Il était à peine sept heures mais cela n’empêchait pas Sakura d’être déjà levée. Comme tous les matins, installée dans la cuisine de la grande maison, elle préparait le petit-déjeuner. Elle avait pris cette habitude dès son arrivée. Pourquoi ? Elle n’en savait trop rien. Peut-être pour prouver à Sasuke qu’elle savait se montrer utile, pour tenter de lui inspirer ne serait-ce qu’un soupçon de reconnaissance ou peut-être tout simplement pour échapper à la froideur du lit dans lequel elle dormait chaque nuit.
Sakura leva la tête en entendant un bruit dans l’escalier. Elle sourit, apercevant sa fille entrer dans la cuisine, les cheveux déjà coiffés en deux couettes et parée pour son entraînement quotidien.
– Bonjour ma chérie, la salua Sakura en lui embrassant le front. Tu es bien matinale aujourd’hui.
– Oui, Maman. Kakashi-sensei nous a donné rendez-vous dans une demi-heure.
– Alors, ne t’en fais pas, il ne sera pas là avant une heure et demie ! assura Sakura en riant.
Pour Sakura, il était bien ironique que son ancien professeur soit devenu celui de sa fille, mais peut-être que le plus ironique dans tout cela était que Ayumi faisait équipe avec Yukito, le fils de Naruto. Quant à leur troisième coéquipier, il s’agissait de Simaru, le fils unique de Shikamaru et de Temari.
Un second bruit vint interrompre leur conversation. Sakura adressa un sourire de bienvenue à Sasuke qui venait d’entrer. Celui-ci s’assit directement à table et commença à manger, l’esprit ailleurs.
– Papa ?
La voix d’Ayumi le sortit de ses pensées. Il tourna la tête et la regarda d’un air presque étonné.
– Mmh ? Que veux-tu, Ayumi ?
– Je… je voulais te dire bonjour.
Sakura, qui s’occupait de sortir les bols des garçons, faillit les lâcher. Voilà que Ayumi recommençait. Elle sentit son cœur se serrer, songeant à ce qu’endurait sa fille tous les jours.
– Ah, oui. Bonjour Ayumi, la salua Sasuke d’une voix morne.
Puis il reprit son repas, comme si de rien n’était. Sans rien ajouter, Ayumi se rassit à sa place et termina son petit-déjeuner en vitesse.
– J’y vais, Maman ! s’écria-t-elle en sortant de la cuisine. A plus tard, Papa !
– Bonne journée, ma chérie ! répondit Sakura en lui adressant un sourire plein de tendresse.
Néanmoins, dès que la porte d’entrée claqua, son attitude changea complètement. Elle prit son propre bol et s’installa à côté de Sasuke.
– Tu n’aurais pas pu prendre un ton moins dur, tout à l’heure ? lui reprocha-t-elle d’une voix presque cassante.
– Ecoute, Sakura, on en a déjà parlé, soupira Sasuke, comme si le sujet de conversation l’ennuyait particulièrement. L’éducation se fait à deux et tu dois me faire confiance.
– Justement, nous éduquons nos enfants tous les deux ! répliqua Sakura. Et je ne te laisserai pas faire souffrir Ayumi plus longtemps ! Tu comptes beaucoup à ses yeux, tu sais ? Je ne sais pas pourquoi tu la repousses ainsi, peut-être est-ce parce qu’elle me ressemble beaucoup, mais elle est ta fille ! Et ton héritière, qui plus est !
– Sakura, je pensais que tu devais me soutenir dans l’éducation de nos enfants. Tu ne te rappelles donc plus l’engagement que tu as pris le jour de notre mariage ?
– Arrête avec ça, Sasuke ! Tes enfants portent peut-être ton nom mais je n’en reste pas moins leur mère ! Et je ne veux pas que tu les traites trop durement ! Ce ne sont que des enfants !
– Et qui va préparer Ayumi à la vie, si je ne le fais pas ? répliqua Sasuke, qui, cette fois-ci, commençait à s’énerver. Ce n’est pas en la couvrant de baisers que tu vas lui apprendre à se défendre !
– Les enfants ont besoin de parents aimants pour être heureux ! Tu devrais le savoir mieux que quiconque !
La dispute aurait pu s’éterniser si, soudain, un bruit de pas dans l’escalier ne vint pas les déranger. Aussitôt, Sakura et Sasuke se turent. Bientôt, Matsuo apparut dans l’encadrement de la porte. Il avait encore des yeux pleins de sommeil et ne s’était pas habillé.
– Non, répondit fermement Sasuke. Nous discutions de vive voix, mon fils. Allez, viens par là.
Sasuke ouvrit ses bras et Matsuo, rassuré, vint s’y blottir. Sakura se leva en faisant mine de débarrasser. Matsuo était le petit dernier. Il avait à peine cinq ans et c’était sans doute le préféré de Sasuke. Parce qu’il était le plus attendrissant ou parce qu’il était le fils cadet, comme son père l’avait lui-même été, Sakura n’en savait rien mais elle aurait aimé que Sasuke puisse apporter autant de considération à sa fille qu’il en apportait à ses deux fils.
– Maintenant, va t’habiller, lui ordonna Sasuke après quelques secondes. Je t’emmène à l’Académie dans une demi-heure.
– Oui, Papa !
Sakura ne put s’empêcher de sourire en entendant les pas de son petit dernier résonner dans l’escalier. Elle aimait énormément chacun de ses enfants. Si elle restait, si elle faisait bonne figure devant tout le monde et si elle cachait à chacun les difficultés qu’elle avait à vivre, c’était pour eux et uniquement pour eux. Même si Sakura avait accepté de rendre service à Sasuke par amour, elle l’aurait sans doute quitté depuis longtemps si elle n’avait pas eu trois enfants qu’elle aimait avec tout son cœur de mère.
– Bonjour Papa, bonjour Maman !
Sakura reconnut immédiatement le ton enjoué de Tuwe. Bien qu’il sache faire preuve d’un grand sérieux, son premier fils avait hérité de son caractère, bien plus ouvert que celui de Sasuke.
– Bonjour Tuwe, répondit Sasuke.
– Coucou, mon chéri ! ajouta Sakura en se retournant. Tu veux quelque chose ?
– Maman ! Ne m’appelle plus chéri ! protesta Tuwe. J’ai déjà huit ans, tu sais ! Et puis, je sais faire mon petit déjeuner tout seul !
Sakura soupira en levant les yeux au plafond. Si Tuwe avait hérité de l’enthousiasme de sa mère, il avait aussi pris la fierté de son père et c’était sans doute ce petit détail qui la chagrinait le plus.
– Tu vois, ils n’ont pas besoin que tu les maternes davantage, fit remarquer Sasuke, victorieux.
Sakura baissa les yeux, agacée. Malgré douze ans de vie commune, elle ne savait toujours pas comment s’y prendre pour faire entendre raison à Sasuke. Elle avait bien essayé différentes méthodes mais son mari avait sa propre opinion et il était difficile de le faire changer d’avis. Par ailleurs, Sakura étant également devenue une grande têtue avec l’âge, les disputes éclataient souvent lorsque les enfants étaient absents.
Sasuke partit une demi-heure plus tard, en compagnie de ses deux fils. Tuwe entamait sa troisième année à l’Académie, tandis que Matsuo allait y entrer pour la première fois. Sakura ne put s’empêcher de soupirer en le voyant s’éloigner de la maison, tenant la main de son père. Il était si jeune qu’elle avait l’impression qu’on lui arrachait son fils.
Finalement, Sakura s’écarta de la fenêtre et prépara ses affaires pour l’hôpital. Lorsqu’elle n’était pas en mission, il s’agissait de son occupation principale. En réalité, Sakura faisait tout pour s’éloigner de la lugubre maison qui constituait sa demeure. Le froid qui y régnait était insupportable pour son cœur. Elle se rendit donc dans son lieu de travail à peine quelques minutes plus tard. Sur le chemin, elle croisa Tenten qui l’accueillit avec joie :
– Bonjour, Sakura ! Comment vas-tu aujourd’hui ?
– Bien, très bien même, répondit-elle en lui adressant un sourire. Et Neji, il n’est pas rentré ?
– Non, pas encore, mais il m’avait prévenue que sa mission risquait de lui prendre du temps. Enfin, ça ne m’empêche pas d’être inquiète. Je ne sais pas ce que deviendrait Akili sans son père.
– Ah, ne pense donc pas à ça ! Tu sais très bien que Neji est fort, il reviendra bien plus vite que tu ne le penses !
Tenten tenta de sourire mais, comme à chaque fois, elle était crispée. Sakura s’éloigna, non sans une pensée pour cette situation ironique. Tenten et elle faisaient la même chose : elles souriaient au monde pour cacher leurs problèmes. Seulement, Tenten masquait son inquiétude alors que Sakura masquait son désespoir.
Cette dernière passa la matinée à l’hôpital. Du coin de l’œil, Tsunade l’observait régulièrement. Elle savait que son élève passait énormément de temps à travailler et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Chaque jour, Sakura faisait tout pour rentrer tard et acceptait sans rechigner les services de nuit. Tsunade appréciait énormément cette aide mais cela ne l’empêchait pas de s’inquiéter. Son élève s’épuisait au travail et ce n’était pas bon pour elle.
– Sakura ?
Celle-ci leva la tête des dossiers qu’elle remplissait. Tsunade était apparue devant elle sans qu’elle ne s’en soit aperçue.
– Oui ? demanda-t-elle.
– J’aimerais que tu rentres chez toi cet après-midi.
– Mais, Maître Tsunade…
– Il n’y a pas de « mais » ! Tu crois que je ne t’ai pas vue hier ? Tu es partie à dix-neuf heures passées alors que tu étais arrivée la veille ! Tu travailles trop, il faut que tu fasses une pause. Allez, laisse ces dossiers et rentre chez toi ! Je demanderai à quelqu’un d’autre de terminer ta tâche.
Sakura soupira mais n’osa pas contredire son professeur. Tsunade aurait trouvé cela louche si elle avait refusé. D’un geste las, elle retira sa blouse et se dirigea vers les vestiaires.
Quelques minutes plus tard, elle se trouvait devant chez elle. Elle avait longuement hésité à aller rendre visite à une de ses amies mais Ino était fatiguée à cause de sa grossesse, Tenten travaillait, Hinata était partie en mission le matin même et, quant à Temari, elle n’était toujours pas rentrée de Suna où elle était allée rendre visite à ses frères.
Lorsque Sakura poussa la porte, elle remarqua immédiatement que la maison n’était pas entièrement vide en entendant des pas dans le couloir. Elle s’avança et faillit heurter Ayumi qui paraissait pressée.
– Maman ! s’exclama celle-ci en l’apercevant. Qu’est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu devais travailler !
– Moi aussi, répondit Sakura, mais notre Hokage m’a donné un jour de congé. Et toi, que fais-tu là ?
– On a fini notre mission de la journée, alors Kakashi-sensei nous a dit qu’on pouvait rentrer.
– Je vois. Tu veux manger quelque chose ? Il est déjà midi.
– Non merci, Maman. Je dois aller m’entraîner !
Ayumi avait dit cela avec tant de conviction que Sakura ne put s’empêcher de lui sourire tristement. Sa fille passait ses journées à s’entraîner. Des heures durant, elle maniait les kunais et les shurikens et s’exerçait à toutes les techniques qu’elle pouvait connaître. Elle avait hérité de sa mère une grande maîtrise du chakra et tentait, comme elle, de mettre cette qualité à profit.
– Ayumi, je t’en prie, viens donc manger avec moi, ça me fera plaisir ! insista Sakura. Ensuite tu auras tout l’après-midi pour t’entraîner.
– Bon… d’accord.
Sakura se sentit rassurée. Elle savait que Ayumi l’aimait beaucoup et qu’elle ne pourrait refuser de lui faire plaisir. Elle entra dans la cuisine et commença à préparer le repas. Quelques minutes plus tard, sa fille vint l’aider et elles mangèrent toutes les deux, se racontant mutuellement leur matinée. Cependant, le déjeuner s’acheva rapidement et Ayumi se leva aussitôt son dernier grain de riz avalé.
– Tu y vas déjà ? demanda Sakura en tentant de cacher la tristesse dans sa voix.
– Oui, Maman. Je ne rentrerai pas trop tard, promis !
Aussitôt, Ayumi sortit de la cuisine et la porte d’entrée coulissa brusquement. Sakura soupira en regardant par la fenêtre sa fille s’éloigner de la maison. Elle savait pertinemment où elle se rendait. Comme chaque après-midi depuis un mois, Ayumi se rendait au lac afin de maîtriser la fameuse attaque des Uchiwa : Katon, la boule de feu suprême.
Cependant, ce qui inquiétait Sakura dans tout cela était la raison qui poussait Ayumi à agir ainsi. Elle aurait été en réalité très fière de la détermination de sa fille, si cette dernière ne faisait pas tous ces efforts uniquement pour son père car, autant Sasuke passait énormément de temps avec ses deux fils, autant il délaissait sa fille.
Pourtant, Ayumi était une enfant très gentille et elle aimait ses parents malgré leurs défauts. Sakura elle-même ne comprenait pas la froideur de Sasuke à son égard. Etait-il déçu d’avoir une fille pour héritière ? De son côté, Ayumi n’attendait qu’une seule chose de son père : qu’il s’intéresse enfin à elle. Et pour cela, elle travaillait sans relâche jusqu’à ce que l’épuisement vienne la faire tomber.
Sakura avait maintes fois essayé d’aborder le sujet avec Sasuke. Si elle ne pouvait pas être heureuse, elle ne voulait pas que ce soit le cas pour sa fille. Cependant, à chaque fois, Sasuke avait détourné la conversation ou bien l’avait ignorée. Sakura désespérait donc chaque jour en voyant Ayumi s’épuiser à la tâche et son mari lui adresser le même ton morne et froid qu’il utilisait avec elle.
Sakura passa le restant de sa journée à s’occuper de la maison. Depuis qu’elle abritait trois enfants, la grande demeure des Uchiwa n’était plus aussi impeccable qu’auparavant. De toute façon, elle ne savait que faire d’autre et elle devait s’occuper l’esprit. Si elle laissait ses idées vagabonder, elle risquait de repenser à sa situation et cela la déprimerait.
Ayumi rentra peu après six heures. Sa mère l’entendit pousser discrètement la porte de derrière et commencer à monter les escaliers discrètement mais, n’étant pas dupe, elle apparut brusquement dans le couloir.
– Ayumi, viens ici, s’il te plait, ordonna-t-elle.
Ayumi se figea un instant et se retourna vers sa mère. Le cœur de Sakura se serra. Tout autour de la bouche de sa fille apparaissaient des traces de brûlure récente. Ayumi descendit les escaliers et arriva devant elle. Sakura se mit à genoux et sortit la crème anti-brûlure. Elle avait pris l’habitude de l’avoir sur elle depuis que sa fille avait entamé son entraînement intensif. Délicatement, elle passa ses doigts sur les marques rouges qui entouraient sa bouche.
– Voilà, tu peux monter, ma chérie.
Ayumi ne répondit rien et monta en silence. Elle n’aimait pas que sa mère se rende compte du mal qu’elle endurait car elle ne voulait pas lui causer de souci. Sakura le savait pertinemment mais ne pouvait résister à l’envie de soigner sa fille.
A peine quelques secondes plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit, laissant passer un Matsuo visiblement ravi.
– Alors, c’était comment l’Académie ? lui demanda Sakura d’un air attendri.
– Génial ! répondit-il. Maintenant, je vais lancer des shurikens comme Papa !
– Tu parles, t’es encore trop petit pour savoir lancer des shurikens comme Papa, répliqua Tuwe en entrant.
– Mais il va te l'apprendre, intervint Sakura afin d’éviter une dispute entre les deux garçons. Et toi, mon chéri, ça s’est bien passé ta journée ?
– Hn.
Sakura leva les yeux au ciel. Décidément, Tuwe ressemblait de plus en plus à son père. Celui-ci entra à la suite des deux garçons. Sakura remarqua à son attitude qu’il était préoccupé.
– Bon, allez jouer en haut les garçons, ordonna-t-elle. Je vous appellerai quand le repas sera prêt.
– Oui, Maman ! s’écria Matsuo. Allez, tu viens Tuwe ?
Sans attendre de réponse, il entraîna son frère aîné vers les escaliers. Sakura ne put s’empêcher de rire en voyant son plus jeune fils tirer Tuwe de toutes ses forces. Cependant, cette joie fut de courte durée. Bientôt, elle se retrouva seule avec Sasuke.
– Il faut qu’on parle, lâcha-t-il.
– Je l’avais compris, répondit-elle. Tu veux qu’on aille dans la cuisine ?
– Hn.
Sakura acquiesça et suivit son mari sans un mot. Elle avait pour habitude de le voir froid et distant mais, cette fois-ci, il y avait quelque chose de différent. Elle l’avait senti dans ses yeux et dans sa voix.
Sasuke entama la conversation dès que la porte de la cuisine fut fermée :
– Maître Tsunade m’a mis sur une mission très importante. Une de rang S.
– Quoi ?
Sakura pensait avoir mal entendu. Les missions de rang S avaient disparues depuis le démantèlement de l’Akatsuki et la mort de ses membres.
– Oui, moi aussi j’ai été surpris, avoua Sasuke.
– Mais… comment… comment est-ce possible ? balbutia Sakura.
– Une Akatsuki aurait été reformée. Je ne peux pas t’en dire plus et, surtout, n’en parle à personne. Je partirai demain matin avec Shikamaru et Kiba.
Sakura n’osait pas y croire. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu de nouvelle aussi effrayante. L’Akatsuki était de retour ? Et dire qu’elle espérait pouvoir élever ses enfants dans un monde de paix relative. Il fallait croire que son vœu était loin de se réaliser.
Cependant, malgré ses inquiétudes, elle répondit d’un ton neutre :
– Bon, très bien. Tu penses en avoir pour longtemps ?
– Une semaine si tout se passe bien et plusieurs mois si on rencontre des complications.
– Je vois.
Sakura soupira. Elle ne le cachait jamais à ses enfants lorsque leur père partait en mission mais, cette fois-ci, il s’agissait d’un niveau très élevé, le plus haut de tous, et elle hésitait sur la marche à suivre.
– Pour les enfants, qu’est-ce que tu préfères ? demanda-t-elle finalement.
– Dis-leur la vérité, que je suis parti en mission et que je ne reviendrai pas avant un moment.
Sakura acquiesça. Pour une fois, elle était d’accord avec Sasuke. Elle préviendrait ses enfants de son départ mais ne leur dirait rien de plus. Elle se retourna vers le repas qu’elle préparait et ne reprit la parole qu’après quelques minutes de silence :
– Tu peux aller les appeler, s’il te plait ? Le dîner est presque prêt.
Sasuke ne répondit rien mais elle entendit la porte coulisser derrière elle. L’ambiance entre eux était tendue, encore plus que d’habitude. Sakura ne savait pas vraiment ce qu’elle ressentait. En général, elle appréciait les absences de Sasuke car elles permettaient à son cœur de se reposer. Lorsqu’il était là et qu’elle se voyait chaque jour confrontée à son indifférence, elle en souffrait bien plus qu’elle ne le montrait. En revanche, dès qu’il s’absentait, c’était comme une libération pour elle car son visage n’était plus là pour lui rappeler son malheur.
Sakura sentit son estomac se nouer. Ses gestes d’habitude si sûrs et si sereins étaient devenus hésitants. Son esprit restait focalisé sur cette mission et sur le danger qu’elle représentait. Elle se mordit la lèvre inférieure. Cette fois-ci, elle ne pourrait s’empêcher de s’inquiéter et elle le savait.