L'oisiveté est mère de tous les vices


Fanfiction Naruto écrite par Kunoichi3000 (Recueil de Kunoichi3000)
Publiée le 07/09/2013 sur The Way Of Naruto



Un chapitre assez amer, mais réfléchi... A vous d'en juger!


Chapitre 10: Passage à la pragma (action) !



Ino se tordait les mains non sans une certaine nervosité. Bien que Chôji eût essayé de la calmer en lui lisant à haute voix des petits poèmes en prose écrits non par Baudelaire mais par son précurseur, le petit romantique Aloysius Bertrand, elle ne parvenait pas à se calmer. Au contraire, "Gaspard de la Nuit" l'irritait encore plus et elle faisait le lien entre les poèmes et le réel. Elle n'hésitait pas à faire des réflexions à son compagnon d'infortune, en lui faisant remarquer qu'il maigrissait à mesure qu'il lisait. Il lui répondait, non sans une certaine ironie, en faisant référence au texte intitulé "Harlem" " Et l'amoureux fleuriste qui maigrit, l'œil attaché à une tulipe". Elle s'exclamait alors, non sans amertume :

"-Non, Chôji, c'est MOI qui suis fleuriste, pas toi !
- Là, ma chère, les rôles sont inversés, tu n'es qu'une jolie fleur et je suis celui qui la contemple !
- Tu peux être spirituel quand tu veux !

Loin de le vexer, ces mots faisaient vraiment plaisir au jeune homme rondelet, car ils mettaient en évidence la présence d'une belle âme, dans un corps frappé de surpoids, d'un être lui conférant une certaine légèreté.
Soudain, le téléphone se mit à sonner avec une véritable vigueur et Ino s'empressa de décrocher le combiné. Une voix singulièrement désagréable et rauque lui répondit :

- Alors, suis-je bien chez Ino Yamanaka ?
- Que... Sasori, que fiches-tu au bout de fil ? Tu sais, je te hais tellement que tu es la dernière des personnes de qui je voudrais recevoir un appel.
- Arrête un peu, Ino, intervint brutalement Chôji, non sans colère.

Bien qu'il aimât profondément la jeune blonde, qui n'était point tarentine, en dépit de son caractère, qu'il jugeait vraiment bucolique, il ressentait un profond énervement pour certains de ses comportements et, cette fois, il n'hésita pas à le lui dire.

- Cet homme est sans doute mauvais, je ne le nie pas. Mais il y a une chose que tu oublies, c'est qu'il a beaucoup souffert. Il n'a reçu que peu d'amour excepté de la part de Sakura, qui lui a donné le goût de vivre, comme tu me l’as dit récemment. Je pense sincèrement que tu pourrais faire un effort pour lui concéder un peu de bonté et d'attention. Il voudrait peut-être se racheter !

Au bout du fil, un silence s'était pesamment installé et allait durer, quand la voix rauque, lassée de son accalmie, trancha l'absence de son à la manière d'un couteau ou d'une épine :

- Tu sais, Ino, je sais que tu me détestes, et qu'il n'y a point de remède. Je ne cherche pas à me faire pardonner, loin de là, vu que cela ne sert à rien, mais il y a urgence. Ton demi-frère Naruto est en danger, emprisonné avec moi dans une sale cave noirâtre. Je sais que tu le considères comme un moins que rien, un vaurien, un traîne-misère, un bâtard tout comme ton autre demi-frère Deidara, mais je pense qu'ils ne sont pas des sœurs Vatard ou des Macquard, au cas où tu aurais lu un peu de Huysmans ou du Zola ! Bien au contraire, ce sont des sujets conscients qui ont une dignité au même titre que toi et qui, par conséquent, méritent le respect le plus humain possible.

En entendant ces mots, le sang d'Ino commença à se glacer et lorsqu'elle répondit, elle aurait pu à merveille illustrer la première de couverture du roman écrit par Almudena Grandes "Le Cœur glacé». Prenant une grande inspiration, elle s'exclama, non sans animosité :

- Merci de me donner une leçon de philosophie!, cher Sasori, l'adjectif "cher" étant de toute évidence on ne peut plus ironique. Tu es en train de me dire que je me mets au même niveau que toi en te méprisant, en te rejetant ! Eh bien tu vas voir !
- Non, Ino, arrête d'être aussi odieuse, s'écria Sasori, visiblement agacé. Il y a urgence. Ton frère est enfermé avec moi dans une salle lugubre et noirâtre, de même qu'avec Sasuke et un gars que j'ai reconnu comme étant mon petit frère. J'ai beaucoup d'affection pour ces garçons car ils ne sont pas dépravés, mais ils ont du cœur comme Rodrigue, dans le Cid. C'est grâce à Sakura d'ailleurs que j'ai pu faire une licence d'humanités par correspondance. Elle savait que j'aimais lire alors elle m'a mis en relation avec l'enseignement à distance de l'université de Nanterre. J'ai ainsi appris pas mal de choses en littérature, en philosophie, de même qu'en histoire de l'art, un domaine que j'apprécie tout particulièrement.
-Et alors ? Quel est le rapport, je te prie de me l’expliquer ?
- Alors, ils méritent que tu leur prêtes un peu d'attention. Je sais que tu m'en veux d'avoir usurpé l'affection de Deidara, qui d'ailleurs est décédé maintenant à cause de mes conneries, mais sache qu'entre lui et moi, la relation était analogue à celle existant entre Mozart et Da Ponte, ou plutôt entre deux hommes travaillant ensemble. J'aimerais que tu le comprennes. C'est pour cela d'ailleurs que j'emploie autant d'images verbales.

Ino était estomaquée. Non, cet homme-là exagérait vraiment ! Il ne pouvait point se permettre de dire autant de bêtises, pas dans une situation aussi critique.
Mais un regard suppliant de son voisin lui fit changer aussitôt d'avis. Chôji était un être dont l'humanité s'avérait extrêmement profonde. Il ne supportait pas l'idée qu'un homme, quelques soient ses actes, aussi mauvais pussent-ils être, fût traité comme un objet de risée, sans même la nécessaire reconnaissance du respect ordinairement accordé à un sujet humain.
Elle se trouvait alors dans un fameux dilemme. Accepter la situation reviendrait à oublier le mal qu'il avait fait à son amie la plus chère et donc, lui laisser le champ libre pour commettre encore d'autres atrocités. Rejeter cet homme signifiait se déshonorer elle-même. Alors qu'allait-elle bien pouvoir choisir.
Elle respira lentement avant de dire, sur un ton solennel :

-Si tu jures de ne plus jamais agir comme tu l'as fait jusqu'à présent, alors, j'accepte de te faire libérer. Sinon, je contacterai immédiatement les forces de l'ordre et tu seras livré à la justice, comme il se doit.
-J'accepte les conditions que tu me proposes.
La phrase était prononcée de manière abrupte, sûre. Il n'y avait pas d’ambiguïtés. Tout était bien clair. Il fallait agir, avec pragmatisme, qui plus est.

-Alors où te trouves-tu ?
-4 avenue des Cerisiers...

L'aposiopèse marqua la fermeture d'un portable et l'arrêt d'une conversation téléphonique.


Shikamaru se sentait, de toute évidence, extrêmement énervé. Selon lui, la vie était une telle galère que Freud aurait pu travailler dans le commerce des bateaux et y faire une fortune. La situation était tellement désespérée qu'il en vint à penser à une citation de Nietzche, écrite dans la "Naissance de la Tragédie" " La connaissance tue l'action. Pour agir, il faut être obnubilé par l'illusion".
Soudain, le téléphone se mit à sonner non sans violence. Il décrocha en tout hâte, visiblement agacé :

"Allô?
-Allo, Des Esseintes ! Tu sais, si Huysmans était en vie, il t'aurait choisi pour être le personnage principal d'"A Rebours", à la place de cet aristocrate déchu ! J'ai besoin d'un cerveau, bien que parfaitement décadent...

-Arrête un peu Ino, tu peux être une véritable fée, quand tu veux, répliqua Shikamaru. Que me veux-tu ?
- J'ai besoin de toi pour sauver la vie d'un certain Sasori ainsi que de ses acolytes Gaara, Naruto et Sasuke. Ils sont près de mourir dans des conditions affreuses.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Sache que je connais un individu qui porte le nom de Gaara et je me demande si ce ne serait pas le même...
-VIENS ICI le paresseux !!!!
- Michaux a décidément raison, quand il dit que les paresseux sont les plus maltraités...
-... Toujours les lettres au rendez-vous avec monsieur Nara.
-Plutôt la pensée philosophique, oui !

La phrase prononcée par Temari incita Shikamaru à raccrocher dans la minute suivante ! Il n'y avait pas une minute à perdre il fallait agir ! Agere,egi,actum comme le disait le verbe latin si magnifiquement décliné à l'infinitif, au parfait et au supin.

Pendant ce temps-là, Sasori expliquait sur un ton sentencieux sa situation aux trois garçons, qui l'écoutaient attentivement.

- J'ai eu une vie misérable, vous savez. J'ai effectué des mauvais choix, des actions abominables. Je n'en ai véritablement pris conscience que grâce à l'amour de ma vie, Sakura. C'était une femme pas comme les autres. Bien que dure, elle m'a soigné en m'initiant à la littérature, à la philosophie, à l'histoire de l'art, enfin à toutes les merveilles de la connaissance que, sans elle, j'aurais été incapable de découvrir. Maintenant qu'elle est morte, je pense à cet adage latin "Memento mori" Souviens-toi que tu mourras. Oui, les garçons. Naruto, si tu suis mes conseils et ne commets pas d'horreurs comme je l'ai fait, tu deviendras un brillant historien. Quant à toi Sasuke, si tu suis la voie de la pureté morale, les études de droit que tu projettes d'accomplir seront réussies avec honneur et beaucoup de travail. Petit frère, dit-il solennellement en se tournant vers Gaara, je te demande seulement d'être heureux et de faire le bien. Tu aimes le sable, maçon en puissance tu es. En acte tu le seras, si tu travailles très dur.

Ces mots frappèrent au cœur les trois garçons ! Oui, il n'y avait aucun doute, c'était bel et bien un effet de mimésis. Ils étaient en train de réécrire "les Misérables" à leur façon tous les quatre. Sasori devenait Jean Valjean et les trois autres prenaient la place de Montparnasse ou plutôt de trois petits gavroches.



Alors, qu'en pensez-vous?