Le garçon de la grille


Fanfiction Naruto écrite par Saya-chan (Recueil de Saya-chan)
Publiée le 02/11/2009 sur The Way Of Naruto



Salut tout le monde !!
Voilà le fruit de mes vacances d'été, celle qui est née à Séville, s'est poursuivie à St Jean de Luz dans les Alpes, à St Raphaël et qui a enfin été terminée, chez moi, tranquille... ^^ Celle qui a ma grand-mère comme fan numéro 1 XD.

Une fic en trois chapitres, une histoire d'ados comme d'hab, une histoire d'amour comme d'hab, un ShikaTema, comme d'hab...
Inspiré comme dit dans le résumé par la chanson Skater Boy d'Avril Lavigne, qui me plaisait même avant de l'avoir traduite. Et puis une fois que ça fut fait... Mon esprit s'est mis à gambader, mes yeux se sont perdus dans le vague au lieu de déchiffrer un devoir de maths, et vogue la galère... C'était parti. Mais je suis allée au bout !! Même si je n'avais pas du tout prévu qu'elle allait me mener si loin. A la base pour moi, ça allait juste être un OS, ou peut être une song-fic...
Et puis non. Je suis partie.
Et je suis pas mécontente du résultat.
Sur ce, amateur de romance, de ShikaTema, sur fond de luxe et de prises de têtes... ENJOOOY !!!
:D



Chapitre 1: "Tout vrai regard est un désir" A. de Musset



Temari descendit de la voiture au moment où la sonnerie de huit heure moins cinq retentissait. Elle traversa le parking à grandes enjambées, avec la démarche assurée de celle qui sait pertinemment tous les regards rivés sur elle. Les cours commençaient dans quelques minutes à peine, mais la majorité du lycée traînait encore dehors, terminant leurs clopes et savourant leurs derniers instants de liberté. Arrivée à hauteur du portail, la jeune fille feignit de chercher quelqu’un dans la foule, pour jeter un rapide coup d’œil sur sa droite, le long des grilles en fer forgé. Elle retint de justesse un sourire triomphant, en recadrant son regard devant elle. Il était là, et il la
regardait. C’était le cas tous les jours depuis un petit moment déjà, mais cela lui procurait toujours un plaisir, une satisfaction certaine. Elle inspira un grand coup.
La journée commençait bien.

En fait, rares étaient les mauvais jours dans la vie de Temari No Sabaku. Fille de ministre, elle vivait dans un immense et luxueux appartement qui donnait sur les Champs Elysées, avec ses deux frères. Aussi belle que brillante, nul ne doutait qu’elle fut promise à un avenir glorieux quelle que soit la branche vers laquelle elle s’orienterait. « Mademoiselle No Sabaku a la matière pour réussir partout » disaient la plupart de ses profs. Bien élevée polie et gracieuse, elle avait l’art de les séduire comme la majorité des gens qui avaient affaire à elle. Outre de nombreux talents qu’elle cultivait sur ordre de son père, elle pratiquait la danse depuis l’âge de cinq ans (d’où l’allure) et le mannequinât à titre occasionnel (d’où la démarche). Inutile de préciser que la progéniture féminine du ministre Sabaku était une créature très enviée.
Peu de choses lui manquaient en vérité, si ce n’est une mère, morte trop tôt, et la présence de son père très occupé et qui, traitant avec des politiciens redoutables tous les jours était complètement dépassé avec ses enfants.
Mais malgré sa famille pour le moins inhabituelle, Temari bénéficiait d’un équilibre plutôt stable dans sa vie. Peut être un peu trop. Consciente de ses atouts dans presque tous les domaines elle se laissait aller trop souvent à une certaine suffisance, vis-à-vis des autres. Son autre problème c’était son orgueil.

Assise en cours d’anglais avancé, près de la fenêtre, Temari repensait, comme souvent, au garçon de la grille. Qu’avait-il de spécial, par rapport à tous les autres qui la fixaient, le sourire niais ou les yeux écarquillés ? Elle ne savait pas. En plus il n’était pas du tout son genre avec ses fringues de skateur, ses sweats à capuche et ses grosses baskets crados. Sans parler de la coiffure, une queue de cheval en pétard ridicule… Mais elle aimait son regard, doux et rêveur quand il la suivait des yeux, sa dégaine quand il tirait sur sa clope, tellement plus naturelle que tous les autres (elle y compris) avec leurs Malboro light et leurs airs de pas y toucher.
Parfois il était seul, et Temari trouvait ça bizarre elle qui avait toujours besoin d’une horde d’admirateurs (et d’admiratrices) à ses pieds pour se sentir vraiment bien. Quelques fois, il écrivait sur un carnet à spirale, assis sur le trottoir, les pieds dans le caniveau tout propre.
Il était en TL3, apprit-elle. Un artiste…
Ca lui plaisait.
Mais pour rien au monde elle ne l’aurait avoué.

Même si Temari consacrait la majeure partie des heures de cours, surtout les premières après « la rencontre », à la rêverie autour du garçon de la grille, cela n’était jamais allé plus loin que ça, et quoiqu’elle le désirât plus ou moins, elle savait qu’elle ne ferait jamais le premier pas. Pas pour quelqu’un d’aussi insignifiant que lui. Elle ne savait même pas qui était son père !
La situation était restée identique depuis ce jour où elle avait fait tomber ses cigarettes à ses pieds et où il les avait ramassées et tendues avec un sourire, ce sourire qui avait fait qu’elle l’avait guetté tous les jours après ça. Malgré ses fringues louches et son absence de notoriété.

Un jour cependant, les choses bougèrent sans que Temari y soit pour quelque chose. Ce matin-là, Sakura, une amie d’enfance dont le père était à la tête d’un immense empire industriel, vint la trouver pour lui proposer de l’accompagner à un petit concert, dans un endroit que son frère connaissait.

- Il y joue, mais je n’ai pas envie d’y aller toute seule…
- Tu es sûre que c’est ton frère que tu veux voir jouer ? Demanda Temari avec un sourire narquois.

Son amie rougit confuse, et avoua que Sasuke (fils d’un haut dignitaire de l’armée, son amour de toujours mais à sens unique) jouait aussi. La blonde se rengorgea d’avoir vu juste. Sakura était une fille opportuniste et superficielle, mais très sensible et tout simplement incapable de dissimuler ses émotions. Elle admirait beaucoup Temari, par conséquent cette dernière jugeait sa compagnie plaisante. Elle accepta donc l’invitation.

- Oh merci ! S’écria Sakura aux anges.

Temari savait que la rose était ravie d’avoir l’occasion de s’afficher avec elle.
Le concert était prévu pour le lendemain soir, dans une cave de la banlieue. Bien sûr il était illégal et c’était ce qui faisait tout son charme.
Ce soir là, la blonde ne prit pas un grand mal pour s’habiller, consciente qu’elle ne rencontrerait pas grand monde qu’elle souhaitait connaître ou impressionner. Ces endroits étaient infestés de drogués, de pauvres qui n’avaient d’autres loisirs que ces concerts gratuits et de qualité médiocre… Mais ces plongées dans le monde réel étaient courues dans l’univers bourgeois de notre héroïne, pour l’excitation de l’interdit et du danger potentiel de ces quartiers instables.
C’est donc juchée sur des talons compensés Prada, vêtue d’un jean LC parfaitement coupé et d’un blouson en cuir à trois zéros, qu’elle ferma silencieusement la porte de son 18 pièces, avant de courir pour attraper un taxi.
Elle rejoignit Sakura devant l’immeuble dans le sous-sol duquel était organisée la fête. La jeune fille rayonnait sous sa couche de maquillage. Elle était généralement d’excellente humeur quand il s’agissait d’entrapercevoir son idole. Les deux amies pénétrèrent en bavardant dans le bâtiment parmi une cinquantaine d’autres personnes.

La salle était bondée. Il y régnait une forte odeur de tabac mêlée à celle plus entêtante de l’alcool. Au fond du sous-sol une scène avait été improvisée avec des planches, et d’énormes enceintes encadraient la structure. Le bar était constitué de tables branlantes de tailles variées mises bout à bout le long d’une paroi suintante. Jouant des coudes dans la foule, les filles s’en approchèrent. Temari se servit un verre de bière, seule boisson qu’elle put identifier dans l’obscurité quasi complète. Puis elle prit le bras de Sakura et elles se dirigèrent vers la scène.
La musique jaillissait par flots des enceintes. Ces groupes étaient meilleurs que Temari l’aurait cru. Malheureusement elle ne distinguait pas les visages des musiciens à cause des lumières mouvantes. Et puis, un connard chevelu devant, lui cachait une partie de la scène. Excédée elle finit par bousculer le gêneur et se faufila devant lui. Ah c’était mieux.

Le groupe de Sasuke se produisait. Sitôt les premières notes, Sakura avait bondi vers l’estrade. De là où elle était, Temari pouvait voir sa tignasse rose bouger au rythme de la musique. Elle sourit. Son amie avait bon goût. Non seulement Sasuke était beau, mais en plus il chantait bien. Il émanait de lui une classe insolente, très séduisante en vérité. Soupirant d’aise, elle se mit en tête de dévisager les autres membres du groupe. Le batteur était un garçon trapu mais musclé, à la coupe au bol affreusement ringarde et au sourire étincelant. Jamais vu.
Le bassiste était vraiment au fond de la scène si bien qu’elle dut se tordre le cou pour l’apercevoir. Mais ça valait le coup. Elle faillit tomber à la renverse quand elle le reconnut. Le garçon de la grille ! Mais qu’est ce qu’il foutait là ?! Prise au dépourvu, elle avisa son verre, le termina d’un trait avant de regarder à nouveau. Etait-ce vraiment lui ? Elle fronça les sourcils : le visage du mec quel qu’il soit était de nouveau dans l’ombre. Décidée à en avoir le cœur net, Temari joua des coudes une nouvelle fois, et se tortilla jusqu’à l’extrémité de l’estrade.
Là elle ne pouvait plus en douter.
Remise de sa surprise, elle n’en fut que plus curieuse à son égard. Un musicien… Elle sourit involontairement. Un bon point pour lui.
A y voir de plus près il était toujours aussi débraillé, mais à n’en pas douter, ça avait un côté très sexy… Elle s’était approchée du buffet et se servit un autre verre.
Il la vit.
Au moment où elle levait à nouveau les yeux vers la scène, elle croisa son regard. La reconnaissant, il lui sourit.
Ah ce sourire… Elle hésita une seconde, puis leva son verre rempli. Le sourire s’accentua. Elle battit des cils et…
Qu’est ce qui lui prenait ?
Temari reprit brusquement contact avec la réalité. Ce garçon jouait dans un groupe et alors ? Certes il était vraiment mignon derrière son instrument mais ça ne lui donnait pas une famille ni une situation, qu’elle le sache. Elle refusait de se laisser séduire par ce mec : elle ne sortait qu’avec des gens de son monde. Ca avait toujours été comme ça. Elle ne savait pas ce qu’il fichait à Henri IV, mais il n’était pas comme elle.
Elle repensa à ce jour de Février, où quelqu’un d’autre qu’elle avait remarqué le garçon de la grille. Ino Yamanaka (fille de fleuristes qui avaient fait fortune, actuels propriétaires d’une grande chaîne de boutiques florales à travers l’Europe.) n’avait pas caché son dégoût. « Qui c’est ce mec ? Jamais vu avant. Il est nouveau vous croyez ? En tout cas il fait tache. »
Le cœur de la blonde se serra.
Elle avait besoin de prendre l’air.

Une fois dehors, elle s’appuya contre une rambarde en fer rouillé et alluma une cigarette. L’euphorie retombait loin de l’ambiance du concert. Temari soupira en serrant son blouson contre elle. La nuit de mars était froide mais elle n’avait plus envie de retourner à l’intérieur. La prestation du groupe de Sasuke se terminait, elle entendait la rumeur enthousiaste de la salle et devina qu’il y aurait des rappels. Elle imagina Sakura sauter comme une hystérique devant la scène en agitant les bras, dans l’espoir d’attirer l’attention de son idole… et se trouva stupide.
Elle qui était venue pour s’amuser, peut être boire un peu trop, la voilà qui faisait bande à part et ruminait toute seule dehors. C’était pathétique. Elle allait retourner à la fête, applaudir le groupe comme il se devait, et s’appliquer à chasser le garçon de la grille de son esprit. Mais elle n’avait pas fait trois pas que…

- Salut ! Tu m’attendais ?
Elle se retourna. Ne vit que le sourire, à tendance asymétrique, signe qu’il plaisantait. Mais son cœur rata un ou deux battements.
- Pas vraiment… bredouilla-t-elle, furieuse contre elle-même à cause du trouble qui s’emparait d’elle.
- Pas grave, on fait comme si ?

Se forçant à détacher son regard des lèvres du garçon, elle le dévisagea en entier. Il était sorti à la va-vite pour la rejoindre, sans même prendre le temps d’enfiler son blouson. Le large étui noir de sa basse dépassait de son dos, et il portait une drôle d’écharpe jaune pâle autour de son cou dont les pans claquaient dans le vent froid.
Temari regarda autour d’elle, puis céda, ne se sentant pas en état de commencer un débat avec sa conscience.
Le garçon eut l’air ravi.

- Je m’appelle Shikamaru Nara, se présenta-t-il en lui tendant la main.
Elle la serra, et évidemment, elle était large et chaude, pile ce qu’elle appréciait.
- Moi…
- Je sais qui tu es, répondit-il simplement. Comme tout le monde le sait.
Elle ne savait pas quoi dire, et se contenta de le regarder, intimidée pour la première fois depuis des lustres.
- Tu veux bien qu’on aille boire un verre ? Proposa-t-il, un peu gêné par son silence. A moins que tu ne veuilles retourner dans la salle, mais je crois que c’est bientôt fini.
- Un verre c’est très bien, décida-t-elle, en espérant se donner une contenance avec quelque chose à la main.
Elle consulta sa montre : il n’était pas tard. Personne ne remarquerait son absence… Un petit trou dans sa vie qui passerait inaperçu…
Elle grelottait, il le remarqua, et sans un mot noua son écharpe autour de son cou.


En se réveillant le lendemain matin, Temari se sentit mal. La gueule de bois était légère, non ça, ça pouvait encore aller… Elle changea de position et tenta de se rendormir sans succès. Elle eut un soupir agacé, et se redressa. Tenter d’oublier en s’enfonçant dans les profondeurs du sommeil était lâche et stupide, jugea-t-elle en jetant énergiquement ses longues jambes hors du lit. Une fois debout elle tituba jusqu’à la porte de sa chambre, et chercha des yeux ses chaussons. C’est alors que son regard tomba sur l’écharpe jaune pâle, accrochée au montant de son lit à baldaquins. Elle resta un instant à l’observer, immobile comme une statue, puis détourna les yeux, attrapa ses chaussons sous son armoire, et sortit.
« Voici la preuve qu’il ne sert à rien d’essayer de passer inaperçue, songea-t-elle amère. Il restera toujours des traces. »
En buvant son thé parfumé, seule dans la cuisine, Temari se résigna à repasser dans sa tête les évènements de la veille.

Il l’avait emmenée dans un bar branché, sympa, mais pas du tout le genre qu’elle fréquenterait si elle était seule ou avec ses amies. Ils commandèrent puis discutèrent. Elle découvrit à quel point il était facile de parler avec lui sans se soucier de rien, parce qu’il n’était rien. Elle n’avait pas besoin d’entretenir de relations diplomatiques avec lui pour faire plaisir à son père, ou parce qu’il pouvait lui être utile d’une manière ou d’une autre. Elle parlait avec lui parce qu’il lui plaisait, et c’était amplement suffisant.
Il était calme, posé, mais parfois drôle et touchant. Exactement comme elle imaginait. Comme elle en avait toujours rêvé. Il était attentionné mais de façon discrète, jamais pour qu’elle se sente reconnaissante envers lui. Juste par politesse, et, elle le voyait bien, parce qu’il était fou amoureux d’elle. Néanmoins il n’aborda pas le sujet, resta distant et gentil. Pour un peu elle aurait été frustrée. D’accord. Elle était frustrée. Mais la soirée se passa à merveille. Ils reprirent plusieurs verres, mais pas pour être ivres, juste pour se détendre, améliorer l’instant.
Elle revit son regard sur elle, son léger fard quand il l’effleurait par mégarde…
Elle plongea le nez dans sa tasse et tenta de maîtriser les battements de son cœur.

Puis, ce quelle redoutait était arrivé. Sakura, un peu amochée, en compagnie d’un Sasuke maussade et d’une autre amie que Temari connaissait de loin était passée dans la rue. Par un hasard malchanceux, elle avait regardé par la vitre du bar et les avaient aperçus. Temari sentait encore son sang se glacer dans ses veines tandis qu’elle se ratatinait pour paraître la plus petite possible. C’était inutile, Sakura l’avait reconnue, avait écarquillé les yeux et s’était avancée dans l’entrée affichant une mine sidérée. Elle ne prêta aucune attention à Shikamaru pourtant à quelques centimètres et s’adressa à une Temari mortifiée comme s’il n’était pas là.
- Tema ? Mais qu’est ce que tu fais ici ?
Elle jeta un coup d’œil scandalisé à l’échope, et en gratifia au passage le pauvre Shikamaru.
- Tu es ivre ? Questionna-t-elle en se penchant sur la blonde, la mine septique.

Visiblement, elle ne pensait son amie capable de se retrouver ici, dans une compagnie aussi vulgaire, que si elle avait un coup dans le nez. Temari ouvrit la bouche sans savoir quoi dire. Elle sentait la gêne la paralyser face à la pitié mêlée de dédain de Sakura. Sasuke et l’autre fille étaient rentrés mais se tenaient en retrait de la scène. Si Sasuke ne paraissait pas y attacher de l’importance, la fille elle n’en perdait pas une miette. Le brun avait bien remarqué son musicien, mais ne paraissait pas se soucier de le trouver ou non en compagnie d’une superbe blonde, fille de ministre. Sasuke se fichait de tout sauf de sa personne.

- Allez viens, je te ramène à la maison, fit Sakura d’un ton condescendant qui fit se glacer Temari, alors qu’elle lui saisissait le bras pour l’aider à se relever.
Shikamaru ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la rose ne lui prêta aucune attention.
- Ne t’inquiète pas, disait-elle à son amie, je ne dirais rien de ce que j’ai vu ce soir à qui que ce soit, tu peux être tranquille…

Il jeta alors un regard d’incompréhension à Temari qui se laissait emmener. Celui qu’elle lui rendit, celui d’une fille humiliée le blessa profondément. Le choc et la douleur se lisaient sans difficultés sur son visage. Temari en ressentit elle même une peine immense, mais elle n’y pouvait rien. Elle disparut au bras de Sakura, suivie des yeux par cette fille qui se délectait d’un bon potin, mais que la rose ferait taire.
Cette dernière était en vérité ravie d’avoir selon elle, tiré Temari d’un faux pas, ce qui induisait que la blonde lui était redevable de quelque chose. C’était une situation très confortable évidemment, et Temari se haïssait pour la lui avoir offerte.
Mais ce qui la minait le plus, elle s’en rendait pleinement compte, 10 heures après, c’était le regard déçu de Shikamaru.
Il l’aimait vraiment, comme probablement aucun garçon avec lequel elle était sortie auparavant et avec qui elle était allée beaucoup plus loin qu’un simple verre, ne l’avait jamais aimée. Et elle avait trahi cet être simple et bon. Elle n’encaissait pas.
« Ca suffit, se répétait-elle en boucle, oublie cette soirée c’était une erreur… Il s’en remettra et toi aussi. De toute façon, quelle place aurait-il pu avoir dans ta vie ? »
Cette pensée plus que les autres l’abattait.
Exténuée, démolie, elle finit par retourner se coucher et dormit jusqu’à la nuit.

Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, dimanche matin vers huit heures, elle eut l’impression que son esprit était redevenu clair. Soulagée, elle testa l’évocation des souvenirs de l’avant-veille et fut ravie de constater qu’elle allait mieux. La culpabilité qui la rongeait s’était atténuée ; quant à l’éphémère sentiment de puissance de Sakura elle l’aurait vite réduit à néant, cela ne faisait aucun doute. Ce qu’elle fut surprise de constater c’est que le reste de la soirée, avant l’irruption de la rose dans le bar, se présentait comme un souvenir touchant qui lui faisait monter le sourire aux lèvres. Etonnée, mais pas mécontente elle poussa un peu plus loin l’expérience et repassa quelques instants de la soirée, comme le moment où il avait ri à quelque chose qu’elle avait dit, où quand il s’était excusé en rougissant d’avoir touché sa main… Une douche chaleur s’installa dans sa poitrine et Temari en fut satisfaite. Elle arrêta là les investigations de son cerveau et se dit, non sans soulagement, qu’elle pouvait « classer l’affaire ».

Ce ne fut pas aussi facile qu’elle le crut à ce moment là. Lorsqu’elle retourna au lycée, le lundi matin, Shikamaru n’était pas à sa place habituelle. Elle comprit alors qu’il ne s’asseyait là juste parce qu’elle passait devant lui chaque matin et qu’elle le regardait, et que son absence signifiait qu’il était passé à autre chose. Même si théoriquement, c’était aussi son cas, son cœur lui fit mal.
Elle décida alors de s’accorder une indulgence de quelques semaines concernant le cas Shikamaru, puis elle serait ferme avec elle-même. Elle n’avait plus rien à faire avec ce mec là, et s’il avait eu la bonne idée de le capter, elle pouvait le faire aussi.
A partir de ce moment là, elle ne le croisa plus que rarement. Deux fois en fait, avant qu’il ne disparaisse complètement. Elle n’avait pas fini tout à fait de l’oublier (le processus prenait plus de temps que prévu : elle s’en était rendue compte parce qu’elle sursautait à chaque voix masculine dans son dos, à chaque silhouette qui lui ressemblait) et fut désagréablement surprise par l’annonce de son départ mystérieux. Ce fut Sakura, encore elle, qui proclama la nouvelle. Elle était toujours convaincue que Temari était soûle ce soir là et que ce type vulgaire en avait profité.
- Tu es sauvée, Tem’ ! Annonça-t-elle, en arborant un air soulagé, soigneusement étudié. Le mec du bar, (elle baissa la voix en prenant des airs de conspiratrice) il est parti ! Tu n’as plus à craindre qu’il raconte ce que tu sais autour de lui !!
- Il est parti ? Répéta bêtement la blonde, sans saisir le sens de ces propos.
- Oui !! Aux states à ce qu’il paraît, mais je ne sais pas pour quoi faire… Ni avec quel argent !
Elle ricana tandis que Temari imprimait à vitesse réduite.
« Parti ? Parti vraiment ? Je ne le reverrai plus ? »

Elle y pensait encore, plus tard le même jour, lors d’un long TP de physique particulièrement ardu. Même si elle était sensée tourner la courte page Shikamaru de son existence, elle ne pouvait nier qu’elle réagissait mal à la nouvelle de sa disparition. Elle avait une curieuse sensation au creux de l’estomac qui l’avait empêchée de se concentrer pendant les heures précédentes et qui ne paraissait pas décidée à la quitter. En plus elle ne comprenait pas les raisons de ce départ ce qui ne facilitait pas les choses. C’était étrange, au milieu de l’année comme ça… avant même le Bac !
Frustrée, Temari bousilla son vernis à ongles en énumérant les possibilités d’explications avant d’abandonner, consciente de son infantilisme, et de se concentrer davantage sur les formules complexes qu’elle avait sous les yeux.

Elle se tapa une caisse en physique, pour la première fois de sa vie. Ce qui ne l’empêcha nullement de décrocher son Bac mention très bien à la fin de l’année et de se voir ouvrir les portes de toutes les grandes universités de Paris. Elle ne pensa plus au garçon de la grille, elle avait enfoui les moments du bar bien au fond de sa mémoire et n’allait jamais fouiller par là. La tactique marcha puisqu’elle reprit une vie normale. Elle suivit les conseils de son père, intégra la prestigieuse « Sciences Po » de Paris, y passa de longues années qui ne furent ni les meilleures ni les pires de sa vie. Elle ne revit plus Sakura, s’en porta très bien. Elle rencontra d’autres gens, sortit avec pas mal de garçons. Rien de sérieux, mais tous étaient approuvés par son entourage. A la fin de sa cinquième année d’étude, son père lui offrit des vacances aux Etats-Unis pour la récompenser d’un diplôme chèrement acquis. Elle décida d’y aller seule, bien que son dernier petit ami eut beaucoup insisté pour l’y accompagner. Elle ne pensait à rien sinon prendre du bon temps avant sa sixième année de travail acharné.
Elle s’amusa un peu trop.

Un jour de juillet elle se retrouva assise sur les cabinets de son appartement à Miami les yeux rivés sur un test de grossesse qu’elle tenait à la main.
« Merde… »



Héhéhé...
Il n'y a pas beaucoup de dialogues dans ce chapitre... Je me demande si ça ne va pas en décourager certains.
Ne vous inquiétez pas, ça va arriver... ;-)
J'ai un peu modifié Temari dans cette fic, moins grande gueule, moins moqueuse... Mais toujours aussi sûre d'elle (du moins au début XD) J'avais besoin d'un perso qui ait cette assurance mais avec l'orgueil qui va avec... Pas parfaite quoi ^^
J'aime pas les persos parfaits. Ca me met en rogne.
Sur ce, à la prochaine !!
Bisous à tous
Saya-chan