Je visionnai encore et encore la vidéo de surveillance du Camélia Blanc. Je posai en grimaçant un gant de toilette rempli de glaçon sur ma tempe. Elle ne m’avait pas loupé.
Je reportai mon attention sur l'écran. On voyait distinctement Emi recevoir une enveloppe, mais c'était impossible de savoir qui lui donnait. Un homme, en manteau noir. Ça aurait pu être n'importe qui. On avait fait tout ça pour rien. Je ne savais pas si Tsunade se doutait que la mort de Yuhi Ôda et de Kenji Sato avait un rapport avec notre enquête... Quoiqu'il en soit, il fallait tout reprendre depuis le début ! Nous n'avions plus beaucoup de temps, HoeTow allait être fermé le lundi qui arrivait. 3 jours pour retrouver des infos sur un homme en noir, et une fille qui était morte. Je soupirai et allumai une cigarette. Après plusieurs bouffées, la douleur dans ma tempe s'estompa et je retrouvai mon calme. Je décidai d'aller m'entrainer et préparai mon équipement. C'est à ce moment que quelqu'un sonna.
C'était Sakura.
"-Bonjour Sasuke-ch... Euh kun !
-Bonjour... Qu'est-ce qu'il y a ?, lui demandai-je, un peu énervé d'avoir été dérangé,
-Tsunade te convoque dans son bureau, c'est urgent à ce qui parait !
- Tu ne sais rien d'autre ?
-Non... Mais si ça peut te motiver, Zelda y sera aussi.
Je ne m'y attendais pas. Je tentai d'accuser le coup sans paraitre concerner, lamentablement... Elle avait remarqué ma réaction, et sourit.
-Bon, maintenant je sais que tu viendras !"
Elle ne m'avait même pas laissé le temps de répliquer. J'avais envie de l'insulter de tous les noms, mais j'avais trop honte pour dire quoi que ce soit. J'avais montré ma faiblesse à Sakura, elle s'en servira contre moi. Elle était trop jalouse pour faire profil bas devant Zelda ; elle fera tout pour anéantir le peu d'amitié que j'espérais avoir encore avec la princesse.
Dans le bureau de Tsunade
"-Bonjour à vous trois, je vous présente Kin'ichi-san, et Pai Li-san.
Les deux hommes s'inclinèrent. Kin'ichi était un obèse chauve, dont le crane luisait de sueur et qu'il essuyait toutes les 5 minutes avec une petite serviette. Il fumait un cigare qui dégageait une odeur immonde dans la pièce. Pai Li était l'extrême opposé de Kin'ichi. C'était un homme minuscule, avec de longues et fines moustaches blanches et jaunies. Il les lissait entre deux longs ongles noirs et crochus. Il prit la parole en premier.
"-Comme l'Hokage-sama, l'a dit, mon nom est Pai Li. Je suis l'ambassadeur du pays des Rizières. Je...
-Et moi, dit le gros porc au cigare, je suis une personne de confiance, au service de Tsunade.
Le petit rat fusilla Kin'ichi du regard et reprit, l'air plus mauvais que jamais :
-Des attaques ont été commis aux frontières de nos deux pays, et il est tout à fait clair, son regard tranchant glissa sur Tsunade, que les hommes que VOUS avez tués n'étaient pas des nôtres.
-Comment expliquer les bandeaux du pays des Rizières ?, dis-je
-Ces bandeaux étaient des faux, je les ai examinés en personne et sachez que...
-Ce que ce petit monsieur essaie de dire ma jolie...
-Je ne vous permets pas !
-Oh ! Donc, ce que ce monsieur essaie de dire, Madame, c'est que des mercenaires ont été payés pour vous exécuter et prendre des infos.
-Une menace intérieure donc ?, dit Nikko
-Ouais, tu suis bien petit !,-Nikko fronça les sourcils mais ne broncha pas- C'est quelqu'un de puissant dans ce village, qui veut troubler l'ordre politique. Sans doute pour prendre le pouvoir...
Nous nous tûmes de longues minutes. Je ne tentai même pas de croiser le regard de Zelda, qui tenait ses yeux obstinément baissés.
"-En quoi ça nous concerne ?, dis-je,
-Les papiers qu’Elena Korolenko avait...
-Qui ça ?!
-Le nom d'Emi Doseri n'était qu'une couverture. Elena Korolenko était une espionne bien connu de mes... . associés. Nous n'avons trouvé aucun document à la frontière. Soit quelqu'un les a pris, soit il n'y a avait aucun document.
-Ou alors l'un de vous les a pris, dit le petit homme aux moustaches,
-C'est ridicule !
-Quelqu'un qui a commis un tel massacre, je dirai même "carnage", n'aurait aucun problème à pratiquer d'autres activités, comme l'espionnage... Enfin, peut-être que je me trompe.
-Effectivement vous vous trompez, dit Zelda, froidement, ils m'attaquaient, à 15 contre 1 je n'avais qu'une seule manière de m'en sortir : ne pas faire de cadeau.
-Vous ne me ferez pas croire que VOUS, seule, avez tué tous ces hommes.
-Seulement ceux du milieu de la forêt, si vous êtes allés jusque là.
-Vous vous moquez de moi Madame !, s'exclama Kin'ichi en souriant.
-Pas le moins du monde. Je suis arrivée une demi-journée plus tard que Nikko et Sasuke, ce n'était pas pour rien.
-...
-Que recherchons-nous au juste Tsunade-hime ?, demanda Nikko,
-Plus rien. Nous allons nous en occuper, dites-moi juste ce que vous avez déjà découvert, si découverte il y a.
-Un homme en noir, dis-je sans réfléchir, au Camélia Blanc. Il a donné à Emi, enfin Elena, une enveloppe.
-J'ose espérer, -l'obèse tira sur cigare et souffla une épaisse fumée noire-, que vous n'êtes en rien dans la mort du patron du Camélia hein ?
-Dire le contraire serait mentir. Si vous voulez bien m'excusez, -la princesse se leva et sortit-
-Vous pouvez y aller aussi, Sasuke, Nikko, vous n'êtes plus sur cette enquête, vous repartirez en mission bientôt."
Nous sortîmes. Je pensais que Zelda était partie, mais elle nous attendait dans la rue. Elle me lança un regard désinvolte et s'adressa à Nikko :
"-Je vais partir habiter dans HoeTow pour 1 semaine.
-Quoi !, cria-t-il,
-T'as besoin que je te le répète ? Disons que j'ai à faire...
-Tu ne devrais pas..., commençai-je
-Tu n'as rien à me dire Sasuke ! "
Visiblement Nikko ne s'attendait pas à ça. Moi si, et j'accusai le coup naturellement. Ses joues avaient pris une teinte cramoisie, et je voyais ses narines palpiter. Elle me plaisait encore plus qu'en elle était énervée, je me contentais de sourire et en l'observant. Elle devait croire que je me moquais d'elle car elle resserra les poings.
"-Je pars ce soir Nikko, préviens Will pour moi, qu'elle ne s'inquiète pas.
Il me regarda.
-On dirait que c'est moins cool entre vous deux"
Je ne répondis pas. Il n'avait aucun intérêt. Je fonçai chez Naruto, j'avais une idée de chanson.
Will
Comme d'habitude, la journée avait commencé durement au centre d'aide solidaire de Konoha. Il y avait de tout, des clochards, des ivrognes (parfois les deux à la fois), des prostitués enceintes, des enfants laissés pour compte. À eux, je distribuai des bonbons et des câlins, ils étaient tous si mignons. Nous nous occupions aussi des toxicomanes qui tentaient de décrocher de la drogue. C'était dur pour eux, mais aussi pour nous. J'étais entrain de raconter une histoire à un groupe d'enfants, quand une personne attira mon regard. Elle semblait perdue, comme tous les gens qui venaient ici. Mais ce n'est pas ça qui me perturba. Elle avait les mêmes yeux qu'Hinata, le même air noble et triste. Je décidai de lui parler.
"-Will-chan, dit une petite fille, où est maman ?
-Je te l'ai déjà dit, Rina, le médecin s'occupe d'elle."
Sa mère avait une hépatite très grave. Je redoutai sa mort, et comptai aller la soigner en cachette pendant la nuit. La grosse différence entre ici et l’hôpital, c'était le prix. Les habitants de HoeTow n'étaient pas tous des mauvaises personnes, mais ils étaient très pauvres pour la plupart. La petite portait une robe rose délavée raccommodée de partout.
Je me levai et me dirigeai vers la femme, qui n'avait pas bougé. Elle leva à peine la tête quand elle me vit s'asseoir près d'elle.
"-Excusez-moi, êtes-vous Hyûga Yuki ?
Elle sursauta. C'était elle. Je continuai :
-Laissez-moi vous aider, de quoi avez-vous besoin ?
-...
-Êtes-vous blessée ? Je...
-Taisez-vous !, vous m'importunez.
On me parlait souvent de cette manière au centre, mais il fallait que nous restions serviables.
-Bien, mais vous savez où me trouvez."
Je la laissai seule. Une des femmes du centre vint vers moi, elle s'appelait Azusa.
"-Est-ce que tu sais depuis combien de temps cette femme est ici ?, me lui demandai-je,
-Depuis ce matin. Elle a passé un examen gynécologique et a appris sa grossesse. Depuis elle est restée là à fixer un mur.
-Qu'est-ce qu'on va faire ? Elle semble si perdue.
La pensée de cette femme, enceinte et rejetée par sa famille me faisait monter les larmes aux yeux.
-Si elle ne nous demande rien, on ne peut pas l'aider. Le foyer est presque complet.
-Il faudrait en ouvrir un autre...
-Et qui viendrait y travailler ? Les médecins de l’hôpital qui rêvent de nous voir couler ? - Allez, viens t'occuper de la cuisine.
-Attends, je vais tenter ma chance une dernière fois. -je repartis vers Yuki ; Azusa haussa les épaules et s'en alla-
-Si c'est l'endroit qui vous dérange, nous pouvons aller parler à l'extérieur, dans un café ou même chez moi. Mais je ne vous laisserai pas tomber !
-Et pourquoi ça ? Je ne veux être redevable de personne c'est clair ?!
-Je sais que vous êtes enceinte. Comment ressentez-vous cette grossesse, lui demandai-je en m'asseyant près d'elle.
-Ça ne vous regarde pas !
-S'il-vous-plaît, Yuki, considérez-moi comme quelqu'un qui vous veut du bien, comme une amie. Votre cousine, Hinata...
-Ne me parlez pas de ma famille..., elle craquait
-Hinata s'inquiète pour vous. Voudriez-vous la revoir ? Je vous aiderai, -je lui pris la main-
-Pourquoi m'aider moi ?, elle pleurait, je suis minable j'ai tout raté.
-Si c'est ce que vous pensez, ok. Mais vous ne raterez pas votre grossesse, et tout le reste.
-...
-C'est un nouveau départ, acceptez-le !
-...
-Je vais préparez le repas, restez ici jusqu'à ce soir et nous rentrerons. Où habitez-vous ?
-Je n'ai pas... Enfin je...
-J'ai compris. Bon, à plus tard Yuki.
-M-Merci."
Je lui adressai un grand sourire, et me dirigeai vers la cuisine, entourée d'une foule d'enfant qui piaillait pour un bout de pain.
Le soir, dans un café du centre ville
"-Je suis seule, enceinte d'un homme décédé, et je pense que l'on en veut à ma vie."
Yuki avait repris des couleurs dans la journée. Malgré ses habits usés et ses traits tirés, elle était très belle. Je l'avais emmenée dans ce café, bien décidée à lui proposer mon aide. Elle sirotait doucement un café noir, que j'avais insisté à lui offrir.
"-Je viens bien croire en ta bonne volonté Will, elle me tutoyait maintenant, mais pourquoi, toi, une elfe, ferait ça. Je suis une droguée.
-Et tu es la cousine d'une amie.
-Je ne veux pas de pitié !
-Appelle ça comme tu veux. Moi j'appelle ça de la compassion, je veux t'aider. Je connais quelqu'un qui pourra s'occuper de ceux qu'ils veulent te tuer.
-Cette personne ne pourra rien contre eux. Je ne veux pas en parler, pas ici.
-Soit. Le père de ton bébé est mort. Mais toi tu ne l'es pas, tu dois te battre.
-Facile à dire... J'aimais Sam, lui non, il m'aurait jetée s’il avait su pour le bébé. Il y avait cette fille, cette espionne...
Je fonçai les sourcils. Zelda m'avait aussi parlé d'espionne. Elle avait été évasive, mais je décidai d'en savoir plus. Rien ne me plaisait mieux que de faire des enquêtes, surtout si je rendais service à Zelda.
-Comment elle s'appelait, l'espionne ?
-Qu'est-ce que ça peut te faire ?
-Ne me parle pas comme ça s'il-te-plait,
-Oui, tu as raison. Excuse-moi, je suis bien ingrate. Cette fille s'appelait Elena. Une superbe blonde, aux gros seins et qui riait tout le temps. Rien à voir avec moi.
-Pourquoi ne pas être partie ?
-Je l'aimais. Je pense que c'était suffisant pour tout supporter. J'aurais du écouter ...
-Qui est-ce ?
-Un idiot qui m'aurait rendu heureuse.
Elle pleurait à chaudes larmes. Je lui touchai amicalement l'épaule. Quand elle se calma, je lui proposai de venir dormir chez nous, ce qu'elle accepta.
Nous nous y rendîmes sur le champ. On ne parla pas beaucoup pendant le trajet, mais je ressentais son inquiétude à sortir d'HoeTow. Elle s'était isolée elle-même de Konoha, mais se sentait maintenant rejetée par la ville.
Quand j'ouvris la porte, une douce odeur de pâtisseries nous caressa les narines.