Dans le couloir sombre, une femme de ménage tirant la tronche, employée fade d'un établissement d'accueil des personnes âgées quelconque.
Janvier appuya sur la sonnette une seconde fois, il allait partir quand la porte du petit appartement insalubre s'ouvrit. Le vieil homme qui y résidait avait le visage difforme, le corps courbé et la voix usée.
A Konoha, les anciens combattants ont le droit à une assistance publique, et leur famille aussi. La récompense du sacrifice parait-il. Cette aide sociale se concrétise par une assistance de tutelle pour les bénéficiaires ne pouvant subvenir à leurs besoins.
Janvier marchait sur les pas de son hôte, dégoutés par les nombreux cafard qui squattaient le logement. De grade Chunnin, Janvier voulait faire son travail le plus vite possible, d'autant que ces fils de samurai ne l’intéressaient pas, leur sort non plus.
Il essaya donc d'expliquer aussi simplement et brièvement que possible la mesure en cours, ses tenant et ses aboutissants.
Expliquer la protection publique à une personne, l'informer de ses droits est une obligation légale, pour faire prévaloir l’intérêt de l'usager parait-il. Alors Janvier s’acquittait de ce devoir sachant que ces fous, ces miséreux, ces séniles ne comprennent pas de toute façon. Alors il le leur disait les choses comme à des enfants, quoi qu'on a plus de sympathie pour un enfant, qui a un avenir.
Le nouveau "protégé" de Janvier avait le droit à l'aide publique étant le fils d'un guerrier ancien, le colonel Musa. Connu des services de santé et des services sociaux, cet homme a finalement été mis sous tutelle. Il croulait sous les dettes, sa santé puait la mort et il délirait. Sans aggraver la description de la situation, car catastropher rend les "protégés" non plus chiants mais insupportable, peignait la situation actuelle et évoquait déjà les projets de rééquilibrage. Le protégé ne pourra même plus payer le loyer de ce taudis, et aura le droit à deux pièces par semaines en guise d'argent de poche sur sa pension.
le Protégé ne l'écoutait pas, il bidouillait la télévision, elle ne marchait plus. Il fallait faire quelque chose pour la télévision "Vous pourrez faire quelque chose pour la télé mon bon Monsieur... votre nom vous disiez?"
_Janvier, Monsieur.
Revenu au bureau, Janvier croisait ses amis en pause, fumant leur clope. Il s'en grilla une.
-Alors ce rendez vous?
"Oh le cas soc quoi! encore une protection de merde. Il cumule toutes les merdes: surendetté, infirme et fou. Comme si j'avais pas assez de travail avec les autres ramollis. Pourquoi j'ai autant de vieux mourants? On pourra même pas faire d'obsèques.
Ce gars là n'a pas compris un seul mot! ça sera quoi les visites obligatoires? j’avais me contenter de regarder ses yeux vitreux".
Après quelques imitations qui firent bien rire ce public de ninjas n'ayant jamais connu les champs de batailles, M Juin, le cadre, se joignit au groupe pour s'en allumer une aussi. Janvier reportait les propos délirants du vieux sous protection publique, des histoires de guerre et de gloire, de mort et d'Histoire.
"Et son identité? interrogea sévèrement Juin, vous l'avez établi?".
"Bah je vais lancer une recherche au service de l'imprimerie publique, parce que lui n'a pas de papiers et il n'est pas le fils de Musa, il et LE colonel Musa" rigolait Janvier en faisant un salut militaire samurai"
"Convoquez le dans mon bureau, officiellement on n'a aucune obligation ni aucun droit tant que son identité n'est pas établie, lorsqu'il se présentera, vous avez intérêt à avoir avancé dans la recherche" ordonna Juin.
Une semaine plus tard le Protégé sans papiers se présenta, on le fit patienter sur une chaise dans le couloir et on l'oublia. Peu à peu il fût montré discrètement du doigt, devint sujet d’intérêt, c'était lui le nouveau problème de Janvier. Juin revint finalement dans les locaux, avec sa vivacité habituelle, il revenait d'une réunion à la cour martiale pour divers problème de violences causés par les miséreux sous sa protection. Janvier lui présenta alors le vieil homme nouvellement Protégé, Juin l'invita dans son bureau après un salut profondément respectueux qui surpris un peu Janvier.
L'entretien fût long, Janvier n'arrivait pas à travailler sur les autres dossiers, il attendait la fin de l'entretien entre son patron et ce vieil homme.
Lorsque la porte du bureau s'ouvrit, tous les collègues ressentirent la même émotion, ce sentiment fugitif et discret qu'ils n'arrivaient pas à comprendre chez eux même.
Le vieil homme était moins courbé, son visage abîmé par la vie était devenu un visage fier, son austérité était devenu une sorte de rigueur martiale. lorsque le vieil homme prit congé, toujours avec sa courtoisie marquée et démodée, Juin s'adressa à Janvier:
"Vous n'avez toujours pas pu établir qu'il est le fils de Musa n'est ce pas? Ce vieil homme à la mémoire défaillante connait bien l'histoire de Musa, je la connait aussi..."
"Je ne suis pas un spécialiste des guerres féodales" l'interrompit Janvier. Juin repris sans considération:
"Le colonel Musa est un samurai ayant combattu pour les ninjas, connu pour les batailles en rase campagne, et pour sa mort héroïque lors
de la prise de la dernière forteresse de contre-révolutionnaires. Ce vieil homme affirme être Musa, il ne serait pas mort mais laissé pour mort, emprisonné par Iwa pour vagabondage, il n'a été libéré que récemment. Il affirme avoir des témoins du village d'Iwa, et des documents officiels là-bas attestant son identité."
Janvier pensait aux propos du vieil homme, prétendument Musa, qui affirmait avoir beaucoup d'argent et de propriétés, le croyait-il vraiment ou se faisait-il passer pour Musa afin de récupérer ses biens?
-Sa femme est remariée, à un membre du clan Uchiwa, Le uchiwa en question ne laissera pas ce vieil homme exiger sa part de richesse.
-Si la preuve est faite qu'il est Musa, que faisons nous? on peut toujours laisser courir, on va pas chambouler toute la haute société pour un mourant qui ne profitera pas de son argent. Dit Janvier juste avant de regretter sa liberté de ton devant son supérieur.
-Si nous avons affaire à Musa, nous ferons en sorte de faire valoir ses droits, mais pas en l'exigeant, en rusant, en étant discrets.
Le bureau de tutelle des anciens combattant reçu effectivement la preuve et les témoignages écrits. Pendant des mois Janvier tenta de contacter l'ex-femme de Musa, bien des ruses ont étés utilisés par Juin. Plus leurs tentatives étaient audacieuses, plus les créanciers et les autorités publiques durcissaient le ton contre Musa. Il était évident que les uchiwa voulaient faire taire le vieux samurai, et avec tout autant de ruse.
Janvier Rencontra régulièrement Musa, qui vivait désormais dans un foyer pour sans abris. Musa avait adopté des orphelins, tous les orphelins du quartier à vrai dire, il les éduquait comme on entraine un régiment.
"Infanterie! Garde à vous!" leur disait-il. Les enfants jouaient leur rôle avec cœur.
L'ex femme de Musa n'était pas une mauvaise femme, elle avait seulement un foyer, une famille, et des enfants désormais. Pourquoi détruire le présent? Pour un passé révolu? Elle reniait alors fermement celui qu'elle avait aimé, et qu'elle avait pourtant reconnu lors d'une ruse de Juin où il organisa leur rencontre à l'insu de l'ex veuve. Les Uchiwa avait bien préparé l'épouse à tous les stratagèmes de Juin qui finalement inspira le respect de ce clan puissant.
Finalement de discrètes transactions financières furent mises sur la table des négociations, si Musa acceptait de mourir discrètement.
Musa ne voulait pas son argent, mais son identité. Il n'espérait pas l'amour de sa femme mais seulement récupérer son propre nom qui lui avait été retiré.
Le village de Konoha mis en exécution le recouvrement de ses créances, créa de nouvelles dettes à Musa, qui n'eu finalement même plus sa pension qui était prélevée automatiquement pour éponger les dettes. Personne ne pleure les samurais, ils ont le tord de ne pas avoir vécu les bonnes guerres, ou de n'avoir pas combattu dans le bon camp, ou d'être tout simplement méprisés de la caste des ninjas.
Les Uchiwa, qui pour beaucoup n'avaient pas connu la guerre, connaissaient pourtant la gloire d'être bien nés. Janvier était clairement dépassé par l'affaire, même Juin qui pourtant avait de la bouteille dans le métier. Il faut être bien habile pour être plus rusé que tous ces parvenus enrichis par le mariage et crachant sur leurs ancêtres qui leur ont pourtant offert ces privilèges.
L'avenir des ninjas est le même que le destin des samurais, mais ils ne le savent pas encore. Un jour eux aussi se feront piller par ceux qu'ils ont élevés, d'autant plus qu'ils élèvent leurs enfants dans le vice et la fourberie.
4 ans passés après la première rencontre entre Musa et Janvier, ce dernier avait le cœur souffrant en allant à ses visites obligatoires.
Musa était mentalement très réduit. souvent assis sur la terre devant la cantine des pauvres, mangeant sa soupe avec ses mains.
Il ne comprenait plus vraiment qui il était, ni ce qu'il voulait. Les enfants venaient encore lui demander d'arbitrer leurs disputes.
Musa n'était capable plus que de cela:
"La discipline Soldats!"
Juin rejoignit Janvier qui restait là, abattu à admirer le vieux samurai, champion de guerre qui avait permit Konoha d'allumer la Flamme dont on parle tant, et lui dit:
"Dans l'ancienne croyance, il y avait un lieu destiné aux héros après leur mort lorsqu'ils n'avaient pas connu la gloire dans ce monde, ils
appelaient ça les champs élyséens".
-Vous croyez en ces stupidités mystiques, vous?
"Je me dit qu'ils avaient raison d'y croire, je me dis que la réalité est plus incroyable que la plus folle des inventions".