La vie de Sabaku No Gaara


Fanfiction Naruto écrite par Sanephar (Recueil de Sanephar)
Publiée le 27/03/2010 sur The Way Of Naruto



Encore une fois, je remercie tous les lecteurs/lectrices et commentateurs (y'a un féminin ?) de cette fanfic.

Bonne lecture pour ce vingt-huitième chapitre !



Chapitre 28: Face aux démons du passé



Alors qu’il se promène sur la falaise qui surplombe Suna, Gaara retrouve Tsuki qui s’aventure vers les souterrains. Mécontent de son imprudence, il ignore les raisons qui l’ont poussé à s’y aventurer et ne se soucie donc plus du journal de Tomiko et du collier de Suna qu’il recevra à la soirée d’anniversaire. Ce même soir verra la première nuit de Gaara, accompagnée par Tsuki.



La vie de Sabaku no Gaara

Chapitre 28 : Face aux démons du passé



La première chose que Gaara vit en se réveillant fut deux yeux bleus. Puis sa vision s’élargit pour voir un visage féminin qui lui demanda :

- Alors, bien dormi ?

Le rouquin écarquilla les yeux et s’écarta brusquement de la jeune fille trop près de lui à son goût. Sûrement mal réveillé, il n’avait pas remarqué qu’il se trouvait trop près du bord du lit. Beaucoup trop près. Il tomba en une jolie gamelle. La brune cligna des yeux et partit dans un fou rire qui semblait interminable.

Gaara lâcha un discret soupir. Apparemment, le matin, ce n’était pas son truc. Tout simplement, parce que se réveiller n’était pas une chose agréable. Il n’en connaissait pas un rayon sur le sommeil vu que c’était la première nuit complète où il dormait, mais sortir du sommeil n’était pas quelque chose de facile. C’est là qu’il s’interrogea sur cette expérience… c’était bizarre, il n’avait pas rêvé. Ne dit-on pas qu’on rêve toutes les nuits ? A moins qu’il ne se souvenait pas… Oui, ça devait être ça, car maintenant qu’il n’avait plus Shukaku, il était une personne tout à fait normale… Enfin, en théorie.

- Ah la la la… qui aurait pensé que tu étais du genre à tomber du lit !
- Ravi que ça t’amuse.
- Oh fais pas la tête, hein ! Je pensais que ce genre de truc n’arrivait qu’à moi. Et puis, tu viens de me donner le plus grand fou rire de ma vie… enfin à ma connaissance, dit-elle en levant les yeux au plafond pour faire l’inventaire dans sa tête.

Il était loin de faire la tête ou être de mauvaise humeur. Bon, peut-être qu’il était un peu de mauvaise humeur finalement… Mais qui ne le serait pas après une nuit de sommeil en quinze ans d’existence ? Il avait l’impression d’être plus fatigué que la veille !
Il sortit de la pièce, Tsuki sur ses talons, et se dirigea vers la salle de bain. Tsuki le devança et lui ferma la porte au nez. Décidément…

- Première, claironna-t-elle derrière la porte.

… elle cherchait vraiment les ennuis…
Il l’ignora et rebroussa chemin afin de prendre de l’avance en préparant le petit déjeuner. Alors qu’il s’exécutait, il jeta un œil à l’horloge pour voir le temps qu’il lui restait avant de rejoindre son bureau. Il crut que ses yeux allaient lui sortir de la tête quand il remarqua l’heure. Il retourna devant la salle de bain et tambourina à la porte de celle-ci. Tsuki lui ouvrit, sa tresse à moitié faite sur l’épaule droite.

- Un problème ?
- Tu as vu l’heure ?

Elle se décala pour regarder l’horloge derrière Gaara qui gênait sa vision.

- 11h53 et alors ?
- Tu aurais dû me réveiller plus tôt !
- Mais j’ai essayé !

Il arqua un sourcil. Comment ça « essayé » ?

- Regarde !

Elle montra du doigt une pile de casserole sur le sol en lui expliquant qu’elle les avaient toutes essayées pour voir si l’une d’elles faisait plus de bruit que les autres sans parvenir à le réveiller.

- Ça, c’était après que j’ai gentiment appelé ton nom en te secouant… plus ou moins doucement.
- Et ça ne m’a pas réveillé ?
- Je pense que tu connais déjà la réponse. Ah ! s’exclama-t-elle en levant un doigt. Toi non, mais ta jarre, si ! Le bouchon a sauté quand je te secouais… un peu moins doucement… Oui parce que je suis retournée à cette méthode après les casseroles.
- Je ne t’ai rien fait ? s’empressa de demander Gaara.
- Pourquoi tu commencerais aujourd’hui ? Le sable n’est pas sorti. J’imagine que c’était une volonté inconsciente que je te fiche la paix, ricana-t-elle. Dommage d’ailleurs… je suis sûre que l’eau aurait fonctionné.
- Je vois.
- Hey… on sèche ?
- Quoi ?
- On prend congé ?
- Non.
- Allez ! Juste une journée !
- Et on ferait quoi ?
-
Hum… les soute-
- Non.
- Mais ! Si je suis avec toi, je ne crains rien !!
- Et qui me remplacerait ?
- Bah Kankurô-san ! C’est ce qu’il fait déjà d’ailleurs ?
- Comment ça ?
- J’ai été le voir rapidement pour lui expliquer la situation. Il a dit qu’il te remplacerait la journée pour que tu dormes le temps qu’il te faudra. Vu que Baki-san n’est pas passé, j’imagine qu’il comprend aussi…
- Maintenant, je suis réveillé.
- Allez ! C’est pour la frayeur que tu m’as faite ce matin !
- Tu viens de me dire que le sable ne t’avait pas touché.
- C’était effrayant le bruit que le bouchon a fait quand il a sauté !
- …
- Tu travailles trop, Gaara-san ! Prends une journée de repos de temps en temps.
- …
- Et je te ferais de bons COO-KIES !
- …
- Te plait, supplia-t-elle en montrant des yeux larmoyant et en joignant les mains.
- …
- S’il te plait… continua-t-elle en entourant son cou de ses bras.
- D’accord, céda-t-il brusquement.
- Ouais !! Allez viens vite !!

Elle lui prit le bras et ils sortirent dans le désert. Gaara mit un point d’honneur à montrer à Tsuki qu’elle n’était qu’une petite capricieuse, alors qu’en réalité… il adorait ce comportement enfantin qu’elle adoptait de temps à autre. Mais c’était pour le principe. Il ne faudrait pas qu’elle y prenne goût tout de même…

***


Le soir, Gaara revint avec la commande du restaurant dans les mains. Il huma la bonne odeur de ses biscuits préférés en rentrant chez lui et s’empressa d’enlever ses sandales pour rejoindre sa cuisinière toute aussi préférée.

- Ça sent bon, fit-il en sentant l’intérieur de sa bouche se saliver de gourmandise.
- J’ai terminé la première fournée ! répondit-elle en lui montrant le plateau brûlant. Le temps qu’on mange, ils refroidiront et la deuxième fournée sera cuite.
- Allons manger alors.

Elle éclata de rire devant cet empressement et enleva gants et tablier. Ils mirent la table dans la bonne humeur et pour ne pas changer, Tsuki monopolisait la parole. Parfois, il se demandait comment elle faisait pour trouver à la fois autant de sujets de conversation tout en conservant un débit de parole élevé. Elle était tout bonnement inépuisable ! Ils s’attablèrent et mangèrent les mets délicieux – pas aussi bon que la cuisine de Tsuki, se dit néanmoins Gaara.

- Tsuki ?
- Hum ? fit l’interpellée en levant la tête de son bol de nouilles.
- Tu n’aurais pas quelque chose d’important à me dire.

Elle arrêta de mâcher et fronça les sourcils en réfléchissant. Au bout de quelques secondes, elle reporta son regard sur Gaara et hocha la tête de droite à gauche.

- Tu es sûre ?
Elle hocha positivement la tête.
- Tu sais que je n’aime pas me répéter…
- Ah ! Excuse-moi ! Merci pour le repas ! s’empressa-t-elle de dire.
- Non ce n’est pas ça.
- C’est quoi alors ? Je suis désolée… je ne vois pas.
- Kankurô m’a dit que c’est quelque chose d’important et que tu tenais à me le dire.
« Je vais le buter… pensa-t-elle ».
- Kankurô-san ? répéta-t-elle.
- Oui, j’ai été le voir en attendant que la commande soit préparée. Je voulais savoir comment s’est passé la journée, s’il n’y avait pas de problème.
- Ben… je ne vois pas trop, dit-elle évasivement. A part… le livre, mentit-elle.
- Le livre ?
- Oui, avant de te rencontrer quand on était petit, je me baladais dans les souterrains, tu te souviens ? Ben, je suis tombée sur un livre, poursuivit-elle sans attendre sa réponse, dont elle savait qu’elle ne viendrait pas. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’un journal intime.
- Tu sais à qui il appartient ?
- Oui… il était à ta mère.
- Ma mère ?!
- J’en suis presque sûre. Il doit y avoir qu’une femme qui s’appelle Tomiko, mariée au Yondaime Kazekage et qui avait une fille et un garçon nommés Temari et Kankurô-san.
- Et Kankurô le sait ?
- Pas exactement, dit-elle de mauvaise foi. Il sait seulement que j’avais quelque chose d’important à te dire. Désolée, ça m’était complètement sorti de la tête. Bien sûr, je sais que ce n’est pas une chose qu’on oublie mais…
- Je comprends.
- Euh… tu veux le lire ?

Il garda le silence tout en fixant son interlocutrice. Lire le journal de sa mère ? La question était simple, mais il ne savait quoi répondre. Bien sûr qu’il en avait envie, la question ne se posait même pas. Il voulait connaitre sa génitrice, mais cela valait-il le coup de voir resurgir les démons du passé ? En ressortira-t-il indemne quand il lira que sa mère le haïssait, qu’elle le maudissait ?


- Je ne te le proposerais pas s’il te blesserait.
- Je ne risque rien ?
- Je l’ai terminé, et je peux t’assurer que non.
- Où est-il ?
- Chez moi. Tu me raccompagnes et tu le prends avec toi.
- D’accord…

La brune parla pour distraire son ami afin qu’il ne se pose pas de questions pour le moment, qu’il oublie son appréhension. Gaara ne montra aucun signe d’inquiétude. Rien ne pouvait dire à la brune si elle avait réussi ou non.

A la fin de la soirée, Tsuki prit quelques gâteaux pour en ramener chez elle, et ils s’enfoncèrent dans les rues de Suna. Comme d’habitude, elles étaient actives et ils ne s’y attardèrent pas. Tsuki tomba à court de conversation en chemin et son ami ne l’aida à pas à renouveler les discussions. Elle décida d’abandonner, sentant que de toute manière, il n’écoutait que partiellement.
Ils gagnèrent l’appartement en silence et Gaara laissa le temps à l’ambassadrice de s’installer.

- Ah je suis fatiguée ! Tiens… tu ne perds pas ton temps, rit-elle en voyant Gaara contempler un livre vert posé sur la table.

- C’est le journal ? demanda-t-il.
- Celui-là même.
- Tsuki…
- Oui ? répondit-elle en commençant à faire bouillir de l’eau.
- Est-ce que je peux rester chez toi ?
- Mon chez moi, c’est aussi ton chez toi. Enfin plutôt ton deuxième chez toi, rectifia-t-elle en se grattant l’arrière de la tête.

A ce moment la bouilloire se fit entendre et Tsuki s’empressa de la faire taire et de remplir les deux tasses. Elle en tendit une à Gaara et garda la seconde.

- Merci…
- De rien, murmura-t-elle en sachant pas s’il la remerciait pour l’invitation ou le thé. Bon, je vais me coucher. Tu sais où me trouver si besoin.
- Oui.

Elle sourit avant de s’engouffrer dans sa chambre. Gaara s’attabla et posa sa tasse. Il resta un bon moment à dévisager le journal vert. Puis, après une bouffée de courage, il le prit et l’ouvrit. Il ne lit pas tout de suite, préférant contempler la fine écriture de sa défunte mère. Un sentiment qu’il analysa comme étant de la mélancolie s’installa en lui. Il ne comprit pas pourquoi. Peut-être l’absence de souvenir qu’il aurait aimé avoir. Des souvenirs heureux d’une famille qu’il aurait chérie. Une chose impossible pour les personnes possédant le Shukaku.

Il chassa ses mauvaises pensées et se plongea dans les souvenirs de sa génitrice. Il n’eut aucun mal à imaginer sa mère regardant le coucher de soleil sur un toit de Suna. Un sourire étira ses lèvres quand il lut les chamailleries de sa fratrie. Une décennie plus tard, les choses n’avaient pas évoluées.
Il avala les pages, savourant le flot de souvenir… comme s’il les avait vécus.

***


Il avait refermé le journal depuis une petite heure quand Tsuki sortit de sa chambre… vêtue de manière peu décente. Du moins comparé à ses vêtements habituels. Elle entra dans la salle de bain quelques minutes et ressortit en baillant. Les yeux de Gaara la suivirent jusqu’à la cuisine où elle se remplit un verre d’eau. Elle se tourna vers le Kazekage et se désaltéra les yeux fermés en s’adossant à l’évier. Gaara la regardait : elle était uniquement habillée de sa tunique blanche qui lui arrivait un peu en dessus des mi-cuisses. En y repensant, la longueur était identique à l’ancienne jupe de Temari. Ce fut à cause de la méditation sur la longueur que l’on devrait autoriser sur une tunique qu’il ne vit pas son amie s’assoir à côté de lui. Il la remarqua quand elle agita sa main devant ses yeux.

- Alors, cette lecture ?

Sans doute pour avoir une excuse à trouver la réponse adéquate, il plongea son regard turquoise dans celui de son interlocutrice. Ce fut à ce moment là qu’il constata que le regard de son amie n’était plus endormi mais brillait de cette lueur malicieuse qu’il aimait tant.

- Intéressant, répondit-il.
- Mais encore ? rétorqua-t-elle avec un sourire indulgent.
- Agréable.

Elle éclata de rire en se disant qu’elle allait essayer autre chose, alors que Gaara haussa un sourcil en se demandant où était la drôlerie de la situation.

- Tu as fini ?
- Non.
- Tu t’es arrêté où ?
- Au passage où elle découvre à quoi va servir ma naissance.

Il avait dit cela d’un ton neutre comme si ce passage l’indifférait totalement mais son regard pensif le trahissait. Il y avait eu, l’espace d’un instant, une leur de tristesse et d’amertume.

- Je t’ai interrompu dans ta lecture ?
- Non.
- Ah bon ? Tu as fini quand ?
- Une heure.
- Oh ! Parfait, tu vas en profiter pour dormir.

Instinctivement, Gaara jeta un coup d’œil à l’horloge et se dit que dormir quelques heures ne lui ferait pas de mal compte tenu de la fatigue qu’il avait ressentie le matin même et qui s’était accrue dans la journée.

Tsuki se redressa et repartit dans sa chambre. Pensant qu’elle était partie se recoucher, Gaara se leva et étira son corps engourdi par la position qu’il avait adopté. Alors qu’il se dirigeait vers le hall, son amie sortie de la chambre avec une couverture et un oreiller dans les bras. Elle les déposa devant le canapé tandis que Gaara la rejoignait.

- Vu l’heure, autant dormir ici, non ?
- Oui, répondit Gaara après s’être dit que son idée première était légèrement stupide.

Alors qu’il se préparait psychologiquement à sa deuxième nuit en espérant que l’appréhension ne serait pas trop importante, Tsuki l’enlaça. A ce moment, son cerveau s’arrêta de fonctionner. Ses yeux s’écarquillèrent alors qu’elle formulait un discours.

- Il n’y a pas si longtemps, en songeant à mes souvenirs, je me suis rendu compte que tu étais mon premier ami. C’est bête de se dire ça au bout de dix ans d’amitié. Et je me suis dit que si on me demandait qui était mon meilleur ami, ça serait ton nom que je citerais sans hésitation. Même si on a été séparé longtemps, je ne t’ai jamais oublié. Si tu savais combien tu comptes pour moi, Gaara-kun.
- Tu…

Elle s’écarta avec un petit sourire affectueux. Et c’est seulement à ce moment là que Gaara su qu’il aurait dû l’enlacer à son tour.

- Je t’avais dit que je t’appellerai de nouveau comma ça si je retrouvais mes souvenirs, mais je me suis dit que c’était bête de faire ça. Je n’ai pas besoin de tous mes souvenirs pour savoir combien je t’aime.

Gaara resta les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Après de longues secondes, Tsuki se dit qu’il ne servirait à rien d’attendre. Il n’était pas prêt.

- Bon… je vais y aller. Si tu as besoin n’hésite surtout pas. Je ne veux pas que tu oublies que je serais toujours là pour toi, n’importe où et n’importe quand.

Elle s’éloigna doucement. Elle se retourna quand son bras fut happé un peu brusquement. Gaara la regardait, toujours étonné.

- Tsuki, je… toi aussi tu comptes beaucoup pour moi. Tu es ma première amie aussi et tu la seras pour toujours. Merci d’être avec moi.

Ce n’était pas ces mots que la jeune fille espérait entendre, mais devait-elle pour autant être déçue ? Après une décennie d’amitié, Gaara lui avouait enfin qu’elle était la personne qui comptait le plus à ses yeux, même avec ces mots maladroits. Même si elle ne devait rester qu’une amie, elle serait heureuse tout de même. Rien n’est plus important que le bonheur de l’être aimé, même si les sentiments ne sont pas partagés. Tsuki veillerait à jamais au bonheur de Gaara. Parce que c’était ce qui comptait le plus à ses yeux.

***


Il devait être un peu plus tard que midi quand Gaara entra dans le restaurant situé en bas du bâtiment administratif dans lequel il travaillait. Il s’assit à la table, la même depuis un an, et sortit de sa veste le petit journal vert. Il alla à la page qu’il avait délaissé et reprit sa lecture.

« Je rentrais chez moi, le ventre noué. Contrairement à mon habitude, j’allais sur le toit, regarder le coucher du soleil. C’était l’endroit que j’aimais le plus au sein du village, après les souterrains. C’était l’endroit idéal pour réfléchir. J’étais assise sur le rebord, mes jambes pendaient dans le vide, à admirer le ciel rose-orangé, quand une main chaleureuse se posa sur mon épaule. C’était Yashamaru.

- Tu pourrais tomber Nee-san.
- Tu oublies trop souvent que j’ai été ninja-médecin. Il y a très peu de chance que je tombe, dis-je avec un sourire.

Cependant, je m’écartais du bord et m’assis un peu plus loin avec lui, afin de ne pas l’inquiéter davantage. Je lui demandais le plus naturellement que je pus :

- Tu es venu pour quelque chose de particulier ?
- Ça ne va pas ?

Je me retournais vers lui pour voir son visage soucieux. Pourquoi avais été-je si naïve de croire qu’il ne verrait rien ? Mon jumeau savait tout ou pressentait tout. J’aurais du le savoir, puisque je vivais exactement comme lui. Alors, sans signe avant-coureur, je me jetai dans ses bras en sanglotant. Il m’accueillit naturellement, sachant que je réagirais ainsi. Mais il ignorait tout de mon malheur et son visage était peint d’incompréhension. J’éprouvais le besoin viscéral de me confier à lui, comme je l’avais toujours fait, peut-être comprendrait-il mon tourment mieux que moi, car je ne savais pas ce qui était le plus douloureux : savoir que je ne représentais plus rien aux yeux de Shiro, pas plus que son enfant, ou que notre – mon – enfant allait devenir un Jinchûriki ?

Je ne pus cependant rien dire à Yashamaru. A chaque fois que j'essayai de parler, ma gorge s’étranglait. Mon frère s’en aperçut et me dit que je pouvais en parler plus tard. Ce que je fis. Je le remerciai d’une étreinte et lui proposa de dîner. Le reste de mes tourments s’envola quand mes enfants s’avancèrent vers moi et m’étreignirent. Je m’absorbai tout entièrement à ma fille qui ma raconta sa journée, à mon fils qui tenait à me démontrer ses progrès. Leurs insouciances m’apportèrent le réconfort salutaire dont j’avais besoin. Seul Yashamaru ne fut pas dupe à ma joie fragile.
A la fin de la soirée, quand Temari et Kankurô furent couchés, il me proposa de rester la nuit, invitation que je déclinai aussitôt : Shiro pouvait revenir passer la nuit. Mais il ne vint pas et je m’étonnais de me demander encore pourquoi. »

Gaara referma le journal quand sa commande arriva. Les employés du restaurant connaissaient tout de ses habitudes : de l’heure où il arrivait à celui de son départ, en passant par le même menu qu’il choisissait. Il était pratiquement sûr que si la table qu’il prenait habituellement fut libre, ce n’était pas du au hasard. Les employés la lui réservaient. Dans une moindre mesure, il trouva cela plaisant. Non qu’il fut attaché à la table et au menu, mais il y a quelques années, on l’aurait chassé. Aujourd’hui, sa présence avait fini par être tolérée. Une évolution, mais la plus remarquable faisait que dans ce restaurant, il était totalement accepté. Pas de respect poliment hypocrite, mais un respect sincère. Même les serveuses lui souriaient, certes timidement, mais elles souriaient. Qui lui aurait souri trois ans plutôt ?
Cette évolution là, il la devait à ce Jinchûriki de Konoha. Si son rêve se concrétisait enfin, il le devait à Uzumaki Naruto, son futur homologue, pensa-t-il. Il ne pouvait en être autrement.

Il décida de ne pas trop méditer sur le journal, ne voulant pas gâcher la bonne humeur qu’il éprouvait en ce moment. Il y repenserait plus tard.

A la fin du repas, il remercia la serveuse qui lui apporta son thé, offert par le restaurateur, et paya l’addition. Il fut tenté de la remercier avec un sourire, mais il y renonça. Il avait toujours trouvé que le sourire qu’il esquissait ressemblait plus à une grimace. Il décida de la remercier avec un peu plus d’entrain que le ton neutre habituel. Un pur échec, selon lui, le ton qu’il employa sonna faux.

- De rien, c’est nous qui vous remercions. Au plaisir de vous retrouver Kazekage-sama !

Simple phrase de politesse, mais qui semblait sincère. Gaara termina son thé le cœur emprunt à une certaine allégresse.

***


« Je pense avoir commis une erreur en avouant ma peine à mon jumeau. Non qu’il fut préférable de la lui cacher, mais le devenir de ce secret m’inquiétait. J’appartenais au corps médical des ninjas, et j’avais accès à certaines informations en tant qu’épouse du Kazekage. Si j’avais su que lorsque mon mari étudiait l’implantation du Shukaku dans un hôte, celui-ci m’eut été destinée, j’aurais fui ou ne serait pas tombé enceinte. L’idée même d’engendrer ce qui deviendra un monstre était inacceptable. Mais pourrais-je y échapper ? Shiro m’empêcherait de sortir du village. Il me faudrait alors trahir Suna. En étais-je capable ? C’était après-tout mon village natal. Il ne me restait que l’avortement en option. De part mon ancienne formation, j’avais les connaissances pour procéder moi-même à l’avortement. Yashamaru qui travaillait à l’hopital avait le moyen d’accéder aux plantes abortives. Il me suffirait de dire à mon jumeau que je ne voulais pas revivre l’accouchement difficile que j’avais vécu avec Kankurô. Ensuite, je ferais en sorte de devenir stérile. Je ne permettrais à personne d’user de mon corps et de mes enfants pour devenir l’abri d’une entité démoniaque. Jamais ! »

- Vous avez besoin de soins, Kazekage-sama ?

Gaara referma le journal et porta ses deux pupilles turquoise sur la brune souriante en face de lui.

- Non, Tsuki-dono.
- Ah ! Tu as trouvé la tactique pour me clouer le bec, hein ?
- Tu as dit à tes collègues que tu n’aimais pas qu’on t’appelle ainsi.
- Mince, j’ai vendu la mèche toute seule en plus ! Je ne pensais pas que ça irait jusqu’à tes oreilles… Tu es venue me voir ?
- Oui, j’ai terminé plus tôt.
- Ah, c’est rare ça ! Et dire que pour une fois que tu es en avances, moi je suis en retard ! Tu m’en veux pas ?
- Non.
- J’imagine qu’on va passer toute la soirée ensemble. Je dois aller faire les courses hebdomadaires, et je me demandais ce qu’on allait manger ce… Aaaaaaaaah ! s’exclama-t-elle. C’est pour ça que tu as finis plus tôt ! Tu voulais venir avec moi, c’est ça ?
- Je pensais que tu aurais compris plus tôt.
- Ah ! Pas de moquerie, ou sinon…

Elle stoppa net son élan, le doigt levé et la bouche ouverte. Elle la referma et son front se plissa sous la réflexion.

- Ou sinon je ne cuisine pas ce soir ! termina-t-elle, peu convaincante.

La réaction de son amie n’arracha aucun mouvement aux zygomatiques de Gaara même si intérieurement il s’en amusa.

- Je devrais déjà commander au restaurant.
- Oh ça va !

Elle tira sur la manche du Kazekage pour l’inciter à partir ensemble et ils prirent la direction de la sortie. Ils se retournèrent quand un soignant pressé interpela Tsuki.

- Tsuki-dono, nous avons besoin de vous !

La jeune fille tourna un mince sourire désolé vers son ami. Il hocha la tête pour lui montrer qu’il ne lui en tint pas rigueur. Elle avait ses obligations et, compte tenu du récent passé, il était content que son amie d’enfance ait pu trouver sa place dans le village de Suna.
Le jeune Kazekage décida de rentrer chez lui faire les courses, seul. Ce fut seulement lorsqu’il entra dans le petit commerce qu’il repensa au petit Kaoru qui avait voulu attenter à ses jours. Il fit ses courses comme convenu et demanda des nouvelles du garçon à ses grands parents.

- Vous avez pas oublié ? C’est bien gentil de votre part de vous soucier de mon petit fils !

Une autre personne que Gaara aurait sûrement beuglé qu’on ne pouvait pas oublier ce genre de chose, mais le jeune homme était habitué à ce que son air impassible passe pour un pur détachement, sinon un désintérêt dédaigneux, alors qu’il s’agissait plus d’une vieille habitude tenace. Gaara ne se formalisait plus de ce genre de chose et cueillait les réactions des individus comme elles venaient.

- Il est sur pied et il tanne tout le personnel de l’hôpital pour rentrer, et même l’ambassadrice a du mal à le faire tenir en place. Faut dire qu’elle est miraculeuse ! (Gaara affirma avec une ferveur cachée la phrase du vieil homme). C’est grâce à elle que notre petiot a des ambitions maintenant !!
- De quelle nature ?
- Il veut devenir ninja-médecin ! Ça nous plait pas trop à moi et mon épouse, mais on peut pas décider de son avenir. Et puis ça sans… il redeviendrait comme avant. Là au moins, il est heureux.
- Je peux lui trouver une place à l’académie si vous voulez, proposa Gaara pour récompenser les nobles efforts du gérant de la boutique pour accepter le rêve du garçonnet.
- Vraiment ? Ça nous aiderait bien, mais il n’aura pas un retard sur les autres ?
- Probablement, mais avec un professeur extérieur, il rattrapera vite. Il doit juste beaucoup travailler et persévérer.
- C’est pas mauvais qu’il teste ses ambitions maintenant, il saura à quoi s’en tenir après. En tout cas, nous vous remercions beaucoup, Kazekage-sama ! Vous nous enlevez une belle épine du pied !

Gaara hocha la tête et remercia le propriétaire qui lui tendit ses paquets. Il sortit sans autre mot et rentra chez lui pour ranger ses courses. Quand il vit que Tsuki ne revenait toujours pas, il s’installa dans son canapé et s’octroya un moment de lecture.

Il apprit que le subterfuge de sa mère échoua démasqué par Chiyo. La vieille conseillère était à l’affût et surveillait les moindres herbes abortives disparues. Shiro, son père, prit des mesures drastiques. Il enferma son épouse, demanda à des gardes de la surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin de l’empêcher de se suicider. On mentit à sa jeune fratrie en affirmant que la grossesse de sa mère présentait des complications et qu’il était nécessaire de l’isoler. Malgré les visites assidues de son jumeau, Tomiko sombra rapidement dans la dépression. Elle savait qu’elle avait d’énormes chances de mourir, sa dernière grossesse ayant été limite, avec l’implantation du Shukaku, les risques étaient décuplés.
Lorsqu’on introduisit les premiers sceaux à six mois de grossesse, Tomiko ne se mit plus seulement à haïr Suna, mais aussi sa progéniture, lui, Gaara. Sa colère étant incroyable, il lui fallait un second vecteur de haine. Durant cette lecture où il vit sa mère dépérir, Gaara se sentit coupable. Sa hantise revint plus puissante que jamais et il commença doucement à sombrer lui aussi.

Quant Tsuki revint enfin, il eut bien du mal à lui cacher. Son amie s’en aperçut presque immédiatement et ils passèrent la soirée à en discuter. Il comprit, par le raisonnement de l’ambassadrice, que les vrais coupables étaient son père et les conseillers qui avaient condamné sa mère et lui par la même occasion. Ceux qui avaient agi sans protester, comme Chiyo, n’étaient ni plus ni moins que des complices. Avec cette vision des choses, il fut plus allégé même si quelques résidus de culpabilité restaient, il n’arrivait pas à s’enlever de l’esprit que s’il n’avait pas vu le jour, que si tout cela n’avait pas eu lieu, sa famille aurait été heureuse. Beaucoup plus heureuse. Cela, il ne lui dit pas, parce qu’il eut l’intime conviction qu’elle ne comprendrait pas. Il devait intérioriser et oublier ce sentiment ou vivre avec lui. C’était le mieux à faire… C’était du moins ce qu’il pensait.

- Tu devrais lire la fin du journal. Il est adressé à toi.

Gaara fronça les sourcils. Le journal avait été confisqué car, dans une ultime tentative de désespoir, Tomiko avait voulu s’offrir les veines avec le stylo. Il tourna les pages avec réserve jusqu’à la fin. Sur une unique page, dans une écriture toute aussi délicate mais différente de Tomiko, se tenait un mot écrit par Yashamaru. Gaara leva les yeux vers Tsuki.

- Tu devrais le lire.

Et le jeune Kazekage lut.

« Je ne sais pas quoi penser. Ta vengeance est faite, ma sœur, Gaara n’est pas celui que le village espérait. Il est trop instable psychologiquement et trop gentil pour être l’arme invincible que Suna voulait. Je devrais me réjouir mais je ne peux m’empêcher de penser que tu es morte pour rien. Alors j’ai essayé de l’aimer, Tomiko. J’ai surmonté ma répugnance sur son physique. Ce garçon n’a rien reçu de toi. Il est d’une laideur incroyable. Pourtant, il a des yeux magnifiques, si innocents, si envoûtant. J’ai voulu lui donner l’amour dont il avait besoin. Mais le Yondaime Kazekage accaparait souvent Gaara. Je soupçonne qu’il voulait que son fils, votre fils, vive sans amour, qu’il n’ait pas de sentiments humains. Et quand j’ai eu l’occasion d’aimer Gaara, je n’ai pas pu. Je l’ai détesté parce qu’il a causé ta mort. Il était tellement plus facile de haïr ce petit être que ton mari.
Et puis il y a eu cette petite fille qui a accepté Gaara. A son contact, ton fils était devenu « presque normal ». Mais le Kazekage a fait assassiner sa famille qui rentrait chez eux, à Konoha. C’est là que Gaara s’en ait pris à des enfants. Il a échoué, j’ai échoué. Il est préférable que cet enfant meure plutôt qu’il ne devienne un monstre. Je suis un monstre. Nous sommes une famille monstrueuse.

Pardonnez-moi, Tomiko, Gaara. »

Gaara posa doucement le journal ouvert sur ses genoux, le cœur et l’esprit en ébullition. Yashamaru affirmait qu’il l’avait détesté parce qu’il n’avait pas su haïr son père. Son oncle était un faible, voilà ce que pensa Gaara. Pourtant, il avait tout de même eu de la considération pour lui. Il avait voulu le tuer parce qu’il voulait lui éviter une vie « monstrueuse », il lui avait même demandé pardon. De la considération… Gaara n’avait même pas espéré cela. C’était…

Une main caressa sa joue, et ce fut là qu’il vit de l’humidité sur les doigts de Tsuki. Il porta machinalement sa main sur sa joue et regarda le liquide lacrymal.

- Ce sont des humains, Gaara. Ils n’ont pas trouvé la force de t’aimer, on les a en empêchés. Mais tu sais maintenant qu’ils t’auraient choyé dans d’autres circonstances.

Il n’avait jamais osé l’espérer. Il ne pouvait pas espérer mieux. Alors pourquoi était-il si bouleversé ?

- Pleure, Gaara. Il est temps de vider tout ce que tu as ressenti pour cette histoire.

Les mots de Tsuki explosèrent les défenses de Gaara. Tout ce temps passé à cacher ce qui l’avait blessé, détruit. Et voilà qu’il craquait, voilà que tout était remis en cause !
Un gémissement étouffé sortit de sa gorge nouée. Son cœur battait de douleur, d’espoir, de rancœur… Tous ces sentiments longtemps contenus sortaient en même temps. C’était poignant. Son esprit ne l’aida pas, il était trop embrumé. Aussi, il ne résista pas quand la jeune fille l’attira contre elle. Sa tête se retrouva sur les cuisses de l’ambassadrice et, tendit qu’il pleurait silencieusement, elle le comblait de ce réconfort qu’il avait tant espéré recevoir un jour. Il s’endormit d’un sommeil aussi lourd que l’était son cœur, avec comme bruit de fond, la magnifique chanson de Tsuki.

Notes d'auteur (y'avait pas assez place pour le rectangle prévu à cette effet) :

- C’est le grand retour du journal de Tomiko. Vous noterez que j’ai fais un peu plus court. Je n’allais pas remettre entièrement le journal alors j’ai fais un résumé ancré dans la narration. Puis, comme le nombre de mots augmentaient grandement, j’ai du résumer la fin plus rapidement. J’espère tout de même que cela est plaisant. J’ai trouvé qu’il serait plus sympathique que ce soit Gaara qui poursuive la lecture amorcée par Tsuki.

- Deuxième élément important de ce chapitre est la pseudo déclaration de Tsuki à Gaara. Je ne vais pas tourner autour du pot longtemps, mais je ne la voyais pas en faire une sans tester le terrain avant.

- Gaara qui pleure ?! OOC !!! Non, sérieusement, j’ai hésité… Puis, j’ai essayé de me mettre à la place de Gaara. Si j’avais forgé des barrières mentales parce que j’ai été haïe, comment réagirais-je si j’apprenais qu’on m’aurait aimé dans d’autres circonstances ? Je pense que je verserais des larmes, surtout contre une personne aussi attentionnée que Tsuki. Parce que Gaara n’avait pas pleuré depuis une petite décennie pour cette histoire, il devait extérioriser une fois pour toute et tourner la page définitivement. Il ne pouvait pas rester torturé toute sa vie !