Ça faisait la troisième fois qu'on l'avait assignée aux rondes de nuit. Déjà qu'il y avait rien de passionnant à garder la prison de Konoha, il fallait en plus qu'elle y reste quand il faisait noir. La sécurité avait été renforcée depuis la matinée, à l'arrivée du nukenin. Elle l'avait rapidement aperçu, mais n'avait pas approché. "Au cas où...", pensait-elle. Dans la salle de pause, on lui avait raconté que Danzô, qui gérait la prison, avait pris des tonnes de mesure pour éviter qu'on vienne sauver le nukenin. Heureusement, elle n'allait pas devoir se coltiner ça jusqu'à sa mort, car le nukenin serait exécuté le lendemain sur la place publique. "Bien fait !", sourit-elle.
Elle détestait vraiment les gardes de nuit. Ce sentiment bizarre d'être épiée ne la quittait pas, et chaque minute elle resserrait un peu plus ses doigts autour du trousseau de clés. Le plus important, celui qu'elle ne devait perdre sous aucun prétexte. Il ouvrait les portes, qui menaient jusqu'au grand corridor. Cependant certaines d'entre elles, elle ne pouvait pas les ouvrir. Pas assez d'ancienneté sans doute... "Je suis folle, pensa-t-elle, qui pourrait bien m'épier !"
La seconde d'après elle s'écroula à terre.
Zelda avait observé le trajet de la garde pendant quelques minutes, mais le temps pressait. Elle l'assomma d'un violent coup dans la nuque et entreprit de lui enlever ses vêtements. Elle s'en revêtit, mais ils ne lui allaient pas. La femme devait peser le double de son poids, et elle flottait largement dans ses habits. Dans la poche du pantalon, elle sentit quelque chose de dur, qui fit un bruit métallique en tombant par terre. Une voix d'homme cria alors :
"-Azusa, t'as un problème ?!
-Non, non c'est bon. J'ai fait tomber les clés, répondit Zelda en ramassant le trousseau."
Heureusement pour elle, la personne ne vint pas à sa rencontre. Elle se remémorait ce qu'elle avait remarqué durant son observation. Il y avait une porte, gardée à tour de rôle par cette Azusa, et par un autre homme. Elle décida de s'y rendre et d'aviser lorsqu'elle y serait. L'homme était à la porte, et sembla surpris de la présence d’Azusa/Zelda. "Il sera simple à mettre K.O", pensa la princesse. Elle glissa des renforts en acier à ses jointures et s'adressa à l'homme d'une voix sûre :
"-J'ai envie d'aller aux toilettes, laisse-moi passer s'il-te-plaît.
- On n’a pas le droit de quitter le poste, tu sais bien Azusa-chan,
-Allez, accepte ! Regarde en plus ma blessure à la main."
Il approcha son visage de la main de l'Elfe. Il remarqua qu’Azusa avait bien maigri, mais après tout, elle était sans doute aussi moche. Cela le fit sourire. Un éclair de douleur le fit chanceler. Il avait l'impression qu'on lui avait enfoncée le nez dans le visage. Il tomba à genoux, tentant de stopper l'hémorragie. Avant qu'il ne puisse se débattre, son cou se retrouva bloqué par le bras de son agresseur. Le manque d'air et l'horrible douleur eurent raison de lui.
Zelda attrapa rapidement le trousseau de clés et les essaya toutes une à une. Elle tentait de garder son calme, pour ne pas les faire glisser une seconde fois. Elle désespérait qu'aucune ne marcher quand la dernière clé fut la bonne. Elle s'enfonça sans grincer dans la serrure, et Zelda put ouvrir la porte. Elle la poussait tout doucement, pour n'éveiller les soupçons de personne. Aucun ninja ne la gardait à l'intérieur. Après avoir pris une grande respiration, elle referma à clé la porte et s'enfonça dans le corridor.
19h30, Prison de Konoha
"-Vous, qui est votre supérieur !, demanda une voix impérieuse à deux ninjas qui jouaient aux cartes,
-C'est Mitarashi Anko, soupira un. Enfin c'était, elle a été définitivement jetée ce matin. Maintenant..., on ne sait pas trop.
-Cela n'a pas l'air de beaucoup vous inquiéter !
-Oh ben vous savez nous..., pour peu qu'on soit payé. Alors, vous voulez quoi ?
-J'ai des ordres, du nouvel Hokage, Danzô-sama. Vous devez me conduire à la cellule du nukenin Uchiha Sasuke. Là-bas, vous nous laisserez, moi et mes hommes, procéder à un interrogatoire de routine. Cela est-il clair ?
Le deuxième homme releva le menton.
-Hé ! Mais c'est que nous on n’a pas le droit hein... Pis c'est quoi cette histoire de nouvel Hokage, y a pas eu de vote, non ?
-Taisez-vous. Je veux que immédiatement , l'un de vous deux, espèce d'incompétents, me conduisent à ce Uchiha ! À moins que vous vouliez rendre des comptes à Danzô-sama.
-Aaaah, mais je reconnais vot'tête à vous là ! V'seriez pas le seigneur Hyûga par hasard ?
Hiashi Hyûga fit un signe aux deux armoires à glace qui l'encadraient. Les deux ninjas se levèrent alors, apeurés. Le premier s'avança, et dit d'une voix tremblante :
-Ok, ok. Ne vous énervez pas Hyûga-sama, je vais vous y emmener moi, au nukenin. Au pire Danzô ou Tsunade, tant que je suis payé.
-Bien."
19h45, Prison de Konoha-Sous-sols
"Si seulement il y avait plus de signalisations !", ruminait Zelda. Personne ou presque ne surveillait les couloirs, et elle avait suivi son instinct pour retrouver la geôle de Sasuke. De plus, l'éclairage automatique lui posait des problèmes de discrétion. Même si elle en avait les habits, il lui serait difficile de se faire passer pour un gardien de prison. Alors, lorsqu'elle entendit des pas et des voix venir dans sa direction, elle se raidit, puis alla se cacher, immobile, dans un repli du mur.
"-Alors comme ça on a un nouvel Hokage ! Quand est-ce que aura lieu la cérémonie d'investiture ?
-Demain, en début d'après-midi, juste avant l'exécution du nukenin.
-J'ai hâte de voir son corps se balancer au bout d'une corde, ria l'un des hommes de Hyûga,
-Qui te dit qu'il sera pendu ? Peut-être qu'on le décapitera !
-La décapitation est un privilège !, intervint Hyûga, Uchiha est un vaurien, il doit souffrir et expier sa faute, par la pendaison.
-Oula ! Ça rigole pas !
-Ouais, dit l'autre homme, ça rigole pas. Alors fait gaffe à toi et mène nous vite à la cellule du nukenin !"
Ils étaient presque arrivés. Zelda ne comptait pas les suivre jusqu'à ce qu'elle entende la phrase de l'homme. "Ils vont me conduire à Sasuke !", jubila-t-elle. La filature était d'autant plus dure, qu'elle devait faire attention à ne pas rallumer les lumières qui s'étaient éteintes. À un moment, ils s'arrêtèrent de marcher et elle se tint en retrait derrière eux. C'est alors qu'elle reconnut le père d'Hinata, Hiashi. "Qu'est-ce qu'il vient faire là...", s'inquiéta-t-elle.
"-Voilà la porte de sa cellule. On doit l'ouvrir avec la clé, mais après il faut rentrer un code. Je suis obligé de le composer sans que vous le voyiez donc...
-Je connais le code. Alors contentez-vous de mettre la clé dans la serrure.
-Ok Hyûga-sama."
Le ninjas inséra une de clés dans la porte, et la tourna. Il se décala pour laisser Hyûga rentrer le code à 20 chiffres. "C'est n'importe quoi ! Personne ne devrait connaître ce code sauf nous..", pensa le ninja. Mais il se garda bien de faire un commentaire. Après tout, tant qu'il était payé. La porte s'ouvrit sans bruit et Hyûga fit signe à ses hommes de rentrer dans la pièce. Avant d'y pénétrer à son tour, il adressa une dernière consigne au garde :
"-Ne laissez personne passer, pas même un de vos supérieurs, quiconque cela puisse être ! Je vous récompenserai comme il le faut pour ce service."
Il referma la porte sur ces mots.
Sasuke
Tout était allé bien vite. Le matin je me demandais comment me réconcilier avec Zelda, le soir, j'étais condamné à mort. Ils avaient bien expédié mon procès, je n'avais pas pu me défendre. Ils m'accusaient même d'avoir enlevé la princesse ! Ça se voyait qu'ils ne connaissaient pas sa force. Au bout d'une heure, Tsunade s'était levée et avait dit : "Uchiha Sasuke, pour avoir tué des ninjas de Konoha, et pour avoir enlevé une de nos hôtes, ce tribunal te condamne à mort." .
Je m'y attendais un peu, mais c'est étrange de savoir qu'on va mourir. Au moins je savais que Zelda ne m'en voulait plus. Une faible consolation, certes, mais la voir lutter seule, juste pour moi, m'avait beaucoup marqué. "Pourvu que je la vois une dernière fois", pensais-je sans arrêt. Je ne savais pas exactement ce que je ressentais pour elle, c'était trop imprécis. Bien sûr c'était mon amie, mais les écarts que j'avais pu faire ces derniers jours, plus ou moins sciemment, me prouvaient que je l'aimais bien plus. Avec elle c'était impossible que je me comporte comme avec Sakura. Elle était tellement plus intéressante, plus forte ; et sa beauté m'hypnotisait.
Il n'y avait aucune fenêtre dans ma cellule. Elle était assez confortable, et chauffée. J'avais tenté de dormir, mais je n'y parvins pas. Sans aucune notion de l'heure, je ne savais même pas quand je devais manger. Je n'avais pas faim. Alors quand la porte s'ouvrit je pensai tout naturellement que c'était le dîner qu'un garde m'apportait. Au lieu de ça je vis Hiashi Hyûga, en bonne compagnie.
"-Vous vous êtes trompés, vos amis les gangsters sont pas dans cette zone de la prison, lui lançai-je,
-Ferme-la, ou adresse-toi à moi avec respect, me répondit-il,
-Vous ne mériter pas le respect Hyûga, allez vous faire foutre !
L'un de ses hommes se jeta sur moi le poing en avant. Je l'évitai sans problème, et voulus riposter. C'était trop tard, la fatigue du voyage et de l'incarcération me ralentissait. L'autre homme m'avait bloqué le bras et je ne pus plus vraiment me débattre.
"Voilà qui devrait te calmer, dit Hyûga."
Il leva sa main et activa son byakûgan. Je savais très bien ce qu'il allait faire, et je ne pouvais que le regarder m'achever. Une aura bleutée entoura son poing, et il déclama "12 poings du Hakke". En plus d'être douloureuse, cette technique avait le don d'enlever le chakra du corps de celui qui la recevait. Je contractai mes abdominaux. Cela ne fut pas suffisant.
Le premier coup fut horrible, comme une décharge électrique, et il arracha les dernières forces qui me tenaient debout. Il continua jusqu'à ce que le compte soit bon. Il avait du me casser une ou plusieurs côtes, car j'avais des douleurs en respirant.
"Attachez-le, cracha-t-il."
Les hommes sortirent des cordes d'un sac qu'ils portaient, et m'attachèrent à une chaise. Hyûga se tenait contre un mur, et attendait.
"-Danzô vous fait faire le sale boulot... Vous êtes rien de plus qu'un sous-fifre.
-Je ne viens pas, forcément, pour te tuer, Uchiha. Déjà, tu dois savoir que je connais ton origine... impure.
-Comment osez-vous insulter ma mère, espèce de connard ! C'est plutôt vous, et votre famille où règnent l'inceste et la consanguinité, qui êtes impur !
Un des hommes, un chauve, me balança une droite qui me remplit la bouche de sang. Hyûga me toisa et dit :
-À chaque mot de travers, ils te frapperont, compris ?
-...
-T'as perdu ta langue bâtard !
-Ta gueule, lui dis-je, en sachant très bien où ça allait me mener,
Il me frappa à nouveau, cette fois à l'arcade. Peu de temps après, un voile rouge passa devant mon œil gauche.
-Si tu te tiens tranquille, ta situation devrait s'arranger Uchiha, commença Hyûga. Ta condition de "demi-humain" me dégoûte, mais Danzô semble apprécier de t'avoir encore un peu de notre côté. Son offre est simple : si tu acceptes de travailler pour nous, il te fera libérer et tu auras un poste important. Peut-être même que tu pourras nous aider à tromper la reine des Elfes.
-Je pense que je préfère mourir mille fois plutôt que de trahir une seule fois les Elfes. Tuez-moi, si ça vous amuse, mais n'essayez pas de salir mon honneur.
-Réfléchis un peu. Demain, ton corps se balancera au bout d'une corde. Les Elfes seront partis, et aucun ne viendra te chercher ici.
-Ils assisteront à mon exécution. Leur départ n'est que dans trois jours.
-C'est là que tu te trompes. L'ordre des choses est bouleversé, après ce soir rien ne sera comme avant. Danzô sera bientôt le maître, Tsunade sera exilée, et toi peut-être mort.
-...
-Alors ? Qu'en penses-tu ?
-Partez, et laissez-moi en paix.
-Mauvaise réponse."
Il fit un léger signe de tête à ses hommes. Ils étaient plutôt longs à comprendre les choses, et ils ne réagirent pas. Hyûga cria alors : "Cassez la gueule à ce bâtard, abrutis ! Je veux qu'il soit méconnaissable !". On ne pouvait pas faire plus clair. Ils m'entourèrent, et firent craquer leurs jointures. Leurs coups étaient violents, et je les encaissais tant que je pouvais, en crachant du sang. L'un de leur coup fit basculer la chaise, et je tombai par terre. Cela ne défit pas les cordes, et un coup de pied dans le ventre coupa court ma faible tentative de libération. Ils allaient me tuer... Pour oublier la douleur, je pensais à ma mère, à mon père. Si ils me voyaient, quelle honte pour moi. "Je mourrai donc sans les venger", pensai-je. Je fermai les yeux. Les salves de coups cessèrent. Je réouvrai les yeux , étonné. "Serais-je déjà méconnaissable ?", me demandai-je. Tout me paraissait plus clair, car mon sharingan s'était déclenché. Seulement je ne pouvais pas faire un geste. Des gens parlaient :
"-Va-t'en ! Tu n'as rien à faire là, rugit Hyûga,
-Je ne partirai pas de cette ville sans vous avoir tué. Ni sans avoir sauvé Sasuke.
-Ton peuple n'a plus sa place ici, vous partirez dès ce soir, avec une déclaration de guerre !
-Nous vous détruirons. Et je vais commencer, avec vous."
Devant la porte ouverte se tenait Zelda. Je ne la voyais pas, mais sa voix glacée me réchauffa le cœur à la seconde où je la reconnus. Un chuintement, que je reconnus comme un katana qu'on dégainait, se fit entendre. "Ils n'ont aucune chance.", me dis-je.