Installée dans sa cuisine, Sakura regardait d’un air attendri ses deux fils prendre leur petit-déjeuner. Il n’avait pas été simple de leur expliquer que leur sœur était à l’hôpital à cause d’un fou rôdant dans le village. La veille, lorsqu’elle était allée les chercher chez Neji, elle avait trouvé Matsuo au bord des larmes et Tuwe, lui, cachait très mal son inquiétude. Cependant, après une bonne nuit de sommeil, leur angoisse semblait s’être dissipée.
Si ses fils avaient l’air d’avoir repris leurs esprits, ce n’était pas le cas de Sakura. Son esprit n’avait plus qu’une seule question en tête : qui était ce type ? A présent que Ayumi était hors de danger, elle ne songeait qu’à le retrouver pour lui tordre le cou. Toutefois, elle se gardait bien de le montrer à ses fils.
– Maman, on va à l’Académie aujourd’hui ? demanda Matsuo.
– Oui, Kakashi-sensei, devrait passer pour vous y emmener, répondit Sakura. D’ailleurs, je ne sais ce qu’il fait, Sasuke avait pourtant insisté pour qu’il soit à l’heure.
En effet, ce matin-là Sasuke avait été convoqué d’urgence chez Tsunade. Il avait été donc obligé de laisser sa femme et ses enfants seuls chez lui, mais avait prévenu Kakashi pour qu’il vienne veiller sur eux.
– Coucou tout le monde !
– Ah !
Sakura n’avait pas pu s’empêcher de crier en voyant une ombre surgir à la fenêtre. Depuis le début de cette histoire, elle était sans arrêt aux aguets.
– Kakashi-sensei ! s’exclama-t-elle. Tu as failli me causer une crise cardiaque !
– Désolé, Sakura, répondit celui-ci en souriant sous son masque. J’espère que je ne suis pas trop en retard.
– Pour quelqu’un que j’ai dû attendre au moins une heure tous les jours de mon entraînement, je trouve que tu es en avance !
Kakashi ne put s’empêcher de rire à cette remarque et elle l’invita à entrer. Avec son agilité habituelle, il passa ses deux jambes par la fenêtre et se retrouva à l’intérieur de la maison.
Sakura était rassurée de voir son ancien maître auprès d’elle. Même si elle avait appris à faire preuve de courage et de détermination, sa présence la soulageait, surtout en cette période de crise. Malgré les années, elle avait continué à l’appeler « sensei », contrairement à Sasuke, ne serait-ce que pour lui témoigner le respect qu’elle lui devait. Elle s’était seulement permise de le tutoyer un peu avant son mariage, quand il lui avait assuré qu’elle avait bel et bien atteint l’âge adulte.
– C’est gentil d’être venu, le remercia-t-elle. J’espère que ça ne te gêne pas trop.
– Oh, tu sais, je n’ai plus qu’un élève sur trois à présent, alors…
Kakashi n’acheva pas sa phrase, sous les regards intrigués des deux garçons. Sakura leur fit signe de continuer leur repas et tenta de changer le sujet de conversation. Son ancien professeur semblait très touché par ce qui était arrivé à ses élèves.
Dès que Tuwe et Matsuo furent prêts, ils sortirent tous les quatre de la maison des Uchiwa. Sasuke préférant que Sakura ne reste pas seule, celle-ci avait décidé d’accompagner ses fils à l’Académie avec Kakashi.
– Bon, puisque tu es là, je vais t’escorter, annonça le ninja alors que Tuwe et Matsuo venaient de rejoindre les autres élèves. Où dois-tu aller ?
– A l’hôpital, comme d’habitude, répondit Sakura. Si tout va bien, Ino pourra sortir aujourd’hui.
– Encore faut-il qu’elle soit prête mentalement.
– Oui, c’est ce qui me gêne aussi. Ino est physiquement rétablie mais elle a une peur bleue de retourner dehors. Lorsque je la soignais, elle faisait de terribles cauchemars où une ombre l’attaquait à coups d’éclairs. Elle a peur de retomber sur son agresseur.
– Oui, et, tant qu’on ne l’aura pas arrêté, cette peur risque de perdurer.
Sakura acquiesça tristement. Ino était terrorisée à l’idée de sortir. Ils allaient avoir besoin de l’aide de Kiba s’ils voulaient la rassurer car elle ne se calmait qu’en sa présence et celle de ses deux enfants. Par ailleurs, c’était également pour Ino qu’elle voulait retrouver l’agresseur.
Quelques minutes plus tard, Kakashi et Sakura entrèrent dans le hall de l’hôpital. A leur grande surprise, Kiba et Sasuke les y attendaient.
– Ah, votre réunion est finie ? demanda Sakura en s’approchant.
Celui-ci se contenta d’hocher la tête. Kiba, lui, paraissait hésitant :
– Heu… Sakura ?
– Oui ? demanda-t-elle, étonnée.
– Ino, c’est bien aujourd’hui qu’elle sort ?
A ces mots, Sakura lui adressa un sourire rassurant. Kiba était de plus en plus inquiet pour sa femme et cela se comprenait.
– Oui, je vais d’ailleurs aller la voir, tu peux venir avec moi, répondit-elle. Merci, Kakashi-sensei ! A ce soir, Sasuke !
– Hn. Tu rentres avec qui ? demanda subitement celui-ci.
– Heu… je trouverai bien quelqu’un.
– D’accord. Si tu ne trouves personne, ne rentre pas seule, c’est compris ? Je passerai à dix-neuf heures au cas où. Quant aux garçons, j’ai demandé à Iruka de les garder à l’Académie jusqu’à ce que je passe les chercher.
Sakura acquiesça et s’éloigna vers les couloirs de l’hôpital. Sasuke était de plus en plus prévoyant. Etait-ce réellement dû à son angoisse ? Pourtant, elle ne l’avait jamais vu inquiet pour elle.
– Si seulement j’avais su, j’aurais pris autant de précautions que Sasuke, maugréa Kiba en la suivant.
– Tu ne pouvais malheureusement pas savoir, Kiba, répondit Sakura d’un ton qu’elle voulait apaisant.
– J’aurais tout de même dû faire attention ! Ino était enceinte, j’aurais dû demander à quelqu’un de rester avec elle !
Disant cela, Kiba n’avait pu s’empêcher de donner un coup dans le mur du couloir. Sakura sursauta et le fixa d’un air triste. Comme Ino, Kiba était rongé par la culpabilité. Il enrageait devant l’impuissance qu’il avait eue à éviter le drame et, à cela, Sakura sentait qu’elle ne pouvait rien changer.
– Viens, on va aller chercher Ino, soupira-t-elle.
Kiba acquiesça et retira son poing du mur. Une légère marque y était apparue, seul signe de la rage qui l’habitait encore.
Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, Ino était assise sur son lit et fixait les draps sans les voir. Ses yeux bleus paraissaient perdus dans la blancheur des lieux. Lentement, avec une douceur infinie, Kiba lui prit la main et prononça son nom. Aussitôt, elle releva la tête et son visage sembla s’illuminer.
– Kiba ! s’exclama-t-elle.
Elle passa ses bras autour de son cou et se laissa aller contre son torse. Elle y était tellement bien qu’elle aurait voulu y rester des heures durant mais, au bout de quelques secondes, Kiba s’écarta d’elle, sans doute gêné par la présence de Sakura.
– Ino, tu es totalement guérie, annonça cette dernière. Il ne te reste plus aucune séquelle physique. Tu peux sortir.
Ino la dévisagea un instant avant de se mettre à trembler. Son visage blêmit et la peur se lut aisément dans son regard.
– Ino, je vais te ramener chez nous, insista Kiba et lui serrant la main. Tu verras, tu ne risqueras rien.
– Et… et s’il revient ? balbutia-t-elle. Si j’échoue encore une fois ? S’il s’en prenait aux enfants à cause de mon incompétence ?
– Ne dis pas de sottises, Ino ! s’exclama Kiba. Ce n’est pas ta faute si ce fou t’a agressée alors que tu étais enceinte ! Et puis, tu n’as rien à craindre pour les enfants, je les ai laissés chez Chôji avec Akamaru. Et, si tu décides de revenir, je te promets que je ne te laisserai jamais seule !
Kiba espérait que ces mots rassureraient Ino mais, au contraire, son regard s’attrista davantage.
– Toi aussi tu penses donc que je suis incapable de me battre contre ce type ?
Kiba recula d’un pas. Il ne s’attendait pas à cette question. Il savait que Ino avait été très susceptible étant jeune. A cette époque, ce détail l’avait d’abord irrité et, ensuite, il avait décidé de la taquiner. Cependant, à présent, c’était une autre histoire.
– Je t’en prie, Ino, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, fit-il d’un ton presque suppliant. Ce type est très fort, même moi je ne suis pas sûr de pouvoir le battre ! Tout est question de circonstances et de chance et, il faut bien l’avouer, tu n’as pas eu de chance. Il t’a prise par surprise, Ino, tu n’y es pour rien dans ton échec !
Sakura, collée contre le mur, observait de loin l’échange entre les deux époux. Kiba mettait tout son cœur et toute son âme pour essayer de raisonner sa femme. Son amour était tellement évident ! Sakura ne put s’empêcher de se demander si Sasuke en ferait autant pour elle. Il y avait une semaine encore, elle aurait répondu « non » sans hésiter mais, depuis le changement de comportement de son mari, elle se posait bien des questions.
– K-Kiba ?
La voix d’Ino était hésitante, sans doute à cause de la peur, et, pourtant, Sakura put y discerner une once d’espoir.
– Tu ne me laisseras jamais seule, c’est ça ?
– Je te le promets, répondit-il en retrouvant le sourire. Il y aura toujours quelqu’un avec toi, que ce soit moi ou un autre ninja. Jamais, tu m’entends, jamais ce type ne pourra plus te toucher ! Ni toi, ni les enfants !
A ces mots, il la reprit dans ses bras, comme pour appuyer ses dires. Ino se laissa aller, une fois de plus. L’expression de son visage montrait qu’elle réfléchissait à la proposition. Elle avait confiance en son mari, mais cela ne lui retirait pas toute sa peur.
– Je suis nulle, lâcha-t-elle subitement.
Surpris, Kiba s’écarta d’elle. Ino le regarda d’un air plus déterminé, plus sûre de ce qu’elle faisait.
– Je me morfonds sur mon sort alors que j’ai dû te blesser, reprit-elle. Et toi, tu ne montres rien du tout, tu es toujours là pour moi.
– Mais… Ino…, balbutia Kiba.
– Ne m’interromps pas ! Je n’ai pas cessé de me morfondre en me disant que j’avais perdu mon bébé et toi tu n’as fait que me consoler. Pourtant, je suis sûre que tu étais triste, mais, toi, tu es un bon ninja. Tu as appris à cacher tes sentiments.
Kiba baissa la tête, comme s’il avait été coupable. Ino avait raison. Il avait pleuré la mort de son enfant mais il l’avait fait seul, une fois enfermé dans sa chambre vide, alors que Iroshi et Tamiko dormaient déjà depuis un moment.
– Kiba, ajouta Ino en lui prenant la main. Je veux rentrer avec toi et être à tes côtés.
Kiba ne put s’empêcher de sourire à cette nouvelle. Ino ne s’était pas débarrassée de sa peur, mais avait décidé de la surmonter et il était prêt à l’y aider. Retenant ses larmes comme il avait si bien appris à le faire au cours de sa formation, il l’embrassa avant de l’aider à sortir du lit.
– Bien, nous allons te laisser t’habiller, annonça Sakura, soulagée. Prépare tes affaires et viens ensuite me rejoindre, j’aurais quelques papiers à te faire remplir avant que tu ne puisses définitivement partir.
Ino acquiesça et, à regret, Kiba suivit Sakura en dehors de la pièce.
– Kiba, tu pleures ? s’étonna celle-ci en refermant la porte.
– Quoi ? Mais non, n’importe quoi ! C’est… c’est Ino qui a pleuré sur moi !
Sakura ne put s’empêcher de sourire devant cette excuse. Kiba essayait de faire le dur mais, au fond de lui, il était très sensible. Elle ne put s’empêcher de penser qu’Ino avait bien de la chance. Avec lui à ses côtés, elle ne craignait plus rien.
Une fois Ino prête, Sakura s’occupa des formulaires à remplir. Puis, l’administration mise de côté, elle la laissa partir en compagnie de Kiba. Alors que le couple s’éloignait, elle se surprit à rêver d’une vie semblable mais secoua rapidement la tête. Sasuke ne s’était jamais montré tendre et il n’y avait aucune raison pour qu’il le devienne, malgré la petite voix dans sa tête qui lui criait le contraire.
Après une courte visite à Ayumi, Sakura entreprit de s’occuper du dossier de Hinata. Elle savait qu’aucun d’entre eux n’avait les éléments pour arrêter l’agresseur, mais elle avait au moins le pouvoir de le contrer en soignant ses victimes. Toute la journée, elle fut occupée entre prises de sang, consultations, radios et changement des pansements. En bref, il s’agissait d’une journée habituelle.
Vers six heures et demie, Sakura fut surprise de croiser Tenten dans le hall de l’hôpital. Cette dernière avait le teint blême et ses yeux regardaient dans le vague, signifiant que ses pensées l’avaient emportée au loin.
– Tenten ? Qu’est-ce que tu fais là ?
Entendant ces mots, Tenten releva la tête et fixa Sakura, presque surprise qu’elle soit là.
– Oh, heu… je…
Elle baissa la tête, comme apeurée. Sakura fronça les sourcils et vint s’asseoir près d’elle. Il n’était pas dans les habitudes de Tenten de se comporter de la sorte.
– Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. C’est Neji ?
– Oh, Neji, lui, il fait partie de l’équipe d’ANBU qui recherche Simaru. Je ne le vois plus beaucoup. Non, si je suis ici, c’est que je… je viens d’apprendre que je suis enceinte.
Sakura entrouvrit la bouche sous le coup de la surprise. Elle se souvenait parfaitement de la naissance d’Akili Hyûga, puisqu’elle s’en était elle-même chargée. Les heures de travail avaient été particulièrement pénibles et difficiles pour Tenten et Sakura se souvenait très bien de l’avoir prévenue : elle n’aurait peut-être plus d’autre enfant. L’entendre dire qu’elle était enceinte relevait du miracle.
– C’est vrai ? s’exclama Sakura. Mais c’est une excellente nouvelle, Tenten !
– En principe, oui, mais, avec ce fou qui court dehors, j’ai un peu peur… de finir comme Ino.
Sakura se mordit la lèvre inférieure. Tenten était enfin enceinte et les temps se révélaient durs pour la première fois depuis de nombreuses années. Décidément, cet agresseur avait trouvé le moyen de pourrir la vie de chacun d’entre eux. Même ceux qui n’avaient pas participé à la mission contre l’Akatsuki étaient concernés de près ou de loin par cette affaire. Cela avait commencé avec Hinata, puis tous les ANBU qui se voyaient surchargés de travail, Kakashi qui s’en voulait pour ses élèves et, à présent, Tenten qui prenait peur. Ne les laisserait-il donc jamais en paix ? Cela faisait exactement six jours que cette affaire avait commencé et, pourtant, Sakura avait l’impression qu’ils vivaient ainsi depuis des mois.
– Neji est au courant ? demanda-t-elle subitement.
– Non, je viens d’apprendre la nouvelle et je n’ai pas eu le temps de l’en informer, répondit Tenten. Et puis, il passe tellement peu de temps à la maison que je ne sais même pas quand je pourrai le lui dire !
– Je comprends. Tu veux venir chez moi ce soir ?
Tenten sembla réfléchir avant d’accepter. Sa fille, Akili, était partie en mission avec son instructeur, ce qui l’arrangeait étant donné les circonstances, et elle avait besoin de se changer les idées. Sakura, elle, était satisfaite car non seulement elle rendait service à Tenten, mais en plus elle ne rentrerait pas seule.
Elle se leva en annonçant qu’elle allait se changer. Lorsqu’elle sortit des vestiaires, elle fut surprise d’apercevoir Temari. Cette dernière marchait en traînant des pieds, l’air soucieux. Sakura n’osait pas imaginer dans quel état elle devait se trouver. Simaru avait disparu depuis à présent cinq jours. A sa place, Sakura serait sans doute devenue folle d’angoisse, mais Temari connaissait sa propre forme de folie : elle avait perdu toute énergie, toute vitalité, toute volonté et cela était en somme beaucoup plus inquiétant qu’une crise d’angoisse. La plus forte des kunoichis de sa génération ne réagissait plus comme avant.
– Temari, tout va bien ?
Celle-ci releva la tête en entendant son nom.
– Ah, salut Sakura ! répondit-elle en tentant de mettre un peu d’entrain dans sa voix. Heu… oui, enfin, ça pourrait aller mieux.
– Tu veux venir à la maison ce soir ? proposa Sakura. Il y aura Tenten aussi. Je ne sais pas quand rentrera Sasuke, mais il veut que j’aie de la compagnie, alors ça ne le dérangera pas !
– Oui, je veux bien. De toute façon, je n’ai personne qui m’attend chez moi.
Sakura se mordit la lèvre une seconde fois, comme si elle avait à nouveau gaffé. Décidément, tout allait mal autour d’elle. Effectivement, Temari était sans doute la plus seule de tous. Shikamaru passait son temps à tout mettre en œuvre pour retrouver leur fils et ils n’avaient pas d’autre enfant. Ce que Sakura ne comprenait toujours pas, c’était pourquoi Temari n’accompagnait pas les équipes de recherche, mais cela, elle n’osait pas lui demander de peur de la blesser. D’ailleurs, elle n’aurait jamais cru qu’un jour elle craindrait de blesser Temari.
Finalement, les deux femmes se rendirent dans le hall où Tenten les attendait.
– Temari ? s’étonna celle-ci. Qu’est-ce que tu fais là ?
– J’étais venue rendre visite à Hinata, expliqua-t-elle. Elle m’a dit qu’elle avait encore un peu de mal lorsqu’elle bougeait les bras, mais ça va bien mieux dans l’ensemble.
– Je crains que Hinata ne garde longtemps les séquelles de son combat, intervint Sakura. Le coup qui a été infligé à ses nerfs était violent. C’est une chance qu’il n’ait pas tué ses cellules nerveuses, sinon je pense qu’elle aurait été paralysée à vie.
Tenten ne put s’empêcher de ravaler sa salive. Cette histoire de fou dangereux maniant les éclairs avec une expertise hors du commun lui faisait vraiment peur. Pourtant, ce n’était pas dans ses habitudes, elle s’était toujours montrée courageuse, mais savoir qu’il s’attaquait aux proches l’angoissait réellement.
Finalement, les trois femmes quittèrent l’hôpital et se dirigèrent vers le quartier des Uchiwa. Sakura était heureuse de pouvoir y amener des amies, car il lui semblait que cela réchauffait les lieux. Ce n’était pas avec Sasuke qu’elle faisait la fête tous les soirs.
– Allez-y, faites comme chez vous, annonça-t-elle en entrant. Je vais nous faire du thé, ça nous réchauffera.
Tandis que ses deux invitées s’installaient autour de la table basse du salon, elle entra dans la cuisine et jeta un coup d’œil à l’horloge. Il était déjà dix-neuf heures. Sasuke n’était pas rentré, sans doute était-il parti chercher les garçons.
Quelques minutes plus tard, elle revint dans le salon, des tasses et une théière disposées sur un plateau. Cherchant à se distraire, les trois femmes commencèrent à bavarder de tout et de rien. La plus silencieuse restait cependant Temari, sans doute trop préoccupée au sujet de son fils pour se détendre.
– Il est déjà tard ! s’exclama Sakura en s’apercevant que la nuit était tombée. Mais que fait Sasuke ?
– Shikamaru m’a dit qu’ils avaient une autre réunion importante ce soir, prévint Temari. Elle a sûrement dû durer plus longtemps que prévu.
– Oui, mais, en attendant, Tuwe et Matsuo sont encore à l’Académie à cause de ça, soupira Sakura.
Alors qu’elle disait ces mots, un grésillement se fit entendre. Les trois femmes levèrent les yeux au plafond. La lumière clignota durant quelques secondes puis s’éteignit brusquement.
– Oh, et puis il ne manquait plus qu’une panne d’électricité ! pesta Sakura. Ne bougez pas, je vais voir.
Elle se leva et s’apprêta à quitter la pièce, mais son geste fut arrêté par une main ferme sur son poignet.
– Sakura, attends ! s’exclama Tenten.
– Quoi ? Qu’y a-t-il ?
Tenten ne répondit pas immédiatement. Sakura comprit à la force de sa poigne qu’elle était tendue, aux aguets.
– Quand Ino a été agressée, le courant avait également été coupé.
Sakura comprit immédiatement. Quelle ironie du sort ! Elle avait désiré affronter cet homme durant toute la journée et, à présent, elle n’était pas sûre d’être prête. L’agresseur était-il là, dans la pièce, ou rôdait-il autour de la maison ? Elle sentit l’appréhension monter en elle. Elles étaient trois, allait-il réellement oser attaquer ? Heureusement, les garçons étaient encore à l’Académie, mais que faisait Sasuke ?
– Tenten, Temari ! En position de défense !
Aussitôt, les deux femmes obéirent et elles se retrouvèrent toutes les trois dos à dos, formant ainsi un triangle parfait.
– Vous croyez qu’il est vraiment ici ? demanda Temari qui semblait avoir retrouvé sa détermination.
– Il y a de fortes chances, assura Tenten en ravalant sa salive.
Durant quelques minutes, le silence s’imposa. Les trois femmes, les muscles tendus, prêtes à réagir au moindre bruit suspect, ne cessaient de jeter des regards dans la pénombre. Il était difficile d’y distinguer les différents meubles du salon, mais un mouvement était aisément perceptible.
Soudain, un bruit d’air siffla quelque part et, très rapidement, de la fumée envahit la pièce.
– Un fumigène ! s’exclama Tenten. Baissez-vous les filles !
Aussitôt, Sakura et Temari se retrouvèrent accroupies. D’un geste vif et précis, Tenten fit surgir un parchemin d’invocation. Des dizaines de kunais volèrent vers les quatre coins de la pièce.
Le silence retomba mais la fumée ne se dissipait pas. Lentement, Sakura et Temari se relevèrent toujours sur leurs gardes. Une voix d’homme se mit à ricaner :
– Bien tenté, mes jolies, mais ce ne sera pas suffisant !
Ces paroles leur glacèrent le sang. Une lueur bleue apparut alors de l’autre côté de la fumée.
– Tenten, à droite ! cria Sakura.
Aussitôt, des kunais filèrent vers la lueur bleue. Celle-ci s’éteignit aussitôt.
– Manqué ! s’exclama l’homme.
A peine avait-il prononcé ces mots, qu’un éclair jaillit sur leur gauche. Temari cria de douleur.
– Temari ! hurla Sakura. Temari, qu’est-ce qui se passe ?
Elle n’eut pas le temps d’entendre la réponse. Elle reçut un coup dans la nuque et ses jambes furent fauchées presque immédiatement. Surprise, elle tomba à terre. Un poids immense vint l’écraser.
– Tenten ! Temari ! s’écria-t-elle. Il est là, il est sur moi !
Aussitôt, une ombre se jeta sur l’agresseur et Sakura le sentit rouler à côté d’elle. Etait-ce Tenten ou Temari qui l’avait sauvée, elle n’en avait aucune idée. Les deux ombres se battirent quelques centimètres plus loin. Sakura, décidée à aider ses amies et à écraser cette ordure une bonne fois pour toutes, se releva, brandit un poing rempli de chakra et se précipita vers elles. Alors qu’elle allait toucher sa cible, elle reçut un nouveau coup à l’arrière du crâne. La douleur se fit intense, comme une brûlure lui dévorant la peau. Elle se vit tomber à terre. Sa tête se rapprocha du sol, irrémédiablement. Elle tomba comme une masse inerte, puis ce fut le noir complet.
A côté de Sakura, Tenten tomba à son tour, inconsciente et vaincue par son adversaire. La fumée se dissipa peu à peu, laissant apparaître un homme roux, les yeux bleus emplis de satisfaction. Il souriait, jouissant sans doute de sa vengeance.
– Merci, Fuyuko, lâcha-t-il. Je ne sais pas si je serais venu à bout seul de celles-là.
– Ce fut un plaisir, répondit une femme à ses côtés. Que comptes-tu faire ?
L’homme jeta un coup d’œil aux kunoichis à ses pieds. Son regard s’attarda sur Sakura.
– L’Uchiwa, c’est celle aux cheveux roses ?
– Oui, en effet.
– Alors je l’embraque. Pour la Nara, on continue à respecter le plan. Ah, et il serait dommage que la Hyûga parle, si elle t’a vue.
– Je ne pense pas qu’elle m’ait vue, je n’ai moi-même pas vu son visage pendant qu’on se battait, mais il vaut mieux en effet ne pas prendre de risque.
A ces mots, Fuyuko dégaina un kunai. Pendant ce temps, l’homme prit Sakura sur son dos et s’approcha de la fenêtre.
– Oh, fais attention, ajouta-t-il. J’ai comme l’impression qu’ils sont plus intelligents que prévu. Voilà la cavalerie qui s’amène ! Si tu la tues, ils vont suspecter ta présence.
– Pourquoi donc ? répliqua la femme avec un air dédaigneux.
– Parce que tu ne tues pas de la même façon que moi !
Sur ce, l’homme disparut dans un nuage de fumée. Fuyuko jura et planta son kunai. Elle avait tout de même trouvé le moyen de faire taire la Hyûga.
*
Dans le bureau de Tsunade, se déroulait la seconde réunion importante de la journée. Sasuke, Kiba et Shikamaru avaient été réunis à la suite d’une découverte des plus étranges : un bandeau frontal.
– Bon, on résume ! ordonna Tsunade. Le groupe d’ANBU a trouvé le bandeau frontal dans les environs de dix-huit heures. Il n’y avait aucune piste autour et ils ont fait des recherches dans un rayon de cinq cent mètres. Il n’y a ni trace de cachette éventuelle, ni autre trace de présence humaine. Aucun ninja n’ayant perdu son bandeau frontal depuis les dix derniers jours, nous pouvons supposer que ce bandeau appartenait à Simaru.
– Et vous avez oublié de préciser que cela fait une heure qu’on traîne là-dessus, ajouta Kiba d’un air exaspéré.
– Merci de ton commentaire, répliqua Tsunade, sarcastique. Ensuite, Shikamaru nous a fait remarqué qu’il est étrange que le bandeau n’ait été retrouvé qu’aujourd’hui alors que les recherches durent depuis cinq jours. Donc, soit les ANBU sont une bande d’incompétents, soit Simaru l’a perdu aujourd’hui, ce qui signifierait qu’il s’est échappé. Mais, dans ce cas, comment a-t-il fait pour perdre son bandeau ?
A ces mots, Tsunade croisa ses mains sous son menton, signe qu’elle réfléchissait. Le silence tomba sur la pièce mais, plus il durait, plus la Hokage semblait énervée.
– Ah, il m’énerve ce type ! s’écria-t-elle brusquement. Pourquoi faut-il qu’il vienne ainsi nous compliquer la vie ?
Alors qu’elle frappait son bureau, la porte s’ouvrit brusquement. Tel une tornade, Naruto déboula dans la pièce et se planta devant la Hokage.
– Mamie Tsunade ! s’écria-t-il. Pourquoi je n’ai pas été invité à cette réunion ? Je vous rappelle que ce fou s’en est pris à Hinata !
– NARUTO ! hurla Tsunade en se levant brusquement. On a déjà conclu que Hinata n’était pas visée et qu’elle a été blessée parce qu’elle tentait de protéger Simaru ! Les derniers souvenirs qu’elle a retrouvés le prouvent ! En conséquent, cette affaire ne te concerne pas directement ! Quand ta femme sera en état de se battre contre son agresseur, alors, elle sera concernée !
– Mais Mamie Tsunade, je viens défendre les intérêts de Hinata !
Epuisée, Tsunade retomba dans son fauteuil. Elle le savait, quand Naruto voulait quelque chose, il ne démordait pas facilement. Elle s’en était aperçue dès le début, du temps où il la harcelait pour qu’elle lui ordonne de retrouver Sasuke.
– Oh, reste, si ça peut te faire plaisir ! lâcha-t-elle, exaspérée. Avec un peu de chance, tu auras un éclair de génie !
– Parfait ! s’exclama Naruto. De quoi parliez-vous ?
– Du bandeau frontal de Simaru qu’on a retrouvé aujourd’hui dans la forêt, expliqua Shikamaru en pointant l’objet en question posé sur le bureau de Tsunade. Nous nous demandions comment ce bandeau aurait atterri là en supposant que Simaru se soit échappé.
Naruto fixa quelques secondes le bandeau, les sourcils froncés.
– Bah, c’est évident ! s’exclama-t-il subitement. Simaru a laissé son bandeau pour qu’on le retrouve !
Shikamaru dévisagea Naruto comme si celui-ci se moquait de lui.
– Mon fils est bien plus futé que ça ! s’indigna-t-il. Il sait très bien que, s’il s’est échappé, ses ravisseurs seront eux aussi à sa poursuite ! Il n’aurait jamais laissé une preuve aussi évidente !
Naruto, comprenant, baissa les yeux. Shikamaru, lui, alla s’asseoir dans un coin de la pièce et joignit ses mains. Kiba et Sasuke le fixèrent d’un air intéressé. Ils savaient que c’était la pose qu’il utilisait pour se concentrer. Quelques minutes plus tard, il finit enfin par parler :
– Nous nous retrouvons face à deux cas possibles. Soit Simaru s’est échappé et, dans ce cas, il a perdu accidentellement son bandeau frontal. On pourrait alors se demander pourquoi il l’a perdu.
– Et l’autre cas ? demanda Tsunade, intéressée.
– L’autre cas, celui pour lequel je penche, c’est que c’est bien le bandeau de Simaru, mais que ce n’est pas pour autant lui qui l’a laissé en pleine forêt. C’est son agresseur lui-même.
D’un même geste, Naruto, Kiba et leur Hokage écarquillèrent les yeux. Sasuke, lui fronça les sourcils. Si ce que disait Shikamaru était vrai, la situation devenait inquiétante.
– Mais alors, ce bandeau serait une fausse piste ! s’exclama Tsunade.
– J’ai bien peur que oui, répondit Shikamaru. Le problème c’est que cette piste ne nous a conduits à rien : pas de piège, pas d’embuscade, rien ! C’est à croire qu’ils se moquent de…
Shikamaru ne termina pas sa phrase. Ses yeux s’agrandirent alors que la réponse lui apparaissait clairement à l’esprit. Aussitôt, il bondit sur ses pieds et se tourna vers ses coéquipiers.
– Kiba, où sont Ino, Tamiko et Iroshi ? demanda-t-il.
– Eh bien, ils sont à la maison, avec Shino et Akamaru, répondit Kiba, tout à coup devenu pâle.
– Très bien, Sasuke, où est Sakura ?
– Soit à l’hôpital, soit à la maison mais, dans ce cas, elle n’est pas seule.
– Ah, Sakura ? intervint Naruto. Je l’ai aperçue tout à l’heure, elle rentrait chez elle avec Tenten et Temari, je crois.
Les regards de Shikamaru et Sasuke se croisèrent. Ils avaient tous les deux compris.
– Merde ! pesta Shikamaru. Le bandeau est destiné à attirer notre attention pendant que l’agresseur agit. Par contre, je ne sais pas où il va frapper. Kiba, Naruto, allez vite voir Ino ! Sasuke, viens avec moi, on va chez toi !
Les trois autres ninjas acquiescèrent. La situation était grave, il n’y avait pas à discuter. Ils sortirent en courant du bureau de Tsunade tandis que cette dernière s’occupait d’alerter les forces spéciales.
Une fois sortis de la tour, Naruto et Kiba filèrent vers la maison des Inuzuka. Pendant ce temps-là, Sasuke et Shikamaru coururent vers le quartier Uchiwa. A peine arrivés, ils remarquèrent que la porte était grande ouverte. Shikamaru jura et se précipita à l’intérieur.
– Temari ! appela-t-il en tentant de dissimuler son angoisse. Temari, tu es là ?
Sasuke entra à sa suite et fronça les sourcils. La pièce empestait encore le fumigène. Il n’y avait pas un seul mouvement.
– Merde, je crois qu’on est arrivé trop tard, pesta Shikamaru en examinant les kunais plantés dans les murs.
Son regard fut alors attiré par un mince filet de sang. Le liquide rouge coulait sur le parquet, le teintant d’une façon inquiétante. Voulant remonter à sa source, Shikamaru contourna la table et se figea : les corps de Tenten et de Temari gisaient à ses pieds.
– Tenten, Temari ! appela-t-il. Répondez-moi !
Alors qu’il tentait de réveiller les deux femmes, Sasuke inspecta le reste de la pièce. Cependant, sa recherche fut vaine : il n’y avait aucune trace de Sakura.
– Sasuke, viens, il faut que tu m’aides à les transporter à l’hôpital, intervint Shikamaru en se reprenant. Tenten a une entaille profonde au niveau de la jambe.
En effet, une tâche rouge avait souillé le pantalon de Tenten et le liquide se répandait dans le salon, comme l’annonce d’un mauvais présage.
– Sakura n’est pas là, fit remarquer Sasuke.
Shikamaru leva les yeux et acquiesça avec gravité. Sakura avait effectivement disparu.
– Je suis désolé, Sasuke. J’aurais dû prévoir ce coup, la ruse était trop bête.
– Ce n’est pas ta faute, assura Sasuke. Viens, on va les emmener à l’hôpital.
A ces mots, il se baissa et prit le corps de Tenten dans ses bras. Cette dernière avait les yeux fermés, mais balbutiait des mots incompréhensibles. Sasuke pensa qu’elle délirait. Shikamaru, lui, prit le corps de Temari contre lui. Comment ce salaud, après lui avoir retiré son fils, pouvait-il s’en prendre à sa femme ? Contractant sa mâchoire de rage, il se releva et suivit Sasuke hors de la maison.
*
Sasuke revint deux heures plus tard, en compagnie de ses deux fils. Ces derniers étaient plongés dans un mutisme impénétrable, semblable à celui de leur père. Ils avaient déjà été perturbés par l’agression de leur sœur, mais la nouvelle de l’enlèvement de leur mère avait eu l’effet d’un véritable choc, si bien que les mots restaient en travers de leur gorge. Matsuo serrait la main de son père en tremblant de peur. Sasuke avait essayé de les rassurer, mais il savait que Sakura était bien plus douée que lui pour cela. Seulement, à présent, elle n’était plus là.
Lorsqu’ils entrèrent dans la maison, un silence froid y régnait. D’habitude, ils auraient trouvé Sakura préparant le repas et Ayumi les attendant avec impatience mais les deux filles de la maison avaient été touchées par un dangereux criminel.
– Vous avez déjà mangé, les garçons ? demanda Sasuke.
– Oui, répondit Tuwe, Iruka-sensei nous a offert le repas.
– Dans ce cas, montez vous coucher, s’il vous plait.
Sans chercher à discuter, Tuwe prit la main de son frère et l’entraîna en haut des escaliers. Sasuke se sentit soulagé. Il ne voulait pas que ses fils découvrent le carnage qui régnait encore dans le salon.
Lorsqu’il y entra, il entreprit d’abord de ramasser chacun des kunais plantés dans les murs de la pièce. Pour qu’il y en ait autant, cela ne faisait aucun doute que Tenten avait participé au combat. Ensuite, il essuya le sang qui avait séché sur le bois. Il remarqua alors les traces de combat sur le sol et s’imagina un instant sa femme se débattant pour échapper à son agresseur. Cette vision lui fit serrer les poings et une pointe glacée vint lui étreindre le cœur. Il avait envie de tenir le cou de l’homme entre ses mains et de pouvoir le briser à sa guise, comme une petite brindille.
Lorsque le salon fut à peu près propre, Sasuke alla directement se coucher. Il n’avait pas mangé, mais les événements lui avaient coupé l’appétit. Il s’allongea sur son lit en fixant le plafond.
La chambre ne lui avait jamais parue aussi froide. A présent qu’elle n’était plus là, il s’apercevait à quel point la présence de Sakura rendait cette maison plus joyeuse. Son regard s’attarda sur la place vide à ses côtés. Les seules fois où il avait dormi seul, c’était lorsque sa femme partait en mission ou alors quand elle était en service de nuit à l’hôpital mais, cette fois-ci, Sakura n’était pas partie de son plein gré. Il ne savait ni où elle était, ni comment elle allait. Cette pensée le fit frissonner malgré lui. Pourquoi lui, le grand Sasuke Uchiwa, sentait-il soudain l’inquiétude le rattraper ? Il fallait croire qu’au fil des années la glace avait cédé.
Je te retrouverai, Sakura. Je te le promets.
Sasuke sentit qu’il devait cette promesse. Sakura avait accepté de l’épouser, elle était devenue un membre de sa famille et, depuis le massacre des siens, il avait juré de protéger sa famille. Sur cette pensée, Sasuke ferma les yeux et laissa la fatigue l’emporter. La journée du lendemain promettait d’être longue et fatigante.