La vie de Sabaku No Gaara


Fanfiction Naruto écrite par Sanephar (Recueil de Sanephar)
Publiée le 22/08/2010 sur The Way Of Naruto



Merci aux récents commentateurs : shikacool, sasori_du_70, dis 64, krattkiller, et bien évidemment ceux qui continuent à me commenter, notamment ma chère bêta-lectrice, Siana, et BabyCherry qui me suivent depuis le début. Merci à vous !

Maintenant : bonne lecture !



Chapitre 30: Briser la loi du silence



Peu de temps après que Gaara ait pu tirer un trait sur son passé, et vaincu ses démons intérieurs, c’est au tour de Tsuki d’affronter les siens. Un déferlement de malheurs s’abat sur elle : l’annonce du décès de son professeur, Kana, l’implication de Suna dans le meurtre de ses parents adoptifs, et les souvenirs de l’époque où Gaara avait tenté de la tuer ressurgissent. Cerise sur le gâteau, la jeune fille se voit contrainte d’avouer ses sentiments envers le jeune Kazekage…


La vie de Sabaku no Gaara

Chapitre 30 : Briser la loi du silence



Le vent gagnait en puissance à mesure que le temps passait. Il ne lui restait seulement que quelques minutes avant que la mort ne le rattrape. Déjà, il pouvait sentir les grains de sable lui griffer la peau. S’il ne trouvait pas rapidement un abri avant que la tempête de sable ne soit sur lui, il était foutu. Heureusement pour Kankurô, une cavité rocheuse se présenta à lui, mais à peine fut-il entré qu’il le regretta. Un kunai prit sa gorge en otage avant qu’il n’eut le temps de penser à inspecter l’abri.

- Que viens-tu faire ici ? lui demanda une voix grave.
- T’es myope ? Regarde dehors ! répliqua Kankurô d’un ton méprisant.
- Une chance, ta mort paraitra naturelle ainsi.
- Akemi-kun arrête ! Le sang a déjà suffisamment coulé, ordonna un autre homme.
- La grotte est trop petite pour un de plus.
- C’est vrai que ton égo prend beaucoup de place, mais si tu le tasses bien, ça devrait aller.
« C’est quoi ces ninjas ? » pensa le marionnettiste.

La froideur du métal s’éloigna de la gorge ruisselante de sueurs de Kankurô. Dire qu’il venait d’être sauvé par l’humour vaseux d’un shinobi… Il se retourna pour croiser les yeux améthyste d’un homme à la peau basanée, encadré par des cheveux sombres. Mais il détourna bien vite les yeux, attiré par une lueur verte. Un autre homme – s’il se fiait à la silhouette masculine et à la seconde voix entendue un peu plus tôt – était agenouillé près d’un autre corps, à peine visible à cause de l’obscurité.

- Vous avez un problème ?
- Voilà une perspicacité foudroyante, commenta froidement Akemi.

Kankurô lui lança un regard peu amène avant de s’approcher près de celui qu’il pensait être un ninja-médecin, non sans être collé au train par l’excité du kunai.

- Que s’est-il passé ? interrogea le shinobi de Suna.
- Nous avons été pris de court par la tempête. Peu habitués à ce phénomène météorologique, c’est comme si nous étions aveuglés et ma coéquipière n’a pas vu le rebord de cet amas rocheux. Sa tête et son thorax sont gravement endommagés.
- Elle risque de mourir ?
- Oui, car les soins que je lui fais sont trop basiques. Il faut l’emmener à l’hôpital le plus vite possible.
- Suna n’est plus très loin. Dès que la tempête sera calmée, je vous y emmènerai.
- Vraiment ?!

Kankurô fut surpris quand le soignant tourna la tête vers lui. Avec une voix si calme et posée, il ne s’attendait pas à voir une cicatrice lui barrer le visage, ni de voir une telle avenance dans ces yeux vairons. Sans compter que c’était bien la première fois qu’il voyait deux pupilles aux couleurs différentes.

- Vraiment. Faites ce que vous pouvez pour la maintenir en vie avant la fin de la tempête.

***


Gaara observait les gens passer devant lui. Assis devant une table d’un restaurant du coin, il regarda distraitement la rue qui lui faisait face.

« Je t’Aime »

Ces quelques mots avaient eu raison de lui. Il n’avait pas réussi à trouver le sommeil, et mangeait sans faim apparente. Il n’avait rien vu venir. Comment était-ce possible ? Comment a-t-il pu ne pas voir que Tsuki était amoureuse de lui ? Certes, il y avait bien quelques signes, mais elle était tellement… naturelle… il n’avait vu pas de différences.

Il sortit de sa contemplation quand il vit un couple passer devant lui en se tenant la main. La fille riait aux dire du jeune homme qui l’accompagnait.
Gaara détourna le regard et l’image de Tsuki à côté lui qui lui avouait son amour lui revint en tête.
Il se leva un peu plus brusquement qu’il ne l’aurait voulu et partit en direction de son bureau. Une réunion avec le conseil de Suna l’attendait en ce début d’après-midi et il passerait le restant de sa journée à diriger son village natal. Même si, malgré tout, il n’en resterait pas moins tourmenté.


***


Temps de pause obligatoire, ne serait-ce que pour voir les portes de Konoha s’élever fièrement dans le ciel azur, pour savourer cette bouffée de nostalgie qui inondait les veines de Tsuki à chaque fois qu’elle rentrait au village de la feuille. Mais aussi…

- On est arrivé à Konoha, là ?
- Oui, Kaoru, répondit la ninja-médecin en baissant la tête pour regarder son élève.
- Ca déchire !!

Tsuki éclata d’un rire léger. Ces moments d’insouciance étaient pourtant rare ces derniers temps, et ces moments, elle en devait une bonne partie à ce jeune garçon qui avait surmonté la mort de ses parents et croquait la vie à pleine dent désormais. Le professeur aussi voulait remonter la pente, mais les récents évènements ne l’aidaient pas. Il fallait dire qu’elle n’avait rien fait pour confronter ses problèmes… Aussi, l’ambassadrice se devait de commencer par le début : Kana, sa défunte tutrice. Fuir les obsèques n’avait pas été une bonne idée mais ils étaient passés, et au lieu de les regretter, il était préférable qu’elle aille sur la tombe de son professeur pour se recueillir. Parallèlement, ce retour à Konoha permettait à Tsuki et Gaara de digérer leurs derniers aveux. Même s’ils s’étaient expliqués, le choc était toujours présent, accompagné de son lot de culpabilité et de rancune. Sans compter que le Kazekage se trouvait dans une position inconfortable avec la déclaration amoureuse qui lui avait été faite.
Oui, Tsuki et Gaara avaient besoin de mettre de la distance entre eux, et la jeune fille ressentait le besoin viscéral de rentrer chez elle… Une coïncidence inespérée.

- Bon, allons nous enregistrer et après nous irons voir l’Hokage.
- Je vais rencontrer l’Hokage ?!
- Hé oui !
- Trop bien !! Vous en connaissez des gens importants, sensei !
- L’avantage d’être ambassadeur !

Ils entrèrent dans le village et se rendirent au poste d’entrer où Kotetsu et Izumo saluèrent chaleureusement « la petiote qui fuguait sans arrêt », comme ils l’appelaient, et « aujourd’hui plus gradée qu’eux », ajoutait Tsuki.

Bref échange de nouvelles sur le village et grande présentation de l’élève, qui redressa les épaules avec dignité. Les deux chûnins ne manquèrent pas d’inonder leurs interlocuteurs d’une vague de compliments qui fit rougir de gêne le professeur et gonfla de fierté les chevilles de l’élève.

Les deux arrivants prirent ensuite congé pour se rendre au bureau de l’Hokage. Durant le trajet, Tsuki jeta des coups d’œil réguliers à son jeune disciple, qui regardait son environnement avec ébahissement. La jeune fille se demandait comment son apprenti avait autant de ressource, lui qui n’avait jamais fait de si long voyage et commençait à peine son apprentissage. Certes, un apprentissage intensif où un professeur particulier lui enseignait la base de l’art des shinobis lorsque Tsuki travaillait, si bien que le garçon passait son temps à manger, dormir et s’entrainer.

Avec toutes ces méditations en tête, Tsuki en oublia le trajet qu’elle effectuait machinalement et réalisa leur arrivée au bâtiment administratif. L’ambassadrice s’empressa de rappeler à son disciple toute une panoplie de règles de politesse à respecter lors de leur ascension dans un escalier. Au fur et à mesure de leur dernière avancée, elle sentit Kaoru se tendre et le rassura du mieux qu’elle le put. Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans le bureau après y avoir été invité. L’Hokage salua son ambassadrice avec un sourire radieux, non sans avoir jeté une œillade suspicieuse au petit garçon qui trottinait derrière elle. Il se détendit tout de même lors du rapport de son professeur et des regards braqués sur cette dernière, admirant au passage sa calme éloquence. Il sursauta seulement quand on parla de lui.

- Un élève ? Une telle formation sera bénéfique pour consolider la relation entre Suna et Konoha.
- Je trouve aussi, sans compter que cet échange va d’autant plus nous apporter à Kaoru et moi.
- Correct. J’imagine que tu es revenue pour plusieurs raisons.
- Oui. Un congé pour rendre hommage à mon professeur.
- Je te renouvelle mes condoléances, Tsuki.
- Je vous remercie… Puis-je m’entretenir avec vous quelques instants ?

Tsunade lui accorda sa requête avec un geste nonchalant de la main et un hochement de tête. La jeune fille s’abaissa alors vers son élève et lui murmura d’attendre dans le couloir. Quand il referma la porte sur lui, l’ambassadrice se releva pour montrer un air grave à sa supérieure.

- Je vous demande l’autorisation de révéler mon identité à Gaara.
- Refusé.
- Je vous en prie ! C’est très important.
- La nature de ce secret aussi est importante.
- J’ai vraiment besoin d’en parler…
- Je regrette.

Tsuki baissa les yeux, puis les releva, avec un regard affligé.

- Alors accordez-moi la seconde requête que je vais vous faire…

***


Assis sur le sol humide, Gaara contemplait les eaux sombres du lac souterrain. Etrange d’ailleurs, qu’une telle quantité d’eau se trouve enfermée en plein désert. Ce point aquatique ne ressemblait pas aux nappes phréatiques qu’il avait déjà vues auparavant.

Il se pressa les sinus quand il revit Tsuki allongée sur le dos au centre du lac, lui plongeant pour la ramener sur le bord. Il allait devenir fou à ne penser qu’à elle. Il la voyait partout alors qu’elle s’était fait la belle à Konoha avec son élève, sans sa permission en plus ! Certes, Kankurô lui avait donné l’autorisation nécessaire, et lui avait même expliqué l’importance de mettre de la distance entre eux après ce qu’ils venaient de vivre lors du retour inattendu des souvenirs de Tsuki… mais tout de même, elle aurait pu lui en toucher deux mots !

Il plongea ses jambes dans l’eau glacée et retint sa respiration lorsque le froid transperça son corps. Des frissons hérissèrent sa peau, pourtant, la température ne le préoccupa plus lorsqu’il sentit un contact familier sous ses pieds. Il s’abaissa et plongea sa main dans les eaux sombres du point d’eau. Son bras fut engloutit et son visage se retrouva à quelques millimètres de la surface aqueuse lorsqu’il atteint le fond et ramena sa main avec une poignée de sable mouillé. Qu’est-ce que du sable fichait au fond de l’eau alors que le sol était rocheux ? Où s’était-il infiltré ?

Pour la première fois depuis son arrivée, il prit le temps d’analyser le vaste hall où il se trouvait et sa bouche s’ouvrit de surprise. Cet endroit… c’était là que Tsuki avait manqué de se faire assassinée lorsqu’ils n’étaient encore que des enfants ! Elle avait déversé des trompes d’eau ici même, et lui avait tenté de les boucher avec du sable. Alors… la création de ce point d’eau était l’œuvre de Tsuki ?

La révélation le laissa penaud. Une sorte d’angoisse naquit dans ses entrailles, et il sentit le besoin urgent de sortir de cet endroit. Il retira ses jambes de l’eau et rabattit son pantalon sur ces dernières avant de remettre sa jarre et de sortir, le cœur emprunt d’un poids soudainement trop lourd à porter.

***


Tsuki ne sentait pas le temps s’écouler, elle ne vit même pas le soleil décliner, coloriant l’environnement mortuaire d’une nappe orangée. Elle regardait la tombe de son professeur d’un air absent, cherchant désespérément quelque chose à dire, comment se recueillir, mais aucune idée ne lui vint à l’esprit. Pire que tout, elle ne se sentait pas moins soulagée. Un comble !

- On savait bien qu’on te trouverait ici.

L’ambassadrice tourna la tête et se releva quand elle vit Ten-Ten, bras croisés derrière son dos, qui la regardait avec un sourire amusé, contrairement à Lee à côté qui lui souriait pleinement, comme il le faisait à longueur de temps.

- J’ai l’impression que cela fait une éternité que je ne vous ai pas vu ! s’exclama Tsuki en s’avançant vers eux.
- On a la même impression ! Et on espérait te revoir à l’enterrement de Kana-sensei… rétorqua Ten-Ten, un ton de reproche au fond de la voix.
- Je n’ai pas trouvé le courage de venir…
- C’est compréhensif, ne t’en fais pas, mais on s’inquiétait pour toi, rattrapa Lee sans s’en rendre compte avec, toujours, ce sourire éblouissant de joie.
- Bon, arrêtons avec des sujets qui fâchent, conclut la fille aux chignons en donnant une petite tape à l’épaule de son coéquipier, et si on allait manger un morceau ensemble ?
- J’aimerais bien, mais mon élève s’est endormi dans mon salon, et je ne voudrais pas qu’il panique en se rendant compte qu’il est tout seul…
- Ton élève ?! s’exclama l’expert de taïjutsu en sautant des octaves.
- Tu sais quoi, Tsuki ? Je crois que tu vas nous inviter chez toi, parce que tu as des choses à nous raconter !
- Avec plaisir, répliqua la brune, enchantée.

Sur le chemin menant à son appartement, Tsuki conta quelques aventures qu’elle avait eues à Suna, dont celle qui lui avait permis d’avoir son apprenti, Kaoru. En taisant toute fois celles concernant Gaara. S’extasiant dans un premier temps des péripéties de leur amie, Ten-Ten et Lee finirent par dériver sur les leurs, et le chemin parcourut leur parut court.

Arrivés à destination, Tsuki paniqua en remarquant l’absence de son protégé alors que ses compagnons sourirent en voyant un petit garçon débouler furtivement derrière le dos de son professeur. Une frayeur plus tard, le garçon se prit un sermon sous les regards amusés des deux ninjas. Il n’en fallut pas plus pour permettre à Kaoru d’être intégré par une partie de l’entourage de son enseignante.

La préparation du repas occupa les deux jeunes filles, alors que Kaoru écoutait attentivement Lee lui enseigner quelques prises de taïjutsu. L’adolescent fut tellement admiratif de la détermination et de l’enthousiasme du garçon qu’il lui promit de lui faire subir un entrainement complet le lendemain, ce à quoi l’apprenti fut fier.

- A ton avis, je vais le retrouver comment si Lee-kun l’entraine ? demanda Tsuki, un brin inquiète.
- S’il survit, c’est que tu es tombée sur la perle rare !
- Et si ce n’est pas le cas ?
- Je te conseille déjà de songer à trouver une excuse. Suna pourrait ne pas apprécier que tu leur expliques comment ton élève s’est retrouvé à l’hôpital de Konoha.
- Tu veilleras à ce que Lee-kun n’exagère pas, hein ?
- T’inquiète, c’était déjà prévu dans mon programme. Je ne vais pas laisser cet adorable garçon à un bourreau du travail comme lui, c’est inhumain !

Et la soirée se poursuivit sur cette bonne lancée.


***


Kankurô se retint de ne pas envoyer le parchemin par la fenêtre. Non, vraiment, les rapports écrits, il détestait les faire. Pourtant, il savait combien ces derniers étaient nécessaires, alors il s’y attelait. Mais, il se forçait, surtout quand il devait raconter sa rencontre entre l’étrange trio du village de la brume qu’il avait rencontré lors de la tempête de sable…

Il grogna quand on frappa à la porte, mais se leva pour ouvrir. C’était déjà dur de se mettre à faire une activité (obligatoire) que l’on déteste, alors si l’on est dérangé… Pourtant, quand il ouvrit à Gaara, son exaspération s’envola. Ce n’était même pas à sa mine défaite qu’il réagit ainsi. Son frère ne venait pas souvent chez lui, pour ne pas dire jamais. L’ainé se dégagea et le cadet entra. Rapport tacite.

- Tu veux du thé ?
Hochement de tête.

Le silence s’installa de nouveau quand Kankurô prépara le breuvage verdâtre. Il aurait pu combler la conversation comme il le faisait d’habitude, mais là, il sentait qu’il ne devait pas le faire. Gaara ne venait pas pour ça. Quand il comprit que son cadet ne s’en sortirait pas tout seul, il entama par le sujet dont il pensa être le problème :

- C’est Tsuki ?
- Je suis perdu, avoua sans préambule le Kazekage.

Kankurô posa une tasse fumante à côté de lui avant de prendre son exemple et de s’adosser à l’établie.

- Tu veux tout déballer ?
- Elle m’a dit qu’elle était amoureuse de moi.

Le marionnettiste cracha sa gorgée de thé en toussotant.

- Mais c’est génial !
- Tu penses ?
- Mais oui ! Depuis le temps qu’elle devait te le dire !!
- Tu le savais ?
- Ne me regarde pas comme ça ! Ce n’était pas à moi de te le dire.
- Tu as raison.
- Et tu ne sais pas comment réagir, c’est ça ?
- Oui.
- Déjà, si tu veux mon conseil, éclaircis tes sentiments. Qu’est-ce que représente Tsuki pour toi, comment tu l’aimes, ce genre de chose.
- J’essaie. J’ai l’impression que je ne trouverai jamais.

Kankurô reprit une autre gorgée en essayant de trouver une autre solution pour son frère.

- Tu connais forcément la réponse.
- Tu penses que je l’aime ?
- Ce n’est pas à moi de te répondre… Mais je pense que oui. Si tu ne l’aimais pas, tu le saurais tout de suite.
- C’est si compliqué.
- Essaye d’avoir une relation amoureuse. Si ça marche pas, tant pis, ça va pas vous tuer.

Gaara trouvait tout cela étrange. Lui qui aspirait depuis quelques années à être aimé, qui même espérait secrètement aimer comme le faisait les quelques couples qu’il croisait, voilà maintenant qu’il hésitait ! Pourquoi ? La peur d’être déçu ? De nouveau rejeté si cet amour ne fonctionnait pas ?

- Tant qu’on est dans les confidences… commença Kankurô de sa voix grave. Ca tombe bien, je voulais que tu sois le premier à savoir. Ben voilà je sors avec Matsuri.
- C’est ta petite amie ? demanda Gaara pour sûr de ce qu’il comprenait.
- Ouais, répondit son interlocuteur, les joues un peu rosies.

« Est-ce que je rougirais aussi quand Tsuki deviendra ma petite amie ? » se demanda le Kazekage.
Et puis il eut le déclic. Kankurô n’était pas un romantique. Il était aussi peu doué dans les sentiments que lui, même s’il se débrouillait mieux. Il ne connaissait pas Matsuri depuis longtemps, et pourtant il tentait le coup. Il n’avait pas l’air déçu, pourquoi pas lui ? De plus… au fond de lui, il savait que personne ne remplacerait Tsuki. Il ne pouvait pas aimer une autre qu’elle. Il ne pouvait donc qu’être amoureux.

- Tu vas lui dire quand elle rentrera ? l’interrompit le marionnettiste.
- Comment je dois lui dire ?
- Il n’y a pas énormément de variante.
- Comment tu as fait ?
- Je lui ai pris les mains et je lui ai dit que je l’aimais.
- Je vois…
- Tu n’as plus qu’à t’entrainer !

Mécaniquement, Gaara se décolla du rebord de l’établi et partit sans même penser à son frère qui ne lui en tenait pas rancune. Ce dernier sourit en voyant que son cadet n’avait pas touché au thé. Pas plus mal, il avait besoin de remontant pour terminer le rapport…

Oh puis au diable le rapport ! Gaara lui avait donné envie de voir Matsuri.

***



- Et si je t’offrais un autre bol ?

Uzumaki Naruto s’étrangla avec sa soupe de ramen quand il se tourna pour voir l’adorable personne qui lui donnait une invitation pareille. Avec son appétit d’ogre pour les ramens d’Ichiraku, c’était un miracle de trouver un donateur aussi généreux !
Dès l’instant où il croisa son regard, il la reconnue tout de suite : la jeune fille des examens de chûnins qu’il avait jadis renversé, celle qui avait approché Gaara sans préjugés.

- Tsuki-Nee-chan ! réussit à articuler le blond entre deux toux.

La demoiselle s’empressa de tendre un verre d’eau posé sur le bar à son ami qu’il engloutit en quelques secondes. La toux calmée, les deux Jinchûrikis parlèrent de tout et de rien à mesure que la fraicheur du soir tombait sur Konoha.

- Bon, je vais rentrer maintenant. On devrait se voir plus souvent, mais… t’as peut-être pas le temps avec l’hôpital.
- En réalité, je suis ambassadrice à Suna, alors c’est encore plus compliqué.
- Ah bah ça… Ca veut dire que tu vois Gaara tous les jours ?!
- En effet.
- Comment il va ?

Le visage de Tsuki s’assombrit devant le sourire niais du blond, et elle détourna le regard pour contempler les visages des Hokage. Quelques secondes plus tard, Naruto comprit enfin qu’il y’avait anguille sous roche et s’apprêta à proposer à Tsuki de se confier si cette dernière ne l’avait pas devancé.

- Ca t’ennuierait de rester un peu plus longtemps, Naruto-kun ?
- Non, non, répondit piteusement ce dernier, coupé dans son élan héroïque.

Ils marchèrent un temps, frissonnant parfois lorsqu’une brise nocturne venait les frapper, à travers les rues de Konoha qui se vidaient. Leur promenade se termina en haut de la falaise où étaient sculptés les visages des protecteurs du village de la feuille. Ils admirèrent la vue magnifique qui s’offrait à eux, mais à mesure que le temps passait, le malaise s’installait. Si Naruto adorait venir ici pour contempler le village la nuit, ces petites lumières qui n’éclairaient pas tous les mystères de Konoha lorsque l’ombre le prenait, ce soir, il n’y parvint pas. Quelque chose l’en empêchait.

- C’est ici que Gaara a essayé de me tuer il y a trois ans.

Bah maintenant, Naruto savait pourquoi il était mal à l’aise et qu’il n’arrivait pas à profiter pleinement de la vue nocturne de Konoha. Il sentait bien qu’il y aurait un aveu dans ce genre.

- Je comprends pas, ça te tracasse depuis trois ans ?
- J’ai perdu la mémoire entre temps.
- Ah flûte ! J’avais oublié ! Depuis quand tu t’en ai rappelé ?
- Quelques semaines.
- Et Gaara ne t’en avait pas parlé avant ?
- Non, il m’a même menti quand je lui ai posé la question. Kankurô et moi parlions des examens de chûnins auxquels ils avaient participé à Konoha, et il m’avait dit qu’il trouvait étrange que Gaara n’ait jamais tenté de me faire du mal.
- Tu sais pourquoi il a menti ?
- Pour me protéger de la souffrance, pour éviter d’être abandonné si je n’aimais pas cette vérité… Bref, c’est à la fois égoïste et généreux.
- J’sais pas quoi te dire, j’suis pas très doué pour réconforter les gens. Mais, si ça peut t’aider, j’aurais peut-être agi comme lui. Oui, j’aurais sûrement fait comme lui… répéta Naruto, pensif. J’ai blessé Sakura-chan, une fois, quand j’ai perdu le contrôle de moi-même, avoua-t-il, quelques minutes après. Je m’en voulais tellement que si elle avait perdu la mémoire, je n’aurais pas pu lui rappeler que je l’avais fait souffrir. Je comprends ce que Gaara ressent, tu ne dois pas lui en vouloir.

Tsuki tourna la tête pour plonger ses yeux dans ceux de Naruto. Le regard du shinobi brillait d’une compassion, d’une compréhension qui dépassait Tsuki. Elle sût alors qu’en rentrant à Suna, elle pourrait pardonner Gaara avec sincérité.

- Tu as raison. Gaara a commis des erreurs, mais je dois lui accorder une seconde chance.
- Je suis sûr qu’il recommencera pas. C’est pas son genre !
- J’espère…
- Rassure-toi, il fera attention.
- En vérité, la situation est un peu complexe entre nous deux.
- Ah ? Pourquoi ?
- Ben… commença Tsuki, les joues rouges de gêne. J’ai… comment dire… en fait, je suis amoureuse de Gaara depuis quelques temps et…
- Mais c’est trop bien ! fit Naruto en donnant un petit coup dans la rembarre en fer qui surplombait le rebord de la falaise. Et tu lui as dit au moins ?
- Euh… oui, et il… il est assez perturbé.
- Il s’est pas jeté dans tes bras ?! Oh mais quel con celui-là !

Tsuki écarquilla les yeux devant la vulgarité soudaine de son ami blond. Ce dernier se sentit dans l’obligation d’expliquer cet excès de familiarités.

- T’es une chouette fille ! La plus chouette qu’il doit connaitre !! S’il ne répond pas à tes sentiments, je vais aller le voir, il va comprendre, j’te le dit !
- Pour le coup, c’est moi qui ne sais pas quoi dire… avoua Tsuki devant la sollicitude que lui témoigna Naruto, celle là même que lui avait offert Kankurô auparavant.
- Je crois que vous êtes faits pour être ensemble, avoua sérieusement le Jinchûriki de Kyûbi. Je pourrais pas t’expliquer pourquoi, mais ça me parait évident.
- Merci.
- Bon, euh, tu as fini les aveux ?
- Non, poursuivit Tsuki d’un ton grave.

L’aveu suivant bouleversa à jamais l’existence de Naruto.

***


Avec un certain agacement, Gaara prit la poêle et jeta la viande trop grillée droit dans la poubelle. Il remettait le récipient sur la gazinière quand la sonnette retentit. Il pensa à Tsuki, qui chaque soir venait le voir pour manger ensemble, mais il savait que lorsqu’il ouvrirait la porte, ça ne serait pas elle, car elle était à Konoha. Il chassa rapidement cette pensée, encore plus agacé de penser toujours à elle. Même si cette fois-ci, c’était bien légitime.

Il ne fut pas surpris de voir Temari sur son perron, juste curieux. Il s’écarta pour la laisser passer et sa sœur plissa le nez en se tournant vers lui.

- Tu as brûlé ton repas ?
- Oui.
- Tu as perdu l’habitude de cuisiner ?
- Oui.
- Tu veux que je te fasse la cuisine ? Comme ça ma venue ne sera pas inutile !
- Tu n’avais pas de motif à ta visite ?
- Euh si… mais…

Gaara comprit dans l’instant. Il est vrai que son pragmatisme désarmait beaucoup de monde, et que cela prendrait du temps à ce que les individus ne s’inquiètent plus de l’ennuyer inutilement, car il n’attendait plus que des visites concrètes.

- Je vois. Pourquoi es-tu là ?
- J’ai appris pour Tsuki. Je voulais savoir si tu allais bien.
- Je vais bien.
- Ah bon ?
- Je devrais aller mal ?
- Pas nécessairement… mais tu devrais être… un peu à l’ouest…
- Je me pose des questions.
- Comme quoi ? demanda Temari en sortant de nouvelles viandes pour les mettre à cuire.
- Si j’aime Tsuki.
- Tu ne le sais pas ?
- Je ne sais pas ce que c’est d’être amoureux.
- Moi non plus, mais c’est unique. Si tu n’as jamais ressenti ça avant, c’est que tu as des chances d’être amoureux.
- Je serais amoureux avant toi, constata Gaara, pensif à cette idée.
- Tu n’es pas le premier, Kankurô t’a doublé !
- Toi aussi.

Temari éclata de rire et Gaara ne put s’empêcher de sourire lui aussi. Pourtant, le tableau lui était étrange : sa sœur ainée lui faisait la cuisine et ils parlaient de leurs inexpériences amoureuses. Si on lui avait prédit pareil futur, il aurait ri – et sans doute tué le prophète après – mais aujourd’hui il était heureux. Il ne manquait plus qu’une perle à son bonheur…

- Comment avouer à Tsuki que je l’aime ?
- Tu lui dis : je t’aime.
- C’est tout ?
- Te vexe pas, mais ça t’irait pas les poèmes d’amour sous les fenêtres.
- Et si je n’arrive pas à lui dire ?
- Tu l’embrasses. Y’aura pas de sous-entendu comme ça.
- Ca parait simple.
- C’est simple !

Gaara entreprit de réfléchir aux paroles de sa grande sœur en mettant la table. Très vite, Temari le rejoignit avec le récipient de viande et du riz qu’il n’avait pas vu préparé, tant il était absorbé par leur conversation. Comment les femmes faisaient-elles pour parler et faire la cuisine en même temps ?

- Sinon, tu as vu les ninjas du village de Kiri ?
- Oui.
- Tu as remarqué celui qui a les yeux bizarres ?
- Non. Je n’ai pas fait attention.
- J’ai l’impression que tu ne fais pas beaucoup attention ces derniers temps ! se moqua gentiment Temari.

Quand le regard implacable de Gaara se leva vers elle, la jeune femme sentit un frisson l’envahir, et elle sourit timidement en bafouillant :

- Désolée, je ne voulais pas te vexer.
- En fait, c’est la première fois que tu te moques de moi, je crois.
- Ah ?
- De manière si spontanée en tout cas. Tu le fais plus à Kankurô.
- Je suis plus proche de Kankurô, c’est vrai, mais ça ne veut pas dire que je t’aime moins.
- …
- En tout cas, cette spontanéité est une bonne évolution !
- Sûrement. Donc, ce ninja, pourquoi tu voulais me parler de lui ?
- L’un de ces ninjas est le fils du Mizukage, avoir sauvé son équipe, c’est bon pour nos affaires, non ?
- C’est vrai que nous pourrions améliorer l’entente entre nos deux villages.
- On peut essayer mais vu que son père est de la vieille école, ça m’étonnerait qu’on en arrive à une alliance. Sauf si on fait excellente impression à son fils et que ce dernier est un conseiller proche de son père.
- Ca fait beaucoup de « si ».
- Ouais. Mais bon, on a plus à gagner qu’à perdre en tentant quelque chose.
- Nous essayerons alors.

Sauf que le Mizukage actuel était tyran qui avait instauré des règles drastiques dont l’une des plus connues est le combat à mort entre les élèves de l’académie. Celle là même qui a valut le surnom connu de Kiri : « le village de la brume ensanglanté ». Sans pour autant considéré les autres nations comme des ennemies, il n’acceptait pas pour autant les alliances. Gaara ne partageait pas du tout l’optimisme de Temari. C’était même l’inverse : Kiri lui inspirait la plus grande méfiance.

***


Naruto avait du prendre congé de Tsuki dès l’instant où elle lui annonça qu’elle était une Jinchûriki. Elle semblait attristée et inquiète qu’il prenne la fuite, mais, honnêtement, sur le coup, il s’en fichait comme de son premier shuriken !

Sans vergogne, il réveilla Tsunade au beau milieu de la nuit, et après quelques coups de poings aux dommages collatéraux importants, elle daigna l’écouter, puis lui expliquer en détail l’histoire de Tsuki.

Naruto ne dormit pas de la nuit, digérant difficilement l’évènement. Il se sentit obligé de revoir cette jeune fille, et dès l’aube, partit chez elle. L’ambassadrice l’accueillit, le visage aussi fatigué que le sien : elle non plus n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Ils discutèrent, s’expliquèrent longuement, chuchotant pour ne pas réveiller Kaoru qui dormait dans la pièce à côté du salon où ils se trouvaient.
Ils se réconcilièrent, même s’ils ne s’étaient pas vraiment perdus, et en profitèrent pour organiser un entrainement quand le jeune élève de Tsuki demanda à son réveil d’apprendre à grimper dans les arbres. Naruto entreprit donc de donner à Kaoru l’enseignement qu’il a eu de Kakashi et Jiraya sur la concentration de chakra dans la plante des pieds.

- Tu devrais parler à Gaara, finit par dire Naruto, perché sur une haute branche, regardant Kaoru essayant de monter dans l’arbre en face du leur.
- De ? demanda Tsuki à ses côtés.
- Tout : que tu veux bien de son amitié s’il refuse ton amour, et surtout que tu es comme nous, c’est très important !
- Je sais… mais Hokage-sama refuse que je parle de mon identité à qui que ce soit. Obtenir son accord pour t’avouer que je suis une Jinchûriki relève déjà du miracle ! D’ailleurs… j’étais venue pour lui demander son autorisation afin d’avouer à Gaara ce que je suis. Et elle a refusé.
- C’est Gaara, bon sang ! Tu l’aimes ou quoi ? insista le blond.
- Ne me sors pas la carte du chantage affectif, Naruto-kun. On ne désobéit pas à son Hokage. Imagine que mon secret tombe dans de mauvaises oreilles ? Konoha pourrait mener une guerre contre mon village d’origine !
- Qui est ?
- Je l’ignore. Personne ne le sait, en fait.
- Gaara ne trahirait jamais ton secret, reprit-il après un court silence. Si tu refuses de lui dire, c’est pas à cause de la vieille, c’est autre chose.
- Je lui dirais, laisse-moi juste un peu de temps.
- Fais-le avant qu’il ne soit trop tard.

Il sauta de sa branche pour rejoindre Kaoru qui avait fini par atteindre la sienne. Tsuki médita sur les dernières paroles de Naruto quelques minutes avant de rejoindre les deux garçons, la mine sombre.

Notes d’auteur :
- Finalement, c’est une bonne chose que ma bêta m’ait encouragé à plus détailler les malheurs de Tsuki, ça m’a permis pleins de choses : notamment un petit retour à Konoha. Navrée, mais ça retarde la réponse sur la déclaration amoureuse pour le coup ^^’

- Akemi veut dire « joli crépuscule » ou « beauté éclatante ».

- Alors… je vais faire un truc dont je ne suis pas sûre : intégrer le village de Kiri à mon scénario, ce qui n’était pas prévu au départ. Comme je ne lis ni les scans, ni le manga, je ne suis pas sûre que je suivrais bien l’histoire de Naruto, mais je vais m’en rapprocher autant que possible. Je tiens juste à préciser qu’il est question là du Yondaime Mizukage et non de la Godaime Mizukage.