Blood For Blood


Fanfiction Naruto écrite par Fanademanga (Recueil de Fanademanga)
Publiée le 11/04/2011 sur The Way Of Naruto



Mieux que le chapitre précédent ^^




Chapitre 4: Sauvé ?



- Hé ! Regardez là-haut ! Hurla Kiba enthousiaste en pointant de son doigt le haut d'une immense colline à l'aspect effrayant.

Une nuée de regards curieux se portèrent sur l'endroit indiqué alors que le tonnerre gagnait en intensité, grondant toujours plus fort. Soudain, un éclair déchira brièvement le ciel et s'abattit violemment près de l'emplacement désigné par l'adepte des chiens. La silhouette d'un imposant manoir se dessina dans la nuit orageuse, faisant se raidir sensiblement les élèves.

- Ne, sensei... on va quand même pas y aller, ne ? Demanda d'une voix tremblante Tenten en enserrant sa taille dans ses bras menus.
- Je crains que nous n'ayons pas le choix ma puce, murmura d'une voix sombre Kakashi en contemplant le majestueux édifice.
- Mais mais, protesta affolé Naruto, il doit être hanté !

Cette simple réplique suffit à déclencher définitivement l'hystérie collective. Les voix gagnèrent en volume, atténuant le grondement du tonnerre.

- Mais taisez-vous un peu ! Pesta Neji dont les tympans agonisaient.
- On va tous mourir ! Les zombies-vont-sortir-de-leur-tombe-pour-nous-bouffeeerrrr ! Beugla d'une seule traite Naruto en se laissant finalement tomber, à bout de souffle, sur le sol boueux, joignant ses deux mains pour implorer le Divin.
- LA FERME ABRUTI ! S'emporta le jeune Hyuga, vexé de s'être fait ignorer.
- De toute manière... décréta Kakashi en passant d'un geste las sa main gauche dans ses cheveux, nous ne pouvons pas rester indéfiniment sans abri. Allons-y !

Prenant son courage à deux mains, il avança dans la direction du manoir, faisant signe à ses élèves de le suivre sans rechigner. La pluie gagnait en intensité à mesure que le temps s'écoulait, transformant la terre en boue mouvante, les rochers en patinoire et les arbres en parapluies percés. Bien qu'inquiet, Kakashi ne pouvait pas se permettre de toujours regarder derrière lui si les adolescents suivaient ou non sous peine de trébucher sur une racine ou de glisser sur le rebord de la falaise. Il songea dans un moment d'égarement que pour une fois, ses élèves l'écoutaient et le suivaient silencieusement sans contester ses décisions : une grande première.
En effet, ceux-ci avaient bien mieux à faire que la ramener. Chacun fixait sans relâche l'imposant manoir qui se profilait à l'horizon. De près comme de loin, le bâtiment n'avait décidément rien de charmant ou même de seulement normal. De leur position, Kakashi pouvait déceler les contours d'un large bloc central rattaché à une haute tourelle, située à sa droite. Après quelques dizaines de minutes de lutte, ils arrivèrent enfin aux portes de la bâtisse en décomposition. A en juger par les innombrables fissures et autres détériorations, elle devait dater de quelques siècles déjà. Intimidé, l'enseignant ravala péniblement sa salive et s'approcha de la porte l'entrée. Après avoir jeté une rapide œillade à ses élèves tremblotants de froid et de peur, il toqua bruyamment.

Quelques longues minutes s'étaient écoulées lorsque enfin la porte coulissa pour laisser apparaître un homme aux longs cheveux argentés, attachés en une queue de cheval qui lui retombait noblement sur les épaules. Il remit, d'un geste mécanique, son monocle (lunette portée sur un seul œil) puis examina de ses petits yeux d'un gris orageux un à un les nouveaux venus. Ces derniers le miraient avec crainte, voyant dans son regard accusateur une lueur de mépris. Grand et mince, il semblait pourtant de carrure fragile. Son torse était recouvert d'un long poncho grisâtre qui contrastait avec la noirceur de l'ample pantalon qu'il portait.

Bien que paraissant fortement agacé par la présence de la petite troupe, il restait aussi silencieux qu'une carpe muette, attendant de savoir la raison de se remue ménage. Ce fut Kakashi, enseignant modèle, qui prit la parole, malgré le fait que son interlocuteur ne lui inspirait pas la moindre confiance.

- Veuillez excuser notre venue imprévue mais voilà... nous avions décidé d'organiser une randonnée et nous avons été pris au dépourvu quand le temps s'est dégradé. La route est impraticable en bas, c'est pourquoi je me demandais si vous accepteriez de nous héberger le temps que le passage soit dégagé...

Son interlocuteur le mira d'un air hautain sans prononcer la moindre parole. Kakashi, gêné, reprit d'une voix peu assurée :

- Euh... enfin, ça ne doit être qu'une averse et... elle ne devrait pas tarder à s'arrêter. Je vous promets qu'il n'y aura aucun ennui avec mes élèves, vous verrez, ce sont des anges !

Comme pour illustrer les propos du masqué, tous les élèves arborèrent leur sourire le plus innocent voire stupide pour certains. L'homme à la queue de cheval réfléchit un moment puis daigna enfin ouvrir la bouche :

- Je ne suis point le propriétaire de ce manoir mais le domestique.
- Oh ! S'écria, surpris Kakashi. Votre... euh... supérieur ?
- Maître, le coupa sèchement le domestique en faisant claquer bruyamment sa langue contre son palet.
- Euh oui... Votre... maître est-il ici ?
- Oui.
- Et pourrais-je le rencontrer ? questionna timidement l'enseignant.
- Il est occupé, assura le domestique.
- Oh je vois, déglutit Kakashi. Mais n'y aurait-il pas un moyen de lui parler ?
- De quel droit ? Rétorqua sur un ton méprisant l'employé.
- Enfin, puisque vous n'êtes pas le propriétaire des lieux... tenta l'enseignant.
- Je n'aime pas me répéter, tâchez de vous en souvenir ! Répondit glacialement le domestique. Il est occupé !
- Oui mais, j'aimerais lui demander l'hospitalité pour moi et mes élèves.
- Ce que vous pouvez être têtu ! Mais bon, je pense que je n'ai pas le choix. Cracha l'employé.

Kakashi n'eut pas le temps de le remercier que le domestique était déjà reparti avertir son supérieur.

Les élèves, restés en retrait en profitèrent pour se concerter :

- Et ben, qu'est-ce qu'il est agréable ce type, murmura Kankuro en imitant la posture dudit "agréable" type, le dos droit et la tête haute.
- Tu l'as dit, répondit Kiba, encore sous le choc.
- Oh, ne vous plaignez pas, hein ! Ce n'est pas vous qui l'avez affronté, se lamenta Kakashi.
- La différence de niveau était gigantesque, rétorqua Temari sur un ton dramatique.

Kakashi lui posa brusquement la main sur la bouche pour qu'elle se taise : le domestique était de retour.

- Mon maître accepte de vous recevoir, déclara-t-il.
- Merci, répondit poliment Kakashi en s'inclinant respectueusement.

L'employé fit signe aux nouveaux arrivants de le suivre, leur tenant la porte comme l'exigeait son rôle. La petite troupe pénétra dans l'immense hall, contemplant timidement chaque parcelle de la pièce, chaque centimètre des murs de pierre qui l'entouraient. Ces derniers étaient ornés de tableaux, représentant pour la majorité des animaux mythiques, des centaures aux vampires en passant par les loups-garou et des portraits ainsi qu'un grand nombre d'horloges. Des rideaux en velours noirs empêchaient les lumières de la Lune de pénétrer dans la pièce, seulement quelques fins rayons blanchâtres arrivaient à transpercer le sombre tissu et venaient éclairer faiblement les quelques meubles ébènes qui composaient le mobilier.
Le domestique montra au professeur un escalier en colimaçon se situant au fond du hall.

- Il vous suffira de grimper ces marches, au deuxième étage vous trouverez un couloir, traversez-le. Au fond, dans la dernière salle, mon maître vous attend.
- Euh... merci, répondit un peu perdu l'enseignant.

Il se tourna ensuite vers ses élèves et décela de nombreuses lueurs de peur dans leurs yeux. Il leur fit un sourire rassurant et, après leur avoir chaudement recommandé de se tenir à carreaux, (ce qui d'ailleurs étonna l'employé qui pensait que les élèves étaient des anges), partit en direction de l'escalier qui grinça sous son poids. Il suivit au pied de la lettre les indications du domestique et arriva dans le fameux couloir. Celui-ci était plongé dans la pénombre, ses murs, tout comme ceux d'en bas étaient décorés de tableaux et d'horloges.

Cela faisait maintenant quelques minutes que l'enseignant errait dans le long, très long, interminable couloir. Le désespoir commença à s'emparer de lui lorsqu'il aperçut finalement le mur de fin. Il soupira et observa silencieusement la poignée de la dernière porte. Il redoutait la personne qui s'y trouvait, le domestique lui ayant largement suffit. Il prit une profonde respiration, pria tous les dieux possibles et inimaginables et fit un geste de croix avant d'approcher sa main tremblante de la poignée tant redoutée. Il l'attrapa violemment, ferma les yeux et ouvrit lentement, très lentement, trop lentement la porte. Il passa incognito la tête dans l'ouverture et scruta la pièce. Semblable au hall, des rideaux noirs filtraient la lumière naturelle, mais au grand bonheur de Kakashi, un feu de cheminée éclairait faiblement la chambre.

- Toquer ne vous est pas venu à l'esprit ?

Le professeur sursauta et rougit de sa maladresse. Il regarda en direction de la voix et aperçut une silhouette, assise dans un fauteuil de velours rouge sombre, proche de la fenêtre.

- Veuillez m'excuser, murmura le professeur en essayant de mieux discerner la personne.
- Hn ...

Kakashi, hésitant, s'avança encore de quelques pas, puis poursuivit :

- Je suis navré de vous déranger mais... ma classe et moi-même sommes dans une impasse. Le temps ne nous permet pas de regagner la ville alors... serait-il possible de passer la nuit dans votre propriété ?

Kakashi s'arrêta, attendant patiemment une réponse.

Il fixait le fauteuil, quand soudain, la silhouette se leva lentement et se tourna face à lui. Kakashi retint difficilement un hoquet de surprise en apercevant son interlocuteur : un élégant jeune homme d'une beauté fantasmagorique, à peine plus vieux que ses élèves, à vue d’œil. Le professeur sentit son cœur s'affoler devant cet Apollon au teint opalin sans imperfection et aux cheveux encre, relevés en pic à l'arrière de sa tête. Deux mèches brunes, plus longues que les autres, encadraient impeccablement son doux visage aux traits androgynes, faisant écho aux deux gouffres obscurs qui le miraient dans ses moindres détails. Il fut fasciné par la profondeur de son regard, par cette tristesse infinie, cachée par un voile d'indifférence et de fermeté. Non sans mal, l'enseignant détourna les yeux du visage angélique du jeune propriétaire pour contempler le reste de son corps. Et autant l'avouer, il était loin d'être désagréable à regarder : plutôt grand, une silhouette à damner un saint, musclée tout en restant dans la finesse, un torse qu'on pouvait deviner bien appétissant sous une large chemise écarlate, déboutonnée au niveau du col. Le regard de Kakashi continua ainsi son expédition, passant par un pantalon moulant noir pour finir sur une paire de hautes bottes ébènes. Le beau brun était appuyé sur une longue canne noire et argenté aux extrémités, lui conférant un charme d'aristocrate.

- La météo ne cesse de montrer sa mauvaise humeur ces temps-ci. Constata d'une voix suave le jeune homme.

Ces paroles sortirent brusquement l'enseignant de sa contemplation.

- Euh... en effet, marmonna-t-il piteusement.
- Espérons que cela ne dure pas, continua le bel Apollon.
- Je le souhaite aussi, compléta subtilement Kakashi.

Le propriétaire s'approcha un peu plus de Kakashi pour venir lui tendre poliment sa main.

- Sasuke Uchiwa, se présenta-t-il.

Kakashi parut hésiter un instant, troublé par cette initiative mais se reprit assez vite.

- Hatake Kakashi, répondit-il en serrant fermement la main de son vis-à-vis.

Un silence s'installa dans la pièce durant lequel les deux hommes s'observaient minutieusement. Après quelques instants Sasuke reprit la parole :

- Kabuto-san m'a averti de votre situation.

Kakashi fronça les sourcils et déduisit que ce « Kabuto-san » devait être l'aimable domestique qui les avait accueillis si chaleureusement.

- De combien de membres se compose votre groupe ?
- Quinze jeunes et moi-même

L'Uchiwa réfléchit, fixant ses deux perles obsidiennes sur un point invisible de la pièce.

- Le manoir est assez grand pour tous vous accueillir, murmura-t-il d'une voix posée.

Kakashi se retint de peu d'exprimer physiquement sa joie (comme par exemple en sautant au cou du jeune homme) la camouflant par un « sourire dentifrice ».

- Toutefois, le réveilla le beau Brun, il y a certaines conditions.
- Lesquelles ? Interrogea sérieusement l'enseignant.
- Aussi bruyants qu'une tombe, aussi invisibles que le néant, aussi sages que des sœurs.
- Cela va de soi, mes élèves ne vous importuneront en aucun cas, j'y veillerai personnellement, le rassura le fonctionnaire.
- Hn... et... une dernière chose... précisa le Dom Juan, en s'éloignant de son interlocuteur.

Il se colla dos au mur, près de l'unique fenêtre et souleva une infime partie du rideau, laissant les rayons blanchâtres de la Lune éclairer faiblement son beau visage.

- Cela concerne Kabuto-san, je ne tolérerai aucune insulte à sa personne, clarifia-t-il d'un ton sec qui n'admettait aucune contestation.
- Bien sûr, approuva le professeur.

L'Uchiwa approuva d'un lent signe de tête en se réinstallant confortablement dans son fauteuil.

- Sur ce, allez donc retrouver votre classe, professeur, elle doit souffrir de votre absence, déclara-t-il en levant l'une de ses mains en direction de la porte.