Je suis là, tu t'en remettras


Fanfiction Naruto écrite par KarelKarla (Recueil de KarelKarla)
Publiée le 27/08/2011 sur The Way Of Naruto






Chapitre 3: Promesse



Shikamaru et Temari étaient assis autour d'une table de cuisine dans la maison du premier. La jeune fille dévorait un bol de nouilles avec appétit tandis que son compagnon se contentait de tracer des cercles du bout du doigt sur la table quand on frappa à la porte. Le garçon ouvrit à une Sakura essoufflée et trempée par la pluie qui s'était mise à tomber.

-Salut Shikamaru, est-ce que Temari est là ? demanda-t-elle.

D'un signe de tête, l'autre lui indiqua la cuisine et tourna les talons.

-Sakura ! Je suis contente de te voir.

L'adolescente de Suna s'était levée et embrassait son amie avec joie, heureuse que quelqu'un vienne enfin briser le silence qui planait sur la cuisine.

-Moi aussi, Temari. Ino m'a dit que tu étais arrivée et j'ai pensé que tu ne savais peut-être pas où dormir. Il y a une maison près de la forêt pour les envoyés des autres pays mais je n'ai pas les clefs et Tsunade est rentrée chez elle alors si tu veux...
-C'est gentil de te soucier de moi, mais l'énergumène derrière m'a déjà proposé.

Sakura ouvrit des yeux ronds. Shikamaru avait vraiment fait ça ? C'était la première fois depuis longtemps qu'il proposait quoi que ce soit à qui que ce soit. Enfin tant mieux, peut-être était-il vraiment en train de se remettre. Il lui avait semblé qu'il était moins mort en ouvrant la porte, qu'une parcelle de vie était réapparue dans son regard bien qu'il ne soit apparemment toujours pas décidé à ouvrir la bouche.

-Si ça te dit, il y a une petite fête dans l'un des bars du village, vous pourriez venir, ce serait l'occasion de revoir tout le monde.

Une fête, ce n'était pas du tout le genre de la fille de Suna où la seule fête de l'année était celle de l'anniversaire du Kazekage durant laquelle les ninjas rivalisaient d'adresse au lancer de kunais. Mais tout plus tôt que de passer la soirée en tête à tête avec un garçon plongé dans son mutisme.

-D'accord allons-y.
"Parce que toi tu te pointes aux fêtes habillée comme ça?" résonna la voix de son hôte dans sa tête.
-Bien-sûr que non, imbécile. Laissez-moi une minute.

Elle s'enfuit dans la chambre à l'étage sous le regard interrogateur de Sakura qui n'avait entendu que la moitié de la conversation.

-D'ailleurs c'est valable pour toi aussi, Nara, lança la kunoichi de l'étage.
"Tu squattes ma chambre, idiote, je vais pas m'y changer maintenant. Enfin à moins que tu y tiennes."

Une intense rougeur s'empara des joues de la jeune fille qui claqua la porte avec violence. Mais qu'est-ce qui lui prenait à l'autre idiot ? Évidemment qu'elle ne le voulait pas ! Ce n'est pas parce qu'il était pas mal physiquement et qu'il devait avoir un peu de succès que... Comment !? Que venait-elle de penser ? Pas mal, Shikamaru ? N'importe quoi.

Temari dansait avec un en train qu'elle ne se connaissait pas. Jamais elle n'avait connu une fête comme celle-ci et c'était plutôt agréable. Elle avait tout d'abord formellement refusé de s'approcher du centre de la salle mais l'alcool aidant, les arguments d'Ino et quelques autres filles avaient eu raison de ses réticences. Après tout dans quelques jours la kunoichi serait de retour à Suna et personne ne pourrait l'embêter avec ses souvenirs gênants, autant en profiter. Et puis il fallait bien montrer l'exemple à Shikamaru.
Mais celui-ci ne semblait pas décidé à venir. Temari lui jeta un coup d'œil. Assis dans un coin, un verre auquel il n'avait pas touché devant lui il semblait s'ennuyer à mourir. C'était bien dommage, s'il avait honoré la piste de sa présence nul doute que pas mal de filles l'auraient remarqué. Le shinobi avait fier allure vêtu d'une chemise blanche qui le changeait de son habituelle tenue fonctionnelle. On devinait sous le tissu une musculature parfaitement taillée et un torse ferme contre lequel se blottir devait très agréable. Depuis la dernière fois que la jeune fille l'avait vu il avait changé: beaucoup grandi évidemment mais son visage aussi avait perdu les rondeurs de l'enfance, mûrissant et conférant au garçon un air plus homme, plus attirant.

-Eh Temari ! Qu'est-ce que tu regardes ? fit Ino.
-Rien... rien, balbutia-t-elle.

Sa camarade suivit son regard et aperçut son équipier. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres.

-Dis, tu ne serais pas entrain de tomber un peu amoureuse de notre Shika ?

Les joues de l'autre prirent aussitôt une couleur qui n'avait pas grand chose à envier à la tomate.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? T'es bourrée c'est tout. Personne ne pourrait tomber amoureux d'un idiot comme ça.

Vraiment ? Pourtant quelques secondes plus tôt son cœur n'avait-il pas accéléré alors qu'elle l'observait ? Et maintenant, quelle était cette envie surpuissante de tourner de nouveau le regard vers lui ? Pourquoi chaque fois qu'une de ses camarades de danse se pâmait pour l'un ou l'autre des garçons ne relevait-elle que les différences avec son hôte ? Temari secoua violemment la tête et retourna à la fête, tentant en vain de chasser le garçon de ses pensées.

L'intéressé regardait distraitement le centre de la pièce où des dizaines d'adultes et d'adolescents dansaient, buvaient ou riaient. Quelqu'un voudrait-il bien lui expliquer pourquoi il avait accepté de se rendre à cette foutue soirée ? Cela ne faisait pas vingt minutes que lui et les deux filles avaient mis les pieds ici et déjà le bruit, les visages et l'ambiance lui donnaient des tendances suicidaires. Tiens en parlant de Temari et Sakura, où étaient-elles ? Shikamaru les repéra, se déhanchant sur une partie du lieu qui s'était transformée en piste de danse pour l'occasion.
Cette attitude l'étonna de la part de l'une comme de l'autre, surtout de la kunoichi du désert qu'il aurait eu du mal à imaginer dans cette situation. Mais après tout chaque personne a une face cachée et à chaque fois qu'il l'avait vue il avait pensé que cette attitude dure et guerrière n'était qu'une façade destinée à la protéger dans une nation moins hospitalière que le pays du feu.
D'ailleurs si elle l'abandonnait, elle devait être vraiment très jolie. Comme en cet instant où, vêtue d'une robe assez courte d'un bleu saphir qui faisait ressortir ses yeux verts, et ses cheveux blonds, lâchés, cascadant sur ses épaules elle se mouvait avec une grâce attirante. L'homme qui aurait un jour le privilège de la tenir dans ses bras et de sentir la douceur de ses lèvres sur son visage avait une chance incroyable. Lorsque Temari avait posé sa main sur sa bouche, Shikamaru avait pu en sentir l'incroyable douceur et leur odeur qui rappelait le soleil éclatant et le sable chaud. S'il avait pu, l'adolescent aurait désiré que ce ne soit pas à cause d'une mission que la belle jeune femme s'inquiétait pour lui mais juste parce qu'il lui importait et qu'elle voulait de nouveau le voir sourire.
"Stop ! On s'arrête là. A moins que tu aies envie de souffrir de nouveau, comme à la mort d'Asuma-sensei." lui hurla encore une fois sa conscience. C'est vrai, il se l'était promis après l'enterrement, plus jamais le génie de Konoha ne donnerait son cœur, c'était bien trop douloureux. Et Temari était en bien trop bonne voie pour le lui voler. "Désormais je ferai plus attention" se jura-t-il.

Deux heures plus tard les deux compagnons sortaient de la fête. A l'intérieur pratiquement tout le monde s'amusait encore mais Shikamaru avait menacé son hôte de la laisser à la porte si elle le forçait à rester un instant de plus dans cet endroit. Ce qui tombait bien car celle-ci était plus qu'éméchée. A croire que c'était sa première cuite.

"Pathétique, pensa le shinobi."

La jeune fille avait visiblement du mal à avancer et menaçait de trébucher sur chaque petit caillou. Préférant éviter un accident, le garçon passa un des bras bronzés sur ses épaules et plaça le sien sous l'aisselle de la jeune femme.

-Merci, souffla cette dernière.

Épuisée, elle déposa doucement sa tête sur l'épaule de son sauveur, ne s'attendant pas à ce que celui-ci la repousse violemment.

"Garde ta tête sur ta nuque ! "
-Eh du calme. Je vais pas te bouffer.

Seul le silence lui répondit, un silence hostile et furieux. Une douleur qu'elle n'identifia pas tout de suite s’immisça en elle. Une douloureuse rougeur qui avait le goût de la honte lui envahi le visage, ses yeux s'emplirent de larmes et une boule se mit à obstruer sa gorge et sa poitrine. Blessée. L'insensible guerrière de Suna était profondément blessée par le geste de rejet que son camarade venait d'avoir. Cet après-midi, Temari avait cru que la distance entre eux avait rétréci, que petit à petit il revenait vers la réalité, qu'il allait mieux et, bourrée et légèrement désinhibée elle avait désiré poser sa tête sur l'épaule du garçon, sentir la chaleur qu'il dégageait.
Mais au regard froid et énervé que lui lançait Shikamaru c'était tout le contraire, il ne l'avait pas laissée s'approcher parce qu'il l'appréciait, il la haïssait et cette étincelle étrange au fond de ses yeux était-ce... du mépris ? Énervée et honteuse, Temari se releva, épousseta sa robe et tourna les talons, prenant la direction inverse à celle de la maison de son hôte. Ainsi il la méprisait. Tant mieux, elle en avait autant à son égard. Après tout s'il était assez bête pour s'enfoncer dans la déprime juste parce qu'un de ses proches était mort, tant pis pour lui et qu'il ne compte pas sur son aide pour s'en sortir. Elle coupa le lien qui les avait unis tout l'après-midi et se mit à courir, réprimant tant bien que mal la boule qui se formait dans sa gorge.

Bon sang qu'est-ce que c'était que ça ? Pourquoi Temari avait-elle eu ce geste ? Cela faisait près d'un mois qu'il n'avait plus eu de contact physique avec qui que ce soit plus intime qu'un effleurement involontaire. "Comme si ça expliquait tout." releva encore une fois son insupportable conscience. C'est vrai, ce n'était pas la surprise qui l'avait fait réagir comme ça, ou en tout cas, la surprise n'était pas aussi coupable que l'émotion qu'il avait ressentie. Une agréable chaleur s'était emparée de lui, prenant naissance dans sa poitrine et se diffusant dans son corps et il avait failli l'enlacer, la porter jusqu'à chez lui ou rester là, dans cette rue vide à la garder dans ses bras. Effrayé par ce sentiment il l'avait repoussée mais aussitôt une sensation de manque l'avait envahi. Mais le pire avait été le visage qu'avait affiché la jeune femme : il l'avait blessée, profondément, et tout à coup l'envie de la prendre dans ses bras et de s'excuser avait fondue sur l'adolescent mais il l'avait réfrénée et avait laissée partir comme un idiot la jeune fille dont il tombait amoureux.