Le silence plana dans la pièce. Cinq paires d’yeux me fixaient depuis dix minutes maintenant. Cela commençait à me rendre très nerveuse.
-Les gars… Commençai-je.
Je devais briser le silence d’une manière ou d’une autre. Si je ne l’avais pas fait à cet instant, je ne donnais pas cher de ma santé mentale.
Kiba, Shino, Neji, Shikamaru et Gaara étaient venus me voir, à ma demande.
Après que Sasuke m’ait ramenée chez moi, je ne pus tenir en place. Et j’avais pensé que les avoir avec moi me calmerait.
Heureusement que mon père était parti en voyage d’affaire. Voir quatre beaux jeunes hommes dans ma chambre un dimanche après-midi éveillerait sans doute ses soupçons. Et la présence de Neji n’aurait rien changé.
Je leur avais tout raconté. Et quand ils avaient pris connaissance de ma décision, les dix minutes de silence commencèrent.
-Tu es sûre de toi, Hinata ? Me demanda Kiba.
A ma surprise, Kiba ne cria pas à qui voudrait l’entendre, à quel point il haïssait Sasuke. Et aucun des autres garçons ne firent aucune moue réprobatrice. Ils étaient juste silencieux.
Pour répondre à la question de Kiba, je fis simplement oui de la tête.
-Il se passera quoi s’il recommence ? S’enquit Shino.
Je ne pouvais rien dire. Je ne savais pas moi-même ce que je ferais.
Enfin, Gaara s’approcha de moi, et s’assit sur le bord de mon lit.
Comme à chaque fois depuis que je le connais, quand il avait quelque chose à dire, il me regarda longuement avant. J’avais toujours l’impression qu’il fouillait dans mon esprit à ces moments-là.
-… Tu t’es dit que si tu acceptais, tu prenais un grand risque de souffrir plus que maintenant, mais tu saisissais aussi une chance d’être à nouveau heureuse ; mais si tu refusais, tu resteras aussi malheureuse que maintenant, et ce pour toujours… C’est ça ?
Je savais qu’il était sûr de ce qu’il avançait. Après tout, c’était Gaara. Mais c’était sa façon de l’expliquer aux autres.
Je hochai la tête.
Il avait raison. Après que Sasuke m’ait embrassée, je m’étais rendue compte que ma vie n’était que désolation depuis longtemps. Les seules lanternes qui éclairaient mon tunnel étaient Kiba, Shino, Neji, Shikamaru, Gaara, Tenten, Ino, Naruto —de temps en temps—, et Jun.
Ce dernier m’avait d’ailleurs fourni le courage nécessaire hier pour affronter la fête d’aujourd’hui.
Mais malgré tout, cela n’avait pas suffit à me rendre heureuse. Et le risque et l’opportunité que Sasuke m’offrait ne se refusaient pas.
Le reste de l’audience comprit sans grand mal mon point de vue après l’explication de Gaara.
-Mais il ne sort pas encore avec Karin ? Me rappela Shikamaru.
Silence.
Et ce fut là que l’enfer s’ouvrit sous mes pieds. Je m’étais encore fait berner, je réalisai. J’avais pensé qu’il me voulait, moi, seulement moi. Et me rendre compte qu’il m’avait dupée encore une fois me faisait l’effet d’un coup de poignard dans le dos et dans le cœur.
J’allais leur dire de partir et de me laisser seule, pour que je puisse contempler ma bêtise en paix, mais Shikamaru mit ses bras autour de moi.
-Ne t’en fais pas, Hina. On est là. Il ne te fera pas plus de mal. Tenta-t-il de me rassurer.
Cela ne marchait pas, cependant. La douleur était encore trop vive pour être ignorée.
—Sasuke—
J’étais plus que frustré. J’étais même à deux doigts de mettre un coup de poing dans le mur à ma droite.
J’avais cru que la reconquérir allait être plus facile que ça. Mais c’était sans compter les sales cons qui lui servaient de garde du corps. Je n’avais pas pu l’approcher de moins de deux mètres.
Si j’essayais, l’un d’eux se trouvait sur le chemin.
Quand j’entrais en cours de mathématiques, j’espérais la voir à sa place à côté de moi, mais je m’étais trompée. Elle était restée près de Gaara, pour le quatrième lundi consécutif, maintenant. Ca m’agaçait au plus haut point. Elle était en train de se pencher sur un devoir, et ne m’avait même pas vu entrer.
Je décidai alors de prendre mon mal en patience, et d’attendre l’opportunité de lui parler en intercours. Mais elle avait l’air d’être « occupée » à quelque chose avec ce Gaara de malheur.
Le cours de philosophie ne se passait pas mieux. Elle était, comme à son habitude, assise à côté de Shino. Si j’essayais de lui parler, c’était sûr que j’allais causer une scène. Je me rappelais bien les coups de poings qu’ils m’ont donnés il y a des semaines. Si je me basais dessus, les deux garçons voyaient ma mort comme une bénédiction…
Derrière ma frustration se cachait, en vérité, une peur viscérale et abominable qu’elle ait changé d’avis. J’étais terrorisé à l’idée de la perdre à nouveau. Et il était tout à fait possible que ses amis lui eussent fait un lavage de cerveau afin qu’elle ne s’approchât plus jamais de moi. Je commençais à peine à progresser…
Il ne fallait même pas penser au déjeuner. Tous ses « soldats » étaient réunis, et bien que j’aurais bien pu les envoyer au tapis à moi tout seul, ça aurait blessé Hinata et ça ne m’aurait sûrement pas fait gagner de point auprès d’elle.
Ce qui m’amena là, ravalant difficilement ma fierté au fond de la salle, où je mangeais seul depuis une semaine.
Après que Sakura ait agressé Hinata, je n’arrivai plus à supporter d’être près d’elle. J’étais très en colère contre elle. Bien sûr, elle était une fille et ma mère se retournerait dans sa tombe si j’envisageai l’option de la frapper. Alors je m’étais éloigné d’elle, pour sa propre sécurité.
Ce moment de solitude me poussa à ne pas abandonner. J’irai en enfer s’il le fallait, mais je ne laisserai aucun de ces idiots m’écarter d’elle. Elle m’avait accordé une chance, c’était tout ce qu’il comptait.
Ce fut sur ces pensées que je me levais pour lui parler, peu importait ce qu’il allait en découler.
Je la trouvais près du casier de Gaara, ce qui ne me plaisait nullement. En me voyant arriver, je la vis se figer. Remarquant son état, Gaara suivit son regard et me vit, lui aussi. Son visage devint froid et dur.
Sans me laisser démonter, je m’approchai d’eux, particulièrement de lui, et ne m’arrêtai qu’à quelques centimètres de son visage, pour l’intimider.
Il esquissa un sourire.
-Eh bien, Uchiha. Tu devrais arrêter de faire ça, les gens vont commencer à penser des choses ! Qu’est-ce que tu crois qu’ils vont se dire en voyant que tu cherches à m’embrasser à chaque fois que tu me vois ? Se moqua-t-il.
J’entendis Hinata glousser près de lui.
Indigné, je me tournai vers elle et la fusillai du regard.
Elle cessa de rire, mais haussa les épaules comme pour dire « c’était plus fort que moi » et gardait un sourire taquin sur le visage.
Frapper Gaara me démangeait vraiment à cet instant, mais je me souvins bien vite de la raison pour laquelle j’étais venu.
-Tu es libre mercredi après-midi ? Demandai-je à Hinata.
Son sourire disparut. Et je vis une profonde tristesse dans ses yeux. J’avais l’habitude de l’y voir, mais à chaque fois, ça m’envoyait des pieux dans le cœur.
Elle ne répondit pas, et baissa les yeux.
-Elle ne peut pas, elle a rencart avec moi. Intervint Gaara.
Cela me laissa sans voix. Je ne comprenais pas. N’avions-nous pas décidé d’essayer de sauver notre relation, hier ? M’étais-je fait de fausses idées ?
Je regardai Gaara longuement, en cachant la tristesse que j’éprouvais derrière un regard neutre. Dans ma vision périphérique, je vis Hinata regarder Gaara avec des yeux ronds.
Alors peut-être qu’il l’avait mise au pied du mur…
-Tu peux m’expliquer ? M’adressai-je à elle.
-Elle s’est dit que vu que t’essayais de jouer un double jeu avec elle, elle allait en faire autant. Reprit-il.
Là, j’étais perdu.
-De quoi tu parles ?
-Tu sais très bien ! Tu sors avec Karin, pas vrai ? Et pourtant tu as demandé à Hinata de « réessayer ». Tu la prends pour qui pour accepter ça ?
Je vis que Gaara était de plus en plus furieux, et Hinata mit ses mains autour de ses bras. J’avais voulu crier en assistant à ça.
Mais j’avais de plus importantes choses à éclaircir.
-Karin et moi, on a rompu le lendemain de notre soirée de bienvenue. Expliquai-je doucement en me tournant vers elle.
Gaara pouvait croire ce qu’il voulait, tout ce dont je me souciais, c’était que Hinata me croie.
-Je ne l’ai plus revue depuis. Continuai-je.
Je vis que cela fit son petit effet. Aucun d’eux ne disait un mot, et Hinata avait la bouche entrouverte.
Je dus me faire violence pour m’empêcher de penser à d’autres choses moins innocentes dans une situation pareille.
-Je ne t’aurais jamais demandé une telle chose si j’étais encore avec elle, Hinata. Tu vaux beaucoup mieux que ça.
Ils avaient dû voir que je disais la vérité. La garde de Gaara baissa.
Je continuai sur ma lancée.
-Tu as rencart avec lui ? Demandai-je d’un ton que je forçais à être détaché.
Elle secoua la tête, et sourit légèrement.
-Non, on va juste quelque part.
-Je peux venir ?
La seule idée de la savoir seule avec lui me donnait des frissons dans le dos.
Elle se tourna vers Gaara pour avoir son approbation.
-C’est comme tu veux. Lui dit-il en souriant avant de nous laisser seuls.
Pourquoi lui souriait-il comme ça ?
-… Ok. Mais tu viens avec moi, dans ma voiture, et c’est moi qui conduis. M’informa-t-elle en mettant un index devant son visage pour signifier que c’était non négociable.
Je n’avais apparemment pas le choix…
-Entendu. Répondis-je en soupirant.
Enfin, le sourire que j’espérais voir depuis ce matin apparut. Et je me rendis compte que ça valait bien tous ces énervements d’aujourd’hui.
-Bon, je dois me dépêcher, j’ai EPS.
-Ok. A plus.
-Salut ! Répondit-elle en s’éloignant.
Je regardais toujours dans sa direction quand une voix derrière moi m’interpela.
-Sasuke.
Je roulai des yeux.
-…Sakura.
Nous étions assis sur les gradins du terrain de football. Sakura m’avait demandé, ou plutôt supplié, de lui accorder quelques minutes.
-Je suis désolée, Sasuke.
-Pourquoi ? Demandai-je sèchement. Pour avoir fait de la vie de Hinata un enfer ou pour l’avoir pratiquement battue à mort ?
Je vis qu’elle grinçait des dents à chaque mot que je prononçais.
-Pour… pour tout.
Il y avait des sanglots dans sa voix.
-J’ai été allée trop loin, et je m’en excuse. Mais il faut que tu comprennes que je n’ai jamais eu l’intention de te blesser ! Et te voir m’ignorer comma ça est au-delà de ce que je peux supporter !
Une larme coula sur sa joue.
Je soupirai. Dès qu’elle avait commencé à parler, je réalisai que je ne lui en voulais plus. Et cela m’irritait.
-… Tu n’es pas la seule en tort dans cette histoire. En fait, je lui ai bien plus fait mal que toi.
-… Tu me pardonnes ?
Je me tournais vers elle.
Elle me regardait, pleine d’espoir. Et la culpabilité me rattrapa.
Cette fille m’aimait. C’était évident dans ses yeux. Je faisais littéralement la pluie et le beau temps dans sa vie. Mais je ne pouvais pas me mettre avec elle. Elle était ma meilleure amie, mais cela s’arrêtait là. Je ne ressentais pas la même chose.
Je devais me rendre à l’évidence ; même si elle l’exprimait autrement que Hinata, elle devait souffrir autant qu’elle.
Finalement, je pris doucement sa main. Elle rougit légèrement.
-Tu dois passer à autre chose, Sakura. Toi et moi, ça n’arrivera jamais et tu le sais. Trouve quelqu’un qui pourra te rendre ton amour. Conseillai-je.
Elle écarquilla des yeux, puis se ressaisit.
-… Plus facile à dire qu’à faire…
-As-tu au moins essayé ?
Elle resta silencieuse pendant un moment.
-Non…
-Alors essaie d’abord. Insistai-je.
Elle me regarda pendant un moment, avant de hocher la tête de d’essuyer hâtivement ses larmes.
-Et toi, t’as déjà essayé de m’aimer ? Me demanda-t-elle.
Cette question me prit de cours. Je ne voulais pas la blesser davantage, pourtant si je lui mentais, cela rendrait nos vies infernales. Je ne pouvais pas laisser ça arriver.
-Oui. Admis-je. Quand j’ai pensé à avoir une copine, j’ai d’abord pensé à toi… Mais ça ne collait pas, dans ma tête.
Elle était blessée, je le remarquais.
-… Et puis, il y a eu Hinata. Finit-elle pour moi.
-… Et puis, il y a eu Hinata. Répétai-je.
On resta silencieux pendant un moment, avant qu’elle ne laisse échapper un petit soupir.
-D’accord, j’ai compris. Dit-elle en se levant. Je trouverai quelqu’un d’autre. Annonça-t-elle, en tentant de m’adresser un sourire.
-Tu trouveras. Assurai-je.
-Amis ?
Elle me tendit la main. Je la pris.
-Amis.
Elle hocha la tête et s’éloigna de moi. Arrivée à quelques mètres, elle se retourna et m’envoya un beau sourire.
-Elle a beaucoup de chance de t’avoir, tu sais ! Lançait-elle, en faisant référence à Hinata.
Je ne répondis pas. Je n’étais pas d’accord avec elle. C’était moi le veinard…
Voyant que je n’allais pas répondre, elle se tourna et me laissa seul.
En physique-chimie, Kakashi-sensei nous avait fait travailler en binôme. Et je me retrouvais avec Naruto.
Avant, j’aurais soupiré d’agacement, juste pour la forme ; au fond, j’aurais été content. Mais cette fois-là, j’appréhendais ce moment.
Notre relation avait été tendue depuis la soirée… Non, elle l’était depuis bien avant ça. Il mangeait avec moi et m’adressait toujours la parole, mais je sentais que quelque part, il aurait préféré être ailleurs. Toutefois, étant un ami fidèle, il restait.
Quand il entendit qu’on allait travailler ensemble, je le voyais froncer les sourcils et bougonner quelque chose. Ma théorie fut confirmée.
Nous prîmes place, et distribuâmes les tâches, et nous mîmes au travail.
C’était la première fois que nous devions travailler ensemble sur un devoir depuis mon retour…
Je ne l’avais jamais vu aussi silencieux. Et cela me mit mal à l’aise, je devais l’avouer.
-… J’ai vu Sakura tout à l’heure… Vous vous êtes parlé ? Dit-il enfin.
Sa voix était nonchalante et grave. J’aurais préféré qu’il ne parle pas tout d’un coup.
-Ouais.
-Et ?
-… Elle essaie de passer à autre chose.
-… C’est bien pour elle, il était temps.
Je hochai la tête.
-Tu ne ressens vraiment plus rien pour elle ? M’enquis-je.
-…Non, plus rien.
-Parce que tu t’intéresses à quelqu’un d’autre ?
Parce que tu t’intéresses à Hinata ?
Cette idée me fit un nœud à l’estomac. Parce que même si Gaara m’énervait parce qu’il tournait autour de Hinata, je savais qu’il y avait peu de chance qu’elle le préfère à moi. Naruto, c’était une toute autre histoire. Je ne savais pas si elle ressentait encore quelque chose pour lui… Je savais qu’elle m’aimait. Comme Naruto me l’avait dit l’autre jour, même lui l’avait remarqué. Mais ça ne voulait pas dire qu’elle était hors d’atteinte pour lui.
Je craignais même qu’un ou deux rendez-vous avec lui suffirait pour qu’elle retombe sous son charme… On pouvait dire ce que l’on voulait, Naruto avait quelque chose, quand même…
Je n’aurais jamais cru qu’un jour, je ressentirais de l’insécurité à cause de lui.
Il soupira.
-Je ne vois pas Hinata de cette façon, rassure-toi. Dit-il, comme exaspéré. Quoique ce serait peut-être bien si c’était le cas… Je la rendrais cent fois plus heureuse que toi…
Je voulus lui asséner un coup de coude monumental dans le flanc, mais me ravisai. Ca lui donnerait raison.
Je respirai un grand coup, et continuai à mettre en place le dispositif pour l’expérience sur l’optique que l’on devait réaliser.
Aucun de nous ne dit plus rien jusqu’à la fin du cours.
Le gymnase était vide. Ils avaient dû finir plus tôt.
J’étais plutôt déçu. J’avais espérer pouvoir lui parler et peut-être la raccompagner jusqu’à sa voiture.
Ca paraissait niais mais on vivait de ce que l’on avait.
J’entendis des pas derrière moi. En me retournant, je tombai face à face avec Naruto. Il était en tenue de sport et avait un ballon de basket sous le bras.
Quand il me vit, il s’arrêta net, surpris.
-Qu’est-ce que tu fais là ? Demandai-je.
-… Je vais faire quelques paniers. Répondit-il en se dirigeant vers le terrain. Il ne m’accorda pas un regard quand il passa à ma hauteur.
-Pourquoi ?
Il soupira, comme las.
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi tu vas faire quelques paniers ?
-C’est pas tes affaires.
Je le considérai pendant un moment, avant de reprendre.
-Tu joues tout seul, seulement quand t’as besoin de te défouler.
-… Il m’ignorait.
-T’es en colère contre qui, cette fois ?
-… Tu te demandes ? S’enquit-il, incrédule.
Je soupirai et allai m’installer sur un banc, à quelques mètres de lui.
-D’accord. Pourquoi tu m’en veux ?
-A ton avis ? Me demanda-t-il, toujours aussi froidement.
-Naruto. Le prévins-je.
Il savait que je détestais qu’on tourne autour du pot. Aller droit au but avait toujours été mon mot d’ordre.
Il allait tirer, mais se ravisa. Il plaça le ballon près de ses côtes, et me regarda. Je ne l’ai jamais vu ainsi avec moi. J’avais l’habitude de ses accès de colères violents et de la rage bouillonnant dans ses yeux. Mais je n’avais jamais rencontré cette fureur tranquille, qui électrisait l’air autour de lui, et le rendait très dangereux.
Il prit la parole.
-Hinata et moi, on est devenu de très bons amis depuis ton départ.
-…
Je ne voyais pas où il voulait en venir, mais je le laissai continuer.
-Tout a commencé le jour où t’es parti… Je faisais mon jogging matinal, et je passais toujours près du cimetière. Ce jour-là, je l’ai vue roulée en boule devant la pierre tombale de sa mère. Elle dormait, et de là où j’étais, j’ai vu que son visage était imbibé de larmes.
-…
Mon cœur se serra.
-Ensuite, j’ai entendu que tu as quitté, la vile, et j’ai fait le rapprochement. J’étais triste pour elle, mais, égoïste comme je suis, j’ai d’abord pensé à ma propre perte en apprenant que je ne reverrai plus mon meilleur ami pendant longtemps…
Je ne dis toujours rien.
-Mais quand je faisais mon jogging, tous les matins, je voyais Hinata au même endroit, dans le même état.
J’écarquillai les yeux. Je lui ai vraiment fait ça ?
-Je me demandai même si elle rentrait chez elle, le soir… un jour, j’en avais assez d’être triste pour elle tous les matins, sans rien faire. Alors un matin, je suis allé la voir et l’ai réveillée.
Il marqua une petite pause.
-T’as pas vu ses yeux ce jour-là, ni aucun autre jour, d’ailleurs… Ils étaient si vide ; je ne savais pas si c’était parce qu’elle ne ressentait rien ou parce qu’elle ressentait trop de choses… bref, c’était juste horrible de la voir comme ça…
Je baissai les yeux.
-Et depuis, on est devenus amis. Je sais plus si c’était parce que j’avais pitié d’elle ou juste parce que je voulais lui remonter le moral, mais j’ai donné mon maximum pour lui redonner le sourire… J’ai plus ou moins réussi…
J’attendais la suite.
-Je ne t’en avais pas voulu, pourtant. Quand t’es parti, j’avais à peu près deviné que tu ne l’aimais pas. Et je me suis dit que c’était pas de ta faute, après tout, on ne contrôle pas ces choses-là. Alors j’ai juste fait ce que j’ai pu pour qu’elle passe à autre chose.
Cela me tira un rictus.
-Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
-… Non, on n’est pas sortis ensemble… Je voulais dire que je l’emmenais à des fêtes, lui organisais des pique-niques avec Kiba et Shino et tout ça…
Je fus soulagé. Je ne savais pas comment j’aurais réagi s’ils s’étaient vus…
-Et après tu reviens ! Crois-moi, je suis content de te revoir, mais tu as juste gâché les dix-huit mois que j’ai passés avec les autres à la « réparer » !
Son ton était glacial.
-… Je peux revenir quand je veux, Konoha n’est pas à vous. Rétorquai-je.
-Mais c’est pas ça le problème ! S’emporta-t-il. L’ennui, c’est qu’en une nuit, tu l’as humiliée, lui as brisé le cœur, entaché son avenir, et avec l’aide de Sakura, amené la plupart des ces stupides gosses de riches à la détester ! Et tout ça, sans raison ! Non mais pour qui tu te prends ? T’as vu qu’elle commençait à apprendre à vivre sans toi et, égocentrique jusqu’à la pointe de tes cheveux glauques, tu ne pouvais pas le permettre, c’est ça?
Il était arrivé au point de me crier dessus… Si, il y avait une raison à mon comportement, même si elle me rendait encore plus condamnable. Je ne dis rien ; je ne voulais pas l’amener à me détester pour toujours. Parce que, il était le seul véritable ami que j’avais.
Mais au bout de quelques minutes, il s’apprêtait à partir, alors je devais parler.
-Pourquoi tu m’as pas dit tout ça avant ?
-Parce qu’avant j’étais pas sûr de pouvoir te dire tout ça sans chercher à te buter.
Au moins, ça avait le mérite d’être clair…
-… Je lui ai demandé de me redonner une chance.
-…………… Quoi ?
Il n’en croyait pas ses oreilles.
-Tout le monde sait que j’ai foiré, on est bien d’accord. Mais, j’ai voulu me rattraper, et lui faire oublier chaque goutte de larme qu’elle a versée à cause de moi…
Naruto rit ironiquement.
-Bon courage. C’est pas gagné…
Il s’est calmé, et je rendis grâce au ciel.
-Et elle a dit quoi ?
-… Elle a accepté.
Il écarquilla des yeux avant de rire tendrement.
-Ouais, c’est bien Hinata, ça.
Je souris.
-… Alors, tu ne m’en veux plus ?
-… T’as l’air de vouloir te rattraper. Et je fais confiance à Hinata là-dessus. Si elle croit que tu en vaux la peine, c’est sans doute vrai… Et puis, qui de nous tous n’a jamais dû faire appel à sa bonté ? Rit-il.
-T’as fait quoi, toi ?
-… Un jour, j’ai déchiré nounours sans faire exprès.
J’ouvris en grand les yeux. Cette peluche n’était pas ordinaire, aux yeux de Hinata. C’était la dernière preuve d’amour qu’elle avait reçu de son père. Et elle renoncerait à un fourgon blindé rempli d’argent en échange du jouet.
-Et après ?
-Je l’ai recousu, et il est comme neuf, mais j’ai bien vu qu’elle m’en voulait vraiment…
-Tu sais coudre, toi ?
-La ferme !
Je ris doucement.
-Bref, après on s’est réconcilié.
Je ris de plus belle.
-Mais Sasuke, laisse-moi te dire une chose.
Il redevint sérieux.
-Si jamais, tu lui refais le même coup une deuxième fois, tu nous auras, Kiba, Shino, Neji, Shikamaru, Gaara et moi, sur le dos. Et puisque je me défends aussi bien que toi, on te fera passer une sale, très sale journée ! Bien sûr, après je serai là pour te soigner, mais je t’aurais bien fait souffrir avant. T’as compris ?
C’ était la première fois qu’il me menaçait. Même quand Sakura pleurait à cause de moi quand on était gamins, il ne m’avait rien dit. Il se contentait de la consoler.
Hinata avait vraiment pris une grande place dans leurs cœurs… Je ne savais pas encore si je devais m’en réjouir pour elle, ou m’en méfier…
-Oui j’ai compris.
Je n’étais pas idiot et j’apprenais vite de mes erreurs, après tout.
-Bon, on se fait un match ? Me proposa-t-il.
J’esquissai un sourire.
-Prépare-toi à perdre. Le défiai-je.
-Dans tes rêves !
Enfin, tout est redevenu comme avant, entre nous.
En rentrant chez moi, je fus surpris de voir Itachi, assis dans le canapé du salon.
-T’es déjà rentré ? Il est que dix-sept heures.
-J’ai fini tout ce que j’avais à faire, et aujourd’hui je voulais rentrer tôt.
-Une première ! M’exclamai-je en m’asseyant en face de lui.
J’étais heureux de le voir, en fait. Depuis tout petit, Itachi était littéralement mon idole. Vraiment, je l’avais adoré. Et je l’adorais toujours. Le moindre de ses gestes relevaient de l’exploit, à mes yeux. Et en grandissant, j’agissais de manière à pouvoir être exactement comme lui, un de ces jours. C’en était ainsi jusqu’à ce que je fréquente Hinata. En voyant que même après avoir rencontré mon frère, elle ne voulait être qu’avec moi, j’ai cessé de chercher des moyens de devenir comme lui. Et en découvrant qu’Itachi avait des vues sur elle, qu’elle le savait et qu’elle restait quand même avec moi, mon égo était considérablement boosté.
-Comment était ta journée ? Me demanda-t-il.
-…Productive.
-Mais encore ?
-J’ai convaincu Sakura de renoncer à moi, et je me suis réconcilié avec Naruto.
Il fronça le sourcil.
-Je ne savais pas que vous étiez fâchés…
-C’est lui qui m’en voulait. Il était furieux à cause de ce que j’ai fait en début Février.
-C’est vrai que c’était idiot de ta part…
-… Je te l’accorde…
-Et t’en es où avec Hinata ?
-… Ca avance doucement. Elle m’avait ignorée pendant toute la matinée parce qu’elle croyait que j’essayais de sortir avec elle et Karin en même temps… J’avais oublié de lui dire qu’on avait rompu…
Itachi en rit.
-C’est bien fait pour toi. Considère ça comme une leçon de vie, et arrête de te comporter comme le dernier des imbéciles. Me conseilla-t-il calmement.
-… La seule note positive, c’est que maintenant, j’ai assez d’expérience pour faire de Hinata la femme la plus heureuse du monde. Souris-je sournoisement.
Son visage se figea.
-Evitons ce sujet, tu veux bien ? Proposa-t-il.
Une vague de culpabilité me submergea.
-… Je suis désolé…
Il ne répondit pas.
-… Tu ne m’as jamais détesté pour ça, Itachi ? Franchement ?
Mon ton était mal assuré.
-… Je te mentirais si je te disais que je ne t’envie pas. Je donnerai même tout ce que j’ai si ça lui permettait de me choisir moi… Et quand vous vous êtes séparés, je l’admets, j’étais furieux contre toi. Si tu l’avais vu près de la tombe de sa mère, ce jour-là…
-Tu l’as vu là-bas aussi ? Naruto m’en a parlé…
Il hocha la tête.
-La voir souffrir autant m’a vraiment torturé. Mais c’est toi qu’elle voulait, alors je ne pouvais rien faire…
-…
-Mais je ne t’ai jamais détesté. Tu es mon frère, et quoi que tu fasses, je t’aimerai toujours…
Mettre mes sentiments à nu m’a toujours mis mal à l’aise.
Je souris légèrement, et il me le rendit.
-Prends bien soin d’elle, Sasuke. Elle mérite d’être heureuse.
-Je vais tout faire pour. Promis-je. Et toi, essaies de te trouver quelqu’un d’autre ! C’est triste de te voir malheureux comme ça !
-Je crois entendre Hinata.
-Elle a raison, tu sais !
-… Je vais y réfléchir.
Quand je gagnai ma chambre, je composais son numéro, que je connaissais par cœur. -Allô ?
-Salut ! Je t’ai pas vu cet aprèm’… -Bonsoir ! Oui, euh, on a fini plus tôt.
Entendre sa douce et si mélodieuse voix me fit sourire.
-C’était comment l’EPS ?
Je l’entendis émettre un bruit plaintif. -Gai-sensei nous a emmenés en salle de gym… J’ai déjà des courbatures, maintenant… Prépare-toi, demain c’est ton tour ! Me rappela-t-elle.
-Merci du conseil ! Répondis-je en souriant. -… Sasuke ?
Mon nom à ses lèvres valait les meilleurs morceaux des meilleurs musiciens du monde.
-Oui ? -C’est vrai ce que t’as dit ce midi ? Tu as vraiment rompu avec Karin ?
J’étais un peu vexé qu’elle ne me fasse pas confiance, mais bon ; je n’avais que ce que je méritais.
-Oui, je te le jure. Je ne ferai jamais une chose pareille… En plus, même si je suis un Uchiha, deux filles restent trop dures à gérer… La taquinai-je.
Elle se mit à rire. Il n’y avait qu’elle pour rire d’une blague qui la visait en partie…
Et ma poitrine se réchauffa en entendant ce son. -Je dois y aller, mes devoirs m’attendent. M’annonça-t-il.
-Ok… Ca tiens toujours, pour mercredi ? -Oui. A condition que je conduis.
-Oui chef ! Dis-je en souriant. -Bonne nuit, Sasuke !
-Bonne nuit, Hinata.