Tenir ou lâcher


Fanfiction Naruto écrite par shikacool (Recueil de shikacool)
Publiée le 19/02/2010 sur The Way Of Naruto



Hello !

Voici un p'tit OS que j'ai écrit comme ça, sans vraiment l'avoir prévu. Avec la chanson "Ta main" de Grégoire que j'aime bien. Ca a été dur de la caser en entière dans le one-shot oO

Sur ce... bonne lecture ! =)



Chapitre 1: OS



Il faisait beau ce jour-là. Le soleil de juillet était au rendez-vous, le ciel était d’un bleu profond et dépourvu de nuages. Les rayons apaisants chauffaient la ville de Palavas-les-flots, à cette heure-ci envahie de touristes qui affluaient sur les plages et dans les supermarchés. Au milieu même d’une rue où s’étalaient des maisonnettes colorées qui donnaient sur la mer, un homme marchait d’un pas énergique tout en admirant la vue, un énorme sourire aux lèvres.
Il n’était pas revenu ici depuis… Depuis qu’il avait coupé les liens avec tout le monde. Avec son monde à lui. Cela remontait à tant d’années…

Mais Naruto Uzumaki n’était pas du genre nostalgique. Ses cheveux blonds continuellement en bataille et ses yeux bleus pétillants de joie de vivre témoignaient de son caractère fort et enjoué. Certes il avait grandi, il avait mûri : au fond pourtant, il était resté exactement le même. Et la personne à qui il rendait visite reconnaîtrait bien vite, il en était certain, le garçon hyperactif qu’il était autrefois.

Et voilà. Il était arrivé à destination ; plus précisément devant une porte de bois verni, appartenant à une jolie bicoque rose.
Rose. Comme elle. Comme la vie, avant tout ça.
Il toqua. Et attendit.
Depuis qu’il avait fait l’erreur de sa vie, depuis qu’il était parti avec la promesse de ne plus revenir, il n’avait fait qu’attendre ce moment. Les mains légèrement moites, il tenta sans succès de coiffer ses cheveux indomptables.
La porte finit par s’ouvrir. Une jeune femme apparut derrière.
Une jeune femme d’une beauté fragile, qu’on avait envie de protéger.
Une jeune femme aux cheveux roses.

Naruto sourit à Sakura.
Elle le dévisagea de ses immenses yeux verts.

Tu sais que j’ai du mal,
Encore à parler de toi,
Il parait que c’est normal,
Il n’y a pas de règles dans ces jeux là.

Elle n’avait que peu changé. Ses cheveux cascadaient toujours sur ses frêles épaules, ses yeux brillaient toujours avec autant d’intensité. Néanmoins ses joues s’étaient creusées, des cernes violettes se peignaient sous ses yeux. Ses jambes s’étaient galbées, elle portait un short et un tee-shirt informe. De toute évidence, elle n’était plus aussi attachée à la mode qu’avant.
Avisant Naruto, elle fit un pas en arrière en écarquillant les yeux. Gêné, celui-ci se racla la gorge et dit :
- Hey… Ca faisait une paye, hein ?
- Na… Naruto ?
- En personne…
A vrai dire, il était déçu de cet accueil dénué d’enthousiasme. Non pas qu’il avait imaginé qu’elle lui sauterait au cou… Après toutes ces années sans nouvelles, il n’aurait pas dû se faire d’illusions. Mais ils avaient été amis, non ? Les meilleurs amis, même…
- Eh bien, pour une surprise… murmura Sakura. Entre...

Elle s’effaça pour le laisser passer. Après un instant d’hésitation, Naruto pénétra dans un minuscule mais lumineux salon. Sakura l’invita à s’asseoir sur un fauteuil en osier. Pour détendre l’atmosphère, Naruto lança d’un ton badin :
- Tu ne t’es pas mariée, depuis tout ce temps ?
- Non…
Le blond remarqua que son amie d’enfance s’était raidie. L’avait il blessée ? Avant qu’il ne songe à rattraper sa gaffe, Sakura se reprit et leva son visage blafard vers lui :
- Et toi ?
- Oh, moi, liberté, liberté, tu me connais, rit Naruto.
- Où étais tu, pendant ces 15 ans ?
Diable, 15 ans ! Était-il vraiment parti si longtemps ? En se tordant les mains, l’Uzumaki fit d’un air vague :
- J’ai voyagé…
- Vraiment ? Et maintenant, tu en as assez ? Tu reviens au bercail… Par acquis de conscience, peut être ?
Naruto crut déceler un ton accusateur dans la voix de la Haruno. Elle continua, la voix tremblante :
- Venons-en aux faits. Tu es revenu pour lui, n’est ce pas ?
- Que… de quoi tu parles ?
Décontenancé, Naruto vit des larmes emplir les yeux émeraude de sa camarade. Les sourcils froncés, elle le fusillait du regard. Où voulait-elle en venir ?
- Je ne suis pas idiote, Naruto. J’ai mûri pendant ces 15 ans… Tu es parti sans même dire au revoir juste après son départ, à lui.
Oh. Alors c’était de lui dont il s’agissait. Evidemment. Il aurait été impossible de taire son nom. Naruto répliqua, le regard fixé sur ses chaussures :
- On m’a dit qu’il était revenu. Comment va-t-il ? ajouta-t-il d’une voix qu’il aurait voulue joyeuse.
Sakura frémit de la tête aux pieds.
- Ne joue pas avec moi, Naruto. Ne joue pas…
Elle pleurait sans retenue, à présent. Inquiet, Naruto bondit de son fauteuil pour venir s’asseoir à côté d’elle. Il voulut la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa sans ménagement et se leva brusquement, comme s’il l’avait brûlée. Elle pointa un doigt accusateur sur lui et gronda :
- Je croyais te connaître, Naruto Uzumaki. Mais le garçon avec qui j’ai grandi n’aurait jamais abandonné ses amis. Pas à ce point.
- C’est vrai, je vous ai abandonnés, dit Naruto en se levant à son tour. Mais je suis de retour, et j’entends bien réparer mes erreurs !
Sakura eut un rire sans joie.
- Réparer tes erreurs ? Et comment vas-tu faire, hein ? Ta naïveté est proche de la bêtise. Il est trop tard, maintenant ! Tu n’étais même pas là quand Sasuke avait besoin de ton aide ! Tu m’as laissée toute seule pour l’arracher de l’emprise d’Orochimaru, tu n’as jamais pris de nos nouvelles. Tu n’es qu’un égoïste !
- Sakura, je te promets que je ferai sortir Sasuke de la drogue. J’aurais dû le faire dès le début, je le sais… Et crois moi, il n’y a pas eu un jour où je n’ai pas pensé à vous deux, où je n’ai pas eu de remords…
Il y eut un silence. Sakura essuya les larmes qui coulaient sur ses joues, fixant Naruto. Elle chuchota :
- Mais… Tu… ne sais pas ? Comment peux-tu… Comment crois-tu… A quoi tu joues, Naruto ? s’écria-t-elle finalement.
- Et toi, à quoi tu joues ? rétorqua le blond. Je suis revenu… Je suis désolé… Tu parles comme si… D’ailleurs, qu’est il arrivé à Sasuke ?
Sakura le dévisagea un moment, remuant les lèvres sans émettre un son. Puis elle lui tourna le dos et s’approcha de la fenêtre. Sans le regarder, elle énonça :
- Sasuke est mort, Naruto.

Tu sais j’ai la voix qui se sert,
Quand je te croise dans les photos,
Tu sais j’ai le cœur qui se perd,
Je crois qu’il te pense un peu trop.

Non… c’était impossible. Avait-il bien entendu ? La phrase avait pourtant été prononcée distinctement… Mais il ne pouvait pas… Mort ? Non !

- Je… comment… ?
- Ca fait six mois aujourd’hui. Je voulais te prévenir, mais je ne savais pas où te joindre. Il a replongé… Il a fait une overdose. Je l’ai trouvé mort sur le sol…
Naruto sentit ses jambes se dérober sous son poids. Il tomba à genoux. Il eut l’impression qu’il n’aurait jamais la force de se relever.

Son meilleur ami… Il avait quitté sa ville natale pour suivre Orochimaru, un homme dangereux et sans scrupules, mais riche et qui possédait des « relations ». Sasuke, aveuglé par sa soif de reconnaissance, avait renié ses amis. Naruto s’était enfui à son tour… S’il avait su que quand son ami reviendrait, il aurait eu autant besoin de son aide, il n’aurait jamais visité tous ces pays, il n’aurait jamais tenté vainement d’oublier… Alors, tout aurait peut être été différent.

C’est comme ça,
C’est comme ça.

Sakura, lentement, s’avança vers lui. Elle le serra brièvement contre elle et le força à se relever, le portant à moitié. Aucun des deux ne pleurait. Les larmes étaient vaines, comme toute tentative d’oubli.

- Où est-il ? souffla l’Uzumaki.
- Au cimetière. Il n’est pas loin, je peux…
- C’est bon, je me souviens où c’est.
Sakura le lâcha sans un mot, comprenant que Naruto désirait être seul. Il quitta la maison d’un pas lourd.

J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé que mon chagrin,
Ne dure qu’un instant.
Et tu sais j’espère au moins,
Que tu m’entends.

Tout en marchant, Naruto, dans un état second, contemplait la mer. En revenant ici, il avait imaginé que, dans quelques heures, lui, Sakura et Sasuke seraient de nouveau réunis, et joueraient comme des gamins dans l’eau fraîche. Il s’était réjoui à cette idée. Cette eau turquoise… A présent, il avait envie de s’y noyer. Seul.
Autour de lui, les touristes se bousculaient en parlant fort. Armés de l’insouciance qui tue ceux qui sont accablés de douleur…
L’insouciance de Naruto avait tué Sasuke. Son déni, son absence lui avait fait perdre toute forme de courage.
« Il était comme un frère pour moi. Mais est ce que deux frères se retrouvent séparés aussi facilement ? »

Sans vraiment s’en rendre compte, Naruto franchit l’entrée du cimetière. Où aller, à présent ? Fébrilement, Naruto se mit en quête de la tombe de son ex-meilleur ami. Des goélands planaient au dessus de lui, leurs imposantes ailes étendues paisiblement. Parfois l’un d’eux poussait un cri, semblable à une lamentation, que l’on appelait pleur, à juste titre. C’était comme si l’âme de Naruto se manifestait à travers ces grands oiseaux : blessée, légère mais écrasée d’un fardeau si lourd. Naruto accéléra le pas.
Son meilleur ami n’était pas loin… Sa tombe était là, sombre et brillante, entre deux tombes blanches comme la neige. Un bouquet de fleurs de cerisiers égayait le marbre noir. Sans doute un dernier présent de Sakura.

C’est dur de briser le silence,
Même dans les cris, même dans la fête,
C’est dur de combattre l’absence,
Car cette conne n’en fait qu’à sa tête

Elle avait toujours été profondément amoureuse de lui, Naruto s’en souvenait. Comment ne pas se rappeler la fatalité qui l’avait fait souffrir le plus au monde ? Dès qu’il avait été en âge de réfléchir, il avait compris que jamais Sakura ne le regarderait avec ces yeux là qu’elle avait en présence de Sasuke. Il avait plus ou moins renoncé à elle… Jusqu’à ce que l’adolescence chamboule tout, et que ses relations avec son meilleur ami ne se tendent. Sasuke avait changé. Il voulait plus, il voulait tout. Plus que l’amitié, tout ce que ses deux amis ne pouvaient lui offrir.

Sakura tenait Naruto pour responsable de la disparition de Sasuke, et elle avait raison. Il avait été lâche. C’était un lâche. Ca ne se pardonnait pas ; jamais.
Naruto s’agenouilla devant la dernière demeure de son frère de lait, tel un salut respectueux. Il fit d’une voix faible :
- Hey mon pote… Tu ne devais plus m’attendre, hein ? Ton vieil ami Naruto… Ben voilà, je suis de retour… T’es parti sans moi, dommage… Tu sais comment je suis, toujours en retard.
L’Uzumaki renifla. Il sentit l’émotion poindre en lui. Alors pour ne pas se laisser submerger, il continua à parler :
- Je voulais… te demander pardon. Et puis te dire que tu vas me manquer, aussi.

Et personne ne peut comprendre,
On a chacun sa propre histoire.
On m'a dit qu’il fallait attendre,
Que la peine devienne dérisoire

C’est comme ça,
C’est comme ça.

Le regard bleu, un peu humide, du blond se posa sur le bouquet de fleurs de cerisiers. Elles étaient belles, frémissant doucement sous la brise tiède. Elles étaient fragiles aussi, et douces et parfumées.
Naruto sourit vaguement : Sakura portait bien son prénom.
Il avait cru l’aimer, vraiment : mais si cela avait été vrai, jamais il ne se serait dérobé.

Il était triste pour elle : telles ces fleurs pâles sur le marbre froid, jamais Sakura ne pourrait s’unir à Sasuke. Trop différents. Pas du même monde.
Et lui, l’Uzumaki beau parleur, où était-il ? Avait-il seulement une place ?
Non. Il n’y avait rien de Naruto sur cette tombe et dans ces fleurs.

- Je crois que je n’ai jamais réellement fait partie de vos vies, à tous les deux, reprit Naruto. C’est peut être pour ça que je n’ai su vous aider.

En guise de réponse, un pleur déchirant monta au dessus de lui. L’Uzumaki leva la tête. Un goéland majestueux tenait quelques choses dans ses pattes palmées ; elles s’ouvrirent.
Naruto suivit des yeux le pétale orangé qui descendit tranquillement, dirigé par le vent. C’était beau : le jeune homme avait toujours aimé cette couleur.

Naruto se leva ; le pétale atterrit dans les fleurs de cerisier.
L’orange et le rose juraient superbement.
Naruto soupira ; quelqu’un happa son poignet.

J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé que mon chagrin,
Ne dure qu’un instant.
Et tu sais j’espère au moins,
Que tu m’entends.

Le blond tourna la tête vers Sakura et sourit tristement : elle ne le regardait même pas. Il suivit la direction qu’empruntaient ses yeux gemme.
La tombe de Sasuke, évidemment.
La tombe de Sasuke ?

- J’aime bien le pétale orange, murmura la rose. Il met un peu de vie dans les fleurs roses pâles.
- Oui…

Les goélands ne pleuraient plus. Ils se contentaient de voler.
Naruto aurait bien aimé que Sasuke soit parmi eux.

Un goéland se posa à terre et fixa l’Uzumaki. Il le fixa de ce regard ennuyé, un peu hautain, que malgré les années Naruto n’avait pas oublié.
Le goéland semblait vouloir dire : « Et maintenant ? »
Discrètement, Naruto lui tira la langue. Le goéland parut exaspéré et s’ébroua avec dédain.

Je voulais te dire que j’étais fier,
D’avoir était au moins un jour,
Un peu ton ami et ton frère,
Même si la vie a ses détours.

C'est comme ça,
C'est comme ça.

Naruto s’obligea à dégager son poignet de la prise de Sakura.

- Je n’ai plus rien à faire ici, déclara-t-il d’une voix rauque. Si tu… Enfin…

Sakura le dévisagea en silence. Sans la regarder, Naruto se détourna et dit :

- Adieu.

Il commença à marcher à pas lents. Les goélands s’étaient remis à pleurer.

- Non !

Elle vint se planter devant lui.

- Je ne veux pas que tu partes. Plus jamais.

Naruto ouvrit de grands yeux ; ceux de son amie se plissèrent alors qu’elle lui offrait son premier sourire depuis 15 ans. Il n’y avait pas de rancune dans son expression. La vie recommençait.

J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J'aurais aimé que mon chagrin,
Ne dure qu’un instant.
Et tu sais j’espère au moins
Que tu m'attends.

Il n’y avait plus personne dans le cimetière, excepté ce goéland gris : il observait avec intensité cette fleur de cerisier et ce pétale orange, enfin réunis. Dans ses yeux ternes, on pouvait apercevoir une étrange lueur : comme s’il était satisfait.

Bientôt il s’envola vers le soleil couchant. Puis disparut.




En espérant que cela vous a plu... Et que vous posterez quelques commentaires ;)

Zibouilles !