Sasuke, les enfants et moi


Fanfiction Naruto écrite par Sazukai (Recueil de Sazukai)
Publiée le 03/06/2010 sur The Way Of Naruto



Publié sur fanfic.fr par Florana,
avec son autorisation.



Chapitre 11: Combat nocturne



Le silence commençait à devenir lourd dans la maison des Nara. Shikamaru, toujours sûr de ses conclusions, fixait sa femme d’un regard dur. Celle-ci, assise sur le canapé, paraissait complètement désemparée.

– Shikamaru…, murmura-t-elle.

Il lui adressa à peine un regard mais put constater qu’elle était en pleurs.

– Je… je sais que tout m’accuse, vu comme ça, mais je te jure que je n’ai rien à voir avec tout ça… Si… si je suis arrivée en retard, c’est parce que je ne me sentais pas bien… Et puis… même si j’étais chez les Uchiwa, comment aurais-je pu prévenir qui que ce soit ? Je n’ai pas quitté Sakura.

Ces arguments, aussi valables pouvaient-ils paraître, n’ébranlèrent pas les convictions de Shikamaru. Plus il attendait, plus il était persuadé d’avoir raison. Alors, lentement, Temari se leva en essuyant ses larmes d’un revers de manche. Il la regarda faire sans réagir.

– Mais tu n’es évidemment pas obligé de me croire, ajouta-t-elle. Dans ce cas, je crois que je vais rentrer à Suna. Ça vaudra mieux pour un moment.

Elle s’apprêta à sortir, mais Shikamaru attrapa son poignet.

– Non, attends Tema. Je te crois.

Elle se retourna, perplexe. Elle n’avait pas eu besoin d’argumenter davantage, Shikamaru la croyait. Etait-ce vraiment possible ?

– Viens, reste, je t’en prie, Tema, insista-t-il.

Ne pouvant refuser, Temari revint s’asseoir sur le canapé. Shikamaru se mit près d’elle et entoura ses épaules de son bras.

– Regarde ce qu’on est devenu, lâcha-t-il d’un ton désespéré. On s’est éloigné au point d’envisager de nous séparer.

Temari ne sut que répondre à ces paroles. Shikamaru garda le silence quelques secondes avant de reprendre d’une voix un peu plus enjouée :

– Tu te souviens de notre rencontre ?

– Oh oui, bien sûr, assura Temari avec un sourire nostalgique. C’était lors de l’examen chûnin. Tu m’avais fait une sacrée démonstration de stratégie !

– Oui, mais je t’avais laissée gagner !

Temari se mit à rire. Shikamaru sourit en l’observant.

– C’est tellement connu à présent qu’il suffit d’aller à Suna ou à Konoha pour en entendre parler, fit-il remarquer.

Il avait ajouté cela d’un ton beaucoup moins amusé. Temari fronça les sourcils et lui jeta un coup d’œil interrogateur.

– Tu te souviens aussi de la première fois où j’ai pleuré devant toi ? demanda-t-il subitement.

– Oui, évidemment, répondit Temari. A notre mariage.

Shikamaru leva imperceptiblement la tête et une lueur de satisfaction passa dans ses yeux bruns. Il avait enfin ce qu’il voulait. Temari ne comprit pas immédiatement et, avant qu’elle n’ait pu réagir, il se tourna vers elle, la plaqua contre le canapé et pointa un kunai sous sa gorge.

– Mauvaise réponse, Mademoiselle, déclara-t-il avec une colère contrôlée. Je savais bien que Temari n’aurait jamais trahi le village ! Maintenant, montre-moi qui tu es réellement !

Il jubilait. Enfin, il connaissait la vérité. Cette Temari n’était pas la sienne, c’était un imposteur. Il la tenait à sa merci, plaquée contre le canapé, un kunai sous la gorge. Elle n’avait pas de moyen de s’enfuir.

– Alors, belle imitation, qui es-tu réellement ? insista-t-il.

– Tu es complètement fou, Shikamaru ! s’exclama Temari. C’est moi, Tema ! Enfin, tu as pleuré le jour de notre mariage, je n’ai pas dit de bêtise !

– Si, tu as dit une bêtise ! La première fois que j’ai pleuré devant Temari est le jour où elle m’a sauvée ! C’était ma première mission en tant que chûnin ! Ne me dis pas que tu ne t’en rappelles pas, la véritable Temari a toujours tout fait pour me le rappeler !

Alors, Temari eut un sourire légèrement sadique, comme si la situation l’amusait, un sourire qui ne correspondait pas à son visage. Ses quatre couettes blondes se fondirent en une chevelure noire, ses yeux verts virèrent au brun et son teint pâlit jusqu’à devenir blême.

– Bien joué, petit, susurra la femme à l’oreille de Shikamaru, mais j’ai tout de même pu vous tromper durant une semaine.

– Une pro du Genjutsu, hein ? fit-il remarquer en se retenant de lui trancher la gorge.

– Pas seulement, rétorqua-t-elle.

Sans qu’il n’ait pu voir quoi que ce fût, Shikamaru reçut un violent coup dans le ventre et se vit projeté contre le mur du salon. Il demeura sonné durant plus d’une seconde à cause du choc. Comment cette femme avait-elle pu réussir un tel coup sans bouger ? Shikamaru baissa les yeux pour voir une marque noire sur son ventre. Alors qu’il se remettait de l’impact, la femme se releva, satisfaite.

– C’est tragique, mais je ne peux pas te laisser vivre, cela contrarierait mes plans.

Shikamaru ne fit pas attention à cette menace.

– Où sont Temari et Simaru ? demanda-t-il, enragé de ne pas avoir découvert la vérité plus tôt.

– Mais enfin, que veux-tu qu’on en fasse ? rétorqua la femme d’un air faussement étonné. Ils sont dans l’autre monde depuis un moment !

Shikamaru se figea à ces mots. Que venait-elle de dire ? Simaru et Temari seraient morts ? Comment était-ce possible ? Durant toute la période de ses recherches, il avait rejeté avec force cette hypothèse. Il n’imaginait pas la vie sans sa femme ni son fils. Que deviendrait-il sans eux ? Il n’aurait plus aucune raison d’exister.

– Tu mens ! s’écria-t-il. Tu mens, enfoirée !

– Ah oui, tu crois ? répliqua la femme d’un ton sarcastique. De toute façon, même s’ils étaient encore en vie, tu ne pourrais pas les sauver !

– Tu mens ! Je vais te tuer !

Shikamaru laissa sa colère exploser. Il se précipita sur son adversaire, décidé à la transpercer. Il n’avait qu’une envie, c’était la tuer. La tuer pour tout le mal qu’elle lui avait infligé et qu’elle continuait à lui faire. Il sentait son cœur crier toute sa haine et tout son désespoir.

C’était sans doute la première fois que Shikamaru attaquait sans réfléchir. Son adversaire esquiva le coup d’un simple geste et le fit tomber à terre. Alors qu’il voulait lui en donner un deuxième, elle le poussa contre le mur avec force et lui envoya un projectile.

Shikamaru n’eut pas le temps d’esquiver le coup. Un corps froid s’enfonça dans sa chair avec une aisance déconcertante. Contrairement à ce qu’il pensait, l’arme n’était pas un kunai ordinaire. Il était entièrement constitué de chakra. Cette vision lui rappela horriblement son affrontement avec Ichiko.

Se retenant de crier, il fixa son adversaire. Il n’aurait pas dû se laisser guider par sa colère. Si elle avait dit tout cela, ce n’était que pour l’énerver. C’était trop bête, il aurait dû s’en douter. Décidé à ne pas commettre une deuxième fois la même erreur, il retira le kunai de chakra, ce qui lui brûla les doigts l’espace d’un instant, et plaqua sa main contre sa hanche. Le sang coulait déjà contre sa paume.

Aussitôt, la femme repassa à l’attaque et d’autre kunais de chakra fusèrent vers Shikamaru qui dut rouler à terre pour les esquiver. L’assaut ne s’arrêta pas là. Les armes ne se contentaient pas de filer droit, elles déviaient de leur trajectoire pour le poursuivre. Shikamaru sortit ses propres armes pour parer les coups.

Elle se bat comme Ichiko, sauf que cette fois-ci les armes sont faites avec son propre chakra, c’est pour ça qu’elle les contrôle aussi bien. Et elle est encore plus rapide ! Je ne vais pas tenir longtemps, si je ne trouve pas un endroit où me cacher.

Shikamaru jeta un rapide coup d’œil à la pièce. Le mur qui séparait le salon de l’escalier allait devoir faire l’affaire. S’il parvenait à l’atteindre, il serait dans un angle mort pour son adversaire et elle ne pourrait plus diriger ses kunais à sa guise.

A peine eut-il pris cette décision que le chakra de son adversaire vint lui entailler le bras. Shikamaru jura et courut vers l’escalier. Les armes argentées le poursuivaient comme des bêtes sauvages. Elle les maîtrisait très bien et il sentit subitement une lame lui déchirer le mollet.

Elle est douée ! Bon sang, comment vais-je faire pour l’avoir ? Si elle est capable d’arrêter mon ombre, comme Ichiko, il faudra trouver autre chose.

Shikamaru se jeta dans les escaliers et se plaqua contre le mur. Là, il pouvait s’autoriser à souffler. Il entendit derrière lui la femme rire d’un air sadique.

– Alors, on se cache, poltron ? Tu me fais penser à ton fils. Lui aussi, il s’est caché pour nous échapper. Tel père, tel fils. Même la mère n’avait pas de caractère !

Shikamaru serra les dents. Il ne devait pas écouter ces paroles. Temari et Simaru étaient encore en vie, il devait y croire. Sinon, il n’aurait même plus de raison d’abattre cette femme. Il se laisserait mourir en songeant que la vie était ennuyeuse au point qu’il préférait la quitter. Cependant, l’issue du combat était loin d’être évidente. Il était déjà blessé et en mauvaise posture. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre. La nuit promettait d’être longue.



*




– Sakura ! s’exclama Temari. J’aurais préféré que tu n’atterrisses pas ici.

Sakura grimaça en réentendant la voix de Temari. Elle ne l’avait jamais sentie aussi faible et cela lui faisait mal.

– Temari, depuis quand es-tu ici ? demanda-t-elle.

– J’en sais rien. Des semaines, des mois, peut-être. Ils ne m’ont pas sortie d’ici depuis que je suis arrivée.

Sakura n’était plus sûre de comprendre. Elle était pourtant certaine d’avoir invité Temari chez elle juste avant de se faire enlever. Alors comment se faisait-il que Temari soit incapable de lui dire depuis quand elle était ici ? Cela ne pouvait pas faire plus d’une journée.

– Et comment ont-ils réagi, au village, en voyant que j’avais disparu ?

Sakura se figea à cette question. Il y avait véritablement quelque chose qui clochait.

– Mais, Temari, comment veux-tu que je le sache ? Tu étais avec moi au village juste avant que je me fasse enlevée !

– Quoi ?

Temari sembla tout à coup reprendre un peu d’énergie, mais Sakura savait très bien que c’était à cause de la colère et de la surprise mêlées.

– Alors cette garce a bel et bien pris mon apparence, grommela Temari.

– Quelle garce ?

– Celle qui m’a amenée ici. Je l’ai rencontrée en rentrant de Suna. Une femme bizarre, les cheveux noirs, le teint pâle. Elle m’a plongée dans un Genjutsu pour me faire dire où habitaient les Inuzuka. Je ne m’y attendais pas, alors je n’ai pas fait attention. Enfin, je m’en suis aperçue, mais malheureusement un peu trop tard. Par contre, elle n’a jamais réussi à m’avoir une seconde fois !

Sakura prit quelques secondes avant de comprendre. Toutes les étrangetés qui avaient eu lieu au village semblaient enfin trouver leur réponse.

– Mais, ensuite, elle t’a emmenée ici ? demanda-t-elle.

– Pas vraiment. Elle a plutôt voulu m’attaquer et je l’aurais battue si son collègue ne m’avait pas surprise par derrière ! J’ai été trop bête.

Sakura avala sa salive. Si ce que disait Temari était vrai, alors cela voulait dire que, depuis une semaine, une fausse Temari les menait tous par le bout du nez. Même Shikamaru s’était laissé prendre.

– Elle est très douée, ragea Sakura. Tout le monde n’y a vu que du feu !

– Même Shikamaru ?

– Je crains bien que oui. Tu lui en veux ?

– Pff ! A quoi cela me servirait ? De toute façon, je risque de mourir très bientôt !

A ces mots, Sakura remarqua que Temari avait retrouvé sa voix faible et résignée. Qu’est-ce qui avait pu la mettre dans cet état ?

– Ne dis pas ça, Tema ! s’exclama-t-elle. Shikamaru se bat pour retrouver Simaru, il finira bien par nous retrouver nous aussi ! D’ailleurs, tout le monde au village se démène pour cette affaire. Maître Tsunade en a perdu le sommeil !

– Je suis désolée, Sakura, mais je ne peux pas lutter contre la douleur physique encore très longtemps. Je n’ai pratiquement pas été nourrie depuis que je suis arrivée.

– Quoi ? Mais c’est monstrueux !

– Oh, tu sais, ils étaient prêts à me nourrir, mais en échange d’informations concernant le village. Au début, j’ai refusé. Et puis, ensuite, ils m’ont annoncé qu’ils avaient pris Simaru. Alors, j’ai commencé à répondre à leurs questions et, en échange, ils nourrissaient Simaru et me l’amenaient de temps en temps.

– Quel genre de question ?

– Oh, de tout genre. Quand as-tu rencontré ton mari ? Quels sont les membres de la famille Uchiwa ? Quel est ton comportement à l’égard des gens ? Mais bon, je ne leur ai pas toujours dit la vérité.

Temari eut un léger rire à ces mots. Elle ajouta :

– Je leur ai dit que j’étais plutôt sensible et que je perdais facilement mes moyens. Comme je me doutais qu’ils risquaient de prendre ma place, je voulais vous aider à les démasquer.

Sakura sourit à son tour. Cela expliquait le comportement étrange de la fausse Temari. Evidemment, les noms et informations de ce genre étaient aisément vérifiables, mais Temari pouvait très bien mentir sur elle-même.

– Par contre, il ne faudrait pas qu’ils le découvrent, prévint-elle. Si ça arrivait, ils seraient capables de tuer Simaru.

– Mais qui ça « ils » ?

– Jusqu’ici, ils ont toujours été deux. La femme et son collègue. Lui, je n’ai pas vu son visage parce qu’on ne voit rien dans cette pièce, mais il ne doit pas être très vieux. Par contre, il m’a l’air très fort. La fille aussi, d’ailleurs, n’est pas une débutante. C’est elle qui a fait mes liens. Elle maîtrise très bien son chakra et en fait exactement ce qu’elle veut.

Sakura soupira. Toutes ces informations n’étaient pas bonnes. Même s’ils parvenaient enfin à découvrir la supercherie, les ninjas du village auraient du fil à retordre avec ces deux-là.



*




Shikamaru ferma la porte à bout de souffle. Il n’arrivait pas à croire qu’il était encore en vie. Finalement, il se laissa glisser à terre et une entaille faite dans sa cuisse saigna davantage. La douleur était intense, mais il n’avait pas le temps d’y penser. D’ailleurs, il ne fit même pas attention au sang qui coulait. Il n’avait pas les moyens de se soigner et devait absolument se débarrasser de son adversaire au plus vite. Jusque là, elle avait déjoué tous ses plans. Non seulement elle était très forte, mais, en plus, elle était loin d’être bête. Shikamaru jura en s’apercevant qu’il ne savait plus quoi faire.

Ce n’était pas pour autant que la course contre la montre s’était arrêtée. Il sentait l’aura de son ennemie, de l’autre côté de la porte et savait que ce n’était pas en s’enfermant dans la cuisine qu’il allait lui échapper. Il fallait qu’il se dépêche de trouver une idée avant que sa dernière barrière – en l’occurrence, la porte – ne cède, et il était certain que cela n’allait pas tarder. Il inspecta la pièce et une idée finit par surgir dans son esprit. C’était sa roue de secours, il devait réussir. C’était cela ou mourir.

Brusquement, la porte s’ouvrit. Fuyuko entra dans la pièce, sûre d’y trouver sa proie. Elle allait l’écraser, ce petit Nara, aussi facilement qu’elle avait écrasé la femme du Hyûga. Cependant, elle se figea dès qu’elle fut entrée. Elle ne voyait ce type nulle part, où avait-il bien pu passer ? Certainement pas très loin, puisqu’elle sentait aisément sa présence dans la pièce.

– Ah, tu joues à cache-cache, hein ? railla-t-elle en faisant quelques pas dans la cuisine. Attention, je vais te trouver !

Sûre d’elle, elle se dirigea vers un placard. D’un geste vif, elle l’ouvrit et se retrouva face à Shikamaru. Aussitôt, ses armes de chakra se jetèrent sur leur victime. Shikamaru ne cilla pas. D’un bond, il se jeta sur elle. Fuyuko en fut surprise. Elle ne s’attendait certainement pas à cette réaction. D’habitude, ses ennemis tentaient de la fuir, mais, au contraire, Shikamaru fonça et laissa l’un des kunais s’enfoncer dans ses côtes, si bien qu’il se retrouva à à peine quelques centimètres de son adversaire. Celle-ci lui adressa un sourire machiavélique.

– C’est fini, mon petit, susurra-t-elle.

Elle s’apprêta à l’achever mais, avant même qu’elle n’ait pu exécuter un seul geste, ses membres se bloquèrent. Elle mit quelques secondes avant de comprendre avec horreur qu’elle ne pouvait plus bouger. Elle essaya tant bien que mal de réagir, mais ses muscles refusaient. Elle commença à jeter un regard paniqué à Shikamaru. Celui-ci la fixait d’un air victorieux et, pour la première fois depuis le début du combat, il souriait.

– C’est toi qui as été prise dans mon piège, répliqua-t-il.

A ces mots, Fuyuko baissa les yeux. L’ombre de Shikamaru était si proche d’elle qu’elle s’était mêlée à ses pieds et il n’avait eu ainsi aucun mal à l’arrêter. Alors, c’était pour cela qu’il s’était laissé toucher ! Simplement parce qu’il voulait se rapprocher pour opérer sa technique de l’ombre. Fuyuko serra les dents. Elle s’était bêtement faite avoir.

Shikamaru n’eut pas le temps de savourer sa victoire. A peine avait-il coincé son ennemie que la douleur reprit le dessus. Il tomba à genoux, une main plaquée sur ses plaies, le visage grimaçant de douleur. Il put voir son adversaire l’imiter à contrecoeur. De toute façon, elle n’avait pas le choix.

Je ne peux pas laisser tomber maintenant. Il faut que je l’amène à Maître Tsunade !

Shikamaru, luttant pour ne pas faiblir, commença à avancer à quatre pattes vers la porte de la cuisine. Il dut faire un effort surhumain pour atteindre la poignée. Dès qu’ils furent passés dans le salon, il continua vers la porte d’entrée. Il ne fallait surtout pas qu’il relâche son attention car seule sa technique pouvait lui permettre de livrer cette femme à Tsunade.

– Tu vas crever avant même qu’on soit sorti, fit remarquer Fuyuko en le suivant malgré elle.

– C’est ce qu’on verra, répliqua Shikamaru.

Un instant, il s’arrêta pour reprendre son souffle. Il était vrai que la douleur était de plus en plus cuisante. Il voyait son propre sang s’étendre sur ses vêtements et goutter sur le sol. Il se pinça pour rester conscient. Il ne pouvait pas abandonner, car il en allait de la survie de Temari et de Simaru.

Revigoré par cette pensée, Shikamaru poursuivit son chemin et ouvrit la porte d’entrée. Dehors, une faible lueur naissait à l’horizon. Le soleil était sur le point de se lever. Leur combat avait duré toute la nuit.



*




Sakura ne savait plus quoi faire. Elle avait mal et se sentait courbaturée de partout mais demeurait incapable de bouger à cause des liens qui l’entravaient. Elle avait cessé depuis longtemps sa conversation avec Temari car cette dernière avait à peine la force de parler. Il était évident qu’avec deux repas en une semaine, elle avait de quoi être affaiblie. Sakura se mordit les lèvres en songeant aux sacrifices faite par son amie. Et dire qu’ils ne s’étaient rendus compte de rien à Konoha !

Alors qu’elle s’y attendait le moins, un bruit commença à faire trembler la pièce. Sakura sentit sa gorge se nouer. On aurait dit qu’on déplaçait un énorme rocher. Lentement, un rai de lumière apparut, puis s’agrandit. Elle se sentit obligée de fermer les yeux quelques secondes à cause du peu de clarté qui l’avait éblouie.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, une ombre se tenait dans la pièce. Elle en distinguait à présent aisément les contours qui se découpaient dans la lumière. Il s’agissait sans doute d’un homme, à en juger par sa posture.

Lentement, elle le vit s’approcher de Temari. Par le peu qu’elle pouvait voir, Sakura devina que cette dernière était attachée à un poteau. Elle paraissait également extrêmement maigre et ses vêtements flottaient sur elle.

– Bonjour, ma jolie, fit l’homme en lui prenant le menton.

Il lui releva la tête et Sakura aperçut alors des larmes briller sur les joues de Temari. Elle ne s’inquiéta pas outre mesure. Il était dans son rôle de faire croire qu’elle pleurait pour un rien.

– C… Comment va Simaru ? demanda-t-elle d’une voix étranglée par les sanglots.

– Mais très bien, assura l’homme en se penchant vers son cou. Très, très bien. Enfin, je n’en dirai pas autant de son père.

Temari se raidit immédiatement.

– Que lui avez-vous fait ? demanda-t-elle.

– Moi ? s’offusqua l’homme. Mais rien ! C’est ma chère collègue qui s’est chargée de lui pendant qu’il dormait !

Cette fois-ci, les pleurs de Temari redoublèrent. Sakura ne put s’empêcher de se demander si ces larmes étaient vraies ou non. Malgré sa surprenante capacité à résister à la douleur, Temari n’était pas complètement insensible.

L’homme finit par la relâcher en émettant un rire satisfait. Sakura le vit alors s’approcher d’elle. Ses bras se mirent à trembler. Celui qui avait attaqué Ino, Hinata et Ayumi, qui l’avait emmenée jusqu’ici et qui avait enlevé Simaru se tenait finalement devant elle. Elle n’avait pas pensé se retrouver un jour en face de cet homme, excepté pour lui faire la peau. Or, elle était pour l’instant complètement impuissante.

– Alors, comment va Madame Uchiwa ? demanda-t-il d’un ton sarcastique.

Sakura se raidit instinctivement. La main glacée de l’homme venait de se poser sur son cou. Il la caressait, refaisant la ligne de ses épaules, et attarda un doigt sur la courbe de sa poitrine. Sakura frémit de dégoût et commença à s’agiter, mais les liens qui l’enserraient se réchauffèrent et elle n’osa plus bouger.

– Ils sont bien ces liens, hein ? ajouta-t-il en esquissant un sourire dans l’ombre. Je les ai faits moi-même, tu es une privilégiée.

Sakura serra les dents pour se retenir de lui cracher à la figure. Cet homme, aussi répugnant soit-il, restait maître de la situation. Cependant, l’éclair de colère qui passa dans ses yeux verts ne lui échappa pas.

– Ah, je vois que tu m’en veux toujours pour ta fille, conclut-il d’un air faussement navré. Ne t’inquiète pas pour elle, tu pourras bientôt la revoir.

Sakura fronça les sourcils en se demandant s’il ne se moquait pas d’elle. Elle sentit son cœur s’affoler quand elle réalisa qu’il prévoyait sans doute d’enlever Ayumi, comme il avait enlevé Simaru.

– Si vous touchez à un seul de ses cheveux…, commença-t-elle.

– Oh là, du calme ! la coupa l’homme d’un air amusé. Je ne compte pas la retoucher, j’ai déjà pu lui parler. Et puis, Ayumi n’était qu’un message de prévention pour ton mari !

Sakura sentit alors la main de l’homme quitter son cou et passer dans ses cheveux. Brusquement, il saisit une touffe et la tira d’un coup sec. Sakura serra les poings et se retint de gémir sous la douleur. Le visage du criminel frôlait presque le sien.

– La prochaine fois, nous irons tous les deux le voir et, alors, je pourrai accomplir ma vengeance ! Il sera à ma merci, le petit, quand il verra que je te tiens entre mes mains.

Sakura comprit aisément le plan. Ce type tentait mettre la main sur Sasuke en passant par elle, mais il allait être déçu.

– Ça ne servira à rien, répliqua-t-elle en tentant d’oublier la main qui lui tirait les cheveux. Sasuke ne m’aime pas !

Ces paroles semblèrent troubler l’homme. Un instant, il fouilla le regard de Sakura, sans doute pour y chercher la vérité. Finalement, il approcha encore son visage du sien.

– C’est ce qu’on verra ! rétorqua-t-il.

Puis il la relâcha brutalement. Sakura se sentit soulagée en le voyant sortir de la pièce et refermer ce qui servait de porte derrière lui. Elle ne supportait pas ce type.

– C’est vrai Sakura ?

Sakura tourna la tête en entendant la voix faible de Temari. Les pleurs de cette dernière s’étaient calmés.

– Quoi donc ?

– Que Sasuke ne t’aime pas.

Sakura baissa la tête, honteuse d’avoir été découverte. Lorsqu’elle avait avoué la vérité, elle en avait oublié la présence de son amie.

– Oui, mais ne le répète à personne, s’il te plaît. Il ne faut pas que les enfants le sachent.

– Oui, évidemment.

Sakura se sentit rassurée. Elle pouvait faire confiance à Temari, celle-ci ne dirait rien. Encore fallait-il que quelqu’un vienne les délivrer. Elle l’avait à peine aperçue lorsque la lumière était entrée dans la pièce, mais Sakura avait deviné que l’ancienne ninja de Suna puisait dans ses dernières forces pour tenir.



*




Shikamaru ouvrit difficilement les yeux. Tout était brouillé autour de lui et il ne voyait rien, hormis un océan de blanc. Il y en avait partout : au-dessus, en dessous et sur les côtés. Cela en devenait éblouissant. Puis, lentement, sa vue se précisa. Il s’aperçut alors qu’il était dans une pièce carrée, allongé sur un lit. Le décor lui paraissait familier.

– Ah, te voilà réveillé !

Shikamaru tourna la tête et reconnut Shizune qui entrait dans sa chambre, un sourire rassurant sur les lèvres. Il était donc à l’hôpital ? Mais que faisait-il là ? Alors qu’elle s’approchait pour vérifier sa tension, il ferma les yeux et tenta de se remémorer les derniers évènements.

– Temari…, Simaru…, murmura-t-il. Merde, la fille !

Se rappelant soudainement son combat, il se redressa sur son lit mais ne resta pas plus d’une seconde assis. Une vive douleur dans les côtes le cloua sur place, si bien qu’il dut se rallonger.

– Doucement ! s’exclama Shizune. Shikamaru, tu as subi de graves blessures et, si tu bouges trop, tes cicatrices risquent de se rouvrir !

Shikamaru jura et attrapa la main de Shizune. Celle-ci, surprise, le regarda avec des yeux ronds.

– Shizune, où est-elle ? demanda-t-il d’une voix pressante.

– Mais qui ça ?

– La fille ! La fille que j’avais immobilisée !

– Ah, elle ? Dans la prison temporaire, au bas de la tour de Maître Hokage. On attendait tes explications pour savoir ce qu’on devait en faire.

Shikamaru fronça les sourcils. Ils avaient donc capturé celle qui se faisait passer pour Temari ? Pourtant, il n’avait pas le souvenir de l’avoir ramenée. Tout ce dont il se rappelait, c’était une longue errance dans Konoha avant qu’il ne tombe à cause de la douleur.

– Une chance que Sasuke soit tombé sur toi, ajouta Shizune en vérifiant la perfusion. Sinon, elle aurait pu profiter de ta faiblesse pour s’échapper et t’achever.

– Sasuke ? s’étonna Shikamaru. Mais qu’est-ce qu’il faisait là ?

– Tu pourras lui poser la question, il attendait que tu sois réveillé pour te parler.

Shikamaru hocha la tête. Il ne devait pas être plus de six heures du matin lorsqu’il avait enfin réussi à sortir de chez lui, la traîtresse rattachée à lui grâce à son ombre. Il savait que Sasuke n’était pas du genre à traîner au lit le matin mais, tout de même, il trouvait cela tôt pour se promener dans les rues de Konoha.

– Bon, tu as l’air de bien te remettre, annonça Shizune au bout de quelques minutes. Tu es receveur universel, c’est une chance ! Ah, et tu pourras remercier Hinata pour son don du sang.

– Don du sang ? répéta Shikamaru, perplexe. Mais… Pourquoi Hinata ?

– C’est elle qui a insisté, sans doute parce qu’elle se sent toujours coupable pour Simaru.

Shikamaru soupira et reposa sa tête sur l’oreiller. Décidément, Hinata était bien trop sensible à son goût. Toutefois, il ne pouvait pas la blâmer car elle venait peut-être de lui sauver la vie.

– Bon, j’ai quelques questions à te poser, expliqua Shizune en s’asseyant près du lit. D’abord, qui est cette femme que tu traînais derrière toi ce matin ?

– Je ne connais pas son nom, répondit Shikamaru, mais elle est une maîtresse du Genjutsu. Elle s’est faite passée pour Temari durant une semaine. C’est elle la traîtresse qui délivrait des infos sur le village à l’ennemi.

Shizune acquiesça, blême à cause de la nouvelle. Jamais elle n’aurait imaginé qu’un tel stratagème fût mis en place.

– Bon et comment combat-elle ?

– Pas tant de Genjutsu que ça, même si on pourrait s’y attendre. Elle utilise son chakra pour se défendre et attaquer. Je dois avouer que c’est assez impressionnant.

– Elle a beaucoup de talent ?

– Je te rappelle qu’elle a failli me tuer, Shizune.

Shizune acquiesça avec gravité et se leva, satisfaite de ces réponses.

– Bon, je vais informer Maître Tsunade. En tout cas, interdiction de te lever pour l’instant. Tes blessures risqueraient de se rouvrir. Par contre, tu as le droit à de la visite.

Puis elle s’approcha de la porte et appela Sasuke. Celui-ci entra, juste après l’avoir laissée sortir.

– Salut vieux, le salua Shikamaru.

– ‘Lut. Je vois que tu as un peu récupéré.

– Ouais, je te dois une fière chandelle, pour le coup. Mais qu’est-ce que tu fichais dehors à une heure pareille ? T’as laissé tes fils seuls chez toi, en plus ?

– Non, Kakashi est passé tôt ce matin pour me proposer de les garder pour la journée.

– Sympa de sa part.

– Il fait ça pour Sakura, je pense.

– Ouais, enfin ça m’explique toujours pas ce que tu foutais dehors au lever du soleil.

Sasuke soupira et baissa la tête, comme si la question le dérangeait. Finalement, il prit une chaise et s’installa à côté du lit.

– Je ne pouvais pas dormir, avoua-t-il.

Shikamaru se redressa, sans doute à cause de l’étonnement. C’était bien la première fois qu’il voyait Sasuke préoccupé.

– Ne me dis pas que tu t’inquiétais pour Sakura ? demanda-t-il avec un mince sourire sur les lèvres.

Peut-être que finalement elle ne lui est pas complètement indifférente… Faut dire aussi qu’après douze ans de vie commune, il était temps !

Sasuke ne répondit pas immédiatement. Il semblait troublé par cette question et hésitait à se confier à Shikamaru. Les deux hommes n’étaient pas les meilleurs amis du monde mais avaient chacun leur respect pour l’autre.

– Il se pourrait bien, admit-il. Sans elle, je crains que les enfants ne soient un peu perdus.

Ben voyons, il rejette la faute sur les enfants. Il fallait s’y attendre !

– Oui, Sakura m’a l’air d’être une mère très bien, avoua Shikamaru.

– Elle l’est. C’est pour cela que je ne pense pas qu’elle soit la traîtresse. C’est impossible.

Shikamaru soupira et reposa sa tête sur l’oreiller. Rester sur les coudes le fatiguait.

– Oui, moi aussi c’est ce que j’ai ressenti, approuva-t-il. Sakura est bien trop aimante avec ses enfants pour livrer sa propre fille. Certes, elle était sans doute très bien placée pour nous trahir puisqu’elle savait où était la maison des Inuzuka, où se trouvait Simaru, l’emploi du temps d’Ayumi et aurait pu aisément aider l’agresseur lorsqu’il est venu chez vous et s’enfuir avec lui après avoir assommé ses coéquipières. Mais, maintenant, je suis sûr et certain que ce n’est pas elle.

– Ah oui ? C’est la fille que j’ai retrouvée à côté de toi qui t’as appris du nouveau ? demanda Sasuke, très intéressé.

– Un peu, oui ! Sasuke, c’est elle la traîtresse !

Sasuke faillit sursauter mais se contenta de s’agripper au drap.

– Quoi ? s’exclama-t-il. Mais elle n’est même pas d’ici !

– Non, et elle s’est bien jouée de nous, la garce ! Elle a pris la place de Temari pendant une semaine !

Sasuke devint blême. Comment était-ce possible ? Un Genjutsu normal aurait dû être décelé bien plus tôt. Il fallait croire que cette fille était vraiment forte.

– Comment as-tu deviné ? demanda-t-il. Pourtant, ce n’était pas évident d’accuser ta propre femme…

– Oui, c’est vrai, admit Shikamaru, en se rappelant qu’il avait au début réellement cru avoir Temari devant lui. Mais, hier, c’est elle qui a posé les notes explosives. Elle les a mises pendant sa chute et elle a posé la dernière quand je suis arrivé près d’elle. C’était très habile, car j’ai mis un peu de temps avant de comprendre. La manœuvre avait sans doute pour but de renforcer les soupçons qui pesaient sur Sakura.

Sasuke acquiesça, impressionné par ce qui venait de lui être dit. Shikamaru avait dû faire preuve d’une grande force pour accepter que celle qu’il aimait puisse être la traîtresse. Heureusement, il s’était avéré qu’elle n’était qu’un imposteur. Par contre, cela signifiait que Temari avait réellement disparu.

– A ton avis, ils ont emmené Simaru, Temari et Sakura au même endroit ? demanda-t-il.

– Je n’en suis pas sûr, avoua Shikamaru. Il faudra lui poser la question. Il est vrai qu’utiliser plusieurs cachettes différentes est plus risqué mais les séparer évite qu’on les retrouve tous d’un coup.

– Encore faudrait-il qu’on trouve leur cachette… J’y vais !

Sasuke tourna les talons et se dirigea vers la porte d’un air plus déterminé que jamais. Shikamaru fronça les sourcils et l’appela, se doutant de ce qu’il risquait de faire, mais il fit mine de ne pas entendre et sortit.

– Galère ! jura Shikamaru. S’il sort sans autorisation, il va avoir les ANBU au cul, cet idiot !

Voulant rattraper son ami qui, il le sentait, allait faire une bêtise, il tenta de se relever, mais ses blessures le clouèrent sur place. Il serra les dents pour ne pas jurer à nouveau. Finalement, il aperçut la petite sonnette près de son lit et décida de l’utiliser. Il lui fallut attendre quelques minutes avant que Shizune ne se présente enfin.

– Qu’il y a-t-il, Shikamaru ? Si tu veux sortir, sache qu’il n’en est pas question !

– C’est pas ça, maugréa-t-il. Il faut prévenir Maître Tsunade : Sasuke est sur le point de se tirer !

Shizune écarquilla les yeux, sans doute plus par peur que par surprise.

– Co… Comment ça ? Mais il veut la prison à perpétuité ?

– Non, cet idiot veut sauver Sakura ! Grouille-toi un peu, il doit déjà être auprès de celle qui m’a attaqué !

Shizune acquiesça avec gravité et sortit précipitamment de la chambre. Shikamaru, agacé par son impuissance, se laissa retomber dans son lit et soupira.