Non... c'est impossible...
Le corps de Zabuza s'écroula dans l'herbe, souillant le sol de son sang. Avant que quiconque ait pu faire quoi que ce soit, Kisame jeta son sabre au sol, et se saisit de celui du mort avec un sourire satisfait.
Une seconde plus tard, Haku hurla.
Pas Zabuza... Non... Non !
Son cri ébranla Shikamaru au plus profond de son âme. À quelques mètres de là, Ino posa la main sur son coeur, un larme roulant sur sa joue. Le hurlement du garçon était si plein de douleur et de désespoir que nul ne pouvait l'entendre sans ressentir une infime partie du chagrin qui l'étreignait. Même Kisame tressaillit légèrement, mais il se reprit bien vite.
« Désolé pour toi, moustique, fit-il sarcastiquement. Ton maître s'est frotté à plus fort que lui...
C'est sa faute... Il va payer.
Il se stoppa brutalement et poussa à son tour un cri, mais uniquement de douleur. Sans qu'ils aient pu apercevoir son mouvement, Haku s'était approché de lui, un dizaine d'aiguilles à la main. Son déplacement avait été aussi, si ce n'est plus rapide que d'ordinaire, et quand Kisame hurla, il se trouvait déjà agenouillé auprès de Zabuza, secoué de sanglots.
« Za... Zabuza... non... non... lève toi... lève toi !
Shikamaru frissonna quand il vit où étaient passées les aiguilles. Avec toute la fureur de sa haine, Haku les avaient plantés sous les ongles de Kisame, une par doigts, et la plupart des ongles avaient été arrachés. La douleur devait être terrible. Une dernière avait perforé sa langue.
Avec des gestes violents, Kisame avait extirpé chacune des épines sans hésitation. Du sang se mit à couler le long de ses doigts, et il grimaça quand sa main se referma sur le manche du katana de Zabuza. Il se tourna vers Haku qui était toujours prostré auprès de Zabuza, rendu misérable dans la douleur.
« Misérable cafard... gronda l'homme-requin.
Il avança d'un pas.
« La mort de ton maître te semblera douce comparé à ce que je vais te faire subir.
Plus rien ne me semblera doux maintenant que Zabuza est mort.
Haku se retourna vers lui et il écarquilla les yeux et s'immobilisa. Tout d'abord, Shikamaru crut que le regard haineux que le garçon avait posé sur lui l'avait interloqué, mais ce qui l'avait figé se trouvait dans sa main. C'était la longue aiguille blanche que Shikamaru avait entraperçue le matin même.
Haku se redressa et tendit son bras pour pointer l'aiguille sur l'homme-poisson. Kisame se reprit et esquissa un sourire.
« Décidément, on dirait que j'ai tiré le gros lot. Après, le Katana, le Poignard, et peut être même l'Arc, voilà que l'Aiguille se présente à moi. C'est trop facile. Une bande de larves avec autant d'Objets de pouvoir ! Voilà qui est un peu décevant. Je vais m'en emparer avec facilité, puis rentrer tranquillement à la base de l'Akatsuki...
Il sembla réfléchir un instant.
« Non, je crois que je ne vais rien faire. Je ne vais pas mâcher le travail de ce cher Sasori ! Et Orochimaru mérite quelques tortures supplémentaires... de toute façon mon travail est terminé ici. Bye les mioches !
- Je ne te laisserais pas partir.
Kisame eut l'air surpris. Le beau visage de Haku était tordu de haine.
« Je te laisse la vie, petit moustique ! Tu devrais m'en être reconnaissant.
- Sans Zabuza, je n'ai plus de vie.
Kisame hurla de rire.
« C'est pathétique ! Pauvre petite chose perdue sans celui qu'elle considère comme son père. Allez, va ! Si tu es sage, je te laisserais peut être nettoyer son sang.
Sans sembler l'écouter, Haku ferma les yeux, et son visage se détendit. Ses doigts étaient tout blancs, comme s'ils étaient engourdis de froid.
Shikamaru profita de ce court répit pour jeter un rapide coup d’œil à Choji et Ino. La jeune fille était agenouillée aux côtés de Choji. Elle tremblait, et son ami, malgré sa jambe tordue et ensanglantée, tentait maladroitement de la réconforter en serrant sa main. La jointure des doigts qui tenaient son arc blanchissaient tant elle serrait celui-ci. Le regard de Choji croisa celui de Shikamaru. Il rougit, mais ne retira pas sa main de celle d'Ino. Shikamaru n'eut aucune réaction, et reporta son regard sur les deux combattants.
Ses yeux faillirent le louper, mais il réussit à enregistrer le mouvement du garçon. Haku filait autour de Kisame, créant une sorte de petite tornade de poussière. Une traînée blanche comme la queue d'une comète marquait l'aiguille blanche. Kisame regardait autour de lui, totalement concentré, le katana de Zabuza levé devant lui.
Shikamaru cligna des yeux. La traînée blanche s'était gravée dans sa rétine et il lui semblait voir une cercle qui entourait Kisame. Haku avait atteint une telle vitesse qu'il était devenu invisible. Une volée d'épines provenant du cercle fictif fila en direction de Kisame. Cling ! Cling ! Cling ! Toutes les armes tombèrent à terre, abattues par un mouvement fluide du katana. Mais quelques secondes plus tard, Kisame écarquilla les yeux. L'aiguille blanche était plantée dans son crâne.
Souffre !
« Arrrrr !! hurla Kisame.
Haku appuya un peu plus sur l'épine, et le corps de l'homme-requin s'agita de convulsion.
« Tu as tué... la seule personne qui comptait pour moi. Tu as anéanti ma raison de vivre. » Il se tut un instant, la gorge serrée. « Y a-t-il un châtiment qui pourrait te faire souffrir autant que je souffre moi ? Qu'est-ce qui pourrait te donner une idée de la torture que je vis en ce moment ? » Il ferma les yeux. Une unique larme coula sur son beau visage. « Je n'ai plus d'âme, souffla-t-il. Zabuza... reviens, je t'en supplie. Je suis perdu...
- Je me fiche de tes états d'âme, insignifiant moustique ! Cracha Kisame d'un ton empli de rage et de souffrance.
Je te vengerais, Zabuza. Pour toi, et uniquement pour toi... l'ange deviendra démon.
Kisame poussa un nouveau hurlement, beaucoup plus fort. Son corps se convulsa en tous sens, et sa main lâcha le katana sous l'effet d'un spasme plus fort que les autres.
« Maudit insecte, parvint-il à grogner.
D'un geste convulsif et presque instinctif, tant sa douleur devait être grande, Kisame releva violemment son coude et parvint à atteindre Haku au menton. Shikamaru écarquilla les yeux : comment avait-il pu être surpris par cet homme qui devait être d'une incroyable lenteur pour lui ? Le chagrin était bien plus redoutable qu'il ne le pensait.
Haku vacilla, une demi-seconde seulement. Mais ce court laps de temps suffit à Kisame pour se dégager. Il bondit en arrière en attrapant le katana de Zabuza au passage et adressa un regard de haine pure au garçon.
« Toi... regarde où tu marche. Dresse l'oreille. Parce qu'un jour je te retrouverais, et je te ferais la peau. Et vous trois... » Il se tourna vers Shikamaru. « Ne croyez pas voyager en paix. Nous serons toujours derrière vous.
Tu ne partiras pas !
Haku bondit, mais Kisame brandit son katana et le plongea dans son bras. Il traça un dessin ensanglanté au sol et disparut avant même qu'Haku ne l'ai atteint.
Non... non...
Shikamaru hésita un instant, puis fit quelques pas en direction du garçon.
« Haku ..? Est-ce que ça va ..?
Non, ça ne va pas. Plus jamais ça n'ira.
« Zabuza... gémit le garçon avant de s'effondrer dans l'herbe, aux côtés du cadavre.
Shikamaru écarquilla les yeux et commença à paniquer. Pouvait-on mourir de chagrin ?
« Ino ! Appela-t-il.
- Je suis là.
Il sursauta : elle se tenait juste à côté de lui, et il ne l'avait pas vue arriver. Choji boitillait dans la direction de Haku tant bien que mal
« Tu ne peux pas faire quelque chose pour lui ?
- Il n'es pas blessé... Je ne peux rien contre les blessures de l'âme.
- Mais... il ne va pas mourir !
- Non, je ne pense pas, le rassura Ino avec un pauvre sourire. Malheureusement pour lui d'ailleurs...
Shikamaru resta silencieux.
« Allez, viens, reprit Ino, il faut faire des funérailles pour Zabuza. Et s'occuper d'Haku...
Il acquiesça et ils rejoignirent Choji, le cadavre de Zabuza, et le corps toujours sans connaissance de Haku.