Dans le couloir de la mort


Fanfiction Naruto écrite par hane-chan (Recueil de hane-chan)
Publiée le 20/10/2011 sur The Way Of Naruto



Un OS qui me tient très à coeur et sur lequel j'ai passé un temps fou à peaufiner chaque détail.
C'est tout nouveau pour moi, un OS aussi long et sur lequel je travaille autant, et j'espère que vous aimerez le lire autant que moi l'écrire, et que vous n'hésiterez pas à me laisser un commentaire pour me dire vos impressions, bonnes ou mauvaises !
Bonne lecture !



Chapitre 1: Dans le couloir de la mort



J'ai toujours accordé de l'importance à l'apparence. Peut-être même trop, mais c'est comme ça, je ne pouvais pas le changer. J'avais toujours aimé Sasuke pour son corps sublime et sa gueule d'ange au fin fond des ténèbres ; et celles-ci prenaient peu à peu possession de lui et lui donnaient une expression horriblement sexy d'adolescent dans la solitude, au milieu des gens. Au fur et à mesure que les ténèbres grandissaient dans le cœur du chef de l'équipe, sa haine recouvrait et détruisait cette allure de mannequin et il n'était plus que l'ombre de lui-même. J'avais renoncé à le sauver, j'avais fait tout mon possible pour lui, mais il n'avait fait que m'utiliser du début à la fin, allant jusqu'à tenter de me tuer et de tuer son ancienne coéquipière qui semblait l'aimer pourtant plus que tout au monde.

Fort reconnaissante envers Sakura, je me laissais capturer par Konoha, mais avec la ferme intention de refuser de livrer la moindre information sur mes équipiers, ou tout du moins mes anciens équipiers. J'avais ma fierté quand même ! Mais je n'osais pas m'avouer que la vraie raison était que mon ex-équipe avait pris peu à peu de la place dans ma vie et dans mon cœur, et que je m'étais tout simplement attachée à mes camarades d'aventure. Et je me devais d'être forte, pour eux.

Sur le chemin jusqu'à la salle d'interrogatoire, qui ressemblait plus à une salle de torture qu'autre chose (ce qu'elle était peut-être, finalement), je croisai de nombreux passants intrigués. Vous savez, ce genre de gens qui vous dévisagent en se demandant qui c'est et pourquoi elle est attachée et entourée de gardes ? Oui, ce genre de gens poussés par une curiosité mal placée, malsaine, presque morbide... Mais je ne me serais jamais laissée à penser que l'on aurait pu me regarder avec un tel regard, si doux qu'il en devient beau et apaisant alors que la peur est tapie au fond de son ventre et que l'on attend, angoissée, qu'elle ressurgisse au moment où on s'y attend le moins...

Mais c'est ainsi qu'il me regarda, quand bien même je serais une criminelle à qui on irait soutirer des informations, usant de tous les moyens à disposition. Et son chakra... Si doux, si pur, si beau et brillant, si apaisant et chaleureux... Une bougie dans la pénombre. Un brin de lumière dans l'enfer que je vivais. Et je me suis dit, comme une idiote : " Qu'est-ce qu'il est laid ! " alors que mes joues prenaient une teinte aussi rouge que mes cheveux.

J'avais toujours porté de l'importance à l'apparence. Ensuite on m'avait enfermée, interrogée, torturée... Mais la douleur physique me rendait plus silencieuse que jamais. Je m'enlaidissais au fil des jours alors que ma santé se dégradait. Il étaient passés à une autre tactique et j'étais dans la plus grande solitude, enfermée entre quatre murs dans une pièce sans aucune décoration, sobre et triste, et déprimante. Mais j'avais connu pire, dans les repères de l'Akatsuki, comme dans les planques auxquelles j'avais eu droit dans l'équipe de Sasuke, et bien sûr dans la prison où je régnais avant que Sasuke ne m'emmène briser mes ailes, plume par plume. La solitude ne gagna pas non plus contre moi, bien que le temps me paraissait long et distordu. Alors on autorisa les visites. De toute façon, je n'avais personne dans ce village, et je n'attendais la visite de personne. Peut-être que mes tortionnaires, qui le savaient, tentaient sur moi un nouveau moyen de pression.

Un jour, par un bel après-midi de juin... Non, j'étais on ne peut plus ironique : ça faisait bien longtemps que j'avais perdu tous mes repères et j'étais incapable de savoir quelle heure, quel mois, quelle saison il était, puisque ma " chambre " ne comportait aucune fenêtre, interdisant une évaluation approximative de l'heure, il n'y faisait jamais chaud, jamais froid, empêchant de savoir en quelle saison on était et donc de savoir le mois approximatif dans lequel on se trouvait. Je n'avais à ma disposition qu'un maigre mobilier : un banc en pierre pour dormir, une table et un tabouret pour manger, ce qui faisait luxueux pour une criminelle, surtout quand on savait que j'avais à ma disposition une minuscule salle de bain basique pour faire ma toilette.

Je disais donc, un jour (ou une nuit, j'étais incapable de le dire) on vînt me voir à nouveau, trois gardiens de prison quoi venaient me chercher. Je me dis : " Qui sait, ils ont peut-être envie de tenter autre chose pour me faire cracher le morceau..." Mais ayant moi-même été gardienne de prison (et des plus sadiques...) par le passé, je me savais capable de résister à tout. Et je savais cette certitude véridique.

Mais c'est dans une drôle de pièce que je me retrouvai. Elle était séparée en deux par une épaisse vitre et une table était posée de part et d'autre de celle-ci. Un tabouret était face à la table et je supposais qu'il en était de même de l'autre côté. Je m'assis sur celui-ci , jetant un rapide coup d'œil aux quatre ninjas postés aux quatre coins de la pièce ainsi qu'aux deux autres qui me bloquaient l'accès à la porte menant aux cellules en me demandant ce qui se préparait. Ce n'est que quand une jeune fille passa la porte de l'autre côté de la vitre et s'assit à son tour sur la chaise d'en face que je compris. Sakura était venue me voir.

" Quel jour sommes-nous ? Lui demandai-je sans lui laisser le temps de parler.
- Nous sommes le 28 Novembre.
- Déjà ?! Alors demain, ça fera sept mois que je suis là...
- Oui, et aujourd'hui, ça fait sept mois que tu m'as sauvée.
- Arrête, je ne t'ai pas vraiment sauvée, j'ai juste empêché Sasuke de te frapper avant l'arrivée de tes coéquipiers. "

Je pouvais me permettre cette phrase, même devant les gardes, tous étaient au courant des circonstances de mon arrestation. Il faut dire qu'il y avait eu beaucoup de témoins. Mais je m'en fichais, et poursuivis, en regardant Sakura par-derrière les multitudes de petits trous de la vitre qui me permettaient de converser avec elle.

" C'est toi qui m'a sauvée. Tu as soigné mes blessures alors que j'aurais dû y succomber.
- Oui je t'ai sauvée, je t'ai soignée. Mais je t'ai amenée ici où je te retrouve dans un état presque plus déplorable que celui où je t'ai soignée, et je n'ai fait que repousser ta mort pour t'en donner une encore plus lente et douloureuse...
- Je préfère mourir ici, dans la dignité, plutôt que d'avoir succombé de la main de Sasuke.
- Peut-être, mais c'est moi qui t'ai menée au tombeau, au final !

J'étais exaspérée par le comportement gamin de cette fille qui refusait d'ouvrir les yeux et de grandir. Pourtant j'étais persuadée que nous avions le même âge à quelque chose près. Alors, j'entrepris de lui faire la leçon et de la faire grandir de force.

" Je suis une criminelle, Sakura. Tout comme ton cher Sasuke... Il faut arrêter de se leurrer... Refais ta vie, tourne la page !
- Je ne peux pas ! Je ne veux pas... sanglota-t-elle. Si tu meures, c'est comme si je t'avais tuée ! Toi, qui comme moi est une ancienne coéquipière de Sasuke... Si tu meures c'est comme si je m'étais tuée...! "

Je soupirai, de plus en plus fatiguée moralement. Ne lui avais-je donc pas déjà dit de ne jamais pleurer pour moi ?!

" Tu n'es et ne seras jamais moi, Sakura. Oublie-moi, oublie Sasuke. La seule chance qu'il te revienne, c'est dans un cercueil. Il est perdu, irrécupérable et fou, comme déjà mort.
- Il n'est pas fou !
- Ouvre les yeux, Sakura. La folie l'a emporté. Il a supporté bien plus que ce qu'il ne pouvait ! Il a craqué, complètement disjoncté. Il n'est plus que l'ombre de lui-même ! Une marionnette dans les mains de l'Akatsuki... "

Là encore, je n'avais pas eu besoin de jouer sur les mots, j'étais parfaitement consciente que Konoha savait déjà ce que je disais. Et puis c'était déjà bien trop visible. Un silence se fit et j'observais Sakura pleurer en respectant le silence qui s'était établi, mais elle le brisa d'elle-même.

" Je m'étais jurée... jurée de ne plus pleurer. De ne plus... verser une seule larme...
- Tu as échoué en beauté, ma chérie. Mais pleure tant que tu peux, ça fera moins de larmes à verser en public. Il n'y a personne pour le cafter ici, de toute façon. À moins qu'un de ces messieurs les gardes fassent une entorse au secret professionnel et ne racontent la conversation entre une criminelle et celle qui lui rend visite. "

Je me délectai des visages crispés des ninjas qui nous entouraient, sachant parfaitement qu'aucun d'eux ne s'y risquerait. Un petit sourire satisfait apparu sur mon visage, depuis bien trop longtemps fade et monotone. J'étais heureuse de ne pas avoir le luxe de posséder un miroir dans la minuscule salle de bain attenante à ma cellule. J'attachais beaucoup trop d'importance à l'apparence pour voir à quel point je m'étais enlaidie. Le Hokage n'était pas quelqu'un de mauvais, pour m'avoir accordé le droit d'accéder à une salle d'eau. Toute fille, même criminelle, aime se sentir décente et propre. Toute personne aime se sentir un minimum présentable. Et je disposais ainsi de toilettes à l'abri des regards de mes tortionnaires. Moi-même je n'avais pas hésité une seconde à retirer ce privilège à mes prisonniers et leur laisser de simples seaux ainsi que des douches communes. Je dirigeais cette prison d'une main de fer et économisais sur tout. Maintenant que je me retrouvais de l'autre côté, j'appréciais qu'on respecte malgré les tortures diverses mon intimité et ma pudeur.

Ah la fontaine en face de moi semblait enfin calmée. Je m'autorisai donc à prendre la parole.

" Dis, la prochaine fois que tu viens, au lieu de me faire perdre mon temps à me mettre mal à l'aise, amène-moi quelque chose pour m'occuper, c'est pas qu'on s'ennuie... mais presque ! "

Elle me sourit d'un sourire franc et non pas sur commande, qui signifiait à la fois " t'inquiète je compte venir souvent t'emmerder " et " je t'amènerai ce qu'il te faut si ça peut te permettre de tenir jusqu'à ta mort ". Je lui rendis son sourire de toutes mes dents, plus légère qu'auparavant. Car malgré ma résolution à mourir sans rien révéler sur mes camarades, malgré le fait que j'étais prête à tout supporter et que la solitude ne me gênait pas outre mesure, du moment qu'on m'accordait le droit de faire passer le temps plus vite, j'étais preneuse. Et puis quand on est dans le couloir de la mort, savoir que quelqu'un me tiendrait compagnie jusqu'à mon exécution et me regretterait peut-être, ça apportait toujours un réconfort non négligeable.

C'est ainsi que défilèrent les mois, tranquilles et sans torture. Je savais que l'on m'accordait un long répit avant mon exécution et j'en profitais avec Sakura. On parlait de tout et de rien, et je passais mon temps à lui réclamer telle ou telle chose pouvant " améliorer " mes conditions de vie, ou tout du moins, m'occuper. D'ailleurs, la première fois qu'elle était revenue, elle m'avait rapporté un roman exceptionnel, d'un des trois Sanins légendaires, un ancien coéquipier de mon ancien sensei, Jiraya. Le titre était, si je me souviens bien, Les Chroniques du Ninja Courageux. Sakura m'avait dit que malheureusement il ne s'était pas trop bien vendu et j'étais restée coïte, sans savoir comment l'on pouvait ne pas apprécier ce roman à sa juste valeur et il était impossible, dans ma tête, qu'il n'ait pas eu le succès attendu. On suivait Naruto, le héros, dans tout un tas d'aventures où il n'abandonnait jamais, quoiqu'il se passe.

Sakura m'avait dit que ce roman était à l'origine du prénom de Naruto, l'ancien coéquipier de Sasuke, et qu'il regrettait énormément la mort de Jiraya, son parrain, qui était quasiment devenu à ses yeux un second père, puisque malheureusement son père et sa mère avaient péri peu après sa naissance, durant la troisième grande guerre ninja. Je comprenais mieux pourquoi Naruto n'abandonnait jamais quant à sauver Sasuke et le ramener à Konoha. Pareil au héros du roman. Ne jamais abandonner, tel était le nindô de Naruto, le ninja courageux. Ne jamais revenir sur une parole donnée, tel était le nindô de Naruto, le fils du précédent Hokage.

J'étais parfaitement consciente que mon temps n'était pas illimité, parfaitement consciente qu'une épée de Damoclès était suspendue au-dessus de ma tête, mais étrangement, je n'en avais cure. Je n'avais jamais trahi mes camarades, c'était la seule chose qui m'importait. Je me demandais vaguement ce qu'il advenait de Suigetsu et de Juugo, s'ils étaient encore dans l'équipe de Sasuke ou tout simplement s'ils se portaient bien, mais j'évitais d'y songer pour ne pas laisser échapper une phrase que je pourrais regretter, et surtout pour ne pas qu'un jour Sakura ne m'apprenne qu'ils avaient péri dans l'une de leurs " missions ". Je tenais bien trop à eux.

Mais je remarquais déjà depuis un bon moment que mes sentiments pour Sasuke s'étaient évaporés. Je ne gardais en moi plus qu'un fort sentiment de fraternité et de pitié pour cet adolescent qui avait tout perdu, jusqu'à sa beauté froide. Les sentiments qu’il ne disait pas pour lui l'avaient complètement envahi, mais ils étaient si noirs et sombres que ce n'en était que plus maléfique, puisqu'il avait toujours refusé de les partager, quand bien même cela lui permettrait de se soulager d'une partie de ce poids immense qui pesait sur ses frêles épaules. Il avait toujours caché ses faiblesses morales derrière sa force physique.

J'étais dans ma cellule, couchée sur mon banc de pierre, les genoux repliés vers le haut, fixant le plafond en songeant que cela faisait un peu plus d'un an et demi que j'étais là. J'avais du mal à comprendre qu'on m'accorde autant de temps avant de mourir. Certains n'auraient donc pas préféré en finir plus vite avec une criminelle muette qui refuse de coopérer ? Peut-être espéraient-ils que je me déciderais à livrer des informations si je reprenais goût à la vie... Mais je n'avais jamais perdu cette soif de vivre, j'étais juste résignée à ce qu'un jour il me faille partir. Tout le monde meurt un jour ou l'autre de toute façon. Mais peut-être que ce temps imparti ne m'était pas directement adressé.

J'avais cru comprendre que Sakura était l'élève de Maître Tsunade, comme elle l'appelait, autrement dit, le Hokage qui m'avait octroyé le droit d'accès à la salle d'eau. Sakura était une élève très prometteuse d'après les gardes avec qui j'avais fini par sympathiser quand ils s'étaient rendus compte que je ne représentais aucun danger puisque je ne comptais pas fuir à mon destin, fuir devant la mort. J'étais une vraie kunoichi après tout. Ikari, le garde avec qui j'avais le plus sympathisé, m'avait expliqué que si Sakura continuait dans cette voie, il y avait de grandes chances pour qu'elle finisse par dépasser Shizune, la première élève de Tsunade, ainsi que Tsunade elle-même. On dit souvent que l'élève finit tôt ou tard par dépasser le maître, même si cela ne se vérifie pas toujours, tout dépend de la volonté de l'élève et de la façon dont elle s'implique.

Et c'est là que j'avais formulé l'hypothèse du report de mon exécution. Sakura semblait de plus en plus s’attacher à moi au fil des visites, et c'était réciproquement vrai. Alors j'avais songé que soit Sakura avait demandé une faveur personnelle à l'Hokage, soit Tsunade-sama s'en était rendue compte d'elle-même et avait rallongé mon temps sur Terre. Mais j'étais plus d'un troisième avis : c'était un peu des deux. Après tout, Ikari m'avait expliqué que si Sasuke n'était pas recherché en tant que nunke-nin, c'était seulement grâce à la présence de Tsunade et de son indulgence envers Sakura et Naruto.

J'étais toujours dans la même position depuis plusieurs minutes, voire plusieurs heures je ne savais. Je n'avais pas bougé depuis un long moment, perdue dans mes pensées, et c'était la seule chose que je pouvais affirmer, notamment grâce à mes jambes endolories du fait d'être restées ainsi si longtemps. Mais j'avais supporté bien pire, et c'était pour cela que je ne m'en étais pas tout de suite rendue compte.

Ikari toqua à la porte de ma cellule, m'informant que j'avais de la visite. Ah, Sakura était revenue plus vite que je ne le pensais, puisque sa dernière visite remontait à une semaine seulement et qu'elle avait tendance à être surchargée de travail entre l'hôpital et les missions. Je me levai donc et saluai Ikari, que je n'avais pas vu de la journée, puisque j'étais déconnectée de la réalité depuis un temps indéterminé. Il me sourit, de ce sourire qui me faisait plus mal qu'autre chose. Je ne voulais pas de la pitié des gens, et encore moins des gardiens de prison. Surtout pas celle d'Ikari !

Il était devenu au fil du temps un peu comme un grand-frère veillant sur moi, et je m'en voulais qu'il se sente coupable de ne rien pouvoir changer à mon exécution. Je lui avais pourtant dit que sa seule présence et celle de Sakura jusqu'à ma mort me suffirait ! Mais il était trop protecteur envers moi pour un gardien de prison, même un s'attachant à une prisonnière. Comme si la barrière de la professionnalité était tombée entre nous depuis longtemps, ce qui était sûrement le cas. Je goûtais enfin à la joie de savoir ce que cela faisait d'être protégée, mais en même temps, moi qui avais toujours dû et su me débrouiller par moi-même, j'avouai avoir quelques difficultés à ne pas crier à Ikari de me laisser tomber. C'était la dernière chose que je voulais : perdre mon " grand-frère ". J'avais maintenant la capacité de comprendre la douleur qu'avait ressentie Sasuke en perdant Itachi. Et peut-être même que je comprenais la raison qui poussait Naruto à ne pas abandonner le survivant des Uchiwa.

Ikari me demanda si j'allais bien. J'étais restée immobile pendant quelques minutes, encore et toujours en train de songer. Je le rassurai du regard et avançai vers la salle des visites dont l'accès m'avait été autorisé après avoir compris que je ne ferai rien de mal jusqu'à ce que la mort m'emporte. Mais quand je poussai la porte, un petit cri m'échappa : ce n'était pas Sakura. Non c'est la même aura douce et apaisante qui me prit le cœur que la dernière fois quand je marchais dans les rues de Konoha jusqu'à ma cellule.

Je me permis de le détailler du regard, sans même m'excuser pour ce petit cri incontrôlé après l'avoir reconnu, m'attardant un long moment sur ses lèvres qui me souriaient tendrement, sur ses yeux mi-clos qui ajoutaient de la douceur à son sourire et à ses traits déjà emplis de douceur, sur son visage rond qui lui donnait un aspect "mignonne petite chose", malgré sa taille imposante, ses cheveux châtains dans tous les sens, frôlant ses épaules vêtues d'un habit rouge qui semblait moulant, mais par-dessus des protections métalliques m'empêchaient de le vérifier, et je me demandai bêtement comment il faisait pour rentrer dans cet espèce d'uniforme au juste informe, puisqu'il était, on pouvait l'avouer, gr... enrobé.

Je ne savais ce qui m'avait retenu d'aller au bout de ma pensée, (de ma pensée à peine ! ) mais je savais que quelque soit la raison, elle avait son importance, et peut-être ne voulais-je donc pas, même juste ça, penser une chose qui aurait pu blesser une âme si apaisante, gentille, presque tendre, semblable à une douce et belle chaleur et lumière d'une bougie posée au milieu d'une table. Et cette faible flamme qui prend de l'ampleur et grandit, grandit, et devient un feu de bois... Et comme si j'étais proche de ce feu dansant et brillant de mille feux, aussi chaud qu'un feu de joie, je sentais mes joues rougir par la chaleur de ce magnifique feu de bois. L'adolescent face à moi me sourit d'autant plus que je rougissais, il n'était pourtant pas une beauté, mais je ne pouvais m'en empêcher. J'attachais beaucoup d'importance à l'apparence. Je m'assis donc en gardant mon regard fixé sur le jeune homme alors qu'il se décidait à prendre la parole.

" Moi c'est Chôji Akimichi, et toi ?
- Euh... Moi ? Karin... oui, Karin. "

Je continuai de le dévisager sans parvenir à comprendre pourquoi il me rendait visite, et pourquoi si tard dans ce cas. Ce Chôji Akimichi était décidément un personnage bien atypique. Je ne savais comment me comporter à ses côtés, et je demandai simplement :

" Pourquoi...?
- Pourquoi je suis venu ou pourquoi j'ai tant tardé à venir au secours d'une demoiselle perdue et sans repères ?
- Eh bien... euh...
- Ha ha ha ! Eh bien, moi-même je ne sais pas. Mais laissons là les détails, ce ne sont que des futilités, tu ne crois pas, Karin ?
- Euh... Hum hum, si peut-être. C'est juste que je suis...
- Troublée, n'est-ce pas ? "

Je restai coite devant ce phénomène qui semblait lire en moi, ou tout du moins sur mon visage. Après tout, je ne savais pas trop comment j'aurais pu cacher ma surprise, tant elle me dépassait. Ainsi étaient les choses, le temps se foutait de moi, et j'en profitais. Mon destin était tout tracé, le temps m'était compté, mais je prenais mon temps et profitait de chaque instant. La vie n'était donc que contradictions...

" Tu aimes les dangos ? "

Je dévisageai cet Akimichi, décontenancée par sa question totalement déplacée, dans le contexte où nous nous trouvions. Puis, je réfléchis. Cela faisait longtemps que je n'avais plus droit qu'à de l'espèce de bouillie de légumes et d'un minuscule morceau de viande pour repas, puisque l'on ne m'autorisait pas autre chose, et je ne savais même plus quel goût pouvait avoir les dangos. Mais ce mot m'évoquait des saveurs sucrées dont je ne me rappelais plus l'effet que cela pouvait faire sur la langue. Et j'étais capable de me souvenir que j'avais toujours apprécié les sucreries et autres friandises, bien que je m’astreigne à un régime strict suivi d'un entraînement pour éliminer les calories. J'accordais beaucoup trop d'importance à l'apparence.

" Hum, il me semble que j'aimais ça.
- Si tu veux, je t'en amènerai la prochaine fois. "

Je détournai la tête, sachant pertinemment que je n'aurais pas le droit de manger quelque chose qui se pourrait être empoisonné (puisque je n'aurais pas payé correctement pour mon crime) ou revigorant (puisque je pourrais tenter de retrouver mes camarades, bien que cela fasse longtemps que cette éventualité était sortie de la tête des gardes). Après avoir pris une inspiration, j'interrogeai Ikari du regard, priant pour avoir droit à ce petit extra sucré. J'avais soudain une envie folle d'en avaler plusieurs brochettes d'un seul coup, pour me rappeler de ceux que j'avais partagés avec mes ex-compagnons, les rares soirs où nous prenions une pause sur notre mission vengeresse. Ces moments de paix que je savais au fond de mon cœur avoir apprécié bien plus que de mesure, regrettant même mes disputes futiles avec Suigetsu, toujours là pour vous changer les idées...

" Eh bien, partant du fait que Chôji Akimichi offrant de la nourriture n'est vraiment pas commun, je suppose que tu pourrais y avoir droit. Je ferai une demande au Maître Hokage pour m'en assurer.
- Et si jamais, est-ce que tu as envie d'autre chose ? me demanda mon nouvel allié.
- Autre chose... Eh bien... DES RAMENS ! m'exclamais-je au souvenir du livre Les Chroniques du Ninja Courageux. Juste pour avoir le plaisir de manger des narutos.
- J'en prends note. Je reviendrai souvent t'apporter les spécialités de notre village. "

De retour dans ma cellule je me fis l'impression d'être une princesse dans une prison dorée. Entre Sakura et ce Chôji, j'avais tant de possibilités de profiter de tous ces petits plaisirs de la vie auxquels je n'avais jamais prêté attention avant ma condamnation à mort. Je me surpris à cette pensée qu'une larme trahisse le mensonge auquel je m’accrochais comme une forcenée pour ne pas regretter la liberté. La mort ne m'effrayait en aucun cas, mais je redécouvrais des saveurs oubliées de la vie, et bien que je savais que je n'y renoncerais pour rien au monde, j'avais peur de les regretter, ma dernière heure venue, et que je ne meure non pas dans la fierté et l'honneur d'avoir protégé les miens, mais dans l'amertume d'avoir retrouvé goût à la vie.

J'avais toujours porté de l'importance à l'apparence. La pâleur des femmes a toujours été signe de pureté, et plus on était pale, mieux on nous considérait. J'avais été élevée dans ce précepte de vie. Aujourd'hui, j'étais plus pale que jamais, et je savais que le manque de soleil aurait raison de ma santé avant même mon exécution. Sakura, toujours inquiète pour moi et ayant l'expérience médicale, avait exigé que l'on me fasse suivre un traitement à base de vitamines. J'étais donc réduite à avaler des boissons immondes à chaque petit-déjeuner.

Comme promis, Chôji Akimichi revînt quelques jours plus tard, à l'heure du déjeuner, avec des ramens et des dangos. On aurait dit qu'il comptait nourrir tous les gardes de prison tant il y avait de nourriture. Je mangeai une boîte de ramens instantanés (Chôji avait pensé à tout, même à sa bouilloire) contre une dizaine pour lui. Il me dit que je pouvais me resservir si j'en avais envie, mais les maigres repas de la prison m'avaient appris à être raisonnable sur les quantités, et mon estomac n'aurait pas supporté les dangos si je m'étais resservie des ramens. D'ailleurs plusieurs brochettes nous attendaient, et je me régalai en avalant les miennes.

" Alors, tu aimes ? Me fit l'Akimichi. "

Je hochai la tête silencieusement, sachant que si je répondais à voix haute, elle m'échapperait sous le coup de l'émotion qui me transperçait. Je l'identifiai comme un mélange de nostalgie, de reconnaissance, de mélancolie et de bonheur absolu. Je comprenais enfin l'expression " plaisirs simples ".

Plusieurs jours passèrent sans que je ne puisse mettre de côté le souvenir des dangos que Chôji et moi avions partagés. Il m'arrivait même de croire sentir leur goût sur le bout de la langue. Mais très vite je me rendais compte que ce n'était pas possible, et j'avais peur de perdre pied dans tous ces délices que l'on m'autorisait. Et si je devenais folle ? Serais-je encore capable de tenir ma langue sur mes camarades ? La peur me tiraillait le ventre qu'un jour je puisse trahir mes amis sans le vouloir. Aucune torture ne me ferait cracher le morceau mais j'avais l'angoisse constante de perdre la raison et de tout raconter. Et si j'étais encore capable de quelques bribes de lucidité, je m'en voudrais à mort... Sans jeu de mots.

Sakura revînt me voir peu de temps après ma brusque prise de conscience de ma lente perte de celle-ci. Elle semblait souriante comme jamais et je me haïssais de savoir que j'allais le lui ôter. Car à peine s'assit-elle à côté de moi que je lui balançais sans ménagement :

" C'est quand, mon exécution ? "

Son sourire disparut, comme je m'en doutais déjà, et elle devînt livide. Je savais qu'elle aurait voulu que je ne lui pose jamais la question. Elle accusa le coup sans un mot, sûrement sous le choc, et peut-être aussi pour retenir les larmes qui risquaient à tout moment de déborder de ses yeux verts. Quand elle fut enfin capable d'une quelconque réaction, elle se leva, déposant son sac plastique sur la table et bafouilla :

" Je... je crois que je reviendrai un autre jour. Tu ne sembles pas disposée à m'accueillir... "

Je la rattrapai avant qu'elle ne passe le pas de la porte, l'obligeant à me regarder dans les yeux et me donner une réponse concrète. Quand finalement elle daigna croiser mon regard, une larme roulait sur sa joue. Alors je la lâchais. Je ramassai le sac qu'elle avait abandonné sur la table à mon intention, la laissant s'enfuir et pleurer tout son soûl. Je ne voulais pas assister à une crise de larmes. Déjà que de base je n'aimais pas ça, surtout quand c'était pour moi, là, je n'avais ni l'envie, ni la patience de le faire.

Un objet tomba de la poche que j'avais attrapée à l'envers. Je me baissai pour le ramasser avant de faire demi-tour pour retourner bien sagement dans ma cellule. L'objet dans une main, le sac dans l'autre, je suivis Ikari silencieusement. Il ne dit pas un mot non plus. Sûrement avait-il entendu ma faible conversation avec Sakura. Lui non plus ne s'attendait pas à un tel virement de ma part. Je me laissai choir sur mon rustre banc de pierre, déposant le sac sur la table. Ikari était à côté de moi, vérifiant que rien ne sortait des règles de la prison, puis s'en alla en fermant la porte. Ce n'est qu'une fois de l'autre côté de celle-ci qu'il me fit :

" Tu devrais regarder ce qu'elle t'a apporté. "

Soudainement intriguée, je repris l'objet qui était tombé un peu plus tôt. Il s'agissait d'une boîte que mon " grand frère " le gardien avait mal refermée. Je soulevai le couvercle de celui-ci ne sachant pas trop à quoi m'attendre après une telle réaction de la part d'Ikari. Un instant plus tard, je pris une photo sur le dessus de la petite pile que contenait la boîte. Sakura voulait-elle me montrer ses amis, sa famille ? Aurais-je été si méchante de la renvoyer comme ça ? Mais en retournant la photo, je ne sus que dire. Les mots me manquaient. De toute façon je n'avais personne à qui parler. Et j'étais heureuse qu'Ikari ait pris la peine de me laisser toute seule à un tel instant. Parce que s'étalait sous mes yeux les seuls clichés existants de moi et mes anciens camarades. Alors que les souvenirs affluaient, mes larmes se mirent à couler, traîtresses. Bon sang qu'ils me manquaient !

Ces photos-là, on les avait prises à notre troisième planque. Sur le chemin, Suigetsu avait trouvé un appareil photo, de ces appareils jetables que l'on peut faire développer ensuite auprès de n'importe quel marchand de journaux, et voyant qu'il était neuf, il s'était dit que ça aurait été nul de gâcher ainsi une pellicule. Il s'était mis en tête que c'était à nous de l'utiliser, un peu comme si c'était sa mission, parce que dans cette planque on s'ennuyait ferme et qu'on ne savait pas où on devait aller ensuite. Alors qu'on mangeait dans le calme et le silence les plus absolus, Suigetsu avait débarqué en brandissant fièrement son appareil photo, heureux comme un gosse de quatre ans à qui on offre une sucette. Je crois que c'est la seule fois où j'ai vu Sasuke avec une telle expression de surprise et d'incrédulité. Et j'avoue que je me suis bien foutue de sa gueule ce jour-là. Et Juugo qui était pris de pulsions meurtrières à ce même moment !

Suigetsu n'avait raté aucun de ces inoubliables moments. Les photos étaient superbes. Je me rappelais encore de Sasuke qui râlait en disant que des photos c'était trop dangereux si jamais elles tombaient entre de mauvaises mains - et dire qu'il parlait de Konoha ! - et il essayait de récupérer l'appareil en hypnotisant Suigetsu. Mais celui-ci avait veillé à ne croiser sous aucun prétexte les yeux de Sasuke qui avait finalement renoncé. Il aurait pu récupérer l'appareil n'importe quand, avec la vitesse impressionnante qu'il avait, mais bizarrement il avait laissé faire. Nous étions tous réunis sur la dernière photo avec Sasuke de nouveau égal à lui-même, Juugo qu'un oiseau avait de nouveau pris pour une branche d'arbre, Suigetsu moqueur et prétentieux, et moi narquoise, mais au fond de moi émue au possible.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée à contempler les photos, peut-être une heure, peut-être trois. J'étais juste là, pleurant comme je n'avais jamais pleuré de toute ma vie. J'étais lasse. Lasse de faire semblant. Et fatiguée. Terriblement fatiguée. Mes camarades me manquaient et j'en avais marre de ma foutue fierté. Marre de ne pas avouer à quel point je m'étais attachée à eux. Marre de vivre dans l'attente de la mort. Marre de me voir privilégiée. Marre d'être enfermée. Je n'en pouvais plus. Ces photos avaient brisé la dernière barrière subsistant en moi. Il n'était pas question que je me blesse plus longtemps. Ni moi, ni les autres. Je perdais pieds.

" Karin ? "

Je me réveillai en sursaut. À quel moment m'étais-je endormie ? Désorientée, je cherchai des yeux les photos que je rangeai précipitamment dans leur boîte. Ikari attendit. Puis quand le silence se fit dans la cellule, il rentra, accompagné de Sakura. C'était la première fois qu'elle venait. J'étais étonnée. Effarée. Effrayée. Mais heureuse. Parce que malgré tout, Sakura était là. Elle était revenue me voir. Et j'avais peur. Mes sentiments étaient confus, et je ne parvenais plus à les contrôler. J'avais beau tenter de me raisonner, mon cœur continuait de battre à cent à l'heure. J'avais une amie. J'avais encore quelqu'un pour m'apprécier. Ce constat me fit mal, comme il me fit sourire. Et j'avais quelque part là-dedans, Ikari et Chôji. Et mes anciens camarades. Inoubliables. Je n'étais plus seule. Mais j'allais mourir. Je perdais pieds.

" Karin ? Hasarda Sakura d'une voix mal assurée. Tu vas bien ? "

Je lui lançai un regard avant d'éclater de rire. Comment voulait-elle que j'aille mal ? Sakura me dévisagea de plus belle. Je ne pouvais pas m'arrêter de rire. Franchement, des fois mon amie aux cheveux roses était vraiment étrange. Et complètement à côté de la plaque. Ici, j'avais tout ce qu'il me fallait. J'étais nourrie, logée, blanchie. Mon exécution n'avait eu de cesse d'être reportée. J'avais de la compagnie. Des loisirs. Lecture en tout genre, goûters surprises, débats argumentés et discussions de filles. J'avais ma chambre personnelle, ma propre salle de bain. Une chambre dans laquelle il ne faisait ni chaud ni froid. Un médecin si malgré tout je tombais malade. J'étais entourée, choyée. Mais j'étais seule. Je perdais pieds. Et éclatai en sanglots.

J'accordais beaucoup d'importance à l'apparence. Et aujourd'hui plus que jamais, je me faisais pitié. Mais rien de ce que je ne pus penser ne fit s'arrêter le déluge qui s'abattait sur mes joues. Sakura et Ikari me regardaient désemparés. Mais je ne parvenais pas à stopper les larmes qui déferlaient sans répit. Il me fallut de longues minutes pour me calmer. La crise de nerfs ne semblait pas vouloir passer. Mais tout a une fin. Ma vie aussi. Alors, comme pour m'achever, je demandai à Sakura :

" Dis, comment as-tu eu les photos ? "

Le silence s'installa dans la pièce, et pour la première fois depuis que j'étais ici, je le trouvais pesant.

" J'ai juré.
- Tu as juré de quoi ? la pressai-je. "

J'avais peur, tellement peur ! Mais je voulais connaître la vérité. Coûte que coûte. Soudain, les railleries de Suigetsu me manquèrent. Le calme incertain de Juugo aussi. Et plus que tout, la présence de Sasuke. C'était lui et lui seul qui permettait la cohésion de notre équipe.

" De garder le secret, acheva-t-elle finalement, me ramenant à la réalité. "

Etrangement, je me sentis rassurée. Et je n'eus pas besoin d'en savoir plus. Car finalement, ce secret, c'était la promesse que mes anciens coéquipiers étaient encore quelque part sur cette planète, et se souvenaient encore de moi. Sakura n'eut pas besoin d'en dire plus. J'avais tout compris.

" Au fait, tu as besoin de quelque chose ? me demanda sans transition mon amie.
- Rapporte-moi encore des romans, j'ai déjà lu ceux que tu m'as prêtés la dernière fois. Ah, et aussi des piles pour l'horloge. Et... non laisse tomber ça ira. "

Les jours passaient, calmes et insipides. Ma routine avait repris et je ne m'en plaignais pas. Des fois, quand je me sentais soudainement accablée, je regardais les photos. D'autres fois, je prenais un des romans que Sakura m'apportait et je le lisais, ou le relisais, en attendant qu'elle m'en apporte d'autres. Il m'arrivait d'être simplement perdue dans mes pensées, mais j'évitais au maximum de me laisser aller. Je n'étais pas seule. J'essayais de m'en convaincre à chaque fois que j'étais prise de panique à l'idée qu'on ait pu m'oublier. Mais à chaque fois, les photos s'imposaient à mon esprit, et je reprenais contenance. Alors je parlais avec Ikari. De tout et de rien. Du goût inexistant des espèces de purée auxquelles j'avais droit au repas. Des vitamines dégueulasses que je me forçais à boire chaque matin pour faire plaisir à Sakura. De la pendule et de son tic-tac incessant qui tantôt me berçait, tantôt m'agaçait. De mon envie de sentir la chaleur du soleil sur mon dos. De celle de me rappeler de l'odeur de la pluie.

Mais je savais malgré tout qu'Ikari était conscient que j'étais reconnaissante de tout ce qu'on m'offrait. Même si ça me plongeait dans une lente agonie. Malgré tout, j'étais... heureuse. Parce qu'il m'avait fallu attendre d'être au crépuscule de ma vie pour me rendre compte que je ne regrettais absolument pas mes choix. Que ma vie était finalement bien remplie, même si elle était courte. Même si on me la rallongeait de façon abstraite. Et surtout, j'avais des amis.

Chôji revînt d'ailleurs me voir peu de temps après. Comme promis, il me rapportait un autre de ces mets délicieux que seuls peuvent faire une mère pour son enfant, ou un amoureux de la cuisine à ses clients. Nous dégustâmes en silence, et je restais une fois de plus éberluée face à la quantité impressionnante de nourriture que pouvait ingurgiter mon ami. Le plus étrange était sûrement qu'il vida tous ses plats plus rapidement que moi mon unique assiette. Il me laissa finir à mon rythme, sans un mot, dans un de ces silences avenants, apaisants.

J'accordais beaucoup trop d'importance à l'apparence, et lorsque je remarquais que la longue crinière de mon ami était complètement emmêlée, je sentis l'agacement monter en moi. Ni une, ni deux, j'étais déjà derrière lui à défaire un à un les nœuds de ses cheveux avec mes doigts, en prenant garde à ne pas faire mal à Chôji. S'il en fut surpris, il ne le montra pas un instant et se laissa faire. Je me délectais de ce moment : petite, j'espérais avoir une petite sœur dont je pourrais m'occuper comme d'une poupée. Mais ma vie familiale avait vite tourné au drame et j'avais abandonné cette idée. L'image de Chôji Akimichi se superposant à mes anciens désirs de petite sœur était tellement incongrue que je me mis à rire silencieusement.

J'ouvris les yeux d'un seul coup. Je m'étais une fois de plus endormie sans m'en rendre compte. Cela faisait un bon bout de temps que je ne m'en formalisais plus. Cependant mes brusques réveils étaient toujours un peu déstabilisants. Il me semblait avoir fait un horrible cauchemar que ma conscience avait relégué au fin fond de mon esprit, comme s'il aurait été trop dur à supporter pour moi. Chacune de mes nuits passées semblait de plus en plus difficiles à vivre. J'avais essayé de demander des somnifères à Sakura, ce qu'elle avait refusé en prétextant que de simples tisanes me suffiraient. Bien sûr tel n'était pas le cas.

La peur de mourir bêtement dans mon sommeil me taraudait et je ne parvenais plus à calmer les battements affolés de mon cœur une fois allongée sur mon banc de pierre. Bizarrement, je me sentais plus rassurée à l'idée d'une mort programmée que d'une mort à mon insu. Pourtant en tant que ninja et d'autant plus que nunke-nin, je savais que la mort pouvait m'attendre à chaque coin de rue. Mais l'illusion de pouvoir contrôler l'issue de ma vie subsistait dans le fait de pouvoir me défendre. Le bracelet à mon pied droit m'empêchait toute utilisation de chakra. Je me sentais cernée.

Les jours alternaient, patiemment, et les visites de Sakura et de Chôji semblaient se faire de plus en plus rapprochées. Etait-ce véritablement le cas ou perdais-je la raison ? Je ne parvenais pas à le déterminer. Des heures entières semblaient disparaître de ma mémoire. M'en rendre compte était on ne peut plus déstabilisant. J'étais beaucoup plus troublée que ce que je laissais entendre et voir à mes amis lorsque l'un d'eux me faisait remarquer mes absences. Je lisais l'inquiétude dans leurs regards, leur désarroi sur leur visage mais je ne pouvais rien faire pour les rassurer d'autre que de faire semblant de me souvenir. Des fois un rire nerveux m'échappaient, mais je faisais en sorte de l'étouffer pour ne pas alarmer plus que de mesure Sakura ou Ikari. Chôji, la plupart du temps ne laissait transparaître aucune émotion, aucune réaction de stupeur comme s'il avait compris. Je ne voulais pas de leurs angoisses. Ni de leurs larmes. Encore moins de leur pitié. Leur présence me suffisait. Mais je me faisais peur.

Quelle parole avais-je échangé, quelle information avais-je laissé filtrer ? Que s'était-il passé, qu'avais-je fait ? J'étais incapable de me rappeler. Et je me faisais peur. Mais je ne pouvais pas leur faire part de mon inquiétude. Je ne voulais pas de leur regard triste. Plus que tout, leur condescendance était horrible à gérer. Je n'étais pas une quelconque fille malade. Mais je me faisais peur. Qu'était-il en train de m'arriver ? Je perdais de plus en plus le contrôle sur mon propre corps, sur ma propre vie. L'appréhension grandissait sans bornes au fond de mon cœur. Ma raison m'échappait. Le nœud dans mon estomac semblait se serrer de plus en plus fort.

" Dis, Chôji, c'est comment dehors ? "

Son visage se tourna subitement vers le mien. Il était clairement désarçonné par ma question. Mais il ne fit aucun commentaire. Là où Sakura m'aurait lancé un regard empli de larmes avant de fuir tout bonnement la conversation, Chôji me présenta son éternel sourire bienveillant.

" Les nuages sont magnifiques. Toujours à se laisser lestement porter par le vent. "

Sa réponse me surprit mais étonnement il me sembla que c'étaient exactement les mots que je voulais entendre. Seulement je ne savais que rétorquer. J'aurais pu dire que j'enviai leur liberté, mais tel n'était pas le cas. J'aurais pu dire que leur blanc si pur était superbe comparé à la noirceur du monde dans lequel j'ai longtemps évolué, mais les quelques rayons de soleil qui perçaient les nuages sombres et étouffants de la vie que j'avais choisie me rappelaient à chaque fois pourquoi je me battais. Mes camarades étaient toujours là, à mes côtés, affrontant les mêmes galères, les mêmes blessures, les mêmes souffrances, les mêmes tempêtes. Mes camarades étaient toujours là, à mes côtés, partageant les mêmes souvenirs, les mêmes sourires, les mêmes répits, les mêmes chamailleries, les mêmes repas, les mêmes silences apaisants. J'aurais pu dire tant de choses, mais je n'avais pas besoin de mettre des mots sur mes émotions. Chôji comprenait. Tout simplement.

Je hurlais. À en perdre les mots, à en perdre la voix. Je hurlais. Cri transcendant et déchirant les âmes. Je hurlais. À en réveiller les morts. Mais j'étais seule, tellement seule dans ma cellule ! Je hurlais à m'en arracher les cordes vocales, hurlais encore et encore, à m'en arracher les cheveux. J'étais tout, j'étais rien. Le Néant m'entourait et me berçait, le Vide me tenait compagnie, le Silence m'accompagnait et se glissait sinueusement en moi à m'en glacer la moindre parcelle de mon corps. Alors je hurlais. Encore et toujours. À en briser les vitres. Mais seul l'écho de mes cris contre les murs me répondait. J'étais seule.

Ikari rentra dans ma chambre comme un fou, la panique sur le visage et la terreur collée à son corps. Seule sa respiration hachée par sa course folle au secours d'une demoiselle en danger brisait le silence lourd qui s'abattit soudainement sur nous. La vision de la fière Karin recroquevillée sur son banc de pierre, se balançant d'avant en arrière, les genoux repliés contre sa poitrine devait l'avoir plus choqué qu'il n'oserait jamais l'avouer.

" C'est fini Nii-chan. Je ne peux plus vivre comme ça. "

Ikari ne répondit rien, ni à l'étiquette de grand-frère que je venais de lui coller sur un accès de folie, ni à mon aveu torturé. Mais il fallait qu'il le sache. Au moins lui. Je mourrais de l'intérieur. Tout mon être se consumait au fil des jours ; et j'en perdais le fil. Je mourrais. Ou peut-être étais-je déjà morte. Je ne savais plus. Mais si la mort était aussi cruelle, je n'en voulais pas. C'était bien loin du cliché de la libération de l'âme et de l'esprit, de la paix intérieure que je réclamais désormais avec ferveur.

" Dis Chôji, raconte-moi comment c'est le soir dehors ! "

Celui-ci sembla réfléchir à ma requête, que j'avais déjà formulée un millier de fois auparavant, pour ne pas redire quelque chose qu'il m'aurait confié quelques jours ou quelques mois plus tôt, quand bien même il y avait de grandes chances pour que je n'en eusse gardé aucun souvenir, ou juste un morceau d'une conversation autour d'un bon repas partagé avec mon ami.

" Le soir, alors que la brise légère du vent te frôle le cou, tu peux entendre au loin le clapotis de l'eau d'une rivière qui s'écoule sereinement, tandis que des grillons chantent et festoient juste à côté de toi. Et l'odeur des bois te remplit les narines alors que le feu de ton campement à quelques pas de toi crépite et te réchauffe. "

Transportée par la poésie des mots de mon ami, je me sentais plus vivante que jamais, alors que cette vision chimérique de ce bois nocturne s'imposait à moi. J'aimais toujours les récits de Chôji, car bien que physiquement il ne fût pas gâté, ses talents de conteur nous faisaient voir de nos propres yeux la scène qu'il décrivait, avec cet aspect mystique et fabuleux qui donnaient toute la grandeur du récit, ses courbes disgracieuses disparaissaient automatiquement de notre esprit.

" Sakura, c'est quand, alors, mon exécution ? "

Déstabilisée par mon brusque revirement, elle me lança un de ces regard qui vous disent que le tournant que prend la conversation ne plait pas le moins du monde à votre interlocuteur. Mais je m'y attendais, et je n'eus aucune autre réaction que de ficher mes yeux dans les siens, comme pour lui montrer que j'attendais cette fois-ci une réponse claire.

" Tu... Tu sais, si tu es à nouveau dans un de ces jours noirs et que tu tiens à te venger sur moi, c'est... Je ne vais pas rester plus longtemps.
- Tu sais, tu m'as déjà fait le coup de partir sans me dire ce que je voulais entendre, je ne vais pas te laisser te dérober une nouvelle fois. "

L'hésitation de mon amie se lisait clairement sur ses traits, cependant j'en fis abstraction pour me modeler une expression dure, d'une fille qui ne flancherait pas. Mon poing s'abattit sur la table, faisant sursauter Sakura qui ne savait plus où se mettre. Voyant qu'elle ne laisserait filtrer aucune information sous la pression que je lui infligeais, je me décidai à changer de tactique et optai pour la franchise. La bonne vielle franchise... Mon ennemie de toujours.

Rapprochant ma chaise de la table que je venais de frapper, je me penchai au-dessus de cette dernière et plantai mon regard dans celui de mon amie aux cheveux roses. À ce moment-là, et à celui-là seulement, je lâchai dans un souffle :

" J'ai besoin de savoir. J'en ai besoin. "

Sakura baissa la tête, s'échappant de mon regard trop limpide, spectre d'une souffrance trop longtemps voilée et muée en fierté. Alors, son silence persistant, je m'exclamai :

" Je deviens folle, ici ! Je perds pieds, ma mémoire me joue des tours, et je suis rongée par l'angoisse d'un jour me perdre dans les méandres de mes souvenirs et de ne plus en réchapper ! Je ne dors plus la nuit, et quand j'y parviens enfin, je suis ravagée par des cauchemars à n'en plus finir ! Chaque minute, chaque seconde est une torture, un doux poison qui coule dans mes veines et me transperce ! Je n'en peux plus... Si je reste encore en vie, je vais finir par regretter les décisions qui ont toujours fait ma fierté... C'est une faveur que je te demande, Sakura. Parce que tu es mon amie. Ma seule amie fille depuis des lustres, et la meilleure amie que j'ai jamais eue. "

Déboussolée par mon cœur pour la première fois de toute ma vie mis à nu, je ne remarquai pas ma voix qui tressauta et se brisa sous l'assaut des larmes qui ruisselaient maintenant sur mes joues. Vidée de mon énergie, je me laissai aller contre le dossier de ma chaise, et essuyai les traîtresses que je tentai vainement de contenir. J'en oubliais presque que j'attendais une réponse de Sakura.

" Tu... Tu veux vraiment mourir ? me lança-t-elle finalement.
- C'est mon vœu le plus cher.
- Alors... Je demanderai à Tsunade-sama de... D'accélérer la procédure. "

Une vague de reconnaissance envahit tout mon corps alors que je murmurais un simple " merci " à mon amie. La liberté me semblait soudain palpable.

Ainsi les jours passèrent, tranquilles et apaisants, avec l'assurance d'une délivrance certaine, et proche. J'eus beaucoup de visites de mes amis qui savaient que tout allait bientôt se terminer, mais qui tentaient vainement d'éluder cette fatalité de leur esprit. J'étais pour la première fois depuis bien longtemps sereine. Sakura fit son possible pour ne pas fondre en larmes à chaque fois qu'elle me rendait visite, et Chôji décida de me faire goûter encore plus de mets de sa composition ; ce qui, par ailleurs, me donna une bonne vielle indigestion, et la seule de toute ma vie. Les quantités de mon ami étaient vraiment beaucoup trop grosses pour que mon organisme les assimile sans faire de caprice. Ikari, quant à lui, vînt souvent discuter avec moi de sujets tous plus banals les uns que les autres, mais ses anecdotes et mésaventures à coup de sushi avarié et autres me firent bien rire. J'étais enfin en paix avec moi-même.

" Alors, Karin, prête pour le grand saut ? "

Je me retournai vers Sakura qui, après un bon mois s'était enfin faite à l'idée de ma disparition du lendemain. Du moins tentait-elle de faire comme si ce n'était qu'un voyage comme un autre, et qu'elle pourrait encore me raconter la dernière gaffe de son boulet de coéquipier blond. J'appréciai grandement qu'elle évite les effusions de larmes ; et d'ailleurs prenait-elle sur elle uniquement pour me faire plaisir. Cette marque d'attention me touchait droit au cœur, mais je ne laissais rien paraître : mon accès d'émotion aurait entraîné celui de mon amie.

" Fin prête, Roger ! Répondis-je. Au fait, Chôji m'a dit que c'était toi qui allais mener la séance ! "

Prenant de grandes précautions quant au choix de mes mots, je formulai volontairement ma phrase de façon ambigüe. Demander clairement à Sakura si c'était elle qui me donnerait l'injection létale aurait fait s'écrouler le barrage qui retenait son flot de larmes, ce qui, indubitablement, m'aurait fait craquer. Non pas que je craigne ma mort prochaine, mais devoir abandonner mes amis m'était plus difficile que ce que j'avais cru.

" C'était une requête que tu m'avais adressée personnellement, non ? Une faveur. Et puis, je veux être celle qui te permette de te libérer de tes cauchemars. Celle qui t'arrachera aux bras de la folie. Parce que tu es mon amie. Que tu es comme moi une ancienne coéquipière de Sasuke, et que dans un sens, tu es un peu moi. Une fille comme une autre, qui veut toujours paraître forte pour cacher ses blessures. Une fille qui veut être capable de ne jamais rien regretter. Et je ne veux pas n'avoir été qu'une simple spectatrice. Je le regretterai toute ma vie. "

Mon cœur se gonfla d'un mélange indistinct de tristesse, de bonheur, de nostalgie et de gratitude. C'était trop tard, j'étais émue du plus profond de mon âme.

" Merci, Sakura, merci d'avoir toujours été là pour moi. "

Elle m'adressa un sourire franc, et se leva finalement pour me laisser seule ; dans cette solitude où tu sais que malgré tout, tu n'es jamais seul. Sûrement ne voulait-elle pas me laisser voir ses larmes, et je l'en remerciai d'autant plus.

Chôji vînt me voir pour le dîner, apportant avec lui un repas qu'il avait confectionné avec toute la force de ses sentiments. J'en fus énormément touchée, alors que je me laissais une dernière fois porter par la poésie de ses mots, et de la majesté de l'histoire qu'il me contait. L'heure de partir arriva pour lui, et il me salua en m'assurant qu'il serait là le lendemain.

La nuit m'apparut belle et calme, et je me réjouis de pouvoir revoir le monde extérieur une dernière fois. Ikari me ramena finalement à ma cellule, mais jamais elle ne me sembla aussi peu malveillante. Et c'est ainsi que le sommeil m'attrapa avec douceur et m'enveloppa avec tendresse, coupant court à mes pensées informes.

Le soleil était haut dans le ciel quand Ikari m'amena sur la scène qui orchestrerait ma mort, me tenant les bras menottés dans le dos. Je ne m'en formalisais pas, ce n'était, au juste, qu'une formalité destinée à rassurer la population. Encadrée par les deux gardiens qui avaient assisté à ma première rencontre avec Sakura, au début de mon emprisonnement, j'avançai fièrement vers l'estrade où cette dernière m'attendait. Le Hokage, Tsunade-sama, suivit mon ascension du regard, alors que je m'asseyais sur le siège en face d'elle. Ses yeux posés sur moi étaient étonnement neutres, mais je me doutais qu'un flot de pensées confuses l'assiégeait sûrement. Au premier rang se tenait Chôji, spectateur comme il me l'avait promis. Je lui souris, et il me sourit en retour. S'avançant vers le micro, le Hokage prit finalement la parole.

" Vous êtes réunis ici pour assister à l'exécution publique de Karin, nunke-nin ayant collaboré avec Orochimaru et les nunke-nin Suigetsu, Juugo et Sasuke Uchiwa. N'ayant voulu livrer aucune information qui aurait pu alléger sa peine à la prison à perpétuité, Karin ici présente a donc été jugée pour ses crimes et condamnée à mort, trois ans jour pour jour après son emprisonnement, en vertu des lois 403, 404 et 514. "

La blonde à forte poitrine se recula d'un pas et, après un silence, se tourna vers son élève :

" Sakura... "

Celle-ci acquiesça et prépara sa seringue mortelle. Attachée à mon siège par mesure de précaution, j'avais le bras tendu, bien en évidence sur l'accoudoir. Sakura planta l'aiguille dans la veine, sans verser le liquide mortifère. Je sentis l'aura apaisante de Chôji tressauter, comme s'il avait du mal à contenir ses émotions. Lui qui avait toujours caché toute trace de sentimentalisme, j'en étais très surprise. Au moins étais-je sûre que je comptais pour lui. Cette pensée me réchauffa le cœur, et je souris de plus belle.

" Un dernier mot ? me demanda la bienveillante Hokage en se penchant vers moi.
- Hum... Dîtes à Chôji Akimichi que je l'aime. "

Le moment fatidique arriva. Ikari se crispa, une larme roula sur la joue de mon amie aux cheveux roses, et je repérais au loin mes anciens coéquipiers venus me faire un dernier adieu. Etaient-ils fiers de moi ? J'en étais persuadée. Un sourire s'étira sur mes lèvres tandis que le soleil réchauffait ma peau. Et Sakura pressa la seringue.



Pour cet OS, je voulais vraiment analyser les sentiments très contrastés de Karin pour montrer un personnage torturé et j'ai vraiment essayé de retranscrire la complexité et la profondeur du personnage. Elle perd pieds et est victime de trous de mémoire sans qu'elle ne s'en rende compte, et c'est pour cela que je n'ai pas sauté de lignes entre les différents passages, et j'ai essayé de représenter sa perte de raison par des cassures de rythme.

N'hésitez pas à me laisser vos impressions !