La légende sanglante.


Fanfiction Naruto écrite par Beverlyy (Recueil de Beverlyy)
Publiée le 08/08/2012 sur The Way Of Naruto



Nouvelle fiction qui sera postée également sur mon compte fanfic :) J'espère qu'elle vous plaira.


Chapitre 1: Destin en marche.



Il existe une légende, de celles qu'on raconte pour effrayer les enfants. Il y a dix ans de cela, le clan le plus prestigieux du village, celui réputé pour ses ninjas tous aussi talentueux et compétitifs les uns que les autres, a été décimé. En une nuit.

On raconte que le coupable serait l'aîné du chef, connu pour ses iris écarlates, son âme d'acier et ses mains tâchées de sang. Certains murmurent qu'il aurait été pris d'une crise de folie meurtrière, d'autres affirment que l'histoire est bien plus sombre et plus profonde que ça... Et quoi qu'on en dise, une chose est sûre : Le secret des Uchiwa est scellé, dans ce gigantesque manoir qui ne s'ouvre que pour une âme. Lorsque l'on franchit la porte, il est impossible d'en revenir. Vous vous retrouvez prisonnier...

...à la merci de lourds secrets.

L'odeur du café se rependait dans tout le bâtiment. Kurenai en avait mal à la tête et l'envie de vomir à chaque fois que son nez captait les effluves d'arabica bon marché. A force d'avoir bu cette saloperie au point d'en choper mal au cœur, elle s'était mise aux boissons énergétiques, quitte à devoir dépenser quelques calories supplémentaires à côté. C'est avec une cannette à la main, perchée sur ses talons et marchant du mieux qu'elle pouvait qu'elle se rendit à son bureau, ignorant la horde de pouffiasses en blazer agglutinée devant la porte vitrée de la salle principale.

Depuis trois ans, Kurenai était journaliste à la rédaction de l'hebdomadaire Konohactu. Au départ, elle avait voulu être un ninja de terrain, combattre librement à grands renforts de missions mais le destin en avait décidé autrement. Après un diplôme de RJI, Recherche des Jutsus Interdits, elle avait obtenu un poste de chef d'équipe en tant que Jounin provisoire et n'avait jamais été aussi heureuse que lorsqu'elle amenait ses petits protégés à s'améliorer. Ce fut la seule année où elle goûta pleinement à la joie de faire un boulot qui vous passionne, car dans le même temps, elle fit la rencontre d'Asuma Sarutobi, "le seul, l'unique".

Elle qui débarquait à l'époque, avec ses cheveux ondulés, ses yeux grenat et son teint de poupée de porcelaine, elle s'était retrouvée comme une vulgaire pucelle devant ce roc impressionnant, musclé en diable, avec une petite barbe virile et un paquet de clopes toujours à portée de main. Elle n'avait que vingt-deux ans à l'époque et, si elle ne lui avait pas trouvé ce côté incroyablement bestial et sexy qui l'avait séduite, elle aurait pu carrément le prendre pour son père. Mais tout avait été très vite... Même trop vite. Elle était tombée amoureuse, entretenait une relation secrète sans rien savoir de son histoire et allait même jusqu'à faire l'amour dans des endroits insolites, chose dont elle ne se serait jamais cru capable. Elle avait changé du tout au tout, passant de la débutante à l'amante confirmée. Il avait été un professeur comme on en fait plus, peut-être même plus pour elle que pour ses vrais élèves.

Néanmoins, cette période se termina à la fin de l'année, quelques jours après ses vingt trois ans, où elle apprit que les professeurs seraient changés instantanément pour une année d'essai aux jeunes diplômés. Mettant en avant le fait qu'elle était aussi une jeunette, elle n'eut qu'une poignée de main et un sourire à peine faux cul de l'Hokage avant de se retrouver chômeuse. Par chance, Asuma avait retrouvé très vite de quoi se remettre à flot et Kurenai avait suivi le mouvement, docilement, comme un vulgaire mouton. Il l'avait engagé comme simple secrétaire de cabinet, une scribouillarde tout juste bonne à écrire la rubrique nécrologique et l'avait laissé se démerder en gravissant les échelons. En deux ans, il était devenu PDG de la boîte et dirigeait le journal. Bien-sûr, Kurenai avait galéré la première année en se disant qu'elle allait sûrement reprendre son boulot de professeur, cependant, l'insistance de son amant qui voulait voir fleurir leur relation secrète sur le lieu de travail et un boulot de journaliste à temps plein avait réussi à l'en dissuader. A contrecœur, elle s'était elle-même enfermée dans un de ces bureaux hermétiques, aux murs d'un blanc à vous en scotcher la rétine et aux fausses plantes qui puaient le plastique. Aujourd'hui encore, elle regrettait le frisson des missions, l'intensité des expéditions et le plaisir de transmettre son savoir. Surtout lorsqu'elle devait rédiger un rapport de mission ou une connerie du genre, une vague de mélancolie la submergeait et elle se surprenait à admirer le village paisible durant de longues minutes sans entendre sa collègue Anko déblatérer ses aventures de la veille.

Une fois assise dans son fauteuil froid et fonctionnel, elle posa sa canette, prit un dossier et ne lut que la couverture. Encore un rapport barbant sur le sauvetage d'une rizière à la frontière du village, pas de quoi fouetter un chat. Elle se sentait passive, à raconter une aventure qui n'a aucun sens si elle n'est pas vécue. Tout ce qu'elle écrivait lui semblait fade et, quand elle envoyait ça à l'imprimeur et à l'assemblage, elle se jurait de ne jamais se relire dans le moindre journal, sauf sous la torture.

Alors qu'elle allait se mettre au boulot pour éviter de replonger dans ses pensées, la porte claqua violemment et une jeune femme entra précipitamment pour se laisser tomber sur l'une des chaises face à Kurenai. Cette dernière ne prit même pas la peine de lever la tête pour apercevoir une coiffure hérissée, un maquillage à outrance et un corsage qui avait facilement sa place dans un show du Crazy Horse. Anko n'était pas une personne qui passait inaperçue, aussi bien auprès de la gente masculine que féminine. Et il suffisait d'entendre ses bavardages incessants, sa voix de crécelle et le bruit de son poudrier qui claque pour comprendre qu'il faudrait s'armer de patience pour ne pas l'étriper. Comble de l'horreur, Kurenai était son cobaye préféré et, malheureusement, par un mauvais concours de circonstances, son amie.

-Kurenai ! Toujours fourrée dans tes dossiers ? Non mais sérieusement ! Détends-toi !

-Je suis au boulot Anko.

-Ouais ouais je sais ! Vous les journalistes, toujours à crouler sous vos infos concernant le dernier fromage à la mode ! Non mais vraiment ! J'ai une nouvelle à t'annoncer !

-Ca ne peut pas attendre ?

-Et bien disons que le dossier "Forêt Yamato" attendra !

Avec un soupir, Kurenai abandonna le feuillet écolo pour se concentrer sur son "amie". Elle se souvenait exactement de leur rencontre dès leur arrivée. Anko était la pute du patron de l'époque, classique pour une standardiste et même cliché. Mais quoi qu'il en soit, cela lui permettait de quitter plus tôt, de recevoir une jolie promotion et d'avoir des horaires plus que light. Un bon compromis pour une séance de galipettes une fois par semaine. Elle avait été la seule à venir saluer la petite nouvelle en lui faisant bien comprendre son rôle de manipulatrice du slip au sein de la boîte. Au moins, Kurenai avait été fixé et depuis, Anko ne lui avait jamais cherché de noises. Au contraire, si elle était détestable avec les autres filles et protégeait ses intérêts, elle était adorable avec la petite brunette et la couvrait en cas de pépin. Pourtant, ce n'était pas comme si l'amitié était réelle et si Anko était gentille, elle était vite exaspérante. L'entendre raconter sa vie, ses séances shoppings, sa famille, ses relations à la soirée et ses extravagances de pétasse dans la vingtaine était proprement un calvaire. Kurenai supportait, en silence, en s'efforçant de sourire, le moment de torture qui s'offrait à elle lorsque la jeune femme squattait son bureau. Une fois n'est pas coutume, elle était repartie pour de superbes ragots.

-Bon, je t'écoute Anko.

-Tu vas pas être déçue ! Figure-toi qu'on cherche une journaliste pour faire une enquête de terrain ! Et comme tu ne parles que de missions ou de trucs comme ça...

-Une enquête de terrain !?

Pour une fois, Kurenai était soufflée. Elle ne se serait jamais attendue à écouter avec attention les propos de la commère de service et, voyant son interlocutrice intéressée, Anko continua, très fière d'être le centre d'intérêt.

-Oui ! Tu as entendu parler de la légende sanglante ?

-Celle du clan Uchiwa ?

-Ouais ! Ça remonte à dix ans maintenant. Le fils du chef complètement barge qui assassine toute sa famille ! C'est glauque au possible ! Enfin, tout ça pour dire qu'il va falloir commémorer ça et ils cherchent quelqu'un pour prendre le dossier.

-Et quel rapport avec une enquête ?

-Cocotte, ça se voit que tu ne sais pas combien de journalistes ont disparu après avoir essayé de rassembler des preuves de ce carnage ! On a jamais vu un corps ou quoi que ce soit d'autre traîner. Mais cette maison est protégée par un maléfice, une sorte de jutsu interdit, c'est ton rayon ça !

-Oui...

Bien-sûr que c'était son rayon, mais elle avait aussi entendu des rumeurs à ce sujet. Ce jutsu serait totalement inconnu. En fait, on ne serait même pas sûr que ce soit un jutsu ou un maléfice d'une autre nature tant le mystère restait entier. Selon ceux qui ont accompagné de courageux ninjas bien décidés à percer les secrets du manoir, la porte serait elle même le cœur du maléfice. Elle ne s'ouvrirait qu'une seule fois et pour une seule personne. Ceux qui essayent d'y entrer en même temps sont expulsés violemment sans aucune raison. Lorsque la personne est à l'intérieur, la porte de bois se durcit, grisonne puis devient un solide barrage d'acier que rien ne peut détruire ou violer. Et après un certain temps, inexplicablement, la porte revient à la normale et l'accès est à nouveau libre à quiconque voudra tenter de percer les secrets de ce lieu inexplorable. Cette légende est devenue l'une des plus répandues au sein du village mais personne n'ose plus relever le défi de se voir enfermer pour toujours. Les plus croyants pensent que l'enfer se trouve par delà ces murs et s'y rendraient en fin de vie pour rencontrer une espèce de démon. Un genre de fable qui effraye les esprits.

-Et cette crétine de Shizune qui veut parier sur la tête de celui qui franchira la porte ! Faut dire, faut être vraiment con pour essayer d'y aller ! Mais bon, les amateurs de sensations fortes aiment bien ce genre de trucs. Tu y crois toi Kurenai ?

-...

-Kurenai ? KU-RE-NAÏ ? Tu m'écoutes ou quoi ?

-Oui, désolée je... Je réfléchissais.

-Tu vas tenter le coup ? N'empêche, je te vois mal en aventurière. Ce serait déjà plus un boulot pour Asu' !

-On m'a appelé ? Fit une voix grave dans le dos d'Anko.

Un homme baraqué en costard cravate avec un paquet de Winston à la main fit son apparition. Toujours suivi de son petit harem de grattes papier en minijupe, il leur ferma la porte après un sourire, laissant les femmes penaudes. Kurenai supportait tant bien que mal le succès de celui avec qui elle partageait un lit et peut-être plus et s'efforçait de rester discrète pour ne pas trahir leur relation. Seulement, lorsqu'un groupe de dix petites pétasses trouvait le moyen de le draguer à la machine à café, elle se surprenait à avoir des envies de meurtre. La jalousie n'était pas son fort et pourtant, elle était omniprésente face à un tel spectacle. A l'inverse, Asuma semblait ne pas s'en soucier et ne tarissait jamais de sourires et de compliments envers telle ou telle stagiaire, ou même envers Anko, laquelle en profitait pour minauder à l'image d'une lycéenne.

-Oui on parlait de toi ! Enchaîna Anko. Ou plutôt de la légende sanglante !

-Ah oui, cette légende d'il y a dix ans ? On rouvre le dossier, mais c'est dur de convaincre un journaliste.

-Et toi Asu', tu ne voudrais pas le faire ? Continua Anko avec un petit sourire impressionné.

-J'suis le PDG, faut bien que je dirige la boîte !

-C'est vrai que tu es indispensable !

-N'est-ce pas ? En tout cas, je ne sais pas qui se portera volontaire cette année.

-Et bien j'avais proposé à Kurenai...

En entendant son nom, la brune prit conscience que les gloussements d'Anko et la complicité du duo la poussait à se mordre la lèvre inférieure jusqu'au sang. Elle se reprit et les ignora tous les deux avant de choper son dossier et de quitter le bureau en silence. Lorsqu'elle passa la horde de groupies, elle n'entendit même pas Asuma l'appeler et fonça jusqu'à la sortie pour prendre un peu l'air. Elle détestait cette atmosphère, ce self control qu'elle devait adopter. Majoritairement féminine, l'équipe de journaliste était toujours collée aux bottes du patron, comme un troupeau de charognards autour d'une carcasse fraîche, tant et si bien qu'au boulot, elle devait faire un effort incommensurable pour ne pas en venir à gifler une petite idiote qui lui proposait une petite gâterie sous le bureau. Ce à quoi Asuma répondait poliment, voire même trop poliment à son goût. Les scènes de ménage suivaient toujours, à tel point que Kurenai se demandait s'il ne valait pas mieux passer à autre chose et quitter ce bureau et cette ambiance qui lui faisaient horreur. Mais à chaque fois qu'elle avait cette résolution, une paire de bras musclés venait l'étreindre pour la réconforter. Cette fois là ne fut pas différente.

-Chérie, je sais que c'est dur...

-Asuma écoute je...

-Shhh. Ne dis rien.

Il l'avait tourné vers lui et elle pouvait sentir jusqu'à son parfum poivré qui camouflait tant bien que mal l'odeur du tabac. Elle se sentait tellement petite contre lui, tellement frêle que ses résistances s'envolaient et sa colère disparaissait aussi vite qu'elle était apparue. Il l'embrassait toujours à l'abri des regards, en vérifiant qu'il n'y avait personne pour les voir et elle savourait cet instant qui lui paraissait court et qui n'avait rien de bien magique. A l'image d'un moment de détente comme lorsqu'un fumeur invétéré s'en grille une, ses baisers étaient seulement le moyen de relâcher un peu la pression jusqu'à ce qu'elle monte à nouveau. Kurenai n'en pouvait plus de ce palliatif tout juste efficace. C'était égoïste au regard de certains, légitime pour d'autres, mais elle était sûre d'une chose : Elle ne voulait plus se cacher. Elle se faisait l'effet d'être une collégienne qui a peur de se faire prendre en flag par ses parents à bisouter son amoureux, or, elle avait vingt-cinq ans maintenant et rêvait à un couple stable et reconnu envers toutes ces petites salopes en tailleurs.

-Ça va mieux ? Tu es calmée ? Lui demanda t-il comme un docteur à un patient agité.

-...

-Bon ! Je vais remonter, j'ai du boulot qui m'att...

-Asuma ! Le coupa-t-elle. Je vais prendre le dossier de la légende sanglante.

Un silence pensant s'était installé en l'espace de quelques secondes. Kurenai eut tout à coup l'impression d'avoir agi impulsivement mais, voyant Asuma abasourdi, elle était fière de son coup. Elle avait réussi à le surprendre, peut-être par l'effet d'un ras le bol généralisé mais au moins, elle pouvait lui faire comprendre que son boulot ne lui convenait plus. Elle ne voulait pas croire à cette pseudo légende, ces superstitions. Certes, beaucoup de signes indiquaient que cette maison n'était pas anodine, mais merde ! Elle avait tout de même le droit d'assouvir son désir d'action et d'autant plus si il s'agissait de se démarquer du lot aux yeux d'Asuma. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas cillé depuis une minute avant de se reprendre, les yeux encore ronds comme des balles de ping-pong.

-Ku... Kurenai, tu n'es pas sérieuse ?

-Je suis très sérieuse Asuma. Tu es le patron, c'est bien à toi que je dois m'adresser non ? Et bien je le fais.

-C'est... C'est ridicule ! Lança t-il d'une voix mal assurée. Tu fais ça simplement parce-que tu es jalouse !

Son accusation ne fit que renforcer la conviction de Kurenai de prendre le dossier. Elle s'évertuait à affirmer qu'elle n'était pas jalouse, en aucun cas, mais la vérité était toute autre. Elle était jalouse, elle crevait de jalousie de voir l'homme qui l'attirait entourée de toutes ces pimbêches. Et qui ne le serait pas !? Elle n'était pas Wonder Woman, simplement une femme comme les autres. Une femme qui en avait ras le cul de bosser dans un bureau tout en rêvant de liberté, de risque. Elle avait refusé l'aventure pour lui, elle ne le ferait pas deux fois. Et qui sait ? Peut-être même qu'il regretterait de l'avoir laissée partir. Après tout, qu'avait-elle à perdre ? Si ce n'est un poste de merde, une commère et des crises à répétition ?

Elle s'était emparée du dossier, ignorant les jérémiades de son amant quant au fait qu'elle était totalement inconsciente et aveuglée par la jalousie. De toute façon, quoi qu'il dise, Kurenai était à bout, au point d'exploser à la première altercation. Elle avait refusé qu'il vienne chez elle au soir pour en discuter, elle n'avait pas envie d'entendre une fois de plus son ton paternaliste qui tentait de faire oublier tout ce qu'elle endurait au boulot. Devant un bon thé, dans son divan, à caresser son chat Shuri, elle entreprit d'ouvrir la pochette rouge remplie de formulaires.

"Dossier Manoir Uchiwa

Journaliste en charge : Dan

-Les cinq ans de légende-"

Chaque année pratiquement, un journaliste s'en allait couvrir l'événement de la légende sanglante. Kurenai se souvint d'il y a cinq ans, lorsque Dan, un journaliste très en vogue avait décidé de franchir la porte des Uchiwa. Cette histoire avait fait beaucoup de bruit à l'époque il faut dire, et Kurenai était restée interdite devant cet article qui relatait le témoignage de sa famille. Il avait abandonné derrière lui sa femme, ses enfants, son boulot... Et n'était jamais revenu. Etait-ce ce sort qui l'attendait ? Après tout, elle n'était pas mariée, n'avait pas de gosses et ne laisserait derrière elle qu'Asuma pour lui prouver jusqu'où elle était capable d'aller. Cette étape serait le passage obligé pour faire ses preuves et elle y tenait, même si cela signifiait se plonger à corps perdu dans ce bourbier d'où personne n'a jamais réchappé.

Cette nuit là, Kurenai peina à trouver le sommeil, pensant à la lourde porte qui se bétonnerait dès qu'elle l'aura franchie.

Asuma avait essayé désespérément de la joindre, mais elle avait refusé de répondre. Ignorant la sonnerie assourdissante du téléphone, elle se prépara en vitesse. Après une douche rapide, deux tartines, elle enfourna un bloc, des stylos, quelques armes, un rouleau et un kit de survie. Elle avait l'impression de se préparer à vivre sur une île déserte tant le périple lui semblait sans retour. Elle inscrivit son nom sur le dossier rouge, prit ses affaires et descendit les marches quatre à quatre, à la fois surexcitée et morte de peur. Elle ne savait même pas pourquoi elle en venait à un tel extrême. Besoin d'une dose d'adrénaline ? Envie d'inquiéter Asuma ? Ou tout simplement pour s'échapper de sa prison au parfum de café. Oui, elle avait peut-être besoin de s'isoler. Et quoi de mieux qu'une maison hantée ?

D'un pas ferme et résolu, elle se rendit sur son lieu de travail, le dossier rouge bien en évidence. Lorsqu'elle arriva, les murmures ne tardèrent pas et toutes les petites pétasses en jupettes se mirent à échanger des commérages sur la nouvelle du siècle. Elle était devenue populaire alors qu'elle aspirait à travailler dans l'ombre. C'était vraiment le bouquet ! En cet instant, elle voulut bénir le fameux tas de paperasses qu'elle portait sous le bras et se dépêcha de monter au dernier étage, ignorant les regards furtifs de ses collègues. Ce n'était pas le jour de la faire chier, pas lorsqu'elle s'apprêtait à faire le grand saut.

Arrivée devant la porte, elle ne prit même pas la peine de frapper, voulant en finir au plus vite. Elle ne voulait pas qu'Asuma essaye de la retenir, lui fasse changer d'avis. Après tout, elle avait déjà bataillée contre elle même pour prendre cette décision, lire les écrits de ses prédécesseurs sans être morte de peur à l'idée de ressentir la même angoisse qu'eux, ce n'était pas pour abandonner maintenant. Pas le jour J. Résolue, elle souffla un grand coup avant de tourner la poignée et de faire irruption dans le bureau. Et, à peine avait-elle fait un pas qu'elle s'arrêta net, comme pétrifiée.

Asuma était bien là, visiblement trop occupé à échanger sa salive avec Anko.