucun de vous deux ne voulez me dire ce qu’il s’est passé…
Il se tourna vivement vers moi.
-Vous vous êtes parlé ?
J’acquiesçai.
Il poussa un soupir d’exaspération.
Sans le laisser dire ce qu’il avait en tête, je repris :
-Que ce soit à cause de moi ou d’autre chose, ça n’en vaut pas la peine, Naruto. Aussi grave soit la faute de l’autre, vous devriez vous pardonner !
Il ne répondit pas. Le silence était tendu.
-Pourquoi tu tiens tant à ce qu’on se réconcilie ? Me demanda-t-il tout bas.
-Parce que c’est en vous regardant que j’arrive à croire que l’amitié est éternelle ! Et je ne veux pas arrêter d’y croire.
Il me regarda, surpris.
-Vous me faites penser à Batman et… son assistant, comment il s’appelle déjà ?
Il sourit, amusé par ma comparaison.
-Alfred.
-C’est ça.
Il rit un peu.
-Et qui est qui, dans cette histoire ? Demanda-t-il doucement.
Je souris.
-Je sais pas… vous échanger les rôles assez souvent… Mais ce qui importe, c’est que vous m’inspirez ! Vous vous couvrez les arrières, et vous faites toujours face aux difficultés ensemble ! Vous êtes Naruto et Sasuke, Sasuke et Naruto… D’une manière égoïste, mon monde ne serait plus le même si vous n’étiez plus amis… Aucun tiers parti ne mérite que vous renonciez à votre amitié.
Il me sourit tendrement.
-On t’a déjà dit que tu ferais une excellente avocate ? Comment puis-je dire non à ça !
Je ris, fière de moi.
Mais il redevint vite sérieux.
-Mais tu sais, au-delà de tout ça, je lui en veux beaucoup de t’avoir fait autant souffrir…
Mon humeur redevint maussade. Et je ne pus le rassurer et lui dire que j’allais bien. Je ne pouvais pas lui mentir, pas à Naruto.
Et soudain, quelque chose me vint à l’esprit.
-Naruto…
-Mm ?
-Sasuke m’a dit que tu n’étais plus amoureux de Sakura… J’étais gênée de lui parler de ça, mais c’était plus fort que moi.
Il parut hésiter, ne voyant pas où je voulais en venir.
-C’est vrai… Me dit-il doucement. Mais d’abord, comment ça se fait que vous vous parliez autant, tous les deux ?
Ca ne semblait pas lui plaire…
-… Eh bien, après qu’il soit parti, mercredi, il m’a suivi, pour s’assurer que je rentrai en sécurité… Il ne te faisait pas confiance, dans ton état. Dis-je tout bas.
Il ne dit rien, attendant que je continue.
-Et ensuite, il m’a appelée pour me demander si j’allais bien… C’est là que je lui ai demandé ce qu’il s’est passé entre vous, mais il n’a pas voulu me répondre, et m’a dit qu’il valait mieux que je n’en sache rien… Je pensais que c’était à cause de Sakura, et là il m’a dit que tu étais passé à autre chose, de ce côté-là…
-Oh…
-… Oui… Alors, je me demandais, comment est-ce que t’as fait ?
Il me regarda pensivement avant de me répondre.
-J’ai rien fait… un matin, je me suis levé, et je me suis rendu compte que je ne l’aimais plus comme ça…
Je fus frustrée par cette réponse.
-Ca a pas l’air de te suffire.
-…Non, parce que, en gros, tout ce que tu as fait c’est d’attendre que ça passe… Répondis-je, morose.
Il hocha la tête.
Et nous restâmes là, en silence, perdus dans nos pensées…
Quand soudain, New York New York de Frank Sinatra fut joué.
Naruto se leva brusquement, et me tendit la main.
-M’accorderiez-vous cette danse, milady ? Me pria-t-il en souriant.
-Avec grand plaisir, milord ! Lui répondis-je en clignant des yeux.
Nous nous dirigeâmes vers la piste de danse, au milieu de tout le gratin de Konoha.
Naruto était un très bon danseur. Me laisser guider par lui était vraiment très agréable.
Puis, quand le pianiste enchaîna avec Don’t know why de Norah Jones, j’entendis une voix derrière moi.
-Puis-je ?
Je me tournai pour voir Itachi. Je lui souris et il me le rendit.
-Oui, je t’en prie. Répondit Naruto en plaçant ma main dans celle d’Itachi.
-Merci.
Et nous nous mîmes à osciller doucement. Il était aussi bon que Naruto. Cela ne m’étonnait pas. C’était Itachi Uchiha, après tout.
Il fut un temps où Itachi et moi étions très proches. Nous avions en commun d’aimer Sasuke inconditionnellement. Cela favorisait évidemment la complicité.
Quand Sasuke et moi avions rompu, nous perdîmes contact. J’en étais profondément désolée. En quelque sorte, il était devenu un grand frère à mes yeux…
Une fois la chanson terminée, il me demanda de le suivre dans le patio.
Nous nous installâmes dans le même canapé.
-Alors, raconte ! C’est comment d’être le « big boss » ? Lui demandai-je. Je savais de quoi il voulait me parler, mais je ne voulais pas. Je préférai parler de lui que de moi.
Et, Dieu merci, il suivit.
-C’est assez fatigant, en fait… Tu as beaucoup de responsabilités, pleins de réunions plutôt ennuyeux tous les jours, tu rentres très tard, le soir, et tu as rarement droit à ta pause dango… Décrivit-il.
Je souris.
- Mais tu adores ça, bourreau de travail que tu es !
Je le connaissais plutôt bien, Itachi. Sérieux mais drôle, ferme mais indulgent, et qui était prêt à tout sacrifier pour ceux qu’il aime.
Il y eut des fois où je me demandais pourquoi n’étais-je pas tombée amoureuse de lui, plutôt…
-Oui, je l’avoue…
Il mit sa main sur ma joue, et la caressa avec son pouce.
-Et je suis sûre que tu adorerais aussi. Me dit-il, en me souriant.
Je baissai les yeux, rougissante. Itachi avait un petit faible pour moi avant… Ca n’avait jamais été un secret pour personne. Et c’était toujours le cas, je le constatai… Mais il n’avait jamais rien tenté auparavant, ne voulant surtout pas blesser Sasuke… Qui, au final, ne m’aimait pas…
-Tu vas succéder à ton père, j’ai entendu dire.
Je hochai la tête. Il baissa sa main.
-Oui, j’ai enfin les notes qu’il faut pour. Apparemment, je suis devenue « compétente ». Lui dis-je avec ironie.
-Mais je suis sûr que tu l’es. Me répondit-il, sérieusement. Tu es aussi bourreau que moi !
-Mais j’arriverai jamais à rivaliser avec toi, espèce de concurrent brillant ! Plaisantai-je à moitié.
-Et moi, je suis sûr du contraire ! Me dit-il. Neji et Hanabi ne sont pas trop déçus de ces plans ?
Hanabi, ma jeune sœur, était l’héritière pendant quelques années, étant plus « apte » que moi à diriger la multinationale de mon père. Et il fut un temps, où ce fut Neji, le génie de la famille. Mais l’année dernière, quand j’obtins la note maximale en cours de gestion et management anticipés, mon père reconsidéra la question et me donna le titre.
J’en fus fière, et l’étais toujours.
-Non. Hanabi n’a jamais voulu du titre, de toute façon, et Neji préfère largement l’ophtalmologie au poste de PDG…
-Tout est bien qui finit bien, alors !
J’étais d’accord avec lui.
-… Tu sais que tu vas pas y échapper, Hinata. Remarqua-t-il. Et je roulai des yeux, sachant parfaitement de quoi il parlait.
Je soupirai, résignée.
-OK ! Vas-y, je t’écoute.
-Il n’y a vraiment plus d’espoir entre vous ?
Il avait l’air peiné.
Je secouai la tête.
-Il me semble bien que non…
-Tu ne veux pas vous accorder une autre chance ?
-Ca ne changerait rien si je le faisais…
-Bien sûr que si ! Il suffit de le vouloir.
-Malheureusement, non… C’est pas aussi facile que tu le penses tu sais !
-Et pourquoi cela ?
-Parce qu’il ne m’a jamais aimée. Lui avouai-je, la gorge serrée.
-Ne dis pas n’importe quoi.
-Mais c’est la vérité. Je me tournai vivement vers lui. Il ne m’a jamais aimée, Itachi ! Jamais !
Ma vision était floue à cause des larmes, mais je refusai de les laisser couler.
-…Je vous ai vus ensemble, tu te rappelles ? Et crois-moi, c’était de l’amour. Pourquoi crois-tu que je n’ai rien tenté avec toi ?
Je rougis subitement… Très mal à l’aise de la tournure que prenait la conversation.
-Si j’étais pas sûr qu’il t’aimait vraiment, je t’aurais fais la cour sans hésiter, Hinata !
-… Alors il paraît que je suis pas la seule qui ais été dupée par lui. Dis-je doucement.
Il secoua la tête, semblant irrité.
-Il t’a raconté ce qu’il s’est passé sur la plage, la nuit où on a rompu ?
Il hocha la tête.
-Alors comment peux-tu encore croire qu’il m’aime ? M’emportai-je.
Et moi qui croyais qu’il était un pur génie…
-J’y crois parce que les actions parlent plus que les mots…
-Justement ! T’as pas vu comment il m’a traitée les trois derniers mois de notre relation !
Il ne répondit pas. Il resta silencieux pendant quelques minutes, me fixant. Je ne baissai pas les yeux.
-Tu sais, après le crash, je lui avais laissé le choix de la ville où il voulait habiter… Et il a choisi Konoha.
Je lus la tristesse dans ses yeux en parlant de ce jour horrible.
Je baissai les yeux.
-Il est revenu pour toi, Hinata.
Je secouai la tête.
-Sasuke sort avec une fille nommée Karin maintenant, tu le savais pas ?
Il écarquilla les yeux.
-Karin ?
-…Oui… S’il est revenu, c’est pour elle, pas pour moi.
Il marqua une pause avant de me répondre.
-Karin vient d’Oto, Hinata.
J’écarquillai les yeux. Quoi ?
-C’est la fille qui nous a retrouvés, trois jours après l’accident. C’est elle qui a dû le suivre jusqu’ici…
Mon cœur me fit mal. Elle leur avait sauvé la vie. Pas étonnant qu’il soit tombé amoureux d’elle.
-Je suis sûr qu’elle ne représente rien à ses yeux.
-Je les ai vus s’embrasser goulument, la semaine dernière, Itachi ! Elle représente quelque chose à ses yeux. Dis-je tout bas.
Il soupira.
-Une chose est sûre, quand t’as une idée en tête, c’es difficile de te faire changer d’avis !
Je souris amèrement.
-Ca n’arrive que quand j’ai raison…
Il avait l’air résigné.
-Mais je te remercie quand même pour ce que tu fais. Mais tu devrais t’occuper de ta vie personnelle, plutôt. Tu devrais te trouver une ravissante jeune femme à chérir. Lui dis-je en souriant.
Son regard devint triste.
-Malheureusement, celle que je veux est amoureuse de mon frère…
J’eus un pincement au cœur, entendant cela.
-… Il y a quelqu’un là-bas qui n’attend que toi ! J’en suis sûre ! Essayai-je de le rassurer.
Il me sourit.
-Il faut d’abord que j’apprenne à t’oublier, avant.
Je le pris dans mes bras, attristée.
-Je ne mérite pas quelqu’un comme toi, tu sais !
Il mit ses bras autour de moi. Et je constatai malheureusement, que je n’y étais pas aussi bien que dans ceux de Sasuke.
Je me séparai de lui et lui souris tristement.
-Ne sois pas triste comme ça, Hinata ! Je m’en sortirai, t’en fais pas !
Il me sourit et je fus rassurée.
Oui, il allait s’en sortir. C’était Itachi, après tout.
Nous retournâmes à la réception, au moment où Sasuke s’assit au piano.
Je m’arrêtai pour écouter.
Easy come easy go, that's just how you live
Oh, take, take, take it all but you never give
Should've known you was trouble from the first kiss
Had your eyes wide open, why were they open?
Gave you all I had and you tossed it in the trash
You tossed it in the trash, you did
To give me all your love is all I ever asked
'Cause
Il se mit à me regarder en chantant.
What you don't understand is
I'd catch a grenade for ya
Throw my hand on a blade for ya
I'd jump in front of a train for ya
You know I'd do anything for ya
oh oh oh oh
I would go through all this pain
Take a bullet straight through my brain
Yes, I would die for you, baby
But you won't do the same
Il détourna le regard, puis le redirigea vers moi.
No, no, no, no
Black, black, black and blue, beat me 'til I'm numb
Tell the devil I said, hey, when you get back to where you're from
Mad woman, bad woman, that's just what you are, yeah
You'll smile in my face then rip the brakes out my car
Gave you all I had and you tossed it in the trash
You tossed it in the trash, yes, you did
To give me all your love is all I ever asked
'Cause
What you don't understand is
I'd catch a grenade for ya
Throw my hand on a blade for ya
I'd jump in front of a train for ya
You know I'd do anything for ya
Oooh
I would go through all this pain
Take a bullet straight through my brain
Yes, I would die for ya, baby
But you won't do the same
If my body was on fire
Ooh, you'd watch me burn down in flames
You said you loved me, you're a liar
'Cause you never, ever, ever did, baby
But darling, I'd still catch a grenade for ya
Throw my hand on a blade for ya
I'd jump in front of a train for ya
You know I'd do anything for ya
I would go through all this pain
Take a bullet straight through my brain
Yes, I would die for you, baby
But you won't do the same
No, you won't do the same
You wouldn't do the same
Ooh, you never do the same
No, no, no, oh!
Quand il finit de chanter, je réalisai que je retenais mon souffle, et que toute l’assemblée avait les yeux rivés sur moi. Qu’essayait-il de faire, au juste ?
Ne supportant plus le regard des gens, je sortis de la pièce, pour être prise en embuscade par Sakura et d’autres membres de la commission culturelle.
-Et bien, c’est que t’es qu’une menteuse, Hinata ! Tout ce temps à prétendre que Sasuke t’a brisé le cœur, alors que c’était l’inverse ! Me dit-elle avec dédain.
La pièce était silencieuse, concentrée sur nous.
-Sakura ! Tenta Neji derrière elle.
-Quoi ? Demanda-t-elle sèchement. C’est pas la vérité ? Alors demandons à Sasuke.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
-Sasuke, est-ce que cette chanson parlait de Hinata ?
Il me fixait des yeux, et je devinai d’avance ce qu’il allait dire.
-Oui. Répondit-il calmement.
Là, tout se passa très vite. Kiba, que je n’avais pas vu, émis un cri presque animal, et fut retenu à grand peine, par Shino et Shikamaru, qui essayaient de le résonner. Neji et Itachi me conduisirent, à la hâte, vers la sortie.
-Si tu reste là, la situation va empirer. M’expliqua doucement Itachi. Neji va te reconduire chez toi. Je m’occupe de ta voiture, ne t’inquiète pas.
Je suivis le mouvement dans un état second. Tout ce à quoi je pensais, c’était au mensonge de Sasuke. La trahison que je ressentis fut telle que je n’arrivais toujours pas à réaliser qu’il venait de m’humilier en public, et qu’il venait de faire de ma vie, un enfer…