Amour Noir


Fanfiction Naruto écrite par Narsha (Recueil de Narsha)
Publiée le 11/02/2010 sur The Way Of Naruto



C'est une one-shot dont j'ai eu l'idée après avoir lu des romans à l'eau de rose. C'est le genre que je n'aime pas trop, et j'en avais assez des trucs nunuches qui finissaient toujours bien. Et puis Sakura aussi m'énervait, c'est pour cela qu'elle est un peu OOC dans ma fiction. Je voulais aussi faire une fiction avec Itachi dans toute sa splendeur, pas comme il apparait dans la deuxième partie de ma fiction sur Akemi (Parce que je suis comme toi).


Chapitre 1: Amour Noir



Ses yeux étaient presque clos à présent, mais je savais qu’il me voyait. Du moins voyait-il mon masque qui avait été blanc, mon masque d’ANBU. Mon masque qui ne reflétait plus ce que j’étais. Le blanc était sali par le sang et la poussière et avait une curieuse teinte d’un gris vaguement rougeâtre. J’aurais préféré noir, comme l’amour que je vouais à l’homme dont je m’étais entichée. Ma proie ne savait pas encore pourquoi je l’avais attaquée, ignorait qui j’étais, ignorait ce que je voulais d’elle. Il n’y avait ni passé ni futur, juste maintenant. Nos corps étaient couverts de sueur et de sang. Et les liquides chauds se mêlaient et coulaient le long de nos membres endoloris par le combat que nous venions de mener. Il releva la tête, tandis que mes mains gantées maintenaient ses épaules contre le mur de crépi. Il y avait cette odeur dans l’air, cette odeur de mort. Une odeur de sang âcre et de sueur chaude. Une odeur de peur de sa part, de l’incompréhension peut-être, même une once de désir (j’en fus intriguée, mais pas si surprise tant j’avais l’habitude). Il était à ma merci, et j’avais tout loisir de le tuer. Mais je ne voulais pas sa mort. Du moins, ce que je souhaitais obtenir entraînerait sa mort. Mais je voulais lui faire payer cette humiliation, celle que j’avais subie il y avait seize ans et qui me collait à la peau, sans que je veuille l’accepter. Je voulais voir une peur immense quand il me reconnaitrait en regardant dans mes yeux. Tandis qu’un de mes bras retenait son corps devenu trop faible contre la paroi irrégulière qui mettait son dos endolori par mes soins à feu et à sang, je relevais son menton de ma main devenue libre et le giflais sans trop de violence pour qu’il rouvre les yeux. Je fixai un point un peu au dessus de son regard de braise, pour que ses pupilles ne m’atteignent pas. Mes yeux accrochèrent la jonction de ses arcades sourcilières, la base du nez. Ce fut à ce moment là que j’enlevai mon masque.

***


Tout avait commencé quand j’avais pris conscience que si je voulais le revoir à tout prix, il faudrait que je quitte le village. Que pouvait-il m’arriver ? J’avais dix-huit ans et j’étais un membre de l’Ansatsu Senjutsu Tokushu Butai (escouade spéciale de tactique et d’assassinat) autrement dit l’ANBU. J’étais l’élève du Godaime-sama, un ninja médecin de talent exceptionnel et de renommée mondiale. J’étais très belle, on me le disait souvent, et ma majorité n’avait fait qu’accentuer les propositions des hommes à mon encontre et fait se décider ceux qui attendaient que des relations sexuelles avec moi. Bref j’avais ruiné quatre ans de ma vie, peut-être cinq pour un crétin d’Uchiha, et je comptais encore le rechercher. Mais j’étais limitée dans mes mouvements par Konoha. Et je m’étais promis de « disparaître » pendant une mission pour faire croire à ma mort et le rechercher tranquillement. J’espérais qu’ainsi personne ne me rechercherait et que Naruto remarquerait ENFIN qu’Hinata est totalement dingue de lui. Bref je m’étais décidée à partir loin, très loin de ce foutu village de la feuille qui me faisait vraiment ch*** ! Et j’avais accompli ce que je désirais faire, soit éliminer mon partenaire avec qui je devais supprimer un seigneur dans un pays voisin. C’était Neji. Dommage pour son oncle, il lui faudrait un nouveau génie pour diriger le clan. Et avec ses deux abruties de filles il était pas franchement gâté.

J’avais gardé mon masque et mes armements, mais m’encombrant d’une cape noire, plus un manteau fin à la vérité, pour me dissimuler. J’étais un inconnu et asexuée dans ma tenue large. Tant que je ne parlais pas, ma féminité passait inaperçue dans mon accoutrement. J’avais tout de même troqué mon masque contre un autre complètement blanc et j’avais rayé mon bandeau de kunoichi. J’étais encore pleine d’espoirs de le retrouver. Quelle imbécile je faisais ! Et pour le retrouver, il fallait que je me focalise sur le même objectif que lui, soit son frère. Je connaissais l’histoire de ce tueur qui avait zigouillé tout son clan en une seule nuit. Moi aussi j’étais forte, mais je me doutais bien qu’Uchiha sénior était bien plus puissant que moi. La seule façon dont je pouvais l’avoir, c’était de le séduire, puis de le tuer, de quelque manière que ce soit. Et pour cela j’allais briser la promesse que je m’étais faite personnellement de réserver mon premier baiser et ma première nuit à Sasuke. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver à ce moment-là.

***


_ Alors, tu me reconnais, Sasuke-kun ? Demandais-je en insistant sur le suffixe, le rendant quasiment insultant. Il blêmit à mes paroles, à moins que ce soit mon identité enfin dévoilée qui le fasse trembler. Bien, j’aimais sa peur, elle avait comme un goût métallique.

_ C’est imposs… imp… (Il n’arrivait pas à prononcer ce mot)

_ Je sais que cela fait longtemps Sasuke, mais je ne pensais pas t’affecter à ce point. Seize ans n’es-ce pas ? Que tu m’avais dit ce mot, ce simple mot parce que je t’avais avoué mes sentiments, espérant sottement te retenir auprès de moi. C’est à moi de te le retourner à présent, pour les douze ans passés après notre dernière rencontre dans le repaire d’Orochimaru, ces années qui m’ont rendue si forte et qui m’ont amenée à aimer un autre que toi. Pour tout cela, Sasuke, je ne peux faire autrement que te dire ceci, cela aurait été terriblement impoli sinon. Merci

Sa voix tremblait et était presque celle d’un enfant apeuré quand il prononça mon nom. Ce fut comme une question dont il ne voulait pas entendre la réponse, bien qu’il en éprouve le besoin irrépressible de l’écouter de ma bouche.

_ Sakura ?

***


J’ai passé près de deux ans à rechercher toutes les informations susceptibles de m’aider. Cette vie sauvage me rendait plus forte, bien plus forte que je ne le pensais. J’avais fini après deux ans de recherches par localiser certains endroits grâce aux témoignages que j’avais récoltés qui se recoupaient. Recoupaient, le mort est bien choisi, vu qu’aucun des témoins ne pouvait prononcer une seule parole, vu que je leur avais ôté la vie. De manière tout à fait courtoise et indolore, cela dit. Disons qu’après quelques expériences, j’avais appris à me servir de mes atouts féminins et à délier les langues. J’avais ainsi appris beaucoup de dialectes, surtout corporels, il faut l’avouer. J’avais acquis une réputation de criminelle et un surnom tout aussi sympathique : Kuragari no Tenshi, ce qui signifie l’Ange des ténèbres. Chose tout à fait compréhensible, quand je m’enfuyais dans la nuit, ma cape déchirée faisait comme de grandes ailes sombres qui se déployaient derrière moi.

Ma rencontre avec Itachi n’en fut pas vraiment une. Nous nous connaissions de vue, il est vrai, mais je ne lui parlais pas pour la première fois. J’avais encore changé de déguisement, optant pour le moment pour un yukata d’un rouge sombre où fleurissaient des branches de cerisier brodées de fil noir sur la soie sanglante. J’avais changé d’apparence, prenant un air de jeune femme à la fois belle et cruelle. Il était dos à moi, assis au bar avec son acolyte aux airs de squale affamé et bleu. Ils discutaient, où plutôt Kisame entretenait un monologue que le brun n’interrompait que pour acquiescer gracieusement de sa tête d’ange ténébreux ou prononcer de sa voix sombre et veloutée quelques paroles semblant pleines de sagesse. Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu’ils disaient, mais la discussion finit par se tourner sur les jeunes filles qui l’observaient. Ils se retournèrent tous les deux pour observer les clients, tandis que je demandais un thé à la serveuse. Je pris conscience des yeux de braise qui me fixaient et je le regardai à mon tour, feignant une indifférence. Il ne dit rien, mais sourit légèrement. Ses lèvres articulèrent silencieusement mon nom, et je sus qu’il m’avait percée à jour.

Nous eûmes de nombreuses autres rencontres, parfois seul à seul, parfois quand il était entouré. Mais jamais nous ne nous parlâmes dans un premier temps. Il était… fascinant, et je devais m’avouer que j’étais en train de m’intéresser un peu plus à lui à chaque fois. Mais pendant deux ans, à part les quelques mots échangés en combat, quand il y en avait un, nous ne parlions pas. Puis, comme si cette période avait été un temps de probation, comme pour vérifier que je pouvais rester dans son entourage immédiat, nous devînmes plus intimes. Pas rapidement, certes, mais nous commençâmes à parler de tout et de rien, et une routine s’instaura. Kisame voyait tout mais ne disait rien. Ou alors il n’avait rien perçu, ce dont je doutais fortement.

***


_ C’est bien Sasuke, tu m’as reconnue.

_ Que t’es-t-il arrivé ? Qu’est-il arrivé à la Sakura que je connaissais ?

_ Elle a goûté enfin à ce que la vie offrait de plus savoureux : le meurtre, le sang, l’amour…

_ Qu’est ce qui t’a corrompu à ce point ? Tu dégages une aura de mort certaine.

_ La Sakura que tu connaissais a goûté, comme toi, à la vengeance. Je dois dire que c’est un doux parfum qu’elle dégage. On m’a enseigné le meurtre et j’ai appris à aimer.

_ Je croyais que tu m’aimais, se moqua-t-il avec ironie.

De mes ongles longs et noirs, je griffais sa joue en le giflant, y laissant quelques traînées sombres et parallèles par où son sang s’échappa lentement. Ma main serra son cou tandis que je m’approchais de son oreille.

_ Ici, je crois que tu n’es pas en mesure d’être sarcastique. Tu n‘as pas l’avantage. Je te conseillerais vivement de te taire, le menaçai-je d’une voix glaciale puis desserrai mes doigts, sans pour autant rompre le contact.

_ Je peux savoir qui est l’heureux élu ? Toussa-t-il.

_ Tu le connais très bien. C’est ton frère.

***


Je mis un moment à le séduire. Nous passâmes quelques nuits ensembles, à relâcher nos pulsions animales. Nos ébats étaient presque violents, moi, pleine de rancœur de ne pouvoir l’avoir tout de suite et lui, comme s’il s’agissait d’un nouveau test. Mais nos caresses portaient une sorte de message désespéré, comme si nous cherchions tous deux en l’autre la tendresse que nous avions perdue et oubliée. Puis, après plusieurs années encore, nous fûmes plus que deux complices d’un lit. Après la chute de l’Akatsuki, qui avait perdu de nombreux membres à cause de Konoha, nous nous mîmes à tuer ensemble. Sakura et Itachi. Amour et mort. Nous tuions tous deux, décimant nombre de notables et accumulant des accusations à notre encontre. Et je finis par découvrir que l’idée de le tuer me répugnait, au plus haut point. J’étais tombée amoureuse de l’homme que je devais tuer. Quel humour noir quand on y pense, pour un amour noir et corrompu où nous menions un jeu pour mettre à l’épreuve l’autre pour mieux se retrouver plus tard. Mais je ne le possédais pas tout entier. C’était comme s’il fallait que je fasse mes preuves. Un jour je lui avais demandé, et il voulut que je lui prouve de façon définitive que c’était lui que je portais en mon cœur et non pas son frère que j’avais cru aimer durant quelques folles années de jeunesse.

***

_ Mon frère, mais…

_ Je sais, je sais, je donne l’impression d’être une girouette. Je l’aime d’un amour si intense que j’accepterais de faire l’impossible pour lui. D’ailleurs, c’est pour cette raison que je suis là.

_ Qu’est-ce que tu veux dire ?

_ Simplement qu’il y a une chose que ton frère souhaite plus que tout au monde : retrouver la lumière. Et si je l’aide, il pourra me contempler d’un œil neuf, et ainsi, je deviendrais sa femme et le clan Uchiha prospérera.

_ D’un œil neuf ? Déglutit-il nerveusement.

_ Exactement. Et le seul qui puisse les lui offrir, c’est toi, chantonnai-je avec une joie macabre.

Je sortis de ma poche un bocal pressurisé permettant de garder en bon état les parties à greffer. J’ôtais les yeux de mon premier amour, qui hurla de douleur. Une main se posa sur mon épaule et retint mon geste qui aurait mis à mort le jeune Sasuke. Itachi ! J’aurais reconnu cette main fine et sensuelle à la fois entre toutes !

_ L’un retrouve la lumière et l’autre sombre dans les ténèbres. Soigne-le ! Ordonna-t-il. Je suis prêt pour la greffe.

Je m’exécutai comme il le voulait, soignant un Sasuke énucléé et devenu aveugle. Puis je soignai mon futur avec tous les soins nécessaires. L’opération avait été si efficace, qu’il put ouvrir les yeux quelques minutes après l’opération. Je lui souris, et il me répondit par le même biais. Il garda le sourire en me transperçant le ventre d’une lame acérée. Basculant au sol, la douleur irradiant, je murmura :

_ Pourquoi Itachi-kun, pourquoi ?

_ Pauvre fleur de cerisier qui s’était crue plus forte que moi. Tu avais bon espoir de me servir de compagne, mais je ne suis pas ce que tu crois. Je me fiche du renouveau du clan, puisque que je l'ai décimé, je souhaitais seulement le pouvoir. Les Uchiha s’éteindront avec moi, sauf si mon frère parvient à prendre femme. Je te remercie pour les soins que tu m’as apportés durant toutes ces années. Merci, Sakura.

Ces mêmes mots, ces mêmes mots qu’il prononça avant de me fermer les yeux. Une dernière fois.