Etends tes ailes et... vole!


Fanfiction Naruto écrite par urusai (Recueil de urusai)
Publiée le 05/01/2012 sur The Way Of Naruto






Chapitre 8: Si ton coeur faiblit, laisse aller tes larmes



- Sakura !

Quelqu'un tapait contre la porte de ma porte avec un acharnement disproportionné. Ne pouvait-on pas me laisser dormir ? Rien qu'un petit peu... Après une semaine d'insomnie, on pouvait au moins m'accorder ce répit... D'après la force des coups qui redoublait, j'aurais dit que non... Lasse, vide et abattue, je trainai les pieds jusqu'à l'entrée de ma chambre et ouvrit le battant, levant sur mon visiteur un regard désincarné.

- Bonjour !, s'exclama Sai.

- Sai, tu sais quelle heure il est ?, grommelai-je.

- Oui, il est huit heures sept du matin, répondit docilement mon coéquipier.

J'étais trop fatiguée pour lui expliquer que ma question n'avait pas pour but réel de connaître l'heure, mais bien de lui faire remarquer qu'on ne réveille pas les gens si tôt un dimanche matin. D'autant moins les personnes insomniaques. Et encore moins si les raisons de ladite insomnie sont le départ de l'homme qu'elle aime et de son meilleur ami vers un destin plus qu'incertain...

Naruto... Je le retenais, celui-là ! Alors que nous avions quitté Sasuke et son équipe depuis quelques heures seulement, il m'avait subtilisé une de mes préparations et l'avait faite exploser à mes pieds pour que je m'endorme. Ensuite, il avait invoqué Gamakichi, m'avait fait rapatrier chez les crapauds qui s'étaient chargés de me ramener à Konoha... Tout ça pour rejoindre Sasuke et me laisser morte d'inquiétude ! Le traître ! J'avais bien essayé de les retrouver, interrogeant Tsunade-sama sur la localisation du repaire principal de l'Akatsuki, mais elle était restée évasive et avait mis un point d'honneur à me trouver une occupation à chaque instant, m'ôtant ainsi toute possibilité d'aller me renseigner ailleurs.

Après trois jours passés à me débattre, j'avais fini par admettre que même si l'on m'informait sur ce que je cherchais, je n'aurais pas le temps d'y arriver avant le début des combats. J'y serais éventuellement pour identifier les cadavres... Cette pensée provoqua le retour du nœud à l'estomac qui était devenu mon lot quotidien cette dernière semaine. Il ne fallait pas que je sois pessimiste ! L'alliance de Naruto et Sasuke ne pouvait pas connaître de défaite, c'était évident.

Subitement, je me rendis compte que, planté devant moi, Sai attendait patiemment que je lui demande les raisons de sa visite. Il avait probablement lu quelque part qu'il était impoli de déranger une personne lorsqu'elle était plongée dans ses pensées.

- Tu voulais quelque chose ?, l'interrogeai-je.

- Tsunade m'envoie te chercher, m'expliqua-t-il. Apparemment, il y a du nouveau.

Ces derniers jours je ne parlais que de mon inquiétude pour mes compagnons partis au combat. C'est pourquoi je devinais tout de suite que ce qu'il y avait de neuf avait un rapport étroit avec Sasuke, son équipe et Naruto.

- Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ?, m'exclamai-je en me précipitant vers mon armoire.

Je demandai brièvement à Sai de se retourner et ne vérifiai même pas s'il s'était exécuté avant de retirer ma chemise de nuit et d'enfiler un t-shirt et un pantalon sans me soucier des accords de couleurs. Je me plantai devant le miroir et démêlai mes cheveux en deux coups de brosses, puis je saisis Sai par la manche et le traînai avec moi en bas, puis jusque dans la rue. Considérant le rythme de mon équipier trop lent à mon goût, je le lâchai au bout d'une dizaine de mètres et pris la direction du bureau de l'Hokage au pas de course. Cela ne faisait même pas un mois que la grande bataille de Konoha avait eu lieu, mais les principaux bâtiments avaient déjà été reconstruits et le village reprenait forme peu à peu.

Dans mon estomac, le nœud s'en donnait à cœur joie, tournant, malaxant, écrasant tout ce qu'il pouvait trouver tandis que mon cœur battait si vite que je n'aurais pas été surprise de le voir s'échapper de ma poitrine. Dans ma tête, les « Tout va bien, ils sont rentrés » et les « Pour qu'on vienne me chercher si tôt, c'est forcément une mauvaise nouvelle » se bousculaient sans ménagement, atténuant ou accentuant la force du nœud selon l'un ou l'autre cas.

Lorsque je poussai la porte du bureau avec violence – sans frapper évidemment – Kakashi-sensei était déjà là. Tsunade-sama leva un sourcil à mon entrée, ne goûtant visiblement pas au peu de considération dont j'avais fait preuve pour la fragilité de sa porte.

- Bonjour Tsunade-sama, bonjour Kakashi-sensei, dis-je d'une voix essoufflée.

Je tâchai de discerner un indice dans le regard de l'Hokage qui me permettrait de valider l'une ou l'autre des affirmations qui continuaient leur bataille silencieuse, bien à l'abri à l'intérieur de mon crâne, mais je ne lus dans ses yeux que son habituelle neutralité. Kakashi-sensei la considérait d'un air grave qui ne me disait rien de bon, mais je mis ça sur le compte de son inquiétude pour ses élèves.

Lorsque j'étais rentrée à Konoha, j'avais d'abord raconté ce qu'il s'était passé à l'Hokage, puis immédiatement après au maître de l'équipe 7. Lorsque j'avais cité quelques unes des paroles de Sasuke, je n'avais pas manqué de voir dans le regard du Juunin une étincelle de satisfaction. Notre maître n'était jamais très expressif, mais cette fois-ci j'avais compris à quel point la désertion de Sasuke lui avait pesé autant qu'à Naruto et moi. L'idée de son retour au village le rendait heureux, même s'il faisait tout pour que cela ne se voie pas.

Ne faisant rien pour camoufler mon impatience, je rejoignis Kakashi-sensei en une grande foulée et observai Tsunade-sama d'un air torturé.

- Dites-moi ce que vous avez appris, s'il vous plait, demandai-je d'une voix suppliante.

- Cela risque de t'être difficile à entendre, répondit l'Hokage après quelques secondes de silence.

Je sentis le sol disparaître sous mes pieds et n'eus même pas le loisir d'écouter la suite de l'explication car déjà, la fatigue et le stress ayant eu raison de moi, je sombrai dans l'inconscience.

Lorsque je m'éveillai, j'étais dans la pièce juxtaposée au bureau de Tsunade. Shizune était à mon chevet et elle afficha un sourire lorsqu'elle s'aperçut de mon réveil. Je lus dans ses yeux à quel point elle compatissait à mon état. Mais cela ne changeait rien, je me fichais pas mal de son avis et d'ailleurs j'aurais voulu disparaître, immédiatement, et rejoindre mes compagnons. Car ils étaient morts, c'était ce qu'avait voulu dire Tsunade-sama en prenant ces précautions inutiles. Naruto, mort. Sasuke, mort. Comment étais-je sensé vivre désormais ?

Je me tournai contre le mur sans répondre au sourire conciliant de l'adjointe à l'Hokage et serrai les dents pour retenir mes larmes. Une main se posa sur mon omoplate, que je rejetai d'un mouvement sec de l'épaule. Je n'avais pas besoin de compassion. J'avais besoin de temps pour me faire à l'idée que j'étais la seule survivante de l'équipe 7 originelle. Cette pensée me ramena au premier jour de notre rencontre avec Kakashi-sensei et je revis le visage souriant de Naruto clamant haut et fort :

- Mon rêve, c'est de surpasser tous les Hokages !

Comment réaliseras-tu ton rêve, Naruto ? Quant à Sasuke, il avait perdu toutes ses chances de réintégrer le village et de redorer le blason des Uchiwa. Moi, j'étais seule, sans rêve et sans réelle ambition, pourquoi avait-il fallu que je leur survive ? En fait, si mon désir le plus cher avait été de revoir l'équipe 7 réunie à Konoha un jour, c'était à jamais irréalisable...

- Elle est réveillée ?, s'informa Tsunade-sama en entrant dans la pièce.

- Oui, mais elle est très choquée, expliqua Shizune en tâchant d'adopter un air détaché.

- Tss, tu es trop fragile Sakura !, me réprimanda l'Hokage. Tu ne m'as même pas laissée achever mon explication !

- A quoi bon puisque c'est de mauvaises nouvelles, grommelai-je d'une voix alourdie par le chagrin.

- Pas nécessairement, nous manquons d'informations.

Je me tournai vers elle et l'observai attentivement. Elle comprit que je l'invitais à m'en dire davantage.

- L'une de nos équipes à repéré un groupe de trois personnes s'approchant du village, expliqua Tsunade-sama. C'est en cela que ça pouvait ne pas te plaire. Mais rien ne nous dit que les deux personnes manquantes ne sont pas partis après les autres.

- A-t-on identifié ces trois personnes?, l'interrogeai-je, pleine d'espoir.

- Nos hommes ont fait part d'un jeune homme portant une épée et dont les cheveux sont très clairs, d'un autre homme costaud et d'une jeune fille aux cheveux rouges.

- Suigetsu, Juugo et Karin, reconnus-je. Mais que font Sasuke et Naruto...?

- Tu vas pouvoir leur demander directement, Sakura, dit Kakashi-sensei en s'effaçant pour me laisser apercevoir les trois membres de Taka derrière lui.

Tous avaient le visage fermé. Même Suigetsu ne parvenait pas à afficher son air détendu habituel. Dans son dos, je reconnus l'épée de Kisame, Samaheda, qu'il avait finalement réussi à subtiliser à son ancien propriétaire. Enroulée dans une longue étoffe blanche souillée de sang, l'épée semblait se trémousser légèrement, comme si elle ressentait la tension qui régnait dans la pièce en cet instant. Je me levai et me précipitai vers eux, mais avant que la question ne traverse mes lèvres je remarquai qu'ils étaient tous blessés assez sévèrement.

- Tsunade-sama, il faut les conduire à l'hôpital, dis-je d'une voix tremblante.

Elle hocha la tête et lança un regard significatif aux trois équipiers de Sasuke. Ceux-ci baissèrent les yeux et se regardèrent tour à tour avant que Juugo ne prononce les mots fatidiques :

- Naruto et Sasuke ne reviendront pas. Alors que nous les rejoignions nous avons vu qu'ils avaient vaincu Madara mais Sasuke a mis le feu à son corps et quelques secondes plus tard celui-ci explosait, emportant tout sur son passage. Nous étions assez loin pour ne pas être touchés, mais lorsque nous nous sommes approchés, il ne restait plus rien, l'explosion avait tout emporté. Nous avons attendu longtemps, pensant qu'ils avaient pu s'en sortir, mais Karin n'a plus senti leurs chakras. Je suis désolé.

Je me doutais que ce serait quelque chose comme ça. Bizarrement, le nœud se détendit alors que j'étais certaine de la mort des deux êtres qui comptaient le plus à mes yeux. Je n'avais plus de raisons de m'inquiéter, mais j'avais toutes les raisons de pleurer jusqu'à la fin de mes jours. J'essayai néanmoins de ne pas montrer mon émotion mais rapidement tout devient flou autour de moi et je passai une main sur mes yeux pour en chasser les larmes. Kakashi-sensei saisit mon bras dans un geste qui se voulait réconfortant mais je me dégageai et me ruai vers la porte, désirant mettre le plus de distance possible entre tout ce qui pouvait me rappeler mes compagnons disparus et moi même.