Sasuke, les enfants et moi


Fanfiction Naruto écrite par Sazukai (Recueil de Sazukai)
Publiée le 31/05/2010 sur The Way Of Naruto






Chapitre 9: Nouvelle piste



Sakura n’était pas sûre d’être consciente. Tout était noir autour d’elle. Elle avait mal au cœur et se sentait ballottée de tous les côtés. Que se passait-il ? Etait-elle morte ? Non, le vent sifflait à ses oreilles et elle sentait aisément l’air de la nuit s’infiltrer sous ses vêtements. Lentement, elle ouvrit les yeux.

Il faisait très sombre, mais elle parvenait à deviner la forme d’une forêt environnante. Les branches des arbres défilaient sous ses yeux à une vitesse inimaginable. Elle distinguait également le va-et-vient de deux jambes. Elle était donc sur le dos d’un ninja. Mais que faisait-elle là ? Elle avait mal partout et le mouvement lui donnait la nausée.

Aussitôt, elle essaya de se rappeler les derniers événements. Peu à peu, la présence de Tenten et de Temari et, ensuite, l’agression lui revinrent en tête. Mais, alors, qui la transportait ainsi ? Ami ou ennemi ? Elle ne voyait que le dos de son porteur, et, dans l’obscurité de la nuit, il était impossible de le reconnaître. Cependant, un détail la décida pour de bon : ils étaient dans la forêt. Sakura serra les dents en comprenant qu’elle se trouvait sur le dos de son agresseur. Il était là, contre elle, celui qui avait osé s’attaquer à Ayumi.

Son esprit se mit à réfléchir à toute vitesse. D’abord, il fallait qu’elle reste immobile : autant qu’il la croie encore inconsciente. Ensuite, elle voulut savoir si elle ne pouvait pas s’échapper mais, alors qu’elle essayait de bouger son bras, ses muscles la firent horriblement souffrir. Il était stupide de se battre dans ces conditions, même pour venger sa fille.

La seule option qui lui restait fut donc de faire en sorte que les autres puissent la retrouver. Après tout, Shikamaru allait sans doute la rechercher au même titre que son fils. Mais que pouvait-elle laisser derrière elle sans se faire remarquer ? Alors que Sakura cherchait, son regard se posa sur la bague autour de son annulaire gauche. Il s’agissait de son alliance, celle que Sasuke lui avait passée au doigt le jour de leur mariage. Elle était en or et l’emblème des Uchiwa était gravé sur son contour.

Sakura hésita quelques instants. Elle avait fait tant de sacrifices pour avoir cette bague au doigt. Elle avait accepté de vivre dans la froideur continuelle, sans l’amour de celui qu’elle aimait. Elle avait passé douze ans de sa vie aux côtés d’un homme qui ne lui portait aucune considération. Devait-elle vraiment se séparer de cet anneau ? Pourtant, si elle voulait revoir ses enfants un jour, c’était la seule solution.

Avec une précaution infinie, elle commença à faire glisser la bague le long de son doigt. Le bijou semblait s’y être incrusté au fil des années. Sakura dut y aller à petits coups secs en se retenant de bouger sous la douleur. La bague lui écorcha la peau, comme si elle tenait à rester sur son doigt, mais Sakura savait qu’elle n’avait pas le choix. Le bijou finit par céder et elle le laissa glisser pour le voir disparaître sous les arbres. A présent, elle ne pouvait rien faire de plus. Elle ferma les yeux en espérant de tout cœur que quelqu’un retrouverait son alliance.



*




Shikamaru ne rentra chez lui qu’aux alentours de minuit. Il avait passé la plus grande partie de la soirée à l’hôpital, sans pouvoir manger. Seul l’état de Temari le préoccupait. Finalement, Tsunade l’avait convaincu de rentrer chez lui en lui assurant qu’il ne pouvait rien faire de plus.

Shikamaru traversa le salon sans même s’en rendre compte. Dès qu’il fut dans la chambre, il se laissa tomber sur le lit. Il était épuisé et n’en pouvait plus, non pas parce que ses muscles ne lui répondaient plus, mais parce que la douleur de son cœur allait au-delà du supportable. Cela faisait six jours que son fils avait disparu sans laisser de trace et il n’avait aucune nouvelle de lui, aucun indice malgré ses recherches. Etait-il en vie ? Allait-il bien ? Ce fou l’avait-il tué ? Il n’en savait strictement rien et l’ignorance le rongeait un peu plus chaque jour.

A présent, Temari avait été touchée. Shikamaru ne s’était jamais senti aussi seul. La chambre était froide et nue sans la présence de sa femme. Le pire, c’était qu’il ne le remarquait qu’à peine. Il avait l’impression que cette situation durait depuis l’enlèvement de Simaru, comme si Temari et lui avaient cessés de vivre depuis cet évènement.

La nuit fut sans doute plus longue que le jour. Shikamaru n’avait même pas envie de dormir. Il resta allongé sur son lit, comme du temps où il rêvassait avec Chôji en admirant les nuages défiler. La différence était qu’il contemplait à présent sa solitude, sentiment qu’il avait voulu à tout prix éviter depuis la mort d’Asuma.

Il se leva vers sept heures, sans avoir dormi. Il ressemblait plus à un zombi qu’à un homme, alors qu’il parcourait la maison. Les deux êtres les plus chers à son cœur avaient été touchés par ce fou furieux. Qu’avait-il donc bien pu faire pour mériter cela ?

A huit heures, il entra dans le bureau de Tsunade. Cette dernière avait ordonné une réunion le matin même. A en juger par les cernes qui entouraient ses yeux bruns, elle n’avait pas plus dormi que Shikamaru. Kiba, Sasuke et Neji ne tardèrent pas à entrer à leur tour. Ce dernier également paraissait épuisé. Shikamaru savait qu’il avait passé la nuit à l’hôpital. Tenten avait perdu tellement de sang qu’il avait insisté pour lui donner du sien.

– Bien, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer, annonça Tsunade en cachant sa fatigue. Vous n’êtes pas sans savoir qu’hier soir notre agresseur s’en est pris à trois kunoichis de notre village : Tenten Hyûga, Temari Nara et Sakura Uchiwa.

Les trois époux baissèrent la tête à ces paroles. Seul Kiba parut surpris. Il avait compris qu’il y avait eu de l’agitation la veille, mais personne ne l’avait prévenu de cette agression supplémentaire.

– Neji, poursuivit Tsunade, je suis désolée de voir ta femme mêlée à cette affaire mais, si on suit l’hypothèse de Shikamaru, Tenten n’a été blessée que parce qu’elle a tenté de défendre les deux autres.

– J’en ai assez de cette hypothèse ! s’exclama Kiba. Elle nous fait écarter toutes les autres et, qui plus est, elle tient difficilement debout. Je vous rappelle qu’on n’a toujours pas trouvé comment l’associé d’Ichiko a compris que nous étions de Konoha !

– C’est vrai, admit Shikamaru. Mais je te rappelle que, jusqu’à ce jour, nous n’avons aucune autre piste.

Kiba ouvrit la bouche pour répliquer mais se résigna. Shikamaru avait raison, ils n’avaient pas trouvé d’autre solution. Voyant que la tension était retombée, Tsunade reprit la parole :

– Bien, reprenons donc ce qui s’est passé hier soir. Sakura est jônin spécialisée en médecine, Tenten jônin spécialisée dans le lancer d’armes et Temari est l’une des meilleures kunoichis du village. Comment ce type a-t-il réussi à les mettre hors d’état de nuire ? Je vais finir par croire que c’est un surhomme !

La réflexion de Tsunade laissa un court silence peser sur la pièce. Ce fut Neji qui suggéra une réponse :

– Il a peut-être un complice.

– J’y ai pensé, mais l’ennui c’est qu’on n’a aucune preuve d’une autre présence que la sienne. Je pense qu’il faudra interroger Tenten et Temari quand elles seront sur pied pour en savoir davantage.

Tsunade jeta un regard circulaire à travers la pièce, mais aucun ninja n’émit d’objection. Shikamaru avait cet air sérieux qui prouvait qu’une idée le travaillait, mais elle préféra le laisser tranquille et reprit :

– Bon, je vous rappelle également que nous avons, depuis hier, supposé l’existence d’un traître à Konoha et que nous n’avons toujours pas pu l’identifier. Je voudrais un groupe discret pour s’occuper de ceci. Kiba, je pense que tu es le mieux placé, avec ton flair et celui d’Akamaru. J’aurais aimé également que Neji t’accompagne, mais le Byakugan est très utile pour les recherches de Shikamaru. Donc, je pense que tu vas devoir te débrouiller s…

Cependant, avant que Tsunade n’ait pu achever sa phrase, la porte s’ouvrit brusquement et Hinata déboula dans la salle, sous les regards stupéfaits des personnes présentes.

– Attendez ! s’écria-t-elle. J’accompagnerai Kiba !

Ce fut au tour de Naruto d’entrer dans la pièce.

– Mais qu’est-ce que tu racontes, Hina ? s’exclama-t-il, l’air paniqué. Tu n’es pas bien d’interrompre la Vieille Tsunade, elle va te réduire en bouillie !

– Hinata ? s’étonna Tsunade, sans prêter attention aux gesticulations de Naruto. Mais, je ne t’ai pas autorisée à sortir de l’hôpital !

– Je me sens beaucoup mieux, Maître Tsunade, insista Hinata. Je tiens à me rendre utile. C’est ma faute si Simaru a disparu !

Tsunade ne savait comment réagir. Hinata avait encore mal à cause de son combat, mais elle l’avait rarement vue aussi déterminée.

– Hinata, intervint Shikamaru, je ne t’ai jamais considérée comme responsable…

– Evidemment ! le coupa Hinata avec une énergie qu’on ne lui connaissait que très peu. Shikamaru, tu es trop gentil pour accuser quelqu’un d’autre que toi, mais je tiens à réparer mon erreur et, surtout, je veux arrêter ce type ! Il n’a pas le droit de s’en prendre aux enfants de cette façon ! S’il vous plait, Maître Tsunade, laissez-moi accompagner Kiba !

– Très bien, céda Tsunade. De toute façon, je comptais t’assigner à cette mission dès que tu aurais été en état de te battre.

– Quoi ? s’exclama Naruto. Mais, Mamie Tsunade, vous êtes folle ! Hinata sort à peine de l’hôpital !

Agacée, la Hokage bondit sur ses pieds et approcha son visage à quelques centimètres de celui de Naruto.

– Naruto ! s’énerva-t-elle. On ne conteste pas mes décisions ! De plus, Hinata a insisté pour avoir cette mission !

– Dans ce cas, moi aussi je veux y participer ! répliqua-t-il.

Tsunade soupira. Elle comprenait que Naruto puisse s’inquiéter pour sa femme, mais elle était fatiguée. Elle avait passé la nuit à s’occuper de Tenten et de Temari et cette affaire lui puisait toutes ses forces.

– Très bien ! lâcha-t-elle. Une équipe de trois sera chargée d’identifier le traître. Elle sera composée de Kiba Inuzuka et de Hinata et Naruto Uzumaki !

– Merci, Mamie Tsunade ! s’exclama Naruto. Merci, vraiment !

– Silence ! le coupa-t-elle. Je n’ai pas fini. Maintenant que l’équipe a été formée, voici les éléments que nous avons en notre possession : le traître a de grandes chance d’être de Konoha. Il connaît bien notre village. Il sait où se situe la maison des Inuzuka, a des contacts plus ou moins directs avec les Uzumaki et connaît les habitudes d’Ayumi Uchiwa. C’est donc forcément quelqu’un qui vous touche de très près.

Cette dernière information fit pâlir Naruto. Il n’avait pas jugé la situation aussi grave.

– Vous voudriez dire qu’il se peut qu’il s’agisse d’un ninja de notre génération ? s’inquiéta-t-il.

– Exactement, admit Tsunade d’un ton triste. Si vous commencez à enquêter là-dessus, alors sachez que nous éliminons déjà les trois participants à la mission contre l’Akatsuki qui n’étaient pas là lors de l’agression d’Ino. Nous pouvons également exclure Hinata, Ino, Tenten et Temari qui ont été frappées par notre criminel.

Un court silence suivit ces paroles, le temps que Sasuke se décide à réagir :

– Et Sakura ? Vous n’allez quand même pas l’accuser ?

Tsunade marqua un silence. Ce qu’elle allait dire semblait lui coûter, mais elle n’eut pas besoin de parler. Son mutisme en disait suffisamment long. Shikamaru échangea un regard avec elle et hocha tristement la tête. Il avait eu la même idée qu’elle.

– Quoi ? s’exclama Sasuke en fixant tour à tour les ninjas qui lui rendaient un regard consterné. Mais, enfin, Sakura n’aurait jamais permis qu’on attaque Ayumi ! C’est la même chose que Simaru, elle a été enlevée !

– Oui, en effet, répondit Tsunade. Sakura a disparu, mais nous ne savons pas ce qu’elle est devenue.

Ce fut au tour de Naruto d’intervenir :

– Mais, enfin, Sakura est une femme et l’agresseur a toujours été un homme !

– Le problème est qu’il y a de fortes chances pour que le traître et l’agresseur soient deux personnes différentes, répliqua Shikamaru. En outre, Sakura devient à présent le traître parfait. Elle connaît tout ce qu’il faut sur Konoha pour aider l’agresseur et aurait même pu l’aider à abattre Tenten et Temari, ce qui expliquerait leur défaite.

Sasuke serra les poings. Il avait deviné cette éventualité, mais il n’en restait pas moins qu’il refusait d’accuser Sakura. Elle était bien trop douce avec les enfants et les aimait trop pour leur faire du mal. Si elle avait voulu le faire souffrir, lui, elle aurait employé un autre moyen.

– Vous allez quand même faire des recherches ? s’inquiéta-t-il.

– Evidemment, assura Tsunade. Les ANBU sont à présent chargés de retrouver Simaru et Sakura.

– Alors laissez-moi les accompagner !

Ces paroles figèrent Tsunade sur place. Sasuke s’était avancé vers son bureau et son visage se trouvait à présent à quelques centimètres du sien.

– Sasuke, je te rappelle que tu n’as pas le droit de faire partie des ANBU, rappela Tsunade. Cela fait partie de notre accord.

– Je le sais parfaitement, répliqua Sasuke. Mais, je vous en prie, laissez-moi les aider ! Le Sharingan peut toujours être utile si on se retrouve face à l’Akatsuki !

– Encore faudrait-il qu’on les retrouve, maugréa Shikamaru.

Tsunade, elle, ne savait plus comment réagir. Elle n’avait jamais vu Sasuke aussi insistant. On aurait dit qu’une force nouvelle l’habitait. Faisait-il réellement tout cela pour Sakura ? Tsunade avait longtemps douté de l’amour au sein de ce couple mais, après tout, peut-être s’était-elle trompée.

– Très bien, Sasuke, si tu insistes, tu seras dans l’équipe Lei, sous la conduite de l’ANBU, décida-t-elle. Tu les retrouveras d’ici une demi-heure aux portes du village, mais, attention, à la moindre dérive je serai obligée de te faire arrêter.

– J’ai bien compris, assura Sasuke en se reculant.

– Dans ce cas, vous pouvez tous sortir. Shikamaru, Neji, si vous voulez aller voir vos femmes, allez m’attendre à l’hôpital, j’y serai dans une dizaine de minutes.

A ces mots, les ninjas saluèrent leur Hokage et sortirent tous du bureau. Dès que la porte fut refermée, Naruto se retourna vers Sasuke.

– Eh ben, ça alors, je ne m’y attendais pas ! s’exclama-t-il. J’ai toujours cru que tu n’aimais pas vraiment Sakura, mais je me trompais peut-être.

– Je n’ai jamais dit que je l’aimais, maugréa Sasuke.

Naruto regarda son ami avec des yeux ronds, comprenant le sens de ses paroles. Il avait toujours préféré ne pas penser à ce que vivrait Sakura si Sasuke ne l’aimait pas réellement. Même si l’idée lui avait effleuré l’esprit, il avait refusé d’y songer et, apparemment, ses craintes n’étaient pas infondées.

– Heu… Naruto, intervint Hinata pour briser le silence gênant qui s’était imposé. Tu viens ? On y va avec Kiba !

– Quoi ? Ah, heu… oui, bien sûr, je viens !

Aussitôt, les trois ninjas s’éloignèrent. Sasuke soupira et jeta un coup d’œil à ses deux collèges restants. Ils restaient silencieux, mais il devinait qu’ils n’en pensaient pas moins.

– J’ignorais que tu n’aimais pas Sakura, lâcha subitement Neji.

– Oui, elle joue bien la comédie, approuva Shikamaru. On s’en doutait un peu mais on ne l’a jamais vraiment su.

Sasuke regarda tour à tour les deux ninjas et s’éloigna en haussant les épaules. Il était suffisamment préoccupé sans avoir besoin de reproches supplémentaires.

– Hé, où vas-tu ? lui demanda Shikamaru en le rattrapant.

– A l’hôpital. Je vais voir Ayumi.

Shikamaru et Neji échangèrent un regard interrogateur avant de lui emboîter le pas et les trois ninjas sortirent de la tour rouge.



Quelques minutes plus tard, Sasuke alla rendre visite à sa fille, tandis que Shikamaru et Neji patientaient sur des chaises de la salle d’attente pour voir Tsunade. Celle-ci arriva rapidement, apparemment requinquée par une dose de caféine ou de théine.

– Bien, puisque vous êtes tous les deux ici, voici mon diagnostic, annonça-t-elle.

Tsunade prit une inspiration avant de continuer. Il n’était jamais aisé d’annoncer le résultat d’une longue nuit de labeur à deux maris fous d’inquiétude. En face d’elle, Shikamaru et Neji paraissaient impassibles, mais elle savait qu’ils buvaient ses paroles.

– Tenten a visiblement été assommée par un coup à la tempe. J’ai craint un traumatisme crânien, mais les dernières radios montrent que la boîte crânienne a résisté. Par contre, elle a été gravement blessée à la jambe. A en juger la forme de la blessure, elle a été faite par un kunai. Enfin, il y a quand même quelque chose qui m’embête…

Shikamaru et Neji la regardèrent d’un air insistant, désireux d’en savoir plus. Tsunade hésita puis poursuivit :

– Le kunai a été planté de façon perpendiculaire à la jambe et, d’après la plaie, on peut dire que celui qui le tenait n’a pas lâché son arme. Pourtant, Tenten est suffisamment agile pour éviter une attaque aussi basique.

– Ça sentait le fumigène dans la maison, fit remarquer Shikamaru. Peut-être qu’elle n’a pas vu le coup venir.

– Non, intervint Neji, Tenten a une très bonne perception, même dans le noir elle peut repérer son adversaire. Tsunade, vous pensez que ce coup a été infligé après qu’elle eût été assommée ? Mais pour quelle raison ?

– Je n’en sais rien, avoua la Hokage, et c’est bien ce qui me tracasse. La seule explication est que celui qui lui a fait ça est un fou à lier qui aime blesser les gens pour le plaisir. Sinon, Tenten est très faible à cause du sang qu’elle a perdu et elle s’est réveillée et rendormie plusieurs fois. Une chance pour elle que tu sois donneur universel, Neji, sinon je ne sais pas comment j’aurais fait. Par contre, le bébé va bien.

Ces derniers mots firent pâlir Neji. Surpris aurait été un mot trop faible pour décrire son état d’âme. Il ne s’attendait certainement pas à cette nouvelle. Il lui sembla alors que cela faisait une éternité qu’il n’avait pas pu parler en tête-à-tête avec Tenten.

– Ah, tu n’étais pas au courant, remarqua Tsunade, légèrement gênée.

Neji secoua la tête.

– Ce n’est pas grave, la rassura-t-il. Est-ce que je peux aller la voir ?

– Oui, bien sûr. Ah, et une dernière chose, ne te fatigue pas trop aujourd’hui. Il se peut que la transfusion t’ait affaibli.

Puis Tsunade lui indiqua la chambre et il disparut au fond du couloir. Shikamaru le suivit du regard, ne revenant pas de ce qu’il venait d’entendre. Tsunade allait-elle lui révéler une nouvelle semblable ? Non, c’était impossible, cela faisait à présent plus d’un mois qu’il n’avait eu aucun rapport sexuel avec Temari. En fait, depuis qu’elle était partie pour Suna, peu avant sa mission.

– Bon, nous allons passer à Temari, annonça Tsunade. Shikamaru, ta femme est sans doute encore plus intrigante que Tenten. Jusqu’ici, tous ceux qui ont été visés par l’agresseur ont été brûlés par des techniques Raiton, or ce n’est pas le cas de Temari.

Shikamaru fronça les sourcils. Effectivement, ce détail était intrigant.

– Mais alors, qu’a-t-elle eue ? demanda-t-il.

– Elle a été assommée au même titre que Tenten, sauf qu’elle n’a pas été poignardée. Par contre, elle a perdu la mémoire.

Shikamaru écarquilla les yeux. Temari, oublier qui elle était ? Non, c’était impossible. Elle ne pouvait pas avoir oublié d’un coup toutes les années qu’ils avaient passées ensemble, toutes les fois où ils s’étaient disputés avant de s’aimer.

– Rassure-toi, ajouta Tsunade, ce n’est qu’une perte partielle, mais elle ne se souvient pas de l’agression. Ses souvenirs s’arrêtent à sa visite chez Sakura.

– Vous croyez que c’était planifié par l’agresseur ? demanda Shikamaru.

– Impossible de le savoir. En tout cas, elle n’a pas de blessure physique, je vais donc la laisser sortir. Je pense que sa perte de mémoire est due à un choc émotionnel. Seulement, impossible de savoir quoi tant qu’on n’aura pas le témoignage de Tenten. Si tu veux voir Temari, elle doit encore être dans sa chambre, je lui ai dit de t’y attendre.

Shikamaru acquiesça et se leva en tentant de maîtriser les tremblements de son corps. Il n’avait pas imaginé une seule seconde que Temari puisse être ainsi battue. Elle était forte, si forte, suffisamment pour lui tenir tête, et elle aimait cela. Elle avait de la fierté, du courage, un tempérament de feu. Shikamaru l’aimait ainsi. Si Temari avait été battue, alors son adversaire était vraiment quelqu’un de puissant.

Shikamaru arriva à cette conclusion alors qu’il se tenait devant la porte, hésitant à ouvrir. Depuis la disparition de Simaru, Temari et lui s’étaient vraiment éloignés. Ils ne se parlaient plus et ne s’écoutaient plus. Comment allait-elle réagir en le voyant ? Finalement, il prit son courage à deux mains et entra.

Temari ne le vit pas immédiatement. Elle lui tournait le dos, assise sur le bord du lit, regardant pas la fenêtre. Elle était déjà habillée et semblait prête à partir. Shikamaru s’éclaircit la gorge avant de parler :

– Bonjour, Temari.

Il n’osait pas y croire. Voilà qu’il la saluait comme Sasuke aurait salué Sakura. Il fallait croire que le fossé entre eux s’était réellement agrandi. Temari se retourna malgré tout.

– Shikamaru…

Elle ne poursuivit pas sa phrase et baissa la tête. On aurait dit qu’elle cachait son visage parce qu’elle avait honte, mais Shikamaru ne voulait pas y croire car Temari n’avait jamais honte.

– On m’a dit, pour hier soir, commença-t-elle. Je… je ne me souviens plus de ce qui s’est passé, mais je suis désolée. Je n’ai pas pu les sauver… ni Tenten, ni Sakura.

Alors qu’elle achevait sa phrase, les sanglots prirent le dessus. Shikamaru sentit son cœur se serrer et s’approcha doucement de sa femme. Cela lui faisait vraiment de la peine de la voir ainsi, mais elle lui semblait si étrangère qu’il ne savait plus comment réagir. Temari ne le regardait même pas dans les yeux.

– Temari, ce type est à présent classé comme criminel de rang S, expliqua-t-il. Je ne pense pas que j’en serais venu à bout.

– Je sais, répondit Temari. Mais nous étions trois ! Trois contre un !

Shikamaru acquiesça. Il avait déjà pensé à cela. Il n’était en effet pas logique que cet homme, aussi fort fut-il, ait pu venir aussi facilement à bout de trois jônins expérimentées.

– Tu veux rentrer ? proposa-t-il.

Temari resta silencieuse quelques secondes. Ses larmes s’étaient calmées mais laissaient encore de longues traînées sur ses joues.

– Je… J’aimerais d’abord aller voir Tenten.

Shikamaru accepta. Il savait que les ANBU allaient l’attendre à la porte de Konoha, mais il se devait d’accompagner sa femme. Temari semblait réellement troublée et il hésitait à la laisser seule.

Finalement, ils sortirent de la chambre et se dirigèrent vers celle de Tenten. Lorsqu’ils entrèrent, Neji était déjà sorti, sans doute troublé par la nouvelle que lui avait annoncée Tsunade.

Shikamaru resta en arrière et regarda Temari s’approcher du lit. Ses bras étaient parcourus de tremblements. Elle avait posé ses mains sur le corps de son amie. Cette dernière était profondément endormie et sa respiration calme soulevait sa poitrine à un rythme régulier, mais son visage, extrêmement pâle, témoignait de la quantité de sang qu’elle avait perdu.

– Je suis désolée, Tenten, balbutia Temari. Je suis vraiment désolée que tu aies tout pris… Et je suis désolée pour Sakura, je n’ai pas pu la sauver.

Shikamaru vit clairement quelques gouttes venir tâcher le drap d’hôpital. Il baissa les yeux, triste pour sa femme. Il ne l’avait jamais vue aussi désespérée. Où étaient donc parties son humeur joviale, son ardeur naturelle, cette énergie qu’elle mettait dans chacun de ses mots et dans chacun de ses gestes ? C’était bien simple, Shikamaru ne la reconnaissait plus. Il leva la tête et la regarda d’un air désespéré. Elle était devenue comme les autres femmes pour lui, elle était devenue ennuyeuse et cela lui faisait vraiment mal de le constater.

– Je… j’ai envie de rentrer, lâcha-t-elle au bout de quelques minutes.

Shikamaru hocha la tête. Il savait que, s’il parlait, il allait pleurer. C’était stupide et, pourtant, ses larmes ne demandaient qu’à couler. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que le sentiment de perdre Temari se renforçait en lui.



*




Si dans la chambre de Tenten, la tristesse régnait plus qu’autre chose, ce n’était pas vraiment le cas, un étage plus bas, dans une autre pièce de l’hôpital.

– Je t’en prie, Ayumi, n’insiste pas tu es encore faible !

Cependant, Shizune avait beau répéter ces mots, sa jeune patiente avait le même tempérament que sa mère. Elle voulait faire quelque chose et elle allait le faire.

Assise sur son lit, Ayumi transpirait de partout. En réalité, cet exercice l’épuisait, mais elle refusait d’abandonner. Elle avait travaillé si dur pour obtenir la reconnaissance de son père qu’elle ne pouvait pas la laisser s’échapper aussi vite. Il fallait qu’elle réussisse.

– Je… je ne peux pas m’arrêter, balbutia-t-elle, essoufflée à cause de l’effort. Il faut que je le maîtrise !

Le silence s’imposa quelques secondes. Shizune baissa les yeux en soupirant. Ayumi avait pris de sérieux coups et elle ne devait pas se fatiguer pour rien. Pourtant, elle insistait. Les yeux fermés, elle rassembla son chakra, puis, les doigts joints, elle attendit le bon moment. Soudain, elle rouvrit les yeux.

– Sharingan ! s’écria-t-elle.

Rien ne se produisit. Fatiguée, Ayumi laissa tomber ses bras de chaque côté de son corps. Shizune se mordit la lèvre inférieure. Elle ne comprenait pas pourquoi sa patiente insistait autant, mais savait qu’elle ne pouvait pas l’arrêter.

– Pourquoi continues-tu ? demanda-t-elle en lui épongeant le front. Tu sais, ton père n’a maîtrisé le Sharingan qu’à douze ans.

– Je sais, répliqua Ayumi. Mais, si je veux retrouver Maman, c’est maintenant que je dois le maîtriser !

Shizune ne répondit pas immédiatement et se contenta d’éponger le front d’Ayumi. La disparition de Sakura avait touché beaucoup de monde, que ce soit parmi ses proches ou le personnel de l’hôpital. Son absence avait été très vite remarquée.

– C’est ton Papa qui t’apprend à utiliser le Sharingan ? demanda-t-elle, espérant détourner Ayumi de l’entraînement par la conversation.

– Oui, répondit cette dernière avec une pointe de fierté dans la voix. Il est passé tout à l’heure. Je lui ai demandé comment on faisait et il m’a montré.

– Et il n’a pas ajouté que tu devais te reposer ?

Ayumi baissa les yeux, comme si elle n’osait croiser ceux de Shizune.

– Non, il m’a seulement dit qu’il allait retrouver Maman.

– Alors, tu vois, tu n’as pas à t’inquiéter !

Shizune espérait que cette conclusion dissuaderait sa jeune patiente mais, au contraire, cette dernière insista :

– Mais Papa peut avoir besoin d’aide !

– Dans ce cas, il y a des ninjas prêts à l’aider. Cette affaire ne concerne pas seulement ta famille, Ayumi.

– Je sais, Simaru aussi a été enlevé. Et lui aussi je veux le retrouver !

Shizune soupira à nouveau. Décidément, Ayumi était véritable tête de mule.

– Tu me fais penser à ta mère, conclut-elle. Tu aurais dû la voir, le jour où elle a débarqué dans le bureau de notre Hokage pour la convaincre de lui enseigner la médecine !

Shizune ne put s’empêcher de rire à ce souvenir. Ayumi, intriguée, la fixa quelques secondes avant de sourire à son tour, mais, bien vite, sa joie s’évanouit.

– Shizune ? appela-t-elle.

– Oui ?

– Est-ce que… est-ce que Maman est heureuse ?

Shizune écarquilla les yeux. Elle ne s’attendait pas à cette question. Ayumi paraissait si innocente et n’était encore qu’une enfant malgré sa précocité. Elle n’aurait pas dû s’intéresser à la relation de ses parents.

– Je ne sais pas, avoua Shizune. Sakura sourit tout le temps, mais je ne sais pas si elle est heureuse. Tu sais, quand elle a accepté d’épouser ton père, personne ne s’attendait à ce qu’ils se marient. Sasuke… Sasuke n’a jamais été très chaleureux, ni très attentionné.

Le regard d’Ayumi commença à se faire triste tandis qu’elle comprenait la situation. Shizune se mordit la lèvre en songeant que ce n’était pas à elle de lui parler de tout cela. Finalement, elle changea brusquement de ton :

– Mais je suis sûre que tout s’est arrangé avec le temps ! Et puis, si ta mère a accepté d’épouser Sasuke, c’est qu’elle espérait être heureuse avec lui !

Ayumi acquiesça avec un sourire. Shizune se sentit soulagée, mais, dans son dos, l’héritière des Uchiwa agissait comme sa mère : au fond d’elle, son cœur était triste.

La conversation fut alors brusquement coupée par une entrée fracassante. Débordant, d’énergie, Yukito vint se précipiter au chevet d’Ayumi.

– Ayumi ! s’exclama-t-il. Comment vas-tu ?

– Bien, répondit-elle en souriant, heureuse de cette visite. Oh, Kakashi-sensei, vous êtes là aussi !

En effet, Kakashi venait d’apparaître dans l’entrebâillement de la porte. Shizune sourit, heureuse qu’Ayumi ait abandonné son entraînement, et sortit de la chambre.

– Alors, comment va notre jeune blessée ? plaisanta Kakashi et s’asseyant sur le bord du lit.

– Très bien, assura Ayumi. Kakashi-sensei, il faut que vous m’appreniez à utiliser le Sharingan !

Kakashi et Yukito écarquillèrent les yeux devant cette demande. Ayumi n’avait pas pour habitude d’exiger quoique ce fût.

– Je veux bien, répondit Kakashi en se souvenant un bref instant de l’époque où il aidait Sasuke à maîtriser son Dojutsu héréditaire. Mais il faut d’abord que tu te rétablisses.

– Vous croyez que j’ai le temps de me rétablir ? répliqua Ayumi, presque sarcastique. Je vous rappelle que Simaru est toujours en danger !

Kakashi haussa les sourcils, impressionné par la ténacité de son élève. Si, un jour, elle obtenait la force de sa mère, aucun doute qu’elle deviendrait réellement dangereuse.

– Bon, je vais voir ce que je peux faire, soupira-t-il.

Ayumi sourit d’un air satisfait. Yukito, lui, observait son amie avec intérêt. Il semblait que son agression, plutôt que de l’affaiblir, avait renforcé sa volonté.



*




A moins d’un kilomètre de Konoha, la troupe d’ANBU s’était mise en route depuis plusieurs heures. Sasuke, seul au milieu des visages masqués, ne semblait pas gêné le moins du monde. Ne jamais faire partie de l’ANBU était un terme du contrat qu’il avait passé avec Tsunade lorsqu’il avait réintégré le village, mais tout ce qui l’intéressait pour l’instant était de retrouver Sakura et faire partie des forces spéciales n’avait aucune importance pour lui.

– Kôji, tu vois quelque chose ? demanda le chef d’équipe.

– Rien du tout, on dirait que le type s’est volatilisé.

Sasuke regarda attentivement le dénommé Kôji. Il lui avait fallu une demi-heure pour y reconnaître Neji sous son équipement. Quant au chef d’équipe, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de Shikamaru : sa queue de cheval ne trompait pas. Cependant, Sasuke se devait de l’appeler par son pseudonyme : Lei.

– Ce type m’énerve vraiment ! s’exclama Shikamaru. Si ça se trouve, il nous piège dans un Genjutsu ! Que tout le monde s’arrête !

A ces mots, les quatre ANBU s’immobilisèrent sur la branche la plus proche. Sasuke s’arrêta à son tour et les regarda joindre leurs mains d’un même geste.

– Dissipation !

Hélas, rien ne se produisit. Shikamaru jura et s’assit sur sa branche. Sasuke sentit que sous son masque, il mourait d’envie de défouler toute sa colère sur celui qui avait enlevé son fils.

Quelques secondes s’écoulèrent. Les ANBU n’osaient pas déranger leur chef d’équipe qui semblait réfléchir au problème. Ils n’avaient aucun indice, l’agresseur pouvait se trouver n’importe où.

Sasuke baissa les yeux. Cette situation était épuisante, autant pour les victimes que pour leurs proches. Il fallait continuellement faire attention et ne jamais laisser seule une personne qu’on aimait de peur qu’elle soit la prochaine sur la liste.

Soudain, son regard s’attarda sur un détail. Entre les branches, il lui semblait distinguer un petit éclat brillant. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Sans même demander de permission, Sasuke sauta à terre.

– Sasuke ! appela Shikamaru. Sasuke, qu’est-ce que tu fais ?

Avant qu’il n’ait pu être rattrapé, Sasuke avait ramassé ce qui avait attiré son regard. Il s’agissait d’un petit anneau d’or, bijou qu’il ne connaissait que trop bien puisqu’il portait le même à son doigt.

– Ne me dis pas qu’ils ont encore laissé un bandeau frontal ! s’exclama Shikamaru en s’avançant.

Cependant, lorsqu’il aperçut la bague, il se figea, ne sachant qu’en conclure. Il fixa Sasuke qui, lui, avait l’air de comprendre la situation.

– C’est l’alliance de Sakura, expliqua ce dernier après avoir vérifié. Il n’y a aucun doute là-dessus. Regardez, l’emblème de mon clan y est gravé.

Il tendit l’anneau à Shikamaru qui l’examina. Puis, celui-ci le fit passer à ses collègues.

– Personne d’autre n’a d’anneau semblable ? s’informa Shikamaru.

– A part moi-même, non, pas depuis la mort de mes parents, assura Sasuke.

– Très bien. Donc nous avons là deux possibilités : soit Sakura a été enlevée et elle a laissé cet anneau derrière elle pour qu’on la retrouve, soit elle a laissé cet anneau pour qu’on pense qu’elle a été enlevée, auquel cas c’est elle la traîtresse.

Sasuke serra les poings mais ne fit aucun commentaire. Il n’était pas en position de force.

– Seji ! appela Shikamaru en se tournant vers l’un de ses coéquipiers. Va chercher Kiba Inuzuka. Si cette alliance appartient à Sakura, on va pouvoir la retrouver.

Aussitôt, le dénommé Seji partit en direction du village. Sasuke sourit de satisfaction. Peu importait la vérité, ils retrouveraient Sakura et, pour l’instant, c’était tout ce qui comptait.



*




Lorsque Tenten s’éveilla pour de bon, elle eut du mal à reconnaître les lieux. Tout était blanc et flou et elle ne discernait aucun détail. Elle se sentait épuisée, comme si elle avait passé une nuit blanche, alors qu’elle avait dormi toute la journée.

Lentement, sa vue se précisa et elle put bientôt distinguer les murs de l’hôpital. Mais que faisait-elle là ? Pourquoi se sentait-elle si faible ? Les souvenirs affluèrent brusquement à son cerveau. L’invitation de Sakura, le silence de Temari, le noir complet, le fumigène, tout lui revint en tête. Elle se rappela même du cri de Sakura. En l’entendant, elle s’était jetée sur l’agresseur. Elle l’avait repéré grâce au bruit. Ils avaient roulé à terre et il avait fait en sorte de se retrouver au-dessus d’elle puis l’avait frappée. Il y avait d’ailleurs un détail qui l’avait troublée à ce moment-là. Tenten en était sûre, elle avait compris quelque chose lors de ce combat rapproché. Malheureusement, elle était bien incapable de s’en souvenir.

Soudain, la porte s’ouvrit en laissant apparaître Ino avec un bouquet de fleur. Tenten sortit de ses réflexions et tourna la tête vers sa visiteuse.

– Tenten, tu es réveillée ! s’exclama celle-ci.

Tenten lui répondit par un sourire. Après les récents évènements, cela lui faisait plaisir de voir Ino en aussi grande forme. Derrière elle, Chôji lança un « bonjour Tenten ! » quelque peu mâché par les chips.

– Tu vas mieux ? demanda Ino en posant le bouquet sur la table de chevet. On est déjà passé ce matin, mais tu dormais encore.

– Oui, ça va un peu mieux, répondit Tenten en se redressant sur son lit. Quelle heure est-il ?

– Midi. En tout cas, on peut dire que tu as eu de la visite.

Tenten ne comprit pas immédiatement. Ino lui désigna alors un paquet de lettres sur sa table de chevet.

– Qu’est-ce que c’est ? s’étonna Tenten en en saisissant une.

– Des mots laissés par ceux qui sont venus te voir, expliqua Chôji en finissant ses chips. Bon, restez là toutes les deux, je vais nous chercher à manger !

Ino leva les yeux au plafond en songeant que Chôji ne s’était pas corrigé avec les années. Tenten, elle, gardait les yeux fixés sur les lettres. Elle ne s’attendait pas à cette attention. Elle fixa la première, comme si elle n’osait pas y croire.

– Bah, ouvre-les, qu’est-ce que tu attends ? la taquina Ino.

Tenten hocha la tête et lut la première. Elle avait été écrite par Hinata mais Kiba et Naruto avaient signé à côté. Elle ne put s’empêcher de rire en voyant les dessins que ce dernier avait ajoutés pour lui remonter le moral. Naruto restait un gamin, mais un gamin qu’elle appréciait.

La seconde, était de Temari. Celle-ci avait caché sa peine dans ses mots et lui souhaitait de se rétablir au plus vite. Ensuite, venaient une de Shino, une de Gai et puis, enfin, celle de Neji que Tenten lut et relut sans pouvoir s’en lasser.



"Ma chère Tenten,



C’est étrange, j’ai l’impression que les évènements de la nuit dernière sont irréels. C’est vrai, qui pourrait t’en vouloir ? Et pourquoi t’aurait-on ainsi blessée ? Je ne comprends pas mais, crois-moi, ce fou ne fera pas long feu.

Je ne peux pas rester à ton chevet car je dois aller aider aux recherches. Sakura est la deuxième personne à avoir disparu, ça en devient inquiétant. Les évènements sont vraiment accablants. Avant de partir, Tsunade m’a dit que tu étais hors de danger. J’en suis soulagé, car je dois t’avouer que j’ai vraiment eu peur pour toi. Tu avais perdu trop de sang.

Tsunade m’a également parlé d’un autre détail. Tenten, tu fais de moi le plus heureux des hommes. Après Akili, je ne pensais pas avoir de deuxième enfant, mais je vois que mes souhaits ont été exaucés. Prends bien soin de toi et du bébé.



Je t’aime,



Neji."



Tenten laissa les larmes couler sur son visage. Neji n’était jamais très expressif mais, lorsque cela lui arrivait, ses mots la touchaient énormément. Ino contempla son amie d’un air attendri. Il était bon de la voir heureuse malgré la douleur.

– Tiens, il y en a une qui est tombée par terre, ajouta-t-elle en remarquant un papier sur le sol. Décidément, tu as beaucoup d’admirateurs !

Tenten la remercia et prit la lettre tout en sachant qu’après celle de Neji rien ne pouvait lui paraître aussi touchant. Finalement, elle l’ouvrit tout de même et commença à la lire mais, immédiatement, elle fronça les sourcils.



"Madame Hyûga,



Puisque vous êtes à l’hôpital, j’ose espérer que vous soyez seule dans votre chambre. Je n’ai pas pour habitude d’écrire, mais je tiens à vous parler de l’évènement de l’autre soir. Vous vous souvenez, lorsque vous étiez avec Madame Nara et Madame Uchiwa et qu’un mystérieux étranger vous est tombé dessus ? Si la mémoire vous revient, faites-moi le plaisir de n’en parler à personne. Peu importe le détail, la chose qui vous revient en tête, gardez-la pour vous. Après tout, il serait regrettable que quelque chose arrive à votre chère Akili. On ne sait jamais, un accident en pleine mission est vite arrivé…"



Tenten pâlit au fur et à mesure de sa lecture. Ino fronça les sourcils en remarquant que les mains de son amie tremblaient. Avant que celle-ci n’ait pu réagir, elle lui arracha la lettre des mains et la lut à son tour.

– Tenten…, balbutia-t-elle, c’est une lettre de menace !

Tenten resta figée, sans pouvoir réagir. Le nom de sa fille lui revenait sans cesse en tête. Pourquoi s’en prendrait-on à Akili ? Et quel était ce fameux détail qu’elle devait oublier ? Elle ne s’en souvenait pas, mais cela avait sans doute un lien avec son sentiment que quelque chose clochait dans l’agression de la veille.

Sous les yeux ronds de stupeur d’Ino, elle se prit la tête entre les mains et força sa mémoire à remonter dans le temps. Comment l’agression s’était-elle déroulée ? Elle avait forcément vu quelque chose de compromettant pour l’agresseur. Quelque chose que ni Sakura, ni Temari, n’avaient pu voir.

Tenten finit par comprendre. Lorsqu’elle avait défendu Sakura contre leur agresseur, ce n’était justement pas l’agresseur. On l’avait informée du fait que ce fou était un homme. Or, elle avait senti une poitrine dans la bataille, une poitrine bien féminine. Il y avait une complice.

Suite à cette conclusion, tout s’éclaircit d’un seul coup. Tenten comprenait enfin sa blessure à la jambe. On l’avait envoyée à l’hôpital pour pouvoir lui remettre cette lettre de menace discrètement. Mais qui l’avait déposée ? D’un geste paniqué, elle se saisit des autres lettres. Temari, Shino, Gai, Neji, Naruto, Hinata et Kiba. Il y avait de fortes chances pour que ce soit l’un d’eux, pour que ce soit l’un de ses amis.

Au bord de la panique, elle fit part de sa déduction à Ino. Celle-ci l’écouta avec une grande attention et son visage se décomposa au fur et à mesure. Elle avait dû mal à y croire, mais il était évident que Tenten avait raison.

– Bon, calmons-nous, Tenten ! décida-t-elle brusquement. Déjà, ce n’est pas Kiba, il a été exclu de tous suspects. Quant à Temari et Hinata, ça m’étonnerait, elles se sont quand même faites agressées.

– Mais il reste quand même Shino, Gai, Neji et Naruto ! répliqua Tenten. Je… je ne peux pas croire que ce soit l’un d’eux. C’est tout simplement impossible !

Ino acquiesça d’un air triste. Comment un de leurs proches amis aurait-il pu trahir Konoha ? Ils se connaissaient depuis si longtemps que c’était tout bonnement impensable. Et pourtant, l’un d’eux les avait trahis et livrés à l’agresseur.

– Il faut prévenir Maître Tsunade ! s’exclama la ninja blonde.

Cependant, avant qu’elle ne puisse sortir, Tenten attrapa son poignet.

– Non, si tu dis quoique ce soit, Akili sera en danger !

– Mais, Tenten, protesta Ino en se retournant vers elle, cette lettre est du chantage ! Et, en plus, elle réduit le nombre de suspect à quatre !

– Je le sais, mais je ne peux pas prendre le risque de voir ma fille tuée par un fou furieux. Ino, s’il te plait, ne dis pas un mot de cette histoire à qui que ce soit !

Ino devint subitement pâle comme un linge et hocha la tête. Elle ne pouvait contredire les intentions de Tenten, après tout, la lettre lui avait été adressée.

– Par contre, ajouta-t-elle, j’aimerais que tu envoies un message à Lee pour lui dire de faire attention à Akili.

Ino acquiesça à nouveau. Il était vrai qu’Akili était à présent genin et avait hérité de Lee pour professeur. Cela avait d’ailleurs beaucoup amusé Tenten quand elle l’avait appris mais, pour l’instant, c’était plus un silence angoissé que de la joie qui régnait dans la pièce.

Ce calme fut cependant brutalement rompu lorsque Chôji entra, un grand sourire satisfait sur les lèvres.

– Me voilà les filles ! J’espère que vous avez faim ! Mais, vous en faites des têtes, qu’est-ce qui s’est passé ?

– Rien du tout, assura Tenten en fourrant discrètement la lettre de menace dans sa poche. Merci Chôji pour le repas, j’ai vraiment faim !

Rassuré, Chôji commença à ouvrir les plats à réchauffer qu’il avait apportés. Ino, elle, garda un air sombre. Elle savait exactement ce que ressentait Tenten car elle l’avait ressenti lorsque ses propres enfants avaient été en danger, mais était également consciente que cela risquait de mal finir. Pour elle, la scène se reproduisait : tout comme elle, Tenten était enceinte et son enfant était menacée.



*




Dans la forêt qui entourait Konoha, le groupe d’ANBU patientait depuis plusieurs minutes lorsque Neji les avertit :

– Chef, voilà Seji qui revient !

Shikamaru leva les yeux et aperçut son coéquipier qui sautait de branche en branche. Il était suivi de Kiba, d’Akamaru, mais également d’une autre personne. Shikamaru n’eut aucun mal à la reconnaître.

– Temari ! s’exclama-t-il. Que fais-tu là ?

– Je viens aider à la recherche de mon fils, répondit-elle en se dressant devant lui. Si vous êtes sur le point de le retrouver, alors je veux vous aider !

– C’est inutile, répliqua-t-il d’un ton qu’il voulait neutre. Nous avons seulement besoin de Kiba.

A ces mots, il se retourna en espérant clore la discussion, mais Temari posa une main sur son épaule, le stoppant dans son geste.

– Même si tu refuses que je reste, je trouverai le moyen de vous suivre, ajouta-t-elle.

Shikamaru sourit sous son masque d’ANBU. Sa femme aurait-elle retrouvé son énergie et sa vivacité habituelle ? Il voulait y croire.

– Je n’en doute pas un seul instant, assura-t-il. Tu seras devant Kôji.

Temari accepta et se mit en place. Puis Shikamaru se tourna vers Kiba.

– Kiba, voici l’alliance de Sakura. Nous avons besoin de toi pour retrouver sa trace.

Kiba acquiesça et prit le bijou entre ses doigts. Un instant, il l’approcha de son nez, puis le plaça sous le museau d’Akamaru.

– Tu trouves une piste ? demanda-t-il après quelques secondes d’attente.

Pour toute réponse, le chien aboya et se mit à courir. La troupe de ninja se mit immédiatement à sa poursuite. Akamaru filait droit, sans la moindre trace d’hésitation. Un sourire prit naissance sur les lèvres de Sasuke. Il y avait encore un espoir pour retrouver Sakura et Simaru.

– On se rapproche des montagnes, fit remarquer Shikamaru au bout d’un moment.

En effet, à travers les arbres de la forêt, l’ombre d’une chaîne montagneuse se dessinait, de plus en plus proche. Shikamaru jubilait intérieurement. Il les tenait, ce type qui avait enlevé son fils et, par le même coup, le traître qui avait investi Konoha. Il était sûr qu’ils étaient là, au bout du chemin.

Soudain, il y eut un cri derrière. Immédiatement, Shikamaru s’arrêta et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

– Kôji, que se passe-t-il ? s’écria-t-il en faisant demi-tour.

– Temari, elle vient de disparaître sous mes yeux ! répondit Neji. Byakugan !

A peine eut-il prononcé ces mots qu’il descendit vers les branches inférieures. Les autres ne tardèrent pas à le suivre et ils trouvèrent Temari, accrochée à une branche par la force de son bras. Elle haletait comme si elle venait de courir un marathon.

– Temari ! s’exclama Shikamaru. Temari, que s’est-il passé ?

– Je ne sais pas, avoua-t-elle. C’est venu tout à coup, une douleur à la tête…

Shikamaru fronça les sourcils. Temari n’avait pas de traumatisme, Tsunade l’avait elle-même vérifié. Il plissa le front et essaya de se rappeler ce qui venait de se passer. La chute de Temari ne lui semblait pas naturelle.

– Ça ne sent pas une odeur bizarre ? demanda tout à coup Kiba, le sortant ainsi de ses pensées.

A ces mots, Akamaru se mit à grogner. Neji leva les yeux et comprit rapidement.

– Des notes explosives ! cria-t-il. Ecartez-vous !

D’un bond, les ninjas s’écartèrent. Shikamaru prit Temari contre lui et sauta à terre. A peine avait-il touché le sol, que l’explosion rugit dans son dos.