Commando d'Élite


Fanfiction Naruto écrite par ~Sunamaru~ (Recueil de ~Sunamaru~)
Publiée le 07/10/2012 sur The Way Of Naruto



Me revoilà avec la suite !
Je sais, l'attente a été longue ... Mais je vous demande de me pardonner ! Même si vous voulez pas, tant pis ... >_>

Bonne lecture =D

Enjoy.



Chapitre 5: Point Foxtrot



4


« Avoir pitié de son ennemi,
c'est être sans pitié pour soi-même. »

Francis Bacon


Camp militaire de Souge
Tôt le matin

Le soleil était paresseux, ce matin. Comme de nombreux français, il n'avait pas très envie de se lever. Lentement, il pointait le bout de son nez à l'horizon, laissant des traînées roses et orangées dans le ciel. Une chouette solitaire planait silencieusement dans les airs jusqu'à pénétrer le grenier d'une vieille demeure par la lucarne. La maison n'était plus habitée depuis des années. Battant les ailes pour s'élever sur une poutre poussiéreuse, elle s'y percha pour dormir toute la journée là où personne ne pourrait la perturber durant son sommeil.

La veille, l'adjudant avait prévenu un simple entraînement matinal qui permettrait en réalité aux officiers supérieurs d'évaluer dans un premier temps, secrètement, chacun des participants. Ils devaient noter le moindre de leur échec et réussite par épreuve dans un tableau créé au préalable sur un calepin. L'ordre provenait directement de l'État-Major. Neji et Yahiko suivaient l'entraînement comme tous les autres, sans rien se douter, ainsi que le groupe de Shikamaru.


On rampait dans la boue sous des barbelés longs de plusieurs mètres à ras-terre. Les plus lents se faisaient crier dessus, insulter, bousculer par les plus rapides qui ne pouvaient pas avancer à leur rythme. Certains s'écorchaient la tête quand il se faisaient dépasser. Leur prénom sur la liste fut d’emblée rayé de la liste ; leur temps ayant été jugé insuffisant alors que cela venait de commencer. La moindre erreur, le moindre relâchement, était fatal. Au pas de course sur le chemin du prochain obstacle, le groupe de Shikamaru se tenait en tête, suivi de près par Neji et Yahiko. Naruto fut le premier à sauter sur un filet de cordages mous et à commencer la pénible ascension alors qu'un soldat se loupa, ayant bondi tout de suite après lui, s'étant emmêlé avant de tomber sur le dos. Il gêna un groupe entier d'arrivants. Arrivé au sommet, Naruto s'accroupit et tendit rapidement la main au premier soldat qu'il vit : Temari. Celle-ci ne se fit pas prier pour se saisir de sa main et se hisser sur la plate-forme en lui lançant lorsqu'elle sauta au-dessus d'une fosse et glissa sur les fesses jusqu'à toucher le sol :

« C'est pas pour autant que je te dirai merci !
-Si tu savais comme j'm'en tape ! dit-il en se réceptionnant en même temps qu'elle.
-Ça ne ressemble pas qu'à un simple entraînement, remarqua Shikamaru en les rattrapant.
-Déjà là ? fit Naruto en le regardant par dessus son épaule. Je pensais pas que tu pourrais nous rejoindre aussi vite vu comment t'es un mou du genou.
-Les officiers ont l'air encore plus sérieux que d'habitude … Regardez comme ils sont concentrés sur leurs papiers au lieu de vous engueuler, continua-t-il. »
Après un moment d'observation tout en continuant de courir et de franchir les obstacles, Naruto et Temari se rendirent compte que ce que disait leur ami s'avérait exact. Sans un mot de plus ils continuèrent le parcours. Ils mettraient Suigetsu au courant dès qu'il arriverait vers eux.

L'écart entre les gens du peloton se faisait plus grand à chaque obstacle. Mais Shikamaru, ses amis, le duo des meilleurs tireurs d'élite du campement et d'autres courageux soldats tenaient bon.

Ils arrivèrent sur un champ de tir. Des sacs de sable empilés les uns sur les autres soutenaient des fusils-mitrailleurs de gros calibre et des box numérotés servaient d'espace de tir. Les premiers arrivés se servirent promptement sur les comptoirs où étaient entreposés des fusils et se jetèrent dans un box libre. Le terrain de tir en face d'eux était gravillonné et sablonneux et avait la taille d'un terrain de football. Des cibles plus où moins lointaines plantées dans le sol narguaient les soldats qui se faisaient un plaisir de les cribler de balles.

« Dégagez, les blanc-bec ! Ou j'vous casse les cacahuètes ! tonna en rythme une grosse voix. »

Un grand black tout en muscles marchait rapidement jusqu'à une mitrailleuse lourde en bousculant d'une main les gêneurs sur son passage. Il prit place derrière l'engin, arma la culasse d'une poigne redoutable et arrosa le champ de tir en beuglant comme un taureau qu'on égorge :

« YEEAAAHHHH !! »

Les soldats qui n'avaient encore jamais vu Killer-Bee avec une mitrailleuse entre les mains écarquillèrent de grands yeux :

« Mais c'est qui ce malade ?! »

Concentrés sur leur tir, Neji et Yahiko ne se laissaient pas distraire et mirent dans le mile au coup par coup, nullement gênés par le vacarme que produisait en plus l'engin de mort tenu par l'homme à la peau café au lait.

« Quelle bande de ratés … poussa le Hyûga en reposant son arme sur le comptoir.
-J'ai jamais vu un type faire autant de boucan … Ce rappeur finira un jour par se faire tuer. Il ne tient pas en place plus de dix minutes, répondit Yahiko. »

Ayant touché cinq fois le centre de leur cible avec cinq balles et donc, marqué le maximum de points pour ce secteur, les deux jeunes hommes avaient terminé plus rapidement l'entraînement que les autres. Un officier posa ses jumelles sur une petite table en face de lui et gratta sur son calepin en les regardant d'un air qui en disait long sur sa satisfaction. Neji croisa son regard par hasard et fit la même remarque que Shikamaru à Yahiko quelques secondes plus tard.

« Tu peux être certain qu'ils nous enverront sur la prochaine grosse mission. »

Le groupe de Shikamaru et Killer-Bee achevèrent l'entraînement en un temps record. C'est facile de marquer des points en tirant au hasard … pensa Naruto en dévisageant Bee qui exhibait fièrement sa musculature colossale.


Dans la journée, ils seraient convoqués d'urgence dans le bureau du général qui ne manquerait pas de les féliciter pour leurs exploits.


Bureau du général Sarutobi
11h08

« Les indices que vous nous avez ramenés de votre dernière mission nous ont permis de débusquer un campement paramilitaire, dans le Texas. Il est soupçonné d'entretenir des relations commerciales avec l'organisation qui a largué les missiles chimiques sur le village. Leurs agissements dans la région sont troublants ; on déplore la disparition de bon nombre de civils et personne ne sait ce qu'ils sont devenus. Nous devons découvrir d'autres éléments afin de remonter la piste de l'organisation. Vous serez déployés derrière les lignes ennemis ce soir à 21h00 précises.

Bien droits, les mains croisées dans le dos, les deux tireurs écoutaient attentivement les paroles du général.

-Bien, mon général, dirent-ils en même temps.
-Nous ne pouvons pas nous permettre d'envoyer tout un régiment dans ce campement, c'est pour quoi dans vingt-quatre heures vous aurez en renfort nos meilleurs soldats qui ont passé ce petit test avec brio pour finir le travail. Ils échangèrent un bref regard en coin. Je vous recommande la prudence. Faites-nous un rapport toutes les deux heures quand vous serez arrivés. Rompez !

Ils joignirent d'un coup leurs jambes et se mirent au garde-à-vous.

-Et veuillez m'envoyer le groupe de Shikamaru Nara.
-Bien, mon général !»

Ils tournèrent les talons et se rendirent dans leur chambre pour préparer leurs affaires, se rendirent à l'armurerie pour retirer leur équipement.

Lorsqu'il n'entendit plus leurs pas s'éloigner dans le couloir, le vieil homme tira un tiroir de son bureau et alluma un cigare avant de se lever. Il se rendit en face d'une grande baie vitrée qui donnait sur les forêts avoisinantes et ouvrit les fenêtres. Il porta sa main à sa bouche et aspira une longue bouffée de tabac qu'il souffla au-dehors, un léger sourire étirant son visage ridé. Oui … je suis persuadé qu'ils feront une bonne équipe.


Terres du Texas
Aux alentours d'une zone aride
21h00

C'était une nuit claire. La pleine lune brillait intensément dans la noirceur du ciel bleu foncé. Dès lors qu'ils eurent sauté dans le vide en parachute, l'air ambiant les avait prit à la gorge. Il était difficile de respirer, même à une heure aussi tardive de la journée. L'atmosphère était froid, lancinant, sec, agressait leurs poumons à tel point qu'ils avaient la très désagréable impression que l’oxygène qu'ils respiraient transperçait leurs voies respiratoires.

Quand ils atterrirent sur le sable encore chaud, ils remballèrent leur parachute dans un sac à dos.


Gourde, couteau de combat, poches de munitions accrochés à la ceinture, sur le torse, ils étaient vêtus d'une tenue de camouflage tachetée aux couleurs de leur environnement ; jaune pâle et marron clair. Les hommes portaient un sac à dos où était sanglée leur arme de service. Il contenait tout leur matériel secondaire. Dans une position basse, ils cherchèrent un point d'observation pour avoir une vue plongeante sur le petit camp suspect qu'ils avaient repérés grâce à la lueur d'un feu de camp.

Des montagnes se succédaient sur des centaines de kilomètres d'Est en Ouest, enveloppant le lieu dans une sorte de bol creux et sablonneux. Beaucoup de points surélevés existaient, aussi dangereux pour eux en cas d'embuscade ennemie, que pratiques. Quelques minutes plus tard ils s'accroupirent, dégainèrent des jumelles modernes aux verres teintés en rouge. Quand ils placèrent les lentilles devant leurs yeux, ils réglèrent la netteté de l'image du camp que renvoyaient les objectifs. Une fois la mise au point effectuée, chaque homme là-bas était encadré d'un rectangle virtuel. Y compris ceux qui dormaient sous des bâches qui servaient de tentes précaires. Le feu de camp brûlait au centre du campement où se réchauffaient quelques hommes, enrubannés dans un turban, à la barbe hirsute. Pour Yahiko, l'endroit paressait trop peu défendu pour les informations qu'ils étaient venus sécuriser :

« Tu crois vraiment que c'est ici ? Les forces sont bien maigres.

Neji consultait à ce moment-même une carte digitale sur son avant-bras, dans un boîtier petit et fin, intégré à sa tenue et reliée à un satellite.

-Les indications sont formelles : c'est bien ici, assura-t-il en levant les yeux du gadget avant de l'éteindre. Mais rien ne confirme que ce n'est peut-être qu'une passerelle … Il se peut très bien que ce soit un endroit de passage qui mène à notre objectif, et dans ce cas nous devrons attendre que leurs petits copains se ramènent pour qu'ils nous guident à leur base.

Yahiko acquiesça et se leva doucement.

-Je pars en reconnaissance, dit-il en commençant à partir. Peut-être que je la découvrirai.
-Sois prudent, il rôde peut-être toujours et on ne sait pas s'il sait déjà pour notre mission. Si c'est le cas … Neji laissa sa phrase en suspend. Tu te rappelles comment ça s'est fini, la dernière fois ? »

Yahiko s'immobilisa. Il tourna lentement la tête, le dévisagea d'un air grave. Il n'avait pas besoin qu'on le lui rappelât. Des souvenirs humiliants resurgissaient dans son esprit.

*


C'était il y a des mois, un jour dans les tréfonds de la jungle. Une balle lui avait traversé le genou pendant l'extraction. Une « chance » pour lui que ce n'était pas d'un très gros calibre auquel cas il aurait vu sa jambe arrachée.
Non, elle n'était pas censée le tuer. Le tireur qui l'avait blessé voulait s'amuser avec lui. Avec eux deux. Il se moquait. Il voulait montrer qu'il était le plus fort et y prenait un plaisir pervers. Quand Neji tira au hasard au pistolet 9mm dans les broussailles en se précipitant sur son coéquipier pour l'aider à se déplacer, personne ne sut jamais si la personne était morte ou encore vivante.

Le vrombissement lointain d'un hélicoptère se fit entendre.
De plus en plus proche.
Bientôt, le vent produit par les pales ferait ployer les branchages des arbres gigantesques.
Aucun moyen de savoir s'il l'avait eu : ils devaient partir rapidement. Précipités par les cris alarmés d'un soldat dans l'hélicoptère, qui avait ouvert les portes coulissantes, avant de braquer son arme au-dessus de leur tête pour surveiller leurs arrières, Neji fit monter Yahiko avant de le suivre.

De bruyantes rafales de kalachnikov résonnaient dans les contrées sauvages …
Dans l'hélicoptère qui décollait, Yahiko hurlait, les doigts crispés sur sa jambe secouée d'intenses spasmes musculaires. Il était couvert de sang. Il sentait la main de la Mort se poser sur son épaule, son souffle glacé effleurer sa nuque pour enfin gagner son corps tout entier. En gardant un sang-froid extraordinaire, Neji s'empressait de lui prescrire les premiers soins pour calmer l’hémorragie, qui repeignait ses mains de rouge, avec des gestes qu'il avait répétés cent fois. Il ne se souvenait pas avoir vu un jour son partenaire dans un tel état de panique. En fait, s'il ne s'en souvenait pas, c'était que ça n'était encore jamais arrivé ... 

Yahiko pleurait. Il souffrait le martyr.

Pour être aux côtés de sa mère à ce moment-là, il aurait tout donné.

*


De retour à la réalité, Yahiko baissa la tête et se plongea dans une intense réflexion. Soudain, après quelques secondes, il releva le regard sur son coéquipier en levant le pouce et lui sourit de toutes ses dents pour ensuite disparaître dans les sentiers alentours. Neji savait ce que cela voulait dire : « Ne t'inquiète pas ! ».


La pente était abrupte. Les feuilles mortes tombées au sol depuis des mois craquaient sous les pas vifs de Yahiko qui gravissait agilement un dénivelé de 1200 mètres d'altitude. Les écorces sèches des arbres défilaient rapidement dans son champ de vision, pour se perdre en bas de la colline. Il fut surpris de distinguer dans l'obscurité que la côte sur laquelle il progressait cachât une si grande descente juste derrière la bosse du sommet. Yahiko tenta trop tard de freiner sa course et dérapa sur des cailloux en retenant un cri avant de dévaler la pente. Il eut le réflexe de se mettre sur le côté pour glisser afin de ne pas endommager le matériel qu'il transportait et se rattrapa en contrebas en manquant de perdre l'équilibre. Il s'immobilisa pour se retourner, leva la tête et rouspéta :

« Ils pourraient mettre des panneaux d'avertissement, quand même … »

Yahiko regarda autour de lui pour s'assurer qu'il n'avait pas été repéré, se dirigea doucement vers un recoin discret dans la végétation. Il s'accroupit en fouillant dans son sac à dos, en sortit un capteur de mouvements qu'il planta dans le sol, en régla la portée.
Les deux coéquipiers avaient comme rituel d'assurer leurs arrières avec des explosifs, des engins de détection ou autres ingénieux gadgets avant de s'installer quelque part pour leur mission. Les instruments électroniques connectés à un satellite, comme les capteurs, étaient directement reliés au boîtier de leur tenue.
Yahiko programma une zone de plusieurs mètres carrés à couvrir et reprit sa route en appuyant sur son oreillette. Par un canal sécurisé, il eut une relation directe avec Neji :

« J'ai placé un capteur ! dit-il enjoué. J'adore ces trucs.
-J'avais deviné. Je viens de voir ton point vert apparaître sur mon écran, dit-il d'un ton qui contrastait du sien.
-Je continue ma route, je te tiens au courant.
-Reçu. Reste sur tes gardes, n'attire pas l'attention ; je n'ai pas envie de bouger de mon point d'observation. Il se passe des choses intéressantes …
-Qu'est-ce que tu vois ? demanda-t-il en avançant dans l'eau calme.
-Des caisses. Un moment de silence plana entre eux.
-... mais encore ? Il entendit Neji soupirer.
-Je ne vois pas trop … ils sont devant ma ligne de mire. On dirait … qu'elles contiennent des armes légères. Oui, ça se confirme. J'ai un type apparemment bien gradé qui est en train d'observer la marchandise. L'armement classique du marché noir, si tu veux savoir.
-Uzi, AK-47 … OK. Autre chose ?
-Rien pour l'instant. Terminé. »

Neji coupa la communication. Il était maintenant temps de faire un rapport complet au général. À leur mission principale s'ajouta une secondaire : suivre les suspects, découvrir leur trafic, trouver leur base et y déceler un point d'infiltration – appelé Foxtrot - pour le groupe qui arriverait dans les prochaines heures. Le général Sarutobi lui dit que les hommes de Shikamaru lanceraient l'assaut en premiers. Il lui ordonna ensuite de ne pas tirer un coup de feu avant eux et de s'arranger pour interroger le chef du campement avant qu'il ne s'enfuie.

Dans sa tête, Neji élabora des hypothèses et des plans d'attaque qu'il tournait et retournait dans tous les sens pour ne rien omettre. Il devait s'attendre à tout, prévoir une longueur d'avance à chaque fois, constamment avoir l'avantage sur sa cible …

Ce n'était jamais très facile à faire ; jamais rien n'arrive comme on le voudrait.


Au sommet de son ascension s'étendait un vaste terrain rocailleux. Un vieux mirador de bois s'élevait tout près du bord d'une falaise et surplombait le vide au-dessous. Dessous le toit miteux, une chaise de métal rouillé servait d'assise à un homme endormi. Les jambes tendues sur la barrière de sécurité, les bras croisés sur le ventre, il s'était laissé bercé par le grésillement discontinu d'un ancien poste radio à piles. Posée sur le recoin d'une très petite table, une lampe à pétrole qui attirait les papillons de nuit éclairait le profil de l'individu.

Quand Yahiko fit un pas sur le plancher, il porta sa main droite à sa cuisse et crut un instant que le craquement qu'il avait occasionné le réveillât. Pétrifié, la main sur la poignée de son couteau, il regarda intensément le garde qui ronflait. Il fit un deuxième pas, plus léger, mais le bois craqua de nouveau sous son poids.

Soudain, l'homme arrêta de ronfler.

Aurait-il pu l'entendre ? À ce moment, le grésillement de la radio se tut. Le silence s'imposa. Yahiko déglutit silencieusement et tira doucement l'arme blanche hors de son étui dans un long et discret tintement d'une lame qu'on dégaine progressivement. Il ne lui restait que deux pas pour l'atteindre et en finir …
Le cœur battant plus fort contre sa poitrine à mesure qu'il se rapprochait, le souffle court, il se décida à faire passer lentement sa main devant la tête de l'homme. D'un geste brusque il l'aplatit contre sa bouche et planta la lame de 15 cm dans la carotide avant de trancher. Incapable de pousser un cri à cause de la main qui écrasait sa bouche l'homme eut un mouvement nerveux alors qu'une effusion de sang giclait par terre. Yahiko retira promptement la lame ensanglantée de la plaie béante, fit tourner agilement son poignard dans le creux de sa main et le rangea dans l'étui accroché à sa cuisse avant de se débarrasser du cadavre.

Quand Yahiko vit en contrebas l'étendue qui s'étalait à l'infini sous ses pieds, un intense sentiment d'impuissance s'empara de lui. Si loin … Si démesuré … On se sentait vraiment insignifiant dans un cadre pareil ! Ce n'est que dans des moments pareils que l'Homme, lui qui se croit si puissant et maître de tout, se prend la réalité en plein dans la gueule. Pour le moins borné, il se rend compte à quel point il n'est qu'un moins que rien sur Terre et dans l'univers. Qu'un misérable morceau de viande fragile au milieu de la grandeur de mère-nature. Au premier abord Yahiko était découragé à l'idée de trouver cette base secrète, mais quelque chose plus au fond à droite, en face d'une paroi rocheuse, attira son regard et lui redonna espoir. Alors qu'il tournait les yeux il découvrit le reflet déformé de l’œil de la lune sur la surface d'une mare.

Sourcils froncés, il chaussa sa paire de jumelles. Sa bonne étoile lui souriait peut-être.

Ce qu'il découvrit lui rendit le sourire, il était presque certain que c'était là : de multiples traces de pneus étaient incrustées dans le sable. Elles formaient des cercles disgracieux, circonscrits, des dérapages. De tous les lieux dans ce désert sauvage, celui-ci avait l'air d'être plus souvent fréquenté. Alors pourquoi les empreintes disparaissaient-elles d'un seul coup et n'allaient pas plus loin ? En tournant ses jumelles vers un renfoncement naturel, il crut apercevoir dans la mare où se dessinait partiellement la lune des déchets industriels et son sourire s'estompa. Bidons et matériaux en pièces détachées, ferrailles et bouteilles en plastique blanc ornées d'une croix noire sur fond jaune flottaient ou ressortaient paresseusement de l'eau crasseuse et verdâtre recouverte d'une pellicule d'essence aux couleurs d'un arc-en-ciel. Un conduit en maçonnerie qui disparaissait sous terre écoulait dans la mare polluée le filet d'un liquide non identifié.

« Hep, dit-il en posant un doigt sur son oreillette.
-Tu as trouvé quelque chose ? demanda Neji après un instant de silence.
-Je crois bien …
-Tu crois ou tu en es sûr, le coupa-t-il.
-Sûr ! J'en suis sûr ! Absolument ! s'exclama-t-il soudainement.
-Il fallait le dire tout de suite au lieu de …
-Ouais, ouais … Bon, j'ai des traces de pneus et du matériel abandonné dans une mare pourrie. On dirait que c'est souvent utilisé par l'Homme : y a des produits chimiques, des ferrailles et tout ça.
-Ça pourrait aussi être un dépotoir sans importance, non ?
-Ça, ça m'étonnerait. Et je vais te le prouver.
-Prouve-le-moi, alors. Tu as trouvé un point Foxtrot ?
-J'espère. J'envoie un drone prendre des clichés et je reviens vers toi pour te raconter tout ça. Je te téléchargerai les données sur le chemin du retour et tu auras tes preuves. Te fais pas tuer avant que je revienne ! Il rit et entendit le bip de fin de conversation sonner dans son oreille. »

Chose faite, il sortit de son sac à dos un petit hélicoptère télécommandé qu'il posa à terre et fit décoller avec le sourire d'un gosse de 8 ans en comptant avec un accent qui détonnait avec ses origines allemandes :

« Eins, zwei, drei !»

Le seul inconvénient de ce bijou était qu'il ne pouvait être télécommandé qu'à un kilomètre maximum. Extrêmement silencieux, pouvant se déplacer à la verticale comme à l'horizontal, l'engin survolait la zone observée préalablement aux jumelles en la bombardant de photographies avant de voler en direction du conduit en maçonnerie. Depuis son écran, Yahiko voyait à travers la lentille du gadget comme s'il y était lui-même. Alors que le signal commençait à se brouiller, il ralentit la course de son « jouet » pour le faire pénétrer dans le long boyau et enclencha la vision nocturne. Malheureusement, il découvrit un cul-de-sac en face de lui et l'écran se brouillait de plus en plus. Il fut contraint d'élever l'hélicoptère lentement mais son ascension fut bloquée par un obstacle. Il y eut un léger bruit aux assonances métalliques qui sortit depuis le micro dans son oreille. Il dut rebrousser le chemin.

« Fait chier … grommela-t-il »

Il fit revenir l'hélicoptère-espion vers sa position, téléchargea par Bluetooth les photographies de sa base de données et envoya les copies à Neji en le rejoignant.


Au moins, une chose était sure ; il y avait bien un passage. Bien que menant à un endroit inconnu, il ignorait si l'on pouvait y faire passer un corps. Mais c'était la seule zone d'entrée … possible ? S'il s'avérait que ce qu'il avait découvert jetât les hommes de Shikamaru dans la gueule du loup, que quelque chose leur arrivait depuis Foxtrot, il en porterait toutes les responsabilités …

Sur le chemin du retour, il sortit un collier de sous ses vêtements et embrassa doucement la Croix qu'il portait autour du cou en implorant le ciel que l'opération se termine bien.


J'ai mis pas mal de temps pour faire ce chapitre. J'espère que le résultat vous aura convenu.

À plus tard !