Esto Vir


Fanfiction Naruto écrite par shikacool (Recueil de shikacool)
Publiée le 14/11/2009 sur The Way Of Naruto



Hey les gens ! Mon recueil s'agrandit d'un nouveau one-shot ! =)

Je voulais le terminer pour le 11 novembre, pour commémorer l'armistice. Mais faute de temps, je l'ai fini il y a 5 minutes ^^'

Concernant le titre : Esto Vir = Sois un homme. Bavi, j'ai fait des titres en anglais, en français, en espagnol... Le latin aussi, ça fait classe =p
Me sources d'inspiration sont cette fois ci des films, qui sont ceux ci : Jacquou Le Croquant, Anna et le Roi et Joyeux Noël.
Mon premier OS sous forme de lettre, je crois. Je le trouve un peu naif, je ne sais pas si j'ai bien rédigé. A vous de me le dire ^^

Bonne lecture !



Chapitre 1: OS



Je m’en souviens encore. Alors qu’à présent, je ne suis qu’un vieillard couvert de honte et de déshonneur, mon seul refuge est le souvenir. Le souvenir de cette nuit responsable de tout. Ce soir si étrange, qui a marqué ma vie et ma mémoire comme graverait une lime dans un morceau d’obus.

Kakashi, mon fils, à qui j’écris cette lettre. J’ai beau ne pas être très présent dans ta vie, je te connais suffisamment pour deviner que tu n’accepteras pas un simple souvenir comme excuse à ce que j’ai fait et à ce que je m’apprête à faire. Tu as raison, au fond je n’en ai aucune. Pour cela et pour tout ce que tu as enduré à cause de moi.

Je n’ai jamais vraiment été un père. Jamais là pour te conseiller, t’apprendre, te guider, te dire quoi faire, te défendre. Tu n’as rien eu d’autre qu’un exemple idéal de ma réputation de ninja digne de légende à Konoha. Il est vrai que jusqu’à cette fameuse nuit, on m’acclamait, on connaissait mon nom, on me citait en modèle dans les académies. Moi Sakumo Hatake, le Croc blanc du village de la feuille, j’avais, et je tiens à parler au passé, tout du ninja d’élite que les étudiants rêvaient d’égaler.

Je ne vanterai pas mes soi-disant mérites, mon fils. Être un bon ninja ne relève pas de la prouesse, comme on le croit trop souvent : il suffit d’être fidèle au point d’en devenir aveugle, de se faire sourd aux supplications de ses victimes et se concentrer sur les ordres, d’ouvrir ses bras à la mort un kunaï à la main et de ne jamais s’attacher à personne. Rajoute quelques facilités et un entraînement rigoureux. Apprends ces règles par cœur, contrefiche toi du reste et des autres. Ainsi tu deviendras un shinobi respecté de tous. Tu feras la fierté de ton village et ton honneur sera sauf.

La fierté de ton village, oui. Mais pas celle de ton père. Peut être n’as-tu que faire de mon avis. Je tiens tout de même à te le donner. Une fois n’est pas coutume, j’assumerai mon rôle de précepteur.

Pour la première fois je crois, je vais te raconter une histoire, Kakashi.

J’en ai été le protagoniste durant cette mission qui a ruiné ma vie. Comme tu le sais, mon escadron livrait un combat acharné aussi bien que meurtrier aux ninjas de Suna depuis un bout de temps. Un soir, ce soir là, ce soir qui a tout changé, nos deux camps se trouvaient séparés de peu au sein du même tunnel souterrain. Il faisait froid, je me rappelle. La neige nous recouvrait jusqu’aux genoux et les parois du tunnel étaient entièrement gelées. Nous piétinions difficilement. On avait le bout des doigts tout engourdis, ce n’était pas pratique. La nuit était tombée, on ne voyait plus qu’à la clarté de la neige et à la faible et vacillante lueur des bougies. Nous nous étions posés pour la nuit à cet endroit du tunnel. J’avais perdu toute notion du temps ; c’est habituel lors des longues et harassantes missions comme celle que j’effectuais. Heureusement mon fidèle calendrier, celui qu’à un Noël, tu m’avais fabriqué, ce calendrier rempli de couleurs, ne me quittait jamais. Je l’ai sorti de mon baluchon informe : mais le froid ne l’avait pas épargné, et le givre le recouvrait en grande partie, rendant illisible les dates inscrites sur le fond bleu vif. Je l’ai rangé en pestant intérieurement. Et puis j’ai remarqué un camarade, à côté de moi, qui consultait son calendrier : il était moins beau que le tien, beaucoup plus simple et terne, mais au moins, les dates étaient sauvegardées du givre. Je me suis penché sur lui ; mon compagnon a tourné la tête vers moi, un sourire béat au visage. Je n’ai pas compris pourquoi. Je l’ai dévisagé en haussant un sourcil, pinçant les lèvres. Alors il a reposé les yeux sur son calendrier et a effleuré du doigt une date entourée en rouge. J’ai plissé les yeux, puis j’ai réalisé : nous étions le premier janvier.
Pendant une seconde, toutes sortes d’images ont défilé rapidement dans ma tête : tu devais, en ce moment même, être en train de faire la fête avec ta mère et tes amis. En fin de ce matin, tu avais dû te joindre à tous les autres villageois de Konoha, sur la grande place, pour écouter le discours de l’Hokage et observer une minute de silence. Puis, devait être arrivé le temps de prière. Tu t’étais alors recueilli, baissant la tête avec respect, et ton âme avait vibré au plus profond de toi. Enfin le soir, les rues étaient décorées, illuminées, animées, bruyantes, de gens qui crient leur joie et de musique qui résonne. Tu avais dû jouer dans la neige, et à présent, tu devais te rendre de ruelles en ruelles, acclamer les héros sans qui le village de la feuille n’aurait jamais existé, et pas seulement lui.

En effet, pour tous les shinobis de tous les pays, le premier janvier était jour de fête : c’était le jour où les cinq grand pays ninjas étaient officiellement nés. Le jour où la profession de ninja avait été reconnue, le jour où les villages avaient édifié leur véritable protection. Le jour qui nous fêtait, nous.

Bientôt, tandis que je ne bougeais toujours pas, j’ai vaguement entendu des murmures, des sifflements, des exclamations étouffées. Tout autour de moi et de ce calendrier, mes subordonnés se rendaient compte petit à petit du jour qu’on était. Tous pensaient alors à leur maison, à leur foyer, à leur famille et à leurs amis qui les attendaient, et qui célébraient cette date. Et nous, pendant ce temps, nous grelottions dans le froid, guettant un ennemi qui, pour une fois, partageait nos pensées et nos sentiments.

La commémoration du premier janvier ne concernait pas que le pays du Feu. Ce jour était sacré aux yeux d’absolument tous les pays qui comptaient un tant soit peu de ninjas valeureux : le pays de l’Eau, le pays de la Foudre, le pays de la Terre, le pays du Vent, le pays de la Pluie, le pays de l’Herbe, le pays de la Cascade, le pays de la Rivière, le pays du Son, le pays du Fer, le pays du Bois.

Cela fait beaucoup de monde, non ? Nous étions, en cet instant, des millions et des millions à garder cette flamme dans notre cœur. Nous étions tous des ninjas, et, même si nous obéissions à des règles différentes en fonction des attentes de notre patrie, nous avions les mêmes valeurs et les mêmes espoirs. Et pourtant, Suna et Konoha se faisaient la guerre. Tu penseras que les ordres sont les ordres et au diable les symboles et les dates, Kakashi. Je ne te blâmerai pas pour ta naïveté : à cette étape de l’histoire, j’y croyais encore comme toi.

J’étais comme pétrifié, incapable de prendre la moindre décision et de donner l’ordre le plus simple. Un honorable shinobi se doit de mener une double vie, sans jamais en joindre les deux bouts : d’un côté il y a la famille, les souvenirs, les sentiments. De l’autre il y a la mission, les coups, les morts, la froideur et le courage. Ce sont alors deux phases totalement différentes, identiques à deux liquides absolument incompatibles qu’on aurait placés dans la même coupole.
Je m’étais toujours appliqué à obéir à cette règle. Rien que pour la survie de mon cœur, rien que pour l’espérance de mon âme. Parce que je n’avais pas le choix.

Alors qu’en vérité, on l’a toujours. Il suffit simplement de faire le bon. Comment savoir ? Tout dépend de tes principes et scrupules.

Pourtant en ce moment là, le désarroi me paralysait tout entier. Parce que cette date, cette fichue date bariolée du rouge de l’amour et de la fête, introduisait vicieusement ma vie familiale au cœur d’une mission à haut risque.

Je me suis écroulé dans la neige, en pleine lutte avec mes émotions. Haletant, je me suis appuyé sur un coude, tentant de ne pas perdre la face.
J’ai peu à peu repris mes esprits. Puis j’ai pris conscience de deux choses : de gros flocons de neiges s’étaient mis à tomber, parsemant la couche de neige déjà épaisse de lueurs argentées, et un cantique chanté à mi-voix montait à la surface du tunnel.

Je me suis retourné, surpris. Parmi mes coéquipiers, quelques un fredonnaient d’un air timide, pressant leurs calendriers entre leurs doigts bleuis par le froid.

I hear the mountain birds
The sound of rivers singing
A song I’ve often heard
It flows through me now
So clear and so loud
I stand where I am
And forever I’m dreaming of home
I feel so alone, I’m dreaming of home

La mélancolie et la nostalgie de l’air ont contaminé bien vite l’escadron. Alors que de plus en plus de voix s’élevaient, un homme a commencé à claquer des mains en rythme, lentement, mais distinctement. Certains me regardaient avec appréhension. Mais je n’ai amorcé aucun geste pour les empêcher de chanter. Les paroles qui franchissaient leurs lèvres gercées ne traduisaient que trop bien notre état d’âme, à tous.

De plus en plus de mains frappaient la cadence. Un soldat cognait même une baguette contre le rebord d’un bol, produisant un étrange son aiguë au milieu des voix graves. Sans vraiment y penser, j’ai avalé une grande goulée d’air frais et ma voix s’est unie aux autres. Beaucoup m’ont fixé avec étonnement : mon timbre gutturale et puissant n’était pas passé inaperçu. Je les ai encouragé d’un mince sourire. En quelques secondes, la morne troupe que nous formions était devenue une chorale sereine. Un soldat entreprenait aussi de nous accompagner à l’harmonica.

Nous devions être une cinquantaine à chanter, tout au plus. Ainsi il nous a été facile de remarquer leur arrivée.

Tout à coup, des dizaines et des dizaines de voix se sont jointes à notre chœur. Nous nous sommes tous observés, cherchant qui remuait les lèvres, qui donc augmentait tant le volume de notre chant. La réponse nous est rapidement parvenue.

Peu après l’apparition de ces voix venues de nulle part, le trémolo d’un violon a fait vibrer nos tympans. Je me suis redressé vivement. Les secondes sont passées telles des heures, avant que, finalement, ils fassent leur entrée.

Un homme s’est lentement avancé, sortant d’un virage du tunnel. Avisant sa stature et son maintien de guerrier, j’ai immédiatement porté mon regard sur son bandeau. L’emblème de Suna y était gravé. Mes hommes et moi avons saisi nos armes d’un air menaçant. Les chiens de combat ont poussé une série de grondements sourds.

Le shinobi ennemi face à nous ne s’est pas arrêté de chanter. Sentant probablement nos regards rivés sur son front, il a détaché son bandeau et l’a négligemment jeté à terre. Il s’est immobilisé à quelques mètres de nous, sans cesser de débiter la chanson d’une voix claire.

Il était à présent seul à fredonner. Sa voix résonnait le long du tunnel. Et puis d’autres voix l’on rejoint, ces mêmes voix étrangères à notre escadron.

Mes subordonnés hésitaient à charger, d’autant plus que je n’avais donné aucun signal. J’allais commettre l’irréparable, lorsque d’autres silhouettes ont rejoint l’homme qui chantait déjà. Et tous, un par un, dans un geste fluide et lent, se sont débarrassés de leurs bandeaux à l'effigie de Suna. Ainsi, une fois que l’escadron adverse se fut réuni près de nous, les plaques argentées frappées de l’emblème de Suna les entouraient, en brillant de mille feux dans la neige pure. Une mince frontière blanche séparait nos deux camps. Ma paume reposait sur le manche du katana accroché à ma ceinture. Parfois ma main se crispait, prête à dégainer l’arme de son fourreau et à prendre son tribut de sang. D’autres fois, et elles se faisaient de plus en plus nombreuses, mes doigts s’engourdissaient, semblant vouloir lâcher l’arme et toute responsabilité.

Le violon murmurait toujours à nos oreilles. Du coin de l’œil, je pouvais remarquer certains de mes soldats remuer les lèvres, accompagnant silencieusement les hommes qu’on nous avait envoyé tuer. Étaient ils seulement conscients de leurs actes ? Ou bien était-ce leur cœur qui chantait pour eux ?

It's carried in the air
The breeze of early morning
I see the land so fair
my heart opens wide
there's sadness inside
I stand where I am
And forever I'm dreaming of home,
I feel so alone,
I'm dreaming of home.

De ce que nous savions d’eux, les ninjas de Suna étaient réputés pour leur formidable discipline et leur talent impressionnant. Aussi fus-je surpris par ce mouvement de rébellion qu’organisait le chef de cette escouade. Je ne savais pas son nom. Je savais juste que c’était lui, au milieu, le grand roux toujours suivi de son lieutenant, une femme brune aux yeux noisette. A cette époque, mon avis était mitigé : j’hésitais entre le penser stupide ou rêveur. La vérité est qu’il a fait preuve d’un courage et d’une clairvoyance admirables.

J’aurais pu passer la nuit entière à hésiter sur la nature de l’ordre que je devais donner à mes hommes. Mais une dernière chose m’a décidé.

Quelqu’un s’est glissé entre le chef de la petite armée et son lieutenant. Il a planté ses yeux dans les miens. Des yeux gris, scintillant tels des perles. De longs cheveux couleur de lune, un teint d’albâtre. Des joues rebondies, rosies par le froid.

Ce n’était pas un homme, ni une femme. Il était même difficile de l’imaginer soldat. Pourtant il en était.

Un enfant. Âgé de neuf ou dix ans, dont la voix de soprano évoluait seule au milieu des chants graves des soldats. Il se tenait droit, comme les autres. Il portait comme il faut son katana, comme les autres. Il était probablement destiné à mourir, comme les autres.

Il te ressemblait. C’en était frappant. Vous aviez en commun cette innocence dans le regard, cette manière un peu déconcertante de fixer les adultes droit dans les yeux, comme pour nous offrir la candeur de vos âmes. Cet examen inconscient dont j’étais l’objet face à toi, et face à ce gamin, m’avait toujours rendu mal à l’aise. Comme si j’avais peur de souiller ton esprit si parfait de mes actes impurs et sanglants.

D’un geste maladroit et tremblant, sans quitter l’enfant des yeux, j’ai ôté mon katana de ma ceinture. Je l’ai lentement posé au sol, et, tout aussi lentement, j’ai retiré mon bandeau frontal. Puis j’ai fait un pas en leur direction.

Sans cesser de psalmodier, le chef de l’escadron « ennemi » m’a adressé un hochement de tête, et s’est avancé à son tour. Ce que j’ai fait alors a marqué la fin de ma vie en temps que ninja modèle. Ma vie de lâche et de renégat commençait.
Presque naturellement, j’ai tendu une main devant moi.

Oui, à ce soldat dont l’existence menaçait mon village, à ce soldat qu’on m’avait expressément ordonné d’éliminer, j’ai tendu la main. Une main amicale et fraternelle.

Je ne sais pas si je regrette mon geste. Un shinobi ne revient jamais sur ses actes, n’est ce pas ?

Il l’a prise. Le chef de l’escadron m’a serré la main. Brièvement, mais cordialement. D’un accord tacite, nous avons repris la chanson en unissant nos deux voix.

I see no foreign sky
I see no foreign light

La neige étouffait le bruit des bandeaux qui tombaient au sol, mais j’ai su que mes hommes avaient tous, sans exception, retiré le tissu orné de la plaque de métal qui les reliait à Konoha. Pour cette nuit, rien que pour cette nuit, nous n’étions que de simples êtres humains. Plus de ninja, plus de tueur, plus même de villageois. Rien que des hommes en quête d’un peu d’oubli.

Nous nous sommes assis sur la neige jonchée d’insignifiants bandeaux. Oh, nous allions les reprendre bientôt, nous le savions. Mais pour l’instant nous n’étions que des vagabonds, installés sans distinction de qui était l’ennemi et de qui était l’allié.


But far away am I
From some peaceful land
I'm longing to stand
A hand in my hand
Forever I'm dreaming of home,
I feel so alone,
I'm dreaming of home.

Et nous avons chanté, et nous avons festoyé, avec les moyens du bord. Le chef d’escadron et son lieutenant, qui s’avérait être sa femme, m’ont montré une photographie de leur fils unique. Je crois qu’il s’appelait Sasori. Et à présent, et par ma faute, il est orphelin.

Je leur ai beaucoup parlé de toi. J’ai beaucoup ri, par rapport à d’habitude. Pour une unique fois, je me suis refusé de penser au lendemain.
Et cette flamme, dans leurs yeux. Cette chaleur dans mon cœur. Je savais qu’ils ressentaient la même chose que moi. Je savais qu’en acceptant cette courte trêve, j’ouvrais enfin les yeux.

Il est étonnant de voir que seule une infime partie de notre vie est chargée d’intensité. Souvent, ces moments cessent avant même que l’on s’aperçoive qu’ils ont commencé. (Note de l’auteur : citation du film « Anna et le Roi ».)

Mais ils nous accompagnent tout au long de notre existence, et influencent grandement nos décisions.
Comprends tu, à présent ?

Comprends tu pourquoi, le lendemain, après que nous ayons rattaché nos bandeaux à nos fronts, j’ai abandonné la mission ? J’avais tué ce chef d’escadron et sa femme. J’avais lu la compréhension, l’acceptation totale dans leurs yeux. Une barrière de flamme nous coupait la route. Nous les pourchassions. Afin de permettre à leurs subordonnés de passer l’obstacle, le roux et son lieutenant nous ont fait face, armes en main.

Ils se sont bien battus. Ils ne m’ont laissé aucun répit, et j’ai fait de même. Mais ils n’avaient aucune chance face à mon expérience et à mon génie, comme auraient dit mes admirateurs d’antan. La femme a fini par s’écrouler, suivie une minute plus tard par son époux. La plupart de leurs soldats avaient fui, sauf un. Nous aurions pu le tuer, et poursuivre l’escadron « ennemi ». Nous aurions dû le faire.

Nous les aurions certainement rattrapés. Il y aurait eu un massacre. Qui aurait été le vainqueur, je ne peux le dire. Mais des hommes auraient été pleurés par femme, sœur, fille, mère. Et tout cela pour quoi ?

Le soldat restant, derrière la barrière de flammes, était le mystérieux enfant. Aussi pâle que la mort, et pourtant un véritable feu, aussi ardent que celui qui brûlait en cet instant, vacillait dans son regard. Il me condamnait.

Je sais que si j’avais fait un pas de plus en direction de l’incendie, il m’aurait tué. Sans hésiter. Je ne me serais pas défendu et j’aurais péri sous la lame d’un enfant. Peut être en aurait il été mieux ainsi.

Au lieu de cela, il m’a condamné, de sa pureté et de ses yeux, à ne jamais pouvoir vivre sans mon honneur de vain shinobi. A ne jamais savoir me reconstruire.

Ensuite, sa sentence muette faite, il a disparu. Peut être n’a-t-il jamais réellement existé. Aucun registre ne mentionne un enfant soldat dans cet escadron de Suna.

J’ai fait reculer mes hommes et leur ai ordonné de retourner à Konoha. Ils ont protesté, sans grande vigueur certes, mais mon choix allait à l’encontre des règles.
Pourtant ils ont fini par obéir. J’avais, pour quelques moments encore, conservé mon panache et mon autorité de chef digne des légendes.

Tu connais la suite, Kakashi. Je suis effectivement rentré à Konoha sous les huées des habitants. J’ai été relevé de mes fonctions. Ta mère est partie. Tu es resté seul avec un père qui à défaut d’être absent, se noie dans ses souvenirs et sa rancœur.

Je ne saurai t’élever correctement. Sans doute n’as-tu plus besoin d’éducation. Je n’ai pas su saisir ma chance d’être ton père véritable, d’acquérir ton respect et ton amour. Je regrette, mais sache que du moment où tu as ouvert les yeux, tu as été ma raison de vivre, l’élément le plus difficile à occulter de mes pensées lors des missions. Mon fils, ma chair et mon sang, mon héritier. J’aimerais t’avoir légué quelque qualité, et non ma lâcheté et ma médiocrité.

J’espère tellement qu’un jour, te me pardonneras. Le couteau est posé sur mon poignet gauche. Du droit j’écris ces dernières lignes, avant d’emporter pour toujours cette triste présence que devait être ton père.

N’oublie jamais ce que tu veux, Kakashi. Construis ta propre vie et définis ta propre fierté, pas celle d’un shinobi aveugle et trop courageux. Deviens quelqu’un. Ne sois jamais quelque chose.

Avant tout, avant même tes devoirs, Kakashi. Et tu verras que cela est plus ardu qu’il n’y paraît.
Sois un homme.

Ton père qui t’aime,
Sakumo Hatake.

____________________________________________________________

La dernière ligne était à présent trempée de larmes. Un poing serrait, de toutes ses forces, la lettre que comblait l’encre.
Un jeune garçon, accroupi près du corps d’un homme aux poignets ensanglantés, pleurait de toute son âme. Cette scène, la première et la dernière scène de tendresse d’un père et de son fils, devait restée à jamais cachée entre les murs de cette pièce et dans les fin fonds de la conscience du jeune Kakashi. Couché sur le corps sans vie de son géniteur, la précieuse lettre en main, le garçon répétait entre deux sanglots :

- Papa… Papa…

Bientôt la peine laissa place à la colère, celle qu’il avait toujours tenté de réfréner durant le vivant de Sakumo. Kakashi ramassa la dague de chakra blanche qui avait servi à ôter la vie de son père et sortit de la pièce. Au passage, il jeta la lettre au feu.

Mais au fond de lui, il avait tout à fait conscience que le contenu de cette lettre d’adieu le suivrait pour le restant de ses jours, bien que le papier soit consumé.
Il s’appliqua à suivre les exacts contraires des règles que lui avait indiquées son père, pendant un certain temps. Or, il ne s’en rendait pas compte mais, depuis toujours et pour longtemps encore, il honorerait son ultime conseil. Par ses dénégations du mérite de Sakumo et sa froideur si bien feinte, Kakashi serait un homme. Et quel homme…



Peut être reconnaîtrez vous en la chanson inclue ici la BO du film "Joyeux Noël" intitulée "I'm dreaming of home".

Voilà, j'espère que cela vous a plu ^^ dans tous les cas, n'hésitez pas à critiquer !
Merci d'avoir lu,

Et zibouilles ! <3