Tuer pour vivre


Fanfiction Naruto écrite par akari-no-mai (Recueil de akari-no-mai)
Publiée le 17/05/2012 sur The Way Of Naruto






Chapitre 8: Chapitre huitième



Chapitre 8 :



Kankuro lança avec plus ou moins de force une technique que le Nara ne tenta pas d'éviter. Pourquoi ? Lui-même ne savait pas réellement pourquoi il lui laissa la chance de l'affaiblir avant même que tout ait commencé. Il ne savait pas. Ne savait plus rien. Il ferma les yeux, s'attendant à recevoir de plein fouet une lame empoisonnée, pensant enfin qu'il n'avait réfléchi à rien. Qu'il n'avait pas de tactique. Rien. Et rien ne vint. Pas de lame, pas d'attaque, pas une douleur. Rien, juste un bruit d'armes qui s'entrechoquent. Ten-Ten. Il le savait avant même d'avoir ouvert les yeux. Il la regarda en soupirant. Question santé mentale, ses trois amis présents risquaient sérieusement de se poser des questions. Sakura ne semblait pas vraiment s'occuper de cela, bien qu'elle l'eut sans doute trouvé idiot. Elle était près de Temari, mais lui tournait le dos, si bien qu'il ne pouvait savoir si elle avait trouvé ou non ne serait-ce qu'une infime trace de vie.

-Ordure. Bouge Ten-Ten, c'est à moi de lui faire sa fête.

La brune haussa un sourcil, elle ne pourrait pas plus s'amuser, pas comme si elle trouvait tout cela amusant, seulement que ses armes la démangeaient étrangement, et pour cause. Une alliée, une connaissance, une amie. Une personne qu'elle savait de confiance, une personne qui lui était chère. Alors ne pas pouvoir la venger, ça lui faisait encore un peu plus mal. Au terme de deux courtes secondes de fausse réflexion, elle baissa les armes et recula. Calmée, elle avait de suite plus mal et elle s'autorisa sans le vouloir vraiment un frisson qui précéda une montée de larmes qu'elle retint tant bien que mal. Merde quoi ! Pourquoi ? Pourquoi lui arrachait-on une amie qu'elle ne voyait que rarement ? Pourquoi si violemment ? Pourquoi l'avoir tuée ? Pourquoi son frère qui avait toujours paru gentil, aimant sa sœur, étant prêt à mourir pour son frère, fidèle à son village... Pourquoi ? Comment ?! Elle avait reculé, jusqu'à rencontrer Neji qui l'arrêta. Lui n'avait pas bougé. Juste l'avait prise près de lui. Mais n'avait pas cherché à affronter le brun. Ce n'était pas son combat. Temari était certes une personne à laquelle il tenait, plus ou moins, une alliée, mais rien vraiment de plus. Ce combat revenait à Shikamaru. De droit. Il voyait bien la force qui l'animait, ses yeux brillaient, de colère et de peine. Il n'y avait que lui qui n'eut jamais remarqué qu'il était dingue de cette fille, fou à lier. Il croyait peut-être le cachait, mais n'avait réussi qu'à se le masquer, à lui. Ouais, l'amour rend aveugle. Ce qu'il pouvait être stupide... Comment pouvait-il avoir deux cent points de Q.I ?

-Sakura... Dis-moi que... qu'elle...

Elle ne dirait rien. Ni elle ni personne d'autre d'ailleurs. Non vraiment, ces prétendus deux cents points de quotient intellectuel semblaient s'être échappés depuis bien longtemps. Le faisait-il exprès ? C'en devenait tristement pathétique. Sa voix suppliante, son regard égaré... Il serra les poings, fort, à en stopper la circulation du sang. Il ne devait pas, ne pouvait pas extérioriser ce qu'il ressentait en cet instant présent. Tout ce mélange de colère, de déception, de regrets, de peine, il n'avait pas le droit de le montrer à son adversaire, ni à personne d'autre. Par respect pour elle. Jamais elle n'aurait voulu cela. Elle aurait souhaité qu'il soit fort, qu'il l'oublie juste assez pour ne pas trop souffrir, qu'il pense à elle, une dernière fois, juste une ultime fois pour qu'elle puisse partir, heureuse. Sans parler, il desserra les poings.


Des armes qui s'entrechoquaient parfois relançaient sa migraine. Elle se sentait mal, très mal. Elle avait l'impression d'étouffer, elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux, elle ne parvenait pas à bouger. Comme si son cerveau était dans l'incapacité la plus complète de commander son corps. Bientôt même respirer lui serait impossible, déjà qu'elle n'arrivait qu'à inspirer peu, très peu d'air... Elle crut entendre des voix, qu'elle reconnut difficilement, quelque chose qu'elle prit pour un sanglot et quelques autres bruits de fond. Elle se sentait vraiment très mal là. S'il y avait vraiment des gens autour d'elle pourquoi rien ne se passait ? Pourquoi sentait-elle son corps s'engourdir de plus en plus ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à entendre distinctement les battements de son cœur ? Pourquoi les bruits d'armes avaient cessé en un cri étouffé de douleur ? Pourquoi avait-elle désormais peur, plus pour elle mais, pour cet autre qui gisait sans doute, sans vie, sur le sol froid ? Elle tenta de respirer, à nouveau, de respirer, vraiment. De remplir l'intégralité de ses poumons de l'air humide et macabre de la pièce. Elle se sentait compressée, comme si poumons étaient emprisonnés entre deux plaques lourdes de fer, mais elle y parvint. Plusieurs fois de suite, elle inspira sans expirer jusqu'à ce qu'elle ait réussi à remplir ses poumons. Une voix, d'abord lointaine, prononça plutôt faiblement un prénom, sans doute le sien, pour le moment, elle s'en fichait de savoir exactement le mot prononcé. Elle voulait juste savoir qui était tombé. Mais après cela, elle n'entendit plus rien. Ailleurs. Dans un demi-sommeil même pas reposant.

*

Il baissa les bras, désormais, il s'en fichait, il pouvait mourir. Il se retourna pour partir, sans jeter un œil à ses amis. Il sortit de la pièce, remonta les escaliers, doucement, sans tomber. Et enfin, il se retrouva à la lumière du soleil, qui lui fit tout d'abord un peu mal aux yeux, puis il les ferma et se laissa glisser contre la paroi rocheuse. Vide. Il se sentait vide. Bien que vengée, il n'en ressentait aucune satisfaction. Il le savait pourtant bien. Ce n'était pas comme si ce fut la première fois qu'il vengeait une personne chère. Mais là, c'était différent. Pire. Elle avait emporté son cœur avec elle. Elle n'était pas un maître, pas un personnage de référence comme Asuma l'avait été pour lui. Non. Elle, elle avait tant fait pour lui, peut-être même sans le savoir, elle avait comblé le vide qu'avait créé la mort de son sensei, elle lui avait ré-apprécier la vie, les galères de tous les jours. Elle lui avait réappris à sourire. Mais ce sourire... il s'en allait avec elle. Depuis quand ne lui avait-elle pas sourit d'ailleurs ? Il lui semblait ne pas l'avoir vu depuis une éternité. Sans doute ne se trompait-il pas, en y repensant, il l'avait vexée -sans qu'il sut pourquoi- avant qu'ils partent. Il n'aurait pas pu lui dire au final. Elle ne le saurait jamais. Il fourra la main dans sa poche et en sortit une cigarette, quelque peu endommagée. Il la fit doucement tourner entre ses doigts, elle n'aurait pas voulu qu'ilo la fume, non, elle la lui aurait prise des mains et l'aurait jetée, loin. Il la regarda un instant, et la jeta en soupirant. Il ne fumerait plus, jamais, même si sa peine devenait plus forte, plus insoutenable, même si le vide autour de lui grandissait, même s'il pleurait. Il ne fumerait plus, il se le promettait. Il le lui promettait. Il murmura faiblement sa promesse au vent, finissant par le prénom de la blonde, soufflé douloureusement. Et ses larmes s'embuèrent. Il ne pouvait pas pleurer. Ne le devait pas. Elle le traiterait de pleurnichard, encore. Elle s'en voudrait peut-être ou s'en réjouirait... Non... elle n'était pas comme ça. Il ne voulait y croire. Elle ne se réjouissait pas de la peine des autres, surtout pas de ses proches, quoique proche, il ne devait plus vraiment l'être. Il ravala ses larmes. Il lui restait un dernier devoir, une dernière chose à faire. Il se leva et repartit dans la grotte.

*

Son cœur manqua un battement. Shikamaru resta figé quelques millièmes de secondes avant de s'agenouiller près de Sakura, demandant des nouvelles sur l'état de la blonde. Nouvelles qu'il n'obtint pas. N'ayant droit qu'à un faible mais déterminé « Dépêchons-nous de rentrer. »

*

Etait-ce une impression ou était-elle en vie ?
Pour trouver la réponse à sa question elle tenta d'ouvrir les yeux. Tentation mise en échec par la lumière qui la surprit en les entrouvrant légèrement. Elle décida finalement de garder les yeux fermer et de, peut-être, dormir en espérant qu'après cela, l'horrible mal de tête qui s'annonçait aurait disparu dans son intégralité.

Dans un demi-sommeil, elle entendit un léger bruit de porte, attrapa quelques bribes de mots prononcés par une voix qu'elle était persuadée connaître. Puis plus rien, le vide encore. Plus rien, le silence, un sommeil presque douloureux, pas du tout reposant à nouveau.

*

Elle se réveilla en sursaut en se redressant, ce qui lui fit tourner quelque peu la tête et avoir une petite grimace de douleur. Elle porta donc la main à l'endroit d'où venait la douleur, bien qu'il lui semblait qu'elle avait envahi tout son corps. Que lui était-il arrivé pour qu'elle se retrouve dans cette pièce horriblement immaculée d'un blanc légèrement cassé et sentant cette odeur sur laquelle elle ne savait pas mettre de nom. Une odeur comme de sur-propreté... Elle se rallongea. Elle n'avait rien de mieux à faire.
Elle l'avait toujours su. Si elle venait à être hospitalisée, personne n'attendrait son réveil des jours durant près d'elle. On n'était pas dans une gentille petite histoire, non, là, c'était la vie. Avec toutes ces putains de galères qui vous attaquent par derrière sans prévenir. Qui vous surprennent lâchement. Qui vous gâchent votre part de bonheur mais avec lesquelles vous devez apprendre à vivre. Et pour le moment, elle devait se faire à cet engourdissement, à ses douleurs, à sa solitude devenue soudain pesante. Elle aurait voulu avoir tort pour une fois, elle aurait voulu compter pour quelqu'un au point que cette personne ait attendue son réveil. Elle aurait voulu qu'il soit là, elle aurait voulu sa part de romance, de conte. C'était tout-de-même bien égoïste, mais qu'y pouvait-elle ?
Elle ferma les yeux, empêchant une larme de franchir ses paupières. Elle avait mal. Au coeur de se sentir si seule. A chacun de ses muscles encore engourdis. Pourquoi avait-elle accepté de vivre ? Par naïveté sans doute... Ou par idiotie. Si elle n'avait jamais existé, comment se serait porté ses connaissances ? Mieux sans doute. Elle n'aurait pas fait tout ce mal. Elle n'aurait pas tant causé de soucis. La vie de ses proches aurait été plus tranquille sans doute. Mourir. Il ne lui restait plus que ça, peut-être seraient-ils peinés, mais ça passerait comme tout passe. Parce que, sans se leurrer, c'était ça, la vie. On était tous voués à l'oubli de toute façon. Et les gens qui vous disent que jamais il ne vous oublieront sont des menteurs ou des idiots. L'humain est fait ainsi, il a la faculté d'oublier. Pour s'épargner des souffrances trop grandes, tout s'atténue avec le temps puis fini aux oubliettes.
Elle ne voulait pas, pourtant, finir ainsi. Elle garda les yeux fermés calmant sa respiration accélérée par les sanglots retenus. Elle était ailleurs. Tant qu'elle n'entendit pas les trois coups tapés à la porte et celle-ci s'ouvrir. Ce n'est que lorsque la personne parla qu'elle redescendit de ses divagations. Elle entrouvrit les yeux, ne sachant pas encore si elle voulait ou non que la personne sache qu'elle était réveillée. Son rythme cardiaque s'accéléra : lui ? Lui ici ? Venu la voir ? Elle devait rêver. Elle l'entendit murmurer quelques mots d'excuse. Non, il n'était pas réellement venu la voir, il voulait juste s'excuser pour avoir la conscience tranquille. Elle se rappelait de tout maintenant, jusqu'au plus petit détail. Kankuro, sa marionnette, la solitude, sa blessure... Et lui... Lui l'avait sans doute laissée à son propre sort. Elle le pensait un bon équipier... un bon ami. Elle l'espérait du moins. Il s'assit sur le fauteuil près du lit et se tut. Le silence régnait, mais étrangement, elle se sentait bien, mieux. Son cœur semblait presque heureux de battre. Mais elle gardait les yeux fermés. Elle ne voulait pas lui parler, que lui dirait-elle ? Et puis... elle était si faible là, elle devait se montrer forte.
Il finit par sortir et elle en fut heureuse. C'était décidé. Elle se leva difficilement et douloureusement et posa les pieds par terre. Seulement, au moment de faire reposer tout son poids sur ses jambes, elle trembla, vacilla et s'écrasa au sol. Alerté par le bruit, le jeune homme refit son apparition dans la pièce et elle dut se faire violence pour ne pas l'envoyer sur les roses, pour la simple, bonne et unique raison qu'elle avait bien besoin d'un peu d'aide pour se redresser.

-Euh... Bonjour Shikamaru... Pourrais-tu m'aider à me relever vu que tu es là ? S'il te plaît...

Ses joues avaient rosies, il fallait dire que sa tenue était assez... hum... provocante ? En effet, les blouses d'hôpitaux ne sont pas vraiment couvrantes... Il soupira.

-Bonsoir Temari. Tu n'es pas censée te lever. Malgré qu'ils t'aient soignée, tu gardes encore quelques traces de ton empoisonnement, à faible dose, au curare.