Sur la plage de Maloe, le ciel avait viré au noir. On pouvait voir des gros nuages gris s'avancer, comme pour encercler les enfants Uzumaki qui s'amusaient, insouciants, dans le sable. Deidara, l'aîné, âgé de maintenant dix-sept ans, était allongé, peinard, et lisait paresseusement le journal du coin.
« Tiens, la boulangerie a fermé, bientôt on n'aura plus rien dans cette ville », souffla-t-il.
Il posa son regard sur le ciel. Le vent se levait, le soleil n'était désormais plus qu'un souvenir lointain. De ses yeux bleu océan, il scrutait avec attention ce ciel d'orage, attendant le moment fatidique où un éclair viendrait fendre ce tableau sombre, laissant le vent faire voler ses longs cheveux blonds, à son gré.
« T'as vu le brouillard qui s'installe ? » lui cria une voix féminine. C'était Ino, sa petite soeur, qui l'avait apostrophé, dirigeant son doigt vers l'horizon qui se troublait de plus en plus.
« Ouais, on ferait mieux de rentrer non, Papa et Maman risquent de se demander c'qu'on fait ? L'interrogea le blond.
- Oui, tu viens Naruto ? » Dit-elle en remettant en place un mèche de ses longs cheveux blond platine.
Le dénommé Naruto, benjamin de la fratrie Uzumaki, regardait, incrédule, sa cadette qui le fixait avec de gros yeux, ses prunelles bleutées rivées sur lui.
« T'as peur de l'orage, grande soeur ? Lâcha-t-il avec ironie.
- Tais-toi, idiot, dit-elle pour le faire taire. On y va, Deidara ?
- Allons-y, l'orage ne va pas tarder à éclater. »
Les trois jeunes quittèrent la plage, et à peine avaient-ils bifurqué à droite, qu'un coup de tonnerre retentit, faisant sursauter la douce Ino. La pluie ne tarda pas non plus à montrer le bout de son nez, tombant de plus en plus abondamment.
« Eh voilà, il pleut... se plaignit Deidara.
- On va s'abriter quelque part ? suggéra Naruto.
- Oui, je préfèrerais », dit Ino faiblement.
Nos héros se mirent alors à courir en direction de la salle des fêtes, endroit qui restait accessible à n'importe quelle heure de la journée, et où beaucoup de monde affluait. Deidara s'abritait comme il pouvait à l'aide de son journal dont l'encre commençait à dépérir, et Ino essayait tant bien que mal de protéger sa coiffure en mettant ses mains au-dessus de sa tête. Naruto, lui, se contentait de courir et se fichait éperdument de ce qu'il pouvait arriver à sa coiffure.
Ils arrivèrent enfin à destination, après plusieurs longues minutes de course. Deidara poussa la porte, ils entrèrent et virent qu'il y avait beaucoup de monde. Les discussions fusaient, créant un brouhaha incompréhensible autour d'eux.
« Vous avez entendu la terrible nouvelle ? » Disaient certains.
« C'est horrible, pauvres gosses ! » colportaient d'autres.
« Comment est-ce arrivé ? » s'étonnèrent d'autres encore.
« De quoi ils parlent, Deidara ? Lui demanda Ino.
- Je ne s... » commença-t-il, avant de voir une femme se ruer sur eux.
Cette femme n'était autre que leur voisine, Kimiko Nakamura, jolie jeune femme devant avoir une vingtaine d'années, qui arrivait vers eux, les larmes aux yeux. Elle avait de longs cheveux d'un très beau brun, dont une mèche retombait à sa gauche. Elle n'était pas très grande, et faisait la même taille que Naruto. Ses yeux bleu-vert étaient rougis, elle avait pleuré et sanglotait encore.
« Eh, qu'est-ce qu'il y a Kimiko ? Lui demanda Naruto en l'entourant de ses bras.
- Je... je suis... commença-t-elle, avant de fondre en larmes dans les bras du jeune blond.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Et pourquoi il y autant de messes basses ? Demanda Deidara en regardant autour de lui.
- Tout le monde nous regarde, Deidara... » lui chuchota Ino, inquiète.
En effet, tous les regards étaient braqués sur les Uzumaki et sur leur voisine Kimiko, qui séchait ses larmes.
« Je... suis désolée, dit cette dernière. Vos parents...La maison a brûlé, j'ai appelé les pompiers mais... c'était trop tard, je revenais du marché...Oh c'est horrible, ils sont morts.. J'ai fait tout ce que j'ai pu... Je suis désolée ! »
Elle éclata en sanglots, toujours dans les bras de Naruto. Les trois enfants restèrent bouche-bée. Toute vie cessa dans la salle des fêtes. Deidara serra le poing, Naruto se mit à trembler de tous ses membres, et Ino laissa des larmes couler sur ses joues roses.
Et c'est ainsi, que se termina la douce enfance des désormais orphelins Uzumaki, qui avaient vu leurs espoirs d'une vie tranquille brûler, tout comme leur maison et leurs géniteurs.
Qui allait s'occuper d'eux, maintenant ? Où allaient-ils vivre ?
« Papa, Maman, pourquoi nous avez-vous abandonnés ? » hurla Deidara en son for intérieur.
Toutes les personnes présentes dans la salle des fêtes gardaient les yeux rivés sur les Uzumaki et sur leur voisine.
« Regardez ailleurs, bordel ! hurla Deidara, pris d'une colère soudaine, sous l'effet du choc.
- Dei... l'implora sa cadette.
- Sortons », fit sèchement l'aîné de la fratrie.
Ils sortirent. Ino était en larmes, Naruto ne disait pas un mot, lui qui était d'ordinaire si loquace ; il laissait peu à peu quelques larmes couler, pleurant silencieusement le décès de ses parents qu'il avait tant aimé. Deidara lui, ne montrait pas sa peine, mais faisait plutôt paraître sa colère, sa frustration. Les poings serrés, il enrageait.
« Quelle chienne de vie... »
Kimiko les regardait tour à tour, tristement. Quel jour funeste. Et le couleur du ciel convenait très bien à l'ambiance qui régnait dans la ville : sombre, macabre.
Ino s'était jetée dans les bras de Deidara et pleurait de tout son soûl. Naruto fixait le sol, et on pouvait voir ses larmes s'écraser sur le goudron abîmé.
Leur voisine, touchée par cet événement également, avait peur pour les trois Uzumaki. Qui allait les prendre en charge ? Monsieur et Madame Uzumaki avaient parlé à Kimiko de leur famille ; il ne leur restait personne de réellement proche encore en vie, et ils n'avaient pas encore déterminé à qui ils confieraient leurs enfants s'il leur arrivait malheur, pensant vivre au moins jusqu'à la majorité de Deidara. Grave erreur, qu'allait-il désormais advenir des orphelins Uzumaki ?