Lorsque Sakura rentra enfin chez elle, elle s’effondra comme une masse dans le premier fauteuil venu. Elle était épuisée, après avoir passé deux jours sans dormir. A peine Sasuke l’avait-il ramenée chez eux que Tsunade l’avait faite appelée en urgence à l’hôpital. Sakura avait été anéantie par la nouvelle de l’agression de Hinata mais avait été bien forcée de faire bonne figure et de se précipiter vers les soins intensifs.
Durant deux longues journées, elle avait été partagée entre la réanimation de Hinata et la guérison d’Ino. Cette dernière restait, malgré les visites régulières de Kiba, de ses enfants et de ses amis, inconsolable face à la perte de son bébé. Sakura avait passé des heures entières à l’écouter, sans rien dire. Elle savait que les mots étaient inutiles. Ino n’attendait pas d’elle qu’elle lui parle, ni même qu’elle l’écoute. Elle voulait juste une présence car elle refusait de rester seule face à son malheur incurable.
Quant à Hinata, il semblait qu’une puissante impulsion électrique lui ait endormi les nerfs de la colonne vertébrale. Tsunade en avait alors conclu que sa patiente était tout à fait consciente de ce qui se passait mais complètement incapable de réagir. Il avait alors fallu procéder à la réanimation de chacun de ses nerfs par l’utilisation du chakra. C’était sans doute cette étape qui avait épuisé les dernières forces de Sakura.
A présent, Hinata était à nouveau capable de bouger et Naruto et Neji veillaient sur elle tour à tour. Sakura s’était donc résolue à rentrer. De toute façon, elle avait atteint un niveau de fatigue qui l’empêchait de travailler correctement.
– Ah, tu es là.
Elle réagit à peine en reconnaissant la voix de Sasuke. Sa tête dodelinait et elle avait du mal à garder les yeux ouverts.
– Tu ne devrais pas te reposer ici, les garçons vont arriver d’une minute à l’autre et ils vont se jeter sur toi, prévint-il de sa voix toujours aussi grave sans la moindre intonation.
Sakura acquiesça et commença à se lever mais, à peine avait-elle quitté le fauteuil, que ses jambes l’abandonnèrent. Elle les sentit se dérober sous elle, comme si son propre poids était devenu trop lourd à porter. Sasuke la rattrapa juste avant qu’elle ne s’effondre au sol.
– Sasuke…
Ce fut tout ce que Sakura parvint à dire, tant la surprise la laissa perplexe. Elle sentit alors une douce chaleur réconfortante l’envelopper progressivement. Elle avait rarement été aussi proche de son mari. Bien sûr, ils avaient déjà eu des rapports bien plus intimes mais, lorsque Sasuke lui avait fait l’amour, c’était avec tant de froideur et tant de distance qu’elle se sentait mal rien qu’en y pensant.
Cette fois-ci, il la serrait contre lui et, même si ce n’était que pour l’empêcher de tomber, ce geste lui sembla plus doux que toutes les fois où ils s’étaient unis. Elle sentit qu’il la soulevait et la portait jusqu’à leur chambre. Il l’allongea sur le lit et s’assit sur le bord. Elle comprit alors qu’il voulait simplement discuter. Il fallait vraiment qu’elle empêche ses émotions de prendre le dessus au moindre contact.
– Comment vont Hinata et Ino ? demanda-t-il au bout de quelques minutes de silence.
– Elles se remettent physiquement mais leur moral est au plus bas. Ino est effondrée à cause de la mort de son bébé et Hinata s’en veut pour la disparition de Simaru.
– Et l’agresseur ? On a une idée sur son identité ?
– Non, aucune. Hinata a été incapable de le décrire.
Sasuke acquiesça et, finalement, sortit de la chambre. Sakura le regarda partir avec une pointe de regret. Si Ino et Hinata avaient le droit au réconfort de leurs maris, elle devait se contenter du peu de chaleur qu’offrait le lit conjugal.
*
Pendant ce temps, dans le bureau de la Hokage, l’agitation régnait plus que jamais. Face à leur supérieure, Kiba et Shikamaru ne démordaient pas.
– Non, je n’ai aucun indice à vous fournir ! répéta Tsunade en cachant tant bien que mal son exaspération. Nous ne savons rien de ce type, mis à part qu’il semble avoir une affinité pour les techniques Raiton.
– Ce n’est pas suffisant ! s’écria Kiba en tapant du poing sur le bureau. Je vous rappelle que ce salaud a tué mon enfant !
– Et il a enlevé mon fils ! ajouta Shikamaru avec une ardeur qu’on ne lui connaissait pas.
Tsunade soupira un instant. Cela faisait bien une heure que Kiba et Shikamaru avaient débarqué dans son bureau et la conversation tournait en rond sans pouvoir s’arrêter.
– Je sais tout ça, répliqua-t-elle. Les ANBU sillonnent les alentours et ils me préviendront s’ils trouvent la moindre trace.
– Ce n’est toujours pas suffisant ! insista Shikamaru. Ça fait deux jours qu’on est dessus et nous n’avons toujours rien trouvé ! Ce type aura le temps de tuer cent fois Simaru s’il le veut !
– Mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse de plus ? s’énerva Tsunade. Je suis désolée, mais je suis Hokage, pas Kami-sama en personne !
A ce moment-là, la conversation fut interrompue par un bruit de fracas. Kiba et Shikamaru se retournèrent, étonnés. Derrière eux, Naruto venait d’ouvrir la porte d’un coup de pied.
– Mamie Tsunade ! s’écria-t-il. Il faut faire quelque chose pour l’agresseur de Hinata !
Tsunade enfonça ses doigts dans le bois du bureau, sans doute pour s’empêcher de frapper les trois ninjas face à elle. Certes, elle comprenait leur inquiétude, en particulier celle de Shikamaru, mais la situation commençait à l’énerver au plus au point.
– Bon, vous allez m’écouter tous les trois attentivement, commença-t-elle en employant un ton aussi calme que possible, tout en les pointant tous les trois du doigt. Vous êtes des ninjas de Konoha ! Vous allez arrêter de vous laisser porter bêtement par vos impulsions et essayer de réfléchir sainement à la situation ! Nous n’avons aucun indice concernant cet homme et cela pourrait être n’importe qui. Nous ne savons pas non plus où a été emmené Simaru mais j’ai réquisitionné tous les ANBU disponibles pour se lancer à sa recherche. Vous conclurez donc que je fais le maximum pour régler cette affaire, alors maintenant SORTEZ !
Les trois ninjas restèrent un instant sans bouger, sans doute impressionnés par la puissance vocale de leur Hokage. Malgré les années, celle-ci n’avait rien perdu ni de sa force ni de sa beauté. Naruto désespérait d’ailleurs qu’un jour elle lui laisse enfin la place.
Le choc passé, ils se retournèrent et s’apprêtèrent à quitter les lieux mais Sasuke entra à ce moment-là, les coupant dans leur élan.
– Sasuke, si c’est pour une réclamation, ce n’est pas le moment, soupira Tsunade en le fixant d’un air méfiant.
– Je ne viens pas réclamer quoi que ce soit, répondit-il d’un ton neutre. Je viens m’informer de l’avancement de l’enquête.
– Eh bien, elle n’avance pas ! répliqua Tsunade. Franchement, je ne vois pas qui pourrait en avoir après Hinata, Ino et Simaru en même temps !
– Justement, je ne pense pas que cet homme en avait après Hinata.
D’un coup, le silence s’abattit dans le bureau. Tous fixèrent Sasuke en attendant ses explications.
– Quoi ? s’exclama Naruto. Tu veux voir dans quel état est Hinata ?
– Je sais dans quel état elle est, répliqua Sasuke. Je pense que l’unique cible était Simaru. Hinata a voulu le protéger et c’est pour cela qu’elle a été blessée.
– Ton hypothèse se tient, avoua Tsunade, mais il est impossible de la confirmer pour le moment. Le choc a causé des troubles de mémoire chez Hinata et elle ne se souvient de rien concernant son agression, hormis la présence de Simaru et d’une ombre noire. Et puis, je ne vois pas pourquoi cet homme s’en prendrait à un enfant innocent !
– Mais ce n’est pas à Simaru qu’il en voulait.
– Quoi ? s’exclama Tsunade. Sasuke, ton raisonnement me semble de plus en plus incohérent !
– Non, il a raison, intervint Shikamaru.
Cette fois-ci, les regards se tournèrent vers ce dernier. Sasuke eut un maigre sourire, songeant que l’homme au plus grand QI de Konoha avait sans doute déjà compris la situation.
– A travers l’enlèvement de Simaru, c’est moi et Temari que l’agresseur veut atteindre expliqua celui-ci. Maître Tsunade, laissez-moi m’occuper de la section chargée des recherches !
Tsunade soupira. Elle s’était doutée de ce qui se tramait mais n’avait pas osé y penser. La situation commençait à s’aggraver.
– Si ça peut faire en sorte de te calmer, j’accepte, concéda-t-elle. Mais vous pensez que c’est la même chose pour Ino ?
– Non, Ino était vraiment visée puisque, d’après ses dires, il l’a attaquée directement, répondit Shikamaru. Ceci dit, elle nous a également expliqué que l’homme a aussi voulu s’en prendre aux enfants. C’est bien ça, Kiba ?
Ce dernier, encore trop ému par l’agression de sa femme pour en parler, se contenta d’hocher la tête. Tsunade observa tour à tour les quatre ninjas qui lui faisaient face. Ils semblaient de plus en plus convaincus.
– Très bien, soupira-t-elle. Ce n’est qu’une hypothèse mais c’est mieux que rien. Nous orienterons donc en priorité les recherches vers des personnes qui pourraient en vouloir à Shikamaru, Temari et Kiba. Par contre, restez sur vos gardes, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver !
Les quatre ninjas acquiescèrent et sortirent du bureau. Tsunade soupira de soulagement. Cette affaire était préoccupante et lui puisait toute son énergie. Enfin, elle allait pouvoir trouver un peu de repos.
*
Lorsque Sakura se réveilla, elle n’ouvrit pas immédiatement les yeux. Elle sentait les rayons du soleil qui venaient caresser sa peau et la sensation lui apportait un bien-être inespéré. Il lui suffit d’allonger le bras pour comprendre que Sasuke était déjà levé. Elle s’aperçut alors qu’elle n’avait aucune notion de l’heure. Elle se souvenait juste d’être rentrée en plein après-midi et de s’être écroulée de fatigue, après une courte discussion avec son mari.
Finalement, elle ouvrit les yeux et jeta un coup d’œil à son réveil. Il était dix heures du matin. Apparemment, elle avait dormi toute la soirée de la veille, mais elle en avait vraiment eu besoin. A présent parfaitement réveillée, elle décida de se lever.
Sakura alla d’abord prendre une douche. La fraîcheur de l’eau l’aida à purifier ses idées. Les évènements récents avaient été si bouleversants qu’elle avait besoin de mettre les choses au clair. Puis, rassérénée, elle commença à s’habiller tout en imaginant ce qu’elle ferait durant la journée. Tout d’abord, il fallait qu’elle se rende à l’hôpital pour s’occuper d’Ino et de Hinata. Bien que leur état se soit amélioré, les deux femmes avaient été mises en observation. Ino était encore fragile à cause de la perte brutale de son bébé et le système nerveux de Hinata avait subi de sérieuses séquelles qui devaient être surveillées de près.
Sakura entra donc dans le salon avec l’intention de prendre rapidement son petit déjeuner mais une voix l’arrêta :
– Ah, tu es enfin réveillée.
Elle sursauta en reconnaissant là le ton neutre de Sasuke. Il était assis dans un fauteuil noir, les bras croisés, le regard déterminé. Il se confondait si bien avec la couleur du meuble qu’elle ne l’avait même pas remarqué.
– Que fais-tu là ? demanda-t-elle. Je pensais que tu devais aller t’entraîner.
– C’est vrai, admit-il. Mais j’ai eu une discussion hier avec Tsunade et certaines choses ont changé.
A ces mots, il se leva et s’approcha de Sakura. Celle-ci sentit son angoisse lui saisir la gorge. Sasuke, qui était pour elle le symbole de la sérénité absolue, paraissait très préoccupé, comme à la veille de sa mission rang S. Voyant qu’elle attendait la suite, il commença à lui exposer la situation :
– Sakura, les deux agressions visaient à affaiblir Shikamaru, Temari et Kiba. Si on exclut Temari, cela laisse Shikamaru et Kiba. Or, la première agression a eu lieu précisément la veille de notre retour.
– Que veux-tu dire ? demanda Sakura, de plus en plus inquiète.
– Je veux dire qu’il y a des chances pour que je sois le prochain visé. Sakura, je ne veux pas que tu me quittes d’un pas, c’est compris ?
Sakura sentit ses mains trembler. Atterrée par la nouvelle, elle se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche.
– Et… et les enfants ? balbutia-t-elle.
– Tuwe et Matuso sont à l’Académie, je fais confiance à Iruka. Quant à Ayumi, elle est à son rendez-vous avec Kakashi.
Sakura acquiesça, quelque peu rassurée. Sasuke semblait avoir pris les choses en main, les enfants étaient donc en sécurité. Cependant, les mesures qu’il prenait pour elle l’intriguaient. Elle n’aurait jamais imaginé qu’un jour il puisse devenir son garde du corps.
– Qu’as-tu à faire, aujourd’hui ? demanda-t-il.
– Je dois aller à l’hôpital, mais il faut d’abord que j’avale quelque chose.
Sasuke acquiesça et ils se dirigèrent ensemble vers la cuisine. L’ambiance qui régnait entre eux était pesante, encore bien plus que d’ordinaire. Tous les deux soucieux pour leurs enfants, ils étaient constamment sur leurs gardes. De plus, Sakura se sentait troublée par les attentions de Sasuke. Depuis qu’il était revenu et que cette affaire avait commencé, il paraissait beaucoup plus doux et cela, d’un certain côté, lui réchauffait agréablement le cœur.
Sakura secoua la tête pour chasser cette pensée. Combien de fois avait-elle espéré en vain un élan de tendresse de la part de son mari ? Elle ne devait pas se créer d’autres fantasmes ou sa déception serait immense, comme au jour de la demande en mariage.
Alors qu’elle mangeait, Sasuke demeura silencieux à ses côtés. Néanmoins, le calme de la maison fut perturbé par quelques coups frappés à la porte. Sakura se figea et jeta un coup d’œil à son mari en se demandant ce qu’elle devait faire.
– Je vais ouvrir, décida-t-il en se levant brusquement.
Anxieuse, Sakura ne put s’empêcher de le suivre dans le salon. Lorsqu’il ouvrit prudemment la porte, elle soupira de soulagement. Ce n’était que Temari.
– Bonjour Sasuke, le salua celle-ci d’une voix si petite que Sakura n’en crut pas ses oreilles. Je viens parler à Sakura.
– Hn. Entre, Temari.
Temari le remercia et s’avança. Sakura, elle, fronçait les sourcils. Elle n’était pas à l’aise. Où était donc passée Temari la battante, la plus vive des kunoichis, l’élément fort du village ? La Temari qui se trouvait à présent chez elle lui semblait vide de toute expression, comme si son esprit avait changé. La disparition de Simaru l’avait apparemment bien plus bouleversée qu’elle ne le pensait.
– Temari, tu es sûre que ça va ? demanda-t-elle, inquiète.
– Heu… oui, moi ça va, mais, pour Shikamaru et Simaru…
Sakura acquiesça, comprenant la situation. Elle jeta un regard à Sasuke qui comprit à son tour. Il alla s’installer dans la cuisine et commença à lire un livre au hasard, laissant les deux femmes discuter seules dans le salon.
– Alors, qu’est-ce qui ne va pas ? demanda Sakura d’une voix douce, en reportant par la même occasion sa visite à l’hôpital pour plus tard.
– Tout ! s’exclama Temari en s’asseyant d’un côté de la table basse. Simaru a disparu, Shikamaru passe ses journées à le chercher et… je me sens complètement perdue ! J’ai l’impression d’être tellement inutile !
Sakura prit la main de Temari dans la sienne et entreprit de la réconforter. Cette fois-ci, elle commençait réellement à s’inquiéter. La Temari qu’elle connaissait se serait battue et n’aurait jamais laissé Shikamaru partir seul. Elle aurait insisté jusqu’à l’épuisement pour l’accompagner et, s’il avait refusé, elle aurait quand même trouvé le moyen de chercher son fils. La Temari qui se présentait devant elle ce matin-là avait perdu toute énergie, toute vitalité et toute la force de caractère qui faisaient son charme, et même plus, son identité.
– Sakura, fais bien attention à tes enfants ! fit-elle brusquement. Ne laisse jamais ce malade s’approcher d’eux !
– Mais… mais bien sûr, Temari, balbutia Sakura, troublée.
– Tu es sûre de savoir où ils sont ?
– Oui, bien sûr ! répondit Sakura d’un air rassurant. Tuwe et Matsuo sont à l’Académie et Ayumi est au lac.
A ces mots, ses yeux s’agrandirent. Ayumi était au lac ? Oh non, elle avait complètement oublié ce détail ! Prise d’un doute, elle se leva et se précipita dans la cuisine.
– Sasuke ! s’écria-t-elle. Tu m’as bien dit que Ayumi était partie s’entraîner avec Kakashi-sensei ?
Sasuke leva la tête de son livre et fronça les sourcils un instant. Pourquoi sa femme paniquait-elle ainsi ? Ayumi était en sécurité.
– Oui, pourquoi ? demanda-t-il, curieux.
– Mais bon sang, Sasuke ! Kakashi-sensei fait partie de l’équipe d’ANBU qui recherche Simaru !
– Quoi ? Mais, pourquoi Ayumi m’aurait-elle menti ?
– Parce que Ayumi ne veut pas que tu saches qu’elle s’entraîne ! Oh non, tout est ma faute !
Sasuke comprit aussitôt et se leva. Il passa devant Temari en courant, entraînant Sakura à sa suite.
– Viens ! lui cria-t-il. On va tout de suite la chercher !
– Je vais avec vous ! décida Temari en bondissant sur ses pieds.
Sakura aurait pu se sentir soulagée de la voir réagir aussi vivement si la situation n’avait pas été aussi inquiétante. Les trois ninjas sortirent en trombe de la maison et filèrent dans la rue. Sasuke commença à se diriger vers les aires d’entraînement habituelles mais Sakura bifurqua brusquement.
– Pourquoi tu vas par là ? lui cria-t-il. C’est la route du lac !
– Justement, répliqua-t-elle. Ayumi s’entraîne aux jutsus Katon !
– Quoi ?
Avant qu’il n’ait pu exiger des explications, Sasuke décida de suivre sa femme et ils coururent ensemble vers le lac, Temari à leur suite. Alors qu’ils approchaient, le reflet de l’eau leur apparut entre les arbres. Tout semblait calme.
– Là, sur le ponton ! hurla Temari.
Sakura entama la descente vers le lac et aperçut deux silhouettes au bord de l’eau. L’une d’elle, grande et informe, ne laissait aucun indice sur la personne. La seconde, beaucoup plus petite, semblait vaciller de plus en plus. Voyant un éclair bleu s’abattre sur la plus petite, Sakura ne put s’empêcher de hurler le nom de sa fille :
– AYUMI ! Ayumi, tiens bon, on arrive !
A ce cri, la première silhouette sembla bouger légèrement. Sasuke accéléra brutalement. En quelques secondes, il arriva en bas de la pente, à quelques pas du lac, mais l’inconnu l’aperçut et disparut dans un nuage de fumée, sans qu’il ne puisse l’atteindre.
– Ayumi ! répéta Sakura.
Elle se précipita aux côtés de sa fille. Allongée sur le ponton, Ayumi gisait à demi consciente. Les marques de brûlure n’encerclaient plus seulement sa bouche mais s’éparpillaient sur tout son corps. Sa tête vacillait de droite à gauche, comme si elle tentait de se défaire d’une vision cauchemardesque.
– Ayumi, je suis là ! cria Sakura. Ayumi, je t’en supplie, réponds-moi !
A présent, Sakura pleurait sans pouvoir s’en empêcher. Sa fille, son petit ange, gisait devant elle, gravement blessée. Comment avait-on osé abîmer un si joli visage ? Qui avait pu être suffisamment cruel pour s’attaquer à sa petite fille sans défense ? Sakura ne cherchait même plus les réponses. Elle serrait Ayumi contre elle et ses propres larmes se mélangeaient aux blessures.
– Sakura, appela la voix de Sasuke avec une douceur qui se voulait rassurante. Sakura, viens, il faut emmener Ayumi à l’hôpital, c’est urgent.
Sentant la main ferme de son mari sur son épaule, Sakura força ses sanglots à se calmer et se releva en portant toujours sa fille dans ses bras. Sasuke la lui prit avec précautions et ils filèrent tous les deux vers l’hôpital.
Temari resta un moment à contempler la scène du désastre. Dans son regard ne passait plus aucune émotion. On aurait dit que tous ces évènements l’avaient soudainement dénuée de sentiments. Peut-être en avait-elle trop vu et qu’il était temps pour elle de réagir ?