Les lettres d'Itachi


Fanfiction Naruto écrite par elane. (Recueil de elane.)
Publiée le 16/06/2013 sur The Way Of Naruto



Un grand merci à tous ceux qui ont pris le temps d''un commentaire, Nahtsuhi, Sunaara, Momosasuke. C'est toujours un plaisir de vous répondre.
Un chapitre plus calme et comme d'habitude une petite touche d'humour. J'espère que ça vous plaira.



Chapitre 21: Entre rêve et réalité



Hôpital de Konoha

Deux jours plus tard


Un bruit fait relever la tête de Kakashi. Une ombre se penche sur le corps inerte de Yoshiko et il se relève d’un bond. Puis en détaillant les yeux d’or et les cheveux de jade de la jeune femme, il se calme. Éclairée par les rayons pâles de la lune, son corps étincelle d’une beauté irréelle. Elle pose ses yeux d’or sur Kakashi :

- Mon Maître se meurt.

Elle lui tend la main qu’il prend sans hésiter. Un vent violent siffle dans ses oreilles et ils tombent sur le sable brûlant. Un soleil de plomb le transperce et la lumière est aveuglante. En relevant la tête, il la voit.

Ses vêtements fatigués en lambeaux laissent entrevoir sa peau zébrée de sang et de profondes blessures, elle progresse pas après pas dans ce désert hostile et désolé. Chaque seconde est un calvaire et lui arrache un rictus de douleur.

- Lorsque mon Maître m’a donné sa force pour affronter Madara, elle a dû relâcher toutes ses défenses contre les illusions de ce monstre. Elles l’ont atteinte plus profondément que jamais. Elle s’est réfugiée dans les limbes de son esprit pour y résister et tente de se frayer un chemin.

Yoshiko trébuche. Kakashi tend la main pour l’aider même s’il sait déjà qu’il ne peut l’atteindre. La vision s’étire et s’évanouit dans un souffle.

Kakashi se trouve de nouveau dans cette chambre d’hôpital aux murs blancs. Il baisse les yeux vers Yoshiko le cœur serré à l’idée de l’épreuve qu’elle traverse et à laquelle il assiste impuissant.

- Je ne peux la guider car mes paroles ne l’atteignent plus. Mais vous pouvez faire quelque chose pour elle, dit Gorgo.
- Dites-moi ce que je peux faire, je suis prêt à tout pour l’aider.
- Elle m’entend plus mais votre voix lui parvient encore comme un murmure porté par les vents.
- Pourquoi ?
- Car mon Maître vous aime, du moins autant qu’un cœur rongé par la culpabilité puisse aimer.

Yoshiko tremble et sa peau se couvre de sueurs froides. Kakashi relève ses couvertures en la bordant comme un enfant malade après avoir placé sa main sur son front brûlant.

- Je pensais que vous ne pouviez pas vous matérialiser dans le monde réel.

Les yeux de Gorgo s’illuminent d’une étincelle moqueuse et Kakashi lève un œil à moitié endormi.

Il est allongé sur son lit d’hôpital. Sakura avait insisté pour qu’il soit placé dans la même chambre que Yoshiko. Les murs blancs de cette chambre sans âme lui procurent une sensation terriblement oppressante. Il se relève en ignorant la douleur qui le parcourt de part en part et voit la couverture de laine rouge encore au pied du lit. Il se met debout doucement et de nouveau replace les couvertures. Il tire un fauteuil devant le lit, s’enfonce dans le cuir souple et glisse sa main dans la sienne. Le contact avec sa paume glacée le fait frissonner.

- Yoshiko, par où commencer ? Dès le premier jour où je t’ai vu, tu m’as impressionné. Je venais de perdre mon père et tous me regardaient soit avec dégoût, j’étais le fils de celui qui avait trahi les règles sacrées des shinobis ou pire avec pitié. Mais pas toi. Depuis que je suis devenu chunin à six ans, tous me regardent comme un génie, comme un prodige. Mais pas toi…
Tu m’as même pris un peu de haut, tu m’as montré mes limites, tu plaçais toujours la barre un peu plus haute, un vrai challenge de se maintenir à ta hauteur. Si je faisais un pas vers toi, tu en faisais deux en avant et te payais le luxe de me dire que je traînais en route ! Et le pire c’est que tu avais les moyens de tes prétentions. T’imagines pas à quel point tu pouvais m’énerver à cette époque…
Réussir la technique de mon Maître n’était pas aussi important que maîtriser une technique que tu accomplissais si facilement. Je n’ai jamais pu y arriver mais c’est pas faute d’avoir essayé ! J’ai inventé le chidori comme un pendant au rasengan de mon Maître, de ton rasengan. C’était pour me maintenir à ton niveau que j’ai toujours essayé d’utiliser mon sharingan au maximum de ses capacités.
Quand tu es devenue ANBU, les horreurs dont tu as été témoin t’ont tellement affectée que nous nous sommes éloignés. Tu te renfermais un peu plus chaque jour dans la culpabilité et le désespoir. Et lorsque mon Maître, ton frère, est mort, tu t’es jetée à corps perdu dans toutes les missions tordues, comme si tu cherchais à défier la mort elle-même.
Ta fuite éperdue devant la sombre réalité, tes gestes suicidaires, je ne te reconnaissais plus. J’ai tenté de te faire revenir à la raison plus d’une fois, sans succès. Tu as enchaîné les missions les plus désespérées en perdant un à un tes équipiers, mais toi tu revenais toujours. Tu disais que même la mort ne voulait pas de toi. Je me souviens encore du jour où tu m’as dit pourquoi tu donnais des surnoms à tous tes équipiers et ta réponse m’a glacé les sangs.
"A quoi ça sert de retenir les noms de ceux qui seront morts dans si peu de temps. Et si les Dieux sont miséricordieux, c’est moi dont on oubliera le nom au plus vite."
Et puis un jour, tu t’es reprise, toute seule. Tu voulais obtenir le droit de t’occuper du fils de ton frère, tu étais prête à te battre pour lui. Tu as mis une telle énergie, une telle volonté que tu t’es sortie seule de cette spirale sans fin.
Et tu es venue me voir avec ton projet. Quand je t’ai demandé pourquoi tu avais besoin de mon aide, tu m’as répondu que j’étais la seule personne que tu connaissais que tu considérais comme ton égal et capable de survivre à toutes les situations. J’étais flatté car je n’ai jamais eu l’impression d’être à ton niveau et en même temps déçu car j’aurais souhaité que ce soit aussi un peu pour moi et moi seul…
Réunir les meilleurs éléments au sein d’une équipe d’ANBUs peu ordinaire n’a pas été de tout repos. Nous avons cherché les éléments les plus singuliers pour créer une équipe à ton image. Et cette équipe était la meilleure de toutes et aussi la plus décalée. Ces deux ans même s’ils se sont terminés aussi tragiquement ont été les plus lumineux dans cette vie si terne qui est la mienne.
Et maintenant, je peux te le dire, si je suis resté dans l’équipe sept, c’est uniquement pour toi. Quel intérêt de faire partie d’une équipe ou même de la diriger si tu n’y étais pas ?
Je ne supporterai pas te perdre à nouveau.

Kakashi serre la main de Yoshiko :

- Reviens.



Sakura retient sa respiration. Elle sortait de la chambre de Naruto et avait entendu le bruit du fauteuil que Kakashi avait poussé près du lit de Chance. Elle avait été attirée par les premiers mots prononcés par son Maître. Elle avait tenté de s’éloigner mais elle avait été comme envoûtée par la voix d’un timbre inhabituel de son Maître. Elle ne s’est pas trompée sur les véritables sentiments de Kakashi envers Chance. Mais à vrai dire la seule qui est totalement aveugle à cette réalité n’est autre que l’intéressée elle-même.

Elle ouvre doucement la porte pour découvrir Kakashi endormi dans le fauteuil de la chambre qui tient fermement la main de Yoshiko. Son cœur est troublé par les mots de son Maître et avant de refermer la porte, elle espère que Chance puisse un jour les entendre.

Puis elle se dirige vers la chambre de Sasuke. Ils ont combattu ensemble et pour la première fois, il l’a traitée en égal. Elle se doit d’au moins vérifier que sa convalescence se passe bien. En entrouvrant la porte doucement, elle constate sa respiration régulière et qu’il n’a ni fièvre ni complications. Son regard est attiré par son katana qui est posé sagement au pied du lit. Elle en effleure le fourreau d’un doigt avant de découvrir, posées dans un coin, soigneusement pliées dans une sacoche de cuir fatigué les fameuses lettres du frère de Sasuke. Ces écrits pour lesquels il a ravalé sa fierté et est revenu au Village, pour lesquels il s’est battu contre Yoshiko. La curiosité est plus forte que sa prudence et elle déplie soigneusement les feuilles et se laisse happer par les premiers mots.

Sans s’en rendre compte, elle est entraînée dans les pensées d’Itachi. Elle découvre avec étonnement les membres de l’équipe sept de Chance, rigole cinq minutes devant les surnoms dont Chance avait affublé aussi bien Maître Gaï qu’Itachi, imagine assez bien la colère de Sasuke devant la note laconique de Chance qui interrompt le récit, frissonne devant l’enchaînement implacable des évènements tragiques qui ont mené à cet acte irréversible qui marqua à jamais la vie de Sasuke et de son frère.

Lorsqu’elle lève enfin les yeux, les heures se sont envolées, les premiers rayons du soleil filtrent déjà à travers les volets de cette chambre d’hôpital et elle constate avec stupeur que le regard silencieux de Sasuke est posé sur elle.

- Pardon, je suis tellement désolée, je n’aurais pas dû…
- Ce n’est pas grave.
- Je n’ai pas pu m’arrêter…
- Moi aussi, j’ai bien failli tout lire d’une traite si Chance n’avait pas mis son grain de sel.
- Je comprends mieux maintenant pourquoi tu tenais tant à les récupérer. Mais tu ne l’as pas lu en entier.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Les dernières pages sont les seules qui ne portent aucune marque, aucune trace de manipulation…
- C’était au-dessus de mes forces.

"Et totalement compréhensible", pense-t-elle. "Le récit du massacre de mon clan par mon unique grand frère ne m’aurait pas non plus enchanté. Cependant, il y a dans ces mots la raison pour laquelle Itachi l’a poussé à la haine." Il y a un message dans ses dernières pages d’Itachi pour son petit frère et elle espère sincèrement qu’il aura un jour le courage de poser ses yeux sur ses dernières pages.

Sakura repense aux paroles de Naruto le jour où Chance lui avait demandé de rejoindre sa nouvelle équipe.

Sasuke et toi n’avez jamais vraiment été amis. Un ami c’est quelqu’un que l’on connaît et que l’on accepte. Toi tu l’avais accepté avant même de le connaître. Tu n’as jamais vu la tristesse et la solitude qui régnaient dans sa vie parce que…

- Qui aurait crû que quelqu’un ait un jour surnommé ton génie de frère Newbie…
- Et Maître Kakashi Neige…
- Et Maître Gaï monstre vert !

Le sourire de Sasuke semble sortir d’un passé lointain, celui où ils faisaient encore parti de leur propre équipe sept.

- Ils se ressemblent assez, Chance et Naruto, ajoute Sakura. Ils ont le même amour de la hiérarchie et la même présence.
- Je ne sais pas… Chance est aussi manipulatrice que Naruto est franc et sincère envers les autres.
- Tu ne l’aimes pas beaucoup…
- Elle m’a forcé à ravaler toute fierté et à m’incliner, elle m’a forcé à revenir et à me ridiculiser devant tout le monde.
- Elle t’a surtout forcé à ouvrir les yeux.

Sasuke reste silencieux une minute, perdu dans ses pensées.

- Tu as peut-être raison…

Sakura aurait bien pu tomber de haut si elle n’était pas déjà assise. Sasuke Uchiha admet qu’elle a peut-être raison. A cet instant, sa décision est prise. Elle va donner une nouvelle chance à Sasuke, elle essaierait de le connaître et peut-être de l’accepter un jour comme ami. Elle se lève doucement et replace avec beaucoup de précaution les précieuses lettres d’Itachi.

- Tu devrais les lire, ces dernières pages…



Soudain, Kakashi sent une pression sur sa main. Il se réveille en sursaut et voit Yoshiko s’agiter.

- Yoshiko !

Il attrape fermement ses bras. Elle se débat en proie à une panique aussi soudaine que violente. Il la plaque contre le lit pour calmer ses mouvements chaotiques. La respiration haletante, elle ouvre des yeux terrorisés. Kakashi raffermit son emprise sur Yoshiko en lui parlant doucement :

- Tout va bien Yoshiko, c’est fini. Tout va bien…

Puis ses tremblements cessent et elle pose ses yeux effrayés sur lui. Lentement il la calme. Ils sont tous rentrés, ils sont tous vivants. Madara est mort. Tous les membres de l’équipe sont vivants. La terreur qui faisait trembler son regard clair s’éteint doucement comme un feu mourant.

- Je veux sortir d’ici, dit-elle d’une voix faible, je dois sortir d’ici…

Kakashi est tellement soulagé de la voir enfin ouvrir les yeux qu’il oublie un moment qu’il est encore trop mal en point pour faire ce qu’il s’apprête à faire. Il passe un bras derrière son dos et un bras sous ses jambes pour la soulever doucement.

- A vos ordres Chef, lui murmure-t-il à l’oreille.

Il ouvre la fenêtre et saute. Yoshiko dans les bras et l’amène à l’endroit où ils s’entraînaient enfants. Sentant ses forces faiblirent, il se cale contre un arbre et se laisse tomber doucement sur le sol sans pour autant lâcher Yoshiko. Elle tremble de froid. Il resserre son étreinte en passant ses deux bras autour de sa taille. Il savoure le contact de sa peau sur la sienne. Dieu merci, les chemises de l’hôpital sont aussi fines que courtes, pense-t-il.

- J’ai entendu ta voix, dit Yoshiko, calmement.

Kakashi se crispe mais n’a pas le temps de rougir…

- Je ne comprenais pas tes mots, mais je sentais que tu m’appelais. C’est ta voix qui m’a fait revenir.

Elle n’avait rien écouté de ses paroles. C’est le moment idéal pour lui parler mais de nouveau les mots lui manquent.

- Tu m’as tellement manqué pendant ces cinq ans, dit Yoshiko d’une voix si faible qu’il doit tendre l’oreille pour l’entendre…

Il manque de sursauter lorsqu’il sent sa tête s’affaisser contre son épaule et ses cheveux effleurer son cou au rythme de sa respiration régulière. Elle s’est endormie et il a été encore une fois trop lâche pour lui parler.




Cette histoire s'approche de la fin et le prochain chapitre sera un peu différent et une petite parenthèse dans l'histoire... L'auteur va se lâcher un peu :-p
Je n'en dis pas plus...