Indifférence et dégénérescence


Fanfiction Naruto écrite par shikacool (Recueil de shikacool)
Publiée le 21/04/2010 sur The Way Of Naruto



Salut les gens !

Un nouveau OS, inspiré de la chanson "Si seulement je pouvais lui manquer" de Calogero, ainsi que de plusieurs docs sur la drogue et les stars qui finissent mal. Je voulais inclure la chanson à la fiction, mais finalement je crois que c'est mieux si, pour une fois, je n'en mets pas ^^

Voilà, bonne lecture !



Chapitre 1: OS



En ce mois de septembre bien entamé, les feuilles commençaient, tranquillement, leur lente chute des branches s’agitant sous la brise encore tiède de la fin de l’été. Oscillant à présent entre le jaune doré et le rouge sang, les feuilles parsemaient les toits et les trottoirs de chaque avenue de la grande ville de Colorado Springs, située dans l’Etat prospère du Colorado aux Etats-Unis.
Devant une allée de maisons proprettes aux pelouses tondues impeccablement, un bus scolaire éclatant freina en douceur. Les portes automatiques coulissèrent dans un soupir, laissant descendre des dizaines d’adolescents enjoués. Dans une cacophonie de rires et de bavardages, la petite foule au pied du bus se divisa en plusieurs petits groupes qui se dispersèrent vers leurs logements respectifs ou vers le café du coin.
Les deux derniers à se mettre en marche étaient deux garçons, âgés respectivement de 14 et 17 ans. Tandis qu’ils se dirigeaient vers une même maison d’une démarche souple et assurée, ils s’attirèrent sans paraître s’en rendre compte nombre de regards brillants de la part des jeunes filles restantes. Deux d’entre elles, une grande bringue aux longs cheveux blonds et une autre arborant une tignasse rose bonbon, gloussèrent bruyamment au passage des deux garçons. Le plus grand d’entre eux se retourna brièvement pour leur adresser un signe de la main et lancer :

- A demain, Ino, Sakura.
- A demain, Itachi ! s’exclama aussitôt la blonde à l’allure de mannequin.
- Bonne soirée Sasuke, fit l’autre, plus réservée.

Le dénommé Sasuke ne tourna même pas la tête vers elle. Itachi, après avoir adressé un dernier sourire en coin dont il avait le secret aux deux filles –celles-ci en restèrent béates d’admiration- se retourna vers son frère cadet.

- Si tu continues à faire cette tête, tu arriveras à faire pleurer un gâteau d’anniversaire, frangin, se moqua Itachi.
- Je n’aime pas qu’on interrompe mes conversations, se justifia le jeune homme. Je te disais donc que j’ai trouvé un bassiste plutôt prometteur… Il faudrait que tu le voies jouer pour qu’on puisse l’intégrer au groupe.
- Pas de problème frangin, répondit l’aîné. Disons qu’on se réunit dans le garage samedi, avec Naruto et ce petit prodige ?
- Je t’assure qu’il mérite qu’on le prenne au sérieux, se braqua Sasuke.
- Je n’en doute pas, petit frère. Je m’investis à fond dans le groupe, tu le sais. La musique avant tout, pas vrai ?

Sasuke acquiesça en silence. Si leur père les entendait…

Itachi et Sasuke Uchiwa étaient les fils du fameux juge Fugaku Uchiwa. Tous deux étaient brillants à l’école, possédaient un charisme à toute épreuve et une aisance à évoluer en public impressionnante. De plus leur apparence physique n’était pas pour déplaire, bien au contraire : les deux frères se ressemblaient, bien qu’Itachi ait un teint plus mat et une tête de plus que son cadet. Ils avaient en commun leurs yeux d’encre où nombre de conquêtes s’étaient noyées, leurs cheveux foncés un peu en bataille et leur sourire qui, quand ils daignaient l’offrir, en faisait fondre plus d’une.
Il fallait ajouter que Sasuke et Itachi avaient un style bien particulier : chemise entrouverte et cravate négligée pour l’un, tee-shirt noir et moulant pour l’autre, sans oublier d’éternels jeans et blousons en cuir coûteux. Dans leur attitude de mauvais garçons, les deux adolescents faisaient bien des ravages et savaient conquérir leur entourage.

Malheureusement, il y avait une exception en Fugaku : modèle de sérieux et d’assiduité, le chef de la famille Uchiwa entendait bien élever ses fils d’une main de fer et leur assurer ainsi un avenir, en apparence, tout ce qu’il y avait d’enviable. Lui-même avait réussi professionnellement et avait épousé Mikoto Uchiwa, une actrice de renom. Cela ne l’empêchait pas de se montrer particulièrement sévère et froid avec ses fils, surtout lorsqu’il s’agissait de musique : considérant que la passion qu’Itachi et Sasuke cultivaient depuis l’enfance en le rock ne devait rester qu’une passion, il ne tolérait en aucun cas que le groupe qu’ils étaient en train de former répondant au nom de Sharingan ne mute en priorité pour les deux jeunes gens.

C’est avec cette évidence peu réjouissante en tête que les deux frères pénétrèrent finalement dans la demeure familiale, une confortable habitation décorée avec goût. Dans le vestibule, Sasuke prit soin de fermer sa chemise jusqu’en haut et d’arranger sa cravate pendant qu’Itachi époussetait ses vêtements dans le vague espoir de faire disparaître l’odeur persistante de cigarette qui l’accompagnait. Ils posèrent leurs vestes sur le porte-manteau en bois précieux et entrèrent dans le salon. Leur mère, Mikoto, assise dans un fauteuil en osier, un volumineux livre sur les genoux, leur adressa un charmant sourire avant de se replonger dans sa lecture. En plus d’être une actrice appréciée jusqu’en Europe, la douce Mikoto était également une férue de psychologie et participait souvent à des congrès à l’autre bout des Etats-Unis.
Alors que les adolescents jetaient leurs sacs en bandoulière recouverts de badges dans un coin et s’étiraient avec délectation, un homme à belle prestance descendit les escaliers menant au salon.

- Eh bien, Itachi, Sasuke, en voilà des manières ! Veuillez me faire le plaisir de ranger vos cartables dans vos chambres et d’attendre d’avoir fait vos devoirs pour vous éparpiller.
- On ne s’éparpillait pas, père, répliqua Sasuke avec un haussement d’épaule. Nous prenions juste une minute de répit afin de mieux nous concentrer lors de nos devoirs.

Tandis que Fugaku dévisageait son fils cadet, Itachi eut un sourire amusé. Sasuke avait beau être plus sauvage et taciturne que lui, il savait se montrer extrêmement habile dans ses réparties et dominait facilement ses émotions. Ce qui n’était pas son cas, à lui, pensa Itachi en empoignant son sac. En particulier en présence de son père, Itachi se montrait toujours trop impulsif, ce qui lui attirait plus de problèmes qu’autre chose.
Il était en train de monter les escaliers lorsque son père l’appela :

- Itachi, je dois te parler. Pose ton sac dans ta chambre et rejoins-moi dans mon bureau.

L’aîné des fils Uchiwa eut une moue discrète mais révélatrice sur le peu d’enthousiasme qu’il avait de se faire sermonner par son père. Lorsqu’il croisa le regard de Sasuke, Itachi y lut une expression blasée et compréhensive et dut se retenir de rire. Heureusement que sa complicité avec son petit frère l’aidait à supporter la rigidité du chef de famille. Itachi entra donc dans le bureau austère avec un état d’esprit aussi serein que possible.

- Assieds-toi, ordonna Fugaku.

Itachi s’exécuta et s’installa dans le fauteuil face au bureau croulant sous des piles de paperasse, en se tenant aussi droit qu’il le pouvait, évitant de croiser les jambes. Fugaku était habitué aux attitudes sérieuses et attentives.

- J’ai appris que Sasuke avait raté ses cours de mathématiques toute cette semaine, ainsi que la semaine dernière. Je veux savoir pourquoi.
- Euh… je n’en ai aucune idée père, il serait plus judicieux de lui poser la question directement…
- Etais-tu au courant ?
- Non.
- Dans ce cas pourquoi as-tu manqué tes cours de français, aux mêmes heures que Sasuke ?

Itachi se mordit la lèvre. Son père avait décidemment un don pour découvrir tous les secrets de ses proches…

- J’attends une réponse, Itachi. Où étiez-vous durant ces heures ton frère et toi ?
- …

Fugaku, sans se départir de son calme, jeta un regard dédaigneux à son fils aîné et croisa les bras sur son bureau.

- Je suppose qu’il est encore question de ce groupe de musique que tu as eu la suprême intelligence de créer ?

Itachi dut faire un monumental effort de volonté pour ne pas répondre. Evidemment, c’était toujours pareil : c’était toujours de sa faute à lui, jamais celle de Sasuke.

- N’as-tu pas honte d’entraîner ton frère dans ta course après la célébrité ? tonna Fugaku.

Itachi serra les dents. Alors c’était tout ce que c’était à ses yeux ? Une « course après la célébrité » ? Facile à dire pour lui, il était le juge le plus demandé de tout le Colorado !

- Ce n’est pas parce que tu gâches ton potentiel dans des futilités que tu dois obliger Sasuke à faire de même. Si tu ne deviens pas raisonnable pour ton propre avenir, deviens le au moins pour Sasuke !
- Sasuke est mon frère, pas mon fils, répondit le jeune homme dans un grognement très audible.
- Il te prend pour exemple ! gronda Fugaku.
- Sasuke est suffisamment mature et intelligent pour faire ses propres choix, père. Ce n’est plus un enfant !
- Mais toi si ! s’emporta le juge en frappant du poing sur la table. Grandis Itachi, la vie ne tourne pas autour de tes petits plaisirs personnels ! D’autres en dépendent !
- J’en ai parfaitement conscience. Ne me traitez pas en gamin simplement parce que je ne partage pas votre avis sur la musique !

Fugaku se leva à demi et adopta une voix glaciale :

- Attention Itachi, je ne veux pas de ce ton là tant que tu es sous mon toit. Et si tu t’avises de corrompre mon fils…
- Je suis votre fils aussi, beugla-t-il en se levant d’un bond. Quand donc vous en rendrez vous compte ?! Vous me reprochez mon comportement toujours pour le bien de Sasuke ou de notre famille, mais jamais vous ne me donnez de conseil pour améliorer ma vie à moi !! Je ne suis pas là juste pour contribuer au bien-être des autres ! J’ai une vie moi aussi, et personne pour me servir d’exemple !
- Tu as ton père, rétorqua Fugaku. Encore faudrait il que tu veuilles bien te soumettre aux règles !
- Encore faudrait il que mon père me traite comme son fils, et non comme la nounou de Sasuke, répliqua Itachi. Vous m’interrogez tout le temps à propos de mon petit frère, mais vous intéressez vous seulement à votre fils aîné ? Si je dois revenir dans ce bureau, père, ayez meilleure estime de moi, ou ne me rappelez pas !

D’un pas rageur, Itachi quitta la pièce en claquant la porte derrière lui. Il baissa la tête lorsqu’il traversa le salon pour ne pas croiser les yeux désolés de sa mère. Montant les marches de l’escalier quatre à quatre, l’aîné des fils Uchiwa se précipita dans sa chambre et s’assit lourdement sur son lit, shootant dans son sac au passage. Il n’avait donc pas de vie propre ?! Etait-il là seulement pour assurer l’honneur de la famille et un agréable futur à Sasuke ? Itachi adorait son jeune frère et savait que celui-ci souffrait aussi de l’attitude de son père : depuis qu’ils étaient touts petits, Fugaku comparait sans cesse Sasuke à Itachi, poussait son fils cadet toujours plus haut sans jamais paraître satisfait de ses efforts. Sasuke pensait qu’Itachi avait la préférence de leur père. Il se trompait, et plus Itachi grandissait, plus il s’en rendait compte, non sans amertume : certes Fugaku n’hésitait pas à vanter le talent de son aîné en public, mais il le considérait moins comme son fils que comme un trophée à exhiber. Avec Sasuke c’était différent, Fugaku se montrait plus laxiste, plus… humain. Comme s’il avait plus de mal à dissimuler son amour pour son plus jeune fils. Avec Itachi, il n’avait aucune difficulté à rester impassible ; pire, il le rabaissait, lui reprochait ses fautes sans jamais lui donner le moyen de s’expliquer. Itachi en était donc parvenu à la conclusion suivante : si Mr. Uchiwa n’avait pas de mal à cacher ses sentiments pour son fils aîné, c’était tout simplement parce qu’il n’en avait pas à son égard.
Itachi tentait courageusement de se convaincre que l’amour de son père n’était en aucun cas indispensable à sa joie de vivre : il avait déjà une mère et un frère formidables, c’était amplement suffisant, non ?
Avec un soupir, Itachi se pencha en avant et ramena son sac de cours à ses pieds. Il fouilla un moment dans une petite poche et en ressortit un minuscule paquet contenant de la poudre blanche comme neige. Le jeune homme hésita un instant, puis se leva et souleva avec mille précautions le matelas de son lit, pour en sortir une seringue. Avec des gestes tremblants, il réduit la poudre en liquide, glissa le tout dans la seringue, puis ferma le poing de son bras droit et, de la main gauche, injecta le produit dans une des veines les plus voyantes de son avant-bras. Le rituel terminé, la seringue retourna à sa cachette et ce qui restait de la poudre retrouva la poche du sac, qu’Itachi prit la peine de refermer solidement.
Puis il s’assit à même le sol et ferma les yeux, rejetant la tête en arrière. Cela ne faisait pas longtemps qu’il était adepte de l’héroïne, et il n’en avait touché mot à personne, pas même à Sasuke. Il était vite devenu dépendant de ce paquet de poudre ridicule tant il était de petite taille, mais qu’il payait cher. Cette drogue dans le sang, il se sentait assez en forme pour à la fois remplir ses obligations de lycéen studieux et se perfectionner à la batterie, puisqu’il était le batteur du groupe Sharingan. Il oubliait de surcroît les tensions dans sa famille, ce qui représentait un avantage en plus. Toutefois il préférait ne pas penser à ce qui arriverait s’il ne parvenait pas à se procurer sa dose un jour… Ou pire, s’il s’injectait une dose trop forte.

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- Sharingan, Sharingan, Sharingan !! s’égosillait la foule en délire dans la salle à présent plongée dans l’obscurité.

La scène était également éteinte, mais le groupe n’allait pas tarder à faire son apparition. Quelques milliers de fans attendaient, hurlant et sifflant à tout bout de champ, organisant une gigantesque hola toutes les deux minutes. Au premier rang, certaines filles parmi les groupies les plus hystériques semblaient au bord de l’évanouissement.
Bien que la scène soit toujours invisible, un air rythmé monta dans la salle, arrachant de nouveaux applaudissements aux spectateurs. Une voix grave et légèrement rauque s’éleva tandis que les lumières se dirigeaient à une lenteur intenable sur la scène tant adulée. De nombreux cris retentirent à nouveau : des centaines de « Sasukeeeee !! » suraigus firent vibrer la salle. Le son de la musique monta, monta, la batterie devint plus prononcée, se répercutant dans la poitrine de la foule, la guitare électrique s’entendit distinctement, la voix du chanteur devint plus grave encore, et enfin, alors que l’excitation était arrivée à son paroxysme dans l’endroit surchauffé, la scène fut éclairée d’éclatantes couleurs. Une véritable ovation monta des fans, tandis que ceux-ci se trémoussaient au rythme de plus en plus rapide du morceau. Au centre de la scène, un homme vêtu d’une chemise ouverte rouge et d’une cravate nouée à la négligée noire, tenant un micro dans une de ses grandes mains blanches, s’exclama :

- Bonsoir Paris !! Vous êtes prêts ?!

Une clameur unanime lui répondit.

- Vous êtes chauds ce soir ? insista le chanteur.

L’impressionnant tumulte qui explosa ensuite fit sourire l’homme, qui se tourna vers le batteur et lui adressa un clin d’œil. Le concert pouvait réellement commencer, le public était chauffé à bloc.
Au milieu de la salle, une jeune femme vêtue d’un jean troué et d’un tee-shirt à l’effigie du phénomène Sharingan, juchée sur les épaules d’un robuste garçon brun, filmait le groupe de son portable avec un sourire. Sa longue chevelure rose semblait briller dans le noir et ses yeux verts ne quittaient pas le chanteur des yeux. Sur scène, Sasuke donnait l’impression d’avoir tant changé : fini les haussements de sourcils hautains et le besoin chronique de solitude. Il était à présent le leader du groupe le plus en vue de toute l’Amérique et qui promettait un beau succès en Europe, tout comme il avait été apprécié en Asie. Ces dernières années avaient été une véritable révélation pour le cadet Uchiwa : un peu plus grand, les épaules un peu plus larges, le sourire encore plus dévastateur, les yeux toujours aussi noirs. Sasuke avait réellement pris conscience de son charme et s’en servait à présent sans vergogne, aussi bien pour vendre ses CD dans le monde entier que pour satisfaire ses désirs d’une nuit. Les yeux de Sakura se posèrent sur le guitariste, un blond séduisant et surexcité : encore un ancien camarade de classe. Naruto gardait sa place au sein du groupe, avec un taux d’admirateurs largement acceptable. Le bassiste n’était pas en reste : il avait été le dernier à rejoindre le groupe et se faisait appeler Saï. Dans le rôle du ténébreux pas très bavard, il se démarquait des autres membres et ne laissait pas indifférent la grande majorité des fans.
Enfin venait Itachi, le batteur de talent : s’il avait atteint l’apogée de sa renommée aux côtés de son frère lorsque le groupe faisait ses débuts, il avait peu à peu été oublié du public et dénigré par les médias. En effet, c’était le membre du groupe dont le nom revenait le plus souvent dans la presse à scandale, dans des histoires sordides de drogue et de détournement d’argent. Sakura, qui était restée proche de la famille Uchiwa, avait également appris que Fugaku avait renié son fils aîné il y avait quelques mois. L’éternel conflit père-fils, s’il avait évolué favorablement concernant Sasuke, avait par contre fini en rupture apparemment définitive entre Itachi et Fugaku.
Heureusement, le look junky non dissimulé de l’aîné des frères Uchiwa attirait encore quelques minettes en quête de sensations. Sakura reporta son attention sur Sasuke et sur le concert, profitant pleinement de l’ambiance électrique.

- Putain, on prend notre pied ce soir ! Vous êtes le meilleur public du monde, merci !

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Les gens quittaient à présent l’immense salle en bavardant avec animation, commentant pour la plupart le concert grandiose auquel ils venaient d’assister. Sakura se dirigea vers les coulisses, espérant pouvoir glisser un petit bonjour à Sasuke. Le garde du corps qui patrouillait à l’entrée la connaissait, il la laissa passer. A peine Sakura était-elle entrée qu’elle entendit Sasuke et Itachi se disputer violemment :

- T’as complètement foiré le dernier passage, sans la bande préenregistrée on était foutus, disait Sasuke. Ressaisis toi Itachi, on n’a plus le droit à l’erreur avec notre popularité !
- Relax, frangin, répondit Itachi en trébuchant. J’étais un peu dans les vapes… C’est toi qui voulais que je joue ce soir, je te rappelle.
- Evidemment, s’énerva Sasuke. Qu’est ce qu’on aurait fait sans batteur, hein ?! Si t’arrêtais tes conneries, aussi ! Commence par ne plus prendre ta saloperie d’héroïne !
- J’en ai besoin. Je veux prendre des vacances…
- Tu peux pas nous faire ça, mec, protesta le petit frère. Pas en pleine tournée…
- Bordel mais arrête de passer le groupe en priorité, s’emporta Itachi. En plus tu m’arnaques, je le sais ! Le dernier titre de l’album, c’est moi qui l’ai composé, il a fait un carton et j’ai rien touché ! J’ai besoin de fric, merde !!
- On règlera ça plus tard, trancha Sasuke avec un froncement de sourcils.

Il venait d’apercevoir Sakura. Celle-ci, gênée, dit très vite :

- Je venais juste passer un petit coucou, mais je crois que j’arrive au mauvais moment. J’y vais, je dois être tôt le matin à l’hôpital, demain…
- Quand donc laisseras-tu tomber ton poste d’infirmière à deux balles pour te lancer dans le showbiz, Saku ? fit Sasuke avec un sourire charmeur. Regarde Ino, elle réussit parfaitement dans le mannequinat !
- Oui, répondit Sakura avec un rire forcé. C’est justement parce qu’Ino réussit que je sais pertinemment que ce milieu ne me conviendra jamais…

Les deux ex-meilleures amies étaient fâchées à mort depuis un bout de temps. Il n’avait fallu qu’une simple broutille à propos d’un garçon pour que Sakura se rende compte que son amitié avec Ino n’était peut être pas si sensée que ça. Elles étaient devenues trop différentes… Et de toute façon Ino avait toujours voulu être le point de mire de tous les regards. Elle ne supportait pas qu’on lui fasse de l’ombre.

- Tu as pourtant tout d’un physique de rêve, continua Sasuke qui tournait à présent autour de la jeune femme, tel un prédateur jaugeant sa proie. Ta couleur de cheveux est originale, tu as un joli visage, une taille fine… voyons les formes…

Alors qu’il se rapprochait pour l’observer sous tous les aspects, Sakura eut une moue désabusée. Autrefois, elle aurait succombé au charme du chanteur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et elle serait devenue l’objet de ses nuits lorsqu’il s’ennuyait. Mais elle avait mûri et avait appris à résister à la tentation… Dehors des amis fidèles et des prétendants bien plus sincères l’attendaient.

- Il est déjà tard et je suis crevée, coupa court la rose. Vous aussi, vous devez être sur les rotules, après un tel concert. Je vous laisse… A plus !

Echappant à la prise de l’Uchiwa, elle quitta la pièce avec un sourire, la tête haute. Sasuke n’était pas le seul à avoir changé en devenant adulte, et Sakura s’était débarrassée de sa naïveté maladive. Elle ne se faisait plus avoir comme jadis !
Ses pensées dérivèrent sur Itachi. D’un certain côté, elle le plaignait… Lui qui n’avait jamais acquis l’affection de son père perdait maintenant celle de son frère.
Un frère qui préférait le mettre sur scène plutôt qu’en cure de désintox’… Il était beau l’esprit de famille !
Sortant de l’établissement, Sakura rejoignit Kankuro qui passa un bras autour de ses épaules.

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Dans une chambre blanche, un homme, le dos courbé, la tête dans les mains, les doigts crispés sur ses cheveux d’ébène, était assis sur un tabouret, refusant de contempler l’ampleur du désastre. En face de lui, dans un lit, sous des draps bien bordés, un autre homme, plus vieux semblait-il, le teint pâle et les traits affaissés, d’immenses cernes grises sous ses paupières fermées, dormait. Divers câbles reposaient sur sa poitrine, un masque à oxygène recouvrait le bas de son visage et un fil conducteur d’un liquide transparent traversait une veine dans sa main droite.
Une infirmière entra dans la chambre, une infirmière avec des cheveux roses rassemblés en queue de cheval et des yeux tristes.

- Votre père a un empêchement… il ne peut pas venir, murmura-t-elle. Mikoto ne tardera pas, mais son avion pour Colorado Springs a été retardé.
- D’accord, maugréa l’homme assis en relevant la tête, évitant de regarder le lit près de lui.

Il n’avait pas bonne mine, remarqua Sakura. Les cheveux défaits, les traits tirés, les yeux rouges… Depuis combien de temps n’avait-il pas dormi ? C’était elle qui l’avait tiré du sommeil la nuit de l’avant-veille, en l’appelant à 5 heures du matin. Itachi avait été retrouvé moribond en pleine rue. Une overdose d’héroïne et de somnifères mélangés en était la cause. Il avait ingurgité une quantité phénoménale de drogue et le fait qu’il était toujours vivant lorsque les secours étaient arrivés relevait du miracle. A présent il balançait entre la vie et la mort, et les médecins n’étaient guère optimistes… Sasuke parla d’une voix rauque :

- Il n’avalait jamais autant de ses merdes en une seule journée. Qu’est ce qu’il lui a pris ? Est-ce qu’il aurait voulu…

Le dernier mot resta coincé dans sa gorge. Sakura n’osa pas répondre, Sasuke était suffisamment choqué. Pourtant il apparaissait clairement qu’Itachi avait fait une tentative de suicide. La dépendance à l’héroïne représentait une lente agonie… souvent inconsciemment volontaire.

- J’ai pas été très cool avec lui, ces derniers temps, dit Sasuke. Je ne pensais pas qu’il était toxico à ce point… C’est mon frère et je l’ai laissé tombé. Comme mon père qui se trouve une excuse bidon pour ne pas venir le voir. Je ne vaux pas mieux que lui…
- C’est souvent dur de voir la réalité en face, répliqua Sakura. Tu ne pouvais pas le soigner tout seul… Tu as fermé les yeux, mais c’est une erreur que beaucoup de gens font.

La porte de la chambre s’ouvrit lentement. Mikoto Uchiwa pénétra dans la pièce, passa devant Sasuke sans le voir et se précipita vers Itachi. Elle pleurait en silence, de petites larmes coulant sur ses joues. Elle effleura la joue blafarde de son fils aîné et frissonna en sentant les pommettes saillantes sous la peau flasque. Sakura se retira, estimant que ce moment devait être exclusivement familiale.

Mikoto sanglota quelques minutes sur le corps inerte d’Itachi, puis sembla s’apercevoir de la présence de Sasuke et vint s’agenouiller à côté de lui. Elle prit ses mains dans les siennes et chuchota :

- Mon chéri, il faut que tu sois fort… A nous deux, nous allons aider ton grand frère à se reconstruire. Il le faut…

L’émotion lui enleva l’usage de la parole. Elle appuya sa tête contre les genoux de son fils et se remit à pleurer. Sasuke prit sa mère par le bras et tout deux se levèrent.

- Viens maman, cet endroit te perturbe trop, on va prendre l’air…
- Mais… Itachi…
- Les docteurs vont s’occuper de lui… On reviendra le voir demain.

Bras dessus bras dessous et le plus discrètement possible afin d’éviter les paparazzis à l’affut, mère et fils Uchiwa quittèrent l’hôpital.

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Le lendemain matin, Sakura arriva en retard à l’hôpital. Les bouchons avaient été encore plus monstrueux que d’habitude… Elle se dirigeait vers l’infirmière chef pour s’excuser, mais ce fut sa supérieure qui vint à sa rencontre.

- Sakura, je dois vous dire que…
- Je suis vraiment désolée Tsunade, je suis partie à l’heure mais le trafic était perturbé aujourd’hui…
- Je ne parle pas de ça. Itachi Uchiwa… le frère de votre ami…
- Comment va-t-il ? demanda aussitôt la rose, sentant une drôle de fêlure dans la voix de Tsunade.
- Il a expiré voilà une heure. Son cœur et ses poumons ne répondaient plus… nous avons essayé de le ranimer aussi longtemps que nous avons pu, mais nous n’avons rien pu faire.

Sakura sentit son estomac de contracter. Puis ses oreilles se mirent à tinter, sa vue se troubla, elle tituba. Tsunade la maintint debout avec poigne.

- Sakura ! Ne tombez pas… Reposez-vous quelques minutes, vous n’allez pas nous faire une crise d’hypoglycémie… Tenez, voilà un sucre.

Tsunade glissa prestement un carré de sucre dans la bouche de son employée. Puis elle la fit s’asseoir dans un couloir et la laissa digérer la funeste nouvelle.

« Je dois prévenir Sasuke » pensa la rose. Elle se sentait mieux et marcha en direction de l’accueil. Là, elle constata avec angoisse que Mikoto et Sasuke attendaient dans le coin salle d’attente. Evidemment Sasuke la reconnut de suite et bondit vers elle.

- Comment va Itachi ? la pressa-t-il.

Sakura sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ouvrit la bouche, la referma… Sasuke avait déjà compris lorsque Mikoto s’approcha à son tour avec un pâle sourire.
Sasuke ferma les yeux et poussa un gémissement imperceptible, terrassé. Mikoto ne remarqua pas son trouble et salua Sakura.
Ce fut à ce moment que l’infirmière rassembla tout son courage pour annoncer, d’une voix aussi douce que possible :

- Itachi est décédé ce matin… Je suis désolée.

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Quelques jours plus tard, alors que Sakura enfilait sa robe noire pour se rendre à l’enterrement, elle se remémora la scène : Mikoto qui s’effondrait dans les bras de son fils, et Sasuke, plus démuni que jamais, essayant de garder la tête froide…
La nouvelle avait vite été rendue publique et le groupe Sharingan avait signalé qu’une chanson serait composée en l’honneur de leur batteur. Sasuke avait ajouté qu’il comptait participer à une campagne contre la drogue dans les semaines qui suivraient.

Etrangement, les fans qui ne manifestaient pas grand intérêt pour Itachi avaient été très émus. Même les médias lui avaient rendu un hommage respectueux…
Et Sakura avait revu Ino. Par hasard, à l’hôpital, alors qu’elle était chargée de remplir de la paperasse concernant le transport du corps d’Itachi, elle avait vu passer, à travers la porte ouverte du bureau, une superbe blonde se pavanant sur des talons de 30 centimètres. La blonde l’avait reconnue, s’était avancée presque timidement. Sakura avait décidé d’enterrer la hache de guerre et l’avait saluée. Elles avaient ensuite échangé des banalités : Ino avait appris la mort d’Itachi mais cela ne lui faisait pas grand effet. Elle parla surtout de sa carrière et de son nouveau compagnon. Sakura lui demanda ce qu’elle faisait ici, et Ino finit par avouer, les yeux brillants : elle attendait un bébé ! La rose se montra sincèrement heureuse pour elle, puis retourna à son travail. Le bonheur d’Ino faisait plaisir à voir, mais elle ne souhaitait pas renouer avec elle. Sakura avait pris la décision de s’éloigner pour de bon du monde du show bisness depuis la mort d’Itachi. Elle allait emménager dans un nouvel appartement avec Kankuro, continuer à soigner les gens à l’hôpital et vivre sa vie simplement…

A présent, elle militait volontiers contre les dangers de la drogue et souhaitait aider les adolescents en difficulté.

Puisque, à l’image d’Itachi, beaucoup étaient victimes de la cruauté de la vie et vivaient une véritable dégénérescence. Sakura voulait leur montrer qu’on pouvait s’en sortir : comme elle ou Sasuke, changer et basculer du bon côté. Que c’était possible de combiner plaisir et sérénité…



J'ai pensé que découper le Os en plusieurs parties marquerait plus la décadence de l'état d'Itachi. Encore une fois, pas super joyeux comme one-shot, mais il parle de sujets qui me tiennent à coeur : la famille, la solitude, la célébrité, et bien sûr la dépendance, ici à la drogue.

J'crois que j'ai tout dit =) j'attends vos commentaires ! (d'ailleurs ça se bouscule pas en ce moment sur WoN :/)
Zibouilles !