La guerre de l'ombre.


Fanfiction Naruto écrite par abymesboss (Recueil de abymesboss)
Publiée le 04/06/2014 sur The Way Of Naruto



Merci à Masashi Kishimoto pour avoir réalisé cette histoires et tous ces personnages attachant qui sont une vraie manne divine pour un fanfickeur.

*Quelle orthographe !*



Chapitre 7: Vaciller.



Les enivrantes odeurs d'encens faisaient tourner la tête de Shikamaru et lui donnaient des haut-le-corps. Pourtant, pour rien au monde il ne serait parti.
Ils étaient tous les quatre, Haku, Choji, Ino et lui devant la tombe de Zabuza, entre la façade arrière de la maison et le fleuve. C'était Haku, aidé par Ino, qui l'avait construite ; ce n'était qu'un socle de pierre, dans lequel Haku avait planté une épée avec une force incroyable, celle de sa douleur. A présent ils contemplaient leur œuvre, ainsi que le dernier repos de celui qui avait tout été pour Haku, et qui leur avait sauvé la vie.
Malgré lui, Shikamaru sentit les larmes lui piquer les yeux. Il s'essuya rapidement et machinalement, mais il ne pouvait dénouer la boule installée dans sa gorge et dans son ventre. Devant lui, Haku était prostré face à la tombe, le regard vide, sans une larme, une effrayante pâleur sur son visage figé. La souffrance semblait l'avoir terrassé, lui avoir arraché le cœur. Le jovial garçon toujours serviable, gentil, souriant, amical avec eux trois, et idolâtrant Zabuza, était enterré dans la tombe de ce dernier. La gorge de Shikamaru se serra davantage en songeant que c'était peut être leur faute si Kisame était venu perturber cette maison tranquille. Ils avaient trouvé une relative sécurité ; mais à quel prix ?
Le visage blême, Ino et Choji étaient également figés à ses côtés, aussi choqués que lui. Ino serrait la grande main de Choji de sa petite et frêle poigne, comme si elle s'accrochait à une corde en pleine tempête. Shikamaru la plaignait : en plus de la mort de Zabuza et de la douleur d'Haku, elle devait affronter la menace de mort et de torture de Kisame. Comment pourrait-elle dormir, alors que chaque craquement au-dehors lui donnerait l'impression qu'il venait la chercher ? Il avait fait de sa vie une vie de terreur.
Quelques minutes immobiles et silencieuses passèrent, puis une heure. Shikamaru ne songeait même pas à bailler. Il contemplait les nuages, le regard fixe. Un moment, Choji le tira par la manche pour lui faire signe de laisser Haku seul. Il acquiesça et les suivit en silence. Depuis le début Haku n'avait pas fait un geste, pas laissé échapper un son.
Séparés de la vision de la tombe par la maison, ils se sentirent tout de suite un peu mieux, comme si on leur avait ôté un poids. Ils se regardèrent, un peu gênés, et Ino glissa sa main hors de celle de Choji. Quelques instants s'écoulèrent, puis Choji rompit le silence.
« Bon...
- Oui.

- C'est horrible, murmura Choji.
- Tu l'as dis...
- Qu'est-ce que vous croyez que Haku va faire maintenant ?
- J'espère qu'elle... pardon, qu'il ne va pas sombrer dans le désespoir...
- M'est avis qu'il va chercher à tuer Kisame...
- Ce ne serait pas une si mauvaise idée. Cette... chose mérite pire que la mort.
- Ouais.
- Et nous, que va-t-on faire ?
- J'en sais rien... j'en ai marre de me faire attaquer. Et j'aimerai bien savoir si nos parents sont en sécurité...
- Eh bien...
- Il faut que vous veniez avec moi », intervint Ino à voix basse, ouvrant la bouche pour la première fois depuis un long moment. Les deux amis se tournèrent vers elle, et Shikamaru haussa un sourcil. Le visage blême, les lèvres serrées, Ino affichait un visage qu'il ne lui avait jamais vu. Comme si un masque de joie et de futilité venait de tomber de son visage.

« Je... je pensais pouvoir me défendre. Vous défendre. Mais... » Sa voix trembla. « J'ai honte de voir à quel point je me suis surestimée. » Elle baissa la tête, l'air complètement abattu. Elle la redressa aussitôt lorsque Choji posa une main douce sur son épaule.

« Tu nous as déjà plus protégés que nécessaires, déclara-t-il gravement. Personne ne pourrait tenir tête à ces monstres, et personne n'aurait pu imaginer que nous serions attaqués par un être aussi fort, et surtout pas nous. Tu n'as rien à te reprocher Ino. »

La jeune fille eut un pauvre sourire, et jeta un coup d'oeil à Shikamaru, comme en quête d'approbation. Ce dernier croisa les bras et détourna la tête. « Choji a tout dit », dit-il simplement.

Alors, la tension sembla quitter les épaules d'Ino, comme si un poids énorme venait juste d'en tomber. Sans le regarder, elle pressa la main de Choji, et murmura un « merci » tout bas. Puis elle se redressa, sa combativité retrouvée.

« J'ai des choses à vous dire, commença-t-elle en les regardant tour à tour droit dans les yeux. Notre rencontre n'était pas due au hasard. Je vous cherchais.

Les deux amis échangèrent un regard surpris, mais Ino semblait décidée à vider son sac, alors ils décidèrent de se taire et de simplement écouter.

« Je fais partie d'une organisation qui combat les êtres comme le requin qui nous a attaqués. Nous avons appris que votre village avait été attaqué, et on m'a envoyée ici avec pour mission de vous retrouver et de vous garder en sécurité. Je crois que personne n'avait prévu que nous aurions à affronter ce genre de... monstre.

- Attend un moment, la coupa Shikamaru, n'y tenant plus. Quelle organisation ? Qui sont ces types ? Et qu'est-ce que aviez à faire de nous ?

- Ce n'est pas vraiment à moi de vous expliquer ça. Je vais vous amener à mon maître, qui vous expliquera tout, c'est promis. En attendant, je vous demande de continuer à me faire confiance, et de me suivre. Nous serons bien plus en sécurité une fois que nous aurons rejoins mon maître, je peux vous le garantir. » Elle prit une inspiration profonde, comme si elle s'apprêtait à franchir un obstacle particulièrement haut. « Vous voulez bien me refaire confiance ?

- Oui, répondit simplement Choji.

- Je n'irai pas jusqu'à dire que j'apprécie les cachotteries de ce genre, marmonna Shikamaru, mais j'avoue que je ne dirai pas non à un peu de sécurité.

- Ça c'est juste qu'il est incapable d'accepter quelque chose sans trouver de quoi râler, ajouta Choji avec un sourire. »

Shikamaru lui adressa une grimace, et Ino se mirent à rire doucement. C'était agréable de la voir rire à nouveau ; la peur et le chagrin avaient été bien trop présents dans leurs vies ces derniers temps. Demain, ils se mettraient en route pour la destination qu'elle leur avait choisi, recommençant de fuir, mais ce soir, ils voulaient simplement oublier la souffrance et la mort l'espace d'un instant.


Non loin, un oiseau solitaire chantait sur une branche basse.
Très doucement, Haku sanglotait.

Le lendemain, ils se réveillèrent dehors, ayant passé la nuit à la belle étoile à parler de tout et de rien, et à bailler. Éreintés, frissonnants, perclus de courbatures, ils se sentaient pourtant comme si ils formaient un trio indestructible.
Ils se dirigèrent vers la tombe de Zabuza, espérant qu'Haku n'y avait pas passé la nuit, leur humeur s'assombrissant au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de la maison. La cabane hier si accueillante avait aujourd'hui quelque chose de macabre. Plus de Haku, souriant, qui les attendait sur le pas de la porte, portant un petit déjeuner encore fumant sur un plateau, et plus de Zabuza avec son imposante stature qui arrivait toujours quand on s'y attendait le moins. La maison était vide, sombre, et ses volets claquaient. Une maison encore habitée par la mort.
A la façade arrière, près de la tombe de Zabuza, pas de Haku. Mi soulagé, mi inquiet, le trio fit le tour de la maison sans voir personne. Ils prirent leur courage à deux mains et y entrèrent, parcoururent toutes les pièces sans apercevoir nulle trace d'Haku. Tout était bien propre et rangé.
Haku s'était volatilisé.
Et ils se doutaient bien de son but.


*


La pièce était obscure, comme emplie de nuit. Une âcre odeur de sang y flottait, due aux tâches sombres qui avaient éclaboussé les murs et le sol de pierre. L'air y était glacial, et on n'y pouvait expirer sans produire un nuage de vapeur. Vapeur de l'âme qui s'enfuit hors du corps torturé.
Dans un coin de ce cachot, un corps était prostré, à peine vivant. On avait attaché ses poignets contre le mur à l'aide de bracelets en acier enchâssés entre les pierres, et il pendait lamentablement, le menton posée sur sa poitrine. Son corps était couvert de blessures toutes plus horribles les unes que les autres, rouges, sanguinolentes et jaune de pus, attestant des effroyables tortures qu'on lui avait fait subir. Il était torse nu, et s'il n'avait été rouge de sang, son corps serait sans doute blafard de froid, de la pâleur de la mort qui n'avait pour l'instant saisi que ses mains et ses paupières closes. Il était si immobile qu'il semblait mort ; mais quand un bruit étouffé de cris désespérés lui parvint, il tressaillit.
Un autre son se fit entendre : un bruit lointain de pas. Lentement, il releva la tête. Derrière sa tignasse indisciplinée et ses cheveux collés par le sang séché, ses yeux s'ouvrirent lentement, comme si l'effort à fournir était trop intense. Ils étaient vairons : l'un des deux était d'un noir profond, et l'autre rouge sombre, orné de motifs compliqués semblables à des virgules. Son regard était la seule partie de son corps qui gardât un peu de vie : à cet instant, il semblait hésiter entre un profond bonheur et un désespoir absolu.
Qui donc venait ? Étaient-ce eux ? Revenaient-ils le torturer ? Revenaient-ils déjà ? Non ! Cela ne se pouvait, pas si tôt. Il sentait encore sur son ventre la chaleur du sang résultant de leurs dernières pratiques. La peur le prit violemment, le lacérant de ses crocs aussi âprement que leurs couteaux. Il serra les dents. S'il devait en être ainsi... cette fois il ne crierait pas. Il se le promettait à chaque fois, et à chaque fois il faillissait, mais cette fois, c'était la bonne. Il leur prouverait que lui aussi pouvait avoir du courage, qu'il était pas l'éternel lâche...
Les pas lui devenaient plus audibles au fur et à mesure que la ou les personnes s'approchaient de son cachot. En tendant l'oreille, il s'aperçut que les pas n'étaient pas lents et assurés comme ceux de ses tortionnaires mais hésitants et pressés. Les crocs de la terreur se transformèrent en deux petites ailes, et, bien qu'il soit toujours attaché par les poignets, il se sentait voler. Une sourire envahit lentement son visage supplicié, et il fit un effort surhumain pour se redresser et bomber un tout petit peu le torse, pour avoir moins l'air d'un martyre. Cette pose le faisait atrocement souffrir, mais il ne pensait déjà plus à la douleur. Elle arrivait, l'ange de son Enfer, le soleil de ses géhennes. Elle venait le voir.
Un minuscule rayon de lumière pénétra dans la pièce lorsque quelqu'un entrouvrit la porte du cachot pour y glisser rapidement un corps mince, puis disparut dans l'instant. Une voix hésitante s'éleva dans la noirceur glacée de la pièce :
« C'est moi..., souffla la personne.
- Je suis là ! Fit-il joyeusement en remerciant les Dieux pour la relative fermeté de sa voix.
Un léger écho lui indiqua que la personne s'approchait de lui. Quelques instants plus tard, une paume se posa sur sa joue, divinement chaude et douce, lui faisant oublier l'espace d'un instant béni les morsures aiguës des armes qui lui lacéraient et lui lacéreraient la peau du ventre et du dos. Il sourit à la jeune fille qu'il voyait à peine dans le noir, et qui le regardait d'un air affligé et profondément peiné.
« Quels monstres... murmura-t-elle. Attends, je vais te prodiguer quelques soins.
- Laisse Rin, ça ne fait pas mal, mentit-il crâneusement.
- Cesse de débiter des âneries, soupira Rin. Attends, ne bouge pas, je vais...
Sans cesser de chuchoter, elle lui releva le menton et fit couleur de l'eau froide dans sa bouche. Il déglutit avec un soupir de soulagement, puis se dégagea.
« Je n'avais pas soif, marmonna-t-il. Un héros n'a pas soif dans ces conditions là, et puis il peut endurer les privations.
- Un héros a soif et ne peut supporter les privations. La preuve, tu êtes un héros, et pourtant tu as soif. Tes mensonges ne prennent pas avec moi.
- C'est vrai ? Je suis un héros ?
Rin soupira d'une feinte irritation, mais sa voix tremblait un peu lorsqu'elle lui répondit.
« Évidemment. Voilà deux mois que tu es ici. Tu n'as pas vingt ans. N'importe qui à ta place aurait cédé, serait mort, serait devenu fou... Et pourtant tu arrives encore à sourire et à parler.
Toi, aurait-il voulu dire, c'est à cause de toi que je tiens, c'est à cause de toi que je souffre, alors qu'il me serait facile de mourir, à cause de lui aussi, c'est vous qui me maintenez en vie. Mais il était si heureux et si fier qu'elle lui dise qu'il était un héros qu'il tint sa langue, et se contenta d'arborer un sourire crâneur qui rouvrit une plaie sur sa joue.
« J'ai même pas crié la dernière fois, fanfaronna-t-il en mentant honteusement une fois encore. Il se mit à trembler de tout son corps. Et ils ont pas eu ce qu'ils voulaient ! Je suis un héros hein ?
Elle tressaillit, et ne dit rien, luttant contre ses larmes. Lui guettait son approbation. Comment aurait-elle pu deviner qu'elle était l'unique chose à laquelle il pensait lorsqu'il sentait les couteaux s'enfoncer dans sa chair ? Qu'il n'avait qu'une chose en tête pendant qu'il hurlait de douleur : la revoir, sentir ses mains guérir ses blessures et l'entendre dire qu'il était un héros.
Rin s'activa sans un mot, effleurant ses plaies sanguinolentes qu'elle guérissait au fur et à mesure, et il sentait sa douleur s'estomper cependant que le sang cessait de sourdre.
« Merci. » Il mourait d'envie de lui quémander une étreinte pour lui réchauffer le coeur et le corps, ou un baiser, mais il ne voulait pas passer pour plus faible qu'il n'était déjà. Alors il tint sa langue.
Elle renifla et s'essuya rapidement les yeux. Puis elle se haussa sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.
« C'est normal. C'est un honneur de soigner un héros.
Il eut comme des papillons dans le ventre, et se mit à afficher une espèce de sourire idiot et plein d'orgueil. Elle ne put s'empêcher de rire doucement, créant comme un mélodie dans le noir de la cellule.
« Tu n'as plus mal ? Reprit-elle.
- Non, mais je n'avais pas mal au début de toute façon !
- Très bien. Tu as faim ?
- Je peux endurer les privations, répliqua-t-il. Nonobstant ses paroles, son ventre se mit à gargouiller bruyamment.
Faisant plus confiance au ventre qu'à la bouche, Rin sortit de sous son tablier un morceau de pain noir, et le lui fit manger en lui donnant des petits bouts pour ne pas blesser ses lèvres tuméfiées. Lorsqu'il eut fini de se sustenter, Rin ramassa les quelques miettes qui auraient pu la trahir, puis se retourna vers lui.
Quand elle était descendue le voir la première fois, il était au bord de l'abîme, hésitant entre mourir, céder, et plonger dans la folie. Elle lui avait prodigué des soins, elle l'avait nourri et abreuvé, mais, plus encore, elle avait apporté de la douceur dans son monde d'horreur et de souffrance, et, surtout, elle lui avait donné une raison de tenir, une lueur qu'il pouvait fixer pendant son supplice, pour ne pas sombrer. Aujourd'hui, son corps était en bien pire état qu'avant, mais son âme était étrangement régénérée.
Ce qu'il ne savait pas, c'était que la chambre de sa sauveuse, à laquelle il disait mensonge sur mensonge, était juste au-dessus de son cachot.
Ce soir-là encore, Rin resta figée toute la nuit, les bras entourant ses jambes, le menton posé sur ses genoux, tremblante de terreur. Lorsque les cris de douleur se transformèrent en supplications, elle se mordit les lèvres au sang, et lorsqu'il commença à hurler son nom, elle se mit à sangloter.