Ma première fic...
J'ai voulu décrire la souffrance de la solitude que j'ai moi-même éprouvée dans le personnage d'Hinata qui n'est pas vraiment principal et qui reste dans l'ombre de Naruto. Pour elle et pour le courage qu'elle a eu de lui faire sa déclaration, je l'admire et j'écris cette fanfiction en son honneur !
Dans cette fanfiction, il y a quelques petites différences avec le monde de Naruto normal. Ce ne sont pas des erreurs.
La maison est vide. Pas de traces de combat, et de toute façon, personne à Konoha ne pourrait vaincre Hiashi, Hanabi et Neji réunis. Mais où sont-ils, bon sang ? Je fouille la maison de fond en comble, en terminant par ma chambre. Je sens un pincement écraser mon cœur. "Entraînement à 10h30". Je jette un coup d’œil à la pendule, la gorge sèche. Le douze noir, à l'aiguille assortie, me nargue. Je fais demi-tour ; je traverse la jolie maison ventre à terre, mes pieds nus foulent le bois poli à une vitesse sidérante ; je sors de la maison en trombe, je refais pour la troisième fois le chemin vers le terrain d'exercice, mes pieds dans l'herbe, mon cœur battant la chamade. Je tombe, je me relève et une petite trentaine de secondes plus tard, je suis haletante, les joues en feu, la poitrine explosant et le cœur imitant un tambour enragé. Je m'effondre.
Neji et Hanabi sont immobiles, comme toujours, en une pose parfaite, imitant un vol gracieux de cygnes blancs.
L'homme qui se dresse devant moi imite plutôt un taureau enragé. De sa bouche ne sortent que des borborygmes sifflants. Abandonnant la voie de la parole, il désigne d'une main le poteau de gauche, toujours marqué des traces de mon entraînement nocturne, et soudain je comprends : abîmé par la chute de mon corps et de la branche, le côté dur du visage de Neji est ressorti furieusement et désormais, la ressemblance avec Hiashi est frappante.
- Vous pensez que... Je n'ai pas...
Ma défense est dérisoire.
Mes oreilles tombent de nouveau en morceaux. Je plaque mes mains sur mes oreilles, geste inutile : Hiashi se tait et je ne peux bien évidemment pas esquiver la grande claque que je reçois en pleine figure. Ma joue me brûle, me lance, je porte ma main à ma joue. Je ressens presque le rouge qui doit sûrement colorer mon visage. Derrière le corps massif et dément de mon père, je vois Neji qui serre la petite Hanabi, dont les yeux brillent de larmes, dans ses bras protecteurs.
Je ressens alors un grand froid dans ma poitrine : mon père a frappé aux Tenketsu.
Ses lèvres s'entrouvrent...
- NOOOOOOOOOOOOONNNN ! hurlé-je.
Mon cri est désespéré : je me jette au sol, en position fœtale, mes larmes venant raviver le feu de mon visage. Tout mais pas ça, non !
Mais il le fait.
- Je te renie, Hinata ! Je ne veux plus te voir, jamais !
Mes dernières forces me quittent. Je suis déchirée, mon cœur est en morceaux, mes bras tombent le long de mon corps. Je me relève, comme une marionnette désarticulée et je repars, en courant, vers la forêt. Je m'enfonce pendant longtemps, je cours, je cours encore et encore. Les arbres me fouettent, les branches me griffent mais je continue longtemps, longtemps, et la forêt m'avale comme un monstre vert...
Enfin, au bout d'un moment qui m'a semblé éternel, je m'effondre, le souffle court, les jambes en coton, les bras en sang. Ma poitrine en implosion me lance affreusement. Je puise dans mes dernières réserves de chakra pour me relever et me traîner avec lenteur jusqu'à la lisière de la forêt. La seule idée qui me vient à l'esprit guide seule mes pieds démunis qui acceptent cette direction inattendue avec docilité. Je traverse Konoha, désormais éclairée du soleil couchant d'hiver. L'horloge du bâtiment du kage indique seize heures trente. J'ai couru si longtemps... Rêveuse, je passe la porte de l'illustre demeure et appelle l'Hokage. Un serviteur aux traits tirés me jette un regard endormi. Dans sa main, un sandwich.
Mes yeux s'écarquillent. J'entends mon ventre émettre un grondement sourd du fin fond de mon estomac. Je perds toute notion d'humanité et je lui envoie un poing souple dans les côtes et rattrape mon butin au vol que je dévore en trois bouchées. Je me réveille alors, comme sortie d'un rêve, et j'aperçois le serviteur qui se tord de douleur sur le parquet ciré. Je le relève, lui tape dans le dos, me répand en excuses ; pas rancunier, il me demande sur un ton tout de même un peu sec ce que je veux.
Je vois alors ma vue se brouiller, mes jambes se dérober sous mon corps, je sens mon bras, suivi de toute ma personne, heurter le parquet dans un bruit mat et la douleur se propager dans mon corps... Je sens mes dents claquer, mes lèvres trembler et mes bras s'agiter de tremblements incontrôlables, mon souffle s'accélérer et déchirer ma gorge et mon corps s'agiter sans raison. Ma souffrance m'entoure en un manteau glacé. Puis, aussi brusquement que c'était arrivé, je me laisse retomber au sol, inerte.
En un effort incroyable, je me relève et je balbutie quelques mots raisonnables que j'aligne en une phrase complète :
- Je veux voir la Hokage...
Soit il se souvient de mon coup de poing, soit il veut se préparer un nouveau sandwich, soit il a vu l'emblème des Hyûga sur mon épaule, soit il a peur de se retrouver avec un cadavre épileptique dans les bras, mais en tout cas, il me conduit sans discours au bureau et redescends se préparer un nouveau repas.
Je reste là, en sueur, devant la porte de la Godaime. Je m'avance, un pas, puis l'autre, et j'atteins la poignée, je tire la porte...
- Hinata ? Qu'est-ce que tu fais là ?
C'est ce que j'apprécie chez la princesse Tsunade. Elle ne m'appelle pas "Princesse Hyûga". Je n'aurais pas eu le cœur de la contredire.
En quelques mots, je résume mon histoire. Elle ne m’interrompt pas, m'écoute avec des yeux intéressés et, à la fin de mon récit, me fait signe de la suivre. Nous sortons du bâtiment administratif et nous serpentons dans Konoha, à travers des rues de plus en plus sinueuses et de plus en plus noires. Nous marchons longtemps, longtemps, mais je n'ose pas poser de questions, estimant que me recevoir est déjà un honneur assez grand que me fait la chef d'état. Enfin, nous arrivons devant une petite maison, assez coquette ; Godaime ouvre la porte à l'aide d'une vieille clef rouillée. L’intérieur est franchement semblable à l'extérieur, petit, étroit, mais dégageant une certaine douceur assez rassurante. Nous faisons le tour de la maison, puis la grande dame me tend le trousseau de clefs auquel pend la petite clef abîmée accompagné d'une enveloppe.
- Pension aux orphelins, me dit la princesse. Naruto, Lee et Tenten en ont une.
J'ai la gorge nouée. Alors que je viens de perdre tout ce que j'avais et d'être abandonnée par mon clan, le plus riche de Konoha, je reçois de la plus importante femme du village un appartement déjà meublé et une enveloppe d'argent ? Je ne vois plus l'Hokage qui mérite le respect, je vois une femme qui me sauve la vie et je saute dans ses bras.
Les semaines ont passé. Ma mère m'a transmis le goût de l'information, c'est pourquoi j'achète le journal de Konoha régulièrement. Les nouvelles sont loin d'être bonnes : Iwa convoite les montagnes de Suna qui tente de défendre ses déserts de l'attaque de Kiri qui veut éponger sa dette à Konoha qui refuse de rendre les terres d'Iwa... Des assassinats, des complots, des ultimatums pleins les pages... Je ne dors plus, et malgré le fait que je devrais arrêter de le lire avant de dormir, j'aime me renseigner et tout savoir du monde...
La routine s'installe. Lever, repas, entraînement, repas, entraînement, courses, repas, lecture, coucher... La pension qui m'avait paru si élevée il y a trois semaines me semble désormais ridiculement basse pour payer les vêtements, le journal, mon attirail et ma nourriture.
Deux seules choses viennent briser la monotonie de mon éducation de genin :
- les entraînements de maître Gaï, tout d'abord : son imagination dans ce domaine dépasse l'entendement. Un jour, mille pompes, l'autre, deux cent tours de terrain, le troisième, quatre cents coups de pieds... C'est grâce à lui que je réussis à dormir un tant soi peu.
- en second, les nouvelles du quotidien. La situation se détériore chaque jour. Chaque jour, les tensions s'agrandissent, les ambassadeurs disparaissent ou reviennent morts... Le journaliste qui écrit ces articles et signe de "Nietzsche" possède un talent incroyable pour tourner autour du pot. Ses supérieurs lui ont sûrement ordonné de ne pas parler des événements récents en étant trop alarmiste, c'est pourquoi il insinue quelques phrases bien senties sans nous dire de front que la guerre...que les événements sont tragiques.
Oui, vous l'aurez remarqué, je refuse de croire au retour de la guerre. Ca crève les yeux, c'est évident mais je ne veux pas y croire. Je refuse de penser à la mort, la destruction, la torture... Et pourtant c'est vrai, je ne peux pas le nier. Chaque jour, j'ai de plus en plus peur en regardant les gros titres des journaux mais non, tout va bien, le titre de journal le plus alarmiste que j'ai trouvé était que Iwa avait volé une caisse de poulet à Suna. Non, vraiment, les éditeurs sont sous pression, on leur a interdit de parler de la guerre mais grâce à Nietzsche, tout le village est au courant mais refuse d'en parler d'un accord tacite. La vie continue comme avant, Kiba toujours aussi fou, Gaï sensei et Lee toujours aussi énergiques et Naruto toujours aussi frimeur... Mais un jour, ce qui doit arriver arriva. Sur la couverture du quotidien, on lisait ceci :
UN CHUUNIN D’IWA ASSASSINE LE KAZEKAGE.
Dès lors, je le sais, je ne peux plus fermer les yeux, la guerre est imminente. Le jeu des alliances réunit le pays des feuilles et le pays du vent et d'un autre côté le pays de l'eau et le pays de la terre. Tout le monde est effaré. La guerre se rapproche chaque jour un peu plus, et chaque jour on entend des déclarations de plus en plus effrayantes. La guerre est comme un charognard, elle installe un climat de haine et de peur entre tous et attend son heure pour venir se repaître de son repas. Je suis tous les jours tendue, tous les jours à bout de nerfs. Les autres ne sont pas mieux. Rock Lee, Kiba et Naruto ont perdu la joie de vivre et sont sur le qui-vive, hurlant chaque fois qu'on leur adresse la parole. Shino, Sasuke et Neji sont encore plus renfermés qu'avant. Ino et Sakura ont toujours les yeux rouges et humides. Chôji mange deux fois plus qu'avant et Shikamaru lâche deux fois plus de "galère..." qu'avant. Quant à Tenten, déjà qu'on ne la voyait pas souvent, mais alors maintenant elle reste bouclée chez elle. Chaque jour, je me réveille apeurée et terrorisée, les jours où je réussis à dormir. Le sept janvier, sur tous les quotidiens de Konoha, on voit affiché ce titre tant redouté, ce titre qui était dans tous les cerveaux :
IWA REFUSE DE LIVRER L'ASSASSIN : LE PAYS DU SABLE DECLARE LA GUERRE AU PAYS DE LA TERRE.
J'achète le journal et rentre chez moi le lire en paix (façon de parler). "La guerre" pensé-je...
Je me laisse tomber en arrière et me mets à hurler.
Comme tout le monde aura deviné, je fais référence à la première guerre mondiale... Ca m'a beaucoup marqué alors l'insérer dans une fanfiction me paraissait important.
Bonne continuation !